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L'Iran renforce sa présence militaire en Mauritanie et menace le Maroc

 

Téhéran a manifesté son soutien au Front Polisario dans le but de se rapprocher de l'Algérie et de gagner en influence au Maghreb

 

image from atalayar.comPUBLICIDAD

AFP/HO/PRÉSIDENCE IRAN  -   Membres du Corps des gardiens de la révolution islamique iranienne (IRGC)

 

En conséquence, le gouvernement iranien a pu détourner son attention vers de nouveaux objectifs à son programme, notamment l'expansion de son influence dans plusieurs régions géostratégiques. L'une des plus importantes est le Maghreb, où Téhéran cherche à prendre pied grâce à son soutien au Front Polisario et au déploiement des forces des Gardiens de la révolution en Mauritanie.
 
Cette démarche du régime des Ayatollahs inquiète le Maroc. La crise diplomatique entre Rabat et Alger ne semble pas près d'être résolue, et la souveraineté sur le Sahara reste une ligne rouge entre les deux administrations. C'est dans cette situation que l'Iran veut utiliser à son avantage son soutien au pays d'Abdelmajdid Tebboune et, en même temps, faire pression sur Rabat.

 

image from atalayar.com


AFP/AFP - Carte montrant les zones d'influence des groupes armés au Sahel
 

La présence militaire accrue de l'Iran en Mauritanie est un autre signe du soutien du régime à l'Algérie. Selon des sources consultées par les médias d'Assabah, les Gardiens de la révolution ont reçu des instructions pour étendre leur activité dans plusieurs pays africains, la Mauritanie étant le plus important, mais pas le seul. Le Sénégal est un autre pays qui connaît déjà une augmentation de la présence de ses forces, ce qui a conduit, il y a une décennie, à des affrontements entre Iraniens et Sénégalais, et à la rupture des relations diplomatiques entre Téhéran et Dakar. 
 
En outre, les Forces Al Quds - la branche armée du Jihad islamique - cherchent également à établir des relations et une coopération plus étroites avec le Polisario. Les observateurs estiment que la Mauritanie figure en tête de la liste des priorités du gouvernement iranien afin de se positionner progressivement au Maghreb. Cependant, ils notent également que la Mauritanie n'a pas l'intention de permettre l'avancée de l'Iran, car ils voient une intention claire du pays dirigé par Ali Khamenei d'impliquer leur pays dans une guerre avec le Maroc dans laquelle ils ne veulent pas entrer.

 

image from atalayar.com

PHOTO/BUREAU DE L'IRAN via AP - Ayatollah Ali Khamenei

Le Maroc, qui est l'un des leaders régionaux, craint l'expansion non seulement des forces iraniennes, mais aussi de ses idées extrémistes. Il existe une intention de répandre le chiisme en Afrique du Nord et d'imposer sa vision. Par conséquent, Rabat a une double préoccupation et tente de contrer l'influence religieuse de l'Iran. Mais si cette préoccupation est double, la menace l'est aussi. Toute activité iranienne est précédée de l'approbation, voire du soutien de l'Algérie, qui semble déterminée à pousser à bout ses liens avec l'Iran.
 
La tendance à Alger est très claire. L'Iran tend à devenir un allié de poids des Algériens au fur et à mesure que ceux-ci approfondissent leurs relations avec la Russie. Ses manœuvres à Béchar coordonnées avec les forces de Moscou ne sont que le début de ce qui devrait être le premier de plusieurs exercices qui auront lieu en 2023. Ces manœuvres, que l'Algérie entendait garder secrètes, ont été confirmées par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a également annoncé que d'autres exercices militaires devraient avoir lieu dans la région proche de la frontière avec le Maroc en novembre prochain.

 

 

 

17 février 2023

https://atalayar.com/fr/content/liran-renforce-sa-presence-militaire-en-mauritanie-et-menace-le-maroc

 

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Rédigé le 17/02/2023 à 15:57 dans Algérie, Iran, Macron, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

Entre l’Algérie et le Maroc : un face-à-face militaire ?

 

Entre les deux géants du Maghreb, les lourds contentieux provenant de la colonisation et de la décolonisation ont rapidement pris une tournure militaire. Aujourd’hui, dos à dos, Alger et Rabat durcissent leur politique de défense : le Maroc crée une nouvelle zone militaire, la zone « est », à sa frontière avec l’Algérie, tandis que les nouveaux accords pour l’acquisition d’équipement militaire ne cessent de renforcer les arsenaux respectifs.

La question des frontières est l’élément décisif qui va marquer soixante ans d’opposition marqués par des accès de violence directe ou par proxy (le Front Polisario). Elle influence profondément l’élaboration des politiques de défense des deux pays. La France coloniale porte une grande responsabilité dans la genèse de ce différend. Le contentieux des frontières fut le marqueur indépassable de la querelle. Il trouve ses racines dans le découpage desdites frontières par la France, à chaque fois au bénéfice de l’Algérie (alors trois départements français (1). Par ailleurs, le partage du Maroc en zones d’influence hispano-françaises, à la suite de la conférence d’Algésiras du 7 avril 1906 et du traité de Fès du 30 mars 1912, va contraindre le pouvoir chérifien à récupérer son territoire morceau par morceau (« en kit » comme dira Hassan II un jour (2) : le nord espagnol, la zone franche de Tanger, Ifni et le cap Juby et enfin à exiger la restitution du Sahara espagnol qu’il ne récupérera qu’en 1975, dans un coup de force face à un pouvoir franquiste épuisé. Cette restitution tardive favorisa l’émergence d’un acteur local, le Front Polisario, qui refusa l’annexion marocaine et réclama la tenue d’un référendum d’autodétermination. Le Maroc refusa et chassa le mouvement indépendantiste qui prit les armes. L’Algérie, après une hésitation initiale, prit fait et cause pour le Front Polisario et les affrontements se multiplièrent. Les deux armées se heurteront d’ailleurs, en 1976, à Amgala, dans une bataille en deux temps. Mais la prudence prévalut et, pour éviter une guerre sans merci, les deux pays ne s’affrontèrent plus que par Polisario interposé.

 

Une lente structuration des politiques de défense

Au début de la période postcoloniale, les deux États se soucient peu des conditions juridiques et politiques de l’exercice de la défense nationale. Des deux côtés, l’élément principal est l’incarnation. Les deux chefs d’État assument dans leur personne la souveraineté nationale et sont les garants de sa protection. Côté marocain, la simple appellation « forces armées royales » (FAR) de l’armée démontre le caractère propriétaire, néo-patrimonial, assumé de ce corps. En Algérie, l’Armée de libération nationale (ALN) devient l’Armée nationale populaire (ANP) mais demeure sous le contrôle exclusif du président Houari Boumédiène après sa prise de pouvoir en 1965, qui assume aussi la fonction de ministre de la Défense.

La politique de défense algérienne : grands principes et schéma directeur

La politique de défense algérienne, depuis l’indépendance, s’appuie sur de grands principes théoriques. Sur le plan interne, le soldat est l’héritier du moujahid de l’ALN et du fellagha de la résistance intérieure. Le maintien de la conscription, qui fit l’objet de grands débats à l’orée des années 2000, est vécu par le pouvoir comme un élément symbolique majeur, et ce, même si la professionnalisation de l’armée a été largement engagée. La terrible guerre civile algérienne (1991-2002) démontra, en ses premières années, l’incapacité des conscrits à tenir l’arrière-pays et surtout à combattre à armes égales avec les jihadistes des Groupements islamiques armés (GIA) et de l’Armée islamique du salut (AIS). Aujourd’hui, le quadrillage efficace du pays (en dehors de quelques endroits reculés) est une réalité.

Sur le plan des frontières extérieures, l’Algérie a toujours assuré une surveillance étroite de la zone contiguë avec la Libye, toujours inquiète des sautes d’humeur du bouillant colonel Mouammar Kadhafi. Avec la Tunisie, après des années de gel, une coopération réciproque s’établit avec un droit de suite dans le cadre de la lutte contre les maquis antiterroristes. Au sud, l’APN assure le contrôle des maquis et de la guérilla jihadiste repoussée sur les franges maliennes pendant la guerre civile. À l’ouest, la défense de la frontière ouest avec le Maroc est évidemment la priorité, même si l’action militaire potentielle contre le royaume chérifien est dévolue aux forces combattantes de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), épigone étatique du Front Polisario, proclamée en 1976, et dont la population est en exil à Tindouf depuis cette date.

 

Les capacités de l’Algérie à projeter ses forces avaient été entravées dès l’origine par le refus initial de ses constitutionnalistes d’autoriser les interventions extérieures (ce principe fit l’objet d’une exception pendant les guerres israélo-arabes.) Cette autocensure était liée au traumatisme initial de sa propre guerre d’indépendance et voulait éviter que le pays ne s’engageât dans des « aventures » coloniales ou impérialistes. L’Algérie ne prit pas moins part à quelques opérations des Nations Unies, mais sans commune mesure avec l’activisme du Maroc dans ce domaine. La politique de défense algérienne est fortement marquée par la guerre d’indépendance. Le renvoi perpétuel aux « martyrs » (chahid) comme mémoire et exemplarité en est l’illustration. La dernière révision de la Constitution (en 2020, après l’ère Bouteflika) donne les principes suivants : « Digne héritière de l’Armée de Libération Nationale, l’Armée Nationale Populaire assume ses missions constitutionnelles avec un engagement exemplaire ainsi qu’une disponibilité héroïque au sacrifice, […]. Le peuple algérien nourrit une fierté et une reconnaissance légitimes à l’endroit de son Armée Nationale Populaire, pour la préservation du pays contre toute menace extérieure, et pour sa contribution essentielle à la protection des citoyens, des institutions et des biens, contre le fléau du terrorisme, […]. »

L’État veille à la professionnalisation et à la modernisation de l’ANP, de sorte qu’elle dispose des capacités requises pour la sauvegarde de l’indépendance nationale, de la défense de la souveraineté nationale, de l’unité et de l’intégrité territoriale du pays, ainsi que de la protection de son espace terrestre, aérien et maritime (3).

La mission de l’ANP est prioritairement dédiée à la défense du pays, mais cette dernière mouture constitutionnelle n’interdit plus à cette force militaire d’intervenir au-delà de la frontière.

Même si le texte est plus explicite sur le maintien de la paix, c’est aussi la possibilité d’un droit de suite qui est ainsi libéré.

Algérie : un regard de plus en plus sudiste

Au début, le jeune État algérien s’est peu préoccupé des régions sahariennes. Dès 1963, avec la guerre des sables opposant l’Algérie et le Maroc, l’ouest fut la préoccupation principale. Au fil du temps, un colonel, Mouammar  Kadhafi —  de plus en plus imprévisible  —, la nécessité de détruire les convois de jihadistes remontant les armes des vieux dépôts tchadiens, et les infiltrations dans ces zones moins défendues, conduisirent les responsables militaires à investir sur la défense du sud. Trois nouvelles régions militaires furent alors créées  : Ouargla, Tamanrasset, Illizi.

Le renforcement de la frontière sud se poursuivit car l’effectif était notoirement insuffisant : « Seule 10 % de l’armée algérienne est positionnée dans la zone saharienne (la moitié étant positionnée à la frontière avec le Maroc) (4). » Mais ce désintérêt est en cours de correction active depuis  2012  (5). Vis-à-vis des voisins, un embryon de coopération existe : un «  comité d’état-major opérationnel conjoint » (CEMOC) avec la Mauritanie, le Mali et le Niger, mais il n’a donné que peu de résultats depuis sa création en 2010. La nouvelle stratégie algérienne a été conçue pour tenter de répondre plus efficacement à la fluidité et à la rapidité des groupes jihadistes (6).

 

En résumé, la politique de défense algérienne s’accroche toujours à ses fondamentaux (esprit moujahid, défense nationale du territoire contre toutes les menaces, obsession marocaine) mais elle tente également de s’adapter à un environnement fluctuant et plus conflictuel. La guerre en Libye, pour abattre Kadhafi, a traumatisé l’exécutif et la haute hiérarchie militaire. Les attaques venues des jihadistes du Sahel aussi. Sur le plan multilatéral, l’Algérie a perdu la prééminence absolue en matière de sécurité qu’elle avait à l’Union africaine. Le Maroc est revenu dans l’organisation. La RASD est affaiblie. La chute du clan Bouteflika, la mort du puissant chef d’état-major Ahmed Gaïd Salah, et la reconstitution d’un nouveau pouvoir, ont entraîné un repliement sur les fondamentaux de défense traditionnels. Parmi ceux-ci, le Sahara occidental revient en première ligne.

Le Maroc : présent sur deux fronts ?

Depuis le référendum constitutionnel du 7 juillet 1962, le Maroc est une monarchie constitutionnelle. Les quatre autres constitutions ne modifieront pas ce principe. Cependant, si la souveraineté revient au peuple, le monarque est le cœur à partir duquel convergent tous les pouvoirs et notamment celui de conduire les armées. Comme nous le disions, « le Roi est la figure centrale et absolue du dispositif de défense. On peut même dire, avec Abdelwahab  Maalmi, que le Roi, pris en tant qu’organe de l’État, est le “véritable producteur de sens” » (7).

Les coups d’État de 1971-1972, dans lesquels l’armée a été impliquée à tous les niveaux, entraînent un raidissement du pouvoir et conduisent à une purge profonde puis à une centralisation accrue avec tous les pouvoirs dans les mains royales. Si le dispositif s’est en partie décentralisé, à partir de la deuxième moitié de la guerre du Sahara, pour pouvoir répondre à la mobilité de l’adversaire, le Palais exerce cependant un contrôle étroit sur la haute hiérarchie.

Dans la dernière constitution du 1er juillet 2010, le roi demeure l’élément central, à la fois politique et symbolique, des principes et de l’organisation de la défense. Le préambule précise qu’en tant qu’« État musulman souverain, attaché à son unité nationale et à son intégrité territoriale, le Royaume du Maroc entend préserver, dans sa plénitude et sa diversité, son identité nationale une et indivisible  ». L’article  42, qui détaille les pouvoirs et les compétences royales, stipule que le monarque est « le Garant de l’indépendance du pays et de l’intégrité territoriale du Royaume dans ses frontières authentiques ». L’article 53, quant à lui, précise que le roi est le « Chef Suprême et Chef d’État-major Général des Forces Armées Royales ». Comme le note Brahim Saydi, « la politique de défense marocaine a toujours été définie en fonction de son combat pour l’intégrité territoriale du pays et des menaces que représentent ses voisins. La principale composante de cette menace est associée à l’Algérie […]. Les relations hispano-marocaines constituent le deuxième élément de cette perception de la menace » (8)

 

Les notions d’indivisibilité et d’authenticité des frontières font référence, bien évidemment, au Sahara occidental mais aussi aux présides, ces possessions espagnoles au nord que sont les villes de Ceuta et Melilla, les îlots Leïla/Perejil et les îles Chaffarines. La récupération de ces petits territoires demeure un élément central du récit nationaliste marocain — lui-même contesté par l’Espagne, qui fait valoir une antériorité historique sur ces terres africaines (9). Cette préoccupation n’est pas totalement anecdotique, et le Maroc poursuit l’Espagne sur le terrain des instruments internationaux de décolonisation. Elle utilise aussi désormais l’arme des migrants. À deux reprises, en 2021 et en mars 2022, elle a laissé 8.000 puis 1.200 migrants prendre d’assaut les barbelés des deux villes, et par la mer. Les défenses furent saturées. Mais la véritable affaire demeure celle de l’opposition avec l’Algérie et la question du Sahara occidental. Depuis le succès de la stratégie des murs à partir de 1981, le Maroc contrôle l’essentiel du territoire contesté, renvoyant la RASD aux confins de la Mauritanie et de l’Algérie. Le dispositif de défense s’est perfectionné et l’investissement financier pour le développement du territoire a été considérable, mais rien n’est réglé sur le fond. Le référendum d’autodétermination prévu par les plans Baker n’a jamais pu se tenir et les deux camps se renvoient depuis la responsabilité de l’échec (10).

Pendant presque vingt ans, la situation du territoire est restée figée. Le référendum s’est enlisé alors que des crises politiques chez les Sahraouis limitaient leur capacité d’action. La guerre civile algérienne n’arrangea rien car le pouvoir algérien se replia sur la survie. Depuis quelques années, le réarmement algérien, rendu possible par la remontée du prix des hydrocarbures et l’élimination de la menace intérieure, a permis de relancer l’intérêt pour la cause de la RASD. La question sahraouie est devenue un enjeu de politique interne en Algérie. L’armée en a fait aussi une cause sacrée.

Conclusion : une paix armée ?

La période Bouteflika a été celle d’un réarmement massif de l’Algérie, devenue la deuxième armée d’Afrique (11). Des achats d’armements colossaux à la Russie ont fait progresser ses capacités militaires dans tous les domaines. En face, le Maroc — ne pouvant pas s’aligner au niveau financier — joue la carte de la qualité et s’approvisionne, surtout aux États-Unis, en matériel de très haute technologie. Les nombreuses coopérations de ce pays visent également à mettre les armées à la pointe de la technologie. Dans cet environnement militarisé, il n’y a pas d’ouverture de paix prévisible. Le nouveau gouvernement algérien s’est engouffré dans le dossier sahraoui pour renforcer, si besoin était, sa légitimité en revenant aux fondamentaux et le Maroc a lancé une offensive diplomatique tous azimuts pour bétonner sa position politique. Au milieu, des accrochages commencent à se produire, impliquant d’un côté la RASD et de l’autre les forces marocaines. La volatilité de la situation stratégique mondiale et, dans l’affaire ukrainienne, la réhabilitation de l’usage de la guerre par la Russie comme règlement des contentieux peuvent faciliter la libération de volontés jusqu’alors contenues par un environnement international juridique et politique positif. Le face-à face-va donc continuer…

Jean-François Daguzan

Notes

(1) Voir, entre autres, Michel Foucher, Fronts et frontières : un tour du monde géopolitique, Paris, Fayard, 1991, p. 207-211.

(2) Hassan II & Éric Laurant, La mémoire d’un Roi : entretiens avec Éric Laurent, Paris, Plon, 1993.

(3) «  Algérie  : Constitution de  1996 (version consolidée du 30 décembre 2020) », Digithèque MJP (https://mjp.univ-perp.fr/constit/ dz2020.htm).

(4) Jean-Pierre Dufau, « Rapport autorisant l’approbation de l’accord de coopération dans le domaine de la défense entre le gouvernement de la République française et le gouvernement de la République algérienne démocratique et populaire  », Assemblée nationale, 7  novembre  2012 (https://www.assemblee-nationale.fr/14/rapports/r0343.asp).

(5) Voir Salim Chena, « L’Algérie : de la puissance idéologique à l’hégémonie sécuritaire », in Mansouria Mokhefi & Alain Antil, Le Maghreb et son Sud : vers des liens renouvelés, IFRI, CNRS éditions, Paris, 2012, p. 19-37 (https:// books.openedition.org/editionscnrs/22836?lang=fr).

(6) Abdennour Benantar, « Sécurité aux frontières : portée et limites de la stratégie algérienne », L’année du Maghreb, 14, juin 2016, p. 147-163 (https://journals.openedition.org/anneemaghreb/2712?lang=ar).

(7) Jean-François  Daguzan, Le dernier rempart  ?  : forces armées et politiques de défense au Maghreb, Publisud-FMES-FED, Paris, 1998, p. 138.

(8) Brahim Saidy, « La politique de défense marocaine : articulation de l’interne et de l’externe  », Maghreb-Machrek, n°202, hiver  2009-2010, p. 124 (https://www.cairn.info/revue-maghreb-machrek-2009-4-page-115. htm).

(9) Leila ou Perejil (persil) selon que l’on parle du Maroc ou d’Espagne. Pour la dimension historique et politique, voir Yves Zurlo, Ceuta et Melilla : histoire, représentations et devenir de deux enclaves espagnoles, L’Harmattan, Paris, 2005.

(10) Du nom de l’ancien secrétaire d’État américain, James Baker III, chargé de la médiation par l’ONU. Voir Lucile  Martin, «  Le dossier du Sahara occidental », Les Cahiers de l’Orient, 2011/2, n°102, p. 43-57 (https://www. cairn.info/revue-les-cahiers-de-l-orient-2011-2-page-43.htm).

(11) «  Le Maroc 55e   puissance militaire au rang mondial  », Challenge, 21 janvier 2022 (https://www.challenge.ma/le-maroc-55eme-puissancemilitaire-au-rang-mondial-231143/)

 

 

Jean-François Daguzan

04/12/2022

https://moroccomail.fr/2022/12/04/entre-lalgerie-et-le-maroc-un-face-a-face-militaire/

 

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Rédigé le 04/12/2022 à 17:37 dans Algérie, Maroc, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

Sahara occidental : le Conseil de sécurité de l’ONU réclame la reprise des négociations

 

La résolution appelle à « une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable » dans la perspective d’une « autodétermination » du peuple sahraoui.

 

image from img.lemde.frDes combattants sahraouis dans le camp de réfugiés de Tindouf, en Algérie, en janvier 2022. RAMZI BOUDINA / REUTERS

 

Le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé les « parties » au conflit du Sahara occidental à « reprendre les négociations », jeudi 17 octobre, pour permettre une solution « durable et mutuellement acceptable ». Les Etats-Unis, qui ont rédigé le texte de la résolution, ont regretté l’absence d’unanimité lors de ce vote qui a recueilli treize voix pour, avec les abstentions du Kenya et de la Russie, qui a dénoncé un texte « pas équilibré ».

Lire aussi : Au Maroc, un film privé de visa d’exploitation à cause de la chanson d’une Sahraouie

La résolution appelle « les parties à reprendre les négociations sous l’égide du secrétaire général sans préconditions et de bonne foi », avec l’objectif de parvenir à « une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable » dans la perspective d’une « autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Le Conseil avait lancé ce même appel il y a un an, au moment où le nouvel émissaire de l’ONU, l’Italien Staffan de Mistura, prenait ses fonctions. Il s’est depuis rendu plusieurs fois dans la région pour rencontrer les différents acteurs.

Mais dans son rapport annuel publié récemment, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « vivement préoccupé par l’évolution de la situation ». « La reprise des hostilités entre le Maroc et le Front Polisario marque un net recul dans la recherche d’une solution politique à ce différend de longue date », a-t-il insisté, évoquant des « frappes aériennes et des tirs de part et d’autre du mur de sable » qui sépare les deux parties.

 

Le mandat de la Minurso renouvelé pour un an

Le Sahara occidental, ex-colonie espagnole, est considéré comme un « territoire non autonome » par l’ONU, en l’absence d’un règlement définitif. Il oppose depuis des décennies le Maroc au Front Polisario, soutenu par l’Algérie. Rabat, qui contrôle près de 80 % de ce vaste territoire, prône un plan d’autonomie sous sa souveraineté. Le Polisario réclame pour sa part le référendum d’autodétermination sous l’égide de l’ONU qui avait été prévu lors de la signature en 1991 d’un cessez-le-feu mais jamais concrétisé.

Lire aussi : L’Afrique du Sud soutient le Sahara occidental « sans état d’âme »

L’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, a salué la résolution, estimant qu’elle « conforte le soutien massif de la communauté internationale en faveur de l’initiative d’autonomie marocaine ». Le représentant du Polisario, Sidi Omar, a quant à lui dénoncé « l’inaction continue » du Conseil de sécurité face aux tentatives du Maroc « d’imposer un fait accompli dans les territoires occupés de la République sahraouie [RASD, autoproclamée par le Polisario] ». Cela « ne laisse d’autre option au peuple sahraoui que de continuer et d’intensifier la lutte armée légitime pour défendre son droit non négociable à l’autodétermination et à l’indépendance », a-t-il déclaré, regrettant que les Etats-Unis, rédacteurs du texte, aient « dévié de leur position de neutralité ».

La résolution adoptée « ne reflète pas la situation » au Sahara occidental et « il est peu probable qu’elle permette de faciliter les efforts de Staffan de Mistura pour une reprise des négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario », a de son côté commenté l’ambassadeur russe adjoint à l’ONU, Dmitry Polyanskiy. La résolution adoptée jeudi appelle également les parties à « coopérer pleinement » avec la mission de l’ONU, la Minurso, dont le mandat a été renouvelé pour un an, jusqu’au 31 octobre 2023.

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Le Monde avec AFP

Publié hier à 10h45 

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/10/28/sahara-occidental-le-conseil-de-securite-de-l-onu-reclame-la-reprise-des-negociations_6147699_3212.html

 

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Rédigé le 29/10/2022 à 14:23 dans Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

L’Algérie proche d’un accord avec la Turquie pour l’achat de drones Anka

 

Alger n’a pas caché sa colère lorsqu’un Bayraktar TB2 acheté par le Maroc a été soupçonné d’avoir tué trois Algériens au Sahara occidental : la Turquie a donc également proposé à l’Algérie de lui vendre des drones.

 

image from www.middleeasteye.net

Le drone TAI Anka, exposé lors de l’édition 2021 du Teknofest à Istanbul (Reuters)

 

Lorsqu’une frappe de drone marocaine présumée a tué trois Algériens en novembre 2021 près de la ville de Bir Lahlou, au Sahara occidental, Alger n’a pas caché sa colère et a, en coulisses, fustigé la Turquie.

En dépit de l’absence de preuves concrètes, les responsables algériens estimaient que le Maroc, qui combattait alors depuis un an les séparatistes du Front Polisario sur ce territoire, avait utilisé des drones Bayraktar TB2 de fabrication turque pour frapper un convoi de camions.

 

Algérie-Maroc : derrière l’achat de drones de combat, l’escalade
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Des officiels algériens ont ainsi reproché à la Turquie, auprès d’officiels turcs, de prendre parti entre les deux pays du Maghreb. La Turquie entretient des relations amicales de longue avec chacun des deux pays.  

En septembre 2021, le Maroc a reçu le premier de ses treize drones armés achetés pour un montant de 70 millions de dollars à la société privée turque Baykar.

Des frappes de drones marocaines contre des cibles du Front Polisario ont rapidement suivi, même si le mouvement indépendantiste sahraoui indiquait alors que des drones de fabrication chinoise et israélienne avaient également été utilisés à son encontre. 

En réponse, les diplomates turcs ont adopté une approche plus équilibrée, selon plusieurs sources interrogées par Middle East Eye.

En ce qui concerne l’épineuse question du Sahara occidental, contrôlé à 80 % par le Maroc mais revendiqué par le Front Polisario – soutenu par l’Algérie – en tant que pays indépendant, Ankara opte pour une posture équivoque. Si elle n’a jamais reconnu l’indépendance du Sahara occidental, la Turquie soutient les efforts menés par l’ONU pour résoudre la question.

Un accord finalisé la semaine dernière

Lors d’échanges ultérieurs, Ankara a transmis à Alger un message simple par l’intermédiaire de son ambassadrice : nous sommes également ouverts aux affaires avec vous.

Au cours de négociations qui ont duré des mois, l’Algérie a inspecté tous les drones de combat turcs disponibles. Les pourparlers ont progressé avec l’aide de l’ambassadrice turque Mahinur Özdemir, une francophone nommée par les hautes sphères politiques, qui dispose d’un canal de communication direct avec le président turc Recep Tayyip Erdoğan en cas de problème.

En fin de compte, les Algériens n’ont pas jeté leur dévolu sur les Bayraktar TB2, des drones de combat de grande taille et renommés dont les performances ont été éprouvées en Ukraine, mais aussi en Syrie, en Libye et dans le Haut-Karabakh.

 

Avec ses drones, la Turquie se tourne-t-elle vers le hard power en Afrique ?
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À la place, Alger a acheté dix exemplaires de drones Anka-S, produits par la société publique Turkish Aerospace Industries, indiquent à MEE deux sources au fait des négociations.

L’Anka-S est un drone MALE (moyenne altitude longue endurance) capable de voler pendant 30 heures d’affilée. Grâce à sa liaison satellite, il peut couvrir une zone beaucoup plus étendue que les autres options, ce qui le rend utile dans des endroits comme l’Afrique du Nord et ses milliers de kilomètres de désert. 

Selon des sources, l’accord a été finalisé la semaine dernière et l’Algérie devrait l’approuver officiellement dans les semaines à venir. Il est difficile de savoir dans l’immédiat quelle sera la réaction du Maroc.

Rabat entretient des relations ombrageuses avec Ankara, considérant le Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir en Turquie comme une force islamiste qui a trouvé un écho au Maroc lorsque le parti marocain éponyme était au gouvernement de 2011 à 2021.

Le nouveau gouvernement marocain n’hésite pas à critiquer Ankara par le biais de ses relais médiatiques lorsque la Turquie est désaccord avec l’Arabie saoudite.

Une demande de commentaires a été adressée au gouvernement algérien, qui, au moment de la publication de cet article, n’a toujours pas répondu.

Les relations entre l’Algérie et le Maroc sont au plus bas : Alger a coupé tous ses liens diplomatiques avec Rabat en 2021, dénonçant des « actes hostiles ».

L’Algérie soutient le Front Polisario dans sa lutte pour l’indépendance du Sahara occidental, qui a dégénéré en conflit après la rupture d’un cessez-le-feu de trois décennies en novembre 2020.

Accusé d’avoir piraté des téléphones de représentants algériens avec le logiciel espion israélien Pegasus, le Maroc exprime en parallèle son soutien à un mouvement séparatiste en Algérie, le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK).

 

 

Par 

Ragip Soylu
ANKARA, Turquie

Published date: Jeudi 20 octobre 2022 -

https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/algerie-maroc-turquie-drones-ankara-sahara-occidental

 

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Rédigé le 20/10/2022 à 14:56 dans Algérie, Maroc, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

La contestation au Sahara occidental, une menace pour le Palais royal

 

Le régime alaouite fait face au mécontentement des Sahraouis, qui dénoncent l’« expropriation de leurs terres au profit d’émirs du Golfe et d’investisseurs sionistes »

 

image from www.middleeasteye.netPour la première fois, la contestation contre les expropriations est cautionnée par les chefs des grandes tribus sahraouies qui, pourtant, soutiennent la monarchie (AFP/Fadel Senna)

 

 

Au Maroc, dans la culture de la cour, il est d’usage que le sultan chérifien décide de récompenser ses fidèles en leur octroyant des terres, comme il peut aussi déposséder ceux tombés en disgrâce.

De tout temps, les sultans alaouites ont veillé à contrôler le droit des tribus à bénéficier des terres collectives. Ces terres sont soumises à un régime juridique datant du protectorat français, codifié par le dahir (décret) de 27 avril 1919, toujours en vigueur, qui régit le « droit de propriété des tribus, fractions, douars ou autres groupements ethniques sur les terres de culture ou de parcours dont ils ont la jouissance à titre collectif ».

Placées sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, ces terres tribales se distinguent par leur caractère inaliénable, indivisible, imprescriptible et insaisissable. Elles sont gérées par une assemblée de délégués représentant la collectivité qui a le droit d’utiliser les terres en question. Selon les chiffres officiels, les terres collectives représentant près de 15 millions d’hectares (ce qui correspond à environ 21 % de la superficie totale du Maroc).

 

 
Des tribus marocaines refusent d'être expulsées par les sociétés immobilières
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Durant son règne, Hassan II procéda à des réappropriations massives par l’État de terres collectives occupées par des tribus (loi de 1963 sur la nationalisation), à des expropriations et redistributions de propriétés au profit de ses affidés afin de garantir leur loyalisme.

On évoquait à l’époque un million d’hectares de terres collectives dont près de 600 000 distribués aux serviteurs de la monarchie.

Le roi Mohammed VI n’a pas dérogé à la tradition, comme en témoigne la décision des autorités marocaines en 2016 d’accorder, arbitrairement, à des hauts commis ou serviteurs de l’État des terrains de choix à des prix dérisoires.

Dans son discours de 2020, le roi a appelé par ailleurs à la mobilisation d’un million d’hectares de terres collectives à vocation agricole pour « le mettre à la disposition d’investisseurs ayants droit et privés ».

À cette fin, les autorités n’hésitent pas à dessaisir les ayants droit de leurs terres tribales par voie d’expropriation pour cause d’« utilité publique ».

Sahraouis et terres tribales

La distribution de la rente, notamment à travers le foncier, permet ainsi au pouvoir de domestiquer les élites. De plus, la dépossession semble avoir contribué à l’enrichissement du roi et de ses proches.

Citons en exemple le groupe immobilier Addoha, dirigé par Anas Sefrioui, un proche de Mohammed VI. Les deux hommes auraient bénéficié des terrains constituant un village, situé à Rabat, au bord de la mer, pour construire des résidences de luxe dans le cadre du projet « Plage des nations ». Une affaire révélée en 2006 par le journaliste Omar Radi et corroborée par l’enquête publiée le 19 septembre 2022 par Forbidden stories.

Depuis 2010, les autorités marocaines se déploient pour l’expropriation de milliers d’hectares de terres collectives partout dans le pays.

En 2019, le royaume a adopté la loi 62/17 et son décret d’application pour consolider la tutelle du ministère de l’Intérieur sur les terres collectives, disant « vouloir promouvoir le développement du monde rural et faire bénéficier les femmes soulaliyates (en référence à la soulala, qui est le lien qui unit les membres d’une collectivité ethnique) au même titre que les hommes des terres tribales ».

 

image from www.middleeasteye.net

Le journaliste marocain Omar Radi a été condamné en mars 2022 à six ans de prison pour « viol » et « espionnage ». Mais le quotidien belge Le Soir, partenaire de Forbidden Stories, rappelle que les ennuis du journaliste ont commencé lorsqu’Amnesty International a révélé, en juin 2020, que le téléphone du journaliste était espionné par le logiciel espion Pegasus – alors qu’il travaillait, précisément, sur le dossier des expropriations foncières (Amnesty International)

Or, en réalité, cette loi a contribué à limiter le recours aux us et aux traditions dans la gestion et l’exploitation des biens de ces communautés, notamment en restreignant le rôle des nouabs (représentants des communautés). Ces derniers n’avaient plus le droit d’intervenir pour appliquer les règles coutumières dans la résolution des conflits qui surgissent lors de l’exploitation des terres collectives.

En 2020, les autorités auraient même profité de la déclaration de l’état d’urgence sanitaire pendant la pandémie de covid-19 pour accentuer le mouvement d’expropriation des terres collectives pour cause d’« utilité publique ». Pour preuve, la publication au bulletin officiel de dizaines de décisions d’expropriation nominatives des terres tribales se situant dans les différentes régions du royaume.

Tout récemment, le royaume a décidé d’intensifier l’expropriation des terres collectives dans l’ensemble du royaume y compris dans certaines zones non contestées du territoire sahraoui, lequel est administré par les autorités marocaines. L’opération d’expropriation pourrait toucher ainsi des terres collectives occupées par des tribus sahraouies qui, malgré leur allégeance à la monarchie, se trouveraient menacées d’être dépossédées des terres de leurs ancêtres.   

Une manœuvre politique qui risque d’attiser les tensions entre les autorités et les populations sahraouies qui revendiquent un droit historique sur leurs terres tribales.  

Les chefs des tribus sahraouies ont du mal à concevoir l’intensification de l’expropriation des terres collectives au nom de « l’intérêt général » dans des zones désertiques et difficilement exploitables.

Les activistes sahraouis dénoncent ce qu’ils considèrent comme une « tentative de l’État marocain de resserrer l’étau sécuritaire sur les territoires sahraouis qui existaient avant même la colonisation française et espagnole »

Les protestataires sahraouis dénoncent ce qu’ils considèrent comme une « tentative de l’État marocain de resserrer l’étau sécuritaire sur les territoires sahraouis qui existaient avant même la colonisation française et espagnole ».

À en croire les déclarations de certains activistes sahraouis, issus notamment des régions de Tan-Tan et de Guelmim – en territoires contestés administrés par le Maroc – dans un communiqué signé par la Coordination des trois rivières (Oued Eddahab, Oued Noun et Sakia El-Hamra) le 8 septembre, les autorités marocaines n’auraient pas le droit de conduire une si grande opération d’expropriation pour cause d’utilité publique alors qu’elle serait en réalité menée au profit d’« émirs du Golfe et d’investisseurs sionistes ».

Malgré les tentatives de réglementation des terres collectives, ayant abouti fin 2019 à l’adoption d’un dispositif juridique, qui promeut leur privatisation (melkisation) et favorise l’investissement agricole par les ayants droit et les investisseurs privés, force est de constater qu’un flou juridique persiste encore quant au statut de ces terres qui demeurent soumises au pouvoir discrétionnaire du ministère de l’Intérieur.

Il faudrait admettre que le statut juridique de la propriété collective permettait de sceller la relation de domination entre l’État central et le monde rural. Seul l’État et les collectivités territoriales pouvaient acquérir ces terres, en indemnisant les ayants droit qui pouvaient continuer de bénéficier de leurs terres, mais sans pour autant en acquérir la propriété individuelle.

Un risque de récupération

Dans le cas des terres tribales sahraouies, l’expropriation semble encore plus difficile à justifier, et ce pour des raisons culturelles et historiques. Les délimitations de ces territoires n’ont jamais été figées et l’histoire du Sahara peut se décliner sous la forme d’une incessante recomposition des cultures, des communautés et des espaces.

Mais qu’en est-il vraiment de l’ampleur de cette mouvance embryonnaire de contestation qui traverse les communautés sahraouies et menace d’ébranler le Palais royal ?

Pour le moment, les chefs des tribus sahraouies semblent conscients de l’enjeu politique d’une telle opération, à savoir le contrôle des modes de propriété et d’exploitation de la terre qui tendent vers une transformation de l’ordre social et politique.

 

 
Au Maroc, les femmes des tribus veulent en finir avec les inégalités
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L’objectif non déclaré du pouvoir serait une reconfiguration politique et sécuritaire des territoires sahraouis de manière à mieux réguler l’évolution démographique, l’encadrement des masses rurales, la fabrique d’un leadership local contestataire, le transport et le trafic des biens et marchandises, ainsi que la mobilité et les coalitions ethnico-tribales des communautés sahraouies, notamment celles qui soutiennent le Front Polisario, mouvement indépendantiste sahraoui.

Toutes les grandes tribus sahraouies semblent déterminées à défendre leurs terres collectives historiques.

Certaines tribus – Lahmidat, Al-Mahbass et Mhamid al-Ghizlane – ont déjà commencé à organiser, début septembre, des actions de protestation.

D’autres tribus, dites « royalistes », préfèrent garder leurs distances face aux revendications des protestataires. Les tribus sahraouies ne sont pas toutes enclines à défier le régime alaouite et certaines souhaitent négocier avec les autorités marocaines une sortie de crise.

Ceci étant, pour la première fois, la contestation est cautionnée par les chefs des grandes tribus sahraouies. Pourtant, la plupart de ces derniers soutiennent la monarchie, qui défend la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, arguant de l’existence de « liens historiques d’allégeance entre ces chouyoukh [chefs] et les sultans alaouites ».

Alors qu’habituellement, ce sont plutôt les jeunes qui protestent pour défendre des revendications sociales, une mobilisation massive des activistes sahraouis autour de la question des terres collectives est à craindre pour le Palais royal.  

Jouer la carte de la dépossession des Sahraouis de leurs terres tribales risque de favoriser une escalade du conflit sahraoui

D’où le risque pour le royaume de voir le Front Polisario récupérer le mécontentement des tribus sahraouies, surtout celles qui reconnaissent la marocanité du Sahara, en incitant leurs jeunes notamment à s’insurger contre les autorités marocaines.

Cela pourrait nuire à la diplomatie marocaine, qui tente de convaincre la communauté internationale de l’engagement du royaume à respecter les droits des Sahraouis dans le cadre de la proposition marocaine d’autonomie élargie.

En s’attaquant aux terres collectives des Sahraouis, le régime de Mohammed VI fait fausse route s’il pense miser sur une diplomatie disruptive : les conséquences d’une polarisation et d’une confrontation pourraient se révéler désastreuses sur la stabilité politique dans toute la région.

Jouer la carte de la dépossession des Sahraouis de leurs terres tribales risque de favoriser une escalade du conflit sahraoui, mettant en jeu une identité collective à même de susciter des violences extrêmes.

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que leur auteur et ne reflètent pas nécessairement la politique éditoriale de Middle East Eye.

 
Aziz Chahir is an associate researcher at the Jacques-Berque Center in Rabat, and the secretary general of the Moroccan Center for Refugee Studies (CMER). He is the author of Who governs Morocco: a sociological study on political leadership (L'Harmattan, 2015). Aziz Chahir est docteur en sciences politiques et enseignant-chercheur à Salé, au Maroc. Il travaille notamment sur les questions relatives au leadership, à la formation des élites politiques et à la gouvernabilité. Il s’intéresse aussi aux processus de démocratisation et de sécularisation dans les sociétés arabo-islamiques, aux conflits identitaires (le mouvement culturel amazigh) et aux questions liées aux migrations forcées. Consultant international et chercheur associé au Centre Jacques-Berque à Rabat, et secrétaire général du Centre marocain des études sur les réfugiés (CMER), il est l’auteur de Qui gouverne le Maroc : étude sociologique sur le leadership politique (L’Harmattan, 2015).

 

 

Aziz Chahir
Mardi 18 octobre 2022 - 07:18 
https://www.middleeasteye.net/fr/opinionfr/maroc-contestation-sahara-occidental-menace-palais-royal-israel-expropriations
 
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Rédigé le 18/10/2022 à 08:52 dans Maroc, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

Algérie: Le général Changriha livre au polisario des armes avancées achetées à la Russie

 

 

Des fuites des camps du polisario à Tindouf ont révélé l’arrivée récemment d’importantes quantités d’armes sophistiquées russes pour moderniser l’arsenal du front séparatiste.

Il s’agit d’armes qui font partie des commandes massives effectuées début 2022 par l’armée algérienne à la Russie.

Des achats tellement importants qu’ils sont devenus une source d’inquiétude aux Etats-Unis, où des membres du Congrès ont exigé des sanctions contre le régime algérien, accusé de financer l’effort de guerre de Poutine en Ukraine.

Auparavant, la junte militaire du général Said Chengriha a équipé le polisario pour près de 850 millions de dollars juste entre 2021 et 2022 en armes légères, de pièces d’artillerie montées sur des véhicules, des munitions d’origine russe.

En effet, le pouvoir algérien continue de renforcer l’arsenal russe du polisario, le groupe terroriste de Brahim Ghali, établi à Tindouf, une localité située dans le sud ouest de l’Algérie.

Sous la présidence de Abdelmadjid Tebboune, le pouvoir algérien, encouragé par la crise du gaz en Europe et les revenus qu’il tire en dollars, outrepasse les sanctions américaines dans la loi Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act (CAATSA).

Des députés du Congrès américain, républicains et démocrates, conduits par Lisa McClain, ont exigé dans une lettre adressée jeudi dernier au Secrétaire d’Etat, Antony Blinken, des sanctions contre l’Algérie pour l’achat massif d’armes russes en violation de cette loi CAATSA.

Pour les USA, la Russie est le plus grand fournisseur d’armes militaires à l’Algérie, qui est une menace pour toutes les nations du monde, selon la députée Lisa McClain.

«Rien que l’année dernière, l’Algérie a finalisé un achat d’armes avec la Russie pour un total de plus de 7 milliards de dollars. Dans cet accord, l’Algérie a accepté d’acheter des avions de combat russes avancés, y compris Sukhoi 57 », sachant que «la Russie n’avait jusqu’à présent, accepté de vendre cet avion particulier à aucune autre nation».

«Ce transfert militaire a fait de l’Algérie le 3ème destinataire d’armes russes au monde », relèvent les cosignataires de la lettre publiée ce jeudi 29 septembre sur le site officiel de la Chambre des représentants des Etats-Unis.

Pour rappel, le polisario a tissé des liens stratégiques et tactiques avec des groupes terroristes jihadistes en Afrique ainsi que le Hezbollah chiite libanais et les iraniens, des mercenaires installés dans des bases en Algérie, aguerris à la guerre asymétrique.

Malgré les signaux adressés par les Etats Unis d’Amérique (USA) aux responsables algériens depuis des mois sur l’Ukraine, la Russie, le groupe Wagner, les dirigeants algériens civils, militaires et leurs familles, qui profitent des intérêts juteux de leurs positions despotiques, continuent de s’obstiner, mais ils se retrouvent dans la ligne de mire des sanctions pour tous ceux impliqués dans le financement de la machine de guerre russe.

 

 

2 octobre 2022Frédéric Powelton

https://sahel-intelligence.com/29099-algerie-le-general-changriha-livre-au-polisario-des-armes-avancees-achetees-a-la-russie.html

 

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Rédigé le 02/10/2022 à 22:01 dans Algérie, Russie-Ukraine, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

Tindouf. Un rapporteur spécial de l’ONU interpellé sur les violations des droits de l’homme

 

image from i0.wp.comONU / Genève. Dursun Aydemir / ANADOLU AGENCY / AFP

 

Le « Forum marocain pour la démocratie et les droits de l’homme » a interpellé, dans un rapport, Clément Nyaletsossi Voule, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit de réunion pacifique et d’association, au sujet des violations des droits de l’homme dans les camps du polisario.

 

Dans une note sur les graves violations par l’Algérie des droits à la liberté de réunion et d’association, à l’occasion de la programmation d’une visite en Algérie, le forum a adressé un rapport détaillé sur le sujet. Dans ce document d’une dizaine de pages, présenté mardi 13 septembre à Rabat, on apprend que la situation des droits de l’homme en Algérie et à Tindouf dans le sud-ouest, connaît des violations massives et systématiques qui affectent la liberté de réunion et d’association pacifiques où toute manifestation pacifique fait l’objet d’interdiction, de musellement et de traitement inhumains. 

Tous ces faits constituent une caractéristique inhérente à la gestion du dossier des droits de l’homme. Le rapport cite plusieurs cas d’arrestations d’opposants et de manifestants et des décès dans les prisons du polisario, sans ouverture d’enquêtes. Le rapport cite aussi l’interdiction du polisario aux réfugiés de s’enregistrer auprès du Haut commissariat aux réfugiés, ce qui les prive d’obtenir des documents d’identification et du droit de circuler librement à l’intérieur de l’Algérie. 

Le rapport s’intéresse aussi à la situation en Kabylie, victime depuis des décennies d’une répression brutale, du pillage des ressources naturelles et l’ignorance des revendications de la population pour le développement et du manque d’une reconnaissance officielle de la langue et de la culture berbères.

Dans le même registre, la visite du rapporteur spécial de l’ONU sur la liberté d’association, de réunion et de manifestation, programmée du 12 au 22 septembre en cours, a été reportée à la demande du gouvernement algérien. La visite du rapporteur spécial a été renvoyée plusieurs fois depuis 2020. Un refus déguisé, vu la situation critique pour les droits relevant du mandat des rapporteurs, à savoir les multiples violations des libertés d’association, le gel des activités des partis politiques et les interdictions de plusieurs réunions publiques et des manifestations pacifiques. 

La première visite du rapporteur onusien devait avoir lieu en 2011. Mais elle a été reportée à 2013, puis à 2020. En 2021, plusieurs dates ont été fixées pour la venue du représentant onusien. Mais celle-ci a été reportée à chaque fois.

 

 

 

 14 septe 2022

Mohamed El Hamraoui

https://www.lecourrierdelatlas.com/tindouf-un-rapporteur-special-de-lonu-interpelle-sur-les-violations-des-droits-de-lhomme/

 

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Rédigé le 14/09/2022 à 16:52 dans Maroc, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

Réfugiés sahraouis à Tindouf: L'ONU lance un appel urgent pour des aides

 

  
Les Nations unies en Algérie appellent sous le sceau de l'urgence la communauté internationale «à renforcer et accroître son soutien à l'aide alimentaire et nutritionnelle aux réfugiés sahraouis à Tindouf sérieusement menacés d'insécurité alimentaire et de malnutrition».

C'est le coordonnateur résident du Système des Nations unies en Algérie, Alejandro Alvarez, qui a fait hier lecture d'un communiqué dans ce sens en présence des représentants du HCR, de l'agence des Nations unies pour les réfugiés, du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) ainsi que ceux de la presse.

Cet appel d'urgence à l'aide humanitaire aux réfugiés sahraouis à Tindouf est justifié par «une réduction forcée de 75% des rations alimentaires mensuelles du PAM (qui) est particulièrement inquiétante car elle correspond à moins de la moitié de l'apport calorique quotidien recommandé par personne ». Les précisions des Nations unies à cet effet sont effrayantes. «Chaque bénéficiaire reçoit désormais moins de 5 kg de ration, contre les 17 kg prévus par personne et par mois. Les résultats préliminaires de la mission d'évaluation conjointe et de l'enquête sur la nutrition menées il y a six mois révèlent également une dégradation de la situation nutritionnelle et une augmentation de la prévalence de l'émaciation potentiellement mortelle chez les enfants âgés de 6 à 59 mois, qui passe de 7,6% en 2019 à 10,7% en 2022. La moitié des enfants âgés de 6 à 59 mois sont anémiques, un enfant sur trois souffre d'un retard de croissance et seulement un enfant sur trois reçoit le régime alimentaire diversifié minimum dont il a besoin pour grandir et se développer sainement », est-il rapporté.

Les diplomates onusiens en poste à Alger rappellent que «pendant plus de quatre décennies, le Gouvernement algérien et les donateurs internationaux ont fait preuve d'une solidarité constante avec les réfugiés sahraouis en fournissant un soutien humanitaire d'une importance vitale et qui doit être reconnu ». Malheureusement, disent-ils, «sous la pression des défis mondiaux, ce soutien est désormais insuffisant pour répondre aux besoins actuels. Les fonds nécessaires à la seule assistance alimentaire ont doublé pour atteindre 39 millions de dollars cette année, contre 19,8 millions de dollars avant le déclenchement de la pandémie». Ils affirment ainsi qu'ils font face tout autant que d'autres acteurs humanitaires «à d'importants déficits de financement provoqués par l'impact de la pandémie de la Covid-19, la hausse mondiale des prix des denrées alimentaires et du carburant qui en a résulté, et les effets de la guerre en Ukraine ». Une situation qui, relève Alvarez, «a profondément affecté tous les secteurs de l'aide humanitaire, entravant de manière inquiétante l'accès des réfugiés à la nourriture, à l'eau, à la santé, à la nutrition, à l'éducation et à d'autres services de subsistance essentiels». Le coordonnateur résident des Nations unies estime que « la solidarité internationale est cruciale pour stopper la détérioration rapide de la situation nutritionnelle dans les camps de réfugiés et ses effets durables pour la population, en particulier les enfants ».

Le Système des Nations unies en Algérie appelle la communauté internationale « à renouveler ses efforts et à fournir un soutien supplémentaire rapide pour apporter une réponse appropriée à cette urgence ». Un appel lancé, précise Alvarez, «aux institutions étatiques tout autant qu'aux donateurs privés qui peuvent être mobilisés ».
 
 
 
 
 
 
par GhaniJeudi
25 aout 2022a Oukazi 
 
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5314723 
 
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Rédigé le 25/08/2022 à 08:44 dans Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

« Bouclier du désert »: Messages des manœuvres russo-algériennes aux frontières marocaines

 

image from www.algerie-focus.com

 

Algerie Maroc: Environ deux mois après la fin des manœuvres du Lion d’Afrique entre les armées américaine et marocaine près de la frontière algérienne, l’Algérie accueille pour la première fois les manœuvres russes du « bouclier du désert » dans une zone militaire adjacente à la frontière avec le Maroc, à la fois alors que la région et le monde connaissent de grandes tensions.

Le ministère russe de la Défense a confirmé dans un communiqué que les manœuvres militaires Desert Shield 2022 auront lieu en Algérie au cours du mois de novembre. Les médias espagnols indiquent que les manœuvres sont un message de défi aux États-Unis et à leurs alliés dans la région.

De nouvelles alliances en lien avec la guerre en Ukraine

Professeur de sciences constitutionnelles à l’université de Tofail au Maroc, Rachid Lazraq, affirme que « dans le contexte des transformations que connaît le monde, l’Algérie tente de se faire une place au sein des grandes alliances » qui se forment.

Lazraq estime que l’Algérie, en accueillant les manœuvres, envoie un message à Washington et au reste des puissances occidentales qu’elle est prête à entamer des négociations et à obtenir des équilibres en se présentant comme une figure importante du Région Afrique du Nord.

Cette annonce renforce la coopération entre la Russie et l’Algérie, qui continue d’apparaître comme le meilleur allié du président russe Poutine en Afrique du Nord.

La première série de ces manœuvres a eu lieu au cours du mois d’octobre 2021 dans la région d’Ossétie du Nord. Cette manœuvre de novembre sera sa deuxième édition.

Cependant, l’analyste algérien, Hakim Boughrara, estime dans une interview à Al-Hurra que « l’adhésion de l’Algérie au Bouclier du désert avec la Russie fait partie d’un contexte de routine pour les manœuvres de l’Armée nationale populaire, et les manœuvres sont dans le contexte de La préparation de Moscou pour la région sud de l’armée russe. »

L’expert algérien en sécurité, Ahmed Mizab, a convenu dans une déclaration à Al-Hurra que les manœuvres « font partie du programme de coordination et de coopération en matière de sécurité entre l’Algérie et la Russie à la lumière des relations stratégiques bilatérales et des défis croissants ».

En réponse au lion d’Afrique

L’annonce des manœuvres « Desert Shield » intervient environ deux mois après la fin des manœuvres du Lion d’Afrique entre l’armée américaine et son homologue marocaine.

« Nous assistons à une escalade de l’extrémisme violent en Afrique de l’Ouest, en particulier dans la région du Sahel », a déclaré à l’AFP le général Stephen, responsable du commandement militaire américain pour la région africaine, en juin, lors de la conclusion des exercices militaires internationaux. « Lion d’Afrique », à Tan-Tan, au sud du Maroc le 30 juin dernier.

Le général américain a ajouté : « Nous assistons également à l’arrivée d’acteurs qui ont des intentions malveillantes dans la région, et je parle spécifiquement des mercenaires russes de Wagner qui sont au Mali. Les pays occidentaux accusent les dirigeants militaires de ce pays d’avoir utilisé les services de cette société militaire privée russe, accusée d’avoir commis des « crimes ».

Pour l’expert en sécurité, Ahmed Mizab, « ces manœuvres ne sont pas une réponse à d’autres manœuvres ou programmes militaires ».

Et l’expert en sécurité de poursuivre, dans son entretien avec le site Al-Hurra : « Étant donné que les dates ont été fixées plus tôt, et que le programme de coopération militaire n’est pas soumis à de tels critères, mais a plutôt des dimensions au niveau stratégique dans le cadre de la capacité- bâtiment et la dimension tactique, qui est la réponse à divers défis.

Mizab estime que « ces manœuvres ont leurs contextes objectifs et ne sont pas liées à des comptes étroits, mais sont basées sur des règles objectives ».

Selon le communiqué du ministère russe de la Défense, les manœuvres auront lieu dans l’État de Béchar, dans des champs de manœuvre à seulement 50 km de la frontière avec le Maroc.

Dans cette région, l’Armée nationale populaire algérienne dispose d’un aéroport et d’une infrastructure dédiée aux manœuvres militaires.

L’analyste algérien, Hakim Bougrara, a exclu que les manœuvres soient dirigées contre le Maroc. Dans son entretien avec Al-Hurra, il souligne que l’Algérie « est un allié de la Russie et un important client des armes russes ».

Selon le communiqué publié par Moscou, environ 200 membres des forces armées des deux pays participeront aux exercices et viseront à renforcer l’interopérabilité des unités en matière de lutte contre le terrorisme.

L’Algérie avait obtenu 100 BMP-3, en plus d’améliorer les avions BMP-1 et BMP-2 aux normes plus récentes, notamment pour les équiper de systèmes de missiles antichar Kornet, un concurrent direct du missile américain Javelin.

L’Algérie a annoncé la rupture des relations diplomatiques avec le Maroc en août dernier, accusant Rabat d’avoir « commis des actes hostiles depuis l’indépendance de l’Algérie » en 1962, ce que le Maroc a démenti.

 

 

 

12 août 2022

https://www.algerie-focus.com/bouclier-du-desert-messages-des-manoeuvres-russo-algeriennes-aux-frontieres-marocaines/

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Rédigé le 13/08/2022 à 07:12 dans Algérie, Maroc, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

Quand la vertu écologique fait bon ménage avec l'usurpation de la terre des autres

 

Au cours de ce printemps, l'agenda diplomatique du Makhzen ne manque pas d'étonner par son activisme tout azimuth. Depuis le rabibochage du Maroc avec l'Espagne, rassurée enfin par le retour au bon voisinage qui succède au contentieux de Sebta, cette trêve donne lieu à ce que l'anthropologue René Girard désignait par la triade du «bouc-émissaire» :

La paix entre deux belligérants ne peut se faire qu'au détriment du troisième larron, ce dernier, contre toute attente, n'étant autre que l'Algérie.

Le Maroc, revigoré par ce retour au calme, profite de ce moment de grâce pour renouer contact avec le monde : plusieurs rencontres multilatérales se tiennent avec un calendrier très serré :

En marge d'une conférence internationale tenue à Marrakech ayant pour objet la lutte anti-Daech et, conjointement pour réaffirmer la primauté des droits humains, se sont tenus des pourparlers bilatéraux entre le ministre marocain des Affaires Étrangères et quelques uns de ses homologues européens et africains.

Il en est ressorti une déclaration commune, quasiment la même, sur le»caractère réaliste et sage «du principe d'autonomie accordé au peuple du Sahara occidental, à l'exclusion de l'indépendance revendiquée depuis un demi-siècle par le Polisario.

Ce grand-messe mis à part, des réunions diverses se sont poursuivies en d'autres lieux, notamment en Europe occidentale, notamment à la Haye.

Il y a lieu de rappeler que le maire de Rotterdam n'est autre qu'un franco-marocain, du nom d'Ahmed Boutaleb. J'ignore si l'ancien homme d'Etat et non moins universitaire Abdelhadi Boutaleb compte parmi ses ascendants. Natif du Rif, comme une bonne bonne partie de la diaspora marocaine vivant aux Pays-Bas depuis la deuxième moitié du 20e siècle (1), Il a été intronisé, en 2009 puis en 2014, bourgmestre de Rotterdam ( le plus grand port du monde, se plaît-il a le rappeler ) par la Reine, comme le veut la tradition néerlandaise .

Fort de cette légitimité, il a réuni les deux délégations marocaine et néerlandaise pour mettre en route le projet d'exploitation de l'hydrogène «vert», qui sera localisé à Dakhla, partie méridionale du Sahara Occidental, et qui est porté au-devant de la scène comme le garant de la transition énergétique prévue à l'horizon 2050 : ce vaste projet s'inscrit dans le «World hydrogen Summit 88- Exhibition 2022 -Rotterdam «, auquel s'ajoute un conclave à Paramaribo, capitale de Surinam, ex-colonie néerlandaise ( Quelle coïncidence !.. ). D'autres contrats viennent s'ajouter à ce symbole écologique, comme l'accord récent conclu avec le Portugal ( Hevo Ammoniac Marocco), sans oublier le tout récent accord entre instances scientifiques israélo-marocaines en matière de «coopération technologique…»

L'affairisme ambiant, confinant sinon au mépris, du moins a l'autisme, de la part d'une partie de la communauté internationale qui a décidé de mettre au placard le contentieux du Sahara occidental, ne peut laisser indifférents,sinon des États, du moins des peuples, dont le peuple espagnol lui-même, qui sont restés sur la même position, celle du refus du fait accompli .

En effet, le Polisario déclare «envisager des opérations de commando dans la region» ( cérémonie organisée dimanche dernier à Tindouf). Le leader du mouvement Mohammed El-Ouali Akil évoque l'intention de mener des actions en direction des zones urbaines :» la guerre s'étendra aux villes de Dakhla, Laâyoun, Smara et Boujdour avec des opérations contre des cibles marocaines».

Le journal espagnol «LA RAZÓN «relaie l'information . La France est également visée, considérée comme principal soutien européen du plan marocain d'autonomie du Sahara, l'accusant de «manipuler la sécurité de la région …» en rejetant toute solution autre que la proposition marocaine de l'autonomie interne, considérée par le Quai d'Orsay comme étant «sérieuse et crédible ». Il ressort de ces chassés-croisés diplomatiques que la seule rationalité qui emerge dans ce monde intenable, c'est celle de» deux poids, deux mesures» qui président à l'ordre du monde . Je peux créditer le peuple ukrainien de bonne foi quand il lutte pour recouvrer sa liberté ( même si les choses sont plus complexes qu'il n'y parait ). Je comprends la fougue de homo occidentalis face à l'adversité slave, mais pourquoi la cause du peuple yéménite, celui de Palestine comme le peuple sahraoui, n'ont soulevé jusqu'à ce jour, que de pâles regrets journalistiques, quand ils ne rencontrent pas l'indifférence froide des inventeurs de la DÉMOCRATIE !…



(1). J'ai pris connaissance de cette réalité migratoire en 1966, quand j'entamais une enquête universitaire sur la condition des mineurs nord-africains affectés aux charbonnages du Limbourg belgo-néerlandais ( D.E.S de sociologie, soutenu à Alger le 21 juin 1967 ).

 

 

 

par Nadir Marouf

29 mai 2022

http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5312631

 

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Rédigé le 29/05/2022 à 07:58 dans Maroc, Sahara Occidental | Lien permanent | Commentaires (0)

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