Tipaza

N o c e s @ T i p a z a

À propos de l'auteur

Ma Photo

Les notes récentes

  • Macron, un an après: le grand entretien en intégralité
  • Le 17 septembre 1981 Robert Badinter tournait brillamment la page de la Justice en faisant abolir la peine de mort
  • Mutilés de violences policières : « Je veux juste que les policiers assument »
  • Maroc. Les luttes berbères oubliées contre la présence française
  • De Gaulle aussi sinistre que désavoué
  • ALBERT CAMUS - L'étranger
  • AU NIGER COMME AU MALI !
  • "Les ratonades d'Alger, 1956" Prix lycéen d'histoire 2023 Entretien avec Sylvie Thénault
  • L'accrochage de Boubhir à Azazga
  • Patrick Mesner, « je suis un ouvrier du regard »

Catégories

  • Décennie noire (10)
  • Proche-Orient (2)
  • «Europe (1)
  • Accueil (4)
  • Afghanistan (19)
  • Afique (7)
  • Afrique (7)
  • Afrique du Nord (1)
  • Alger (77)
  • Algérie (635)
  • Angleterre (3)
  • Arabie Saoudite ou maud;.. :) (6)
  • Armée (2)
  • Assia Djebar (15)
  • Autochtones (1)
  • AZERBAÏDJAN (1)
  • Biens mal acquis (1)
  • Bombe atomique (6)
  • Camus (656)
  • Canada (25)
  • changements climatiques (11)
  • Chansons (51)
  • Cherchell (15)
  • Chine (18)
  • Cinéma (47)
  • Climat (10)
  • colonisation (603)
  • COP15 (1)
  • corruption (33)
  • Covid-19 (80)
  • Culture (655)
  • Curiel, (4)
  • Divers (533)
  • Décennir noire (65)
  • Egypte (1)
  • France (1601)
  • Féminicides (9)
  • Guerre d'Algérie (3485)
  • Hadjout / Marengo (35)
  • Haraga (4)
  • Harkis (3)
  • HIRAK (26)
  • Histoire (484)
  • Immigration (69)
  • Incendies (15)
  • Irak (2)
  • Iran (18)
  • Islam (159)
  • Islamophobie (1)
  • Israël (92)
  • Italie (1)
  • Jean Sénac (1)
  • L'Algérie Turque (31)
  • L'Armée (4)
  • Lejournal Depersonne (86)
  • Les ruines (98)
  • Libye (5)
  • Littérature (124)
  • Livres (120)
  • Ll’information (2)
  • L’autisme (2)
  • Macron (24)
  • Mali (1)
  • Maroc (120)
  • Mayotte (1)
  • Moyen-Orient (10)
  • Nanterre (1)
  • Nelson Mandel (1)
  • Nicolas Sarkozy (2)
  • Otan (2)
  • ouïghoure (1)
  • ouïghoure » (1)
  • Palestine (28)
  • Paléstine (67)
  • Pirates informatique (2)
  • Politique (182)
  • Poésie/Littérature (618)
  • Pétrole (2)
  • QATAR (4)
  • Québec (41)
  • Racisme (158)
  • Religion (70)
  • Russie-Ukraine (73)
  • RÉFUGIÉS (1)
  • Sahara Occidental (24)
  • Santé (1)
  • Société (451)
  • Souvenirs (58)
  • Sport (11)
  • Suisse (1)
  • Séismes (15)
  • Tipaza (43)
  • Tourisme (201)
  • Tunisie (58)
  • Ukraine (55)
  • USA (58)
  • Vietnam (7)
  • Violences policières (96)
  • Wilaya de Tipaza (214)
  • Zemmour (1)
  • Égypte (3)
See More

Les commentaires récents

  • Rachid sur La femme dans la guerre d’Algerie
  • Daniele Vossough sur Moi, Roberte Thuveny et le rêve algérien de mon père
  • Seddik sur Le poison français (2e partie)
  • Alger1962 sur LES POETES DANS LA GUERRE - cas de Le Pen dans LA VILLA DES ROSES
  • ben sur BOU HAROUN 1830 - 1962
  • Alice sur Le mariage du Prince Napoléon avec une algérienne relance la guerre des mémoires
  • KBe sur , le général qui s'éleva contre la torture lors de la guerre d'Algérie
  • M..Jean-Louis sur Albert Camus et la route maudite...
  • Jean-Louis M...chauffeur-routier sur Albert Camus et la route maudite...
  • Isabel LOÏS sur Lettre d’Albert CAMUS à Éric ZEMMOUR et autres injustes

Archives

  • septembre 2023
  • août 2023
  • juillet 2023
  • juin 2023
  • mai 2023
  • avril 2023
  • mars 2023
  • février 2023
  • janvier 2023
  • décembre 2022

Italie : Meloni, pas assez facho pour Le Pen, mais pas trop pour les centristes

 

image from ekladata.com

 

Bientôt un an que l’Italie est gouvernée par l’extrême droite et sa principale promesse – mettre un frein au « flux migratoire » – se heurte chaque jour un peu plus à la réalité.

Le 14 septembre, Lampedusa voyait 6000 personnes débarquer en une seule journée – la capacité d’accueil de l’île est de l’ordre de 400 places. En une semaine, ils seront plus de 11 000 à accoster sur ce sol italien. Un « record absolu », écrit Mediapart. Impossible pour Giorgia Meloni, présidente du Conseil des ministres italien depuis le 22 octobre 2022, de gérer seule la situation, alors elle en appelle… à l’Europe. D’autant plus que l’Allemagne a mis en suspens tout accueil de personnes en provenance d’Italie. Pour faire face, la cheffe de l’exécutif italien s’est carrément affichée aux côtés de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à Lampedusa. Un affront antifasciste !

En parallèle, dimanche 17 septembre, c’est un autre duo qui parade : Marine Le Pen et Matteo Salvini. Désormais vice-président du Conseil, en charge des Transports, le numéro 1 de la Ligue du Nord joue sur les deux tableaux. D’un côté, il est partie prenante du gouvernement de Meloni – cela dit, il a toujours tenu une ligne beaucoup plus ferme sur cette question que Meloni –, de l’autre, il se targue d’avoir été en 2018-2019 un ministre de l’Intérieur qui ne laissait rien passer. Et il le redit, lui, promis juré, n’accueillerait « pas un seul migrant ».

Sur un an, le « blocus » promis par Meloni affiche un bilan calamiteux (de son point de vue) : plus de 127 000 personnes sont arrivées sur le sol italien, le double par rapport à l’année précédente1. Face à cette déconfiture de la mise en pratique de promesses fascisantes, l’extrême droite française commence donc à prendre ses distances avec son homologue italienne. Plaçant ses pions pour l’horizon 2027, Marine Le Pen ne s’incommode pas de cette mise en concurrence de ses amis transalpins. En meeting dans le Gard la veille, elle a assuré qu’« il est vain d’en appeler à l’Union européenne pour résoudre la crise migratoire comme un enfant appelle maman quand il a un problème ». Prends ça Giorgia !

Car Meloni doit désormais jouer les équilibristes, elle qui est à la tête d’une coalition qui va de la droite à l’extrême droite. Un modèle dont rêvent Le Pen et Salvini à l’échelon européen mais pour lequel la droite européenne « traditionnelle » s’oppose encore assez fermement.

Et c’est tout bonnement la Macronie qui s’entiche de celle qui se veut dans la ligne héritière de Mussolini. « Quand la Première ministre italienne appelle l’Europe à l’aide sur les migrants, il faut répondre », glisse un marcheur influent au journaliste Nils Wilcke.

Prenant à rebours la réaction allemande, Emmanuel Macron se fait le champion de l’Europe en rappelant chaque pays à son « devoir de solidarité ». Là aussi, on manie habilement l’art de la contradiction sans sourciller. Car le 18 septembre, Gérald Darmanin donnait un autre son de cloche sur Europe 1/CNews : « La France ne s’apprête pas à accueillir » une partie des migrants de Lampedusa. Pour rappel, le ministre de l’Intérieur, déjà pas peu fier de trouver Marine Le Pen « trop molle », avait également jugé Meloni « incapable de régler les problèmes migratoires », parce que trop permissive.

 

 

Dans cette surenchère à qui sera le plus extrême dans le non-accueil de son prochain, la lutte est acharnée. Une histoire dont ils laisseront tous leurs noms : l’histoire du plus grand cimetière à ciel ouvert au monde.

  1. Selon le ministère de l’Intérieur italien, 42 750 migrants sont arrivés entre le 1er janvier et le 15 septembre 2021 ; 66 237 pour la même période de 2022 ; 127 207 pour ce qui concerne 2023. ↩︎ 

 

Migrants : la Méditerranée cimetière depuis 2010

 

image from ekladata.com

Image du chalutier de migrants avant son nauffrage

 le 14 juin 2023.

Le naufrage, mercredi 14 juin, d'une embarcation surchargée de migrants au sud-ouest de la Grèce, qui pourrait avoir fait des centaines de victimes, s'inscrit dans une très longue liste de tragédies similaires en Méditerranée ces dernières années.

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) recense depuis le début de l'année 1166 décès ou disparitions en mer de migrants en Méditerranée. Le bilan s'élève à 26 924 morts et disparus depuis 2014.

Voici les pires naufrages de migrants en Méditerranée depuis 2010 :

Jusqu'à 900 morts dans les eaux de Libye

En avril 2015, entre 800 et 900 migrants périssent au large des côtes libyennes lors du naufrage d'un chalutier de 25 mètres, percuté par un cargo portugais envoyé à son secours. Le bateau de pêche a coulé à pic sous les yeux de l'équipage qui n'a pu sauver que 28 personnes. 

Toujours dans les eaux libyennes : 

- En mai 2011, des réfugiés arrivés sur l'île italienne de Lampedusa affirment avoir assisté au naufrage d'un autre bateau de migrants dans les eaux libyennes. L'embarcation, qui transportait 600 personnes, est portée disparue.

- En avril 2015, près de 400 migrants meurent dans le naufrage d'une embarcation de fortune à environ 150 kilomètres au large des côtes libyennes. 

- En mai 2016, des dizaines de migrants sont portés disparus après le naufrage d'un bateau de pêche surchargé au large de la Libye. Les gardes-côtes italiens évoquent "350 personnes à la mer".

- En février 2015, plus de 300 migrants disparaissent en mer lorsque les bateaux pneumatiques dans lesquels ils avaient pris place chavirent au large de la Libye et 29 autres meurent de froid pendant leur sauvetage dans des conditions extrêmes par les garde-côtes italiens.

Avril 2016 : 500 noyés en Italie

Environ 500 personnes meurent en avril 2016 au large de l'Italie, dans le naufrage d'un grand bateau surchargé, selon des témoignages de rescapés. 41 personnes ont pu être sauvées après avoir dérivé durant trois jours dans un autre bateau.

Egalement dans les eaux italiennes, en octobre 2013, un bateau de pêche parti de Libye et transportant plus de 500 migrants prend feu et fait naufrage en pleine nuit, à 550 mètres des côtes de l'île sicilienne de Lampedusa. 366 personnes, dont beaucoup de femmes et d'enfants, se noient, pris au piège dans les cales, seules 155 personnes survivent.

Septembre 2014 : 500 disparus à Malte

Un bateau parti d'Egypte avec 500 personnes à bord, dont seulement dix survivent, coule au sud-est de Malte en septembre 2014, après avoir été embouti par les passeurs à bord d'une autre embarcation. Le drame survient après que les passagers ont refusé un transfert dans une petite embarcation pour se rendre en Italie.

Juin 2016 : 320 victimes en Grèce

Au moins 320 migrants sont morts ou disparus en juin 2016 dans le naufrage d'un bateau venant d'Afrique et transportant au moins 700 personnes, à 75 milles au sud de la Crète (Grèce). Cinq bateaux marchands qui participaient aux recherches recueillent toutefois 340 rescapés et neuf corps.

 

image from ekladata.com

 

Par micheldandelot1 dans Accueil le 19 Septembre 2023 à 17:33

http://www.micheldandelot1.com/italie-meloni-pas-assez-facho-pour-le-pen-mais-pas-trop-pour-les-centr-a214801685

 

.

 

 

 

Rédigé le 19/09/2023 à 12:50 dans Immigration, Italie, Tunisie | Lien permanent | Commentaires (0)

Migrants en Tunisie : « On dirait qu’ils les poussent à partir » vers les côtes italiennes

 

Au moment où des milliers de personnes débarquent à Lampedusa, Tunis déplace des centaines de Subsahariens de la ville de Sfax vers les principaux points départ pour l’Italie.

 

image from img.lemde.fr

 

Le 10 août 2023 à Sfax, des migrants subsahariens interceptés en mer par les forces de l’ordre tunisiennes.

Le 10 août 2023 à Sfax, des migrants subsahariens interceptés en mer par les forces de l’ordre tunisiennes. FETHI BELAID / AFP

 

Au moment où les arrivées d’embarcations de migrants sur l’île de Lampedusa se multiplient depuis la Tunisie, Tunis intensifie ses opérations à l’encontre des ressortissants subsahariens encore présents à Sfax, la deuxième ville du pays. Photos à l’appui, le ministère de l’intérieur a annoncé, dimanche 17 septembre, avoir évacué le centre historique de la ville, où des centaines de migrants avaient trouvé refuge après avoir été expulsés de leur logement début juillet. Ceux-ci avaient alors fait, avec le soutien des forces de l’ordre, l’objet d’une chasse à l’homme. « Cette campagne de sécurité a été bien accueillie par les habitants de la région, en particulier après le rétablissement de l’ordre public et l’évacuation des places publiques », s’est félicité le ministère de l’intérieur dans un communiqué publié en fin de journée.

Plus tôt dans la semaine, ce dernier avait déjà prévenu les organisations venant en aide aux migrants et, selon un volontaire présent sur place ayant requis l’anonymat, empêché les bénévoles de leur porter assistance. Acheminées samedi et dimanche dans des bus de la société régionale de transport de Sfax, des centaines de personnes ont été ainsi déplacées vers les zones rurales à quelques dizaines de kilomètres de là, particulièrement dans les localités de Jebeniana et Al-Amra.

« Une réponse purement sécuritaire »

« Il n’y a pas eu de résistance car on leur a fait croire qu’ils allaient être pris en charge dans des camps, alors qu’ils ont été jetés au milieu des champs d’oliviers », décrypte Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES), une ONG locale. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent des habitants de ces localités protester contre l’arrivée de bus, escortés par des véhicules de la garde nationale, transportant les migrants délogés du centre de Sfax et déposés au milieu de la route en pleine campagne. « La réponse des autorités tunisiennes est purement sécuritaire et semblable à la politique européenne. On reproduit les mêmes erreurs », dénonce M. Ben Amor.

 

Après les journées d’extrême tension qui avaient suivi la mort d’un Tunisien le 3 juillet, tué dans une rixe avec des migrants subsahariens d’après la version officielle, des centaines de ressortissants d’Afrique subsaharienne avaient été expulsés de Sfax et conduits dans le désert aux frontières de l’Algérie et de la Libye. Abandonnés sans eau, ni nourriture sous une chaleur caniculaire, au moins 25 d’entre eux avaient péri, selon des sources humanitaires, tandis que des centaines d’autres avaient parcouru des dizaines de kilomètres à pied avant d’être secourus, placés dans des centres d’accueil plus ou moins officiels ou relâchés.

Cette fois, les migrants ont été déplacés vers des zones côtières, au nord de Sfax, connues pour être des points de départ privilégiés vers les côtes italiennes, particulièrement l’île de Lampedusa, située à moins de 150 km.  « Il y a des centaines de migrants qui étaient déjà ici à Al-Amra depuis ce qui s’est passé en juillet, ils y séjournent des jours, voire des semaines, avant d’embarquer, c’est l’une des principales zones de départ dans la région », témoigne Wahid Dahech, un militant présent sur place. « On dirait qu’ils les poussent à partir, alors qu’ils n’ont même pas les moyens de payer leur traversée. On les mène à la mort », fustige Romdhane Ben Amor.

« Propagande »

Depuis le 11 septembre, la petite île de Lampedusa, qui compte 7 000 habitants, a enregistré un nombre record d’arrivées d’embarcations de fortune en provenance de Tunisie. En moins de soixante-douze heures, elle a accueilli jusqu’à 6 800 personnes, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne. Deux mois après la signature d’un mémorandum d’entente entre la Tunisie et l’Union européenne (UE) visant à accroître le contrôle des frontières au sud de la Méditerranée, les autorités tunisiennes semblent dépassées par un nombre croissant de départs à destination de l’Europe.

Service partenaire
Cours d’anglais en ligne avec Gymglish
Apprenez l’anglais en 10 minutes par jour avec des leçons ludiques et personnalisées
Découvrir

En juillet, le porte-parole de la Garde nationale tunisienne avait indiqué au Monde que plus de 30 000 migrants avaient été interceptés dans les six premiers mois de l’année 2023, un nombre qui a plus que décuplé depuis 2019. « Il y a un épuisement du dispositif sécuritaire qui manque de moyens et travaille en continu depuis plusieurs mois », estime Romdhane Ben Amor, alors que l’UE s’était engagée, en des termes imprécis, à « fournir un appui financier additionnel adéquat notamment pour les acquisitions, la formation et le soutien technique nécessaires pour améliorer davantage la gestion des frontières tunisiennes », comme le stipule l’accord conclu entre les deux parties et qui tarde à être appliqué.

Selon plusieurs ONG en Tunisie, ces départs massifs ont été favorisés par une météo clémente et une chute du prix de la traversée proposée en moyenne à 1 500 dinars par personne (moins de 500 euros) contre près de 2 000 euros en moyenne en 2022. Une baisse qui s’explique par l’utilisation de barques en métal, moins chères à produire mais aussi plus fragiles. Ces départs s’expliquent également par les conditions de vie des migrants subsahariens « qui se sont largement détériorées depuis qu’ils ne peuvent plus ni se loger ni travailler. Certains d’entre eux pensaient organiser leur projet migratoire sur un temps long mais ont dû précipiter leur départ », explique le responsable du FTDES. Pour ce dernier, le discours officiel sur la lutte contre les réseaux de passeurs, tant de la part de la Tunisie que de l’UE, relève de la « propagande ».

 

 

Par Monia Ben Hamadi(Tunis, correspondance)

Publié hier à 20h00 

https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/09/18/migrants-en-tunisie-on-dirait-qu-ils-les-poussent-a-partir-vers-les-cotes-italiennes_6189928_3212.html

 

 

 

.

 

 

 

 

Rédigé le 19/09/2023 à 08:18 dans Immigration, Lejournal Depersonne, Tunisie | Lien permanent | Commentaires (0)

Indésirables Subsahariens en Tunisie

 

image from lmo-lmo-production-cdn.twipecloud.net

 

Le secrétaire général des Nations unies (ONU), M. Antonio Guterres a déclaré ce mardi être « profondément préoccupé par l’expulsion de migrants, réfugiés et demandeurs d’asile de Tunisie » et appelle Tunis à « [respecter] pleinement leurs droits humains, quels que soient leurs statuts, conformément au droit international ». Ces déclarations font suite à la recrudescence des violences envers les migrants subsahariens qui se trouvent en Tunisie, comme l’illustrent les affrontements violents entre civils et migrants début juillet à Sfax. Depuis ces évènements, au moins « 1 200 ressortissants subsahariens » (selon l’ONG Human Rights Watch) ont été arrêtés. Expulsés et reconduits à la frontière, ils sont un nombre croissant à être abandonné sans vivres et sans eau en zone désertique, à la frontière libyenne. Thierry Brésillon revenait dans notre livraison de février 2023 sur la progression du racisme envers les Subsahariens en Tunisie, dans un climat de peur instillé par un microparti complotiste d’extrême droite et dont les théories sont reprises jusqu’au sommet de l’État : « Dans le cadre d’une rhétorique fasciste au sens exact du terme, le Parti national tunisien entend démontrer que la Tunisie est soumise à ‘‘une colonisation subsaharienne’’ (…) et il accuse des organisations de défense des droits humains d’imposer au gouvernement des politiques favorables aux migrants. »

Flambée xénophobe sur fond d’autoritarisme

Indésirables Subsahariens en Tunisie

Le 17 avril, M. Rached Ghannouchi, chef du parti islamo-conservateur Ennahda, était arrêté à son domicile puis placé sous mandat de dépôt. Ce nouveau tour de vis à l’égard des opposants au président Kaïs Saïed intervient alors que les flux migratoires clandestins augmentent entre la Tunisie et l’Italie. Nombre de candidats à l’exil sont originaires d’Afrique subsaharienne.

 
 
JPEG - 30.9 ko
 

Dans une atmosphère saturée de tensions entre Tunisiens et migrants subsahariens, quelques phrases de M. Kaïs Saïed ont suffi à mettre le feu aux poudres. À l’issue d’un conseil national de sécurité consacré aux « mesures urgentes » pour juguler la « présence d’un grand nombre de migrants illégaux originaires d’Afrique subsaharienne », un communiqué publié sur la page Facebook de la présidence le 21 février dernier a avalisé une version tunisienne de la théorie du « grand remplacement » : dans le cadre d’« un plan criminel préparé depuis le début de ce siècle », y lisait-on, « certaines parties [auraient] reçu de grandes sommes d’argent depuis 2011 pour l’établissement des immigrants irréguliers subsahariens en Tunisie » afin « de réduire la Tunisie à sa dimension africaine et de la dépouiller de son appartenance arabe et islamique ».

Alors que la police menait déjà depuis mi-février des opérations de contrôle des migrants, la garde nationale annonçait, le lendemain du communiqué présidentiel, « une campagne d’arrestations contre les Tunisiens qui hébergent ou emploient des migrants en situation irrégulière ». Les jours suivants, des centaines, voire des milliers, de Subsahariens ont été expulsés de leur logement par leur propriétaire, souvent en pleine nuit, sans préavis, sans pouvoir rien emporter ni a fortiori récupérer leur caution. Parfois avec le concours violent de voisins venus prêter main-forte, saccager les biens des locataires et les dépouiller de leurs économies. Dans certains cas, des groupes de citoyens « vigilants » ont secondé, voire devancé, des opérations de contrôle policier alors que les arrestations se multipliaient.

Pendant plusieurs semaines, des milliers d’autres Subsahariens sont restés cloîtrés chez eux, par peur des arrestations et des agressions, ne pouvant compter que sur la solidarité de groupes d’entraide tunisiens pour se ravitailler. Les ambassades de Côte d’Ivoire, de Guinée-Conakry, du Sénégal et du Mali ont affrété des avions pour rapatrier leurs ressortissants désireux de rentrer au pays. Manière aussi pour ces États de répondre à l’émotion suscitée dans leurs opinions par des propos que le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat a condamnés (1).

Le locataire du palais de Carthage a alors cru devoir rappeler que seuls les migrants en situation irrégulière étaient visés par ses déclarations, qu’ils sont les premières victimes de l’exploitation par les employeurs locaux et les passeurs, que la Tunisie ne saurait renier son appartenance africaine, que ses propos ont été délibérément mal interprétés pour lui nuire ; le ministre des affaires étrangères, M. Nabil Ammar, a, lui, donné des assurances aux ambassades des pays subsahariens et aux organisations internationales sur l’engagement de la Tunisie à respecter les droits humains. Mais les autorités persistent à dénoncer une campagne menée contre la Tunisie et se refusent à condamner explicitement les agressions à caractère raciste — tout juste ont-elles mis un numéro vert à disposition des victimes d’abus. Surtout, elles refusent de reconnaître le problème que pose la constitution de la migration en instrument d’un « plan criminel ».

Complotisme en haut lieu

Cette « théorie » n’est pas le produit de l’imagination de M. Saïed. Elle circule en Tunisie depuis plusieurs mois, articulée et popularisée par un microparti créé à l’initiative de deux personnes en 2018. Dans le cadre d’une rhétorique fasciste au sens exact du terme — haine de la démocratie, apologie de la violence contre les adversaires politiques et de la guerre comme moyen de mobiliser les énergies nationales… —, le Parti national tunisien entend démontrer que la Tunisie est soumise à une « colonisation subsaharienne » avec le soutien de financements européens destinés à maintenir les immigrés en Afrique, et il accuse des organisations de défense des droits humains d’imposer au gouvernement des politiques favorables aux migrants.

Grâce à une audience médiatique croissante, construite d’abord dans les réseaux sociaux, ce parti a imposé un débat public sur la présence de 700 000 Subsahariens dans le pays. Une aberration quand on sait que cette population aurait triplé en Tunisie de 2010 à 2021, passant de 7 000 à 21 000 individus selon l’Institut national de la statistique (le département des affaires économiques et sociales des Nations unies avance, lui, le chiffre de 57 000 personnes en 2019). Et des considérations de ce type ne se cantonnent pas aux discussions de café. M. Mabrouk Korchid, ministre des domaines de l’État de septembre 2017 à novembre 2018, lançait, le 2 janvier dernier, sur l’antenne d’une radio tunisienne : « On amène les Africains en Tunisie pour qu’ils se marient et changent la morphologie du peuple tunisien. » Dans un registre plus expert, l’universitaire tunisien Taoufik Bourgou, enseignant en science politique à l’université Lyon-III, estimait dans une tribune publiée le 15 février que « les arrivées massives incontrôlées prennent l’allure d’une submersion qui va en cinq ans, au maximum, inverser l’équilibre démographique de la Tunisie (…) eu égard aux chiffres d’arrivées et d’implantations, entre 1,2 million à 1,7 million en cinq ans (2)  ».

À l’appui de sa thèse, le Parti national tunisien renvoie à d’anciennes vidéos où des figures controversées de la mouvance dite afrocentrique affirment la nécessité d’extirper au Maghreb son arabité : « L’Afrique n’a toujours été que noire. [Les Maghrébins] n’ont qu’à retourner chez eux en Arabie saoudite. » Ou encore : « La Tunisie est noire, le Maroc est noir, la Libye est noire. Nous appelons notre peuple à la reconquête territoriale. » Ces discours, en réalité très marginaux, inspirés par une lecture discutable des écrits du grand penseur Cheikh Anta Diop, constituent le plus souvent une forme de réaction au racisme subi dans les pays du Maghreb (3). Les relations entre Arabes et Noirs y demeurent marquées par la mémoire de l’esclavage (quand bien même certaines populations berbères du Sud avaient aussi la peau noire (4) ). La perception des corps noirs comme une force brute à domestiquer, et donc à rabaisser, s’exprime encore dans les insultes couramment proférées : kahlouch (terme que l’on pourrait traduire par « noiraud », mais dont la portée péjorative est souvent comparable à celle du mot « négro » (5) ), oussif (« esclave »)… Sans compter les crachats et les jets de pierre. Les agressions, les viols, les meurtres restent trop souvent non élucidés quand il s’agit de Noirs. « La police m’a demandé comment j’osais venir porter plainte contre des Tunisiens dans leur propre pays et m’a renvoyée », nous a confié la victime d’un viol collectif début février. Une loi pénalisant le racisme a pourtant été votée en octobre 2018, mais il faudra davantage qu’un texte pour changer les mentalités.

C’est dans cette atmosphère que le chef de l’État a repris à son compte les éléments du Parti national tunisien (qui les lui avait transmis dans un rapport quelques semaines plus tôt). En s’en emparant, le président de la République donnait du crédit au fantasme afrocentrique ; surtout, il officialisait une relecture complotiste d’une mutation bien réelle de la réalité migratoire en Tunisie.

De pays d’émigration, cette dernière est devenue depuis les années 1990 un pays de transit pour les migrants subsahariens, en raison de sa proximité avec l’île italienne de Lampedusa, puis un pays d’immigration. Après la relocalisation à Tunis de la Banque africaine de développement (BAD) en 2003, consécutive à la crise politique en Côte d’Ivoire, « qui a constitué le point de départ d’une immigration africaine, principalement ivoirienne, par le biais de réseaux (6)  ». Puis à la suite du choix de la Tunisie du temps de l’ancien président Zine El-Abidine Ben Ali d’attirer dans les établissements privés en plein essor les étudiants issus des classes moyennes émergentes africaines. Plus récemment, la cruauté des conditions de détention sous le joug des milices libyennes (7) et les expulsions en plein désert pratiquées par l’Algérie ont détourné vers la Tunisie les routes de la migration clandestine en provenance d’Afrique de l’Ouest et du Sahel. Les migrants interceptés en mer sont désormais débarqués en Tunisie, même quand ils sont partis de Libye. En quelques années, certains quartiers de Tunis et de Sfax, ville industrieuse et favorablement située pour gagner Lampedusa, ont ainsi vu leur composition changer.

La grande majorité des Subsahariens se trouve dans une situation administrative irrégulière. Même les personnes éligibles à un titre de séjour ont toutes les peines à l’obtenir en raison des lenteurs bureaucratiques. Tous sont redevables de 20 dinars (environ 6 euros) de pénalités par semaine de retard à quitter le territoire. La dette ainsi accumulée, jusqu’à plusieurs milliers de dinars, fait pour eux de la Tunisie une prison à ciel ouvert. Ces migrants précarisés, contraints de gagner sur place de quoi financer soit leur retour, soit la poursuite de leur voyage vers l’Europe, sont devenus de plus en visibles dans les métiers de la construction, de la restauration, la domesticité, acceptant des salaires en moyenne 30 % inférieurs aux Tunisiens. Leurs conditions d’existence favorisent aussi l’exercice d’activités illégales (prostitution, trafic de drogue…) et, par voie de conséquence, la xénophobie.

La traversée de la Méditerranée demeure l’objectif principal de ces migrants. En 2022, ils représentaient la moitié des 38 000 personnes interceptées au large des côtes tunisiennes. Cette industrie de la harga est aux mains de réseaux bien rodés, implantés notamment à Sfax. Ils en contrôlent toutes les étapes — construction des bateaux, achat des moteurs, location des maisons, informations obtenues des forces de l’ordre pour éviter les interceptions — et réalisent un chiffre d’affaires qui se monterait aux alentours de 1 million d’euros par mois.

Climat de peur

Pour sa part, l’Europe a entrepris depuis la fin des années 1990 de confier la gestion de sa frontière sud aux pays du Maghreb. Plus présentable que la Libye, plus coopérative que l’Algérie, la Tunisie en transition démocratique depuis 2011, et signataire d’accords de partenariat avec l’Union européenne, représente une interlocutrice idéale. La coopération avec la politique migratoire européenne est devenue une condition de plus en explicite à l’obtention de l’aide économique. Tandis que le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) gèrent respectivement le tri des réfugiés et les retours « volontaires », les États membres et l’Italie en particulier allouent toujours plus de moyens à Tunis pour densifier un dispositif de contrôle maritime de mieux en mieux coordonné entre Européens et Tunisiens.

« Mais, pour les Italiens, ces dispositifs ne suffisent plus », estime M. Romdhane Ben Amor, du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES). Afin d’« assécher » le réservoir de candidats à l’exil, « Rome encourage les autorités tunisiennes à faire pression sur les migrants subsahariens, poursuit-il. Le plus simple est de créer un climat de peur pour inciter ceux qui sont là à partir et dissuader les autres de venir ». Le 18 janvier dernier, soit un mois avant le début de la campagne policière de contrôle des sans-papiers, M. Antonio Tajani, le ministre des affaires étrangères italien, et M. Matteo Piantedosi, son collègue de l’intérieur, étaient à Tunis pour évoquer la lutte contre la migration clandestine. La déclaration de la présidence du 21 février répondait ainsi autant aux attentes d’une opinion chauffée à blanc qu’à celles de l’Italie (et plus généralement de l’Union européenne).

Le gouvernement de Mme Giorgia Meloni s’est engagé à plaider la cause de la Tunisie, au seuil du défaut de paiement, devant les bailleurs de fonds. Une cause difficile : alors que le Fonds monétaire international (FMI) conditionne l’octroi d’un prêt de 1,9 milliard de dollars sur quatre ans à la mise en œuvre de mesures d’austérité, le président de la République a dénoncé le 6 avril dernier « les injonctions de l’étranger qui ne mènent qu’à davantage d’appauvrissement ».

De son côté, la diplomatie tunisienne s’emploie à gommer les effets de cette communication présidentielle abrupte auprès des États africains. Des dispositions ont été annoncées le 5 mars pour faciliter la régularisation des Subsahariens qui peuvent prétendre à un titre de séjour (en particulier les étudiants) et alléger l’obligation des pénalités de retard. Mais l’objectif demeure bien de repousser les candidats à la migration loin de la Tunisie.

Les rodomontades en tous genres de M. Saïed retardent la capacité des Tunisiens à traiter la question de la migration en sortant du dilemme approche sécuritaire (la migration, c’est dangereux) ou injonction morale (le racisme, c’est mal), pour formuler leur propre politique, concertée à l’échelle continentale et adaptée à la nouvelle réalité migratoire africaine, dans laquelle la Tunisie se trouve de fait insérée.

 

 

 

Thierry Brésillon

Journaliste.
 

https://www.monde-diplomatique.fr/2023/05/BRESILLON/65766

 
 
.
 
 
 
 

Rédigé le 18/09/2023 à 16:05 dans Immigration, Tunisie | Lien permanent | Commentaires (0)

Le douloureux destin de soldats tunisiens d’Indochine et de leurs épouses vietnamiennes


image from preview.redd.it
Aussitôt la Seconde Guerre mondiale terminée, la France fait de nouveau appel au 4e Régiment de tirailleurs tunisiens (4e RTT) pour rétablir sa souveraineté en Indochine. Le 4e RTT est donc reconstitué dès le 1er février 1949 et l’expédition des 2e et 3e bataillon au Cambodge puis au Sud-Vietnam dure jusqu’en 1955 (AFP)

 

Parce que Napoléon III a décidé, en 1858, de coloniser méthodiquement la péninsule Indochinoise, Mustapha Rezgui et Lê Thi Tam filent depuis plus de 50 ans le parfait amour dans leur modeste maison en bordure de forêt au sud de Tunis.

 

Lê Thi Ninh, elle, a appris à ne plus avoir peur des « méchants musulmans », tandis que Vu Thi Xe s’est plongée dans le dialecte tunisien et le Coran avec délectation.

De 1947 à 1954, 122 920 soldats venus du Maghreb, sous domination de la France, soit un quart des combattants mobilisés par la puissance coloniale, ont combattu en Indochine.

Les Marocains représentaient l’écrasante majorité. Le 4e Régiment de tirailleurs tunisiens (4e RTT) a envoyé deux bataillons dans la région de Phan Thiêt (au Sud Vietnam). Un certain nombre se sont mariés sur place et ont eu des enfants.

Parmi eux, Mustapha Rezgui, Salah Debiche, époux de Lê Thi Ninh, et Ali Darragi, marié à Vu Thi Xe.

 

image from www.middleeasteye.net

Des vétérans tunisiens ayant combattu avec l’armée française pendant la Seconde Guerre mondiale assistent à une cérémonie organisée par l’ambassade de France à Tunis pour marquer le 71e anniversaire du conflit, le 8 mai 2016 au cimetière militaire français de Gammarth, à Tunis (AFP/Fethi Belaïd)

Ces trois hommes étaient issus de familles paysannes pauvres, comme 79 % des soldats tunisiens. Aujourd’hui, les familles Rezgui et Debiche évoquent un enrôlement de force par l’armée française. Ali Darragi serait, lui, parti sur un coup de tête, après une déception amoureuse.

Pour l’historien Michel Bodin, auteur du livre Les Africains dans la guerre d’Indochine 1947-1954, l’armée française n’a pas eu besoin d’avoir recours à la force car « il y avait une immense possibilité de recrutement chez les hommes qui voulaient retrouver l’armée [après avoir combattu durant la Seconde Guerre mondiale], la gloire militaire, l’aventure et de l’argent régulier [6 500 francs de l’époque, soit l’équivalent en pouvoir d’achat de 400 euros], tout en fuyant la misère ou les obligations villageoises et familiales ».

Le spécialiste de la guerre indochinoise souligne aussi l’« avantage » politique de ce recours aux hommes des pays colonisés, celui « de ne pas donner à l’opinion l’idée qu’une guerre reprenait, coûteuse en hommes, en argent et en énergie alors qu’on amorçait juste la reconstruction », explique-t-il à MEE. « Autrement dit, on pourrait mener des opérations sans faire trop de vagues politiques dans une France dans laquelle s’élevaient déjà des voix hostiles à l’emploi de la force en Indochine. »

Abandonnés par l’armée française ?

Seul combattant encore en vie parmi les trois familles rencontrées, Mustapha Rezgui, alité et très malade, affirme avoir été abandonné par l’armée française à la fin de la guerre.

« Il a été blessé au dos et à la tête, en 53 ou en 54 », précise Néjib Rezgui, l’un de ses fils, à MEE. « Il a été soigné à Hanoï. C’est là qu’il a rencontré Lê Thi Tam, sa future femme, qui lui servait d’infirmière. »

Chez les Debiche, l’histoire familiale veut que le patriarche ait rencontré sa femme, Lê thi Ninh, dans un camp de prisonniers où elle officiait comme cuisinière. « C’était un camp isolé en montagne au nord du Vietnam », se remémore Henya Yenh Debiche, une des neuf enfants de la famille. « Il y avait d’autres prisonniers maghrébins. On leur a fait construire leur propre maison. Ils s’occupaient de moutons et de traire le lait. »

 

Nadia Hathroubi-Safsaf : « Il faut que l’histoire des tirailleurs sénégalais soit connue du plus grand nombre 

« L’armée française n’abandonne pas ses soldats ! », affirme Karim Cadi, chef du service des Anciens combattants et victimes de guerre au consulat de France à Tunis. 

Pour expliquer que ces deux soldats – le nombre total de ces « oubliés » est très difficile à chiffrer – n’aient pas été rapatriés par bateaux comme leur frère d’armes Ali Darragi et les autres, l’ancien militaire évoque les hypothèses de désertion pour rallier le camp Viêt Minh (front d’obédience communiste pour l’indépendance du Vietnam) ou de déclaration de mort erronée.

Contacté par MEE, le ministère français de la Défense n’a pas répondu aux demandes de consultation de l’état de service de ces combattants tunisiens.

Les enfants Debiche évoquent le récit d’un jour où, prisonnier, leur père a vu débarquer un Marocain à cheval exigeant de libérer tous les Arabes.

De nombreux Marocains, communistes convaincus, sont restés épauler Hô Chí Minh, ex-président du Vietnam (1945-1969), dans sa lutte contre la France, puis contre les États-Unis.

Quand sa fille, Fadila, insistait pour savoir « comment c’était là-bas », Ali Darragi répondait d’un « quand tu rentrais dans une ruelle, tu avais peur d’en ressortir sans tête », qui mettait fin à la discussion

Les combattants Viêt Minh lâchaient de nombreux tracts appelant les Nord-Africains à arrêter de combattre « [leurs] frères » vietnamiens.

Alors que les bataillons du 4e RTT étaient stationnés théoriquement au Vietnam du Sud, Mustapha Rezgui et Salah Debiche se sont pourtant retrouvés au nord, l’un pour y être soigné, l’autre pour s’y marier.

Les enfants des soldats tunisiens interrogés ne se souviennent pas d’un père particulièrement militant. Les trois anciens combattants préféraient taire ce qu’ils avaient vu et fait en Indochine.

Quand sa fille, Fadila, insistait pour savoir « comment c’était là-bas », Ali Darragi répondait d’un « quand tu rentrais dans une ruelle, tu avais peur d’en ressortir sans tête », qui mettait fin à la discussion.

Toujours vivante, nous accueillant en habit de satin dans son logement de la cité Ezzouhour 5, en banlieue ouest de Tunis, Lê thi Ninh se souvient plus volontiers des repas à base de mouton « qui pouvaient ressembler à ceux de l’Aïd » que de politique. La France a amnistié en 1966 tous les déserteurs et les partisans des Viêt Minh.

Retours difficiles en Tunisie

Ce n’est qu’au mitan des années 1960 que Mustapha Rezgui et Salah Debiche sont revenus en Tunisie grâce à un accord entre Habib Bourguiba et Hô Chí Minh.

Ils avaient quitté une Tunisie sous protectorat pour débarquer dans un pays indépendant.

Au Maroc, Hassan II, de crainte que ces soldats, qui s’étaient frottés aux Viêt Minh, ne fassent de la propagande communiste dans son royaume, leur a offert un terrain agricole pour les éloigner de la ville et les occuper.

Habib Bourguiba, après quelques aides à leur arrivée, les a abandonnés à leur sort. Le début d’une nouvelle épreuve.

 

image from www.middleeasteye.net

Mustapha Rezgui et Salah Debiche sont revenus en Tunisie grâce à un accord entre Habib Bourguiba et Hô Chí Minh, en photo (AFP

Salah Debiche est retourné en 1965 dans sa famille à Kairouan (nord-ouest) avec quatre enfants et sa femme, Lê Thi Ninh, 25 ans. Il pensait récupérer une partie de la terre de son père.

Mais ses frères l’ont accueilli froidement. Ils ont refusé de lui céder un lopin de terre, car les autorités françaises de tutelle leur avaient annoncé la mort de Salah. Le partage des terres était déjà acté. Le quadragénaire s’est alors trouvé une position de policier municipal à Tunis.

Sa femme, pétrie de stéréotypes caricaturaux sur les « méchants musulmans », est restée enfermée chez elle pendant les premières années.

« Un jour, mon père s’est mis en colère, car le repas n’était pas chaud. Il n’y avait plus de briquet pour allumer le feu et ma mère avait trop peur de sortir pour en acheter », raconte à MEE Henya Yenh, leur fille.

Les premières années, l’ambassade de la République du Vietnam a aidé les Debiche en leur apportant farine, lait et autres denrées de première nécessité pour survivre. Elle a dépêché des médecins quand Lê Thi Ninh s’est retrouvée alitée un an et demi après une très lourde chute.

Parachutée à Gafsa, au sud du pays, Fadila Darragi, née à Saigon, se souvient de journées à pleurer parce qu’on la traitait de « Chinoise » à l’école. « Je ne comprenais pas et quand je demandais à mon père, il me répondait seulement : ‘’Ce n’est rien’’. »

Salah Darragi s’était marié le 14 novembre 1955 à Saigon avec Vu Thi Xi, Sud-Vietnamienne d’alors à peine 19 ans.

Ce jour-là, deux amis soldats français de la métropole ont également épousé des Vietnamiennes, comme en attestent des photos conservées par Fadila Darragi.

« Mon père reçoit 630 euros de retraite par an versés en deux fois, alors qu’il a combattu pour la France à l’autre bout du monde ! »

- Néjib, fils de Lê Thi Tam et Mustapha Rezgui

Malgré le cessez-le-feu en 1954, les troupes françaises sont restées stationnées en Indochine jusqu’en avril 1956.

Originaire de la région rurale de Siliana, au nord-ouest de la Tunisie, Mustapha Rezgui a tenté sa chance dans la capitale à son retour.

Mais il n’a trouvé qu’un poste de garde-forestier en périphérie sud de la capitale. Au moins, le logement était inclus. Aujourd’hui encore, la bâtisse spartiate appartient à la famille après que l’un de ses fils (il a eu douze enfants) a pris la succession.

On peut y voir et surtout y sentir les plants de verveine et les bananiers plantés par sa femme, Lê Thi Tam. Le fils Néjib se fait un devoir de cuisiner du phô (soupe traditionnelle vietnamienne) et du poulet au caramel tout en ressassant son amertume : « Ma mère a perdu tout contact avec sa famille au Vietnam. Elle n’a jamais pu y retourner. »

Ce retour impossible n’est pas dû à un reniement familial. Le père de Lê Thi Tam aurait accepté assez facilement Mustapha Rezgui comme gendre, séduit par « sa gentillesse et sa force protectrice », selon le récit familial qui perdure. La perte de lien s’explique par un matérialisme des plus prosaïques. Issue d’une lignée de paysans pauvres, la famille Lê Thi Tam n’avait pas le téléphone. Au début de l’exil en Tunisie, la jeune mariée pouvait passer par le courrier diplomatique de l’ambassade, mais cette dernière a fermé ses portes dans les années 70. Les liens se sont donc mécaniquement distendus.

Néjib, qui a dû abandonner l’école à 15 ans pour aider sa famille, se désole également du sort réservé par la France à son père. « Il reçoit 630 euros de retraite par an versés en deux fois, alors qu’il a combattu pour la France à l’autre bout du monde ! », déplore-t-il auprès de MEE.

Karim Cadi précise qu’il ne s’agit pas d’une retraite en tant que telle, car Mustapha Rezgui n’est pas resté assez longtemps dans l’armée, mais plutôt d’une « récompense militaire versée deux fois par an à tous les anciens combattants quelle que soit la durée de leur service ».

« Ma mère est devenue une musulmane pratiquante »

Un neveu de Néjib aurait préféré que cette « récompense » prenne la forme d’une nationalité française. Il n’aurait ainsi pas à vivre dans un pays au bord du gouffre. « Mon grand-père aurait pu aussi rester au Vietnam. Je serais alors Vietnamien. Le pays est beaucoup plus développé qu’ici », rêve aussi tout haut le jeune homme qui baragouine quelques mots de vietnamien.

Le rapport à la langue vietnamienne est un bon indice de l’intégration des épouses. Les enfants Debiche le parlent très bien : leur mère, longtemps cloîtrée, ne s’est mise à l’arabe qu’après de nombreuses années.

Lê Thi Ninh a, par exemple, dû s’y reprendre à trois fois au moins pour réciter correctement la chahada (profession de foi islamique) à la mairie pour officialiser son mariage et obtenir ses papiers en Tunisie.

Le seul travail qu’elle a pu faire, c’est couturière à domicile. C’est en voyant faire sa mère que Henya Yenh est aussi devenue couturière, avec succès, puisqu’elle a confectionné des robes pour la famille de l’ancien président Béji Caïd Essebsi.

« Ce n’est qu’en faisant mes études en France, à Toulouse, que j’ai véritablement compris la richesse d’avoir une double culture. J’ai pu y sensibiliser mes enfants. Ma fille est fière de dire qu’elle est vietnamienne »

- Fadila Darragi, fille de Lê Thi Ninh et Ali Darragi

Fadila Darragi, elle, ne parle pas le vietnamien. « Ma mère, une fois en Tunisie, a tiré un trait sur son passé. Elle a parlé arabe à la maison. Elle est devenue une musulmane pratiquante. Ce n’est qu’en faisant mes études en France, à Toulouse, que j’ai véritablement compris la richesse d’avoir une double culture. J’ai pu y sensibiliser mes enfants. Ma fille est fière de dire qu’elle est vietnamienne », témoigne-t-elle à MEE.

Divorcée d’Ali Darragi en 1980, Vu Thi Xi, décédée depuis, n’a pourtant jamais envisagé de revenir au Vietnam.

« Je n’ai jamais su pourquoi », s’interroge encore aujourd’hui sa fille. Fadila, outre les quolibets de ses camarades sur son apparence physique, garde un souvenir douloureux de son enfance, comme les célébrations chaque année de la fête du Têt (Nouvel An) à l’ambassade : « Il y avait toutes ces photos de cadavres de martyrs. Pour une petite fille, c’était violent. »

Poussée dans les études par sa mère, Fadila Darragi, géologue de formation, est aujourd’hui vice-présidente de l’Université de Tunis El Manar. Elle espère bien visiter Saigon quand sonnera l’heure de la retraite.

 

 

 

Par Mathieu Galtier à TUNIS, Tunisie
Published date: Samedi 2 septembre 2023 - 08:47 | Last update: 4 days 13 hours ago

https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/histoire-tunisie-france-guerre-vietnam-indochine-familles-mariages-colonisation

 

.

 

 

Rédigé le 06/09/2023 à 17:12 dans France, Tunisie, Vietnam | Lien permanent | Commentaires (0)

Malgré les persécutions, la Tunisie continue d’attirer les migrants

 

Après des expulsions forcées vers le désert et la répression des migrants en situation irrégulière, les départs de Sfax vers l’Europe continuent, ainsi que les arrivées dans le pays. À Zarzis, à proximité de la Libye, les associations sont débordées.

 

ZarzisZarzis (Tunisie).– Beaucoup tentent de dormir sous les auvents des boutiques fermées de Zarzis, dans le Sud tunisien, pour trouver un peu d’ombre. D’autres se sont regroupés en face, dans un chantier en bord de route. Le quotidien de ces migrants venus d’Afrique subsaharienne est fait d’attente, de prières et d’angoisse. La grande majorité sont soudanais, près d’une centaine vit dans cette maison inachevée, mise à disposition par un habitant, « l’oncle Ali » comme ils le surnomment.

Entre les briques rouges et les murs encore bruts de ciment, chacun tente de créer son coin. L’un fait la prière, un autre, fiévreux, reste étendu sur un matelas au sol en attendant des médicaments. À l’extérieur, certains répartissent l’eau et la nourriture ramenées par quelques habitant·es bénévoles. Les murs sont recouverts de linge qui sèche. Des fosses septiques artisanales ont été creusées dans le sol pour permettre un semblant d’hygiène, tandis que des marmites et des bouteilles de gaz installées entre les déchets de construction constituent la « cuisine ».

Nourredine Isaac Abdallah, 29 ans et originaire du Soudan, la casquette vissée sur la tête, est chargé d’une partie de l’intendance. « Nous avons une pièce où nous stockons les denrées que chacun nous donne et le soir, oncle Ali nous remet la clef pour que nous puissions répartir entre chacun. C’est lui qui garde la clef pour qu’il n’y ait pas de soucis entre nous », explique-t-il.

L’oncle Ali, qui ne veut pas donner son nom de famille de peur d’être dans le viseur des autorités, estime qu’il n’avait pas d’autre option que de les aider. « Ils sont arrivés par groupes. Au début, j’ai prévenu les autorités mais personne n’est venu les déloger et puis avec la chaleur, honnêtement, je n’avais pas le cœur à le faire. Donc nous avons arrêté les travaux dans le chantier et je les laisse vivre ici », admet-il, ajoutant que la situation peut difficilement durer.

« C’est très dangereux et précaire de vivre sur un chantier, je les aide comme je peux mais j’aimerais bien qu’on leur trouve une solution. Où est la dignité humaine dans ce genre de situation ? Où sont les droits humains dont on nous parle tout le temps ? », questionne l’homme qui donne une pièce de 5 dinars (1,49 euro) à Noureddine pour qu’il aille acheter du pain.

 

image from static.mediapart.fr

 

Près d'une centaine de migrants soudanais se sont installés dans un chantier de Zarzis. Beaucoup ont passé deux à trois jours dans le désert tuniso-libyen et n'ont qu'un sac à dos ou quelques vêtements en leur possession. © Photo Lilia Blaise pour Mediapart

Cette situation n’est pas isolée à Zarzis. Certain·es migrant·es dorment dans des champs d’oliviers, d’autres dans des centres, parfois vétustes, appartenant à des ONG. « Nous avons beaucoup de cas de Subsahariens qui viennent dans nos locaux, car ils ne peuvent pas rester dans certains centres où ils sont trop nombreux », explique Abdulay Saïd, un Tchadien résidant en Tunisie qui a obtenu la nationalité. Il s’occupe d’une coalition de sept associations humanitaires dans la région de Médenine, qui accueille depuis plusieurs années des migrant·es pour les intégrer dans le tissu socio-économique.

Au mois de juillet, après la mort d’un Tunisien lors d’une altercation avec des migrants dans la ville de Sfax, à l’est du pays, une vague de violences racistes et d’expulsions forcées de leur domicile a touché de nombreuses personnes subsahariennes.

Beaucoup se sont retrouvées livrées à elles-mêmes et à la rue. D’autres ont été emmenées de force par les autorités tunisiennes dans les zones frontalières avec la Libye et l’Algérie et abandonnées dans le désert. Ces expulsions ont coûté la vie à 25 personnes, selon les chiffres du ministère de l’intérieur libyen, même si 600 migrant·es ont été secouru·es par le Croissant-Rouge tunisien après le scandale des images montrant plusieurs centaines de migrant·es abandonné·es dans le désert.

Séquelles psychologiques

« Dans notre local, nous avons eu de fait de nombreux mineurs mais aussi des femmes rescapées du désert qui n’ont pas pu rester dans les centres où on les avait placés et qui sont venus nous demander de l’aide », explique Abdulay Saïd, qui raconte que beaucoup souffrent de « séquelles et traumatismes » nécessitant une prise en charge psychologique. « Certaines femmes sont restées vingt jours dans le désert avec leurs bébés ; en revenant, elles n’arrivaient plus à allaiter. Des adolescents se sont retrouvés à vivre déshydratés, à côté des cadavres de ceux qui n’avaient pas survécu », explique-t-il.

Aujourd’hui, les autres survivant·es sont réparti·es dans des centres supervisés par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui ne donne pas d’accès aux journalistes pour « la sécurité des migrants », selon ses mots. L’OIM ne répond que par mail. 234 personnes secourues dans le désert ont été réparties entre les villes de Tataouine, Médenine et Zarzis, en collaboration avec les autorités régionales et le Croissant-Rouge. Des aides alimentaires, une assistance psychologique et médicale sont également fournies. Mais cette situation est plus que temporaire, comme le souligne Abdullay, « vu que les centres sont surchargés ».

 

 
 

 

 

 

Sans compter que certains centres sont des foyers universitaires qui vont de nouveau être remplis d’étudiant·es à la rentrée scolaire. Certain·es migrant·es récupéré·es à la frontière algérienne seraient également gardé·es, selon les témoignages, dans des lycées de Kebili et de Tamerza, surveillés par la garde nationale. D’autres vivent sous les palmiers dans l’oasis de Nefta, aidés par les habitants comme ceux de Zarzis. L’OIM dit « travailler à trouver des solutions ». L’une d’elles serait le retour volontaire de certains migrants dans leur pays, une procédure à laquelle ils peuvent postuler via l’organisme mais qui prend du temps. Près de 200 seraient candidats, selon les chiffres du Croissant-Rouge tunisien.

L’impossible demande d’asile

Malgré cette politique antimigratoire répressive, que les autorités tunisiennes ne reconnaissent toujours pas puisqu’elles nient avoir expulsé des migrant·es dans le désert et parlent même de « campagne de désinformation », les arrivées continuent et les départs vers l’Europe augmentent. À Zarzis, la majorité des Soudanais sont arrivés entre les mois de juillet et d’août, en passant par la frontière libyenne. Ils n’ont pas vécu le calvaire de ceux expulsés dans le désert mais tous ont marché trois à quatre jours sous un soleil de plomb, « toujours avec l’espoir qu’en Tunisie, ce sera mieux que là d’où on vient. C’est en partie vrai puisque beaucoup de Tunisiens ont été très généreux avec nous », déclare Noureddine Isaac Abdallah.

 

image from static.mediapart.fr

Chaque jour, à Zarzis, des dizaines de migrants se regroupent devant l'antenne du Haut Commissariat pour les réfugiés. Ils attendent pour se faire enregistrer comme postulants à une demande d'asile ou à un statut de réfugié. © Photo Lilia Blaise pour Mediapart


Lors de son passage dans le désert en juillet, il a croisé certains de ceux qui avaient été expulsés au début du mois. « J’ai vu leur état, j’ai cru qu’ils n’arriveraient pas à finir le voyage avec nous. Certains avaient marché depuis cinq jours en venant du poste frontalier de Ras Jedir », l’un des postes frontaliers avec la Libye, ajoute Noureddine, qui a quitté son pays en 2021 pour venir en Libye, où il est resté pendant deux ans.

« Je m’étais fait enregistrer au Haut Commissariat des réfugiés (HCR) à Tripoli mais je n’ai jamais eu de retour et les conditions de vie en Libye sont devenues trop difficiles », explique-t-il. Il tente en vain depuis des jours de trouver une solution auprès de l’antenne de l’agence des Nations unies à Zarzis. « Nous avons dit plusieurs fois au HCR que nous n’avons pas où aller ni de quoi manger mais il n’y a pas de réponse. Pour moi, c’est à eux de nous trouver une solution. J’ai fui la guerre dans mon pays, donc je peux prétendre au statut de demandeur d’asile », explique Zakaria, 27 ans, qui accompagne Noureddine ce jour-là.

La Tunisie n’a pas de loi sur l’asile, et c’est le HCR qui gère les demandes et également le statut de réfugié. Mais les réinstallations dans des pays tiers se font au cas par cas et ne concernent que 1 % des demandes faites chaque année. Ces dernières années, le HCR assurait le logement de nombreux réfugiés et demandeurs d’asile en Tunisie mais, plus récemment, l’organisme a été dépassé par la demande.

À la date du 1er août, 10 500 réfugié·es et demandeurs et demandeuses d’asile sont enregistré·es auprès du HCR. Comme l’OIM, la communication du HCR n’accepte de répondre que par mail et confirme l’augmentation des arrivées de Soudanais dans le pays cet été. Sur les 860 personnes arrivées enregistrées en juillet, 67 % sont soudanaises, 17 % du Soudan du Sud et 5 % de Somalie.

Les limites d’une politique antimigratoire

Dans le chantier de Zarzis, beaucoup ne savent pas de quoi demain sera fait. Leur seul horizon est de récolter un peu d’argent pour tenter de prendre la mer par la ville de Sfax, à l’est du pays, devenue la plaque tournante des départs vers l’Italie. Malgré les 34 000 interceptions en mer depuis le début de l’année par la garde nationale tunisienne, le rythme des départs est loin de ralentir. Le week-end du 26-27 août, l’île de Lampedusa a lancé un appel à l’aide face à l’afflux de 1 800 migrants arrivés sur 63 embarcations en l’espace de 24 heures, la majorité de Tunisie.

Du côté de la frontière avec la Libye, malgré un accord signé le 10 août pour répartir les migrantes et migrants coincés à Ras Jedir et que les deux pays ont refusé de prendre en charge pendant près d’un mois entre juillet et août, les arrivées continuent aussi. Plus d’une centaine de migrants ont été interpellés à la frontière, samedi 26 août, selon les associations sur place, et sont hébergés dans la ville de Tataouine.

 

 

 

Lilia Blaise

1 septembre 2023 à 12h21

https://www.mediapart.fr/journal/international/010923/malgre-les-persecutions-la-tunisie-continue-d-attirer-les-migrants

 

.

 

 

Rédigé le 02/09/2023 à 07:53 dans Immigration, Tunisie | Lien permanent | Commentaires (0)

ZARZIS en Tunisie

 

Pour le plaisir des yeux

 

https://www.facebook.com/reel/620588706749734

 

.

Rédigé le 26/08/2023 à 19:59 dans Tunisie | Lien permanent | Commentaires (0)

LE PAIN TUNISIEN

 

 

 

.

 

 

 

Rédigé le 22/08/2023 à 14:23 dans Lejournal Depersonne, Tunisie | Lien permanent | Commentaires (0)

Un autre naufrage au large des côtes tunisiennes

12 août 2023 à 12h05

 

Le drame « s’est produit à 2 h (1:00 GMT) à 120 mètres de la plage » de Gabès dans le sud-est de la Tunisie, « où se trouvaient 20 Tunisiens », a indiqué la garde nationale dans un communiqué, en soulignant que 13 ont pu être sauvés.

Les opérations de recherche sont toujours en cours dans le vaste golfe de Gabès, caractérisé par de forts courants marins, pour trouver d’autres survivants, selon la même source. « Deux corps ont été repêchés, celui d’un jeune de 20 ans et l’autre d’un bébé » d’âge non déterminé, a précisé la garde nationale. « Une enquête a été ouverte par le tribunal » de Gabès pour « déterminer les circonstances du drame », selon le communiqué.

Plus de 1 800 personnes, selon l’Organisation internationale des migrations (OIM), ont péri depuis janvier dans des naufrages en Méditerranée centrale (entre l’Afrique du nord et l’Italie), la route migratoire la plus meurtrière au monde. Plus du double de l’an passé.

Le dernier naufrage connu au large des côtes tunisiennes a fait 11 morts et 44 disparus, près du port de Sfax (centre-est), avaient annoncé des sources judiciaires le 7 août. Seuls deux des migrants, tous originaires d’Afrique subsaharienne, avaient pu être secourus.

Douze corps avaient été retrouvés pendant le week-end dernier sur une plage au nord de cette ville, la deuxième de Tunisie (située à environ 140 km au nord de Gabès), sans que la justice puisse immédiatement dire s’ils étaient liés au naufrage de Sfax.

Sfax est cette année l’épicentre des tentatives de traversées de la Méditerranée au départ des côtes tunisiennes, distantes, à leur point le plus proche, d’environ 130 kilomètres de l’île italienne de Lampedusa.

Les départs de migrants africains ont connu une accélération après un discours, le 21 février, du président tunisien Kaïs Saïed dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants » clandestins venus, selon lui, « changer la composition démographique » de son pays.

Et en juillet, beaucoup d’autres ont décidé de tenter la traversée après que des centaines d’Africains ont été chassés de Sfax, suite à la mort d’un Tunisien le 3 juillet dans une rixe entre migrants et habitants.

Plus de 2 000 autres Africains ont été au même moment « expulsés » par les forces de sécurité tunisiennes vers des zones désertiques et inhabitées aux frontières avec la Libye, à l’est, et l’Algérie, à l’ouest, selon des sources humanitaires à l’AFP. Un total de 27 personnes sont mortes dans le désert tuniso-libyen, et 73 autres sont portées disparues, selon ces sources humanitaires.

Plus de 95 000 migrants sont arrivés depuis le début de l’année sur les côtes italiennes, selon Rome, plus du double par rapport à la même période de 2022, en provenance de Tunisie et de Libye.

Au 20 juin, la garde nationale tunisienne a dit avoir intercepté sur six mois 34 290 migrants, en majorité d’Afrique subsaharienne, contre 9 217 sur la même période de 2022.

Depuis début août, « en seulement 10 jours », les unités de la garde nationale basées à Sfax ont intercepté « à peu près 3 000 migrants dont 90 % sont des Subsahariens et 10 % des Tunisiens », a indiqué jeudi le commandant Mouhamed Borhen Chamtouri, à une équipe de l’AFP embarquée pendant 24 heures sur une vedette de la garde nationale.

Des milliers de Tunisiens prennent aussi la mer chaque année à la recherche d’une vie meilleure en Europe. Ils représentent depuis le début de l’année la quatrième nationalité parmi les arrivants en Italie, derrière les Ivoiriens, les Guinéens et les Égyptiens.

Agence France-Presse et La rédaction de Mediapart

Mediapart n’a pas participé à la rédaction de cette dépêche, qui fait partie du flux automatisé de l’Agence France-Presse (AFP).

L’AFP est une agence de presse mondiale d’origine française fournissant des informations rapides, vérifiées et complètes sur les événements qui font l’actualité nationale et internationale, utilisables directement par tous types de médias.
 
 
 
12 août 2023 à 12h05
 
https://www.mediapart.fr/journal/international/120823/migrants-deux-nouveaux-naufrages-meurtriers-dans-la-manche-et-la-mediterranee
 
.
 
 

Rédigé le 12/08/2023 à 10:00 dans Immigration, Tunisie | Lien permanent | Commentaires (0)

Au moins 25 migrants morts découverts dans le désert tunisien

 

 10 août 2023

 

image from i0.wp.com

Migrants retrouvés dans le désert entre la Tunisie et la Libye par les garde-frontières libyens.

 

Dans le désert tunisien, une situation humanitaire reste préoccupante, mettant en lumière le traitement de centaines d’exilés originaires d’Afrique subsaharienne. Les autorités tunisiennes ont été critiquées pour avoir laissé ces migrants à la frontière libyenne, une zone aride et inhospitalière. Les réseaux sociaux ont été inondés d’images de ces individus épuisés, certains ayant été secourus par les gardes-frontières.

 

Les températures, dépassant souvent les 40 degrés Celsius, ont transformé ce paysage en un défi insurmontable pour les exilés qui ont été abandonnés ici. Les images troublantes montrent des hommes, des femmes et même des enfants cherchant désespérément refuge et assistance dans ce désert, point d’orgue d’une campagne d’arrestation et d’expulsion menée par la Tunisie.

Depuis la ville de Sfax, un point de départ populaire pour ceux tentant de se rendre en Europe, les migrants ont été conduits par les autorités à la frontière avec la Libye et abandonnés dans une région isolée, sans eau ni nourriture. Les gardes-frontières ont témoigné de ces scènes tragiques, montrant des migrants épuisés, désorientés et en quête de secours.

Des images insoutenables

Les images de ces migrants en difficulté ont suscité une réaction internationale. Le chef de l’ONU, Antonio Guterres, a vivement critiqué les « expulsions » de migrants d’Afrique subsaharienne et a appelé à une approche plus humaine. « Nous sommes profondément préoccupés par l’expulsion de migrants, réfugiés et demandeurs d’asile de Tunisie vers les frontières avec la Libye, et aussi avec l’Algérie”, s’insurge le porte-parole adjoint du secrétaire général des Nations unies.

D’après l’ONG Human Rights Watch, au moins « 1.200 ressortissants subsahariens » ont alors été « expulsés » par les forces de sécurité tunisiennes aux frontières avec la Libye à l’est, et l’Algérie à l’ouest. Le Croissant rouge tunisien en a par la suite mis à l’abri plus de 600 à Ras Jedir, zone tampon séparant Tunisie et Libye, et environ 200 du côté algérien.

Soutien d’une partie de la population

Cependant, les autorités tunisiennes semblent déterminées, mettant en avant des préoccupations liées à la sécurité et à la stabilité. Au début de l’année, le président Kaïs Saïed affirmait que l’immigration relevait d’un « plan criminel pour changer la composition du paysage démographique » du pays. Des propos applaudis par une partie de la population.

En juillet, la mort d’un Tunisien lors d’affrontements entre migrants et habitants à Sfax, la deuxième ville de Tunisie, a provoqué une vague de violence qui a fait au moins 30 blessés, dont des femmes et des enfants. Selon un médecin : « Certains ont été jetés de terrasses, d’autres agressés avec des sabres. »

Face à la crise, les rappeurs BigFlo & Oli ont décidé de « reporter » un concert à Carthage pour protester contre la situation des migrants coincés entre la Tunisie et la Libye. Quelques jours plus tôt, Gims avait annoncé l’annulation d’un concert prévu à Djerba, afin de protester contre « la détresse insoutenable » dans laquelle se trouvent les migrants.

 

 

 10 août 2023

https://www.lecourrierdelatlas.com/au-moins-25-migrants-morts-decouverts-dans-le-desert-tunisien/

 

 

.

 

 

.

 

 

 

 

 

 

 

Rédigé le 10/08/2023 à 15:23 dans Immigration, Tunisie | Lien permanent | Commentaires (0)

Tunisie : Fati et Marie, victimes de la politique raciste de Kaïs Saïed

 

 

La décision du président Kaïs Saïed d’expulser massivement des migrants subsahariens coûte la vie à des dizaines d’entre eux, dont cette mère et sa fille, retrouvées mortes dans le désert.
L’image a fait le tour du monde : Fati Dosso, 30 ans, et Marie, 6 ans, une mère et sa fille retrouvées mortes dans le désert à la frontière entre la Tunisie et la Libye. Elle incarne le sort fait aux migrants subsahariens sous le feu d’une campagne raciste orchestrée dans les coulisses même de la présidence. Les situations décrites par de nombreux témoins sont épouvantables.
Traqués, humiliés, tabassés, dépouillés, incarcérés arbitrairement, des centaines de migrants vivent le quotidien de la terreur, particulièrement dans la ville portuaire de Sfax, à environ 270 kilomètres de Tunis. Ils sont conduits à la frontière ­tuniso-libyenne puis abandonnés dans le désert. Ceux qui y parviennent tentent désespérément de survivre dans des camps de fortune avec l’aide modeste du Croissant-Rouge libyen, quand elle est disponible.


La suite sur https://assawra.blogspot.com/2023/08/tunisie-fati-et-marie-victimes-de-la.html

 

Roland RICHA

Abonné·e de Mediapart

3 AOÛT 2023

https://blogs.mediapart.fr/roland-richa/blog/030823/tunisie-fati-et-marie-victimes-de-la-politique-raciste-de-kais-saie

 

 

POURQUOI L’ ALGÉRIE ?



.

 

 

 

 

Rédigé le 04/08/2023 à 20:47 dans Tunisie | Lien permanent | Commentaires (0)

»