https://www.persee.fr/doc/outre_0300-9513_1996_num_83_311_3431
Le Petit Soldat (1963) - Jean-Luc Godard
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https://www.persee.fr/doc/outre_0300-9513_1996_num_83_311_3431
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Rédigé le 13/09/2022 à 20:04 dans Climat, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Mohammed VI pourrait prendre part au sommet de la Ligue arabe prévu à Alger les 1er et 2 novembre.
C’est le magazine Jeune Afrique qui l’affirme. Dans un article publié ce lundi soir sur son site, JA précise que les autorités marocaines ont informé plusieurs pays du Golfe que Mohammed VI prendrait part personnellement à ce sommet.
Pour l’instant, pas de confirmation officielle des autorités marocaines. Pas de précisions non plus sur les éventuelles conditions posées par Rabat à un déplacement du roi à Alger. Les autorités algériennes n’ont pas fait écho officiellement d’invitation contrairement au roi du Koweït annoncé comme étant invité par Tebboune.
Rien ne filtre sur les pourparlers entre les deux capitales non plus. Mais plusieurs sources avancent que c’est le ministre de la Justice Abderacjod Tabi et non Ramtane Lamamra qui a fait parvenir l’invitation de Tebboune au roi Mohammed VI.
Depuis le 24 août 2021, les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues. La décision de rupture a été prise par l’Algérie, qui a accusé le Maroc « d’actions hostiles » à son égard.
Une guerre de déclarations particulièrement incendiaires émaille depuis deux ans les échanges entre Alger et Rabat. Les autorités algériennes ont même accusé le Maroc d’être derrière les incendies qui ont fait plusieurs dizaines de morts en Kabylie mais aussi de soutenir des organisations de l’opposition.
L’Algérie a arrêté le gazoduc qui passe le Maroc et fermé ses frontières aériennes avec ce pays.
12/09/2022
L.M.
Rédigé le 13/09/2022 à 08:32 dans Algérie, Maroc | Lien permanent | Commentaires (0)
uscule de sa vie, le chanteur français Enrico Macias ne désespère toujours pas de retourner un jour en Algérie, son pays natal. Dans un entretien publié, ce lundi 12 septembre, sur le quotidien régional Nice Matin, le chanteur de 83 ans est revenu encore une fois sur son vœu de visiter l’Algérie qu’il avait quittée, il y a plus de soixante ans. Tout en précisant qu’il n’est pas interdit de séjour en Algérie de manière officielle, Enrico Macias reconnaît toutefois la difficulté de voir son souhait exaucé.
Plus de soixante années après son départ d’Algérie, les blessures du chanteur Enrico Macias restent à vif. A chacune de ses nombreuses sorties médiatiques, celui qui a vu le jour à Constantine et qui a vécu une partie de sa jeunesse dans cette ville de l’Est algérien, ne cesse d’évoquer son rêve de visiter à nouveau son pays de naissance. Une question qu’il a soulevée à nouveau dans un entretien accordé ce lundi 12 septembre à Nice Matin.
Tout en refusant d’être le porte-parole des pieds-noirs, Enrico Macias avoue toutefois que la blessure de l’exil ne pourra jamais être refermée, soixante années après avoir quitté l’Algérie pour rejoindre la France. "Jamais. Pas tant que je porterai le deuil de mon beau-père Raymond", répond le chanteur. "Il faudrait une réconciliation entre tous les enfants d’Algérie, harkis, pieds-noirs et berbères", ajoute-t-il.
Pour Enrico Macias, la paix devra aujourd’hui laisser place à la haine, dans les relations entre les peuples français et algériens. "Quand on subit des épreuves comme la violence ou la guerre, on n’a pas envie de reproduire la même chose. Je n’ai pas d’esprit de revanche. J’ai choisi d’être prévenant et gentil parce que quand les gens sont gentils, on les agresse moins", affirme l’auteur de "J’ai quitté mon pays".
Enrico Macias affiche son désaccord avec Macron à propos de la colonisation
A une question sur son interdiction de séjour en Algérie et son souhait d’y revenir un jour, Enrico Macias répond : "Je ne suis pas interdit de séjour. Plus exactement, il n’y a rien d’officiel. J’ai failli y aller à trois reprises. A chaque fois, les autorités-pas la population- ont fait en sorte que ce voyage ne se fasse pas". Enrico Macias garde-t-il l’espoir de revenir un jour en Algérie ? "Maintenant je suis prudent. A 83 ans, je me suis fait une raison. Cela n’empêche pas la souffrance", répond-t-il.
Tout en refusant de répondre au polémiste Eric Zemmour qui affirmait qu’"on ne peut pas être un nazi lorsqu’on est juif", le chanteur a tenu par contre à exprimer son désaccord avec Emmanuel Macron qui avait qualifié "la colonisation de crime contre l’humanité". "Je ne suis pas d’accord. Un point c’est tout. Si j’avais eu l’occasion de le rencontrer, je lui aurai dit en face", explique Enrico Macias.
Sur cette question, le chanteur populaire a déjà été confronté aux défenseurs de la cause algérienne pendant la colonisation. Son débat avec Giselle Halimi reste encore dans les mémoires. L'avocate du FLN a entre autres expliqué au chanteur la différence entre antisémite et antisioniste. La colonisation française est considérée par les défenseurs des droits humains et pas seulement les Algériens comme un crime contre l'humanité. En 2022, seuls les nostalgiques de l'Algérie française continuent encore à le nier.
SOURCE : https://observalgerie.com/2022/09/12/societe/enrico-macias-venue-algerie/
http://www.micheldandelot1.com/
"J'ai reçu trop de mauvais coups": Enrico Macias ne veut plus parler de ce qui fâche
Soixante ans après la fin de la guerre d’Algérie, les blessures du chanteur restent à vif. Souvent agacé, le chanteur s'emporte contre Emmanuel Macron qui qualifie la colonisation de "crime contre l'humanité".
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"Je ne sais pas ce qui va arriver. J’ai perdu mon procès, je suis ruiné. Mais j’essaye de ne pas trop y penser", confie le chanteur. Photo Dylan Meiffret
C’est un entretien crénelé de silences. Il faut deviner les soupirs de lassitude, l’agacement qui perce entre les réponses. "Je ne veux pas parler de politique", maugrée souvent l’interprète. "Seulement de mes chansons et de ma musique. J’ai reçu trop de mauvais coups."
Enrico Macias est à l’aise lorsqu’il évoque ses débuts au Théâtre de verdure de Nice, cette ville "si importante dans [sa] carrière" où il est "toujours heureux de revenir". Il sourit en revivant ses vacances en famille à Saint-Raphaël et Fréjus, où il ira égrener ses notes le 17 septembre (concert le 17 septembre à 20h30 au théâtre Le Forum de Fréjus.
Oui, mais… Enrico n’est pas n’importe quel artiste de variétés. Depuis soixante ans, il met des mots sur les maux d’un peuple déraciné. Son regard d’homme de paix, frappé au cœur, dit quelque chose de l’histoire tourmentée de notre pays. Jusque dans ses réticences à s’exprimer.
Il y a 60 ans, en interprétant "Adieu mon pays" à la télévision, vous êtes devenu l'un des porte-parole des pieds-noirs. Ce statut ne vous a jamais pesé ?
C’est un privilège, mais aussi une responsabilité énorme. Cela dit, je ne me considère pas comme un porte-parole. J’ai simplement raconté mon histoire…
Vous pensez que la blessure de l'exil pourra se refermer un jour ?
Jamais. Pas tant que je porterai le deuil de mon beau-père Raymond [assassiné par le FLN en 1961 à Constantine, ndlr]. Il faudrait une réconciliation entre tous les enfants d’Algérie, harkis, pieds-noirs, berbères.
L’assassinat de Cheikh Raymond a provoqué votre départ d'Algérie, onze mois avant la fin de la guerre. Comment avez-vous fait pour éviter la haine ?
Quand on subit des épreuves comme la violence ou la guerre, on n’a pas envie de reproduire la même chose. Je n’ai pas d’esprit de revanche. J’ai choisi d’être prévenant et gentil, parce que quand les gens sont gentils, on les agresse moins…
Vous êtes toujours interdit de séjour en Algérie. Espérez-vous y retourner un jour ?
Je ne suis pas interdit de séjour. Plus exactement, il n’y a rien d’officiel. J’ai failli y aller à trois reprises. À chaque fois, les autorités – pas la population ! - ont fait en sorte que ce voyage ne se fasse pas. Alors maintenant, je suis prudent. À 83 ans, je me suis fait une raison. [Long silence] Cela n’empêche pas la souffrance.
Vous avez déclaré que vous quitteriez la France si Marine Le Pen accédait au pouvoir. Or, de nombreux pieds-noirs votent à droite ou à l'extrême droite. Ils se trompent de colère ?
[Très agacé] Quand on m’a posé la question, on m’a piégé. Je voulais juste dire que j’étais contre les idées de cette dame. Je respecte le vote et l’opinion de chacun. Même au sein de ma propre famille…
Quid de Éric Zemmour, qui affirme qu'on ne peut pas être un nazi lorsqu'on est juif ?
Je n’ai aucune envie de parler de Zemmour ! Aucune !
En 2017, Emmanuel Macron a qualifié la colonisation de "crime contre l’humanité". Qu’en pensez-vous ?
[Glacé] Je ne suis pas d’accord. Un point, c’est tout. Si j’avais eu l’occasion de le rencontrer, je lui aurais dit en face.
Que restera-t-il de la culture pied-noir dans dix ans ?
Des humoristes comme Robert Castel, la musique orientale qui est liée à l’identité pied-noir. Aucune ethnie ne sera éliminée de la société française.
Vous n'avez été candidat qu'une seule fois à une élection : en mars 1992, aux régionales en Provence-Alpes-Côte d'Azur, sur la liste menée par Bernard Tapie. Cela vous a vacciné de la politique ?
Je l’ai fait pour Bernard Tapie que j’adorais. Je n’étais pas en position éligible ; c’était ma façon de combattre l’extrême droite. [Silence] J’ai toujours été un citoyen engagé, dès lors qu’on m’a donné les moyens de l’être.
En 1997, le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, vous a nommé ambassadeur itinérant pour la paix et la défense des enfants. Un mot sur le conflit en Ukraine ?
Allez demander à des spécialistes ! Moi, je suis pour la paix dans le monde entier.
Depuis 2008, vous vous battez pour conserver votre villa de Saint-Tropez. Vous avez été condamné à rembourser 30 millions d'euros. Serez-vous contraint de quitter les lieux ?
Décidément, vous ne posez que des questions embarrassantes ! Je ne sais pas ce qui va arriver. J’ai perdu mon procès, je suis ruiné. Mais j’essaye de ne pas trop y penser.
En avril, à l'Olympia, vous avez eu une extinction de voix. Pendant deux heures, le public a chanté à votre place. Sa fidélité vous surprend ?
Mieux que cela : elle me ravit. J’aurais dû partir et annuler. Mais je suis resté, spectateur de mon propre concert ! Je crois que je suis le seul chanteur au monde à avoir fait cela.
En décembre, vous aurez 84 ans. Le mot "retraite" ne fait pas partie de votre vocabulaire ?
Comme Aznavour, je chanterai jusqu’à mon dernier souffle.
SOURCE : https://www.nicematin.com/people/jai-recu-trop
-de-mauvais-coups-enrico-macias-ne-veut-plus-parler-de-ce-qui-fache-793125
C'était en 2019 au temps du Hirak en Algérie
Enrico Macias ne nous dit pas tout !!!
mais il espère que la jeunesse algérienne
qui n'a pas connu la guerre d'indépendance
sera plus tolérante pour lui ?
Cliquez sur ce lien pour d’abord l’écouter :
https://www.facebook.com/Algerie360/videos/792959824405239/
Il est et restera l'un des chanteurs les plus connus en France ! Aujourd'hui, alors qu'il vient de célébrer ses 80 printemps, Enrico Macias ne semble toujours pas prêt à prendre sa retraite. Une décision qui fait le plus grand bonheur de ses nombreux fans et qui semble même lui octroyer une seconde jeunesse. Invité de l'émission C à vous sur France 5 ce vendredi soir, le chanteur est venu pour parler de son dernier projet fou : un rôle dans une série Netflix.
Mais avant d'aborder la promotion de l'interprète du titre Les filles de mon pays, le journaliste Antoine Genton semblait bien décidé à connaître le ressenti de son célèbre invité sur la crise politique qui fait actuellement rage en Algérie et qui s'oppose au cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika. En effet, si on ne le présente plus aujourd'hui, nombreux sont ceux qui oublient le fait qu'Enrico Macias est né et a grandi dans ce pays d'Afrique du Nord.
« Ça me donne de l'espoir que tout va changer » affirme alors le chanteur face aux journalistes de l'émission. Et même s’il admet être très « frustré » de ne pas pouvoir se rendre en Algérie (il a été interdit de territoire en 1961 après avoir affiché son soutien à Israël), Enrico Macias se dit « prêt à prendre tous les risques » pour y retourner. Une preuve de son attachement à ce pays qu'il n'a jamais oublié et pour lequel il voue encore une admiration sans équivoque.
Persuadé de l'amour des Algériens à son égard, le chanteur aux dizaines de millions d'albums vendus ne paraît toutefois pas convaincu de son retour sur la terre de ses ancêtres. En effet, même si les manifestations actuelles semblent promettre un changement dans la politique actuelle et son possible retour, l'homme précise que son « cas personnel n'a rien à voir avec ce mouvement ». Des révélations émouvantes de la part de ce chanteur au grand cœur touché par de nombreux malheurs ces dernières années.
Mais Enrico Macias n'a jamais démenti cela :
Enrico Macias et la guerre d’Algérie :
Quand Gaston chassait du Fellaga...
Enrico Macias est un homme redoutable. Militant sioniste déclaré, il a toujours entretenu des rapports ambigus avec l’Algérie, dont il a largement contribué à imposer cette image de pays de la douceur de vivre et de la kémia, une image qui a nourri tant de nostalgie chez les pieds-noirs.
Ses tirades sur le pays du soleil et de la haine, de la joie de vivre et de la passion, ce pays perdu dont on ne se console jamais, ont arraché des larmes à de nombreuses générations de pieds-noirs. Mais Gaston Ghenaïssia – le vrai nom de Macias – n’a jamais abordé le volet le plus sombre de son histoire algérienne. Il n’a jamais dit comment il a lui-même contribué à mettre le feu à ce pays bien aimé.
Il a, en fait, réussi à maintenir un voile pudique sur son militantisme de cette époque, un militantisme qui l’a mis dans la même tranchée que Maurice Papon ! Enrico Macias évoque régulièrement sa volonté de revoir son «pays natal», et comment il en est empêché. Sa visite devait se faire en 2007, en compagnie de Nicolas Sarkozy. Auparavant, il avait affirmé que le président Abdelaziz Bouteflika lui-même l’avait invité, mais que des méchants, héritiers de la tendance obscurantiste du FLN, s’étaient opposés à son retour.
Qu’en est-il au juste ? A Alger, on affirme officiellement qu’Enrico Macias peut se rendre en Algérie quand il veut, mais qu’il est hors de question d’en faire un évènement politique. Certains fonctionnaires montrent un certain embarras devant le tapage médiatique provoqué par Enrico Macias lui-même. «Il n’a pas envie de revenir, il ne viendra pas, et il le sait parfaitement», a déclaré, sûr de lui, un ancien haut responsable.
«Et ce n’est pas seulement à cause de son soutien public à Israël», ajoute-t-il, estimant que le thème Algérie ne constitue pour Enrico qu’un «fond de commerce». Pour cet homme, qui avoue avoir apprécié la musique de Enrico dans sa jeunesse, Enrico Macias ne reviendra pas en Algérie parce qu’il y a commis des crimes pendant la guerre de libération.
Selon lui, Enrico faisait partie d’une milice locale, les «unités territoriales», composées de partisans de l’Algérie française, qui formaient des milices de supplétifs de l’armée coloniale. L’unité à laquelle appartenait Enrico Macias a commis de nombreuses exactions, et a participé à des ratonnades, affirme cet ancien haut fonctionnaire. A cette époque, Enrico Macias est un jeune artiste prometteur, qui joue dans la troupe du «Cheikh Raymond», le plus célèbre artiste juif de Constantine.
Raymond Leyris est alors au faîte de sa gloire : notable de la communauté juive, ami des «arabes» de la ville, il est riche et célèbre. Sa musique est si appréciée qu’une jeune recrue FLN, en pleine guerre d’Algérie, rejoint le maquis ALN en wilaya II avec des disques de «Cheikh Raymond », nous raconte un ancien moudjahid qui a passé toute la guerre dans le Nord Constantinois ! Raymond Leyris n’avait pas d’enfants.
Il en a adopté deux, dont Enrico Macias. Celui-ci est donc à la fois l’enfant adoptif, le disciple et l’héritier de Cheik Raymond. A-t-il été l’héritier en tout ? Seul Macias pourra le dire. En tous les cas, les réseaux FLN avaient alors une conviction. Pour eux, Raymond Leyris avait été contacté par les services spéciaux israéliens.
Il organisait des collectes, montait des réseaux, et travaillait en sous-main avec les services spéciaux israéliens, qui avaient alors un objectif : organiser le transfert massif des juifs des pays arabes vers Israël. En Algérie, leur première cible était Constantine, avec ses 25.000 à 30.000 juifs : il y avait presque autant de juifs à Constantine que dans les grandes villes israéliennes. En mai 2005, le journal israélien Maariv citait un ancien officier du Mossad chargé de piloter l’opération.
Cet officier affirme avoir recruté deux agents, Avraham Barzilaï et Shlomo Havilio, qui arrivent dans la région de Constantine début 1956, sous la couverture de modestes enseignants. Quatre mois plus tard, une grenade explose dans un café fréquenté par les Juifs de Constantine, rue de France. S’ensuit une opération de vendetta organisée par les cellules mises en place par le Mossad, selon l’officier en question. Les ratonnades font de nombreux morts.
L’historien Gilbert Meynier, qui l’évoque dans une de ses études, et parle de «pogrom», est contraint à une longue mise au point. (http:// etudescoloniales.canalblog.com/archives/ 2007/03/14/4319574.html). Quel est le rôle exact de Raymond Leyris ? Difficile à dire. Mais l’homme surfe déjà sur une vague de célébrité et de respectabilité. Artiste adulé, il a atteint une renommée qui va au-delà des communautés. Il est le notable juif par excellence.
Il garde le contact avec les arabes qui veulent préserver la communauté juive ; il reste l’interlocuteur des autorités coloniales au sein de la communauté juive ; il poursuit une activité clandestine avec le Mossad. Mais peu à peu, les réseaux FLN acquièrent la certitude que Cheikh Raymond n’est plus un artiste aussi innocent. Il est partie prenante dans l’action de réseaux que le FLN n’arrive pas encore à identifier. Des témoins avaient vu des armes transportées à partir de chez lui, en pleine nuit.
Au FLN, la prudence reste de mise. Des consignes strictes sont données pour tenter de conserver de bonnes relations avec la communauté juive. Des contacts réguliers sont établis. Début 1961, le FLN envoie de nouveau un émissaire auprès des notables de cette communauté. L’émissaire envoie un message à Raymond Leyris, et prend rendez-vous. L’organisation fonctionne alors selon un cloisonnement très strict. L’émissaire du FLN est tué alors qu’il gagnait le lieu du rendezvous.
Ce fait, troublant, intervient après d’autres évènements suspects. L’organisation du FLN en tire une conclusion : seul Raymond Leyris pouvait avoir organisé la fuite pour permettre aux autorités coloniales d’éliminer le responsable du FLN. Les anciens moudjahidine de la Wilaya II, qui étaient opérationnels à ce moment là, sont toutefois formels : aucune instance du FLN n’a prononcé un verdict clair contre Raymond Leyris.
Aucun responsable n’a, formellement, ordonné une exécution. Mais le doute planait, et dans le Constantine de l’époque, ce n’est qu’une question de temps. Le 22 juin 1961, neuf mois avant le cessez- le-feu, Raymond Leyris croise Amar Benachour, dit M’Djaker, membre d’une cellule locale de fidayine, qui l’abat en plein marché, devant des dizaines de témoins. La personnalité de Amar Benachour, l’homme qui a abattu Raymond Leyris, posera aussi problème.
Il s’agit en effet d’un personnage qui répond peu au profil traditionnel du moudjahid. Benachour est plutôt un marginal, plus branché sur le «milieu» que sur les réseaux nationalistes. Ce qui a d’ailleurs jeté une ombre sur l’affaire : Benachour a vécu jusqu’au début du nouveau siècle, mais l’opération qu’il a menée a toujours été entourée de suspicion, certains n’hésitant pas à parler de provocation ou de manipulation.
Plusieurs moudjahidine qui étaient dans la région au moment des faits continuent d’ailleurs à soutenir l’idée d’une manipulation. La mort de Raymond Leyris accélère le départ massif des juifs de Constantine, un exode largement engagé auparavant par les catégories les plus aisées. Mais la mort de Raymond Leyris sonne également le début d’une opération de vengeance meurtrière, à laquelle Enrico Macias participe, selon des moudjahidine de la Wilaya II.
Il est impossible d’établir exactement le bilan exact des expéditions punitives. En 1956, après l’attentat de la rue de Constantine, Gilbert Meynier n’écarte pas le chiffre de cent trente morts. En mai 1961, la même folie furieuse se déchaîne mais, curieusement, affirme un constantinois qui a vécu les évènements, les Juifs de Constantine étaient plus préoccupés par l’idée de départ que par la vengeance.
A l’exception d’Enrico, qui garde un silence pudique sur cet période, se contenant d’évoquer la mémoire de Raymond Leyris, un homme innocent doublé d’un artiste qui aimait la vie, mais qui a été assassiné par le FLN, selon lui. Selon cette image, très médiatique, Enrico lui-même n’était qu’un jeune homme amoureux de la vie et des filles, un modeste instituteur de campagne, devenu un immense artiste grâce à son talent.
A Chelghoum Laïd, où il a enseigné, son nom est connu mais il est presque impossible de trouver des gens qui l’ont côtoyé. A Constantine, par contre, un spécialiste de la musique affirme que de nombreux «ouled el bled» lui rendent visite régulièrement en France. Par ailleurs, le discours de Enrico Macias a longtemps bénéficié d’une cacophonie chez les responsables algériens, qui n’ont jamais adopté une position claire sur le personnage.
En fait, côté algérien, plusieurs points de vue se côtoyaient : ceux qui faisaient l’éloge de l’artiste, ceux qui prônaient la réconciliation, ceux qui dénonçaient son soutien à Israël, et ceux qui étaient d’abord soucieux d’établir les faits historiques. Un ancien haut fonctionnaire affirme toutefois que Enrico n’avait aucune chance de revenir en Algérie. Les anciens pieds- noirs étaient classés en plusieurs catégories, explique ce fonctionnaire.
Enrico Macias fait partie d’une sorte de liste rouge officieuse, qui comporte les noms de militaires, colons et ultras ayant commis des exactions. Ceux-là ne peuvent pas entrer en Algérie, dit-il. Autre détail troublant dans l’histoire d’Enrico : quand il sévissait au sein des «unités territoriales», il collaborait avec un personnage célèbre, Maurice Papon ! Celui-ci a en effet exercé comme préfet à Constantine, où il a contribué à organiser de redoutables escadrons de la mort.
Milices, unités paramilitaires, escadrons de la mort, tout ce monde collaborait joyeusement quand il s’agissait de réprimer. Des témoins sont encore vivants. Autre curiosité dans l’histoire de Enrico Macias en Algérie : les Ghenaïssia, sa famille, sont des Algériens pure souche, installés en Algérie depuis plusieurs siècles, affirme un historien. Ils se sont francisés à la faveur du décret Crémieux, qui offrait la citoyenneté française aux Juifs d’Algérie, en 1871.
A partir de là, les Juifs se sont rapprochés de l’administration coloniale, accédant à l’école et à la citoyenneté. Mais une frange des Ghenaïssia a gardé son ancienne filiation, prenant le chemin inverse de celui de Enrico Macias. Ainsi, Pierre Ghenaïssia, né à Cherchell, a rejoint les maquis du FLN en mai 1956 dans la région du Dhahra, entre Ténès et Cherchell. Il est mort au maquis un an plus tard dans la région de Chréa, près de Blida, comme combattant de l’ALN. A l’indépendance de l’Algérie, une rue de Ténès, sur la côte ouest, a été baptisée à son nom. Quelques années plus tard, elle a été rebaptisée rue de Palestine!
SOURCE : Enrico Macias et la guerre d'Algérie: Quand Gaston chassait du fellaga... (lequotidien-oran.com)Abed Charef
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Rédigé le 13/09/2022 à 06:33 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Plus d’une décennie après les soulèvements populaires de 2011, les sociétés arabes connaissent un état d’apathie et de fatigue consécutif à une vague incessante de pressions contre-révolutionnaires. D’un côté, les gens ordinaires sont à bout : plus aucune idéologie digne de ce nom n’irrigue le corps social, et ceux qui voudraient encore se mobiliser se heurtent à une répression implacable. De l’autre, les élites politiques sont usées au point de ne plus consentir d’effort pour convaincre les masses qu’un avenir meilleur ou plus prospère les attend. Elles administrent donc leurs privilèges en maintenant le statu quo.
Ces deux dynamiques se rejoignent pour détourner la majorité de la population de la politique. Une partie ne conçoit plus son salut que dans l’émigration. Mais ceux qui restent au pays ne demeureront pas pour autant immobiles dans les années à venir. L’ampleur des crises sociales et économiques qui se dessinent laisse augurer une nouvelle vague de mécontentements populaires.
En attendant, l’inertie actuelle provient de plusieurs facteurs. Le premier est l’âpre désillusion suscitée par la démocratie elle-même. La Tunisie est le cas le plus emblématique. Pionnière en 2011 des « printemps arabes », elle a résisté longtemps à la régression démocratique qui les a suivis. Si, néanmoins, le coup d’État institutionnel décidé le 25 juillet 2021 par le président Kaïs Saïed a réussi, c’est non seulement que les institutions postrévolutionnaires mises en place par la Constitution de 2014 se sont révélées extraordinairement fragiles, mais aussi que la population s’est lassée de la corruption endémique et des jeux politiciens. L’autoritarisme césariste de M. Saïed a profité de la déception des militants à l’égard de la démocratie, preuve qu’un système politique fondé sur le pluralisme et l’inclusion peut subir une régression brutale.
Les évolutions récentes de la situation politique en Occident ont également contribué au désenchantement démocratique dans le monde arabe. Non seulement les démocraties occidentales ont troqué leurs beaux principes contre une préférence cynique pour la stabilité à tout prix dans le monde arabe, mais elles se retrouvent elles-mêmes fragilisées par la montée des tendances autoritaires en leur propre sein, au point que certains s’y montrent de plus en plus disposés à s’affranchir des règles démocratiques. À Rabat, Amman ou Le Caire, nombre d’intellectuels et de militants arabes considéraient l’Occident, sinon comme un modèle à imiter, au moins comme une démonstration vivante que le combat en faveur d’élections libres, du pluralisme et des droits politiques pouvait aboutir à des formes de gouvernement plus bénéfiques à la population. L’Occident permettait ainsi d’imaginer dans quelle mesure et sous quelles conditions la démocratie était capable de s’épanouir. Il était l’aune à laquelle on mesurait les chances de progrès politique ailleurs.
Le durcissement des confrontations politiques et de l’exercice du pouvoir aux États-Unis et en Europe a mis fin à cette présomption. Deux stratégies ont en effet symbolisé ce durcissement. Celle, exploitée souvent par l’extrême droite, qui consiste à représenter la société comme le lieu d’une opposition fondamentale entre deux blocs, une élite corrompue, d’une part, et un peuple en péril, de l’autre. Les présidents Viktor Orbán en Hongrie ou Donald Trump aux États-Unis ont ainsi mis leur personne au centre du jeu politique, et, dans le cas hongrois, parfois contraint les institutions de l’État, à commencer par la justice et le Parlement, à se plier à leur volonté. Recourant volontiers aux sirènes du nationalisme, du chauvinisme et du racisme pour exacerber les frustrations, désignant des boucs émissaires à la vindicte populaire, ils ont créé un climat de tension et d’antagonisme comparable à celui que nombre de régimes arabes savent entretenir pour garantir le statu quo.
L’autre stratégie, apparemment rivale, déployée par les dirigeants occidentaux, se développe dans le discours d’une élite se prétendant compétente et assiégée par une partie de la population, dont l’élan contestataire cacherait en réalité des tendances antidémocratiques. De quoi justifier la répression des opposants, comme ce fut le cas pour le mouvement des « gilets jaunes » en France. Nombre de régimes arabes n’hésitent pas, aujourd’hui encore, à renvoyer à la brutalité subie par ces manifestants pour justifier leur propre dureté à l’égard de leurs adversaires.
L’échec de l’islamisme constitue la seconde source d’inertie politique affectant aujourd’hui le monde arabe. Car ce courant, victorieux il y a dix ans, n’offre plus de solution de rechange crédible à la situation. Ses adeptes n’ont pas trouvé leur place dans les mouvements sociaux. Que ce soit Ennahda en Tunisie, les Frères musulmans en Égypte et en Jordanie, ou le Parti de la justice et du développement (PJD) au Maroc, les formations principales de l’islamisme s’apparentent dorénavant à des gérontocraties qui ont perdu le contact avec la jeunesse. Elles présentent entre elles des différences : Ennahda, par exemple, a exercé des responsabilités importantes dans la Tunisie de l’après-révolution, tandis que le PJD ne disposait que d’un pouvoir très limité lorsqu’il a dirigé le gouvernement marocain (2011-2021).
Mais les points communs importants sont nombreux. Leur programme économique est d’inspiration beaucoup plus néolibérale que progressiste et il n’apporte aucune indication précise quant au modèle de justice sociale qui régnerait dans un État géré selon les préceptes de l’islam. De plus, lorsqu’ils trébuchent, une fois parvenus au pouvoir, ils refusent de se remettre si peu que ce soit en question, préférant attribuer leurs échecs aux manœuvres de l’« État profond », comme en Égypte ou au Maroc, ou se cantonner au rôle d’un parti domestiqué semblable à toutes les oppositions légales qui s’effacent derrière le régime en place.
Les islamistes ont par ailleurs perdu pied sur leur terrain même de prédilection — la religion. À l’origine, l’attraction exercée par l’islamisme tenait à sa promesse d’instaurer une forme de gouvernement plus responsable et plus juste, fondée sur une pratique renouvelée de la foi. Cette vision opérait un lien entre piété individuelle et moralité dans la sphère publique, notamment dans les domaines de la famille, des femmes et de la charia. Or, au cours de la décennie écoulée, la plupart des régimes arabes se sont approprié le discours religieux qui avait assuré le succès de leurs opposants islamistes. Créant leur propre marque de conservatisme social à destination des femmes et des familles, ils ont mis les bouchées doubles sur le terrain de la charia. Il en résulte une « bigoterie d’État », observable entre autres en Algérie, qui mobilise police, justice et administration pour faire respecter de nouvelles lois corsetant les valeurs sociales et le comportement personnel. La chasse aux citoyens qui choisissent de ne pas respecter le jeûne du mois de ramadan ou la criminalisation grandissante des libertés sexuelles en sont des exemples éloquents, tout comme la répression d’un féminisme renaissant. Sur ces terrains, la Tunisie continue d’être un contre-exemple, mais les progrès entrevus après la révolution, notamment l’égalité femme-homme devant l’héritage, paraissent aujourd’hui remis en cause.
En somme, les islamistes détiennent moins que jamais le monopole naturel sur l’usage politique de la religion. Pour autant, cela ne signifie pas la fin de l’islamisme, dans la mesure où la foi conserve une place centrale dans l’identité de nombreux Arabes musulmans. Mais le rôle de boussole que les groupes islamistes exerçaient auprès des citoyens-croyants ne leur est plus accordé d’office.
Troisième facteur contribuant à la désaffection politique, Internet et les réseaux sociaux ont cessé de constituer une réserve naturelle protégée pour les jeunes Arabes rêvant d’échapper à l’emprise tentaculaire de leurs dirigeants. À l’aube des mouvements populaires de 2011, il n’était pas rare d’entendre des sociologues occidentaux qualifier le cyberespace de « technologie de la libération », car il paraissait offrir des plates-formes et des outils capables de disséminer l’information, de contourner la censure des idées « subversives » et d’attiser les protestations. Mais les batailles technologiques fonctionnent elles aussi par cycles. Les gouvernements arabes n’ont pas tardé en effet à reconquérir le terrain occupé par leurs opposants et à mettre en place de nouveaux dispositifs de contrôle de la Toile. Leur technique ne consiste plus à couper l’accès aux sites en ligne, mais plutôt à les submerger de leur présence. L’écosystème de surveillance créé par leurs soins comprend hacking, censure, géolocalisation, opérations de police, chantage politique et interventions judiciaires. Le cyberespace devient ainsi un panoptique ultramoderne, où les propos et les profils de chaque internaute sont immédiatement traçables par les autorités. La crise sanitaire engendrée par la pandémie de Covid-19, avec ses mesures de contrôle social et de confinement, a fourni un alibi idéal pour affermir cette revanche du pouvoir.
Celui-ci n’hésite pas non plus à « troubler l’eau du poisson » en assaillant les internautes contestataires avec des bataillons de trolls ou de doubabs (« mouches ») chargés de créer la confusion, de multiplier les fausses nouvelles et les théories conspirationnistes confortant le point de vue des autorités (l’adversaire intérieur est volontiers présenté comme un agent de l’étranger). La parole publique des opposants est submergée sous ce déluge d’attaques et de désinformation, et ils doivent s’exfiltrer vers des réseaux confidentiels. Une redoutable combinaison de censure et d’autocensure s’installe : le régime punit directement ceux qui le critiquent et il inspire une crainte telle qu’il dissuade quiconque de le critiquer.
Quatrième moteur du désenchantement politique, la société civile elle-même devient plus perméable et fracturée. Non seulement la plupart des régimes ont muselé les syndicats et les associations professionnelles, mais les organisations non gouvernementales (ONG) sont tombées dans le piège consistant à privilégier les objectifs à court terme au détriment de changements plus profonds. C’est tout particulièrement le cas des ONG occidentales et internationales dont la plupart ont renoncé à agir pour des réformes politiques et démocratiques ambitieuses, préférant fractionner leurs projets et leurs demandes en petits paquets négociables au cas par cas. Les sujets sur lesquels elles interviennent sont certes importants : lois sur la presse, droits des femmes, éducation, aide à la création de petites entreprises, etc. Mais en focalisant leurs efforts sur quelques éléments de la vie sociale, ces ONG ont involontairement contribué à dissocier ces questions de celle plus vaste des droits démocratiques.
Aussi, quand bien même elles aiment invoquer la « bonne gouvernance » ou l’« État de droit », leurs actions éparpillées sur le terrain — la formation d’avocats ou le financement d’organisations juridiques par exemple — paraissent dépourvues d’effets sur les institutions étatiques qu’il s’agirait de transformer. La même logique s’observe dans le domaine du droit des femmes : les ONG et collectifs de la société civile font certes la promotion de l’égalité des droits, mais en réalisant l’impasse sur les réformes démocratiques requises pour sa mise en œuvre concrète.
Enfin, dernier facteur qui contribue à la désaffection politique, certains États arabes ont délégué une part de leurs prérogatives à des milices qui combattent sur le terrain, comme au Liban, en Irak, en Libye, au Yémen et en Syrie. Ces groupes armés non étatiques, comme le Hezbollah libanais ou les Hachd Al-Chaabi (unités de mobilisation populaire) irakiennes, fournissent à leurs clients des services souvent précieux, comme la sécurité ou même l’éducation. Et pour eux, les organisations qui composent la société civile représentent un adversaire aussi honni que les États centralisés.
En général, les milices locales l’emportent sitôt qu’elles se sont assuré le parrainage de puissances extérieures désireuses d’exploiter leur action à leur profit. Les perdants sont les États et les sociétés. La démocratie exige en effet un système politique centralisé capable d’organiser des élections, de faire respecter une Constitution et de garantir l’égalité des droits. Qui plus est, contraindre une milice à déposer les armes est extrêmement difficile compte tenu des alliances que celle-ci entretient souvent et du pouvoir que la violence lui procure. Prises en étau entre un État affaibli et des milices omniprésentes, les forces sociales suffoquent. Le Liban, la Libye et l’Irak illustrent de façon criante une telle dynamique.
L’Algérie et le Soudan constituent des exceptions à la tendance d’ensemble. Le Soudan connaît une phase de transition bloquée, dans laquelle certains groupes de militants prodémocratie ont réussi, grâce à une mobilisation exceptionnelle, à ne pas devoir s’incliner devant l’intransigeance des militaires. Longtemps figée, l’Algérie représente un autre cas d’espèce. Elle n’a pas connu de transformation démocratique, mais la population continue, malgré la répression dont elle est l’objet, à défier le pouvoir militaire à façade civile en ayant recours à des moyens strictement politiques. Cela contraste avec ses voisins maghrébins. En Tunisie, où la transition démocratique régresse. Au Maroc, où la libéralisation s’est épuisée. Le makhzen traditionnel (1) y reste l’objet de vives critiques, mais le débat sur les changements politiques à venir porte surtout sur la corruption et sur les difficultés de la vie quotidienne.
Pour appréhender la fatigue politique des régimes en place, il faut prendre la mesure du bilan très mitigé de leur contre-révolution. Les autocraties arabes qui ont survécu aux soulèvements de 2011 et 2012 ont mis en œuvre un programme destiné à étouffer les démocrates sous le poids de la répression, du militarisme, de la marginalisation de la cause palestinienne et du soutien apporté aux dictatures amies. La contre-révolution a réussi à endiguer la vague contestataire, mais elle n’est pas parvenue à imposer un système stable et légitime.
La contre-révolution a échoué à décourager toute contestation et à faire reluire les attraits de l’autoritarisme. Son projet n’est pas parvenu à s’imposer comme idéologie de remplacement. Il a affaibli la vieille gauche et acculé les forces islamistes dans leurs retranchements. Il a également semé la discorde au sein du camp démocratique et assimilé toute demande de droits politiques à de l’extrémisme, tout en exacerbant les animosités qu’il se faisait fort de juguler. Néanmoins, la contre-révolution ne possède pas une idéologie qui lui soit propre, seulement un programme de restauration de l’ordinaire autocratique par la peur et la coercition. En guise de solution de rechange à une démocratie présentée comme intrinsèquement dangereuse et incapable d’assurer la prospérité, elle a d’abord exhibé le modèle de l’homme fort et du pouvoir absolu, pensant que cela pouvait combler le vide.
Les contre-révolutionnaires aiment prétendre que seuls des régimes autoritaires savent faire évoluer leurs sociétés en pilotant des grands projets de modernisation. Des mégachantiers de haute technologie ont donc été annoncés en fanfare, des parcs immobiliers, des zones industrielles et d’autres initiatives présumées créatrices d’emplois. Mais ces mirages ont un avenir douteux. Non seulement ils réclament des ressources financières massives, que peu d’États de la région peuvent engager, mais il leur est impossible de se prévaloir d’une base sociale ou d’un soutien populaire. En conséquence, leur destinataire naturel est d’abord l’Occident, auquel un segment étroit de la bourgeoisie locale emboîte le pas. Une telle stratégie de modernisation n’apporte aucun cadre susceptible de réaliser une économie plus équitable, plus soutenable. Conçues par des consultants occidentaux déconnectés des besoins quotidiens de la population, ces entreprises hors-sol ne peuvent pas engendrer une croissance durable.
La plupart des régimes arabes s’inspirent d’ailleurs du modèle de direction en vigueur dans les grandes entreprises, qui ne prête qu’une attention réduite aux aspirations populaires. Ils se montrent donc plus enclins à présenter un PowerPoint aux diplomates occidentaux ou aux délégations de passage qu’à tisser un lien, fût-il despotique, avec leurs propres citoyens. Par le passé, cette relation pouvait prendre différentes formes. L’idéologie de masse et le symbolisme monarchique constituaient les plus fréquentes, suivies de près par les campagnes de solidarité nationale ou internationale autour de causes communes. Le paradigme « managérial » s’est aujourd’hui imposé, en particulier dans les États du Golfe, à l’exception peut-être du Qatar, du Koweït et d’Oman, dont les régimes, qui ont eux aussi adopté en partie ce nouveau mode de gouvernance, ont cependant pris soin d’entretenir certaines valeurs historiques et culturelles. Ils reconnaissent par exemple le caractère sacré de Jérusalem et continuent d’appeler à la solidarité arabe.
Sans projet cohérent, la contre-révolution arabe ne peut que multiplier les actions brouillonnes. Ses interventions militaires en Libye, puis au Yémen, ont été tellement coûteuses qu’elles ne déboucheront sur aucun bénéfice stratégique. Les économies de la région, à l’exception des États pétroliers, sont frappées de stagnation. Même la puissante alliance de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, qui a servi de fer de lance à la contre-révolution, a été surprise de faire l’objet de tant d’attention critique. Ces États ont ajusté leur stratégie en allant rechercher à l’étranger d’autres appuis. Y compris auprès de l’extrême droite, en se présentant comme des oasis de modernité en lutte contre la réaction islamiste. Une page d’histoire est en train de se tourner. En lieu et place des vibrants discours utopiques scandés par les mégaphones, émerge un bricolage de manœuvres et de calculs cyniques.
L’inertie actuelle ne durera pas car déjà plusieurs crises convergent. La première tient à un bouleversement démographique que nul gouvernement n’est en mesure de contenir. Les deux tiers de la population des États arabes ont moins de 30 ans. Malgré le découragement actuel, ils sont porteurs d’ambitions qui faisaient défaut à leurs aînés. Technologiquement connectés et politiquement expérimentés, ils cherchent des solutions locales aux maux dont souffre leur pays. Lesquels sont légion. Archaïque et paupérisé, le système éducatif s’emploie à fournir des diplômés obéissants à la fonction publique plutôt qu’à éveiller l’esprit critique. Les femmes, qui réclament plus de droits et de représentation, continuent de se heurter à un sexisme tenace aussi bien dans la vie politique que sur le marché du travail. La jeunesse aspire à un emploi, mais les places sont rares : le Proche-Orient connaît le taux de chômage des jeunes (supérieur à 30 %) le plus élevé du monde.
À la crise démographique s’ajoutent les effets du réchauffement climatique, particulièrement sévères dans la région. D’ores et déjà, nombre d’États, dont l’Irak, la Jordanie et le Yémen, font face à des pénuries d’eau. La crise du ramassage des ordures au Liban illustre également les dégâts d’une urbanisation trop rapide cumulée à une mauvaise gestion des terres. L’Iran et l’Égypte suffoquent sous la pollution atmosphérique. Enfin, des canicules ont causé une série sans précédent de feux de forêts ces dernières années, en Algérie, en Syrie et en Turquie.
Non seulement ces catastrophes environnementales pèsent lourd sur les budgets publics, mais elles accentuent les tensions relatives à la distribution des ressources, d’autant plus vives que celles-ci sont insuffisantes. De jeunes militants et des mouvements civiques ont sonné l’alarme sur ces sujets, pas les gouvernements. Le désastre climatique pourrait par conséquent offrir à ces forces sociales l’occasion d’étendre leur influence et de déjouer l’emprise du pouvoir, en ralliant le public à leur cause.
La troisième crise en cours est celle des structures économiques. Leur inadéquation découle d’un mode de fonctionnement politique hautement centralisé auquel celles-ci sont subordonnées. Les populations savent à quoi s’en tenir sur ce sujet. Si la plupart des régimes arabes ont pleinement adopté le jargon technocratique de l’économie néolibérale, ils restent prisonniers de leur clientélisme et de la corruption. Mais cela place également ces régimes en première ligne en cas de ruptures d’approvisionnement consécutives à un choc exogène, du type de la pandémie de Covid-19 ou de la guerre en Ukraine. Et les rend d’autant plus vulnérables que les couches défavorisées et les jeunes sont frappés plus durement par les privations ou pénuries.
L’aide étrangère ne constitue évidemment pas la solution. Les gouvernants présentent volontiers les perfusions d’argent dispensées par le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et d’autres donateurs occidentaux comme une aide au développement alors qu’elle sert à régler leurs frais les plus pressants. En somme, ces versements leur sauvent la mise au prix fort : les économies de nombreux pays — le Liban, la Jordanie et l’Égypte en particulier — se seraient effondrées sans aide internationale au cours de la décennie écoulée. Le spectre du Sri Lanka plane sur la région.
Conscients qu’ils ne peuvent s’extirper du marasme sans accepter une remise en cause douloureuse, les régimes arabes préfèrent baisser les bras. Au point de cantonner leurs ambitions à un « pays utile », d’encourager une forme de sécession politique — et même physique si l’on en juge par les nouveaux quartiers résidentiels protégés. Une assurance-maladie privatisée et un système éducatif à deux vitesses garantissent la mobilité sociale des classes moyennes et supérieures. Quiconque n’appartient pas à la minorité d’élus est de fait abandonné par l’État, que ce soient les pauvres, les migrants, les travailleurs, et surtout les jeunes. Et lorsque ces voix exclues se fédèrent pour protester ou critiquer le régime, la fraction privilégiée du pays les qualifie de traîtres ou de fauteurs de troubles. La logique de la continuité pousse ainsi la guerre des classes dans des retranchements inédits : pendant que les élites confortent leur enrichissement, les couches populaires sont autorisées à survivre.
Ainsi, le champ de la politique économique n’est plus accessible qu’à un petit segment de la population, la classe dite « productive » disposée à troquer son silence contre une promesse de revenus. Ce sont ces citoyens modèles qui bénéficieront au premier chef des mégaprojets de villes nouvelles, comme le Nouveau Caire en Égypte ou Neom en Arabie saoudite, et qui en retour appuieront l’étouffement de toute contestation populaire susceptible de menacer leur autorité et leurs intérêts.
La mémoire d’une séquence révolutionnaire non aboutie peut persister durant de longues années. Les révolutions européennes de 1848 ont illustré ce phénomène : bien qu’elles aient rapidement débouché sur la restauration de régimes monarchistes, les héritiers de leur esprit émancipateur ont continué la lutte tout au long du XIXe siècle, inaugurant le véritable « printemps européen ». La prochaine vague du « printemps arabe » pourrait à son tour se révéler plus explosive que la précédente. Des sociétés qui paraissent aujourd’hui en hibernation politique retrouveraient alors leur voix.
Les nouvelles révoltes ne seront pas islamistes, et elles n’emprunteront pas non plus les vieux outils d’Internet ou le langage des ONG occidentales. Les militants de demain chercheront sans aucun doute à forger des alliances au sein des classes moyennes actuellement plutôt acquises à l’économie politique des régimes autoritaires. Mais elles aussi pourraient bientôt prendre conscience à la fois du caractère éphémère de leur prospérité et de leur vulnérabilité face à l’arbitraire des autocrates. Auquel cas, la convergence entre forces populaires et bourgeoisie non rentière constituerait un défi sans précédent pour les régimes arabes.
Hicham Alaoui
(1) NDLR : La structure politico-administrative sur laquelle repose le pouvoir monarchique.
https://www.monde-diplomatique.fr/2022/09/ALAOUI/65037
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Rédigé le 13/09/2022 à 06:11 dans Divers | Lien permanent | Commentaires (0)
Mon histoire commence avec la photo d’un plat de haricots qu’un internaute, du nom de Pierre Mansat avait mis en ligne sur son compte Facebook. Je suis, selon l’expression consacrée, « ami » avec lui. Je demande en effet à ce que soient ajoutés ceux qui ont un nombre important d’amis communs. C’est l’indice que nous devons avoir les mêmes affinités idéologiques.
Je ne connais pas davantage ce Pierre Mansat, sinon qu’il avait dû répondre positivement à ma sollicitation. Ce dimanche je vois sur son mur la photo qui illustre mon article. Il est indiqué qu’en Vendée on appelle en patois local les haricots des « mojettes ».
Je connaissais cette appellation, je l’avais apprise au cours d’une rencontre de l’Appel des Cent qui avait eu lieu à Poitiers en avril 2000. L’acception « mojette » n’est pas éloignée de celle qui a cours chez moi er qui est « mongeta » en languedocien central. Je le signale en commentaire sur le post publié sur Facebook. J’ajoute qu’un « mongetat » désigne une variante de cassoulet.
Nous en mangions quelquefois le dimanche chez mes grands-parents paternels. Ma grand-mère ne manquait pas d’y mettre las beatilhas (les abats) d’une volaille servie à part. Je complète mon information en faisant état qu’en Lozère les haricots sont désignés par « las favas ». Oui, l’occitan est fait d’un tas de dialectes.
Une internaute a manifesté son intérêt pour le commentaire que j’ai posté et comme elle a un nom maghrébin, elle s’appelle Aicha Bouabaci, je vais voir ce que dit son profil. Et là je découvre qu’elle a des attaches à Saïda, une ville d’Algérie située dans un secteur où j’ai eu l’occasion de contribuer à faire flotter notre drapeau national Je tente de prendre contact avec elle via messenger.
Ma tentative réussit. Comme j’ai laissé mon adresse électronique j’ai un retour d’Aicha. Elle est originaire de Saïda est était élève de première année à l’Ecole Normale d’Oran en 61 – 62. Oui mais la ville, aux mains de l’OAS, étant à feu et à sang, l’établissement avait fermé. Il avait d’ailleurs été occupé par l’armée. Tiens j’ai eu l’occasion de passer devant cette ENF !
Aïcha me raconte que de retour à Saïda elle avait trouvé un emploi au central téléphonique de la Poste et communiqué ainsi avec des appelés du contingent de Méchéria. Elle me demande à quels endroits précis j’ai été cantonné. Je lui ai envoyé le récit de ce que j’ai vécu pendant mes vingt-six mois sur le théâtre des opérations. J’aurai probablement une réponse.
Publié le 12/09/2022 à 08:37 par cessenon
http://cessenon.centerblog.net/6575470-elle-s-appelle-aicha
Aïcha Bouabaci : (Professeur d’université, poétesse, écrivaine)
« J´ai souvent de grands fou-rires avec mes enfants et tout récemment, j´ai ri aux éclats, à la blague de l´Algérien, qui souhaitait, en guise de «har
nachement» pour se protéger des coups de fouet, le corps d´un Égyptien ; pas par méchanceté »
https://www.facebook.com/aichabouabaci/
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Rédigé le 12/09/2022 à 11:33 | Lien permanent | Commentaires (0)
Bernard Hureau à son retour en septembre 1960.
© (Photo Bernard Hureau)
ernard Hureau, président de la Fnaca de Vineuil-Mont-Bracieux, a servi en Algérie de janvier à septembre 1960. Suite et fin de son journal de bord après trois épisodes parus dans la NR les dimanches 24, 31 juillet et 14 août.
Longtemps, il ne s’est pas exprimé sur le sujet de la guerre. Avec son ami Daniel Lepage, ils en ont gardé gros sur le cœur. « Quand je suis allé rendre mon uniforme auprès de la gendarmerie après 28 mois, je n’ai pas eu un mot. Le gars s’en foutait alors que je venais de vivre huit mois difficiles », explique Bernard Hureau.
« On est rentrés dans l’indifférence, ajoute Daniel Lepage. Le monde avait continué à tourner sans nous. On était décalés au retour. Le yéyé était arrivé, la page de la guerre d’Algérie a vite été tournée. Nous, on n’était pas fiers de l’avoir faite. Ce n’était pas notre guerre. Les poilus de 1914 ou les résistants de la Seconde Guerre mondiale ont été des héros. Nous, on a fait une sale guerre qui ne nous a pas grandis. » Ils ont préféré taire ce qu’ils avaient vécu. Un ami de Bernard Hureau a assisté un jour au « largage » d’un prisonnier du haut d’un hélicoptère. Il s’en veut de n’avoir pas réagi et en garde une culpabilité qui le ronge.
Bernard Hureau, au retour, a été de longs mois sans véritables envies. « Ma famille me trouvait irritable, hargneux. Ma femme m’a petit à petit sorti de ma léthargie. » Daniel Lepage assure qu’il aurait pu devenir voyou. « J’étais un chien fou », dit-il. Bernard Hureau ajoute : « C’est seulement après une quinzaine d’années que j’ai pris conscience de ce que j’avais vécu avec tant d’autres. J’ai adhéré en 1978 à la Fnaca (Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie), parce qu’un jour j’ai rencontré un gars de mon âge qui avait perdu ses deux jambes en Algérie, son camion ayant sauté sur une mine. Pour moi, cela a été un choc terrible. Je témoigne aujourd’hui pour le respect et la défense de tous mes camarades, des 250.000 blessés et la mémoire des 28.000 morts. Je milite pour la paix en disant aux jeunes : “ La guerre change les hommes qui deviennent capables du meilleur comme du pire. La paix est un bien très fragile qui se gagne et se conserve par la solidarité et la justice ”. »
Publié le | Mis à jour le
https://www.lanouvellerepublique.fr/loir-et-cher/commune/vineuil-41/une-guerre-peu-glorieuse
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Rédigé le 12/09/2022 à 11:09 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Bernard Hureau (à gauche) en opération.
© (Photo Bernard Hureau)
Bernard Hureau, président de la Fnaca de Vineuil- Mont-Bracieux, a servi en Algérie de janvier à septembre 1960. Suite de son journal de bord après les deux premiers épisodes parus dans la NR les dimanches 24 et 31 juillet.
En juin 1960, son régiment est affecté dans le sud aux portes du désert, à la garde du barrage électrifié entre Algérie et Maroc. Il garde un souvenir pénible de l’ennui. La chaleur est suffocante, les baraquements sont couverts de tôle, il faut parfois se fâcher pour être ravitaillé en eau. Et il ne se passe rien, il n’y a rien à faire de la journée. La ville la plus proche est à 30 kilomètres.
Lire aussi. Un appelé en Algérie : à l'heure du conflit
Le courrier est un moment attendu et important. Les lettres de la famille, de la fiancée, permettent un moment d’évasion, mais peuvent aussi donner le cafard. Un jour, un scorpion se promène dans la chambre. On le fait sortir et l’adjudant tire dessus au pistolet, ça distrait un peu…
Il a perdu 10 kg en trois moisL’ennui et l’inconfort minaient les hommes et les rendaient irascibles. « Les postes isolés étaient mal vus du PC. Râleurs, bagarreurs, mal rasés souvent, on nous craignait un peu et on ne nous aimait pas », raconte Bernard Hureau. L’ennui, la peur, l’isolement agissent sur le moral des hommes.
Un jour, il assiste à une scène. « Un gars a pété les plombs, dit-il. Au milieu de la cour, son PM à la main, il hurlait qu’il voulait en descendre un. Personne ne bougeait, c’est l’aspirant qui s’est avancé et lui a balancé une énorme baffe. Le gars est rentré, secoué par une crise de larmes, il s’est couché. »
Bernard Hureau aura particulièrement souffert de sa dernière affectation aux portes du désert. En juillet, il réalise qu’il entame sa troisième année dans l’armée et n’en voit pas la fin. Il pèse 56 kg, il a perdu 10 kg en trois mois. Il finira par tomber malade en août : fièvre à plus de 40°C avec délire et cauchemars.
Il a froid, il a chaud, il claque des dents. Il sera hospitalisé à Aïn-Sefra, puis rapatrié en France. Il revient au Mans le 19 septembre où il retrouve les siens. L’Algérie, c’est fini puisqu’à la fin de sa permission, il ne lui restera que quinze jours à faire. C’est à Saumur qu’il termine son service militaire après deux ans quatre mois et cinq jours.
Publié le | Mis à jour le
https://www.lanouvellerepublique.fr/loir-et-cher/commune/vineuil-41/un-appele-en-algerie-garder-le-moral
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Rédigé le 12/09/2022 à 11:01 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 12/09/2022 à 10:53 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Bernard Hureau, président du comité FNACA Vineuil-Mont- près-Chambord-Bracieux a remis son mémoire à Hélène Pailloux, maire de Bracieux.
© Photo NR
Bernard Hureau, président du comité FNACA de Vineuil, Mont-près-Chambord et Bracieux, a réuni ses adhérents pour la première fois depuis deux ans.
Le président en a profité pour remettre à la maire de Bracieux, Hélène Pailloux, un mémoire de souvenirs qu’il a écrit. Il raconte son histoire d’appelé de 1960 pendant la guerre d’Algérie. Le 15 janvier 1960, il posait les pieds en Algérie. Une vie militaire qui s’installe avec ses aléas, ses peurs, ses missions, ses interrogations mais aussi ses doutes… Le 29 avril 1960, son régiment reçoit la visite du ministre des Armées, Pierre Mesmer et du général Gambiez. Il est parmi la garde d’honneur, près des hélicoptères. « Je suis en tenue impeccable, les armes astiquées et brillant au soleil. On est loin des postes sur les pitons ou des fermes isolées avec les risques… »
Il quittera le nord de l’Algérie quelques semaines plus tard pour la frontière avec le Maroc, région d’Aïn-Sefra où les conditions de vie sont rudes. 39°C à l’ombre, vent de sable, cris des chacals, le Sahara est à portée de main. Il est sous-officier et perçoit une solde qu’il adresse pour moitié à ses parents, car lui ne perçoit pas l’avenir. Il tombe malade au mois d’août 1960 de la jaunisse et du paludisme. Après sa convalescence, il terminera les quinze jours qu’il lui reste à faire en France, à Saumur. Il a perdu 15 kg et toutes ses espérances. Deux ans, quatre mois et cinq jours qui ont beaucoup compté dans sa vie.
SOURCE : Bernard Hureau livre ses mémoires (lanouvellerepublique.fr)
http://www.micheldandelot1.com/
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Rédigé le 12/09/2022 à 10:43 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Selon Europol, 45 % des interpellations en lien avec des affaires de terrorisme d’extrême droite dans l’UE en 2021 ont été réalisées en France. Pour les spécialistes de la droite identitaire, le risque d’attentats n’est pas exclu et vise en particulier les musulmans.
En France, internet a donné ces dernières années une grande visibilité aux organisations de l’ultra-droite (AFP/Alain Jocard)
La France est le pays européen le plus exposé à la menace terroriste d’extrême droite. Dans un rapport sur la situation et les tendances du terrorisme au sein de l’Union européenne (UE), publié mi-juillet, l’agence de police européenne Europol révèle qu’environ la moitié (29 sur 64) des arrestations en lien avec des affaires de terrorisme d’extrême droite en 2021 ont eu lieu en France.
Un pic par rapport à 2019 et 2020, où le nombre des interpellations était respectivement de 7 et 1.
Cette montée en puissance contraste aussi avec l’évolution de la menace dite « djihadiste », certes toujours prépondérante – avec 96 arrestations l’année dernière en Europe (soit 37 % du total) – mais en baisse par rapport à 2019 (202 interpellations) et 2020 (99).
Selon Europol, l’impact de la pandémie de covid-19 sur le terrorisme (qu’il soit « djihadiste » ou d’extrême droite) a été particulièrement visible. « Cela a rendu certaines personnes plus vulnérables à la radicalisation et au recrutement [...] L’isolement social et le temps passé en ligne ont exacerbé les risques posés par la propagande extrémiste violente et les contenus terroristes, en particulier chez les jeunes et les mineurs », explique l’agence dans son rapport.
En France, internet a donné ces dernières années une grande visibilité aux organisations de l’ultra-droite. Jusqu’à son démantèlement en mai dernier, Vengeance Patriote, un groupuscule soupçonné de projets d’actions violentes, utilisait librement les réseaux sociaux pour distiller ses idées suprématistes.
Son compte Twitter créé en 2019 (et toujours actif) compte 1 470 abonnés. Y subsistent des photos d’individus en armes, le visage flouté avec une tête de loup, symbole du groupe. En décembre 2021, Vengeance Patriote avait même demandé aux abonnés de retweeter un appel à candidatures pour l’organisation d’entraînements militaires et de stages de survivalisme, en perspective d’une guerre raciale inévitable à ses yeux pour sauver la race blanche.
En Alsace, quatre membres d’un autre groupe néonazi étaient déjà bien avancés dans leurs préparatifs lorsqu’ils ont été arrêtés à la même période, en mai. À leurs domiciles, les gendarmes ont mis la main sur un véritable arsenal : 167 chargeurs dont 72 de Kalachnikov, 35 kilos de poudre et des stocks importants de munitions, près de 1,3 tonne de cartouches.
Ce qui représente, a minima, 120 000 munitions de tous calibres.
Au cours de la conférence de presse qui a suivi l’opération des gendarmes et du GIGN, la procureure de la République de Mulhouse Edwige Roux-Morizot a indiqué que c’était « le risque de les voir basculer vers le passage à l’acte » qui avait nécessité l’intervention des autorités.
La même raison a conduit à la condamnation en 2021 à neuf ans de prison de Logan Nisin, fondateur de l’Organisations des armées sociales (OAS).
L’acronyme n’a pas été choisi au hasard : il fait référence à l’Organisation de l’armée secrète (OAS), un groupe politico-militaire responsable d’actes de répression sanglants dans les années 1960 dans sa lutte contre l’indépendance de l’Algérie.
« Depuis la présidence Sarkozy [2007-2012] et le débat complètement nauséabond sur l’identité nationale, la parole de haine s’est libérée. Ce qui a permis une plus grande diffusion des thèses identitaires »
- Stéphane François, professeur de science politique
Dans sa version néo-nazie, la nouvelle OAS nourrissait des projets tout aussi belliqueux. Le président du tribunal l’a bien démontré dans son jugement, indiquant que le groupuscule avait été créé « comme une armée de défense prête, le cas échéant, à déstabiliser les institutions » et « à fracturer le corps social », à travers des « appels à la rébellion », des « incitations à tuer » et des projets de racket.
Alertée par l’augmentation des agressions commises par les groupuscules d’extrême droite et « la résonnance croissante » de leurs idées au sein de la société française, l’Assemblée nationale a diligenté en 2019 une enquête parlementaire à la demande du parti de gauche La France insoumise (LFI).
Dans son rapport, la commission indique que les violences commises par les groupuscules d’extrême droite ont atteint « un degré d’intensité préoccupant » et ciblent notamment des personnalités politiques, visées régulièrement par des menaces de mort et de viol.
La commission s’inquiète en outre de la faculté d’agir des groupes en question, « par l’organisation de camps d’été où se tiennent des cours d’autodéfense qui s’apparentent à des formations militaires ».
« Certains d’entre eux s’arment et se préparent à une guerre civile qu’ils croient imminente, qui opposeraient un ‘’nous’’ et un ‘’eux’’ (les musulmans, les juifs, d’autres minorités) », souligne le rapport.
Les parlementaires français décrivent les ultras de droite comme des groupes qui ont comme thèmes centraux l’identité et le rejet des étrangers. Le rapport d’Europol dit à peu près la même chose.
Il donne également une définition du terrorisme d’extrême droite en le rattachant à des individus et des groupes qui « utilisent, incitent, menacent, légitiment ou soutiennent la violence et la haine pour promouvoir leurs objectifs politiques ou idéologiques » et changer « l’ensemble du système politique, social et économique sur un modèle autoritaire ».
Selon Stéphane François, professeur de science politique à l’université de Mons en Belgique et spécialiste de la mouvance identitaire, la tentation terroriste de l’extrême droite en France est en augmentation depuis environ une dizaine d’années.
« La gestion de l’extrême droite est un peu particulière. D’un côté, il y a la DGSI [Direction générale de la sécurité intérieure, les renseignements intérieurs] qui fait son travail, puisqu’on apprend régulièrement que tel ou tel groupe a été arrêté avant le passage à l’acte.
« Mais d’un autre côté, depuis la présidence Sarkozy [2007-2012] et le débat complètement nauséabond sur l’identité nationale, la parole de haine s’est libérée. Ce qui a permis une plus grande diffusion des thèses identitaires », explique-t-il à Middle East Eye.
Environ 3 000 individus « plus antimusulmans qu’antisémites » gravitent autour de groupuscules de l’ultra-droite. Des gens « imprévisibles » et « dans une posture inquiétante » selon Nicolas Lebourg, chercheur à l’université de Montpellier
L’enseignant précise que la matrice de la mouvance identitaire est le nazisme et le néonazisme.
« Globalement, l’extrême droite – comme l’extrême gauche d’ailleurs – est représentée par une multitude de groupuscules, parfois en concurrence pour des histoires d’égo mais qui ont la même idéologie, à savoir [dans le cas de l’extrême droite] la quête et la défense de l’identité blanche et de la grandeur de la race blanche », ajoute Stéphane François.
Pendant la dernière présidentielle, cette quête identitaire a été portée à bras le corps par le candidat Éric Zemmour (8 % des voix au premier tour), qui a agité tout au long de sa campagne le spectre du « grand remplacement » de la population française « de souche » et promis de créer un ministère de la « Remigration » pour renvoyer les étrangers dans leurs pays d’origine.
« C’était un candidat avec une ligne ouvertement ultra-raciste et ultra-violente, guidé par des personnes originaires de la mouvance néonazie ou identitaire dure, des négationnistes et des partisans de la préférence nationale », note Stéphane François.
Parmi les soutiens de Zemmour figuraient notamment Thaïs d’Escufon, ancienne porte-parole de Génération identitaire, un groupuscule de l’ultra-droite dissous par le ministère de l’Intérieur en mars 2022 pour incitation à la haine ; Philippe Schleiter, neveu du négationniste Robert Faurisson, ancien routier de l’extrême droite et fondateur du think thank identitaire Polémia ; et Jean-Yves Le Gallou, théoricien de la préférence nationale au Front national de Jean-Marie Le Pen (ancêtre du Rassemblement national), dans les années 80.
Aujourd’hui, Jean-Yves Le Gallou, comme tous les représentants de la droite identitaire, défend aussi une France chrétienne. « Ils se voient comme de nouveaux croisés », affirme Stéphane François.
Son collègue Nicolas Lebourg, chercheur au Centre d’études politiques de l’Europe latine à l’université de Montpellier, évoque « une recomposition idéologique autour de l’islam ».
Selon lui, environ 3 000 individus « plus antimusulmans qu’antisémites » gravitent autour de groupuscules de l’ultra-droite. Il les décrit comme des gens « imprévisibles » et qui sont « dans une posture inquiétante ».
Pour l’heure, aucun attentat n’a été commis contre des musulmans en France, notamment grâce aux services de sécurité, qui ont déjoué plusieurs projets.
Néanmoins, d’après Stéphane François, le risque est omniprésent.
« À partir du moment où vous avez quelqu’un qui n’est pas très idiot et qui décide d’agir seul, comment faites-vous pour l’arrêter ? », remarque-t-il.
Il évoque les exemples que constituent, pour les candidats au terrorisme d’extrême droite, des individus comme Anders Behring Breivik, auteur des tueries d’Oslo et Utøya en Suède en 2011 (77 morts et 151 blessés), et Timothy McVeigh, qui a commis à Oklahoma City en 1995 l’attentat le plus meurtrier de l’histoire des États-Unis avant le 11 septembre 2001 (168 victimes).
Dans son rapport, la commission d’enquête parlementaire n’exclut pas non plus que des loups solitaires ou des groupes très réduits en effectifs, « qui s’inscrivent dans une vision de la société belliciste », commettent des actes violents.
« Ces groupes se considèrent en guerre contre le péril étranger, et comptent riposter. Ils se positionnent notamment en réaction aux attentats islamistes que la France a connus ces dernières années », précise le document.
Rédigé le 12/09/2022 à 09:33 dans France | Lien permanent | Commentaires (0)
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