Hayat, une infirmière algérienne de 29 ans, a réussi à s’installer en Gaspésie au Canada grâce à son diplôme. Le Journal du Québec raconte son histoire.
Le Canada est une destination de plus en plus privilégiée par les Algériens désirant s’installer à l’étranger.
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Si une grande partie d’entre eux se retrouvent à Montréal et sa région, d’autres ont choisi des destinations moins connues, comme la Gaspésie.
Le système de sélection mis en place par les autorités de ce pays fait que les immigrants réussissent généralement leur intégration.
Le critère de l’employabilité est primordial dans le processus de sélection. Le pays cible les profils qui correspondent à la demande du marché local de l’emploi.
Hayat, une infirmière algérienne de 29 ans, est de ceux qui ont pu s’installer en Gaspésie grâce à son diplôme. Elle fait partie de 38 infirmières d’Algérie, de Tunisie, du Maroc et du Cameroun, recrutées par le gouvernement local pour combler le déficit en personnel soignant en Gaspésie, une région du Québec.
Elle a raconté son expérience au Journal du Québec qui lui a consacré un portrait.
Hayat Tazairt est bachelière en Algérie où elle a opté pour le métier d’infirmière. Elle a exercé pendant six ans dans son pays avant de songer à s’expatrier. C’est, dit-elle, la pandémie de Covid-19 qui l’a poussée à envisager de s’installer au Canada.
Son diplôme et la maîtrise du français ont fait qu’elle a été acceptée après une procédure qui aura duré neuf mois.
Selon elle, c’est la disponibilité de moyens et des équipements dans ce pays d’Amérique du Nord qui l’a encouragée à postuler.
Malgré un écueil qui peut en dissuader plus d’un : le fait de devoir refaire presque toutes ses études. Elle doit en effet effectuer une formation de 915 heures avant de pouvoir commencer à exercer comme infirmière au Canada.
Mais Hayat se montre compréhensive, évoquant les noms des médicaments, le code de déontologie et les valeurs de la pratique du métier qui diffèrent entre l’Algérie et le Canada. « C’est normal d’avoir cette formation dans un milieu qui est nouveau pour nous », admet-elle.
Le parcours de Hayet, d’Algérie jusqu’à la Gaspésie
Cela, même si elle trouve « bizarre » de se retrouver de nouveau étudiante.
Car ses études, cela fait six ans qu’elle les a terminées en Algérie où, pour joindre les deux bouts, elle a dû cumuler les postes, travaillant dans l’oncologie dans un hôpital public et dans la cardiologie dans une clinique privée.
En août 2021, en pleine vague meurtrière du variant Delta du Covid-19, elle a décidé de tenter sa chance ailleurs. « C’était blessant de voir un malade sans ressource », raconte-t-elle.
Célibataire et fille unique, elle confie qu’elle a entamé les démarches à l’insu de ses parents à qui elle n’a rien dit jusqu’au jour où elle a eu la confirmation définitive qu’elle est acceptée au Canada.
Tout s’est fait à distance et avec célérité. En novembre 2021, elle a introduit sa demande directement au CISSS de Gaspésie, « les réponses venaient rapidement » et au bout de neuf mois, la voilà dans cette péninsule du nord-est du Canada.
Pour elle, tout est nouveau et elle ne connaît rien de la région. Mais elle ne se plaint pas. Au contraire, elle assure que le calme de la Gaspésie est mieux pour elle que le vacarme de Montréal où elle a transité à son arrivée d’Algérie.
Malgré la neige et le manque de logements dans la région, elle compte s’y installer définitivement. « C’est comme si je me lançais un défi et que je voulais aller au bout », dit-elle.
Le Canada a fait d'importants progrès dans la réduction de l'arriéré des différentes demandes d'immigration sur son sol. En effet, en un mois, le nombre de demandes restées en attente ont sensiblement diminué, selon le service Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). Ces chiffres révèlent que l’arriéré des demandes d’immigration au Canada a chuté à 2,4 millions en un mois.
L’inventaire des demandes de citoyenneté s’élève ainsi à 331 401 demandeurs au 31 octobre, comparativement à 351 964 le 3 octobre. Quant aux demandes de résidence permanente, il s’élève à 506 421 personnes au 3 novembre, contre 505 562 au 3 octobre, selon les données du service. De son côté, l’inventaire des résidences temporaires s’élevait à 1 537 566 personnes le 3 novembre, contre 1 651 649 personnes au 3 octobre. Les services de l'immigration ont donc fait un travail énorme dans ce domaine en traitant des milliers de dossiers en un mois.
Ces chiffres du IRCC indiquent ainsi que dans l’ensemble l’arriéré d’immigration est tombé à 2 411 388 personnes. Par ailleurs, les stocks d’entrée express du Canada s’élevaient à 39 589, selon les données reflétant le système qui fournit une voie vers la résidence permanente pour les travailleurs qualifiés au Canada ou à l’étranger. Le nombre total de demandes en attente pour le Programme des candidats des provinces du Canada était de 62 073.
En ce qui concerne l’inventaire de tous les programmes d’immigration de la catégorie du regroupement familial, il s’élève à 128 112 au 3 novembre, tandis que le programme des époux et partenaires est parmi les plus grands inventaires avec 61 118 dossiers. Dans l'objectif d'efficacité et de célérité l’IRCC a déclaré qu’il prenait des mesures pour accélérer le processus de demande afin d’avoir un arriéré inférieur à 50 % dans tous les secteurs d’activité d’ici la fin mars 2023. Ce service ministériel créé pour faciliter la venue des immigrants, et offrir de la protection aux réfugiés a aussi entamé la transition vers des demandes 100 % numériques pour la plupart des programmes de résidence permanente afin d’éliminer les arriérés d’immigration.
Le Canada vit un manque criant de main-d'œuvre et ses dirigeants comptent bien y remédier. En effet, pour combler cet important déficit, le gouvernement de Justin Trudeau a décidé d'accueillir près de 1,5 million d'étrangers d'ici l'année 2025. C'est le ministre de l'Immigration qui a fait cette annonce, mardi 1er novembre, lors d'une conférence de presse.
« Le Canada a besoin de plus de monde », a effectivement déclaré Sean Fraser, le ministre de l'Immigration du pays de l'érable qui a atteint un taux de chômage bas ces derniers mois. Le taux s'est établi à 5,2 % en septembre, selon des informations rapportées par le quotidien français Le Figaro, qui précise que plus de 900.000 postes sont actuellement à pourvoir dans de nombreux secteurs.
Dans le but de pourvoir ces postes et trouver une solution au problème du manque de main-d'œuvre, les autorités canadiennes prévoient d'accueillir pour une résidence permanente 465 000 personnes en 2023. Pour l'année suivante, le Pays de l'érable accueillera 20 000 de plus, soit 485 000 étrangers. Enfin, 500 000 étrangers auront la résidence permanente au Canada en 2025, selon les chiffres avancés par le ministre canadien de l'Immigration, Sean Fraser.
Le Canada veut encourager l'accueil de plus de migrants économiques
Dans ce sillage, le gouvernement fédéral canadien entend amender ses programmes de sélection pour encourager les migrants économiques, sur la base des besoins constatés sur le terrain. Comme par exemple orienter les arrivées de migrants vers les secteurs en crise de main-d'œuvre, à l'instar des soins de santé, des emplois spécialisés, du secteur manufacturier ainsi que les STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques).
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En fait, les autorités canadiennes visent à réduire le nombre de réfugiés à accueillir sur leur territoire. Comment ? En se fixant l'objectif d'accueillir plus de 60 % des admissions totales en migrants économiques. Mais aussi, en réunissant plus rapidement les familles dont certains membres sont à l'étranger. C'est, semble-t-il, le meilleur moyen pour le Canada d'améliorer la qualité de sa politique d'immigration.
Il importe de rappeler que le Canada, qui compte près de 39 millions d'habitants, enregistre une grande proportion d'immigrants. Le Pays de l'érable compte, en effet, un citoyen sur quatre né à l'étranger. Il y a même une certaine concurrence entre les provinces en matière d'accueil, certaines provinces comme l'Ontario revendiquant plus d'émigration et des prérogatives similaires à celles du Québec.
Du 24 au 30 juillet, le pape François se rend au Canada, là où les peuples autochtones ont subi d’atroces abus au sein des pensionnats gérés par l’Église de 1831 à 1996. Survivante de celui d’Ermineskin, dans l’Alberta, Flora Northwest, 77 ans, raconte ses souffrances et son chemin de reconstruction. Jusqu’au pardon.
La Croix L’Hebdo : Quels sont vos premiers souvenirs ici, au cœur de cette réserve des Premières Nations de Maskwacis (Alberta), dans le centre ouest du Canada, terre sur laquelle vous êtes née, avez grandi et toujours vécu ?
Flora Northwest : Ma famille, membre de la Nation crie de Samson, est installée là depuis des générations. J’y suis moi-même née le 15 janvier 1945. Je n’ai quasiment aucun souvenir de mes premières années ici, si ce n’est que mon grand-père me réveillait tous les matins au son de son tambour, en priant dans notre langue le « cri des plaines ».
Lorsque j’ai eu 6 ans, un attelage de chevaux s’est arrêté devant chez moi. À cause de la Loi sur les Indiens, on venait alors me chercher pour m’emmener dans le pensionnat d’Ermineskin, à une dizaine de kilomètres environ de chez nous.
Qu’avez-vous ressenti en arrivant dans cet établissement, géré par des missionnaires catholiques, de sa création, en 1894, à sa fermeture, en 1970 ?
F. N. : Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. Je ne parlais pas un mot d’anglais, et on m’interdisait de parler le cri… C’était aussi la première fois que je voyais des Blancs. Les religieuses étaient voilées, en habit noir, les prêtres en soutane, tous avec de grandes croix. J’ai eu peur, parce que je ne savais pas qui ils étaient. Peut-être était-ce là mon premier traumatisme. On a aussi coupé mes longs cheveux, qui m’arrivaient en bas du dos, et retiré mes vêtements pour me faire mettre un uniforme. Certains de mes frères ont été scolarisés à Ermineskin, mais je n’avais pas le droit de leur parler, car ils étaient des garçons.
Des maltraitances, des violences et des traumatismes, vous en avez ensuite subi beaucoup d’autres, pendant les dix années passées entre ces murs…
F. N. : J’ai vu tant d’élèves se faire battre ou attacher par des professeurs… Cela m’est arrivé moi-même un certain nombre de fois. Les religieuses avaient des sortes de sangles avec un bord métallique, venant probablement d’une machine agricole, pour nous taper sur les doigts. Nous avons dû apprendre à tolérer la douleur. On nous traitait là-bas de sauvages, de païens. Et nous finissions par le croire. Notre propre identité devenait confuse, parce qu’on nous coupait de notre histoire, de notre culture, de nos traditions, de nos cérémonies. Oui, ils ont essayé de tuer les Indiens en nous. Quand nous étions punis – parfois sans même que nous en comprenions la raison, car nous essayions pourtant d’être de bons enfants –, nous étions envoyés au sous-sol, dans une sorte de cave à légumes. Nous l’appelions « le donjon ».
Là, nous devions rester sans manger, à éplucher, nettoyer et trier des pommes de terre, que nous avalions parfois crues tant nous avions faim. La nourriture était mauvaise, sauf quand des « officiels » venaient nous rendre visite, auquel cas nous avions droit à des plats un peu meilleurs. Mais c’était rare. Toute l’organisation était militaire : dès l’âge de 5 ou 6 ans, nous devions travailler – éplucher les légumes, faire les lits, récurer les toilettes… Et lorsque c’était mal fait, nous devions tout recommencer. Il y avait une forme d’esclavage. Même si c’était bien sûr interdit, nous étions nombreux à pleurer avant de nous endormir dans nos lits.
Au-delà des mots, des coups, vous avez été abusée sexuellement…
F. N. : Je devais avoir 8 ou 9 ans, et il y avait ce prêtre qui nous appelait par petits groupes : « mes enfants, mes enfants »… Il parlait alors dans notre langue, et essayait de nous attraper, de nous presser, en tenant par-derrière nos corps contre lui. Je ne sais pas précisément jusqu’où il est allé. Parfois, des flashs me reviennent, cela déclenche un état de retour à l’enfance… Je sais que j’ai été abusée, que de nombreuses autres petites filles ont eu leur vie détruite à cause de ce pédophile. Aujourd’hui encore, je ne supporte pas d’avoir quelqu’un dans mon dos. Mon corps se débat, mécaniquement, comme si la mémoire de ce traumatisme s’était imprimée en lui. Le prêtre est mort sans jamais avoir été jugé.
Y avait-il quand même des choses auxquelles vous pouviez vous raccrocher pour tenir ?
F. N. : Pour la nourriture, je me souviens que nous volions de temps en temps du beurre de cacahuète. Nous avions aussi appris à jouer comme nous le pouvions. Il y avait une clôture électrique tout autour du pensionnat, pour nous empêcher de nous enfuir. On s’amusait à se mettre en file, à s’accrocher à elle, et le dernier recevait une décharge. (Elle rit.) Bref, on se distrayait comme on pouvait… Je me rappelle qu’il y avait quand même aussi quelques professeurs et un prêtre – il s’appelait le père Latour – plutôt gentils avec nous.
Qu’avez-vous fait après votre départ du pensionnat d’Ermineskin, à l’âge de 16 ans ?
F. N. : Je suis devenue nounou dans une famille de la ville de Red Deer, à environ 80 kilomètres de Maskwacis. J’étais payée 60 dollars, et j’en reversais la moitié à ma mère pour l’aider à subvenir aux besoins de mes frères et sœurs, mon père étant décédé en 1959. Puis j’ai eu mon premier fils en 1966, et je suis devenue mère célibataire. En 1967, j’ai travaillé pour un institut spécialisé dans le soin aux personnes handicapées, avant de devenir aide-soignante – une mission que j’ai beaucoup aimée – puis de rejoindre, quelques années plus tard encore, une usine de fabrication de meubles.
C’est à cette période que les démons de votre passé ont commencé à resurgir. Quelles séquelles avez-vous gardées de cet enfermement au pensionnat ?
F. N. : Au début des années 1970, j’ai sombré peu à peu dans l’alcoolisme. Je n’avais à ce moment-là pas vraiment conscience que c’était intimement lié aux abus dont j’avais été victime. L’addiction, c’est un mal qui touche beaucoup de survivants. À cette époque, celui qui est devenu le père de mes trois autres enfants buvait aussi. Je pesais près de 90 kilos, je hurlais toute la journée sur mes fils et ma fille – pour qu’ils fassent leurs lits, rangent leurs affaires, mettent la vaisselle dans l’évier… Finalement, je reproduisais le schéma d’autorité, le seul que j’avais connu, des religieuses qui criaient sur nous au pensionnat : la colère que je n’avais pu exprimer enfant, parce qu’elle était aussitôt réprimée, ressortait.
Quand j’ai pris conscience de ce que j’étais en train de devenir, j’ai voulu arrêter. J’aurais pu perdre mes enfants si des services de protection de l’enfance étaient venus m’inspecter. Alors, le 17 février 1974, j’ai bu mon dernier verre, et j’ai entamé, lentement mais sûrement, une thérapie pour sortir de cette dépendance. Mon compagnon n’a pas réussi à suivre, et nous nous sommes séparés en 1975.
Ce sevrage marque, plus largement, le début d’un chemin de guérison psychologique, de réconciliation avec votre histoire, avec vos proches…
F. N. : J’ai eu la chance de rencontrer un peu plus tard un homme qui m’a acceptée telle que j’étais, et qui a comme « adopté » mes quatre enfants, tous alors âgés de moins de 10 ans. Avant son décès d’un cancer, en 2015, nous avons été mariés quarante ans ! Lui n’était pas un survivant, mais il a été vraiment à l’écoute de ce que j’avais vécu. Il m’a aidée à grandir, à mûrir.
J’ai aussi demandé pardon à mes enfants pour la mère que j’avais été, sous l’influence de l’alcool. Je leur ai posé cette question : « Comment avez-vous fait pour vivre avec moi ? » Ils m’ont répondu : « Nous avons appris à faire la sourde oreille. » Et ils m’ont pardonnée, Dieu merci. J’ai dû réapprendre à être une maman, en allant de l’avant.
La libération de ma parole a pris du temps. Pendant longtemps, j’ai eu très peu confiance en moi. Et puis je suis intervenue dans des prisons, devant des détenus – dont un grand nombre d’abuseurs sexuels – pour leur dire ce que cela faisait d’être du côté des victimes. Tout cela m’a fait avancer, mais j’ai dû beaucoup travailler sur moi pour devenir la personne que je suis aujourd’hui.
En 2013, vous avez été auditionnée par la Commission de vérité et de réconciliation (NTCR), créée par les autorités pour faire la lumière sur les exactions commises au sein des pensionnats. Qu’a marqué cette étape dans votre processus de reconstruction ?
F. N. : Chercher à regarder la vérité en face, comme l’a fait cette commission, est toujours important. À partir de 1992, notamment, j’ai commencé ce que j’ai appelé mon « périple » vers la guérison. Pour mieux appréhender la mienne, j’ai commencé par étudier l’histoire des pensionnats, je me suis plongée dans les archives, je suis même physiquement retournée dans l’un d’eux… Mes plaies se sont rouvertes, béantes, et je me suis sentie envahie par une grande colère en mesurant toute la responsabilité du gouvernement dans ce système qui nous envoyait dans des établissements dont la gestion était déléguée aux Églises (catholique, mais aussi protestantes, NDLR).
Par là, les autorités ont cherché à nous contrôler, et cette colonisation a eu des effets dramatiques sur nombre d’entre nous ! Cette Commission a permis de le réaffirmer, de le faire entendre un peu plus. Devant elle, nous avons aussi pu redire combien nous refusions d’être assimilés. Nous sommes les premiers peuples ici, au Canada, et nous n’allons pas abandonner nos droits au nom de quelque politique que ce soit.
En 2010, le premier ministre d’alors, Stephen Harper, a présenté des excuses aux survivants. À ce poste depuis 2015, Justin Trudeau lui a emboîté le pas en 2021. Qu’attendez-vous désormais de la part des autorités pour la réparation ?
F. N. : Principalement, peut-être, la reconnaissance de nos besoins spécifiques, liés en grande partie au passé des pensionnats. Certains membres de nos communautés souffrent du spectre de l’alcoolisme fœtal, beaucoup d’autres sont tombés dans d’autres addictions : il faut encourager le développement de centres de thérapie, de désintoxication dans nos réserves. Je crois sincèrement que les gens qui souffrent de ces problèmes peuvent, à près de 80 %, se rétablir avec des traitements.
Nous avons aussi besoin de plus d’éducation. Si une étude sociologique était menée aujourd’hui dans les prisons fédérales et provinciales pour hommes et femmes au Canada, on verrait que l’immense majorité des détenus sont des enfants ou petits-enfants de survivants. Il faudrait parvenir à briser ce cycle, car cet impact intergénérationnel continue d’éprouver nos communautés. Nous ne demandons pas de pitié. Nos aînés nous avaient appris beaucoup de valeurs : à s’honorer, à se respecter, à ne pas voler, à ne pas se battre… et ce dont nous avons vraiment besoin, c’est que les gens comprennent que nous ne pouvons être blâmés pour certains de nos problèmes (psychologiques et sociaux, NDLR), étant donné ce que nous avons enduré.
L’an dernier, les découvertes des tombes anonymes de 215 enfants aux abords du pensionnat de Kamloops (Colombie-Britannique), puis de 751 autres près de celui de Marieval (Saskatchewan), ont provoqué une onde de choc à travers le pays, renforçant la prise de conscience collective des drames vécus…
F. N. : Oui, cela a été très médiatisé. Comme beaucoup, j’ai été très blessée d’apprendre ces découvertes. On m’a demandé s’il y avait une possibilité qu’on retrouve des tombes près d’Ermineskin. J’ai répondu que je ne savais pas. De nombreux autochtones sont morts dans les pensionnats, mais un grand nombre d’archives n’ont pas été retrouvées. Quand un enfant mourait, les parents étaient-ils prévenus ? Ou était-il enterré directement ? Il y a toujours des zones d’ombre.
Comment voyez-vous les prochaines étapes du processus de réconciliation ?
F. N. : Nous devons continuer à parler du passé pour que les gens comprennent tout ce qui s’est vraiment produit, en étant dans une dynamique sincère de révélation de la vérité. C’est la condition préalable pour moi, afin que nous puissions travailler tous ensemble à la réconciliation, en allant, sur cette base, de l’avant. Beaucoup de gens sont encore très en colère, contre les Églises et contre le gouvernement.
Or, je suis convaincue que cette émotion-là ne mène nulle part. Si vous la contenez en vous, elle peut même finir par vous étrangler. C’est difficile, mais il faut réussir à la surmonter pour l’exprimer de manière positive… C’est ce que j’essaye de faire, à mon niveau, dans ma vie désormais.
Au pensionnat, les religieux ont cherché à vous convertir de force au catholicisme. Quelle est aujourd’hui votre relation à l’Église, et quelles sont vos autres ressources spirituelles ?
F. N. : Je ne suis plus retournée à l’église depuis cette époque-là, mais, s’il le faut, je serais prête à y aller pour des enterrements. Au pensionnat, nous devions prier en permanence, peut-être au moins seize fois par jour. En faisant notre lit, avant le petit déjeuner, après le dîner, etc. Parfois nous étions même réveillés à 5 ou 6 heures pour aller à la messe. Alors forcément, les paroisses, j’ai un peu de mal maintenant. Ça remue trop de souvenirs… Après ces années-là, j’ai réappris à prier en assistant à nouveau à nos cérémonies, et c’est là que je suis pleinement revenue à mon identité de femme autochtone. Mais, finalement, je ne me suis jamais éloignée de Dieu, car je suis intimement convaincue qu’il n’y en a qu’un seul. Pour nous, c’est le grand esprit.
Qu’attendez-vous de la visite historique du pape François, du 24 au 30 juillet, au Canada, visite dont l’une des premières étapes sera justement de se rendre sur l’ancien site d’Ermineskin, à Maskwacis ?
F. N. : Ses excuses pourraient remonter à plus loin que les deux siècles derniers. Il y a cinq cents ans, il y a eu des bulles papales, de Nicolas V et Alexandre VI, expliquant comment les explorateurs européens devaient traiter les autochtones, qualifiés de « barbares ». (Elle entame la lecture d’un article consacré à ce sujet.) C’est toute cette mentalité-là, ancrée dans l’Église depuis si longtemps, qui a participé au développement du système des pensionnats. Ici, la venue du pape François suscite des émotions mitigées, certains estiment qu’ils n’ont pas besoin d’entendre ce qu’il va dire. Moi, j’irai le voir. Je sais que cela pourra peut-être m’aider à compléter mon « périple » vers la guérison. Je crois, plus que tout, à la puissance du pardon.
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Ses dates
1945 Naissance dans la réserve des Premières Nations de Maskwacis, dans l’Alberta (Canada).
1951 Entrée au pensionnat d’Ermineskin, qu’elle quittera dix ans plus tard.
1974 Après être tombée dans l’alcoolisme, elle entame une thérapie pour en sortir.
1992 Début de ce qu’elle appelle son « périple » vers la guérison.
2013 Déposition de son témoignage devant la Commission de vérité et de réconciliation du Canada.
2022 Elle ira voir le pape François lors de son passage à Maskwacis.
Sa danse - La valse
« C’est peut-être très classique, mais c’est une danse que j’ai apprise à l’école et que j’aime beaucoup, même si je n’ai que peu d’occasions de la pratiquer. (Rires.) J’aime aussi nos danses traditionnelles, comme celle en rond. Enfin, j’apprécie également la musique country, et celle autochtone, qui me rappelle le son du tambour de mon grand-père. »
Sa source - Ses enfants et petits-enfants
« Ils sont ma fierté. C’est pour eux que j’ai arrêté de boire, et prolongé mon existence de quarante-sept ans ! Pour leur donner une chance d’avoir une vie meilleure, pour qu’ils puissent aller plus loin dans leurs études, pour qu’ils puissent voyager à travers le monde afin de découvrir d’autres cultures. Et c’est ce qu’ils font ! »
Son lieu - Hawaï
« J’y suis déjà allée avec ma famille et je rêve d’y retourner. Ma sœur avait l’habitude de dire que si Dieu avait laissé une île pour que nous puissions, en la visitant, nous rappeler qui était notre Créateur, c’était bien celle-ci. C’est joliment pensé. »
Recueilli par Malo Tresca, envoyée spéciale à Maskwacis (Canada),
François est arrivé dimanche 24 juillet au Canada, où il doit renouveler ses excuses historiques pour la responsabilité de l’Église au sujet des violences commises dans les pensionnats pour enfants autochtones. Dans le pays, les traumatismes liés à cette page de l’histoire sont encore latents. L’Église locale doit composer avec ce sombre passé et tente d’ouvrir une voie vers la réconciliation avec ces populations.
Bandana noir noué autour de son catogan, larges lunettes vissées sur le nez et mâchoire édentée, Pierre-Paul tourne en rond, cet après-midi-là, autour des tables de l’aide alimentaire du Centre de l’amitié autochtone de Québec. Perché sur son déambulateur électrique, cet habitué du lieu d’aide sociale, réservé aux autochtones en milieu urbain, est venu demander un « coup de main » administratif pour le versement de sa pension de retraite. Et sous l’écho lointain de la musique d’attente d’un organisme dédié, le sexagénaire tue lentement le temps.
À l’évocation de la visite du pape François, arrivé dimanche 24 juillet dans le pays pour demander pardon pour le rôle de l’Église dans les drames des anciens pensionnats pour autochtones, l’œil s’éclaire. « Je suis un survivant de celui de Sept-Îles (est du Québec) », gronde alors l’Innu, sans s’épancher sur ce passé d’enfant brisé. Quand François sera là, Pierre-Paul entend bien aller manifester. « J’amènerai une grande croix avec un enfant mort dessus. Croyez-vous vraiment que Dieu ait envoyé des prêtres pour nous faire subir tout ça ? Pour que des milliers d’enfants périssent entre les murs de leurs pensionnats ? », fulmine-t-il. Avant de lâcher, après un long silence : « Moi, sincèrement, je ne pense pas. »
Plaies béantes
Maltraitances, abus sexuels, spirituels, physiques, psychologiques… En les coupant de leurs croyances et de leurs traditions pour leur faire adopter un mode de vie euro-canadien, les exactions commises, entre 1831 et 1996, à l’encontre des près de 150 000 enfants autochtones passés par ces établissements dont la gestion avait été déléguée par l’État aux Églises – majoritairement catholique mais aussi protestantes – ont laissé des plaies béantes dans le pays.
« Là-bas, ils m’ont pris mon esprit. Comment survivre après ça ? Comment retourner dans une église sans que cela remue trop de choses ? Moi, je n’y suis pas retournée depuis », témoigne Flora Northwest, 77 ans, membre de la Nation crie de Samson et survivante de l’ex-pensionnat d’Ermineskin, à Maskwacis (Alberta). En mai 2021, les découvertes des restes de 215 enfants inhumés dans des tombes anonymes aux abords de l’établissement de Kamloops (Colombie-Britannique), puis de plus de 750 autres le mois suivant près de celui de Marieval (Saskatchewan) ont renforcé l’onde de choc au sein de la société canadienne. Et les semaines suivantes, une dizaine d’églises ont été incendiées dans des conditions troubles.
« Profond remords »
Comment l’Église locale entend-elle cette colère ? Qu’a-t-elle déjà engagé dans cet épineux chantier de demande de pardon et de réconciliation avec les autochtones ? « Beaucoup ont été blessés par ces pages de notre histoire et nous avons besoin de guérir notre mémoire », reconnait le cardinal Gérald Lacroix, archevêque de Québec. « Des hommes et des femmes d’Église n’ont pas été de bons témoins de l’Évangile sur nos terres. Ils ont commis des fautes, en défigurant le message du Christ. Il faut, indéniablement, le reconnaître. »
En septembre 2021, la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) a déjà exprimé son « profond remords »aux populations autochtones en leur présentant des « excuses sans équivoque » : « Nous (les) invitons à cheminer avec nous dans une nouvelle ère de réconciliation, en nous aidant (…) à prioriser les initiatives de guérison, (…) à éduquer les membres de notre clergé (…) de même que les fidèles laïcs, sur les cultures et la spiritualité autochtones. » Peu après, elle annonçait allouer trois millions de dollars canadiens (2,28 millions d’euros), sur cinq ans, pour financer des programmes destinés à « améliorer la vie des survivants, de leurs familles et de leurs communautés ».
« Connexion »
« Au niveau national, nous avons fait ces dernières années des efforts supplémentaires pour rétablir des connexions avec ces populations », précise Mgr Richard Smith, archevêque d’Edmonton (Alberta). Pendant plus de deux ans, ce dernier a lui-même fait partie d’un groupe de travail sillonnant le pays à la rencontre des communautés autochtones. « Nous avons participé à ce qu’elles appellent des “cercles d’écoute” ou “de partage”, pour y entendre les douleurs et les espoirs qu’elles portent dans leurs esprits et dans leurs cœurs », explique-t-il.
Convaincu que le rétablissement des liens se jouera avant tout au niveau local, il encourage la pérennisation de ces espaces de dialogue, encore peu répandus. « À l’exception de quelques rares diocèses – notamment ceux d’Amos et Baie-Comeau –, il y a peu d’interactions entre les catholiques autochtones et ceux descendants des Européens », confirme le père Gilles Routhier, théologien et professeur titulaire de la chaire Monseigneur-de-Laval, à l’université de Laval (Québec). Une carence qu’il explique d’abord par « le fait culturel, dans la mesure où ces communautés ont une liturgie davantage inculturée, dans leur langue et avec leurs symboliques propres ».
« D’autre part, le système de “réserve”, créé pour ces populations par l’Etat fédéral, a contribué à créer une forme d’apartheid ; ils se réunissent entre eux sur ces terres. Pour sortir de l’ignorance, tout l’enjeu va être de réussir à créer des ponts, sans nier leurs spécificités », poursuit-il. Au sein de l’Église canadienne, quelques lieux tentent de relever cet épineux défi. C’est le cas de la paroisse du Sacré-Cœur des Premières Nations à Edmonton. En ce dimanche matin, la communauté locale s’est réunie pour assister à sa traditionnelle « messe autochtone » dans le gymnase temporairement prêté par un établissement scolaire voisin, en attendant que son clocher historique – en rénovation, après avoir été ravagé par un incendie en août 2020 – ne rouvre officiellement ses portes la semaine suivante.
« Une nouvelle culture de la réconciliation »
Fait notable, cette célébration intègre des rituels issus des traditions des Premières Nations, des Métis et des Inuits. Devant l’image d’un Christ crucifié au centre d’un cercle sacré, Fernie Marty, 73 ans, bénit avec une grande plume d’aigle les prêtres et fidèles arrivant devant un récipient dans lequel brûlent des bâtons de sauge. « Je crois au Créateur, quel que soit son nom. C’est une chance de pouvoir venir ici se purifier, prier et adorer d’une manière différente, tout en restant ancrés dans la foi catholique. Il y a une combinaison de nos cultures avec celle de l’Église, et cela donne quelque chose de très puissant… », s’enthousiasme l’homme tatoué.
Crâne rasé, chapeau à plume et tee-shirt orange – couleur symbolisant la mémoire des victimes des pensionnats –, Johan, 67 ans, est ici un paroissien blanc. « Nous sommes une grande famille, quelles que soient nos origines. Moi, j’identifie mieux le message du Christ aux choses telles qu’elles se vivent ici », poursuit celui qui a adopté avec son épouse deux enfants des Premières Nations, dont la mère, « survivante », est tombée, comme tant d’autres, dans l’alcoolisme. Alors que la société canadienne reste déchirée par les effets du colonialisme, « nous essayons de promouvoir une nouvelle culture de la réconciliation. C’est, en soi, déjà un signe que des gens issus de toutes les nations prient ensemble », martèle le père Mark Blom, prêtre associé de cette paroisse où doit s’arrêter François lundi 25 juillet.
La messe autochtone du Sacré-Cœur intègre des rituels issus des traditions des Premières Nations, des Métis et des Inuits. À Edmonton, dimanche 10 juillet. / Amber Bracken/The Globe and Mail pour La Croix
« J’espère que le pape reconnaîtra qu’il est ainsi possible d’embrasser différentes cultures, d’honorer leur spiritualité, sans que cela ne dévoie notre identité catholique », confie-t-il. Que peuvent même apporter ces traditions à l’Église ? « Cela dépend de chaque nation, mais certainement une plus grande conscience de notre lien à la Création et du fait que nous sommes tous frères », répond le père Garry LaBoucane, lui-même métis.
Depuis 2002, ce dernier est aussi le directeur spirituel du Pèlerinage du lac Sainte-Anne, événement qui fait chaque année affluer, le 26 juillet – jour de la fête de la mère de la Vierge –, près de 40 000 autochtones de tout le pays aux abords de cette paisible étendue d’eau, à une soixantaine de kilomètres d’Edmonton. Un moyen de garder le lien : « C’est le plus grand rassemblement spirituel autochtone d’Amérique du Nord. C’est à la fois un pèlerinage, un temps de prières, mais aussi simplement un moment de retrouvailles familiales, amicales… »
Mots justes
Comment trouver les mots justes pour parler de Dieu devant ces assemblées, sans réveiller les traumatismes du passé ? L’exercice est délicat. Devant la communauté du Sacré-Cœur des Premières Nations, le père Blom axe son homélie sur la parabole du bon Samaritain, qui « s’arrête et panse les blessures de son prochain ». Brandissant deux tombes découpées en carton, il implore soudain : « Nous prions pour que notre paroisse soit en mesure d’inverser les préjudices causés aux peuples autochtones, par les colons et par le système des pensionnats. »
D’autres paroles, parfois plus difficilement audibles, peuvent encore accompagner le processus. Sans nier l’ampleur des exactions commises, « peut-être est-ce bon de rappeler que nous avons aussi des raisons d’être fiers d’autres pages de notre passé, assure le cardinal Lacroix. Regardons les figures des saints missionnaires François de Laval – premier évêque de Québec, qui avait défendu bec et ongles les droits des autochtones –, ou de Marie de l’Incarnation, fondatrice des ursulines de la Nouvelle-France, qui a eu une attention si spéciale aux besoins éducatifs des filles autochtones ».
« Tout le monde souffre de ce douloureux héritage historique. Y compris – et nous l’oublions souvent – les hommes et les femmes qui ont travaillé dans ces pensionnats et qui ont essayé de faire de bonnes choses dans un système défectueux, renchérit Mgr Smith. Ils sont aussi brisés de savoir que cela était mauvais. » Selon lui, outre la volonté d’établir des structures de dialogue au niveau national, les évêques canadiens devraient réfléchir, à l’automne lors de leur prochaine assemblée plénière, à la manière dont chacun peut désormais approfondir la relation avec les populations autochtones sur son territoire pastoral.
Fernie Marty bénit avec une grande plume d’aigle les fidèles lors de la messe autochtone du Sacré-Cœur, à Edmonton, dimanche 10 juillet. / Amber Bracken/The Globe and Mail pour La Croix
Car beaucoup en sont convaincus : la réconciliation ne pourra « pas se faire par le haut », mais en partant des spécificités culturelles des communautés, et des désirs et besoins qu’elles expriment sur le terrain. En attendant, tous espèrent que la visite de François contribuera à apaiser la situation, et à faire avancer les survivants et leurs descendants sur le chemin de la guérison. À la messe autochtone du Sacré-Cœur, l’homélie du père Blom touche à sa fin. Il a toujours à la main ses deux tombes en carton, et le voilà qui les retourne lentement, en les semi-juxtaposant. Ainsi apparaît, devant l’assemblée subjuguée, un grand cœur rouge vif.
En décembre 2021, le gouvernement canadien a signé "le plus important accord d'indemnisation dans l'Histoire du Canada", mettant fin à une saga judiciaire de près de 15 ans. Il devra payer 40 milliards de dollars pour avoir imposé un système discriminatoire et raciste de services à l'enfance depuis les années 1990. Une somme colossale destinée à des réparations financières et une réforme du système. Dans les communautés autochtones, l'accord est accueilli avec prudence, tant la confiance en Ottawa est faible.
Photo: Ryad Kramdi Agence France-Presse Depuis 2019, plus de 600 citoyens ont ainsi été arrêtés pour avoir manifesté ou même simplement soutenu l’opposition au régime en place.
Dans les régimes totalitaires, le journalisme demeure une profession à haut risque. Le directeur de la station algérienne Radio M. et du site d’information Maghreb Emergent, Ihsane El Kadi, vient d’en faire les frais, en étant condamné mardi dernier à six mois de prison ferme pour un texte d’analyse publié en mars dernier sur le Hirak, le mouvement populaire appelant depuis 2019 à la démocratisation de l’Algérie. Il y prônait, entre autres, l’inclusion, dans cette révolution à plusieurs visages, de la formation politique Rachad, religieuse et conservatrice.
Accusé de diffusion d’informations « à même de porter atteinte à l’unité nationale » par le régime en place, Ihsane El Kadi est venu allonger la longue liste des opposants politiques qui, depuis plusieurs mois, sont la cible du gouvernement d’Abdelmadjid Tebboune. Dans les six premiers mois de 2022, près de 300 Algériens ont été placés derrière les barreaux pour le même genre de délit d’opinion, selon l’organisme Algerian Detainees, qui tient le compte d’une répression sans précédent dans ce pays du Maghreb.
Depuis 2019, plus de 600 citoyens ont ainsi été arrêtés pour avoir manifesté ou même simplement soutenu l’opposition au régime en place.
« Le pouvoir militaire a profité de la pandémie de COVID-19 et de la trêve des manifestations hebdomadaires dans la rue que cela a entraînée pour commencer à arrêter des militants du Hirak. Mais cela n’a jamais atteint une telle ampleur », résume en entrevue au Devoir le journaliste algérien indépendant Zoheïr Aberkane, lui-même victime de ces arrestations politiques. Il a été condamné à six mois de prison pour avoir publié des photos de manifestation sans le consentement de policiers qui apparaissaient sur les clichés. Une condamnation reposant, comme plusieurs autres, sur des chefs d’accusation qualifiés d’opportunistes par les défenseurs des droits et libertés.
« Nous sommes entrés dans une troisième vague d’arrestation, qui coïncide désormais avec la volonté du régime d’empêcher le retour des gens dans la rue, poursuit-il. Le pouvoir essaie d’arrêter le mouvement du Hirak depuis longtemps. Mais là, c’est devenu pathologique, avec un arbitraire qui s’exprime dans toute sa laideur. »
Signe du durcissement du régime face à l’opposition politique : après les militants du Hirak, les manifestants, les leaders des partis d’opposition et les journalistes, premiers dans la ligne de mire du pouvoir en place, ce sont désormais les avocats des accusés qui se retrouvent désormais inculpés.
C’est le cas d’Abdelkader Chohra et de Yacine Khelifi, tous deux avocats du leader de l’opposition Rachid Nekkaz, une des figures fortes du Hirak, qui ont été déférés devant un tribunal algérien dans les dernières semaines pour « atteinte à l’unité du pays ». Entre autres. Leur client, candidat à la présidentielle de 2019, a également été arrêté pour délit d’opinion en mai dernier.
Au début du mois de juin, un tribunal algérien a maintenu également l’ordre d’emprisonnement de l’avocat Abderraouf Arslane, membre du collectif de défense des détenus du Hirak, placé en détention provisoire fin mai dans l’attente de son procès.
« Quel est ce pays qui arrête ses avocats, laisse tomber en entrevue l’avocate française d’origine algérienne Éloïse Zakya Sadeg. Un avocat, c’est un défenseur des droits, et les droits en Algérie, plus que jamais, ne sont plus du tout respectés. »
Ironiquement, Mme Sadeg a embauché l’avocat Yacine Khelifi pour représenter la famille d’un militant du Hirak, Hakim Debbazi — son neveu —, mort en prison le mois dernier, après avoir été arrêté lui aussi pour avoir contesté le pouvoir en place. Son crime ? « Il a relayé une publication soutenant le Hirak, assure l’avocate. Il n’a pas écrit un billet. Il a fait suivre un contenu. C’est tout. Et il laisse désormais trois orphelins derrière lui. »
Le régime algérien a indiqué que le militant, âgé de 55 ans, est mort de cause naturelle lors de son incarcération à la prison de Koléa près d’Alger.
« Ce régime n’a plus de respect pour rien, dit Mme Sadeg. L’Algérie a une constitution qui garantit les droits fondamentaux, de parole, de réunion, de manifestations de ses citoyens. Le pays a aussi ratifié des traités internationaux sur les droits de la personne et le respect des libertés individuelles. La vague d’arrestation pour délit d’opinion place le pays en violation avec sa propre Constitution et avec ses engagements internationaux. »
Apaisement et doute
À l’approche du 60e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, qui sera célébré le 5 juillet prochain, des sources citées par le quotidien Arabic Post indiquent que le régime militaire serait prêt à un semblant de détente en préparant en effet la libération de prisonniers politiques, dont le nombre grandissant devient de plus en plus gênant pour lui. Le gouvernement cherche, dans cette optique, à convertir les accusations criminelles portées contre les militants politiques et défenseurs des droits de la personne en simples délits pour ensuite exposer ses prisonniers politiques à des peines réduites correspondant au temps qu’ils ont déjà passé en prison, résume le quotidien arabophone.
Parallèlement, le président algérien cherche depuis plusieurs semaines à se présenter en « rassembleur », selon le contenu d’un communiqué du gouvernement diffusé début mai et appelant au dialogue avec les partis d’opposition et avec les membres de la société civile algérienne. Une stratégie régulièrement exploitée par l’ancien dirigeant, Abdelaziz Bouteflika, et son régime pour apaiser les tensions sociales tout en s’accrochant au pouvoir.
Rappelons que c’est la perspective d’un sixième mandat pour Bouteflika qui a déclenché le Hirak. Le départ de l’ex-président et des représentants de son régime, puis la mise en place d’un processus de transition devant aboutir à l’avènement d’un État de droit restent le cœur de cette revendication populaire.
« Du déjà vu et du déjà entendu ! Nous sommes toujours dans l’ère Bouteflika, les mêmes procédés sont là, et la finalité reste leur maintien [au pouvoir] », a résumé il y a quelques jours Karim Tabbou, un des leaders du Hirak, dans les pages numériques du quotidien Algérie Part. « À travers cette “nouvelle manœuvre politicienne” le pouvoir veut imposer [ce] sixième mandat tout en donnant une apparence politique nouvelle faite de “consultations” avec des partis et les “représentants civils” de la société. »
Mais dans les faits, poursuit le politicien, arrêté à nouveau par les autorités algériennes en mai dernier, après avoir tenu publiquement le pouvoir responsable de la mort du militant Hakim Debbazi, « le pouvoir en place ne croit ni à la démocratie, ni à la notion de contre-pouvoir, ni à la presse libre, ni à la justice indépendante », écrit-il. « Il se croit au-dessus de tout […] et quiconque émet un avis contraire au discours officiel est considéré comme ennemi de la patrie. »
En juin 2021, un amendement du Code pénal a étendu la qualification de terrorisme à toute tentative « d’œuvrer ou inciter, par quelque moyen que ce soit, à accéder au pouvoir ou à changer le système de gouvernance par des moyens non constitutionnels ». Cette disposition est de plus en plus utilisée pour mater l’opposition politique, y compris celle provenant de la diaspora algérienne vivant à l’étranger et revenant sporadiquement en Algérie.
« Le régime algérien est incapable d’acheter la paix sociale, car la rupture dans les mentalités en Algérie, provoquée par le Hirak, est trop importante, dit Zoheïr Aberkane. C’est pour cela que le Hirak et les hirakistes font toujours peur au pouvoir, même dans une forme fantomatique. Pour se protéger, il a donc décidé de mettre les citoyens sous surveillance en plus de leur enlever leur droit. »
« Mais est-ce tenable ? demande-t-il. Car le pouvoir peut se maintenir en place par la force des baïonnettes. Mais comme c’est un pouvoir vieillissant, à un moment ou un autre, il va bien finir par tomber. »
Pas besoin de vous expliquer où l'on va quand on arrive à Cherchell, directement au musée, même si on est déjà venu la semaine d'avant ; je crois qu'il y a un nouveau musée depuis 10 ou 15 ans, qui doit être sur la route d'Alger au niveau des Thermes de l'Est, mais nous ne l'avons pas connu, nous allions au Musée de la Place Romaine, entre l'église et le port.
Pas besoin non plus de vous raconter l'émotion, déjà quand on arrive on attrape les bellombras de la place et les "grandes gueules" de la fontaine en plein dans la figure, et on a beau être entraîné ça fait toujours un choc ; la petite terrasse entre le musée et l'aplomb de la falaise au-dessus du port, c'est l'un des endroits où j'aimerais prendre ma retraite, ou même être enterré, ou plutôt bien installé dans un sarcophage, avec un petit coussin sous la tête et un éventail comme avait ma grand-mère pour me faire du vent quand il fait un peu chaud (chez nous en Algérie, il ne fait pas trop chaud, il fait un peu chaud), et puis un ange du ciel qui viendrait prendre l'apéritif et la kémia avec moi et regarder l e soleil qui va taper le bain dans Notre Mer (Notre Mère, comme a écrit Dominique Fernandez).
Quand je me rappelle le musée de Cherchell, ou celui de Tipasa, ou ceux de D'zaïr, ou le vieux musée d'Olympie, je pense à leur façon de présenter les objets, pas savante et servie par la technique comme maintenant au Louvre, mais simplement, avec la lumière du ciel et des étiquettes écrites à l'encre violette avec une plume Sergent-Major ; à Cherchell, les statues portent une plaque en marbre fixée au socle, c'est plus chic que le papier-bristol et l'encre ...
A Cherchell, Iol Caesarea, vieux comptoir carthaginois (ils sont partout, ceux là) agrandi par Juba II et Cléopâtre Séléné, on ne compte pas les merveilles, si je voulais je vous montrerai le patio du musée et je n'aurais plus rien à dire ; une fois, j'ai cherché "Cherchell" sur l'Internet, et je suis arrivé au Musée des Moulages de Versailles, vous vous rendez compte, directement chez Louis XIV ! Heureusement, j'ai des sources iconographiques anciennes et rares, je pourrai afficher des choses que l'on ne voit pas partout, j'ai ma fierté d'auteur, quand même !
Bon, mais comme je l'ai déjà dit, Cherchell ce n'est pas que le musée, il y a aussi le port, même les ports, le port des pêcheurs pour les poissons quand on a faim, et le port extérieur qui fut militaire pour la vue qu'on a depuis le phare. C'est pas obligé de venir jusqu'à Cherchell pour regarder les pêcheurs rentrer le soir et acheter du poisson, on pouvait aussi bien aller à La Madrague ou à La Pérouse, mais déjà comme on est plus loin d'Alger c'est plus facile de marchander avec les pêcheurs, et puis on peut vraiment voir les discussions secrètes entre les patrons et les mareyeurs, moitié qu'ils parlent en arabe de Cherchell à toute allure, moitié qu'ils se font des gestes que ma grand-mère elle aurait eu le rouge à la figure, moitié que si on les regarde trop ils vous jettent l'oeil, nous on se mélait pas de la conversation mais on avait toujours de quoi rapporter à la maison un couffin de poisson frais.
Le port militaire, si je me souviens bien, il commence par un grand escalier raide et étroit pour monter en haut de l'îlot du phare, et puis ensuite on fait le tour en suivant un sentier toujours pas large du tout, et à un moment on descend en bas la mer jusqu'à un rocher un peu beaucoup (ça, c'est une unité de mesure typique à mon père, le pôvre) battu par les flots, on dispute la place aux moules et aux oursins juifs ; mais pour mater ech-chems qui va taper le bain avant de se coucher, alors là c'est encore plus mieux que le premier rang à l'Opéra d'Alger ! alors, moi je n'hésitais jamais à monter d'abord l'escalier et ensuite à descendre le sentier pour aller me mouiller le pantalon et profiter du spectacle.
Cherchell a toujours été pour moi une porte ouverte vers l'ouest, peut-être parce que - comme les enfants perdus sur une plage (ça m'est arrivé) - je marche vers le soleil et le soleil marche vers l'ouest. Alors, combien de fois de Cherchell nous avons continué sur la route de la mer : Novi, Fontaine du génie, et Gouraya ; mais je ne suis jamais allé au delà de Gouraya, sans doute à cause du manque d'hôtels et aussi pour cette raison que je ne connais pas qui nous empêchait d'aller trop loin par là.
Ce ne sont que des petits villages, la route nationale devient la rue, et les maisons n'avaient guère changé depuis leur construction bien des années auparavant. Un jour de 1973, en passant à Novi je me suis arrêté au cimetière, splendide cimetière sur la falaise, qui regarde la mer et le soleil ! entre le paysage et le plaisir de déchiffrer les noms sur les tombes, et aussi le sentiment du devoir à accomplir pour indiquer au Consulat de France dans quel état était le cimetière, j'ai passé un bon moment, et un vieil homme est arrivé se demandant qui se promenait là ; quand je me suis expliqué, lui m'a raconté qu'il était le gardien, payé par des familles françaises pour veiller sur les tombes, que il était allé à l'école avec le fils du Monsieur qui est enterré là, etc. il parlait comme quelqu'un qui a fréquenté l'école et les Français, je veux dire par là qu'il employait beaucoup d'expressions typiquement algéroises que personne ne connaissait plus à cette époque, que je n'avais pas entendues depuis longtemps, par exemple il me disait qu'il avait tué un jour "une madone de serpent", c'est à dire un serpent "grand comme ça" ; nous étions émus tous les deux, et les copines frangaouies avec qui j'étais se demandaient un peu quand et comment ça allait finir. Après Novi, j'aimais bien la borne miliaire (ça veut dire kilométrique sur les voies romaines) de Fontaine du génie, une grande et haute borne de granite, installée comme un phare à un carrefour au milieu du village. A Fontaine du génie, il y a des mines de fer, dont le minerai descend de la montagne en téléphérique avant d'être chargé sur des bateaux à quelques encablures du rivage.
Puis on passe à côté de la ferme où accostèrent en Octobre 1942 les officiers américains venus préparer le débarquement du 8 Novembre, et puis on arrive à Gouraya ; et pour moi, la route s'arrête là, j'aurais dû continuer, j'aurais dû continuer, j'aurais dû continuer, j'aurais dû ...
Sans aller aussi loin, la route de Tipaza à Cherchell mène (presque) à Hamma Righa, la station thermale la plus proche d'Alger, réputée pour ses eaux sulfureuses et son excellent Grand-Hôtel des Thermes ; jusqu'en 1975 nous y allions régulièrement, et il m'est arrivé une fois de goûter au farniente brûlant des piscines d'eau sulfureuse d'où l'on ressortait la peau douce comme jamais et l'appétit furieusement aiguisé.
Ca m'attriste un peu, j'ai appris récemment d'une amie très chère à mon cœur que le tremblement de terre de 1984, non content d'avoir bouleversé un peu les ruines de Tipaza, avait mis bas l'Hôtel des Thermes ; heureusement, les héritiers de la Sonatherm ont construit de jolis bungalows pour remplacer ce monument historique
Qu’en est-il devenu? car votre serviteur se rend régulièrement et à Tipaza et à Cherchell.
Tout d’abord, si vous devez vous déplacer en transport personnel je vous conseille la route de la Corniche un peu plus longue mais tellement plus agréable.
Après, chacune des villes a ses particularités:
Les Cherchellois sont des gens extraordinaires, toujours ouverts à la discussion …On ne s’y ennuie vraiment pas avec eux…
Le Port est assez actif et la pêche est une ressource assez conséquente pour la ville de Cherchell.
Les vestiges romains sont présents partout mais peu mis en valeur. Certes, il y a deux musées.. L’hôtel Césarée gloire de la ville pendant les années de la présence française est en cours de réfection…La ville s’étend principalement vers l’ouest et le sud.
Le problème environnemental est toujours posé et il y a des efforts à faire dans ce domaine.
Certes les abords de l’Académie sont «clean mais la propreté de la ville contraste avec celle de Tipaza.
Tipasa, c’est la Willaya (Préfecture). Tout est net, propre. Pas d’excès dans les constructions du centre ville et aux abords de celui-ci. Les deniers de l’UNESCO sont bien utilisés.
Il y a plus de modernité à Tipaza, mais aussi plus d’indifférence pour le voyageur. (tout est naturellement relatif). Vous y trouverez d’excellents restaurants, parmi eux «Le Romana» un établissement prestigieux qui comportera dans quelques années une «Boite de nuit» ainsi qu’un hôtel d’une trentaine de chambres, faisant de cet édifice un complexe touristique de premier plan…J’y retourne régulièrement au Romana, comme pour un pèlerinage puisque cette bâtisse n’était ni plus ni moins que celle de mon arrière grand-père Alexandre qui s’y était installé voici environ 150 ans…et qui fut même adjoint au maire de Tipaza, alors que le 19me siècle ne s’était pas encore achevé.
Le cimetière chrétien a été conservé et je m’y rends régulièrement…Djillalli le gardien m’y attend et c’est avec plaisir que je l’y retrouve chaque fois que je m’y rends…Là en effet y est enterrés Alexandre ainsi que plusieurs de ses enfants
Elle se proclame « Reine du Canada ». Encore inconnue il y a six mois, Romana Didulo est devenue l’icône du mouvement conspirationniste QAnon en surfant sur la vague antivax : la pseudo « Reine » a rejoint le mouvement de protestation des camionneurs canadiens contre les mesures anti-Covid.
Son compte sur le réseau social Telegram est au nom de « Her Majesty/I AM THE QUEEN ROMANA » (Sa majesté/JE SUIS LA REINE ROMANA). Tout simplement. Romana Didulo s’est autoproclamée reine du Canada. Et reine des QAnon, ce mouvement trumpiste et conspirationniste qui, après avoir fleuri aux Etats Unis, essaime désormais dans d’autres pays du monde. Dans une récente vidéo, la « reine et Commandant en Chef de la République du Canada » s’est filmée devant l’enseigne Canadream, une entreprise de location de camping-cars, qui refusait de « coopérer avec le chef de l’Etat » en lui laissant gracieusement l’usage d’un camion. « Je reviendrai ici pour occuper les lieux », concluait alors la Reine. On ne sait pas comment elle a pu rejoindre à Ottawa les fameux « convois de camionneurs ». Mais elle s’est filmée prenant la parole dans une des rues de la capitale bloquée par un immense embouteillage de routiers protestataires. Ses « affidés », déclare-t-elle.
« J’ai supprimé les restrictions anti-Covid. Voilà pourquoi les camionneurs sont venus à Ottawa ! ».
Tout est si invraisemblable sur la chaîne Telegram de Romana Didulo qu’on pourrait avoir l’impression que ce n’est qu’une suite de blagues absurdes. Mais avec les QAnon, la frontière entre le réel et l’absurde est infiniment poreuse. Personne ne sait d’où sort Romana Didulo : elle serait originaire des Philippines et vivrait dans l’Alberta. Pourtant, en quelques mois, cette inconnue, en surfant sur la vague antivax, est devenue une icône pour la communauté QAnon : elle fédère désormais plus de 70 000 fans sur Telegram, qu’elle inonde de décrets royaux, paraphés de la devise « Peace and Prosperity. Or perish » (Paix et prospérité. Ou périssez). L’été dernier, ses « sujets » ont ainsi bombardé les pharmacies et hôpitaux de lettres les intimant de cesser toutes les mesures anti-Covid, tests antigéniques et autres vaccins : « Vous êtes complices de crimes contre l’humanité et vous serez jugés par le tribunal’We The People’ » (’Nous les gens’, un des slogans de ralliement QAnon). Comme cette pharmacienne, qui a préféré signaler le courrier à la police :
En juin, selon le site d’informations Vice, plusieurs de ses fans se sont introduits également dans une école de l’Alberta, une région canadienne, pour distribuer des tracts anti-vaccins.
Un passage en hôpital psychiatrique
Romana Didulo a appelé au meurtre de médecins qui vaccinent des enfants contre le Covid : « Au peloton d’exécution militaire, vous recevrez non pas une balle, mais deux balles dans le front pour chaque enfant à qui vous aurez injecté ce vaccin expérimental. Quand vous rentrerez chez vous cette nuit, pensez au nombre de balles ». Une menace considérée comme suffisamment sérieuse pour que Didulo soit arrêtée début décembre 2021 et conduite à l’hôpital pour une évaluation psychiatrique. Elle a ensuite été relâchée.
La mésaventure ne l’a pas calmée. Plus déchaînée que jamais sur les réseaux, la « Reine » pense global : elle traduit toutes ses vidéos en français, allemand et italien… Autant de nouveaux territoires où elle veut recruter de nouveaux sujets. Dans ses messages imprégnés de rhétorique QAnon, elle assure avoir été nommée et choisie par les émissaires QAnon pour leur « Plan » suprême visant à détrôner « l’Etat Profond ». Plusieurs de ses fans QAnon en voient la « preuve » dans son nom : Romana Didulo est l’anagramme de… « I Am Your Donald » (Je suis votre Donald).
Peu importe qu’il ait été défait aux élections américaines : Donald Trump est toujours aussi présent chez ses fans QAnon et antivax. Dans les « Convois de la Liberté » canadiens, on a vu flotter moult drapeaux Trump. Une cohorte hétéroclite, qui n’est pas sans rappeler celle qui s’est massée devant le Capitole le 6 janvier 2021. Parmi les organisateurs du mouvement canadien, souligne le « New York Times », on retrouve ainsi des figures de l’extrême droite canadienne, comme Pat King, un des fers de lance du mouvement des Yellow Vests canadiens, dont les lives font fureur sur Facebook et qui martèle que « les financiers internationaux sont complices du grand remplacement qui vise à affaiblir la race anglo-saxonne ». Une conviction qu’il partage avec la reine de QAnon pour qui le Covid est une conspiration ourdiepar George Soros.
Dans l’un de ses messages, elle clame : « Rappelez-vous. La reine Romana Didulo du royaume du Canada a sauvé le Canada, quisans elle aurait été obligé d’apprendre le chinois. Les Canadiens ont failli être sous le joug du Parti Communiste Chinois. » Elle met aussi en garde contre la viande des fast-foods : « Il y a de la chair humaine dedans. Si vous mangez la viande des fast-foods, vous êtes un cannibale ».
Le soleil joue un rôle important voire crucial dans le roman L’Etranger de Camus. Dans deux des trois événements majeurs autour desquels s’articule le roman, le soleil a une symbolique marquée qui est étroitement liée à la souffrance et surtout à la mort. En outre, le soleil est aussi doté de significations profondes qui sous-tendent des réflexions philosophiques sur l’existence de l’homme dans la société. Mots-clés: Soleil; Mort; Société Absurde; société se manifeste de deux façons complémentaires, d’une part son ignorance ou plutôt son refus vis-à-vis des codes sociaux, d’autre part le rapport profond qu’il entretient avec les éléments naturels, dont la mer et le soleil en particulier. Le soleil apparaît souvent dans le roman et il joue un rôle non négligeable dans le déroulement de l’histoire, un rôle même crucial à certains moments. De plus, le héros du roman s’appelle Meursault. De ce nom, pourraient se dégager trois mots: «mort», «mer» et «soleil», puisque «meur-» fait entendre «meurtre» ou «mort», et éventuellement aussi «mer», alors que la prononciation de la partie «-sault» rappelle plutôt le soleil. Une preuve de plus pour constater l’image forte du soleil dans le roman. Mais au-delà, le soleil porte aussi une signification profonde dans ce roman qui sous-tend des réflexions philosophiques sur l’existence de l’homme
NTRODUCTION
Le Roman L’Etranger parut en 1942 et marqua la naissance en tant qu’écrivain à part entière d’Albert Camus (1913-1960) qui s’était longtemps exercé à l’écriture. L’oeuvre s’avère d’autant plus importante qu’elle a suscité depuis sa parution l’intérêt des chercheurs de divers domaines qui l’étudient du point du vue littéraire, stylistique, philosophique, psychanalytique, politique... La plupart des recherches réaliséses sont centrées sur le personnage qui s’écarte bon gré mal gré de la société et nous illustre à travers sa narration une vie absurde: la quotidienneté dérisoire, les conventions sociales absurdes et les hasards ridicules etc.. En fait, la marginalisation du héros par rapport à la
société se manifeste de deux façons complémentaires, d’une part son ignorance ou plutôt son refus vis-à-vis des codes sociaux, d’autre part le rapport profond qu’il entretient avec les éléments naturels, dont la mer et le soleil en particulier. Le soleil apparaît souvent dans le roman et il joue un rôle non négligeable dans le déroulement de l’histoire, un rôle même crucial à certains moments. De plus, le héros du roman s’appelle Meursault. De ce nom, pourraient se dégager trois mots: «mort», «mer» et «soleil», puisque «meur-» fait entendre «meurtre» ou «mort», et éventuellement aussi «mer», alors que la prononciation de la partie «-sault» rappelle plutôt le soleil. Une preuve de plus pour constater l’image forte du soleil dans le roman. Mais au-delà, le soleil porte aussi une signification profonde dans ce roman qui sous-tend des réflexions philosophiques sur l’existence de l’homme dans la société.
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