Mon histoire commence avec la photo d’un plat de haricots qu’un internaute, du nom de Pierre Mansat avait mis en ligne sur son compte Facebook. Je suis, selon l’expression consacrée, « ami » avec lui. Je demande en effet à ce que soient ajoutés ceux qui ont un nombre important d’amis communs. C’est l’indice que nous devons avoir les mêmes affinités idéologiques.
Je ne connais pas davantage ce Pierre Mansat, sinon qu’il avait dû répondre positivement à ma sollicitation. Ce dimanche je vois sur son mur la photo qui illustre mon article. Il est indiqué qu’en Vendée on appelle en patois local les haricots des « mojettes ».
Je connaissais cette appellation, je l’avais apprise au cours d’une rencontre de l’Appel des Cent qui avait eu lieu à Poitiers en avril 2000. L’acception « mojette » n’est pas éloignée de celle qui a cours chez moi er qui est « mongeta » en languedocien central. Je le signale en commentaire sur le post publié sur Facebook. J’ajoute qu’un « mongetat » désigne une variante de cassoulet.
Nous en mangions quelquefois le dimanche chez mes grands-parents paternels. Ma grand-mère ne manquait pas d’y mettre las beatilhas (les abats) d’une volaille servie à part. Je complète mon information en faisant état qu’en Lozère les haricots sont désignés par « las favas ». Oui, l’occitan est fait d’un tas de dialectes.
Une internaute a manifesté son intérêt pour le commentaire que j’ai posté et comme elle a un nom maghrébin, elle s’appelle Aicha Bouabaci, je vais voir ce que dit son profil. Et là je découvre qu’elle a des attaches à Saïda, une ville d’Algérie située dans un secteur où j’ai eu l’occasion de contribuer à faire flotter notre drapeau national Je tente de prendre contact avec elle via messenger.
Ma tentative réussit. Comme j’ai laissé mon adresse électronique j’ai un retour d’Aicha. Elle est originaire de Saïda est était élève de première année à l’Ecole Normale d’Oran en 61 – 62. Oui mais la ville, aux mains de l’OAS, étant à feu et à sang, l’établissement avait fermé. Il avait d’ailleurs été occupé par l’armée. Tiens j’ai eu l’occasion de passer devant cette ENF !
Aïcha me raconte que de retour à Saïda elle avait trouvé un emploi au central téléphonique de la Poste et communiqué ainsi avec des appelés du contingent de Méchéria. Elle me demande à quels endroits précis j’ai été cantonné. Je lui ai envoyé le récit de ce que j’ai vécu pendant mes vingt-six mois sur le théâtre des opérations. J’aurai probablement une réponse.
Publié le 12/09/2022 à 08:37 par cessenon
http://cessenon.centerblog.net/6575470-elle-s-appelle-aicha
Aïcha Bouabaci : (Professeur d’université, poétesse, écrivaine)
« J´ai souvent de grands fou-rires avec mes enfants et tout récemment, j´ai ri aux éclats, à la blague de l´Algérien, qui souhaitait, en guise de «har
nachement» pour se protéger des coups de fouet, le corps d´un Égyptien ; pas par méchanceté »
Je viens de retrouver avec une immense émotion,le poème " Mellioun Chahid" que j´avais écrit en septembre 1968!
J´avais juste 23 ans, au début de mes années d´enseignement, et j´étais atteinte de la sagacité héritée de mes parents...
Mon père, dès les mois suivant l´indépendance du pays avait claqué la porte, au retour d´une réunion avec les nouveaux maîtres improvisés! On ne la fait pas à une victime du sinistre bagne de Cayenne institué par la France coloniale!
Puis il avait
envoyé toutes ses archives de la Révolution qu´il avait servie de toute son âme, au ministère des Anciens Moudjahidine. Il n´était plus que lui, Si Mohamed...Et il s´était refermé sur son second silence, après celui du bagne...
Repose en paix, mon père ce grand seigneur!
"Mellioun Chahid", poème retrouvé dans les très nombreux cartons que je traîne derrière moi, dans mes continuelles pérégrinations...
à cette époque, seul mon frère Hadj, le compagnon de toutes mes humeurs, le consolateur de toutes mes douleurs- qu´il repose en paix; la douleur de sa mort ne m´a jamais quittée-, l´avait lu, l´avait approuvée.Puis, je l´avais ajouté à d´autres poèmes, à des chroniques pour composer un recueil " Algérie, l´espoir à rebours". Je l´avais proposé à un éditeur, au début des années 90, qui n´avait pas accepté de le publier.
Il est resté si longtemps à tenir compagnie à mes nombreux écrits inédits...
" Mellioun Chahid", retrouvé la veille du scrutin de décembre 2019, un signe?
Mellioun Chahid
Pleure ô mon coeur
Rongé de rides
Mellioun Chahid
Ô morts au champ d´honneur
Au présent injustement anonyme !
Mellioun Chahid
Ô Djounoud à la juste fureur
À vous, je dédie mon hymne.
Mellioun Chahid
Je m´insurge ! Il est l´heure
De crier en chœur :
Mellioun Chahid
Pleurez ô cœurs rongés de rides
Mellioun Chahid
Il est l´heure de crier, pleins de rancœur,
Non aux âmes putrides !
Aujourd´hui de nos Chahid
Seul est resté le vide…
Hier, auréolés de splendeur
Ils combattaient la haine des perfides
Aujourd´hui, seule règne la fadeur
D´êtres aux goûts insipides
Mellioun Chahid
Ô monde, tu te leurres,
Il n´aurait pas fallu qu´ils meurent !
Mellioun Chahid
Dressés contre les auteurs du génocide
Ils couraient, l´ardeur au cœur
Sous nos soleils splendides
Disputer à la mort sa pâle hideur.
Mellioun Chahid
Frères de la foi et de la force intrépide
Pour vous, ma t^te et mon âme sont douleur.
Maintenant dans leurs tombes se tourmentent
Mellioun Chahid !
C´est la faute des leurs :
Délibérément placides,
Ils hissent les couleurs
De l´éternelle mémoire
Rouge, vert et blanc
Et une croix tout à fait noire
Sur les tombes de l´éternel sacrifice.
Mellioun Chahid
Il n´est plus question d´être candides
Les cœurs sont toute noirceur !
Mellioun Chahid
Il n´est pas aboli le monde de la peur
Les masques des vivants sont sordides !
Mellioun Chahid
Aux frères rongés par la vermine morbide
On a accordé la suprême faveur
Une minute de silence
Honte aux fratricides
Eux qui de leurs idéaux sont les fossoyeurs !
Mellioun Chahid
Défraîchies, humbles et timides
Sont les tristes mères, les veuves et les sœurs
Qui tendent en vain la main aux frères cupides
Mellioun Chahid !
Mais déjà, des dinars pleins
Ils dilapident
Par-dessus les sièges d´où ils président !
C´était hier encore Ibn Badis Abdelhamid
Et les discours excluant la laideur
Ce sont aujourd´hui des esprits arides
Noircis de la dialectique des honneurs.
Mellioun Chahid
J´ai interrogé la raison lucide
Elle condamne l´impudeur
Mellioun Chahid
Ils étalent la gloire sans sueur
Ils sont veules
Ils sont stupides
Inconscients dans leur folie des grandeurs !
Mellioun Chahid
Forts de leurs principes rigides
Ils sont tous à vouloir devenir orateurs.
Ils donnent envie qu´on les trucide
Qu´on leur crie
À bas les radoteurs !
Mellioun Chahid
Allons, il est temps,
Qu´on les lapide
Tous ces mesquins, ces usurpateurs !
Ce sont eux qui nous enseigne l´homicide !
Nous n´étions pas faits pour être tueurs !
Mellioun Chahid
Mon cœur
En sueur
Pleure
Mellioun Chahid
Au nom de ma ferveur
Dans mon cœur
Sur mes lèvres
Votre Nom demeure !
Aicha BOUABACI
Saida, le 17 septembre 1968
https://www.facebook.com/aichabouabaci/
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