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Rédigé le 25/09/2023 à 15:32 dans Camus | Lien permanent | Commentaires (0)
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Rédigé le 25/09/2023 à 15:19 dans colonisation, Lejournal Depersonne | Lien permanent | Commentaires (0)
Vidéo ajoutée par Michel Dandelot
Par micheldandelot1 dans Accueil le 25 Septembre 2023 à 09:26
http://www.micheldandelot1.com/les-ratonades-d-alger-1956-prix-lyceen-d-histoire-2023-entretien-avec--a214822507
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Rédigé le 25/09/2023 à 09:27 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Précieux témoignage de Si Ouali Ait Ahmed, ancien officier de l'ALN
La chaleur était insupportable, au lever du soleil. Les mouches, aussi nombreuses que collantes, ne cessaient de nous taquiner, à travers les sillons tracés par les épines des ronces, sur nos mains et nos visages.
La gorge sèche et le ventre creux, nous ne prîmes, à trois, qu'une boîte de sardines à l'huile et une pomme rouge, que m'avait remise Zahra Boudjida, l'infirmière moudjahida, à notre sortie du refuge des Alileche. Nous ne pouvions même pas étancher la soif, malgré la proximité du ruisselet d'eau, qui coulait à deux pas de nous, au milieu du lit de la rivière, de peur d'être repérés par des postes ennemis, tous proches.
Au coucher du soleil, nous quittâmes notre gîte, pour nous débarbouiller, quelque peu, et poursuivre notre chemin, en passant, par le village Fliki, où nous attendait un groupe de moudjahidine, dont Si El-Habachi, afin de nous accompagner, pour le reste du trajet. Retiré, un petit peu, à l'écart, pour des besoins naturels, par pressentiment, je ne lâchai pas ma mitraillette MAT 49, dans ma position. Tout à coup, je vis un, deux, trois hommes en tenues militaires qui défilaient, le corps courbé. Vite, j'allai en informer mes compagnons et prîmes le cours d'eau, dans le sens contraire de son écoulement. C'était, alors, des crépitements, des sifflements de balles et mitraillage, à partir d'une petite colline surplombant notre refuge de fortune. Nous ne pouvions aller plus loin et nous nous rabattions, sur des buissons plus épais, en bordure de la rive gauche de Boubhir. La nuit tombait, le petit Amirouche, blessé à la jambe, ne pouvait supporter la douleur.
La seule fusée éclairante, dont disposait l'ennemi, nous a permis de voir toute une section de soldats occuper, en une rangée linéaire, le milieu du lit de la rivière. Avec la blessure, le petit Amirouche ne cessait pas de bouger dans le buisson touffu. L'ennemi déversait un déluge de feu, sur nous, en ayant capté le bruissement inévitable, que faisait le blessé. Quant à nous deux, qui étions à 1,5 m l'un de l'autre, encadrant le petit Amirouche, nous ne ripostions guère, pour ne pas signaler, par les flammes de tir de nos armes, la position exacte, que nous occupions.
Le doigt sur la gâchette de la MAT 49
Fusillades et mitraillage continuaient, sans interruption, mais sans aucune précision, du fait que l'ennemi ne disposait plus de fusées éclairantes. Alors, le chef ordonna de procéder, à des fouilles, à l'aide d'une torche électrique. La gorge sèche, mon coeur battait la chamade. Mon doigt, sur la gâchette de ma MAT 49, à culasse déjà manoeuvrée, nous suivions la progression lente du groupe de soldats, venus à notre recherche, la torche balayant les alentours, devant eux. Je suivais leur progression, en me disant, en mon for intérieur, que je ne pouvais vendre ma peau, sans entraîner quelques-uns de nos adversaires, dans la mort. Mon Dieu! Que c'était long et lent! Arrivés à hauteur du maquisard blessé et à peine à 1,5 m de moi, je tirai sur la gâchette et la rafale crépitait, sur la poitrine de celui qui semblait en être le chef. Il s'affala au sol, sans cri ni râle. Pris de panique, le reste du groupe détala, en hurlant: «Il est mort! Il est mort!». La peur avait, subitement, changé de camp!
Je me rapprochai du petit Amirouche, pour lui souffler de me suivre, sur le champ. Je descendis, vite, dans la mare, de la rivière, se trouvant, juste à un pas de mon emplacement. L'eau m'arrivait à la taille. Je pouvais me mouvoir, sans bruit, dans le sens de l'écoulement des eaux, la section ennemie occupant, toujours, le milieu du lit de Boubhir. Je croyais que, pouvant profiter, de la panique de l'ennemi, mes compagnons me suivraient. Il n'en était rien.
Tout le long de la mare, les eaux ne trahissaient point ma progression. Mais, à la limite de celle-ci, ne s'écoulait qu'un mince filet d'eau, qui ne pouvait étouffer le bruit de mes pas, je pris mes jambes, à mon cou et fonçais, dans le noir de la nuit, en direction du village Boubroun, situé à quelques encablures de la ville d'Azazga. Un énième déluge de feu s'abattit, en direction de ma course folle. J'atteignis, rapidement, l'autre rive, sans encombre et sans égratignure.
Essoufflé, je me hâtai, plus fort encore, dans une nuit sombre et protectrice, jusqu'aux haies de figuiers de Barbarie, se trouvant à l'entrée de Boubroun. Je m'immobilisai, pour reprendre mon souffle. J'entendis un bruit de pas, qui venait dans ma direction. Je remontai, pour contourner un figuier de Barbarie et voir ce qu'il en était. Le détachement continua la route, sans se rendre compte de ma présence. Je saurai, le lendemain, que c'était le commando, sous la direction de Si Moh Saïd N'Rougi, qui venait à notre rescousse.
Hors du danger, je réalisai que je ne pouvais me hasarder, sans escorte, dans un site que je connaissais mal. Je progressai, les oreilles aux aguets, jusqu'à hauteur d'une large silhouette, qui me paraissait être une vieille maison. À proximité, je tombai sur un talweg, qui pourrait me servir de gîte pour la nuit et de point d'observation, pour le lendemain, lorsqu'il fera jour. Cette nuit-là, je dormis profondément, insensible aux piqûres des moustiques, ni à la crainte d'éventuelle présence de scorpions, dont la région pouvait être infestée.
Le dur rationnement alimentaire
Au petit matin, je me réveillai, pour scruter les alentours et surveiller le mouvement, au sein du village Boubroun, se trouvant en contrebas. À moins de 100 m, à ma droite, se trouvait une maison traditionnelle. Les yeux et les oreilles étaient en éveil. L'attente se faisait longue et le temps s'écoulait à la vitesse d'un reptile repu ou engourdi, par la fraîcheur du matin. Pas d'eau, pour me désaltérer, ni de miche à me mettre sous la dent. Le soleil inondait, d'une clarté éblouissante, la vallée de Boubhir et me dardait de ses rayons brûlants. Je m'humidifiai, difficilement, de ma salive sécrétée, à petites doses. La faim me tenaillait les entrailles. Et le coucher du soleil tardait à venir!
Vers 17h, j'aperçus une femme, sortir de la maison, précédemment citée. La joie et la peur se mêlaient et s'entremêlaient, en moi: avais-je affaire à quelqu'un de sûr? À une dame, qui pouvait vendre la mèche? Je décidai de l'interpeller, à voix basse et douce. Relevant la tête, elle m'aperçut, surprise. Elle me fit signe de la suivre à la maison, où elle me précéda, rapidement, pour aviser son fils, de mon âge environ. Les deux me firent asseoir, sur une natte, à même le sol, pour me donner des figues fraîches et de l'eau. La brave femme me fit savoir, qu'avec le rationnement alimentaire, imposé par l'ennemi, elle ne pouvait m'offrir qu'une poignée de figues sèches, à tremper dans une petite assiette de terre cuite, à moitié remplie d'huile d'olive, en attendant son retour de chez les voisins.
Je leur racontai l'accrochage de la veille, avec les soldats français et les invitai à me mettre, rapidement, en contact, avec quelque groupe, que ce soit, de l'A.L.N. Un quart d'heure plus tard, arriva une dame, qui cachait sa bouche d'un pan de sa «fouta», en demandant, à la maîtresse de céans, si elle ne possédait pas d'oeufs à vendre. J'avais deviné, qu'elle a été avisée, de ma présence, par cette dernière. Tout en lui souriant, je l'invitai à baisser le pan de sa «fouta» et qu'elle n'avait rien à craindre, du fait qu'elle avait, en face d'elle, un moudjahid et non un soldat ennemi. Ayant compris à qui elle avait affaire, je lui demandai de me mettre, rapidement, en contact, avec un groupe de combattants de l'A.L.N. À la tombée de la nuit, deux moudjahidine, dont Si Saïd Guerdi, de la section de protection du P.C. de Wilaya, se pointaient, chez les Amellal qui m'ont hébergé, jusqu'alors.
La mort du goumier tortionnaire
Ils m'escortaient, jusqu'à Ibelkissen (Fliki), où j'ai retrouvé le sous-lieutenant Si El-Habachi, l'aspirant Si Lounes Arib, dit Lounes Nath Bouhini et un groupe important de moudjahidine. Ma joie était à son comble lorsque j'ai aperçu, parmi ces derniers, le moudjahid Si Mohand Khimeche, du village de Chebel, dont je n'ai pas eu de nouvelles, depuis l'accrochage de la veille, le 6 septembre 1961.
C'était là, qu'il me dira, qu'ils ne pouvaient, lui et le petit Amirouche Arkam, me suivre, après ma folle échappée. L'ennemi ayant occupé, en longueur, le lit de la rivière, il n'a pu s'échapper, à son tour, qu'aux environs de 23h, après avoir été témoin éloigné de l'achèvement, à bout portant, du petit Amirouche, avec des balles assassines.
Après le souper, nous décampâmes pour remonter jusqu'à la crête dominant le village Aït-Bouhini. Deux heures de repos nous ont permis de reprendre la marche, pour atteindre la partie de l'Akfadou, qui surplombe le village Chebel. Replongés dans notre milieu ambiant, nous reprîmes le chemin, jusqu'à la «boîte» de Wilaya, dont le responsable n'était autre que Si Mohamed Ould-Moussa, ancien technicien de la R.T.A. (Radio Télévision d'Alger), qu'il a désertée fin d'année 1956. Le trajet de la «boîte» au P.C. de Wilaya, était, pour nous, du gâteau, tellement, le terrain est plat. Nous y arrivâmes le 12 septembre, au petit matin, sous l'oeil vigilant de la sentinelle, non sans prononcer le mot de passe. J'y étais accueilli en héros, la nouvelle de l'accrochage de Boubhir, m'ayant précédé au P.C., le commandant Si Tayeb Seddiki m'informant que les femmes de ce village, ne cachaient pas leur joie d'apprendre la mort de «Bouchama», le goumier tortionnaire, des balles de Si Ouali, pour lequel, elles ont, déjà composé des hymnes en son honneur.
Le lendemain, un courrier, émanant de la Zone 33, nous informera de la récupération de deux P.M MAT 49, d'un Mauzer allemand et d'un Colt 11,43, par le commando A.L.N. de la Région 332 (Tizi Ouzou), sur un officier, un chef harki et deux soldats de l'armée ennemie, à Ath-Douala. Le combat ne baissait pas d'intensité, malgré les négociations en cours. Cela n'était que la suite de l'enlèvement des postes militaires d'Agoummoune et d'Aït-Mesbah, de la même Région, par l'A.L.N., tous deux relevant de l'autorité du sinistre capitaine Odinot, qui se targue et se vante, dans ses écrits, «d'avoir pacifié les Béni-Douala, à 95%»!...
Je ne terminerai pas, sans m'incliner devant la mémoire de nos chouhada, tout en rendant un vibrant hommage, à tous les combattants, hommes et femmes, du F.L.N/A.L.N., qui ont continué la lutte, jusqu'à la victoire finale. Sans «ceux qui se battent», notamment en procédant à des enlèvements de postes militaires, De Gaulle, président de la République française, n'aurait pas «plié» la gaule, pour envoyer des émissaires, négocier le cessez-le-feu et l'autodétermination, que le régime colonial a toujours refusés, depuis le 1er Novembre 1954.
Par Si Ouali Ait Ahmed
*Ancien officier de l'ALN et secrétaire du PC de la Wilaya III historique
| 25-09-2023
https://www.lexpressiondz.com/nationale/l-accrochage-de-boubhir-a-azazga-373807
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Rédigé le 24/09/2023 à 20:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
Une légère pointe d’accent pied-noir colore la voix de Patrick Mesner. Et pourtant. Il a quitté son Algérie natale très jeune, une première fois en 1962, lors du déracinement général. Il a 9 ans et il est orphelin de mère. Quand son père intègre l’armée à Mers el-Kébir, il revient en Algérie. Il en connaît donc les odeurs, les couleurs, il en a des souvenirs précis, ceux de l’enfance et de l’adolescence qui vous hantent à jamais.
Sur ses années algériennes, celui qui deviendra photographe puis grand reporter pour France 3, a déjà fait paraître deux ouvrages : « La tombe de ma mère » en 2004 et « Le temps suspendu » en 2012. Textes agrémentés de photos. Pour clore une trilogie, sort en ce moment « L’Horloge du temps », texte non illustré et édité par ses soins aux Carnets du sud.
Le livre raconte les deux voyages qu’il a entrepris en Algérie en 1990 et 1993, lors de la décennie noire qui a frappé le pays en guerre civile. « En 1990, j’étais reporter à France 3 Marseille et je suis parti pour couvrir les premières élections libres multipartites, raconte le journaliste. C’était la première fois que je revenais en Algérie et nous étions partis un mois avant les autres organes de presse. De ce fait, nous avons eu des interviews du Front islamique du salut (FIS), de Bouteflika… Toutes les autres chaînes ont repris mes images… »
À la faveur de ce déplacement, Patrick Mesner décide de retrouver la tombe de sa mère. Une quête qui le mènera de cimetière en cimetière d’Alger jusqu’à arriver au bon endroit… fermé. Il escaladera le portail pour se recueillir sur la tombe maternelle. Le chapitre est poignant.
https://www.sudouest.fr/culture/histoire/charente-maritime-patrick-mesner-je-suis-un-ouvrier-du-regard-16751954.php
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Rédigé le 24/09/2023 à 15:28 dans France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Vous connaissez Kahina ? Considérée comme l’une des premières féministes de l’Histoire (par Gisèle Halimi par exemple), cette guerrière berbère du 7e siècle unifia la résistance contre les armées de l’empire omeyyade avant de mourir au combat.
En 686, Kahina prend la tête de la résistance berbère à la conquête musulmane de l’Afrique du Nord. Alors que les armées omeyyades abordent l'Afrique du Nord, la Kahina organise la résistance berbère, unifie de nombreuses tribus d’Afrique du Nord et inflige aux envahisseurs arabes deux cuisantes défaites.
Sa première bataille a lieu à Meskiana. Appelée « bataille des chameaux », c’est aussi sa première victoire militaire. De nuit, l’armée de Kahina se dissimule dans la montagne et prend en embuscade les troupes ennemies.
Après sa seconde victoire en 695, Kahina règne sur l’Ifriqiya, un royaume d’Afrique du Nord, des montagnes de l’Aurès aux oasis de Gadamès (comprenant la Tunisie, l’est de l’Algérie, l’ouest de la Libye) pendant plus 5 ans. Elle ne mène aucune représailles contre les musulmans.
Consciente que l'ennemi est très puissant, et va revenir, Kahina pratique la politique de la terre brûlée en vue de dissuader l’envahisseur de s’approprier les terres. Cette politique a pour effet de perdre le soutien d’une partie de son peuple, les sédentaires et les habitants des oasis, sans pour autant décourager les armées arabes.
En 703, Hassan Ibn Numan revient à l’assaut avec des renforts du calife Abd Al-Malik qui lui accorde plusieurs milliers de guerriers avec pour but de reconquérir l'Ifriqiya. Elle meurt au combat.
Cheffe militaire, héroïne berbère, figure de la résistance, Kahina nourrit les légendes et les archives sont rares.
Symbole de la lutte pour l’indépendance à l’identité plurielle, Gisèle Halimi la considère comme l’une des premières féministes de l’Histoire et lui consacre un livre en 2006. Une statue à Baghaï, en Algérie, lui rend femmage.
JULIETTE.RAYNAUD
24 SEPTEMBRE 2023
https://blogs.mediapart.fr/julietteraynaud/blog/240923/les-femmes-ou-les-oublis-de-lhistoire-episode-29-kahina
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Rédigé le 24/09/2023 à 10:08 dans Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Les cendres des révoltes ont refroidi, mais pas la colère ni, pour certains, l’espoir. Au pied des tours Nuages, tous constatent une absence complète de l’État sous une autre forme que policière. Avec des tensions guère apaisées.
NanterreNanterre (Hauts-de-Seine).– Après le séisme autour de la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre, plusieurs questions brûlent encore les lèvres de certaines habitantes et habitants de la cité Pablo-Picasso. Comment se reconstruire mentalement après ce drame ? Quel avenir pour le « lieu du ban » ?
D’autres ne regardent pas aussi loin dans le temps. « Et demain, quoi ? Le statu quo ? Est-ce que notre situation va changer ? Pas un mot de Macron, pas un changement annoncé. L’été est passé et on a déjà été oubliés ? », demande une habitante de la tour 11 dont les mosaïques en pâte de verre portent encore les traces des incendies déclenchés durant les nuits de la colère.
« Il y a quand même un petit jeune qui est mort parce qu’il a fait l’adolescent rebelle devant des policiers. À quoi ça sert, cette tragédie, si on ne reconstruit pas derrière ? C’est insupportable ce silence ! », s’insurge-t-elle.
Les images de ces révoltes ont fait le tour du monde. Aussi révélatrices fussent-elles, elles n’ont rien changé au quotidien des habitant·es de Nanterre et des banlieues de France. Aucun·e responsable politique n’est venu·e mettre les pieds à la cité Pablo-Picasso ni ailleurs pour prendre le problème à bras-le-corps. Aucune annonce n’a été faite sur un énième, certes symbolique, « plan banlieue », comme si la problématique n’existait plus – le gouvernement prétend « prendre le temps » et un comité interministériel de la ville est prévu le 9 octobre.
En attendant, les problèmes ne restent jamais là où ils sont. Ils s’étendent.
À commencer par celui du rapport entre les jeunes et les policiers de Nanterre. Pas un jour ne passe sans une provocation de la police d’un côté ou de groupes de jeunes de l’autre. C’est la question qui préoccupe le plus les habitant·es.
Comme tous les soirs de la semaine, sur les bancs de la dalle au pied de la tour 19, des jeunes et moins jeunes se rassemblent pour profiter des derniers jours de l’été. Certains discutent. D’autres fument et écoutent. Depuis la mort de Nahel, les conversations tournent en boucle sur la police.
« Je ne vois pas d’évolution positive dans les rapports entre police et population dans notre quartier. La situation s’est même dégradée », se lance Smaïn L., natif et habitant du quartier.
« Tout a brûlé ici et pourtant les institutions adoptent encore la politique de l’autruche sur la question des violences policières. Je suis convaincu que les autorités savent pertinemment l’état de la situation mais choisissent par manque de courage de ne pas lancer les réformes nécessaires. Je crains que d’autres drames de cette nature se reproduisent », prévient-il.
Les jeunes sont toujours en colère. Et je ne pense pas que les policiers se soient calmés.
Les policiers se remettent-ils en question depuis ? Ont-ils entamé un dialogue pour apaiser la situation ?
« Il y a eu une période d’accalmie après les révoltes, mais j’ai l’impression que ça repart de plus belle », poursuit Petit D., une autre figure du quartier. Après les congés estivaux, il pensait que la colère était retombée. Pourtant, il raconte avoir assisté la veille à une altercation avec une voiture des « méchants » de la BAC, la brigade anticriminalité, qui passait par l’avenue Pablo-Picasso. Petit D. est témoin d’une situation au départ banale mais qui va s’envenimer entre les policiers en civil et un groupe.
La voiture, quatre policiers à son bord, ralentit au niveau d’un groupe de jeunes personnes. « Là, l’un des jeunes était tellement en colère qu’il s’est mis en face de la fenêtre de l’un des policiers en l’insultant de tous les noms et lui a proposé de se battre. Les policiers semblaient estomaqués. D’habitude, ça ne se passe pas comme ça. On dirait que le rapport de force a changé. Les jeunes se sentent un peu plus capables. Je ne sais pas si ça va s’aggraver. Mais ça ne présage rien de bon. Les jeunes sont toujours en colère. Et je ne pense pas que les policiers se soient calmés. Il y a une fracture nette », assure-t-il.
Fayçal Kasmi, autre trentenaire habitué des discussions tardives sur la dalle, tempère. « On ne peut pas dire que la relation entre nos jeunes et la police s’améliore, au contraire, je pense qu’elle se dégrade, c’est vrai. Mais les gars, le vrai problème il est bien plus profond, les deux ne se connaissent pas. La police ne peut pas faire correctement son travail si les citoyens qu’elle a pour vocation de protéger ne la connaissent pas et n’ont pas confiance. »
L’un des jeunes assis sur le banc l’interpelle. « Et tu veux faire comment pour qu’ils apprennent à nous connaître ? »
Fayçal s’approche et lui pose une main sur l’épaule. « Bah, on doit apprendre à communiquer et à se faire confiance pour pouvoir avoir une police qui nous protège. Il faut un dialogue. Pas une police braquée d’un côté et une jeunesse sous tension de l’autre, où aucune des deux parties ne gagne quoi que ce soit. On peut pas dire que la politique de la ville ne soit pas efficace. Maintenant, est-ce que ça suffit ? Non. Il faudrait plus de communication entre les citoyens et la police. »
Le jeune adolescent hésite à contredire l’adulte, puis semble acquiescer plus par politesse que par consentement.
À mesure que la conversation avance, les thématiques se succèdent. Morad B. lance le débat sur les retombées économiques possibles, si les responsables politiques décidaient de développer le potentiel de la ville de Nanterre. « Si c’est le cas, je pense que sur le plan économique, Nanterre va exploser. » Certains soupirent. Mais Morad poursuit. « Les gars, on est proches de la Défense et de Paris. Et des villes voisines, Nanterre est la seule à avoir un quartier populaire HLM collé à la Défense. C’est obligé, ce potentiel va être exploité, vous verrez. »
Un autre jeune le contredit. « Imagine que ce soit vrai, OK. Et alors ? Ça sera au détriment de la population. Tout le monde va partir. Y aura plus d’ouvriers, ni tous les darons qui ont grandi dans les bidonvilles. Que des bobos. Le seul changement qui arrivera, c’est le changement de population. Le quartier va perdre son âme. »
Smaïn vient à la rescousse de Morad. « Sur le plan économique, la situation est trompeuse, il y a plus d’opportunités de travail aujourd’hui qu’il y a quelques années. C’est en partie lié à l’ubérisation de la société. Les gens survivent plus qu’ils ne vivent et le pouvoir d’achat est faible à cause de l’inflation impressionnante. Mais pour positiver un peu, je constate également une forte volonté de se lancer dans presque tous types de business de la part de jeunes entrepreneurs et entrepreneuses en provenance des quartiers populaires. Regardez le nombre de restaurants, de petits commerces mais aussi de boîtes de services ou de transport qui sont maintenant tenus par des personnes issues de l’immigration. C’est positif et ça montre l’exemple aux autres. »
« Voilà, renchérit Morad, il y a une vraie prise de conscience. On veut plus se laisser faire. On veut prendre les rênes et être acteurs de nos vies. Ça passe par le travail, par la création d’entreprises. Après, c’est vrai qu’on n’est pas soutenus par l’État. La mairie nous écoute, oui, mais c’est à nous de nous prendre en main, les gars. »
L’État, je n’y crois pas.
Un silence s’installe durant quelques minutes puis Smaïn reprend le fil de la conversation, cette fois-ci sur le plan politique. « Le gouvernement se gave de sondages d’opinion. Ils gèrent certains sujets avec en tête ce qui obsède les Français. Par exemple, la lutte contre la fraude aux prestations sociales ou bien l’immigration, la sécurité et le soi-disant laxisme de la justice. Mais les vrais problèmes sont étouffés par des stratégies de communication politique. Comme l’histoire de l’abaya », ironise Smaïn en tirant profondément sur sa cigarette. Certains hochent la tête en signe d’approbation.
Petit D., rallumant une cigarette, abonde en ce sens. « Franchement, je m’attendais à un énième plan banlieue du gouvernement qui allait nous allouer de la thune pour tenter de nous apaiser, mais rien du tout. Même ça, ils n’en ont rien à foutre. Les circonstances les arrangent. Donc l’État, je n’y crois pas. Les associations, elles, vont continuer le boulot. L’unité des groupes sociaux acceptés dans le quartier va se renforcer. Rien n’a été cassé chez eux d’ailleurs. Tous les commerces, sauf les tabacs, c’est vrai, n’ont pas été touchés. Les jeunes ont fait la part des choses. Ça va renforcer la solidarité entre les habitants, mais il ne faut plus compter sur l’aide de l’État. »
Il se lève et ajoute avant de partir : « Il n’y aura aucun impact, la situation après Nahel va encore plus diviser la France et les gens vont se replier sur eux-mêmes. Ici et ailleurs. Ça sera encore plus marqué. Il va falloir se débrouiller, les gars. »
Force est de le constater. À Nanterre et dans toutes les banlieues de France, le gouvernement fait face à une défiance croissante de la population à l’égard des responsables politiques. Pourtant, que ce soit sur un banc ou ailleurs, les citoyen·nes expriment fréquemment leur volonté d’être davantage consulté·es et impliqué·es dans la prise de décision publique.
Loin des préoccupations du gouvernement, c’est pourtant à l’Assemblée nationale que cette conversation autour de l’après-Nahel aurait dû se tenir. Trois mois à peine après la tragédie du 27 juin 2023, comment envisager un avenir stable pour une population qui, qu’on le veuille ou non, reste marginalisée ?
Un adolescent a été tué. Il s’appelait Nahel Merzouk. Et son nom restera gravé dans les mémoires et sur les murs en lettres de colère. Les cendres des nuits de révolte qui ont enflammé la France ont refroidi. Mais elles sont toxiques.
Feurat Alani
24 septembre 2023 à 10h53
https://www.mediapart.fr/journal/france/240923/un-certain-avenir-la-cite-pablo-picasso
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Rédigé le 24/09/2023 à 09:08 dans Racisme, Société, Violences policières | Lien permanent | Commentaires (0)
Des voyages, des montres de luxe, des espèces en pagaille et un million de dollars : l’« escroc du siècle », Arnaud Mimran, également soupçonné de trois meurtres, parle beaucoup en prison de son ami « Bibi », alors que sa cellule et ses parloirs ont été sonorisés avec des micros. Il se livre aussi sur le député français Meyer Habib.
ÀÀplus de trois mille kilomètres d’Israël, le nom de l’actuel premier ministre du pays, Benyamin Nétanyahou, a résonné dans un drôle d’endroit : une cellule française. Plus précisément au centre pénitentiaire du Havre (Seine-Maritime), où un proche du chef du gouvernement israélien, l’homme d’affaires Arnaud Mimran, purge plusieurs peines de prison.
Ses états de service sont particulièrement lourds : condamné en première instance et en appel à huit ans de prison pour la gigantesque escroquerie aux quotas carbone, aussi nommée « le casse du siècle » ; condamné en première instance et en appel à treize années de réclusion criminelle pour l’enlèvement, la séquestration et l’extorsion de fonds d’un financier turco-suisse ; et enfin placé en détention provisoire après ses mises en examen pour avoir commandité trois meurtres, dont celui d’un ancien complice de la mafia du carbone mais également celui de son ancien beau-père, le milliardaire Claude Dray – il nie tous les meurtres et bénéficie de la présomption d’innocence pour ceux-ci.
La proximité amicale et surtout les liens d’intérêts cachés entre Benyamin Nétanyahou et Arnaud Mimran avaient défrayé la chronique en 2016 après une série de révélations conjointes de Mediapart et du quotidien israélien Haaretz, qui avaient mis au jour les financements et libéralités diverses du premier au profit du second.
En cause, des versements d’argent et des invitations tous frais payés à Paris, Monaco ou Courchevel au début des années 2000, comme en témoignaient des photographies d’alors. À cette époque, Arnaud Mimran, fils d’un ancien numéro 3 du groupe Vinci condamné pour corruption, était un golden boy flamboyant, certes déjà soupçonné de divers délits d’initiés et dans le viseur du fisc, mais d’un charme à toute épreuve.
Cette relation financière avait d’abord été vigoureusement démentie par Benyamin Nétanyahou, surnommé « Bibi » dans son pays, puis reconnue par la suite dans une succession de versions autant contradictoires qu’embarrassées.
Le lien entre Mimran et Nétanyahou avait perduré. Certaines sources avaient ainsi assuré à Mediapart que « l’escroc du siècle » avait célébré avec Nétanyahou en 2009 en petit comité dans un hôtel de Tel-Aviv son élection à la tête du pays – l’étude des allers-retours de Mimran en Israël avait confirmé sa présence à cette période, qui correspondait aussi à celle du point culminant de l’escroquerie aux quotas carbone, qui fut en partie pilotée depuis Israël.
Mise sur la piste d’un possible financement électoral suspect, la justice israélienne avait annoncé regarder le dossier, avant d’abandonner toute idée d’enquête approfondie.
Fin de l’histoire ? pas si sûr. Car dans sa prison, Arnaud Mimran s’ennuie. Et il parle beaucoup. Au téléphone, notamment, et avec toutes sortes de correspondants. De longues discussions dont les policiers de la brigade criminelle de Paris n’ont pas perdu une miette. En effet, comme la loi l’autorise, sa cellule et ses parloirs ont été sonorisés entre juillet 2019 et avril 2021 à la demande des juges qui enquêtent sur les assassinats qui lui sont désormais reprochés. En clair, un placement sur écoutes réalisé à l’aide de micros discrètement posés en son absence.
Le contenu de ces interceptions récemment versées à la procédure, dont Mediapart a pu prendre connaissance, vient aujourd’hui non seulement confirmer ce qui a déjà été écrit sur la relation Mimran/Nétanyahou, mais jette une lumière plus crue encore sur la nature exacte du lien trouble qui unit le criminel emprisonné et l’homme politique le plus puissant d’Israël.
Dans une écoute datée du 17 juillet 2020, Arnaud Mimran retrace d’abord auprès de sa petite amie la liste de tous les lieux où il dit avoir pris en charge l’intégralité des frais de Benyamin Nétanyahou et de sa femme, Sara : à Saint-Tropez, Miami, Deauville, Monaco, Courchevel, mais aussi au Plaza-Athenée à Paris quand le couple ne dormait pas chez les Mimran, avenue Victor-Hugo, dans le XVIe arrondissement. « C’est moi qui payais pour tout, lui, il paye pas », glisse Arnaud Mimran à une interlocutrice au téléphone.
Il raconte alors une anecdote mineure mais salée, selon laquelle il a dû une fois régler un surplus de dépenses au Plaza pour 2 600 euros. La somme correspondait en partie à une explosion du nombre de petits-déjeuners pris par les Nétanyahou pour trois jours seulement. Il explique pourquoi : « Elle [Sara Nétanyahou – ndlr], elle adore prendre des jus d’orange. Le matin, par exemple, elle prenait un jus d’orange, elle en recommandait un autre mais elle commandait à chaque fois un petit-déjeuner, elle commandait pas un jus d’orange […]. Elle s’en foutait. » Sara Nétanyahou a été condamnée par le passé, en Israël, pour des frais de bouche extravagants.
Depuis sa prison, Arnaud Mimran parle aussi de la passion de Benyamin Nétanyahou pour le poisson façon Colbert du Fouquet’s, les cigares et les montres de la marque Panerai. « J’en avais acheté une pour moi. Il aimait. Donc je lui avais acheté une Panerai », dit-il. « Il adorait les cadeaux », ajoute-t-il, avec cette sentence : « Les politiques, c’est des gratteurs. »
J’ai donné un million à Nétanyahou.
Arnaud Mimran raconte que, alors au faîte de sa gloire, il utilisait Benyamin Nétanyahou et les dîners, nombreux, qu’il organisait avec lui pour faire prospérer ses propres affaires et montrer l’étendue de son réseau. « Quand j’avais besoin de travailler avec quelqu’un, je l’invitais à dîner avec Bibi. À Monaco, tous les soirs, je faisais un dîner, tous les soirs j’invitais la personne avec qui j’avais envie d’être en contact. » « Tous les mecs dans la finance, les feujs [juifs] avec qui je voulais travailler, allez hop… […] Ils me voyaient à mon avantage », confesse l’escroc.
Il poursuit : « Quand je l’avais à Paris, je l’amenais où je voulais. Il faisait ce que je voulais. » Et il livre cette confidence embarrassante : « Quand il accepte des espèces et tout de toi, ça y est, c’est fini, y a plus de barrière. Tu peux tout lui demander. » Arnaud Mimran évoque même des montants, parfois 10 000 euros, parfois 20 000, selon les occasions. « Il savait qu’il allait prendre son billet […]. Quoi qu’il arrive, il me disait oui. »
Dans un autre registre financier, Arnaud Mimran affirme encore, dans une écoute du 10 août 2020, avoir « donné un million à Nétanyahou » par l’intermédiaire d’un riche homme d’affaires d’origine géorgienne, Badri Patarkatsichvili, décédé en 2008. « J’ai dit à Bibi :“J’t’ai trouvé un mec qui te finance” », se souvient Mimran, qui ne dit pas sous quelle forme ni à quelle date le versement a eu lieu.
La proximité de l’escroc avec le Géorgien est véritable. Un ancien ami de Mimran, entendu en janvier 2022 dans les enquêtes sur les assassinats qui lui sont reprochés, a confirmé aux juges que Patarkatsichvili faisait partie des « Russes qu’Arnaud fréquentait ». « Avec Badri, on jouait au poker et il perdait tout le temps [...]. Les Russes nous invitaient sur leur bateau. C’était un truc de fou », continue ce témoin, qui assure que Mimran « rêvait de vivre avec les voyous ». Arnaud Mimran lui-même a reconnu en audition avoir fréquenté Patarkatsichvili, notamment au casino, à Saint-Martin, dans les Antilles.
Dans un rapport de mars 2021, la brigade criminelle relève également que dans une conversation de novembre 2020, « Arnaud Mimran expliquait [...] qu’il avait un puissant réseau d’influence composé notamment de Meyer Habib [député français – ndlr] et Benyamin Nétanyahou. Il se targuait du fait qu’il avait réussi, par le biais de ce réseau d’influence, à faire échouer un contrat de télécommunication en Israël » de l’un de ses « ennemis » en France. « Il enchaînait sur le fait qu’il n’hésitait pas à s’offrir les services de “gros voyous” pour faire pression sur “ses ennemis” », notaient encore les enquêteurs.
Interrogés, les services du premier ministre israélien n’ont pas donné suite aux questions de Mediapart sur les déclarations d’Arnaud Mimran.
En prison, le golden boy déchu s’est également montré particulièrement disert sur un autre homme politique, français celui-là : le député Meyer Habib, élu depuis 2013 à l’Assemblée nationale dans une circonscription des Français de l’étranger (notamment en Israël et en Italie). Meyer Habib est d’ailleurs lui aussi un intime de Benyamin Nétanyahou, qu’il a dit par le passé considérer comme un « frère ».
Dans une série d’écoutes réalisées entre juin et octobre 2019, Arnaud Mimran raconte ainsi à une correspondante qu’il sent bien que les « gens connus » de son entourage « ont peur d’être associés » à lui désormais. Au premier rang desquels Meyer Habib, relate-t-il. « Il fait maintenant le mec choqué », se plaint Mimran dans une interception. « Meyer, un moment, il a voulu prendre ses distances », lâche-t-il, amer, dans une autre.
C’est grâce à moi qu’il a été élu député, c’est moi qui lui ai financé tout.
Il ne lui en fallait manifestement pas plus pour se rappeler au bon souvenir du parlementaire. « Ça fait vingt ans que je lui fais gagner de l’argent. Il allait chez moi en vacances, à Courchevel, à Fisher [aux États-Unis – ndlr], je l’ai invité pendant vingt ans partout, après il a voulu faire genre… », explique Mimran à sa correspondante.
Il semble intarissable : « C’est grâce à moi qu’il a été élu député, c’est moi qui lui ai financé tout […]. C’est moi qui ai financé tous les dîners qu’il faisait, je lui finançais tout », a-t-il assuré, affirmant même « avoir fait des transactions avec lui ».
« Il a voulu faire croire qu’il n’était pas au courant du CO2 [l’escroquerie aux quotas carbone – ndlr], il a eu peur […], alors qu’il savait tout, je lui ai tout dit, à Meyer », dit encore l’escroc définitivement condamné.
Arnaud Mimran se souvient d’avoir été approché par Meyer Habib après les révélations de Mediapart et Haaretz sur Nétanyahou. Le député l’aurait mis en garde contre le fait qu’il puisse nuire à l’homme fort d’Israël. « Il me dit : “Arnaud, fais attention à pas te faire instrumentaliser, peut-être que tu ne le fais pas exprès, tu es en train de nuire à Nétanyahou”. Je lui avais dit : “Donc tu considères que si j’ai envie de nuire à Nétanyahou ou à toi, j'ai pas les éléments nécessaires, est-ce que u veux me mettre au défi ?” », l’aurait menacé Mimran, de son propre aveu. « Ça m’a mis dans un état de nerfs », confesse-t-il dans sa cellule. Avant d’admettre : « Je ferai jamais de mal à Bibi [...]. Je vais pas faire du mal à un copain à moi pour mon intérêt, c’est le début de la fin. »
« Je suis fiable », jure-t-il.
Il est aussi question, dans la bouche de Mimran, d’une maison dans la ville d’Eilat, en Israël, « achetée avec Meyer Habib ». « Il m’a dit : “On l’achète ensemble ?”, j’ai dit OK, mais j’ai jamais mis les pieds là-bas. » Arnaud Mimran parle d’une maison sur deux étages : « Au rez-de-chaussée, c’est Meyer Habib. Et moi au premier étage, avec la piscine sur le toit. Lui, il a sa piscine dans le jardin. »
L’étude des mouvements bancaires d’Arnaud Mimran du temps de l’arnaque aux quotas carbone montre que l’escroc avait utilisé un compte personnel ouvert à la Safra National Bank de New York qui, le 23 février 2010, avait opéré un virement de 180 000 euros vers un compte israélien ouvert au nom d’un office notarial. Or, le transfert était accompagné de la mention « avance sur l’achat d’une propriété », mais Mimran avait alors affirmé aux enquêteurs ne pas se rappeler à qui devait être affectée cette propriété.
Moins d’un mois plus tard, alors qu’il séjournait en Israël, Mimran avait transféré un million d’euros depuis le même compte à la Safra Bank au profit de celui d’un certain David Cohen à la Israel Discount Bank, dans la ville d’Eilat justement. Mimran a assuré cette fois aux enquêteurs qu’il s’agissait d’un agent immobilier et qu’il avait donné l’argent en vue de l’achat d’une propriété pour quelqu’un dont il ne se souvenait plus du nom.
Contacté par Mediapart, Meyer Habib a déclaré : « Colporter des accusations sur la base d’écoutes d’un détenu en détresse, accusé de meurtre, qui se sait écouté, n’est pas du bon journalisme ! » « Évidemment, ces accusations sont totalement fausses ! Les utiliser et les diffuser est calomnieux et mal intentionné », a-t-il cinglé, sans même accepter de prendre connaissance des questions précises que Mediapart voulait lui poser.
Entendu comme témoin en mars 2021 par les juges chargés de la résolution des assassinats – le député a donné à Arnaud Mimran une bague devenue une pièce à conviction dans l’un des crimes –, Meyer Habib avait affirmé : « On avait une relation d’amitié. » Il a alors parlé de Mimran comme d’« un garçon attachant, intelligent et talentueux » : « Il est très vif. Je sais qu’il a eu des problèmes mais ça me paraît dingue. » Il avait assuré ne « rien » savoir sur les « histoires de taxe carbone », démentant son « ami ».
Meyer Habib a également glissé que sa mère avait, par le passé, confié une partie de son patrimoine pour être géré par Arnaud Mimran au travers d’une société boursière dont il était le dirigeant, 3A Trade.
« Arnaud est un ami mais on n’a pas la même vie », avait assuré le député, qui a dit être parti en « vacances » avec lui, notamment à Courchevel. « Les dernières années, je le voyais un peu moins. Je ne me suis jamais fâché avec lui. Une fois, quand il est sorti de prison, j’ai dû le voir », a tout de même reconnu le parlementaire.
Contacté par Mediapart, l’avocat d’Arnaud Mimran, Me Hugues Vigier, n’a souhaité faire aucun commentaire
Fabrice Arfi
24 septembre 2023 à 10h57
https://www.mediapart.fr/journal/france/240923/le-criminel-arnaud-mimran-se-lache-depuis-sa-prison-sur-netanyahou-et-meyer-habib
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Rédigé le 24/09/2023 à 07:31 dans Israël | Lien permanent | Commentaires (0)
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Rédigé le 23/09/2023 à 19:13 dans France, Lejournal Depersonne | Lien permanent | Commentaires (0)
Il est rare de croiser une tenue traditionnelle algérienne dans les rues animées de Platamonas en Grèce. Pourtant, c’est exactement ce que Yamna, une artiste et créatrice de contenu algérienne, a décidé de faire. Accompagnée de son amie, toutes deux revêtues du Haïk, elles ont déambulé entre les étals de fruits et légumes, les petites échoppes, les cafés locaux et les restaurants pittoresques. Une rencontre improbable entre le patrimoine algérien et le charme méditerranéen grec.
Leur balade, bien que délicate et touchante, ne fut pas une simple promenade. Elle fut une véritable performance artistique, une déclaration d’amour et de fierté pour leur patrimoine algérien. Et pour ajouter une touche nostalgique à cette escapade, elles ont choisi comme bande-son « Les vacances de l’inspecteur Tahar », une mélodie entraînante d’Ahmed Malek, indissociable du générique du célèbre film algérien éponyme.
Yamna, avec son engagement constant pour la promotion de la culture algérienne, a encore une fois su captiver son public. Avec humour, créativité et originalité, elle ne cesse de mettre en avant la richesse et la diversité du patrimoine algérien, qu’il soit algerois ou d’ailleurs, sur les réseaux sociaux.
Mais qu’est-ce que le Haïk exactement?
Pour ceux qui ne sont pas familiers avec cette tenue, il s’agit d’un vêtement féminin algérien. Principalement porté à Alger, sa renommée dépasse les frontières de la ville.
Le Haïk est plus qu’un simple habit; il est un symbole fort du rôle des femmes algériennes lors de la guerre d’indépendance. Étendard de résistance, il rappelle le courage et la détermination de ces femmes qui se sont battues pour la libération de leur pays.
Fabriqué à partir de laine, de soie ou de soie synthétique, sa confection demande un savoir-faire et une attention particuliers. Il est à la fois délicat et robuste, tout comme l’histoire qu’il porte en lui.
En conclusion, à travers cette performance, Yamna n’a pas seulement partagé une tenue traditionnelle, mais également une partie de l’histoire algérienne, rappelant à tous l’importance de préserver et de célébrer notre héritage culturel, où que nous soyons dans le monde.
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Rédigé le 23/09/2023 à 17:01 dans Culture, Racisme | Lien permanent | Commentaires (0)
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