Un nouveau projet de mini-cinéma en 3D, baptisé « Raconte-moi la Casbah … 3D », a vu le jour récemment à Alger. Le deuxième étage de la station de métro de la Place des Martyrs, ce lieu propose des projections vidéo numériques en trois dimensions (3D) dédiées à la Casbah d’Alger. Cette initiative a suscité un grand intérêt parmi les passionnés de cet ancien quartier historique, riche en patrimoine culturel et architectural.
Ce projet novateur a été rendu possible grâce à la collaboration entre l’Office national de Gestion et d’Exploitation des Biens culturels protégés (OGEBC), l’Entreprise du Métro d’Alger et un organisme privé dédié à sa réalisation. Ensemble, ils ont concrétisé cette vision qui vise à mettre en valeur la Casbah et à faire revivre son patrimoine matériel et immatériel, ainsi que ses us et coutumes.
Le 25 juillet dernier, les portes du mini-cinéma « Raconte-moi la Casbah … 3D » se sont ouvertes pour des projections immersives grâce à la réalité augmentée. Les amateurs de nouvelles technologies peuvent ainsi effectuer un voyage virtuel au cœur de la Casbah antique en trois dimensions. Cette expérience met en lumière son patrimoine urbain, culturel, social et historique, tout en préservant son authenticité.
Dans ma larme s’étend l’injuste addition que m’impose l’éloignement et que je règle de mes pleurs d’apatride à l’émotivité déchue. Ma larme renferme la broche kabyle de ma mère, le henné qui fleurait sa main et une pierre de ma maison criblée des traces de mes rires et de mes chroniques d’enfant cédées à la confiance close de mon pacte avec de tristes avantages. J’ai dans ma larme quelques gouttes de la pluie qui tombe sur Alger et un peu des soupirs des justes râlants sur la hampe de son drapeau brûlé. J’ouvre ma larme comme on ouvre sa valise et Alger s’ouvre devant moi à son tour tel un éventail d’expressions exquises. Beaucoup de sensations pour des yeux surets et discrets qui surgissent du passé, pellucides et muets devant la sensualité sacrée.
Alger flotte sur la mer comme un flocon de neige éternel. Qui l’imagine aux temps arabe, turc et français, la verrait à chaque fois émerger blanche et innocente des orgies des conquérants qui ont tenté de l’auréoler de couleurs sales. La blanche, car au matin céleste, elle s’ouvre discrètement dans une nudité laiteuse qui apaise les crochets de la douleur et de la faim comme l’exige le burnous blanc de nos ancêtres. Infiniment blanche parce qu’on lui succombe facilement tels des soupirants forbans dont les yeux s’ouvrent à faire ventre des contours d’une vierge aimante mais tenace à demeurer chaste indéfiniment.
Alger des crépuscules écarlates aspergés de délires célestes. Alger de ma mer bleue d’où émanent les vagues en houles halées par le vent jusqu’aux premières lueurs des aubes qui augurent quelques fois le tragique quand le crime se prépare au tournemain de la nuit aux yeux dardant. Alger, jouvencelle timide née de l’humilité des berbères Beni-Mezghena, finement ciselée de vers si précis, si simples et si limpides qu’ils éclairent les abysses terrestres et les profondeurs du ciel. Lorsque l’on arrive vers elle, par la mer ou par les routes, elle dévoile ses panneaux et fait pivoter les regards encaissant les frets poignants des départs. Elle descend de la basilique de Notre-Dame d’Afrique qui crâne sur le mont qui fait son dessus jusqu’au port où fourmillent les pas hagards des exilés aux illusions fichues.
Bonjour Miramar, bonjour Franco et Bains-romains. Bonjour Beau Fraisier, Bouzeréah, Climat de France, El Biar et les Tagarins. Bonjour boulevards des vitrines, des rencontres et du prêt-à-porter. Bonjour front de mer des randonnées nocturnes. Bonjour Hydra des dobermans et des golden boys en herbes ; bonjour le Golf, quartiers des gouvernants et des clans qui hébergent les sympathies suspectes des sacripants qui s’épuisent en activités douteuses.
Bonjour Bab Ejdid, Soustara et Bab El Oued, hauts lieux des révoltés d’octobre. Je vous salue quartiers des enfants terribles, des salaires indécents et des défis où la noblesse est toujours mise à contribution. Bonjour foyers où flottent les odeurs de chez nous, les arômes de l’encens, du cumin, du poivre rouge, des merguez cuites dans de petits braseros des rues pavées. Salut à toi Casbah, aquarelle à la fois libre et complète, redoublant d’éclat sous la clameur du zénith. Citadelle indomptable du kabyle Sidi Mohamed Cherif, saint aux deux tombeaux et des artistes aux ascendants combatifs. Tes requêtes et ta précellence se livrent à l'œil de l'amoureux éprouvé comme une graine d’anis qui parfume le pain. Tu secoues de souvenirs d'émeraudes la mémoire du kabyle que je suis dont l'aïeul à probablement péri sous le fouet turc en pétrifiant le ciment ottoman. Ce n’est pas au jour levé qu’Alger fait connaissance avec le soleil, il cabote ses côtes depuis que la pierre est pierre, depuis que le jasmin est jasmin. Il ne la quitte jamais. Il la couvre de vie, d’espoir et de certitudes. Il irrigue ses toits, ses versants et ses faubourgs. Ses rayons arrosent ses jardins, ses criques et collines.
Alger et le soleil, deux éléments d’un couple qui brûlent l’un pour l’autre et leur flamme incendie la charge des solitudes à la manière des vieux amants qui partagent leur idylle avec les rhapsodes qui aiment à se tenir en faction au premier rayon du soleil quand il apparaît entre les cimes des monts. Je voudrai tellement écorcher mes inquiétudes et dépouiller le silence de ce qu’il a de cruel. Je regarde venir à moi les mots ambrés de mes étreintes et je les vois séducteurs telles des ombres frémissantes d’une surprenante affection. Heureux l’errant que l’on croit fou parce qu’il n’est allé nulle part, il répercute ses blessures dans les alvéoles de la ville blanche sans craindre le murmure violent de l’oubli.
Quoique l’histoire l’ait faite, Alger la belle la rebelle reprend à chaque fois son bruit d’amour élevé de ses crêtes, heureuse de concéder des droits à l’expression du souffle chaud des résistants. Son souvenir crépite comme un feu dans un Karoun, il fait reculer le liquide des nuits froides et fait plier l’ennui. Préau des cultures et des inspirations, elle recueille dans son panthéon les insurgés et les intraitables ouvriers de la mémoire prompts à relever sa dignité mille fois poissée par les dealers de la chose politique.
Alger la berbère contrainte à naviguer entre le liquide de la gloire et celui du vaudevillesque. Elle n’a nul besoin des diplomates faquins rompus et corrompus, habiles mais inutiles ; elle se fout des fourbes religieux qui se font élire tribuns ; elle se fout des hâbleurs félons qui se plaisent à pester dans d’éprouvantes campagnes électorales ; elle se fout des militaires indus élus qui n’ont jamais connus ses rues secrètes et les arrière-salles des cafés banlieusards ; elle se fatigue d’être la capitale des cultures qui l’oppriment. La brise de ses poètes lui suffit, elle fait son sourire dansant qui éblouit et luit au bout de ses nuits comme une vierge aux lèvres humectées de Souak.
" France-Algérie, les passions douloureuses ", un débat organisé par les Tribunes de la presse » à Bordeaux en novembre dernier, avec Sophie Avon, écrivaine, Paul Max Morin, enseignant d’histoire à Sciences Po Paris, Paul Taylor, journaliste (ex-Reuters), Slimane Zeghidour, journaliste, rédacteur en chef à TV5. Animateur : Nicolas Beau, directeur du site Mondafrique.
Plus d’un demi-siècle après la fin de la guerre d’Algérie, la réconciliation franco-algérienne continue à alimenter la chronique des relations entre les deux pays. On ne compte plus les colloques, les rapports, les rencontres organisées pour dépasser ce « passé qui ne passe pas ».
Faut-il incriminer le pouvoir algérien et sa gestion intéressée de la « rente mémorielle » ? Ou bien les choses sont plus compliquées et font resurgir un passé tumultueux où la vérité peine à trouver sa voie ? En réalité, la France et l’Algérie se sont-elles jamais séparées ?
LES MILLE ET UNE VIES D’UNE CAPITALE MÉDITERRANÉENNE
Nichée dans sa baie, Alger «la Blanche», Alger «la Radieuse» ofre un patrimoine culturel riche et varié qui témoigne de son histoire, à la fois tumultueuse et luxueuse.
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par Samia Ouidir
Au pied d’une colline dominant la Méditerranée, El Bahdja (« la Radieuse ») se déploie en amphithéâtre. Capitale de l’Algérie, elle est la ville la plus peuplée et le cœur économique et institutionnel du pays. Fondée au VIe siècle av. J.-C., elle est d’abord punique puis numide et devient Icosium sous la domination romaine. Au Xe siècle, la cité est baptisée Aldjazair Banou Mazghanna – le sens demeure obscur – par le fondateur de la dynastie ziride, Bologhine ibn Ziri. Capitale de l’Algérie à partir de 1516 sous la régence ottomane, elle le reste sous la domination française en 1830 et prend pour nom Alger. Les cent trente-deux ans de présence française en ont fait une cité à dominante occidentale dont le paysage est largement occupé par l’architecture de la période coloniale. Greffées à la casb a h ( l a c i t a d e l l e ) , l e s constructions coloniales se sont dressées en partie sur la structure de la médina (la vieille ville) puis se sont éten-
M o C k. C T o S fo T o E A g - www. L E k N R U L E A h C I M
NUANCIER. Vue casbah, avec la mosquée Ketchaoua (construite en 1436 et église Saint-Philippe de 1832 à 1962), la mosquée el Djedid et le port.
dues sur les collines qui l’entourent. Les deux millénaires d’histoire d’Alger en ont fait un musée à ciel ouvert, offrant un parcours riche en découvertes et en surprises.
La vieille ville
La place des Martyrs est l’une des plus grandes et des plus connues d’Alger. Ancienne « place d’Armes » ou « place du Gouvernement », elle a été aménagée par les militaires français dans la partie basse de la casbah. De part et d’autre se dressent deux édifces emblématiques de la ville : la Djamaa el-Kebir (la « Grande Mosquée »), construite au XIe siècle, et la Djamaa el-Djedid («mosquée de la Pêcherie »), bâtie en 1660. Non loin de là s’élève le palais des Raïs. Datant du XVIe siècle, cet édifice de 4000 mètres carrés témoigne de la première période ottomane. Il est en fait constitué de trois palais et de six petites maisons, dites « maisons des pêcheurs ». Le palais abrite aujourd’hui le Centre des arts et de la culture du palais du Raïs. Classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1992, la vieille ville, ou Al-Mahroussa (« la Bien-Gardée »), est fondée sur les ruines de la cité romaine. La superfcie des maisons à patios et la richesse de leur décoration intérieure variaient selon l’aisance fnancière des propriétaires. Quant aux palais, construits par des dignitaires ottomans, ils ont autant servi de résidences que de lieux d’exercice du pouvoir durant la régence ottomane. La casbah cache des trésors d’architecture typiques du Maghreb central. S’aventurer dans ce labyrinthe, c’est arpenter de petites ruelles bordées de hauts murs percés aux étages de minces ouvertures. Les façades extérieures, sobres et dénuées intérêt, cachent de vastes espaces intérieurs richement décorés. Le Corbusier, qui visite la casbah pour la première fois en 1931, se montre impressionné par la situation de la ville et l’organisation de l’habitat traditionnel. Il décrit le quartier comme «l’un des lieux les plus beaux d’architecture et d’urbanisme». Le quartier a été longtemps une source d’inspiration pour les plus grands architectes et recèle des splendeurs, comme la villa Aziza (Dar
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TROIS SIÈCLES D’HISTOIRE. 1. Le Mémorial du martyr, sur les hauteurs d’Alger, a été érigé en 1982 pour le 20e anniversaire de l’indépendance. 2. La basilique Notre-Damed’Afrique, de style romanobyzantin, s’élève sur un promontoire dans le quartier de Bologhine et a été consacrée en juillet 1872. 3. Emblématique de l’Alger française, la Grande Poste, de style néo-mauresque, est l’œuvre des architectes Jules Voinot et Marius Toudoire. Elle est située en centre-ville, à l’intersection des grands axes de la cité moderne. 4. Dans le quartier de la casbah, la mosquée El-Djedid, surnommée la « mosquée de la Pêcherie », a été bâtie en 1660 sous la régence turque.
Aziza), bâtie entre 1666 et 1672 par le bey de Constantine pour sa femme, Aziza. Elle servait aussi de lieu de réception pour les invités du dey (titre porté par le chef de la régence d’Alger de 1671 à 1830), puisqu’elle fait partie de la Djenina, l’ancien siège de la régence d’Alger, parti en fumée lors de l’incendie de 1844. Durant la c o l o n i s a t i o n , D a r A z i z a deviendra le siège de l’archevêché d’Algérie. Après l’indépendance, elle abritera le siège de l’Agence nationale d’archéologie et de la protection des sites et monuments historiques.
La «porte du ruisseau»
En 1794, les autorités ottomanes reconstruisent la mosquée Ketchaoua. Elle est alors réhabilitée en un édifice monumental et devient l’une des plus grandes mosquées de la ville. En 1832, après la conquête, elle se mue en cathédrale (SaintPhilippe). À partir de 1845 et pendant plus d’un demisiècle, elle subit des transformations qui vont lui donner son aspect actuel. Elle retrouvera sa fonction initiale en 1962. Bab elOued (la « porte du ruisseau ») est l’une des six portes du VieilAlger. Mal fréquentée, cette partie de la vieille ville où s’installaient des émigrants en provenance de toute la Méditerranée devient au fl des ans un village. Ici, les arrivants trouvaient non seulement le gîte, mais aussi un moyen de subsistance : la Cantera (« carrière»), d’où était extraite la p i e r r e u t i l i s é e d a n s l a construction de la ville, leur d’Afrique. Construite de 1858 à 1872, de style byzantin, cette basilique accueille toujours les fdèles. Elle est également ouverte au public, qui s’y rend pour admirer la richesse de son ornementation. Symbole d’une tolérance aujourd’hui disparue, cette incantation se lit sur l’un des murs: «NotreDamed’Afrique, priez pour nous et les musulmans. » Au début du XXe siècle, une nouvelle génération de Fran
Au début du XXe siècle naît un nouveau style architectural qui puise son inspiration dans les traditions locales : le néo-mauresque
fournissait des emplois. Aujourd’hui, Bab elOued est l’un des quartiers les plus animés de la capitale. Venus de t o u t e l a v i l l e , l e s g e n s affluent à l’esplanade de Kettani, qui surplombe la mer : de là, on peut admirer la baie, les jardins alignés jusqu’aux hauteurs d’ElKettar ainsi que NotreDameçais née en Algérie développe une identité propre, une certaine « algérianité ». Un engouement naît alors pour l’architecture néomauresque. Ainsi, à Alger, à partir de 1913, sont construits la Grande Poste, œuvre des architectes Voinot et Tondoire, la préfecture et le musée d’Art moderne d’Alger (MAMA), d’Henri Petit. Classé monument historique en 2008, le MAMA accueille au début du XXe siècle le grand magasin Galeries de France. Après l’indépendance, il sera rebaptisé « Galeries algériennes ».
Opération reconversion
Il a été ensuite cédé au ministère de la Culture, qui en a fait un musée consacré à l’art contemporain, lequel fut inauguré en 2007 à l’occasion de l’événement «Alger, capitale de la culture arabe ». L’opération de reconversion de ce grand lieu commercial en un point de rencontre artistique et culturel a été une grande réussite. Cette expérience a servi d’exemple pour d’autres projets qui voient le jour afn de redonner vie aux nombreux édifces et bâtisses d’exception que compte Alger. La Grande Poste, monument emblématique de la ville, est un repère pour tous les Algérois. Construite en 1913, elle illustre la volonté du gouverneur de l’époque de renouer avec le style local, auquel les architectes ont emprunté les caractéristiques ornemen
Où dOrmir?
Hôtel Saint-George C’est le plus vieil établissement de standing de la ville. Au cœur d’Alger, ce joyau 5 étoiles se dresse au milieu d’un luxuriant jardin botanique. Il est bâti sur un ancien palais du dey datant de 1516. Réhabilité en 1889 en pensionnat de jeunes flles, il est transformé en hôtel à la demande de l’ambassadeur britannique. Il devient alors le SaintGeorge et accueille Édith Piaf, Simone de Beauvoir, Churchill, Eisenhower et bien d’autres. Cet hôtel de style mauresque, chargé d’histoire, marie authenticité, modernité et luxe. Hôtel El-Aurassi Inauguré en 1975, il est surnommé « le Climatiseur » par les Algérois. Ce gros cube de béton installé sur les hauteurs d’Alger témoigne de l’époque socialiste de l’Algérie indépendante. Ce 5-étoiles, rénové en 2011, offre l’une des meilleures vues sur la baie d’Alger. Hôtel El-Djazaïr Cet établissement propose un large choix gastronomique, avec trois restaurants : Le Saint-George (cuisines algérienne et française), La Pagode de jade (cuisine chinoise) et le snack-bar El Yasmine. Le Saint-Georges comprend également un bar lounge, Le Dey, et une discothèque huppée. Hôtel Es-Safr Ce 4-étoiles situé en bord de mer, à deux pas du centre-ville, est un vestige de l’époque coloniale. Anciennement Hôtel Alleti, ce chef-d’œuvre Art déco fut inauguré en 1930 (l’année du centenaire de la conquête française) par Charlie Chaplin. Il faisait partie des
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Le Saint-George.
S E A G M tty I E /G I N I t S o A G E D
ÉCUMEURS. À la chute de l’Empire romain, Alger est détruite par les invasions. Elle renaît en 980 et devient par la suite une ville prospère grâce à la piraterie (ci-dessus au XVIIIe s.), dont le plus fameux représentant est Barberousse.
Vue de l’hôtel El-Aurassi.
tales. Le bâtiment se situe au carrefour des plus grands axes de la cité. À l’ouest, le boulevard Khmisti monte en gradin jusqu’au palais du Gouvernement, où le général de Gaulle a prononcé son discours du 4 juin 1958 et sa célèbre phrase : « Je vous ai compris. » Au nord, la rue Ben-M’Hdi, encore fréquemment appelée « rue d’Isly », conduit au musée d’Arts modernes. Au sud, la rue Didouche-Mourad – ex-rue Michelet –, qui mène à la faculté d’Alger, offre un itinéraire riche en commerces, restaurants et surtout en monuments, comme la cathédrale du Sacré-Cœur, le parc de Galland et le musée natio-
adresses incontournables de la haute société et a accueilli nombre d’hommes politiques – Nelson Mandela, Patrice Lumumba, François Mitterrand (lorsqu’il était ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Pierre Mendès France en 1954-1955), Fidel Castro, Hassan II, mais aussi Caroline et Albert de Monaco, Charles Aznavour, Georges Brassens… Il a été rebaptisé « Es-Safr » en 1984. L’établissement est en phase de restauration et de réhabilitation. Les travaux s’achèveront en 2019. nal du Bardo. Classé monument historique en 1985, ce dernier, construit à la fn du XVIIIe siècle dans la banlieue algéroise, était à l’origine un djnan, une résidence d’été qui accueillait à la belle saison les notables ottomans. Transformé en musée en 1930 – à l’occasion du centenaire de la présence française en Algérie –, il abrite des collections préhistoriques et ethnographiques présentant des vestiges trouvés en Algérie. Parmi ceuxci, le squelette de Tin Hinan, reine des Touareg. Le quartier de Belcourt – du nom de l’entrepreneur français qui y a construit le premier quartier, au XIXe siècle – e s t a u j o u r d ’ h u i a p p e l é « Mohamed-Belouizded ». Il doit son nom à un martyr de la révolution, natif de ce quartier et tué lors des manifestations organisées en signe de soutien au FLN en décembre 1960. Aujourd’hui, Belcourt se vide : le bâti ancien, fragilisé par les années et les séismes, est délabré. Les autorités ont décidé de lui redonner vie en mettant sur pied un projet de réaménagement urbain qui permettra à terme de valoriser le potentiel touristique du quartier.
Le poumon d’Alger
Changement d’ambiance avec Dar Abdeltif. Classé au patrimoine national, le djenan Abdeltif fait partie des joyaux de l’époque ottomane. A p r è s 1 8 3 0 , l e d o m a i n e Abdeltif est confsqué par les autorités coloniales, qui en font un centre de convalescence pour la Légion étrangère. La demeure devient en 1922 un monument historique et un lieu d’accueil pour les peintres français, à l’instar de Léon Cauvy, Maurice Bouviolle, Marius Debuzon et Léon Carré. Situé en contrebas, le Jardin d’essai est un vrai musée végétal, considéré comme le poumon d’Alger. Ce paradis de 32 hectares trouve son origine au début de la colonisation. Son emplacement, sous la colline boisée où s’est installé le musée des BeauxArts, a été choisi en raison de son microclimat humide et presque tropical. Ainsi s’achève cette rapide promenade dans Alger, héritière des siècles passés et riche des promesses de l’avenir, dont le patrimoine fait bien d’elle une cité radieuse, El Bahdja…
Bloqué depuis cinq longues années, le film sur Larbi Ben M’hidi du réalisateur Bachir Derrais pourrait bientôt être projeté dans les salles en Algérie.
Le gouvernement semble avoir levé toutes les réserves émises sur ce biopic consacré à un des héros les plus prestigieux de la révolution algérienne.
Entamé en 2015, le tournage du film « Larbi Ben M’hidi» a été achevé en 2018. Théoriquement, il devait être projeté dès 2019, mais la commission de visionnage du ministère des Moudjahidines qui devait donner le quitus avait émis plus d’une cinquantaine de réserves sur ce film qui a coûté la bagatelle de plus de 4 millions d’euros.
Entre autres griefs reprochés au réalisateur : évocation des désaccords entre des dirigeants du FLN, notamment entre Larbi Ben M’hidi et Ahmed Ben Bella ainsi que l’association des Oulémas musulmans algériens et le peu de places accordées aux atrocités commises par l’armée coloniale.
Film sur Larbi Ben M’hidi : « On espère cette fois que c’est la bonne »
La commission avait estimé également que l’enfance de Larbi Ben M’hidi n’a pas été suffisamment racontée, tout comme les tortures que le héros de la révolution avait subies.
« La version est interdite de projection et d’exploitation », avait alors décrété la commission.
Depuis, c’est le début d’un bras de fer entre le réalisateur et les ministères des Moudjahidine et de la Culture, coproducteurs du film avec respectivement 28% de participation et 35%, le reste du financement provenant du sponsoring.
Ce n’est que quatre ans plus tard, avec l’arrivée de nouveaux titulaires au portefeuille des Moudjahidine, Laïd Rebiga en remplacement de Tayeb Zitouni et Soraya Mouloudji en remplacement de Azzedine Mihoubi que la situation a commencé à se dénouer.
Au terme de plusieurs séances de visionnage, plusieurs réserves ont pu ainsi être levées. « Il y a des choses retouchées, mais il n’y a pas de scènes coupées », affirme Bachir Derrais, joint ce samedi par téléphone.
« Toutes les réserves ont été levées et on devrait signer un accord incessamment », ajoute-t-il.
Reste que pour le réalisateur, il appartient aux distributeurs exclusivement d’annoncer la sortie du film. « Le ministère des Moudjahidine veut faire croire à l’opinion que le film lui appartient. Or, c’est le fruit d’un montage financier. Il n’a pas respecté l’accord. C’est aux distributeurs d’annoncer la sortie du film. La communication doit être laissée aux professionnels », dit-il.
Même s’il demeure « prudent »,- la sortie du film ayant été annoncée plusieurs fois, ces trois dernières années- Bachir Derrais estime cependant que son éventuelle projection sera une « délivrance ». « On espère cette fois que c’est la bonne. C’est plus une délivrance que de la joie. Car ils ont tué la carrière du film », déplore-t-il.
L'animateur de J'irai dormir chez vous, Antoine de Maximy
L'animateur de la désormais célèbre émission de télévision "J'irai dormir chez vous" à posé ses caméras à Alger pour un épisode qui fera découvrir les différentes régions du pays. "J'irai dormir chez vous" est une émission de télévision française de documentaire, animée par Antoine de Maximy. Elle est diffusée sur les chaînes Voyage et Canal+ à partir de 2005, sur France 5 à partir de 2006 et sur RMC Découverte à partir de 2021. Le concept de l'émission est très simple : Antoine de Maximy parcourt différents pays et part à la découverte de gens, de cultures et de traditions diverses avec pour objectif de se faire inviter à dormir chez l'habitant. En dehors des codes touristiques, le globe-trotter sillonne les pays avec l'intention de découvrir et faire découvrir les us et coutumes des peuples et l'intimité des gens. Ses aventures en solitaire donnent parfois lieu à des scènes touchantes, parfois drôles mais parfois aussi dangereuse... Gageons qu'avec l'hospitalité légendaire des Algériens, Antoine de Maximy ne dormira certainement pas à la bonne étoile.
Le dossier judiciaire des deux journalistes de RFI assassinés au Mali voici dix ans, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, a commencé à livrer quelques pistes troublantes qui mèneraient, pour certaines, vers les services algériens soucieux de contrôler le Nord Mali sans qu’aucun journaliste puisse enquêter sur leurs réseaux et leurs manipulations.
l y a dix ans que Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont été assassinés à Kidal. Le 2 novembre 2013, ils étaient en reportage lorsqu’un commando de quatre personnes les a enlevés puis assassinés à quelques kilomètres de la ville. Un assassinat revendiqué par al-Qaïda au Maghreb islamique. Huit ans plus tard, de nombreuses zones d’ombres subsistent toujours. L’enquête judiciaire se poursuit en France et au Mali. Il ne reste désormais plus qu’un ravisseur encore en vie.
La justice a continué son travail de fourmi et auditionné de nombreuses personnes. Si rien n’a filtré de ces entretiens pour des raisons de secret de l’instruction, ils ont en tout cas ouvert de nouvelles pistes puisqu’ils ont motivé une série de demandes d’acte de la part des parties civiles qui réclament de nouvelles auditions et l’accès à certains documents. Huit ans après les faits, l’enquête judiciaire est donc encore loin d’être terminée.
Selon un document signé des juges en décembre 2017, explique le journaliste français de « l’Express », Laurent Léger, dans une enquête fort instructive, les investigations judiciaires ont permis de cibler six suspects. Qu’il s’agisse des quatre membres du commando ayant enlevé et exécuté les deux Français en reportage à Kidal ou des deux possibles commanditaires.
Le premier commanditaire serait Abdelkrim le Touareg, un émir lié à Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), « neutralisé » depuis par la DGSE, c’est à dire abattu par un commando ou un drone. Le second serait le patron d’Ansar Dine, Iyad ag-Ghali, supérieur d’Abdelkrim le Touareg, dont les initiatives belliqueuses en janvier 2013 depuis Mopti au Nord Mali, furent à l’origine l’intervention militaire française, dite « opération Serval » et don on sait qu’il est protégé depuis toujours par certians clans au sein des services algériens.
Terrains mouvants
Le journal « l’Express » raconte comment un journaliste d’investigation malien qui connaissait bien Ghislaine Dupont, a été entendu le 4 octobre dernier, par un juge français. Une de ses sources, explique-t-il, lui a récemment confié que « quelqu’un dans le commando était en relation avec un officiel malien ». Une piste étayée, dit-il, par un contact ultérieur avec un « ancien officier français ».
Autant de sources sérieuses qui évoquent, une conversation téléphonique entre un membre du commando, Baye ag-Bakabo, et l’ancien ministre de la Défense malien devenu Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, décédé depuis et qui aurait été interceptée par les Américains.
Alger tapi dans l’ombre
Fait troublant, le Premier ministre malien, dont l’influence grandit à Bamako, passe pour un proche d’Alger. A peine nommé, il se rendait en Algérie. On le découvrait aussi en déplacement officiel dans le Nord du Mali, et cela sans difficulté majeure, alors que cette partie du territoire est généralement jugée dangereuse par les membres du gouvernement de Bamako qui y risquent un attentat hostile.
Notons aussi que Ag Ghali, mis en cause dans l’assassinat des deux journalistes, a toujours été en contact étroit avec les services algériens. Au point qu’il semble bien, d’après des sources sérieuses, que ce chef terroriste a pu échapper aux forces françaises en 2013 grâce à une intervention d’Alger auprès de Paris, un épisode dont personne ne parle volontiers. Le journaliste Seidik Abba écrivait récemment dans « le Monde Afrique »: « C’est un geste de courtoisie diplomatique et militaire dont on se souviendra longtemps au ministère français de la défense. En 2014, alors qu’elle avait Iyad Ag-Ghali, chef du mouvement djihadiste malien Ansar Eddine à portée de fusil, la France a choisi de prendre l’avis d’Alger avant d’agir, plutôt que de le « neutraliser » ou de le capturer vivant ». Et d’ajouter: « Pas si peu fiers de cette marque de considération, les Algériens envoient à Paris un message aussi clair que l’eau de roche : « Ne vous occupez pas d’Iyad. Nous en faisons notre affaire ».
Autant d’indications qui amènent à s’interroger sur le rôle dans l’assassinat des journalistes de l’ancien DRS (services algériens) qui avait fait longtemps du Mali son pré carré, où il rêgnait en maitre. En 2013, les patrons du DRS ont vu d’un fort mauvais oeil l’intervention française au Mali qui a été rendue possible grâce à la bonne entente qui rêgnait alors entre les présidents Bouteflika et Hollande mais contre laquelle ils étaient vent debout.
De là l’hypothèse, non confirmée à ce jour, que l’assassinat des deux journalistes aurait pu être un message clair des services algériens à Paris sur la présence peu souhaitée des Français au Nord du Mali…
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)
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