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Rédigé le 17/02/2023 à 22:49 dans Chansons | Lien permanent | Commentaires (0)
En 33 minutes, le podcast de Hassen Ferhani et Mehdi Ahoudig retrace l’histoire de cette chanson et de sa reprise par Rachid Taha. Ce dernier propulsera le morceau au rang de tube planétaire. À écouter sur Arte Radio à partir de ce vendredi 17 février.
Le chanteur Rachid Taha se produit le 17 février 2001 sur la scène de l'Olympia à Paris, lors des 16e Victoires de la Musique.JEAN-PIERRE MULLER/AFP
Au départ, il y a le malaise ressenti par Hassen Ferhani et Mehdi Ahoudig, deux journalistes franco-algériens, dès que résonnent des notes de Ya Rayah, cette musique popularisée par le chanteur Rachid Taha. « Viens, il faut que tu danses ! », leur demande-t-on immanquablement, sans qu’ils sachent pourquoi. Pour percer ce mystère, les deux documentaristes décident de décrypter ce que recouvre cette chanson, notamment ce qu’elle dit de l’intégration des Français d’origine algérienne.
À partir de 1998, Ya Rayah se transforme subitement en morceau festif. La reprise de Rachid Taha, plus rock and roll que l’original, est un succès planétaire écouté dans toutes les strates de la société. Elle devient l’allégorie d’une France cosmopolite, acceptant la culture de ceux qui ont migré vers elle. « D’un coup, les Arabes sont devenus plus accessibles avec cette chanson », résume le chanteur Sofiane Saidi. Certains y voient une lueur d’espoir, là où d’autres jugent que Ya Rayah les enferme dans une catégorie.
Aux ressentis et anecdotes se mêlent différentes interprétations de Ya Rayah sous de lancinants airs de guitare. L’intensité de ces chants fait écho à la pluralité des sentiments, entraînant l’auditeur dans un univers sonore aussi riche qu’émouvant.
17 février.Alexis Pfeiffer,
https://www.la-croix.com/Culture/Podcast-Ya-Rayah-chanson-entre-souffrance-fete-2023-02-17-1201255599
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https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/02/17/sur-arte-radio-le-tube-ya-rayah-se-donne-a-entendre-dans-toute-sa-diversite_6162247_3246.html
A travers l’histoire de cette chanson, c’est l’histoire de la France et de ses relations avec l’Algérie et le Maghreb que ce documentaire de Mehdi Ahoudig et Hassen Ferhani fait résonner.
Par Emilie Grangeray
Faudel, Rachid Taha et Khaled, réunis sous le nom de « 1, 2, 3 soleils », chantent, le 20 février 1999, à l’Olympia à Paris, lors de la cérémonie des 14es Victoires de la musique. PIERRE VERDY/AFP
ARTE RADIO – VENDREDI 17 FÉVRIER – DOCUMENTAIRE
C’est l’histoire de l’histoire d’une chanson (Ya Rayah) qui en raconte beaucoup d’autres. D’un tube international (celui de Rachid Taha) longtemps passé inaperçu et d’un malentendu quant à sa signification première. Et c’est remarquable. Et par ce que les documentaristes –Mehdi Ahoudig (prix Europa pour Qui a connu Lolita ? et Poudreuse dans la Meuse) et Hassen Ferhani (Dans ma tête un rond-point, 143, rue du Désert) – nous donnent à entendre et à réfléchir ; et parce que c’est si bien mis en son par Samuel Hirsch.
Mais reprenons. Il était deux amis, Mehdi Ahoudig et Hassen Ferhani donc, qui, lors d’une soirée, sont invités à danser alors que Ya Rayah se fait entendre. Malaise. Car, comme nous le confie Medhi Ahoudig : « Hassen me dit qu’il n’aime pas cette chanson, et moi elle me met mal à l’aise parce que c’est partir du principe que cette musique nous résume et nous assigne à une communauté supposée homogène, alors même que nous sommes très différents : je suis d’origine marocaine, Hassen algérien, il parle arabe, pas moi, etc. »
Avec leurs micros, ils vont dans la rue pour voir ce que cette chanson représente, interviewent des musiciens (Sofiane Saidi, Hakim Hamadouche), et vont trouver l’historienne Naïma Huber-Yahi, qui rappelle d’abord que Ya Rayah n’est pas le tube de Rachid Taha que nous connaissons tous, mais une chanson de Dahmane El Harrachi. Que ce dernier, né en Algérie, l’a imaginée à Paris, en 1971. Que c’est, en ce sens, « le produit d’une vie artistique parisienne et d’une expérience de vie française » et que « c’est se tromper que de croire que c’est une chanson d’Algérie qui résonnerait en Algérie de la même manière pour les Algériens que pour les enfants d’immigrés ».
Plus encore, toutes celles et ceux qui ont enflammé les dance floors sur la voix magistralement rauque et rock de Rachid Taha sans comprendre l’arabe sont passés à côté du message profondément triste et fataliste de Dahmane El Harrachi : « Ô toi qui pars, où vas-tu ? Pars, tu finiras toujours par revenir. Combien ont regretté d’être partis ? »
Comme le rappelle l’historienne, cette mise en garde de l’une des figures du chaâbi algérois arrive à la fin des « trente glorieuses », alors même que les crimes racistes se multiplient et que les frontières entre les deux pays se referment. La situation politique n’est guère plus favorable quand Rachid Taha la reprend, au début des années 1990 : guerre du Golfe et émeutes urbaines.
Miracle : en 1998, Jamel Debbouze triomphe sur scène, et Zinédine Zidane marque deux des trois buts qui permettent à la France de remporter la Coupe du monde de football face au Brésil. Soudain, la France « black, blanc, beur » est célébrée. Et c’est dans ce contexte que Ya Rayah est interprétée, le 26 septembre 1998, lors du concert « 1, 2, 3 soleils », qui réunit à Bercy (aujourd’hui Accor Arena) Khaled, Faudel et Rachid Taha.
Dès lors, la chanson sera jouée partout : de New York à New Delhi, en passant par Jérusalem. Ce qui, malgré les malentendus et les méprises, ne peut que réjouir Mehdi Ahoudig. Parce que, comme il l’avoue sans peine, Rachid Taha, en réinterprétant Douce France, de Charles Trenet, a été ce frère qui lui aura permis de se réconcilier avec sa double identité et l’aura soustrait à la sommation de choisir. Parce que, à l’heure où l’on parle tant de repli identitaire, il est temps que nous arrivions toutes et tous à trouver une place sur la photo de famille et que cette chanson, en nous aimantant sur les pistes de danse, et même si ce n’est pas ce qu’elle dit originellement, nous y aide.
Ya Rayah, de Mehdi Ahoudig et Hassen Ferhani (Fr., 2022, 35 min). A retrouver sur le site d’Arte Radio.
Emilie Grangeray
https://www.lemonde.fr/culture/article/2023/02/17/sur-arte-radio-le-tube-ya-rayah-se-donne-a-entendre-dans-toute-sa-diversite_6162247_3246.html
« Un rock festif revendiquant la douleur de l’exil »
"Viens danser, c’est ta chanson !" : c’est ce qu'entendent Hassen et Mehdi à chaque fois que résonne en soirée l'intro de "Ya Rayah", le tube de Rachid Taha.
C'est le point de départ d'une enquête documentaire et décontractée sur cette chanson qui fut deux fois un succès. Créée par le chanteur algérien Dahmane El Harrachi en 1971, “Ya Rayah” raconte la douleur de l’exil en France et le regret du pays natal. Sa reprise par Rachid Taha en 1998 triomphe sur les dancefloors du monde entier et unit la France lors du concert "1, 2, 3 Soleil" à Bercy.
Dans les deux cas, ce tube chanté en arabe est aussi une chanson française, car produite et enregistrée en France. Elle appartient désormais à notre patrimoine commun. C'est l'une des mille histoires racontées à deux grands documentaristes, Hassen Ferhani (143, rue du Désert) et Mehdi Ahoudig (Poudreuse dans la Meuse). On les suit dans les bars de Noailles (Marseille) et de Barbès (Paris) ; chez l'historienne et musicologue Naïma Huber-Yahi ; chez le musicien Hakim Hamadouche dont la mandole porte la version de Taha ; avec le musicien Sofiane Saïdi ; avec les coiffeurs et les vendeurs de Marlboro. À l'aide d'analyses brillantes et de punchlines, de témoignages et de confidences, ce documentaire questionne ce que la chanson "Ya Rayah" dit de l'histoire des Français d'origine maghrébine et de leurs exils intimes.
Avec Naïma Huber-Yahi (historienne et musicologue), Hakim Hamadouche (musicien et mandoliste de Rachid Taha), Slimane Dazi (comédien et ami de Rachid), Sofiane Saïdi (chanteur, musicien), Rafik (coiffeur à Barbès), Toufik Baalache (ami de Rachid), Farid Diaz (rappeur), Mohamed Kably (musicien), Tahar Kessi (cinéaste), Sofiane Allaoua (musicien), des voix diverses de Noailles et de Barbès.
Hassen Ferhani
Réalisateur, chef-opérateur et photographe né en 1986 à Alger, Hassen Ferhani a nourri sa passion au ciné-club Chrysalide dont il est co-animateur de 2003 à 2008. Les Baies d’Alger (2006), court-métrage de fiction, est repéré dans plusieurs compétitions internationales. S’ensuivent Le vol du 140 (2008, Fémis d’été), Afric Hotel (2010, coréalisation) et Tarzan, Don Quichotte et nous (2013). Il forge ainsi sa démarche – un travail sur le réel imprégné de fiction – dont il donne la pleine mesure avec ses deux longs-métrages multi-primés. Dans ma tête un rond-point (2015) est, entre autres, lauréat du Grand Prix FID et du McMillan-Stewart Fellowship (Harvard) et devient le premier film à recevoir deux Tanit d’Or au Festival de Carthage. Parmi une vingtaine de distinctions (Alger, Nantes, Séoul, Toronto, Turin, Valdivia…), 143 rue du Désert (2019) lui vaut le Léopard du meilleur réalisateur émergent au Festival de Locarno.
Mehdi Ahoudig
Mehdi Ahoudig est un réalisateur sonore et audiovisuel multi-primé, né à Pantin en 1967. Il réalise des bandes-son pour le spectacle vivant de 1995 à 2015. Depuis 2004, il réalise des podcasts documentaires pour ARTE Radio dont « Wilfried », « Poudreuse dans la Meuse » (Prix Europa 2015, Prix grandes ondes 2016), « Qui a connu Lolita ? » (Prix Europa 2010), ainsi que pour France Culture. Il réalise aussi des documentaires pour le web, dont « A l’abri de rien » (Prix Europa 2011). Il a réalisé plusieurs films documentaires dont « Une caravane en hiver » produit par Squawk (prix de la diffusion Raï au Primed en 2020). Le film « La parade » co-réalisé avec Samuel Bollendorff, reçoit une étoile de la SCAM en 2018. En 2022, tous deux ont proposé le film "Il était une fois dans l'Est" et une exposition multimédia, « Frontaliers, des vies en stéréo », pour la capitale européenne de la culture Esch-Sur-Alzette au Luxembourg.
https://www.arteradio.c
Un documentaire
de Mehdi Ahoudig & Hassen Ferhani
Mise en ligne
17 février 2023
https://www.arteradio.com/son/61674012/ya_rayah_l_exil_en_dansant
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Rédigé le 17/02/2023 à 21:22 dans Chansons | Lien permanent | Commentaires (0)
Entretien avec la chanteuse algérienne Souad Massi, qui revient avec un nouvel album s’annonçant comme une véritable gageure artistique>.
Couverture du nouvel album de Souad Massi, El-Mutakallimun (Jean-Baptiste Millot)
Avec son nouvel album, intitulé El-Mutakallimun, Souad Massi est partie sur les traces des poètes de la mythique Andalousie arabo-musulmane. A travers dix textes joliment enluminés par des compositions originales, la chanteuse donne ainsi un nouveau souffle à ces poètes qui racontent une époque où la parole était frondeuse et plurielle.
MEE : Pourquoi avoir consacré cet album aux poètes de l’Espagne arabo-andalouse ?
Souad Massi : J’avais tout simplement envie d’inviter les gens à découvrir la beauté de la culture arabe. Nous ne sommes pas des barbares, des gens sans civilisation. Le monde arabo-musulman a produit des merveilles en sciences, philosophie, mathématiques, médecine, poésie, et tout cela semble oublié. Moi je suis d’origine berbère mais j’appartiens aussi à cet héritage. J’ai été éduquée dans une culture arabe que j’aime. J’ai grandis au sein d’une famille où on écoutait de la musique arabo-andalouse, du Chaabi, de la musique berbère. J’en ai parfois assez d’être amalgamée à des gens qui n’ont rien à voir avec cette culture arabe. Je vois que les jeunes élèves étudient les mathématiques, les algorithmes, et ne savent pas que les savants arabes ont développé ces sciences, que le Qanun [Canon] d’Ibn Sina [Avicenne], a révolutionné la médecine, que l’astronomie arabe a développé des instruments qui ont par la suite permis de cartographier le monde et de découvrir d’autres terres. Pourquoi ne parle-t-on pas de cela plus souvent ?
MEE : Comment l’expliquez-vous ?
Souad Massi : J’ai parfois l’impression que l’Europe ne veut pas mettre en avant cette richesse culturelle, ces scientifiques. C’est aussi à nous de faire en sorte que nos enfants, surtout quand nous n’habitons pas notre pays d’origine, apprennent leur histoire et celle de leur pays. Les jeunes Arabes sont confrontés parfois à des crises d’identité ; ainsi en France, où je vis, ils n’ont parfois le choix qu’entre une négation de leur culture ou au contraire une religion fantasmée. J’ai eu aussi envie de leur dire : « regarde tes ancêtres, connais-tu Ibn Firnas qui fut le premier homme à voler et qui venait de l’Andalousie musulmane ? Lis Ibn Rochd [Averroès], sans qui l’Europe n’aurait pas redécouvert Aristote et les philosophes grecs et n’aurait pas ainsi connu la Renaissance ».
MEE : Le titre, El-Mutakallimun, fait référence « aux maîtres de la parole ». Croyez-vous au pouvoir de la poésie ?
Souad Massi : Oui absolument, je crois au pouvoir des mots. Les grands hommes politiques, ceux qui ont vraiment fait changer les choses, étaient avant tout de grands orateurs. Par exemple, je m’intéresse beaucoup à Malcom X et Martin Luther King, et j’ai été estomaquée par leur capacité à soulever les foules. Les Mutakallimun [ndlr : les kalamistes, de l’arabe kalam : le livre) y croyaient aussi, à mon sens. Ils donnaient dans l’Andalousie arabo-musulmane de véritables leçons publiques où ils tentaient de réconcilier la raison avec la foi. Surtout, ils célébraient la liberté humaine. El-Mutakallimun signifie littéralement « les savants qui maîtrisent la parole ». Les rois s’entouraient de ces poètes savants parce que le peuple les aimait. Encore aujourd’hui, les hommes de pouvoir aiment à s’entourer d’artistes pour recevoir un peu de leur éclat. J’aime bien les mots d’Ahmad Matar, un poète irakien contemporain, qui disait : « La poésie n'est pas un régime arabe qui sombre avec la mort du chef. Et ce n'est pas une alternative à l'action. C'est une forme d'art dont la mission est de perturber, d'exposer, et de témoigner de la réalité, qui aspire au-delà du présent. La poésie vient avant l'action... Alors la poésie se rattrape. La poésie éclaire le chemin, et guide nos actions ».
MEE : Des textes comme « Houria » célèbre la liberté, la résistance au pouvoir, la libre pensée. Avez-vous pensé au Printemps arabe en sélectionnant les textes ?
Souad Massi : Quand on observe l’histoire des pays arabes, elle est faite de pouvoirs autoritaires mais aussi de résistances. Et cela est toujours d’actualité. Que des textes, dès le IXe siècle, dénoncent la tyrannie et décrivent comment par le verbe les poètes résistaient à cette tyrannie me semblait important à montrer. Les vers du poète tunisien Abou el-Kacem Chebbi, qui écrivit le poème « Aux tyrans du monde » (« Ela Toghat al-Alaam ») furent repris par les manifestants en Tunisie et en Egypte. Ils scandaient tous : « Prends garde ! Que ni le printemps ne te trompe. Ni la clarté du ciel, ni la lumière du jour ». Le monde arabe est pluriel et il existait avant l’ère de L’islam. Dans ces poèmes, on y parlait ouvertement d’alcool, de sexualité, d’homosexualité ; les poètes célébraient l’amour, mourraient même d’amour comme dans le poème de Qays Ibn Moullawah, « Ô Layla ». Ce poème est l’équivalent, pour tout l’orient musulman et jusqu’en Inde, de Tristan et Iseult ou Roméo et Juliette. J’aime me réfugier dans ces poèmes parce que mon époque me désole. Le monde arabe semble être livré au chaos et à la guerre, et l’Europe au racisme.
MEE : Comment expliquez-vous que votre pays, l’Algérie, soit un espèce d’angle mort dans ces mouvements du monde arabe ?
Souad Massi : Au début de ces mouvements, je dois avouer que j’étais vraiment contente. Je me suis dit : « enfin un souffle de liberté ! ». Les peuples se manifestent et vont changer les choses et dégager tous ces dinosaures. Mais avec le recul, j’ai été plus dubitative. J’ai eu l’impression que certains mouvements n’étaient pas si spontanés que cela ou alors ont été récupérés par la suite, et cela me désole. Pour moi l’Europe a une part de responsabilité dans ce qui se passe dans le monde arabe. Quand la France vend par exemple des avions Rafale à l’Egypte de Sissi, il y a me semble-t-il un problème. Par rapport à l’Algérie, nous avons connu notre propre révolution dans les années 80 avec le printemps berbère de 1988, puis la guerre civile qui a suivi dans les années 90. Les Algériens se disent qu’au final cela ne leur a rien apporté. Le traumatisme est encore prégnant dans la société algérienne. Mais selon moi, il faudrait agir autrement, pacifiquement, idéalement. Car même si je suis triste pour ceux qui sont morts pour leur liberté, je constate que la répression a été très dure, en Egypte surtout.
MEE : Vous avez tournez dans un film de la réalisatrice palestinienne Najwa Najjar, Eyes of a Thief. Comment s’est passée cette expérience inédite pour vous ?
Souad Massi : Najwa Najjar est une amie, mais c’est une vraie combattante avant tout. Nous avons tourné à Naplouse en pleine occupation dans des conditions très difficiles. C’était très pénible aussi à observer, ces couvre-feux, ces gens malades qui ne peuvent passer les check-points, ces gens parqués. Je sais que ce mot peut choquer mais c’est la réalité que j’ai observée. Pendant un mois, j’ai donc vécu à Naplouse au milieu des hélicoptères, des tirs quotidiens et pourtant les gens continuaient à travailler et surtout à vivre. Faire ce film a été pour moi une façon de supporter ce peuple, ce n’était pas pour faire l’actrice, car voilà dix ans qu’on me propose de jouer dans des films et que je refuse. Ce fut une belle expérience mais difficile parce qu’il fallait jouer un rôle et moi sur scène je ne joue pas, je suis moi. Mais humainement, les Palestiniens m’ont montré leur force, leur générosité. Les jeunes filles de Naplouse sont libres dans leur tête, elles étudient, sont belles, elles m’invitaient à sortir le soir alors que même à Alger je ne sors plus à partir d’une certaine heure. Tout acte de la vie quotidienne est pour eux une forme de résistance. Je me rappelle de cette vieille femme, toute de blanc vêtue, marchant dans la rue avec le portrait de son fils mort. Elle m’a invitée à boire le thé et m’a parlé de sa vie, de son fils.
MEE : Vous avez déclaré avoir refusé de jouer en Israël ? Pourquoi ?
Souad Massi : Si je faisais une tournée au Moyen-Orient et qu’on me demandait de jouer en Israël, je ne pourrais tout simplement pas. Je sais pourtant que j’ai des fans en Israël qui m’envoient de beaux messages me demandant de jouer dans leur pays, mais vraiment je ne peux pas. En tant qu’artiste, nous devons aussi jouer ce rôle d’unir les gens mais aussi de réveiller les consciences. Mais cela ne veut pas dire que je déteste le peuple israélien, cela veut simplement dire que je ne suis pas d’accord avec la politique de leur gouvernement et que, pour le moment, ne pas jouer en Israël est le seul moyen que j’ai trouvé pour le montrer. Même si je peux me sentir proche de la culture juive, je la différencie de la politique israélienne.
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Rédigé le 12/02/2023 à 10:54 dans Chansons, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
AFP Archives / Xavier LEOTYLe chanteur Patrick Bruel à La Rochelle le 11 juillet 2018
C'est la toute première fois que le chanteur se rend dans le pays qu'il a quitté quand il avait trois ans
Patrick Bruel est en pèlerinage en Algérie, sur les traces de son enfance. Il n'y était jamais retourné. Le chanteur est arrivé mercredi à Tlemcen, la ville qui l'a vu naître en 1959 et où il a grandi jusqu'à l'âge de trois ans, avant de rejoindre la France au moment de l'indépendance. Il a ensuite prévu de se rendre à à Alger, la capitale.
L'artiste aux millions de disques vendus se trouve dans le pays avec sa mère, à l'invitation des autorités algériennes. Les étranges clins d'œil du destin ont voulu que cette proposition lui soit faite en novembre dernier, alors qu'il était justement en train d'écrire une chanson intitulée "Je reviens" qui évoque justement un voyage vers ses racines.
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"Pendant que j'écrivais cette chanson, j'ai reçu un coup de téléphone m'informant que les autorités algériennes souhaitaient que je revienne en Algérie, qui plus est avec ma maman. Je l'ai pris comme un signe. Nous sommes donc en train de préparer ce voyage que j'ai rêvé, que j'ai fantasmé. Français, juifs, berbères, c'est beau", avait-il raconté sur RTL.
Rédigé le 03/02/2023 à 06:54 dans Chansons, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Patrick Bruel, à La Baule, le 24 juin 2021. AFP
INFO LE FIGARO - L'artiste-interprète, né en Algérie en 1959, est arrivé ce mercredi 1er février en Algérie. Après une visite à Tlemcen, la ville de son enfance, il visitera Alger.
« L'avion va bientôt atterrir, tu caches tes larmes dans un sourire. J'avais quel âge ? Trois ans à peine. Et nous voilà tous les deux à Tlemcen. » Je reviens, chanson figurant sur son dernier album, Encore une fois, sortie en novembre 2022 était prémonitoire.
Patrick Bruel est arrivé ce mercredi 1er février en Algérie, « là où il a laissé un bout de cœur caché » pour cinq jours avec sa mère, Augusta. Tous les deux vont visiter leur terre natale, Tlemcen, dans l'ouest de l'Algérie.
C'est là que l'artiste interprète aux millions de disques vendus et aux multiples récompenses, aussi comédien et grand joueur de poker, est né le 14 mai 1959. Patrick Bruel, qui s'appelle encore Patrick Benguigui n'y restera que trois ans.
Pendant que j'écrivais cette chanson (Je reviens), j'ai reçu un coup de téléphone m'informant que les autorités algériennes souhaitaient que je revienne en Algérie et qui plus est avec ma maman. C'était un signe pour moi
Patrick Bruel
Patrick Bruel.
En 1962, alors que l'Algérie accède à son indépendance, il s'installe avec sa mère à Argenteuil, dans la banlieue parisienne. Jusqu'à aujourd'hui, Patrick Bruel n'était jamais revenu en Algérie.
En novembre 2022, il témoignait sur RTL : « Pendant que j'écrivais cette chanson (Je reviens), j'ai reçu un coup de téléphone m'informant que les autorités algériennes souhaitaient que je revienne en Algérie et qui plus est avec ma maman. C'était un signe pour moi. Donc on est en train de préparer ce voyage que j'ai fantasmé, que j'ai imaginé. J'espère le rendre réel dans les semaines qui viennent. Français, juifs, Berbères. C'est beau. »
Lors d'une rencontre avec les lecteurs du Parisien en novembre 2022, Patrick Bruel a affirmé que parents et ses grands-parents l'avaient toujours élevé « dans l'amour de l'Algérie, sans mots de haine ou de revanche concernant son pays de naissance ».
Après la visite à Tlemcen, qui comprendra notamment un retour dans le quartier et l'école de son enfance, Patrick Bruel viendra visiter Alger.
Par Adam Arroudj
Publié hier à 15:48
https://www.lefigaro.fr/international/patrick-bruel-de-retour-a-tlemcen-sa-ville-natale-en-algerie-1-20230201
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Rédigé le 02/02/2023 à 08:55 dans Algérie, Chansons, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 23/01/2023 à 10:45 dans Chansons | Lien permanent | Commentaires (0)
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Rédigé le 18/01/2023 à 15:02 dans Chansons | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 16/01/2023 à 17:28 dans Chansons, Cinéma | Lien permanent | Commentaires (0)
Alger, capitale, au commencement des « sixties »
Les pieds-noirs quittent le navire, les colons dératisent
1961, période estivale, c'est la guerre d'Algérie et son festival
Et son lot de discrimination, de tortures, d'exactions tout un ramassis d'ordures
Quelques degrés au Nord de l'équateur
Je quitte l'Algérie française, un pincement dans le coeur
Voici mon parcours Ahmed, fils de Mohamed
Gangrené du corps par la misère du Maghreb
Par les meurtres les soirs de couvre-feu, par la peur du soldat français qui ouvre le feu
Ouvre les voiles petit paquebot libérateur
Emmènes moi au pays des employeurs
Loin de l'inactivité beur algéroise
Loin de ceux qui transforment nos mosquées en paroisses
Basilique de Notre-Dame d'Afrique s'éloigne de mon regard lorsque les mouchoirs s'agitent
Verse une larme dans la méditerranée
Une goutte d'eau dans la mer contient la peine de ma terre damnée .
Accoste a Marseille, port autonome, Citée Phocéenne un étranger parmi les autochtones
Direction Saint Charles gare ferroviaire embarquement quai 7, voiture 6, wagon fourrière
Croise le regard des îlotiers me foudroyant le cœur comme un tir de mortier
Reçoit la flèche de la haine par les appelés du « Contingent »
"Tes papiers !
- Je suis français missié l'agent "
Chemin de fer, terminus Paris Gare de Lyon
La métropole et son peuple par million
Quelques dizaines de francs serrés dans un poing
Serviront de premier contact au café du coin
Moi qui cherchait de la chaleur j'eu le sang glacé
Quand mes yeux rencontrèrent les leurs couleur iceberg bleuté
Bluffé par leur manque d'hospitalité ainsi sont-ils ?
Moralisateurs sans moralité
Démoralisé je reprends le chemin lequel me conduira dans les quartiers maghrébins
Nanterre, monticule de bidonvilles habitation précaire pour mon entrée en vie civile
"Je ne laisserais pas les cœurs du FLN faire la loi dans Paris !
A partir de maintenant pour un coup reçu … vous en rendrez 10 ! "
Ici rien de bon pour les ratons m'a dit le commissaire sanguinaire de mon canton
Après m'avoir uriné sur les mains, le gardien de la paix casse du cru au quotidien
17eme jour du mois d'octobre, le FLN a décidé de mettre fin a l'eau propre
En effet, le journal de la veille titrait :
"COUVRE-FEU RECOMMANDÉ POUR LES IMMIGRÉS"
Non ! La réaction ne s'est pas faite attendre
Algériens de France dans les rues nous allons descendre
Protester contre leurs lois discriminatoires
Investissons leurs ponts et leurs centres giratoires
Embarqué dans un cortège pacifique, nous réclamons justice pour nos droits civiques
Mais la police ne l'entend pas de cette oreille
En cette période nous sommes un tas de rats rebelles
Marchons en direction du pont Saint-michel
Nous verrons bien quelle sera l'issue de cette querelle
Une fois sur la berge j'aperçois le cortège d'accueil
Qui souhaite faire de ce pont notre cercueil
Les camps s'observent et se dévisagent
Un silence de mort s'installe entre les deux rivages
Puis une voix se lève, scande " A bas le couvre-feu " et ouvre le feu
La première ligne s'écroule et commence la chasse à l'homme
Je prends mes jambes à mon cou, comme un pur-sang je galope
Mais le pont est cerné, nous sommes bernés
Dans une prison sur pilotis nous sommes enfermés
Pas une, pas deux mais une dizaine de matraques viennent me défoncer le crâne
Et mes os craquent sous mon anorak
Ma bouche s'éclate bien sur le trottoir
Leurs bouches s'esclaffent bien grandes de nous voir
" Nous allons voir si les rats savent nager
Au fond de la Seine vous ne pourrez plus vous venger "
Inconscient, gisant dans mon propre sang
Les brigadiers en chef par tous les membres me saisissant
Amorce ma descente là où passent les péniches
S'assurent de ma mort frappant ma tête sur la corniche
Je tombe comme un déchet au vide-ordure
Dans la chute violemment ma nuque a touché la bordure
Liquide poignardant tout mes orifices, le fleuve glacial un bûcher chaud pour mon sacrifice
Monsieur Papon a jugé bon de nous noyer
Aucun pompier pour étouffer le foyer
On n'éteint pas des braises avec un verre de GASOLE
Sans penser aux tirailleurs et combattants zouaves
Mon cadavre emporté pas le courant
Seras repêché dans les environs de Rouen.
D'étranges nénuphars flottent sur la Seine
Séquence long métrage les yeux plongés dans la seine
Dégât des eaux pour les gens des humans-zoo
Déshumanisés les basanés ne font pas de vieux os
D'étranges nénuphars flottent sur la Seine
Séquence long métrage les yeux plongés dans la Seine
Dégât des eaux pour les gens des humans-zoo
Déshumanisés les basanés ne font pas de vieux os
Un sceau de pisse dans lequel on nois des rats
Octobre noir, ratonnade sur les boulevards
Ici rien de bon pour les ratons m'as dit le commissaire Maurice Papon
4 mois plus tard on ratonne a Sharon
Les "crouilles" et les "cocos" qui aident les "bougnoules"
132 ans d'occupation française ont servis à remplacer nos cœurs par des braises
Algérie en vert et blanc, étoile et croissant
Devoir de mémoire grandissant.
Jezzaïre.
J'ai l'sang mêlé, un peu colon un peu colonisé
Un peu colombe sombre ou corbeau décolorisé
Médine est métissé, Algérien-français
Double identité, je suis un schizophrène de l'humanité
De vieux ennemis cohabitent dans mon code génétique
A moi seul j'incarne une histoire sans générique
Malheureusement les douleurs sont rétroactives
Lorsque ma part Française s'exprime dans le micro d'la vie
Pensiez-vous que nos oreilles étaient aux arrêts ?
Et que nos yeux voyaient l'histoire par l'œil d'Aussaresses ?
Pensiez-vous que la mort n'était que Mauresque ?
Que le seul sort des Arabes serait commémoré ?
On n'voulait pas d'une séparation de crise
De n'pouvoir choisir qu'entre un cercueil ou une valise
Nous n'voulions pas non plus d'une Algérie française
Ni d'une France qui noie ses indigènes dans l'fleuve de la Seine
Pourtant j'me souviens ! du FLN qu'avec Panique et haine
Garant d'une juste cause aux méthodes Manichéennes
Tranchait les nez de ceux qui refusaient les tranchés
dévisagé car la neutralité fait d'toi un étranger
tout les français n'étaient pas Homme de la machine
praticiens de la mort, revanchards de l'Indochine
Nous souhaitions aux algériens ce que nous voulions 10 ans plut tôt
Pour nous même, la libération d'une dignité humaine
Nous n'étions pas ! Tous des Jean Moulin mais loin d'être Jenfoutistes
proches de Jean Paul Sartre et des gens jusqu'auboutiste
tantôt communiste, traitre car porteur de valise
tantôt simple sympathisant de la cause indépendantiste
j'refuse qu'on m'associe aux généraux dégénérés
mes grands parents n'seront jamais responsables du mal généré
du mal a digéré que l'histoire en soit a gerbé
qu'des deux côtés de la méditerranée tout soit exacerbé
Alger meurt / Alger vie
Alger dort / Alger crie
Alger peur / Alger prie
Alger pleure / Algérie
J'ai l'sang mêlé un peu colon un peu colonisé
Un peu colombe sombre ou corbeau décolorisé
Médine est métissé Algérien-Français
Double identité, je suis un schizophrène de l'humanité
De vieux ennemis cohabitent dans mon code génétique
A moi seul j'incarne une histoire sans générique
Malheureusement les douleurs sont rétroactives
lorsque ma part Algérienne s'exprime dans le micro d'la vie
Pensiez-vous qu'on oublierait la torture ?
Que la vraie nature de l'invasion était l'hydrocarbure ?
Pensez t-il vraiment que le pétrole était dans nos abdomens ?
Pour labourer nos corps comme on laboure un vaste domaine
On ne peu oublier le code pour indigène
On ne peu masquer ca gène, au courant de la gégène
Electrocuter des Hommes durant six ou sept heures
des corps nus sur un sommier de fer branché sur le secteur
on n'oublie pas ! les djellabas de sang immaculé
la dignité masculine ôtée d'un homme émasculé
les corvées de bois, creuser sa tombe avant d'y prendre emplois
on oublis pas les mutilés à plus de trente endroit
les averses de coup, le supplice de la goutte
les marques de boots, sur l'honneur des djounnouds
on n'oublie pas ! les morsures du peloton cynophile
et les sexes non circoncis dans les ventres de nos filles
on n'omet pas ! les lois par la loi de l'omerta
main de métal nationale écrase les lois Mahométane
et les centres de regroupement pour personne musulmane
des camps d'concentration au sortir de la seconde mondiale
on n'oublie pas ses ennemis
les usines de la mort, la villa Sesini
épaule drapée -- vert dominant sur ma banderole
ma parole de mémoire d'Homme les bourreaux n'auront jamais l'bon rôle
Alger meurt / Alger vie
Alger dort / Alger crie
Alger peur / Alger prie
Alger pleure / Algérie
J'ai l'sang miellé, au trois quart caramélisé
Naturalisé, identités carbonisés
Médine mais qui c'est ? Méditerranée
ou mer du nord salé ? Tamponné Made in terre damné
le plus dur dans une guerre c'est de la terminer
que la paix soit une valeur entérinée
les vieux ennemis nourrissent une rancœur pour l'éternité
si l'Algérie s'enrhume c'est que la France a éternué
alors ont dialogue en se raclant la gorge
en se rappelant les morts avec le tranchant du bord
on marque le score à chaque nouvelle écorche
recompte les corps à chaque nouvel effort
du martyr au harki du colon jusqu'au natif
qui s'battirent pour sa patrie ? et qui pour ses actifs ?
du pied noir au maquisard ont est tous en mal d'histoire
Alger la blanche - Alger la noire
Alger meurt / Alger vie
Alger dort / Alger crie
Alger peur / Alger prie
Alger pleure / Algérie
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Rédigé le 08/01/2023 à 15:01 dans Chansons, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
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Rédigé le 06/01/2023 à 11:37 dans Chansons, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
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