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Rédigé le 20/03/2023 à 07:10 dans Tipaza, Tourisme | Lien permanent | Commentaires (0)
L’évocation du tourisme en Algérie ne laisse personne indifférent. Depuis des siècles, ce pays attire et séduit les voyageurs : des aventuriers avides de découvertes inédites, des intrépides à la recherche d’expériences, des curieux venus faire des rencontres et celles et ceux en mal de silence, d’espace, de lumière, de temps de vivre et de spiritualité. Le tour opérateur Envie de Maghreb a organisé, du 19 au 22 janvier 2023, un éductour à Bejaia / Alger. Voici le témoignage de ce superbe voyage :
Nous sommes arrivés en Kabylie à Bejaia La capitale des Hammadites qui déploie mille et un charme pour captiver notre attention.
Surnommée le « pays des montagnes », la Kabylie est l’une des belles régions du nord d’Algérie. Elle se trouve au milieu de grandes montagnes, de magnifiques plaines et de plateaux déroutants.
Les sites touristiques incroyables qu’elle abrite font d’elle, une destination incontournable en Afrique du Nord et avec une dizaine d’agents de voyages sous la houlette de Muriel Le Gal, la Directrice de Envie d’Algérie, nous avons découvert tout ça !
Tout d’abord, nous sommes allés à La place Gueydon où toute la ville s’articule autour d’elle. C’est incontestablement le centre historique de la ville.
Ensuite une belle promenade face à la grande bleue. Puis nous avons été au Cap Carbon à Bejaia.
Sur une route à flanc de montagne au milieu des pins et des oliviers, Cap Carbon culmine à 220 m de hauteur avec son phare, offrant une vue époustouflante sur la baie de Béjaïa. C’est une belle randonnée sans difficulté.
Puis, nous nous sommes rendus au cap des Singes, situé au milieu d’une forêt peuplée d’oliviers, de chênes, de caroubiers et de pins, le Pic des Singes se mérite.
Il faut crapahuter vers le sommet sur une route sinueuse sur les hauteurs de Béjaïa, avant de profiter d’une vue à couper le souffle : l’anse des Aïguades, avec le cap Bouak, toute la baie de la capitale des Hammadites.
Après quelques visites d’hôtels, nous avons assisté à un concert à l’hôtel Atlantis en dégustant des mets locaux.
Le Lendemain, nous sommes partis vers Alger et nous avons commencé la découverte de la ville par la cathédrale Notre Dame d’Afrique qui propose un superbe panorama sur la baie d’Alger.
Ensuite au cœur de la ville nous avons visité la Casbah et nous sommes rentrés dans une maison pour découvrir le mode de vie locale, La Casbah est le quartier historique d’Alger.
Inscrite au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco, la Casbah est un labyrinthe composé de petites ruelles escarpées et de trésors bien cachés.
Juste à la sortie de la Casbah Nous avons admiré la mosquée de la Ketchaoua qui a vu l’Histoire défiler devant ses yeux.
Reconstruite en 1794, elle est ensuite devenue une cathédrale catholique pour ensuite redevenir une mosquée lors de l’indépendance de l’Algérie.
Nous avons dégusté un kebab sur La place des Martyrs qui est une place située au centre d’Alger.
Dans l’après-midi, balade digestive au Jardin d’essai du Hamma qui est considéré comme l’un des jardins d’essai et d’acclimatation les plus importants du monde. Plus de 3 000 espèces végétales sont conservées en plein cœur d’Alger.
By night, nous avons fait un arrêt au Mémorial des martyrs qui est un imposant monument aux morts de la guerre d’indépendance d’Algérie.
On a visité son musée par la même occasion sur l’histoire et la création de l’Algérie.
Malgré un dérèglement climatique de fou (il a bien plu et neigé), nous avons été conquis par l’hospitalité Algérienne qui contrairement à ses deux voisins maghrébins, la Tunisie et le Maroc, n’est pas une destination de tourisme de masse.
Le peu de touristes qui viennent donc visiter le pays, sont accueillis comme des invités, avec tout ce que les coutumes et les traditions dictent à ce sujet.
Texte rédigé par Benoit Trecom
Envie de Maghreb
[email protected]
Tel : 06.64.71.70.11
https://enviemaghreb.com
Rédigé le 02/02/2023 à 14:31 dans Algérie, Tourisme | Lien permanent | Commentaires (0)
Alger, capitale de l’Algérie, est une ville touristique paradisiaque idéale pour passer les vacances seul ou en famille. La diversité culturelle, la beauté des paysages et l’incroyable vue sur la Méditerranée rendent Alger une destination tant appréciée par les touristes.
Certes, voyager peut se faire à l’improviste, mais il est mieux de s’y préparer pour pouvoir profiter au maximum de votre séjour. Ainsi, si vous prévoyez de visiter Alger, prenez en compte ces 10 choses que vous devez faire durant votre voyage.
Casbah est classée parmi les patrimoines mondiaux de l’UNESCO. Elle est connue pour être une vieille ville qui date du 17e siècle.
Ce monument a une architecture impressionnante qui comprend trois mosquées :
Ainsi que le palais de la Casbah.
Cette église catholique datant des années 1800 est située sur une falaise au Nord d’Alger. Cette belle basilique vaut la peine d’être visitée, c’est un édifice qui regorge plein d’histoires.
En plus, elle sera magnifique sur vos réseaux sociaux.
La Grande Poste est réputée comme l’une des plus belles places en Alger, voire en Algérie. Le bâtiment a une architecture et un design néo-mauresque, ce qui la rend l’une des places les plus visitées par les touristes.
Découvrez l’histoire de l’Algérie en visitant le grand et beau musée du Bardo. Vous pourrez y voir des artefacts, des écrits et des expositions.
Cette rue est une attraction touristique sublime avec une architecture à la française. Elle s’étend tout au long de la Grande Poste jusqu’aux hauteurs d’Alger.
En vous promenant dans cette rue, vous pourrez visiter les boutiques, les resto et cafés.
Si vous séjournez à Alger, il est indispensable de visiter ce monument emblématique et historique de 92m construit pour rendre hommage aux personnes tuées lors de la guerre de l’indépendance.
Pensez également à explorer la plus vieille mosquée de la ville située dans le Casbah, datant de 1097. De plus, c’est l’un des rares monuments almoravides au monde.
Pensez à vous divertir ou à vous détendre. Le parc Aquafortland est l’un des meilleurs parcs aquatiques de la région, il est idéal pour s’amuser et pour se relaxer.
Sheraton Club des Pins Resort est un endroit idéal pour dîner ou passer une soirée, seul ou en groupe. Dégustez les meilleures cuisines algériennes, asiatiques et autres dans les restaurants localisés dans la station.
Le terrain de golf situé en Alger est accessible à tous. Elle séduit particulièrement les touristes et visiteurs grâce à sa vue splendide sur la côte et sur la ville d’Alger.
K. Sofia
https://www.maghrebemergent.com/les-10-choses-a-faire-absolument-lorsquon-visite-alger-4/
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Rédigé le 20/08/2022 à 18:43 dans Alger, Algérie, Tourisme | Lien permanent | Commentaires (0)
La bombe américaine.
Pourquoi Hiroshima et Nagasaki ont-elles été bombardées ?
« Il demeure historiquement établi, et c'est ce fait qui devra être jugé dans les temps à venir, que la question de savoir s'il fallait ou non utiliser la bombe atomique pour contraindre le Japon à capituler, ne s'est même pas posée. L'accord fut unanime, automatique, incontesté autour de notre table. » Winston Churchill, 1954.
* Paul Tibbets, le pilote, n'ignorait rien ni de sa mission, ni de ses conséquences. Ce n'était pas un soldat naïf et manipulé qui exécutait les ordres sans en comprendre et mesurer la portée. « Si Dante s'était trouvé avec nous dans l'avion, il aurait été terrifié », a-t-il raconté des années plus tard. « La ville que nous avions vue si clairement dans la lumière du jour était maintenant recouverte d'une horrible salissure. Tout avait disparu sous cette effrayante couverture de fumée et de feu », avait-il précisé.
Tibbets avait bien conscience que c'était une bombe abominable qu'il larguait sur des populations civiles sans défense. C'était un « soldat de confiance » à qui on avait tout expliqué avant le décollage de son avion, avec dans ses soutes une succursale de l'enfer qu'il allait laisser froidement tomber sur la tête de femmes, d'hommes et d'enfants désarmés.
Il savait parfaitement ce qu'il faisait.
Paul Tibbets s'était retourné vers l'équipage : « Les gars, vous venez juste de larguer la première bombe atomique ». De retour au sol, c'est l'enthousiasme général. Tibbets reçoit la Distinguished Service Cross.
Promu général de brigade en 1959, Tibbets a quitté l'armée en 1966. Il s'est éteint paisiblement le 1I³ novembre 2007 à Columbus dans l'Ohio.
Jamais depuis la fin de la guerre les autorités américaines n'ont exprimé de regrets pour les bombes larguées au dessus du Japon en août 1945. La légitimité des actions de guerre pour eux ne fait aucun doute : l'Amérique n'avait fait que se défendre contre un ennemi qui, le premier, avait ouvert les hostilités en bombardant Pearl Harbor en décembre 1941.
Cependant, cette position s'est nettement infléchie depuis l'arrivée de B. Obama à la Maison Blanche. Quelques faits remarquables :
- 2010. Les Etats-Unis sont représentés pour la première fois par un ambassadeur, John Roos, aux cérémonies du bombardement atomique d'Hiroshima du 6 août 1945.
- 2012.- Clifton Truman Daniel, petit-fils du président américain Harry Truman qui ordonna les bombardements, était présent à la cérémonie. S'exprimant lors d'une conférence de presse, il n'avait pas souhaité commenter les décisions prises par son grand-père. « Je viens deux générations plus tard », a expliqué Clifton Truman Daniel, 55 ans.
« Il est maintenant de ma responsabilité de faire mon possible pour que nous n'utilisions plus jamais des armes nucléaires », avait-il déclaré, cité par l'agence de presse japonaise Kyodo. Le gouvernement américain était de son côté à nouveau représenté à la cérémonie par le même John Roos.
V. 27 mai 2016. A l'occasion d'un sommet du G7, pour la première fois depuis 1975 un président américain s'est rendu à Hiroshima.26 Il a salué les victimes, prononcé des mots très compassés, Barack Obama dépose une couronne devant le cénotaphe du Parc du mémorial de la paix embrassé un des survivants (hibakusha) à cet abominable bombardement.
« Il y a 71 ans, la mort est tombée du ciel », a dit M. Obama, premier président américain en exercice à se rendre en ce lieu, visité chaque année par plus d'un million de personnes. « Nous sommes venus pour rendre hommage aux morts ». « Leurs âmes nous parlent. Elles nous demandent de regarder au fond de nous-même ».
C'est vrai, il n'y est pas allé en août. C'est vrai aussi qu'il a refusé de présenter des excuses, fidèle en cela à une constante attitude américaine.
Mais cette visite, ses mots et tous ces gestes symboliques forts y ressemblent beaucoup. « Nous avons la responsabilité de regarder l'histoire dans les yeux » (M. Obama). Reconnaître de cette responsabilité ne revient-il pas à s'excuser, un peu ?
Cela dit, au Japon et depuis longtemps, personne ne lui en demandait. Sunao Tsuboi, rescapé de 91 ans, militant antinucléaire de longue date, avait expliqué avant la cérémonie que s'il avait l'occasion d'échanger avec le président, il exprimerait d'abord sa « gratitude » pour la visite. « Je n'ai aucunement l'intention de lui demander des excuses ».
Pouvait-il en être autrement ?
En vertu du traité de sécurité américano-japonais de 1951, quelque 50.000 soldats américains sont stationnés sur l'archipel. Cela, contre l'avis des populations japonaises opposées à la présence de bases militaires étrangères sur son territoire.
* Jusqu'à la mort de Roosevelt, Harry Truman ne savait pas grand-chose du Projet Manhattan. Ni Roosevelt, ni L. Groves qui refusa de coopérer avec le « Comité Truman » chargé d'enquêter sur les programmes militaires pour en rationaliser les coûts, ne jugèrent utile de l'en informer. Cela ne l'empêcha d'aucune manière de décider avec un entêtement et une singulière fermeté de lancer les bombes sur les villes japonaises.
Un porte-avions a hérité de son nom, comme bien d'autres portent avions et d'autre présidents américains auxquels la puissance de leur pays épargna des procès pour crimes contre l'humanité. L'Histoire s'en chargera peut-être un jour lorsque les Etats-Unis d'Amérique ne seront plus en état de peser sur son écriture, deviendront un pays « normal » et, comme les autres, relèveront d'une justice ordinaire.
Plus de soixante ans après, rien de fondamental n'a vraiment changé. L'opinion américaine reste majoritairement convaincue que le largage de bombes atomiques sur des populations civiles japonaises était un acte légitime et nécessaire. Au mieux « un mal nécessaire ».
L'on retrouve aujourd'hui les mêmes arguments servis en 1945 pour justifier cet holocauste.
Près des deux-tiers des Américains continuent de croire que cette décision a permis d'abréger la guerre en Asie en brisant le moral des Japonais. On sait que cela n'était que très partiellement exact27.
C'était la bombe ou la mort d'un million de soldats américains répètent inlassablement ceux qui dominent l'univers médiatico-politique. Ces pertes avaient été sciemment, exagérément montées en épingle dans la guerre du Pacifique pour rendre l'usage des bombes atomiques inéluctable.
Certes, la combativité farouche des Japonais avait surpris et effrayé les troupes de Douglas MacArthur, notamment au cours de la Bataille d'Okinawa où les Américains avaient perdu de nombreux soldats.
Les vraies raisons sont ailleurs.
Vengeance ?
Les États-Unis voulaient punir l'attaque surprise japonaise de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941. À cette date, les Japonais attaquèrent par surprise les Américains, tuant 2 403 marins américains et détruisant une partie importante de leur marine.
Ce ne fut qu'après cette attaque que le Japon déclara la guerre aux Etats-Unis.
« Nous avons mis au point la bombe et nous nous en sommes servis. Nous nous en sommes servis contre ceux qui nous ont attaqués sans avertissement à Pearl Harbor, contre ceux qui ont affamé, battu et exécuté des prisonniers de guerre américains, contre ceux qui ont renoncé à obéir aux lois de la guerre. Nous avons utilisé [l'arme atomique] pour raccourcir l'agonie de la guerre, pour sauver des milliers et des milliers de vies de jeunes Américains. » H. Truman, le 09 août 1945, à la radio américaine.
Expérimentation ?
Pour les Américains, les Japonais n'étaient pas vraiment, complètement humains. Il en était ainsi d'autres peuples qui habitent la planète Terre. Par exemple, les Américains de peau noire.
Ils étaient curieux de savoir les effets de la bombe sur ce qui reste des hommes et des villes.
Dès la fin des bombardements, une armée de techniciens, de médecins, de biologistes... sont partis au Japon examiner la « situation » sur le terrain. Prélever des échantillons, observer les morts et les survivants...
Leurs homologues allemands en faisaient de même en Europe conquise par les légions du IIIème Reich. L'université de Strasbourg, par exemple, refondée par Guillaume II après 1870, regermanisée à nouveau en 1940, avait son centre de recherche spécialisée...
Leó Szilárd, à la fin de la guerre, confiera : « Si les Allemands avaient largué des bombes atomiques à notre place, nous aurions qualifié de crimes de guerre les bombardements atomiques sur des villes, nous aurions condamné à mort les coupables allemands lors du procès de Nuremberg et les aurions pendus. »
Spéculation simpliste d'un pacifiste désabusé.
On peut en douter à la lecture des commentaires de l'époque sur les mœurs des non occidentaux, sur la sauvagerie des combattants japonais, il est tout aussi probable que les Américains et les Européens ne tenaient « pas vraiment, pas complètement » les Japonais (et en l'occurrence tous les Asiatiques,) pour des êtres humains. Sûrement pas en tout cas pour des êtres humains comme « eux ».28
N'oublions pas que lors du débarquement en Normandie, le 06 juin 1944, les soldats afro-américains étaient isolés de leurs « concitoyens caucasiens » et combattaient dans des unités séparées. Déjà, pour les JO de 1936 à Berlin, ils avaient traversés sur le même bateau mais pas sur les mêmes ponts.
L'« Affirmative action » n'était encore qu'un rêve d'un pasteur noir qui sera assassiné plus de 20 ans plus tard et l'élection d'un président de « couleur », un événement inimaginable à l'époque.
En sorte que pour de nombreux Américains (le pire était sans doute qu'ils le pensaient de « bonne foi ») les bombes américains n'avaient pas tué des hommes comme eux, mais seulement une sorte d'animaux nuisibles, terriblement dangereux.
Principe opérationnel de base : il faut d'abord déshumaniser l'ennemi avant de tuer.
L'observation attentive des films hollywoodiens sortis au cours des années 1950, montre à quel point la mort d'un Japonais constituait à peine la toile de fond dramatique sur laquelle était célébrée la bravoure des soldats yankee.
Les « Indiens d'Amérique » qui n'ont été déclarés très formellement « citoyens américains » qu'en 192429, ont joué un rôle similaire dans la « Conquête de l'Ouest ».
« Un bon indien est un indien mort » aurait déclaré le major-général Sheridan (1831-1888). Qu'il l'ait dit ou non, les faits demeurent arithmétiquement incontestables : 90% des « Indiens » d'Amérique du Nord furent exterminés, notamment au cours du XIXème siècle.
Une bombe géostratégique.
Avant même la fin de la Seconde Guerre mondiale, la guerre froide était déjà engagée. Et l'Amérique devait montrer aux Soviétiques qui était le plus fort. Washington devait aussi le montrer au reste du monde car c'est désormais toute la planète qui devenait un enjeu et un théâtre d'opération, le futur « Grand échiquier », formalisé plus tard par Zbigniew Brzezinski30, conseiller à la Maison Blanche de 1977 à 1981.
Au fond, les Allemands voyaient le monde par le bout d'une petite lorgnette, sous l'angle étriqué des panzerdivisionen.
A. Hitler (avec son mentor v. Hindenburg) était encore dans les tranchées de la 1ère guerre mondiale et dans la forêt de Compiègne et les patrons européens paralysés par la peur des Bolcheviks.
L'Amérique se plaçait à l'échelle d'un monde à trois dimensions que l'US Air Force allait rétrécir pour le soumettre dans sa globalité. Et il était hors de question de le partager avec qui que ce soit. Pas même avec la Grande Bretagne bercée par l'illusion des accords secrets conclus à Terre Neuve en 1941.
Churchill cultiva avec ses prédécesseurs le trompe-l'œil des « relations spéciales ». Et l'Europe se méprit à l'exception les atlantistes militants qui placent leur cause à l'échelle d'un Occident encerclé de marches barbares 31 - sur le sens du mot « Alliance ». Plus tard, on découvrira que les Empires sont privés de morale et d'amis. Ils n'ont que des intérêts, des ennemis et des vassaux.
La bombe -Ch. de Gaulle l'avait très tôt compris après son passage subreptice au Canada en 1944 où des physiciens français l'avaient, dans le plus grand secret, instruit des entreprises en cours-, est un fusil à un coup qui n'était évidemment efficace que s'il ne servait pas.
Une « arme diplomatique » que la France va s'acharner à posséder pour exister dans un paysage géostratégique mondial en profonde et rapide mutation.
La Grande Bretagne a fait le choix d'une ancienne puissance coloniale qui connaît ses limites et reconnaît le nouvel ordre géopolitique internationale orchestré à partir de Washington. Londres a consenti à ce que ses ogives soient portées par des vecteurs américains et donc conditionner leur usage à l'avis de Washington.
C'était le deal que J.-F. Kennedy avait soumis à H. MacMillan à Nassau en décembre 1962. et que celui-ci devait soumettre à la France.
C. De Gaulle, convaincu que la « grandeur » n'était pas une question de taille, allait résister. Il avait appris à le faire dès 1940 en exil à Londres et en tirera toutes les leçons après 1958.32 Le Royaume Uni sera exclu d'Europe jusqu'à l'arrivée à l'Elysée de G. Pompidou. En 1973, eut lieu le premier élargissement, avec l'entrée dans la CEE par la grande porte en compagnie du Royaume Uni, du Danemark et de l'Irlande.
Le but de la bombe sur le Japon était clair : mais croire que Truman voulait impressionner seulement J. Staline serait une grave erreur. Il a envoyé un signal fort aux Russes -qui l'avaient reçu avant même qu'il ait été envoyé-, et surtout a averti le reste du monde de la naissance du nouvel Empire (annoncée dès 1919) auquel il fallait prêter allégeance.
Tous les efforts étaient déjà déployés dans la consolidation du « containment » conçu par Dean Acheson -secrétaire d'Etat de 1949 à 1953- et la domestication de l'URSS et le recyclage de l'Allemagne et du Japon dans le « nouveau monde ».
On a oublié ce fait qui peut paraître surprenant : dès le 08 août, soit 3 mois après la capitulation allemande et deux jours après Hiroshima, l'URSS déclare la guerre au Japon, envahit la Mandchourie, la Corée du Nord et Sakhaline. Ceci explique cela.
Remarques importantes :
* Autant (peut-être mieux) que Truman, Staline était étroitement informé des progrès de la recherche à Los Alamos et des buts réels de Washington. Il était donc prêt. La déclaration de guerre et les mouvements de l'armée rouge n'ont pas été improvisés. Dans le débarquement en Normandie le 06 juin 1944, un train en cachait un autre : la libération de la France était un objectif mineur dans la stratégie américaine. L'impératif était d'aller le plus loin et le plus rapidement possible vers l'est à l'encontre des armées russes. Le partage de l'Europe s'ensuivit.
* A l'évidence, l'attaque atomique du Japon a été contreproductive dans la mesure où elle allait provoquer ce qu'elle avait pour objet d'éviter. La Russie n'a pas été impressionnée. Le bombardement de Nagasaki le lendemain 09 août n'y changera rien. Plus préoccupant, les Etats-Unis avaient épuisé leur stock de bombes. Ils avaient fait exploser les trois prêtes à l'emploi. Staline le savait-il ?
* Toutes les démonstrations de forces faites plus tard dans le Pacifique tenteront pour une part de rattraper ce coup. Le spectacle s'est dissout dans sa répétition.
Dans ce jeu d'échec redoutable, Tokyo allait jouer le rôle de pion sur un échiquier (ou plus exactement allait laisser croire à cela), dans un monde qui n'avait déjà plus rien à voir avec celui de 1939.
Le Japon avait joué et avait perdu. Il en a payé le prix et n'a pas cessé de le faire. Mais le Japon atomisé, militairement occupé et soumis sait composer, donner le change et résister. Un événement apparemment mineur en témoigne.
En 1936, à Berlin on instaura le relais de la flamme olympique. L'identité du dernier porteur est symboliquement chargée, le plus souvent pour transmettre un message de portée morale universelle.
Le 10 octobre 1964, le jeune athlète japonais Yoshinori Sakai qui alluma la vasque lors de la cérémonie d'ouverture les Jeux Olympiques de Tokyo (les premiers à avoir été organisés par un pays asiatique), est né à Hiroshima le 06 août 1945, le jour où la bombe atomique fut lâchée.
Comme on le voit, les Japonais n'ont rien oublié et, à leur manière, le font savoir.
Le soleil nippon y perdra ses rayons, l'Empereur sa divinité, mais dans le cœur des Japonais demeure une conviction profonde et indicible que la Constitution imposée par MacArthur ne l'a que très superficiellement affectée. Au point qu'il est toujours difficile d'identifier si ces concepts ont un sens dans la culture japonaise - les lieux réels du pouvoir et les circuits tortueux des protocoles de décision.
Posons-nous cette question : si les Japonais avaient disposé d'une bombe atomique en 1941, l'auraient-ils lancée sur Pearl Harbor ou sur une ville américaine ?
A cette question il en est une autre : H. Truman aurait-il lancé ses bombes si d'autres pays en possédaient ? La réponse négative à cette question (d'autant plus crédible que depuis 1949 aucun bombardement similaire n'a eu lieu), valide rétrospectivement le point de vues des scientifiques favorables dès 1945 à la diffusion de ses secrets de fabrication, précisément pour dissuader quiconque d'en user. La crise sérieuse de 1962 est, en cela, un test réussi.
Il en est du Japon comme de l'autre perdant de la seconde guerre mondiale.
La crise ukrainienne en cours le démontre en toute clarté. Berlin a résisté, discrètement, mais a fini par céder à Washington dont l'objectif est de réduire le pouvoir du Kremlin et de casser l'axe eurasiatique Berlin-Moscou-Pékin en cours de construction. Le reste de l'Europe a suivi, consentant avec un « enthousiasme » médiatique remarquable à une politique totalement contraire à ses intérêts.
Il est vrai que Wall Street, le dollar et l'extraterritorialisation de la justice américaine, plus encore que le Pentagone, sont des armes efficaces et musellent solidement les économies et le commerce du « vieux continent ».
La société nucléaire, un club très fermé.
La lutte actuelle contre la prolifération nucléaire salutaire dans son principe - est critiquée par ceux qui ne possèdent pas cette arme en ce que ceux qui l'administrent n'auraient qu'une préoccupation : maintenir l'exclusivité de sa détention et interdire à ce que d'autres puissent en disposer, avec un contrôle tel sur ses usages civils que cela revient réellement à en limiter la maîtrise par tout pays désirant y accéder.
Cette lutte est ainsi passée du processus de réduction progressive des armements à la chasse à ceux qui voudraient s'en doter.
On n'entre dans ce cercle oligopolistique que par effraction. Ainsi en fut-il de la France, de l'Inde, du Pakistan et d'Israël. Le Brésil, le Japon, l'Allemagne, l'Afrique du Sud, et quelques autres plus moins contraints, y renoncèrent chacun pour ce qui le concerne.
En fait, contrairement aux arguments régulièrement diffusés sur l'importance que représente l'armement atomique, les Etats-Unis n'ont pas besoin de bombes atomiques pour dominer militairement sur Terre.
On peut même penser que l'interdiction totale de ce type d'armes leur conviendrait parfaitement. Les « forces conventionnelles » américaines sont suffisantes pour détruire des pays entiers où qu'ils se situent sur la planète.
Dans cette hypothèse, la France par exemple -la crise ukrainienne le montre- se retrouverait dans une situation extrêmement préoccupante. Tout au moins le fut-elle à l'époque gaullienne où elle disposait encore en toute souveraineté de ses forces armées, désormais placées depuis 2007 sous commandement de l'OTAN, c'est-à-dire américain.
Plusieurs traités multilatéraux ont été conclus en vue de prévenir la prolifération et les essais nucléaires tout en promouvant les progrès en matière de désarmement nucléaire.
Il s'agit du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (NPT), du Traité interdisant les essais d'armes nucléaires dans l'atmosphère, dans l'espace extra-atmosphérique et sous l'eau, aussi appelé Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (CTBT), qui a été signé en 1996 mais n'est pas encore entré en vigueur.33
La plupart des traités ont été démantelés, D. Trump s'y est attaché avec ardeur. Le dernier qui reste « New Start » signé en 2010. Il limite les arsenaux des deux pays à un maximum de 1 550 ogives chacun, soit une réduction de près de 30% par rapport à la limite précédente fixée en 2002. Il limite aussi le nombre de lanceurs et bombardiers lourds à 800, ce qui reste suffisant pour détruire la Terre plusieurs fois.
En janvier 2021, Vladimir Poutine l'a prolongé pour cinq ans, jusqu'en 2026. Mais il semble promis à un décès prématuré, compromis par les sanctions américaines du fait du conflit ukrainien.
Le Traité sur l'interdiction des armes nucléaires (TPNW) a été adopté le 07 juillet 2017 par la Conférence des Nations Unies pour la négociation d'un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires en vue de leur élimination complète, qui a eu lieu à New York du 27 au 31 mars et du 15 juin au 07 juillet 2017. Conformément à son article 13, le Traité est ouvert à la signature de tous les États au Siège de l'Organisation des Nations Unies à New York à compter du 20 septembre 2017.
De nombreux pays l'ont signé. Surtout des pays du sud et certains pays européens militairement mineurs, comme le Lichtenstein par exemple. Mais il n'a été signé et encore moins ratifié par aucun des pays qui possèdent l'armement atomique.
CQFD
Gerboise bleue.
Sans la défaite de 1940, la France aurait peut-être été la première à maîtriser la technologie nécessaire pour la mise au point d'un réacteur et de la bombe. La famille Curie a été à l'origine de ces recherches. L'eau lourde scandinave et l'uranium congolais auraient pu peut-être permettre à l'équipe dirigée par Frédéric Joliot d'aboutir. Elle en fut empêchée par la guerre et l'armistice.
Les anglo-saxons firent tout leur possible, jusqu'à l'élection de Nixon, pour dissuader et empêcher les Français de se doter de cette arme. Dès octobre 1945, le Général décréta la naissance du CEA et, après 1958, prit les décisions adéquates qui aboutirent à l'opération « Gerboise bleue ».
Il faudra attendre le S. 13 février 1960 pour que la France fasse exploser son premier engin dans le désert algérien, à quelques kilomètres de Reggan.34
On a dit qu'une des raisons pour lesquelles Roosevelt ne supportait pas de Gaulle tenait à ce que ce dernier fût un général et que le président américain ne concevait pas une démocratie dirigée par des militaires. Il n'a pas pris garde au fait que de Gaulle a cessé, dès le « 18 juin », d'être un soldat. Cela a trompé Roosevelt. Cela a aussi trompé le « quarteron de généraux à la retraite » qui à son grand regret a oeuvré à son retour aux affaires en 1958.
Cela dit, la qualité de Ch. de Gaulle importait peu. F. Roosevelt aurait négocié avec n'importe qui lui aurait garantit la subordination sinon la docilité de la France. N'avait-il pas joué l'amiral Darlan en 1942, puis le général Giraud contre de Gaulle ? Cela tombe sous le sens, non parce que ce dernier était un soldat, mais parce qu'il était insoumis.
La bombe de Saddam Hussein. Faux et usage de faux.
Pour justifier l'intervention militaire en Irak, on le sait (maintenant de manière officielle) que l'administration Bush avait eu recours à un travestissement sophistiqué des faits destiné à persuader l'opinion publique américaine et mondiale que l'Irak était un pays dangereux pour lui-même, pour ses voisins et pour la paix dans le monde. La hiérarchie des raisons invoquées était variable selon les circonstances :
- C'était tantôt un pays dirigé par un dictateur sanguinaire qui opprimait son peuple (par exemple en gazant les Kurdes irakiens) et menaçait ses voisins ainsi qu'il le fit contre le Koweït en 1991.
- Tantôt comme un pays plus ou moins lié à El Qaïda, organisation (dirigée par un ancien collaborateur occulte de l'Amérique, notamment en Afghanistan à l'époque où ce pays était sous contrôle soviétique après 1979) qui a été jugée responsable de l'attaque des Twin Tower de Manhattan.35
Il est une troisième raison posée comme devant impérativement entraîner l'action militaire : l'Irak aurait rassemblé les moyens techniques nécessaires lui permettant de disposer d'une bombe nucléaire.
Nous savons que beaucoup de gouvernements ont refusé de partager l'analyse de Washington. On pense évidemment à la France chiraquienne et en particulier au discours prononcé le 14 février 2003 par Dominique de Villepin, le ministre français des Affaires Etrangères d'alors, devant Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Une étude publiée en janvier 2008, réalisée à partir d'une base de données intégrant des déclarations publiques dans les deux années qui ont suivi le 11 Septembre et des informations provenant de plus de 25 rapports gouvernementaux, livres, articles, discours et interviews, a permis de relever au moins 935 fausses déclarations36.
« Il n'est maintenant plus contesté que l'Irak ne possédait pas d'armes de destruction massive et n'avait pas de liens significatifs avec Al-Qaïda », selon Charles Lewis et Mark Reading-Smith, membres du Fonds pour l'indépendance en journalisme, qui ont travaillé sur l'étude. « En bref, l'administration Bush a mené la nation vers la guerre sur la base d'informations erronées qu'elle avait propagées méthodiquement, et cela s'est terminé par une action militaire contre l'Irak le 19 mars 2003 ».
Dans cette gigantesque mise en scène (relayés fidèlement et intensivement par des réseaux de communication mondialisés, intimement liés aux milieux transnationalisés de l'économie, de la politique, de la finance, du pétrole, des industries des armes...), presque tous les hauts responsables américains qui occupaient à l'époque des fonctions diverses ont pris leur part: le vice-président Dick Cheney, la conseillère à la sécurité nationale Condoleezza Rice, qui avait été chargée par la suite de la diplomatie américaine, le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, le secrétaire d'Etat Colin Powell, le vice-secrétaire à la Défense Paul Wolfowitz et les porte-parole de la Maison Blanche Ari Fleischer et Scott McClellan.
Le président Bush arrive en tête avec 259 fausses déclarations, 231 concernant les armes de destruction massive en Irak et 28 sur les liens de l'Irak avec Al-Qaïda, selon l'étude. Pour Colin Powell, l'étude recense 244 fausses déclarations sur les armes de destruction massive en Irak et dix sur l'Iran et Al-Qaïda. Ce même 14 février, Colin Powell, secrétaire d'Etat à la défense des Etats-Unis devant les membres du Conseil de Sécurité s'est appuyé sur une thèse sciemment erronée.37
Toute cette opération était cousue de fil blanc. Le projet d'attaque de l'Irak avait été concocté des années auparavant, dans la foulée de « Desert Strom » (1991), sans que les exécutants s'attardent sur la vraisemblance des causes et des justifications. Washington n'en a cure.
La bombe iranienne
Les Iraniens n'ont jamais cherché à disposer d'un armement atomique. En témoigne leur signature au bas de l'Accord 5+1 conclu en 2015 avec toutes les garanties offertes aux contrôles de l'AIEA.
Mais après que les Etats-Unis aient dénoncé unilatéralement cet accord en mai 2018, poussés à bout, les Iraniens chercheraient, dans une logique gaullienne, à crédibiliser un rapport de forces géopolitique régional à leur avantage pour devenir un interlocuteur incontournable de la « communauté internationale » dans la résolution des conflits locaux. Hors de question de se priver de vecteurs garants de leur sécurité. Hors de question de rompre un pacte d'alliance avec ses voisins, notamment syriens.38
Ce pays est à la jonction des fronts du sous-continent indien (qui opposent la Chine, l'Inde, le Pakistan, la Russie, l'Afghanistan, les ex-Républiques Soviétiques, les Etats-Unis et ses nombreux « alliés ») et des multiples fronts du Proche-Orient (y compris les querelles caucasiennes). Il veut se ménager une profondeur stratégique dans un espace d'interlocution où interfère une multitude d'intérêts opposés.
C'est, pour autant que nous puissions en juger, le principal intérêt que présente pour l'Iran la maîtrise de l'atome. Son emploi militaire signifie un échec que personne n'imagine car il entraînerait des conséquences que personne ne souhaite. Là est tout le secret de cette arme.
Ce qui est vrai pour l'Iran l'est tout autant pour la Corée du nord dont les essais nucléaires et lancements de missiles ne semblent viser qu'un seul objectif : négocier à son profit (sous l'aile « protectrice » de la Chine39) la réunification de la Corée et son retour dans le monde post-soviétique.
La logique militaire est trop proche de la réalité et des instruments de la guerre, obnubilée par l'efficacité des armes, pour discerner l'intelligence de leur usage. Mais n'est-ce pas après tout cela qu'on demande aux soldats ?40
La morale, les principes, les valeurs... c'est bon pour les armées de bonimenteurs qui pullulent sur les plateaux de télévision.
*******
Les règles du jeu ont été édictées aux lendemains des explosions d'Hiroshima et de Nagasaki. Le président Truman fixa en ces termes le cadre intangible de la politique atomique américaine : « Nous devons donc, disait-il, nous constituer nous-mêmes en dépositaires de cette nouvelle force afin d'éviter qu'il en soit fait un dangereux usage et d'en orienter l'utilisation pour le bien de l'humanité. »
Nous en observons aujourd'hui la mise en œuvre, consistant à limiter la possession de l'armement nucléaire et en interdire à quiconque la maîtrise, sous prétexte que personne mieux que l'Occident dont l'Amérique est le chef de file, ne saurait en faire un usage sage et raisonnable.
Il demeure un fait que, quoi qu'on dise à propos de la décision de Truman, l'Amérique laissera dans l'histoire de l'humanité l'image de la nation qui a osé... Et cette image terrible, les Américains devront l'assumer pour l'éternité.
Cependant, le plus urgent est la remise en cause de la symétrie entre l'ordre nucléaire et l'ordre géopolitique mondial. Car en réalité c'est bien à cela que faisait allusion H. Truman plus haut.
Le conflit ukrainien ne signifie pas seulement la faillite d'un mythe : la construction européenne a été vendue aux populations en tant que garant d'une paix éternelle sur le continent. Le slogan c'est l'Union qui a chassé la guerre du continent a été une belle escroquerie politique.
En sorte que la question s'impose : y aura-t-il une Europe après l'Ukraine ?
La crise en cours n'a pas seulement ébranlé l'Union. Elle a vraisemblablement achevé l'ONU et toutes les institutions internationales que l'émergence prématurée de l'« hyperpuissance » américaine.
Bientôt, le Conseil de sécurité ne bloquera plus aucune Résolution. La médiation fondée sur les bombes atomiques « pour le bien de l'humanité » est terminée.
Je serai reconnaissant à tout lecteur qui me ferait part de toute inexactitude ou déduction erronée qu'il décèlerait dans ce papier.
Abdelhak BENELHADJ
La bibliographie et la filmographie sont sur ce sujet, on le devine, considérable. Ci-après quelques références pour compléter et approfondir la connaissance de la question:
- BENDJEBBAR André (2000) : Histoire secrète de la bombe atomique française. Paris, Le cherche-midi-éditeur. 404 p.
- BIQUARD Pierre (2003) : Frédéric Joliot-Curie et l'énergie atomique. L'Harmattan, 262 p. Réédition du livre paru en 1961 chez Seghers, 255 p.
- Cahiers de Sciences et Vie n°7 (février 1992) : Le projet Manhattan. Histoire de la première bombe atomique. 96 p.
- Collectif sous la direction de Céline JURGENSEN et Dominique MONGIN (2018) : Résistance et Dissuasion. Des origines du programme nucléaire français à nos jours. Odile Jacob, 396 p.
- JACQUARD Roland (1986) : Le marché noir de la bombe. Paris, Vertiges du nord/Carrère, 195 p.
- JEROME Fred (2003) : « Einstein. Un traître pour le FBI. Les secrets d'un conflit » Traduit en 2005 aux éditions Frison-Roche, 378 p.
- LAUNET Edouard (2016) : Sorbonne plage. Stock, 214 p.
- McNAMARA Robert (1986) : Plaidoyer. Prévenir la guerre nucléaire. Traduction chez Hachette 1988, 189 p.
- PEAN Pierre (1982) : Les deux bombes ou comment la guerre du Golfe a commencé le 18 novembre 1975. Fayard, nouvelle édition 1991, 199 p.
- PINAULT Michel (2000) : Frédéric Joliot-Curie. O. Jacob, 712 p.
- Pour la science, n°6. Fermi, un physicien dans la tourmente. Mai 2001. 98 p.
Notes
1- Il tombe sous le sens que le général n'exclut pas l'exception : il y a les moyens et ce que l'on en fait. Par exemple : lors de la bataille d'Azincourt (1415) -sur le territoire français de surcroît !-, 12 000 Anglais ont défait 50 000 Français, la fine fleur de la chevalerie française y a péri et l'inimitié franco-britannique définitivement ancrée dans l'histoire des deux « ennemis intimes ». (A. Benelhadj « Géopolitique de la sécurité et du développement » Le Quotidien d'Oran, 16-23 avril 2005.)
2- Après un historien britannique en 2005 (Frederick Taylor), une commission d'experts a révisé en baisse le nombre de victimes de ces bombardements (Associated Press, J. 02/10/2008). Des Allemands maintiennent toujours un nombre total de morts situé selon eux entre 500 000 et un million. Des voix ont suggéré la traduction devant un tribunal, des hommes qui ont ordonné ces attaques, au moins pour crimes de guerre.
3- Cf. Jörg Friedrich : « L'incendie : L'Allemagne sous les bombes 1940-1945. » Editions de Fallois, 2004, 542 p.
4- Éditorial de « Combat », 08 août 1945. Dans une allégresse générale, Camus fut une des rares voix à s'élever immédiatement après le bombardement d'Hiroshima pour ne pas s'en réjouir.
5- Les statistiques et les commentaires font souvent l'impasse sur la vingtaine de millions de Chinois et sur les soldats mobilisés d'office par les métropoles coloniales, les premiers envoyés au front, chair à canons morts pour une cause qui n'était pas la leur. Par comparaison, les Etats-Unis ont perdu un peu plus de 400 000 hommes, à moins de 2000 civils près, tous des soldats.
6- Que dire alors de la « Tsar Bomba » soviétique (ainsi surnommée par les Américains) de 57 mégatonnes qui explosa le 30 octobre 1961, conçue et réalisée sous la direction de Andreï Sakharov, le Nobel russe de la paix 1975.
7- A. Benelhadj : « Il n'existe pas de guerre civilisée ». Le Quotidien d'Oran, J. 03 avril 2003.
8- Pour embrouiller davantage l'affaire, l'historien berlinois Rainer Karlsch, dans son livre « La bombe de Hitler » (Calmann-Levy 2007, 528 p.), prétend plus de 60 ans plus tard que les nazis ont testé plusieurs bombes nucléaires tactiques entre octobre 1944 et mars 1945.
9- La contribution de Lise Meitner a été complètement ignorée. Comme a failli l'être celle de la polonaise Marie Sk³odowska en 1903.
10- Dès 1939, F. Joliot a attiré l'attention de Edgard Sengier, un des directeurs de cette société, sur l'importance de l'uranium utilisé jusque-là comme colorant jaune dans les faïences. 1 250 tonnes de ce minerai se retrouveront à New York fin 1940, avec 26 bidons d'eau lourde (nécessaire à la séparation isotopique) que Joliot avait réussi à se procurer en Norvège.
11- Cf. Charles Franck (1993) : « Opération Epsilon : Les transcriptions de Farm Hall. » Paris, Flammarion, 384 p. A ne pas confondre avec le roman de science fiction de J.-P. Garen publié chez Fleuve Noir en 1977, 213 p.
12- Larry Collins (1985) : Fortitude. Paris, Robert Laffont, 667 p. Le nom du chef de la « section F » a été soigneusement gardé secret, même après sa mort intervenue le 17 avril 1992. Il s'agit du colonel britannique Maurice Buckmaster, chef du SOE de 1941 à 1945. On peut en comprendre les raisons : pour les intoxiquer, le réseau Prosper a été « vendu » délibérément par l'Intelligence Service aux Allemands. 400 résistants français et une vingtaine de Britanniques ont été « sacrifiés ». Qui aurait osé s'en vanter ?
13- Lire à ce sujet le papier de Mark WALTER (1992) : Le mystère de la bombe allemande. In Le projet Manhattan. Les Cahiers de Science et Vie, HS, n°7, pp.64-75. M. Walter a entrepris une recherche plus complète sur la question : German National Socialism and the Quest for Nuclear Power 1939-1949. Cambridge University Press, 1989. 290 p.
14- En mars 2002, cette lettre avait été mise aux enchères et acquise pour 2,1 millions de dollars.
15- « La pire des institutions grégaires se prénomme l'armée. Je la hais. Si un homme peut éprouver quelque plaisir à défiler en rang aux sons d'une musique, je méprise cet homme... Il ne mérite pas un cerveau humain puisqu'une moelle épinière le satisfait. Nous devrions faire disparaître le plus rapidement possible ce cancer de la civilisation. » A. Einstein, « Comment je vois le Monde » (1934), p. 8, éd. Flammarion.
16- Traduit en 2005 aux éditions Frison-Roche, 378 p.
17- De nationalité suisse, le physicien n'a demandé et obtenu la citoyenneté américaine qu'en octobre 1940, précisons : contre l'avis du FBI. L'affaire est enterrée par E. Hoover le 04 octobre 1955, soit près de cinq mois après la mort d'Einstein (le 18 avril de la même année).
18- Toute cette affaire paraît truffée d'incohérences. Comme nous le verrons plus loin, les autorités américaines avaient de bien meilleures raisons de refuser à R. Oppenheimer la direction de Los Alamos. Certes, celui-ci était de naissance américaine...
19- « Je m'appelle Pavel Soudoplatov (...) C'est moi qui ai organisé l'assassinat de Trotski. (...) J'ai également assumé la direction des activités de l'espionnage soviétique qui visaient à percer les secrets atomiques détenus par Robert Oppenheimer, Enrico Fermi, Klaus Fuchs et d'autres. ». Le 25 avril 1994, le «Time Magazine» en avait fait un sujet de couverture impressionnant. Mais le 23 mai, l'hebdomadaire américain dénonçait un ouvrage truffé de mensonges ou d'approximations. Ces confidences (entretiens avec deux journalistes américains, Jerrold et Leona Schecter) sont parues en français aux éditions Seuil sous le titre : « Missions spéciales », par Pavel et Anatoli Soudoplatov. Trad. sous la direction de Marc Saporta, 613 p.
20- C'est justement parce que l'URSS était tenue pour un pays allié que K. Fuchs évita la perpétuité et ne fut condamné à Londres en 1950 qu'à 14 ans de prison (où il n'en passa que 9 et finit sa vie en Allemagne de l'Est). Rappelons toutefois que certains généraux américains en Europe auraient voulu continuer leur campagne au-delà de la frontière Oder-Neisse. Mais pour cela il aurait fallu qu'ils en eussent les moyens militaires et politiques.
21- Un documentaire diffusé ce samedi 06 août 2022 sur la chaîne Arte (« Einstein-Hawking, l'univers dévoilé », en 2 parties) reprend sans sourciller le même mythe selon lequel A. Einstein contribua de manière décisive à la « bombe » grâce à sa célèbre équation E=mc². Autant y associer I. Newton en ce que la mécanique classique étudie la gravité qui détermine la chute de la bombe larguée à Hiroshima.
22- Roosevelt mit N. Bohr sous surveillance pendant tout le reste de la guerre, après sa fuite en 1944 du Danemark occupé vers les Etats-Unis, de peur de le voir diffuser et ses idées pacifistes et plus grave les secrets de la bombe.
23- Le 11 juin 1945, une pétition de savants regroupés alors sous le label « Rapport Franck » préconisait un emploi moins mortifère de l'arme atomique, comme alternative au largage sur des zones d'habitation. Ces scientifiques mirent du temps à mesurer l'illusion qu'ils avaient à croire qu'ils pouvaient agir de manière déterminante sur l'usage des produits de leurs recherches.
24- Le témoignage pour le moins ambiguë de E. Teller très tôt rival de Oppenheimer à Los Alamos notamment et déçu que le choix de la bombe A se soit fait au détriment de son option vers une bombe à hydrogène - fut très critiqué par la communauté scientifique. En 1963, le président Lyndon Johnson le réhabilite en le décorant de la plus haute récompense de l'AEC (Atomic Energy Commission), le prix Enrico Fermi. Rétrospectivement, on peut dire que l'attitude de Oppenheimer ne fut pas toujours exempte de reproches et de contradictions et le procès qu'on lui fit recèle encore de nombreux coins d'ombre.
25- F. Joliot a entamé des recherches très prometteuses avant la guerre. Einstein y fait allusion dans sa lettre à F. Roosevelt. L'invasion de la France en 1940 a définitivement compromis le projet pour lequel il a déposé un brevet en 1939. Il a obtenu le Nobel de chimie en 1935 avec sa femme Irène Joliot, fille de Marie et Pierre Curie. Toute la famille a ainsi accumulé cinq Nobel. Marie est la seule femme à en avoir reçu deux dans deux disciplines différentes (physique et chimie).
26- Avant lui, Jimmy Carter, 39e président élu, attendra le 25 mai 1984 pour visiter le Mémorial de la paix d'Hiroshima. Il a été ainsi le premier ancien président des États-Unis à s'y rendre.
27- Selon un sondage commandé par l'université de Quinnipiac (Connecticut) publié le 05 août 2009 (Reuters, mercredi 05/08/2009 à 17:39). Les personnes âgées et les hommes et les Républicains sont les plus nombreux à approuver les bombardements atomiques des 6 et 9 août 1945. Le taux d'approbation est de 74% chez les Républicains (13% contre), alors qu'il est de 49% (29% contre) chez les Démocrates. Les hommes se déclarent à 72% pour (17% contre), et les femmes à 51% (27%). Les noirs américains sont divisés sur le sujet : 36% sont contre et 34% pour. De même pour les Hispaniques : 44% pour et 43% contre.
28- Lire Vercors (Jean Bruller) (1952) : « Les animaux dénaturés », édition de poche 1975, 363 p.
29- Les Aborigènes d'Australie ne le sont dans « leur » pays que depuis 1967.
30- Livre édité en 1997 et traduit chez Bayard la même année et édité par Fayard en 2010, 273 p.
31- Lire sur ce sujet où les illusions sont nombreuses et anciennes, allant de la soumission raisonnée en une subordination pragmatique, à l'espoir d'une invraisemblable co-décision d'égal à égal (c'était le cas d'E. Balladur avec son « Conseil exécutif paritaire », du moins l'a-t-il fait croire).
- Régis DEBRAY (2002) : L'Edit de Caracalla ou plaidoyer pour des Etats-Unis d'Occident. Paris, Fayard, 138p.
- Edouard BALLADUR (2007) : Pour une union occidentale entre l'Europe et les Etats-Unis. Fayard, 120 p.
- Philippe NEMO (2004) :Qu'est-ce que l'Occident ? PUF, Quadrige. 155 p.
32- Précisons que Charles de Gaulle, malgré son retrait fracassant de l'OTAN en 1966, contrairement aux images d'Epinal qu'il se plaisait d'entretenir, n'a jamais renié son appartenance au camp occidental dominé par l'Amérique. Dans les moments de choix essentiels, la France gaullienne s'est presque toujours placée aux côtés des Etats-Unis. Lors de la crise cubaine par exemple, Kennedy qui avait dépêché D. Acheson pour solliciter l'appui de Paris et était prêt en retour à mettre un terme à l'opposition américaine à la « bombe française », a été très surpris de voir le Général lui accorder son soutien avant toute demande et sans chercher à négocier la moindre contrepartie. (Cf. Vincent Jaubert : « L'Amérique contre de Gaulle. Histoire secrète 1961-1969 ». Seuil, p.75.)
33- https://treaties.un.org/pages/ViewDetails.aspx?src=TREATY&mtdsg_no=XXVI-9&chapter=26&clang=_fr
34- Des Algériens gardent les stigmates de l'accident qui a eu lieu le 1er mai 1962 à In Ecker, au nord de Tamanrasset (essai « béryl », le 2ème d'une série qui en compta 13, jusqu'en février 1966).
35- Une étude de la CIA (« Renseignement et Analyse sur l'Irak: questions pour la communauté du renseignement ») déclassifiée en septembre 2005, a bien noté qu'il n'a jamais existé « aucune relation opérationnelle ou de collaboration » entre El Qaïda et l'Etat irakien (AP, J. 13 octobre 2005, 23h06).
36- Associated Press, mercredi 23/01/2008, 20h24
37- G.-W Bush ne pardonnera pas l'affront : de Villepin est applaudi à la fin de son discours par son auditoire dans une enceinte où de coutume l'on applaudit pas. Mais ils pardonneront très vite. La posture française n'avait qu'une valeur rhétorique. Avec le président suivant à l'Elysée, tout rentra dans l'ordre atlantiste.
38- Cf. A. Benelhadj au Quotidien d'Oran : « D. Trump dénonce le Traité 5+1 » (17 mai 2018). « L'Iran et la bombe » (23 décembre 2021).
39- Pékin instrumentalise à son tour le « problème » nord-coréen, dans ses relations avec Séoul et Washington.
40- On se rappelle le conflit qui opposa le politique Clemenceau et le militaire Foch après 1918.
par Abdelhak Benelhadj
Jeudi 11 aout 2022
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5314371
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Rédigé le 11/08/2022 à 20:24 dans Divers, Tourisme | Lien permanent | Commentaires (0)
Ce que mes parents essayaient de faire, c'est de créer un lien entre leur passé à eux et notre futur à nous (*)
Aux premiers jours de juillet, des milliers de voitures, le porte-bagage chargé à bloc, affluent sur les autoroutes de France. Direction : le Maroc, l'Algérie ou la Tunisie.
Pour les parents, ce retour aux sources est une nécessité, un devoir familial même car c'est le seul moyen de transmettre l'amour du pays à leurs enfants nés en France.
Pour les enfants, ils attendent de cette immersion sur la terre de leurs ancêtres des clés pour mieux comprendre leur identité. Entre pays fantasmé et réalité, cette confrontation avec le bled est le temps de la vérité.
Qui sont-ils ces émigrés ?
Selon une analyse réalisée par l'Institut national français des études démographiques (Ined), l'Algérie figurerait parmi les 15 pays qui fournissent le plus de migrants au monde. Pour l'Aida (Association internationale de la diaspora algérienne) basée à Londres, les Algériens ou personnes d'origine algérienne vivant à l'étranger en 2018 seraient au nombre de 7 millions d'individus, voire plus !
Un ancien secrétaire d'Etat en charge de la communauté nationale à l'étranger avait répondu par cet artifice : «Il y a ceux qui résident à l'étranger de manière régulière et qui sont immatriculés dans nos consulats, ceux qui résident de manière régulière et qui préfèrent ne pas se rapprocher de nos services et sont donc non immatriculés, et ceux, enfin, qui y vivent de manière irrégulière ou clandestine ».
En France, ils seraient 5 millions ! En Amérique du Nord, ils se situeraient entre 120 000 et 140 000 (110 000 au Canada et 30 000 aux USA). Dans les pays arabes, ils seraient quelques milliers et en Afrique quelques centaines.
De ce qui précède, il y a lieu de bien définir les concepts
Jusque-là, on a parlé de migration algérienne car en France, dès 1947, les Algériens deviennent, officiellement du moins, des citoyens appelés par l'administration des «Français musulmans d'Algérie (FMA)». Ils ne sont pas alors considérés comme des migrants étrangers mais comme des migrants régionaux, un petit peu comme les Bretons et les Corses, même s'ils sont, dans les faits, traités durement, guerre d'Algérie oblige.
D'un point de vue juridique, l'émigration algérienne débute officiellement en France le 5 juillet 1962. Entre 1962 et 1982, la population algérienne dans ce pays passe de 350 000 à plus de 800 000 personnes. Cette population qui ne cesse de croître, se décuple en générations voyageant, étudiant, commerçant et s'établissant dans les cinq continents !
Les mouvements migratoires de nos compatriotes ont commencé au début du siècle : le plus gros des troupes se trouvent en France où la première phase de migration algérienne a débuté en 1905. La main-d'œuvre qui la compose travaille essentiellement dans les raffineries et huileries de Marseille, ou comme dockers sur les navires.
Des centaines d'Algériens sont, ainsi, embauchés dans les mines et les usines du Nord et du Pas-de-Calais, les industries de Clermont-Ferrand et Paris. Dès 1912, on parle d'un véritable mouvement migratoire de 4000 à 5000 Algériens qui s'accélère dès 1913, grâce à la suppression du permis de voyage qui était alors requis pour les Algériens en France.
La seconde vague migratoire est composée globalement de 80 000 travailleurs et 175 000 soldats venus d'Algérie dans le cadre de la Première Guerre mondiale. Ceux qui ne sont pas sur le front, sont employés dans la production d'armement, le génie, l'aéronautique, les transports et les mines.
La troisième vague débute en 1920 avec une composante kabyle qui reste importante, avec la migration des habitants du Nord-Ouest oranais qui commencent à gagner du terrain.
La quatrième vague débute avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, après 1945 où les Algériens occupent des emplois dans les domaines de reconstruction de la France et de la relance économique, dans les mines, la sidérurgie, l'industrie et le bâtiment.
La cinquième vague commence avec la guerre de Libération nationale (1954-1962). Le GPRA est formé, le FLN prend le contrôle de l'émigration qui participe au combat libérateur et à l'effort de guerre.
Emigrés, mal-aimés, là-bas ?
Un sondage réalisé en France par Ifop/Atlantic révèle que 26% des Français seulement ont une bonne image des Algériens contre 71% des Marocains et 53% des Tunisiens :
1. Existe-t-il un lien entre le déficit d'image dont souffre l'Algérien en France et la façon dont sont intégrés les émigrés et leurs enfants ?
2. Sont-ils moins intégrés que les autres maghrébins ?
3. Sont-ils moins défendus au plan des droits ?
Que dire alors de ceux qui ne possèdent ni titre de séjour ni permis de travail, ces sans-papiers qui vivent dans la clandestinité la plus totale échappant même au recensement le plus approximatif ; un ancien ambassadeur français les a situés autour de 350 000, chiffre qu'il faut prendre sous toutes réserves, bien entendu, dans ce qu'il cache comme manipulation politicienne, notamment à l'orée des présidentielles françaises à venir !
C'est vrai qu'il est difficile de compter des gens dans la clandestinité mais ce qui est aussi vrai c'est que ces personnes sont décidées «à faire leur trou là-bas envers et contre tous» et tout ce qu'on a mis en place alors, comme ministère délégué (qui entre temps a été supprimé), représentation politique à l'APN, ouverture de nouvelles dessertes aériennes et maritimes, ne leur feront pas changer d'avis, eux qui n'ont foi qu'en leur destinée.
Incompris ici ?
Notre émigration n'est organisée ni socialement ni culturellement et aujourd'hui, on en arrive même à regretter «l'Amicale des Algériens en Europe », organisation sous l'égide du FLN certes, mais qui arrivait tout de même à encadrer, peu ou prou, cette population de l'étranger.
L'émigration algérienne en France a payé un lourd tribut et a conquis ses lettres de noblesse pendant la révolution. Les aînés regroupés dans la Fédération de France ont contribué financièrement et plus encore à faire progresser la lutte de libération : Mourepiane et les manifestations du 17 octobre 1961 en sont les marqueurs.
Aujourd'hui, elle continue à être marquée par ses divisions historiques, politiques et même ethniques. Elle est préoccupée par son existence quotidienne car l'émigré, le beur et, paradoxalement, «le Franco-Algérien » est avant tout une condition sociale dont il est difficile d'en sortir.
Il n'en demeure pas moins que ces Algériens-là sont visibles et font étalage de leur amour du pays à chaque occasion et à chaque match de l'équipe nationale de football où ils déploient l'emblème national, une manière comme une autre de manifester leur présence et de se rappeler au bon souvenir de leurs gouvernants.
Peut-on, pour autant, parler de diaspora ?
Oui, à voir et à entendre certaines personnalités publiques françaises d'origine algérienne qui n'ont de cesse d'affirmer leur appartenance à l'Algérie ; on peut citer dans le désordre Isabelle Adjani, Leïla Bekhti, Shéryfa Luna, Smaïn, Rachid Taha, Rachid Bouchareb, Rachid Arhab, Zinedine Zidane, Brahim Asloun et beaucoup d'autres qui appartiennent au monde de la culture et du sport. Ou encore Fadéla Amara, Leila Aichi, Kader Arif, Azouz Begag, Nora Berra, Malika Benarab-Attou, Yamina Benguigui, Malek Boutih, Samia Ghali, Bariza Khiari, Tokia Saïfi, Karim Zeribi qui appartiennent au monde de la politique.
On peut même ajouter à cette liste qui n'est pas exhaustive, Rachida Dati dont la mère serait d'origine algérienne.
Tout ceci pour dire que le potentiel humain existe mais que les mécanismes institutionnels, de ceux qui font actionner les lobbys font défaut comme par exemple le fameux «Conseil consultatif de l'immigration » souvent annoncé mais tant de fois différé puis remisé dans les tiroirs de nos instances gouvernementales !
La manne des émigrés et si on en parlait ?
Selon la Banque mondiale, les transferts d'argent des travailleurs émigrés vers les pays en voie de développement devraient augmenter de plus de 6% cette année. L'Inde et la Chine sont les premiers bénéficiaires de ces fonds avec 70 milliards de dollars par chaque pays. En 2012, ces fonds ont atteint le seuil de 406 milliards de dollars, soit une hausse de 6,5% par rapport à 2011. Ces flux devraient encore progresser de près de 8% en 2013, puis de 10% en 2014. Pour certains pays africains, les transferts des immigrés représentent près de 10% du PIB. Le Nigeria est en tête avec 21 milliards de dollars en 2012, suivi du Soudan, du Kenya, du Sénégal et de l'Afrique du Sud. En Afrique du Nord, le Maroc se taille la part du lion avec plus de 6 milliards de dollars. Les travailleurs émigrés n'hésitent pas à augmenter les sommes envoyées en cas de situation difficile dans leur pays d'origine.
Emigrés, où sont passées justement leurs devises ?
Interpellé au sujet de l'apport des émigrés établis à l'étranger à l'économie du pays, Belkacem Sahli, l'ancien ministre délégué chargé de la Communauté nationale à l'étranger d'alors, avait estimé que « leur contribution est insignifiante, les sommes transitant par le canal bancaire ne se hissent pas au niveau souhaité, et comparativement aux seuls voisins maghrébins, nous sommes les derniers ».
Les émigrés maghrébins ont transféré dans leur pays quelque 3 milliards et 15 millions d'euros. Le compte a été donné par la Banque européenne d'investissement qui vient de révéler que les Algériens devancent, en la matière, les Marocains avec 2 milliards et 13 millions d'euros et les Tunisiens avec 84 millions d'euros.
La banque ne dit, cependant pas, où va cet argent une fois au bled. Selon certains témoignages recueillis auprès des émigrés, cette manne ne sert en aucun cas le développement économique. Les devises sont échangées « au black ». Même les retraités s'y résignent et en profitent, tout comme les barons de l'informel !
Avec la dépréciation de la monnaie nationale qui s'est traduite par un gouffre entre le taux de change officiel et la cotation du marché parallèle de la devise, les transferts se sont littéralement asséchés, ne représentant que 1,7 milliard de dollars en 2019
Chez nous, la captation des fonds de notre communauté à l'étranger avait compté parmi les pistes ouvertes par le gouvernement lors de la conférence des chefs de missions diplomatiques et de chefs de postes consulaires algériens, qui s'était tenue dernièrement avec notamment l'ouverture de représentations d'institutions bancaires algériennes à l'étranger, ne peuvent pas constituer la panacée pour rétablir les liens de confiance perdus avec notre diaspora.
L'absence de mécanismes incitatifs pour mobiliser les fonds de l'émigration par des formules d'accès au logement, au foncier, une politique de prix raisonnable des billets, devenus inabordables, et pour les investisseurs, par l'octroi d'avantages comparatifs qui les amèneraient à placer leur argent en Algérie et pas ailleurs ont contribué à élargir la fracture.*
Pas plus que la représentation de notre communauté dans les institutions nationales, au sein de l'Exécutif et au Parlement, n'a permis de rendre la voix et les revendications de notre diaspora audibles.
C'est l'ensemble de la politique de l'émigration qu'il faudra se résoudre à repenser ! *
Quid du retour définitif des émigrés au pays ?
Ce phénomène de retour répandu chez les retraités s'est étendu ces dernières années chez les plus jeunes diplômés et expérimentés qui ont accumulé un petit capital, qui songent à retourner au pays.
Apparemment et à les entendre, ils n'éprouvent aucun regret à quitter la France et l'Europe où sévissent, selon eux, le racisme, la discrimination dans l'emploi et le logement.
Un quota de logements doit être réservé à cette catégorie d'émigrés, désireux de participer au développement du pays ; cette formule imaginée par Abdelmadjid Tebboune l'époque où il était ministre de l'Habitat, si elle devait être retenue par le gouvernement, donnerait la possibilité au bénéficiaire immigré de s'acquitter de l'achat de son appartement en devises.
Conclusion
Bon an mal an, les émigrés viennent au bled passer les vacances ; ils repartent avec le sentiment que le pays est prospère grâce à son pétrole qui est aussi le leur, qu'il regorge de tout et qu'il peut, somme toute, se passer de leur maigre pécule, fût-il libellé en devises.
Et dans l'absolu, « si l'Algérie d'aujourd'hui est en crise, le rappelait justement un émigré, cela n'est pas de notre fait car beaucoup d'entre nous laissent tout de même une part de leurs économies dans les caisses des compagnies aériennes, des agences de voyages, des commerçants et participent, ainsi, à l'économie du pays » !
(*)Linda Amirat (Auteure-réalisatrice du documentaire « Bons baisers du bled »)
*La banqueroute par Omar Berbiche (El Watan).
Cherif Ali
Jeudi 11 aout 2022o
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5314369
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Rédigé le 11/08/2022 à 19:36 dans Immigration, Tourisme | Lien permanent | Commentaires (0)
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Des maisons blanches, des ruelles étroites qui descendent en cascade jusqu'à la Méditerranée... La Casbah d'Alger a toujours attiré des milliers de touristes venus du monde entier. Ils sont moins nombreux toutefois à l'explorer cette année, les rues d'Alger étant livrées deux fois par semaine aux manifestants. Nos reporters se sont rendues dans la Casbah, incarnation de la splendeur du patrimoine algérien comme des maux de sa société.
Habitée depuis l’Antiquité, la Casbah a longtemps été la capitale de l’Algérie, avant d’être colonisée par les Français en 1830 puis marginalisée au profit de la nouvelle ville. Avec son dédale de ruelles étroites, ce quartier d’un kilomètre carré réputé impénétrable est propice à la clandestinité.
En 1957, la Casbah est le théâtre de la Bataille d’Alger. La dixième division des parachutistes français, dirigés par le Général Massu, y affronte les indépendantistes du Front de libération nationale (FLN) menés par Yacef Saadi. Grève générale, guérilla urbaine et attentats… L’un des épisodes les plus sanglants de la guerre d’Algérie se déroule dans ses ruelles.
Relancer le tourisme
Après l’indépendance, en 1962, la Casbah est délaissée par ses habitants qui profitent du départ des "pieds-noirs" pour s’installer dans des quartiers plus chics. Les maisons, palais et autres édifices parfois millénaires commencent à se dégrader... En 1992, l’UNESCO réagit et fait entrer la Casbah au patrimoine mondial de l’humanité. Mais nous sommes en pleine décennie noire, et ses ruelles sombres sont alors la planque des militants extrémistes qui combattent le gouvernement. Une nouvelle fois, les habitants de la Casbah vivent au rythme du couvre-feu, des rafles policières et des attentats terroristes.
Aujourd’hui, la Casbah a tourné le dos à la violence. Les autorités comme les habitants s’investissent pour restaurer et redonner vie au quartier. Partout, de grands échafaudages soutiennent les murs et enveloppent les façades. Le plan de restauration de la Casbah couvre une dizaine de monuments historiques et 200 maisons pour un budget de 170 millions d’euros. L'enjeu est de sauver un patrimoine en péril, mais aussi de développer le tourisme en Algérie, alors que l’économie a été ébranlée par la chute des prix du pétrole.
Par :Vincent ROUXSuivre|Miyuki DROZ-ARAMAKI|Chloé DOMAT
Publié le : Modifié le :
https://www.france24.com/fr/20191004-billet-retour-algerie-casbah-alger-patrimoine-unesco-tourisme-bataille-independance-fln
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Rédigé le 02/08/2022 à 03:18 dans Alger, Tourisme | Lien permanent | Commentaires (0)
Les patients sont attirés par la Turquie pour des soins de chirurgie esthétique tels que les greffes de cheveux en raison des prix bon marché et de la rapidité des interventions (illustration de MEE)
Connue pour ses plages immaculées et ses merveilles architecturales, la Turquie attire également les touristes en quête de traitements de chirurgie esthétique
La vue d’hommes au cuir chevelu rougi et enflé et de personnes au nez bandé n’est guère une curiosité dans les rues d’Istanbul.
Pour des dizaines de milliers d’hommes à travers le monde, « aller en Turquie » est devenu synonyme de traitement de la calvitie.
Les vols depuis la ville turque vers l’Europe occidentale ou les États-Unis sont souvent remplis de personnes bandées qui cherchent à éviter le contact visuel avec les autres voyageurs.
L’injection d’acide hyaluronique, les traitements au botox et les rhinoplasties sont également des interventions populaires pour les touristes désireux de changer leur apparence.
Des prix abordables, une entrée sans visa et des vols courts depuis une grande partie de l’Asie occidentale, de l’Afrique du Nord et de l’Europe ajoutent à l’attrait de la Turquie en tant que destination de tourisme médical et esthétique.
Cependant, certains experts observent la tendance avec inquiétude, dénonçant des tactiques de marketing contraires à l’éthique, des résultats qui ne correspondent pas toujours aux promesses et un manque de protection juridique.
Malgré cela, la Turquie est l’une des dix premières destinations mondiales en ce qui concerne le tourisme médical. La ville d’Istanbul compte à elle seule 600 cliniques enregistrées selon Patients Beyond Borders (PBB), une organisation spécialisée dans le tourisme médical.
Selon les médias locaux, plus de 100 000 personnes visitent le pays chaque année rien que pour des greffes de cheveux, la grande majorité provenant de pays arabes.
« Les gens peuvent trouver un service de qualité à des prix abordables et être suivis par des chirurgiens et techniciens qui connaissent bien leur travail », explique Erkam Caymaz à Middle East Eye.
Clinicien dans le domaine de la greffe de cheveux à la clinique Hair Upload d’Istanbul, le docteur Caymaz affirme que les patients sont attirés par la Turquie pour son approche globale du service client.
Par exemple, la plupart des cliniques du pays n’offriront pas uniquement un traitement de chirurgie esthétique, mais proposeront des forfaits globaux qui peuvent inclure les vols, les transferts depuis/vers l’aéroport, des solutions d’hébergement de luxe, des soins de suivi médical réguliers et même des visites de la ville.
« L’industrie de la greffe de cheveux ne concerne pas seulement la chirurgie, mais aussi la rencontre du client à l’aéroport, l’hébergement, la réservation de l’hôtel et le suivi professionnel jusqu’au premier examen », détaille Caymaz.
Pour le client, cela signifie que chaque aspect de l’intervention est pris en charge – il lui suffit de se présenter le jour venu.
« Subir une intervention dentaire à l’étranger signifie que vous risquez de ne bénéficier d’aucune protection juridique, ce qui peut entraîner des difficultés ultérieures pour les patients »
- Sam Jethwa, dentiste esthétique
Les prix représentent un autre atout : le docteur Caymaz, par exemple, facture entre 4 000 et 6 000 dollars la greffe de cheveux, ce qui est considéré comme bon marché. D’autres pratiquent des prix aussi bas qu’un peu plus de 1 000 dollars, bien qu’inévitablement, la qualité du service varie beaucoup.
En comparaison, en France, les greffes de cheveux, qui ne sont pas remboursées par la sécurité sociale, peuvent coûter dans les 5 000 euros dans le privé.
De même, les rhinoplasties esthétiques peuvent coûter jusqu’à 8 000 euros en France, sans compter le coût des consultations et du suivi, alors qu’en Turquie, un tel acte est à moitié prix.
Les principaux frais généraux, comme les salaires du personnel, sont beaucoup plus bas en Turquie qu’en Europe occidentale ou aux États-Unis, tandis que les normes turques en matière de formation médicale sont relativement élevées par rapport à d’autres pays du Moyen-Orient ou d’Asie.
La crise économique que connaît actuellement la Turquie a également contribué à faire baisser les prix à un niveau qui soit abordable pour les Européens.
Mais le prix n’est pas la seule raison de la popularité des interventions de chirurgie esthétique en Turquie.
La rapidité de la procédure est un autre facteur, même s’il s’agit en quelque sorte d’une épée à double tranchant.
Les chirurgies de perte de poids, par exemple, ne sont prises en charge par le NHS que dans des cas extrêmes, pour les personnes dont l’indice de masse corporelle dépasse le seuil des 40, ce qui signifie qu’elles sont gravement obèses.
Et avant l’opération, les patients doivent accepter un suivi rigoureux à long terme après la chirurgie, qui inclut notamment l’adoption de modes de vie sains et des contrôles médicaux réguliers. Même pour les personnes éligibles, l’attente de traitement peut durer des années.
D’après Emre Atceken, co-fondateur et PDG de WeCure, une agence de tourisme médical basée au Royaume-Uni et spécialisée dans la chirurgie esthétique, les patients ont souvent hâte que leur intervention soit effectuée et sont donc tentés de prendre rendez-vous à l’étranger.
« Ici au Royaume-Uni, près de six millions de personnes sont sur liste d’attente pour des traitements et interventions hospitaliers non urgents, selon les dernières statistiques du NHS », indique-t-il à Middle East Eye.
« Il nous est très courant d’entendre parler de personnes de notre connaissance devant attendre plus de six mois pour une opération cruciale, alors que si vous allez en Turquie, le délai moyen sera de deux à quatre semaines. »
La plupart des cliniques turques proposent des consultations par téléphone ou vidéo, ce qui signifie que les patients peuvent être vus et prendre leur décision sans même avoir à se déplacer à l’étranger.
Certains experts, cependant, préviennent que les patients à la recherche de solutions rapides et abordables pourraient faire face à des complications.
Le dentiste esthétique Sam Jethwa, des Perfect Smile Studios au Royaume -Uni, explique à Middle East Eye qu’en matière de chirurgie esthétique, les patients peuvent facilement être induits en erreur.
« Subir une intervention dentaire à l’étranger signifie que vous risquez de ne bénéficier d’aucune protection juridique, ce qui peut entraîner des difficultés ultérieures pour les patients », souligne-t-il.
Les patients peuvent également être mal informés, ce qui nécessite un traitement supplémentaire ou de procéder à d’autres opérations. « La nécessité de faire effectuer des travaux correctifs au Royaume-Uni en raison de procédures de dentisterie esthétique bâclées [à l’étranger] est en augmentation », affirme-t-il.
« Nous voyons ces patients fréquenter notre clinique par la suite régulièrement, malheureusement après avoir déjà choisi des traitements dont ils n’appréciaient pas pleinement les risques. »
Bien que rien ne suggère qu’une intervention classique effectuée en Turquie entraînera des complications, certains cherchent à surfer sur la vague et exploiter les patients vulnérables.
L’International Society for Hair Restoration Surgery (ISHRS), une association médicale mondiale à but non lucratif active dans plus de 70 pays, a lancé une campagne intitulée « Fight the Fight » dans le but justement de faire la lumière sur les dangers du « marché noir médical » et des forfaits de tourisme médical.
Lancée en 2019 en réponse au nombre croissant de personnes se rendant chez des techniciens non agréés pour subir des chirurgies capillaires, l’organisation offre un soutien aux victimes de traitements qui ont mal tourné et dispense une éducation et une formation sur le sujet.
« Bien que les cliniques et les hôpitaux soient inspectés, il existe des endroits dits ‘’sous les escaliers’’ qui sont beaucoup moins chers »
- Erkam Caymaz, clinicien
Selon l’ONG, des médecins ou des personnes prétendant avoir une formation médicale ont trompé des patients et pratiqué des interventions illégales, lesquelles ont entraîné des blessures, des cicatrices et une chevelure moindre ou inégale.
Le docteur Caymaz réitère qu’il incombe au patient de prendre une décision éclairée.
« Bien que les cliniques et les hôpitaux soient inspectés, il existe des endroits dits ‘’sous les escaliers’’ qui sont beaucoup moins chers », dit-il.
« Il est très important d’examiner leurs réseaux sociaux et leurs vidéos, ce qu’ils disent et ce qui est écrit doivent correspondre. »
Selon le médecin, l’un des principaux problèmes de l’industrie est le manque de suivi post-opératoire pour s’assurer qu’il n’y a pas de complications.
« C’est un détail très important, et la plupart des cliniques d’Istanbul ne font pas de suivi après l’opération. Même les clients qui ont subi des opérations dans d’autres cliniques nous posent des questions à ce sujet », indique-t-il.
Selon un récent rapport du Times, des prix moins chers et une réglementation trop souple à l’étranger ont entraîné des dérapages.
Christopher D’Souza, président de la British Association of Hair Restoration Surgery (BAHRS), attribue une partie de la responsabilité de ces interventions ratées aux tactiques de marketing contraires à l’éthique de certaines cliniques basées en Turquie.
« Les forfaits sont souvent annoncés avec des quantités illimitées de greffes et sont limités dans le temps, ce qui pousse les patients à prendre une décision. Cela va à l’encontre de l’avis des médecins au Royaume-Uni », souligne-t-il.
« J’ai dû faire de nombreuses opérations de retouche chez des patients qui rapportaient que même s’ils avaient senti que quelque chose n’allait pas quand ils étaient en Turquie, ayant déjà investi leur temps, leur personne et leur argent, ils finissaient par se dire : je suis sûr que tout ira bien. Et ceci n’est pas acceptable », déplore Christopher D’Souza.
Quiconque a mentionné sur internet qu’il perdait ses cheveux, avait pris du poids ou n’aimait pas tel ou tel aspect de son physique a probablement été bombardé de publicités Instagram ou Google promettant des solutions abordables et parfois miraculeuses à ces problèmes.
La popularité du tourisme médical et esthétique s’explique en partie par la publicité sur les réseaux sociaux.
Cette tendance est aggravée par la couverture médiatique de célébrités rendant publiques leurs propres opérations.
Les greffes de cheveux sont par exemple très populaires parmi les footballeurs, comme l’attaquant anglais Wayne Rooney, qui a confirmé qu’il y avait eu recours en 2011. Le chanteur émirati Hussain Al Jassmi a pour sa part expliqué sa perte de poids spectaculaire par un pontage gastrique en 2010.
Selena Marianova, créatrice de contenus sur les réseaux sociaux et propriétaire d’une clinique basée au Royaume-Uni, affirme que les réseaux sociaux ont une « influence indéniable » sur les personnes qui envisagent des améliorations chirurgicales.
Dans une vidéo YouTube visionnée plus de 300 000 fois, elle raconte son expérience à ses followers. La jeune femme de 22 ans dit vouloir aider les autres en partageant des informations et avoir choisi la Turquie pour son opération en raison des technologies médicales avancées du pays et de ses médecins expérimentés.
Elle s’est rendue à Istanbul pour une rhinoplastie en 2019, avertissant cependant que les jeunes doivent gagner confiance en eux avant de procéder à des améliorations chirurgicales.
« La chirurgie plastique ne doit pas être prise à la légère », dit-elle. « En tant que créatrice de contenus, il est extrêmement difficile de ne pas identifier les parties de moi-même qui auraient besoin d’être ‘’améliorées’’, car je me regarde constamment dans des vidéos, des photos et dans le miroir, ce qui peut être très épuisant mentalement pour les personnes qui n’ont pas un concept de soi fort. »
Le lien entre la fréquentation des réseaux sociaux et une image négative de soi est bien établi par la recherche, mais au-delà des questions éthiques, force est de constater que la chirurgie esthétique est un commerce florissant en Turquie.
En 2018, l’industrie turque de l’amélioration esthétique valait 2 milliards de dollars et les greffes de cheveux représentent désormais à elles seules une industrie d’un milliard de dollars.
Ces chiffres ont probablement augmenté au lendemain de la pandémie de covid-19, alors qu’un regain d’intérêt pour la chirurgie esthétique s’est manifesté à travers le monde.
Malgré les inquiétudes, les industries turques de la santé et de la chirurgie esthétique tirent leur épingle du jeu dans un pays qui autrement souffre sur le plan économique. Il est donc peu probable que les foules d’hommes au cuir chevelu rougi sur les places publiques d’Istanbul et les nez bandés dans les stations de métro disparaissent de sitôt.
Traduit de l’anglais (original).
Published date: Jeudi 21 juillet 2022 -
https://www.middleeasteye.net/fr/reportages/turquie-tourisme-medical-chirurgie-esthetique-greffes-cheveux#:~:text=illustration%20de%20MEE)-,Par,2022%20%2D%2014%3A09%20%7C%20Last%20update%3A%201%20hour%2027%20mins%20ago,-La%20vue%20d%E2%80%99hommes
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Rédigé le 21/07/2022 à 11:47 dans Divers, Tourisme | Lien permanent | Commentaires (0)
Alger, capitale de l’Algérie, est une ville touristique paradisiaque idéale pour passer les vacances seul ou en famille. La diversité culturelle, la beauté des paysages et l’incroyable vue sur la Méditerranée rendent Alger une destination tant appréciée par les touristes.
Certes, voyager peut se faire à l’improviste, mais il est mieux de s’y préparer pour pouvoir profiter au maximum de votre séjour. Ainsi, si vous prévoyez de visiter Alger, prenez en compte ces 10 choses que vous devez faire durant votre voyage.
Casbah est classée parmi les patrimoines mondiaux de l’UNESCO. Elle est connue pour être une vieille ville qui date du 17e siècle.
Ce monument a une architecture impressionnante qui comprend trois mosquées :
Ainsi que le palais de la Casbah.
Cette église catholique datant des années 1800 est située sur une falaise au Nord d’Alger. Cette belle basilique vaut la peine d’être visitée, c’est un édifice qui regorge plein d’histoires.
En plus, elle sera magnifique sur vos réseaux sociaux.
La Grande Poste est réputée comme l’une des plus belles places en Alger, voire en Algérie. Le bâtiment a une architecture et un design néo-mauresque, ce qui la rend l’une des places les plus visitées par les touristes.
Découvrez l’histoire de l’Algérie en visitant le grand et beau musée du Bardo. Vous pourrez y voir des artefacts, des écrits et des expositions.
Cette rue est une attraction touristique sublime avec une architecture à la française. Elle s’étend tout au long de la Grande Poste jusqu’aux hauteurs d’Alger.
En vous promenant dans cette rue, vous pourrez visiter les boutiques, les resto et cafés.
Si vous séjournez à Alger, il est indispensable de visiter ce monument emblématique et historique de 92m construit pour rendre hommage aux personnes tuées lors de la guerre de l’indépendance.
Pensez également à explorer la plus vieille mosquée de la ville située dans le Casbah, datant de 1097. De plus, c’est l’un des rares monuments almoravides au monde.
Pensez à vous divertir ou à vous détendre. Le parc Aquafortland est l’un des meilleurs parcs aquatiques de la région, il est idéal pour s’amuser et pour se relaxer.
Sheraton Club des Pins Resort est un endroit idéal pour dîner ou passer une soirée, seul ou en groupe. Dégustez les meilleures cuisines algériennes, asiatiques et autres dans les restaurants localisés dans la station.
Le terrain de golf situé en Alger est accessible à tous. Elle séduit particulièrement les touristes et visiteurs grâce à sa vue splendide sur la côte et sur la ville d’Alger.
Par K. Sofia
https://www.maghrebemergent.com/les-10-choses-a-faire-absolument-lorsquon-visite-alger-2/
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Rédigé le 19/07/2022 à 14:06 dans Alger, Tourisme | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 19/07/2022 à 12:22 dans Tourisme | Lien permanent | Commentaires (0)
n Algérie, le pays tout entier chante le génie du Créateur et il est une invitation constante au voyage.
D’Alger la Branche à Tamanrasset la Rouge, des dunes géantes du Grand Erg occidental aux coupoles d’El-Oued aimées par Isabelle Eberhardt (1), des plages désertes à la aux de sable, des cèdres de l’Atlas aux citronniers de la Mitidja et aux oliveraies kabyles, le voyageur qui voudra sortir des sentiers battus et échapper au conformisme des chaînes hôtelières à l’américaine trouvera sans coup férir en Algérie, aux portes de l’Europe, un monde intact où les exigences des temps modernes n’ont que rarement porté atteinte à la beauté des paysages ou altéré l’authenticité des sites.
Dès l’arrivée, surtout si elle a lieu par mer et par un matin clair, l’extraordinaire monument que constitue à lui seul le panorama d’Alger vient éblouir le nouvel arrivant. Eugène Fromentin, il y a plus d’un siècle, avait déjà ressenti le choc qu’éprouve le touriste aujourd’hui lorsqu’il écrivait : « Alger demeure toujours la capitale et la vraie reine des Maghrebins. Elle a toujours sa casbah pour couronne, avec un cyprès, dernier vestige apparent des jardins intérieurs du dey Hussein ; un maigre cyprès, pointant dans le ciel comme un fil sombre, mais qui, de loin, ressemble à une aigrette sur un turban. Quoi qu’on fasse, elle est encore, et pour longtemps j’espère, El-Bahadja, c’est-à-dire la plus blanche ville peut-être de tout l’Orient. Et quand le soleil se lève pour l’éclairer, quand elle s’illumine et se colore à ce rayon vermeil qui tous les matins lui vient de La Mecque, on la croirait sortie de la veille d’un immense bloc de marbre blanc, veiné de rose (2). »
En Algérie, terre de soleil, pays du jour, la lumière magnifie chaque chose. Le néon n’a droit de cité qu’au nom de l’efficacité. Partout ailleurs on lui préfère les couleurs douces des lustres de mosquée ou les facettes en vitraux des lanternes mauresques, lorsque fait défaut cette « lumière vibrante qui donne à chaque maison, à chaque arbre, un dessin sensible, une nouveauté émerveillée. La terre au matin du monde a dû surgir dans une lumière semblable », a dit Albert Camus, évoquant Tipasa dans la clarté matutinale (3). Jeux de lumière sur les maisons turques et sur les gratte-ciel du vingtième siècle à Alger, sur la mer qui baigne plus de 1 000 kilomètres de côte. Jeux de lumière, aussi, sur le Sahara : « Chotts (4) prestigieux lisérés de mirages ; — du haut d’une colline sablonneuse, après l’immense étendue du désert, on pense : tiens ! la mer ! Une vaste mer bleue avec des esquifs et des îles, une mer qu’on espère profonde, et notre âme en est rafraîchie ! — On approche, on touche le bord, et ce bleu brusquement disparaît — qui n’était qu’un reflet du ciel sur une surface salée », a raconté André Gide, qui fut l’un des premiers « touristes » (5) européens à découvrir l’Afrique du Nord. Unanimement offerte aux dieux diurnes, qui habituellement ne cèlent rien, l’Algérie, pourtant, conserve des aspects secrets, symbolisés par ses demeures tout entières tournées vers des cours intérieures ou par ses jardins profonds ceints de hauts murs. « Elle est un mystère en pleine lumière », a pu dire le romancier algérien Mohamed Dib.
Cependant, la vocation touristique d’un pays ne peut s’affirmer pleinement que si celui-ci possède d’autres atouts que du sable fin, des montagnes inviolées et des palmeraies ombreuses ; il faut notamment qu’il possède un substrat culturel. Or l’Algérie, précisément, regorge de vestiges archéologiques et artistiques aussi nombreux que variés, dans lesquels le voyageur peut lire l’histoire d’un passé brillant et mouvementé étalé sur plusieurs millénaires. Aux portes d’Alger, les dolmens de Beni-Messous témoignent déjà de l’existence de sociétés préhistoriques dans cette région. Dans tout le Sud-Oranais des gravures rupestres — appelées par les Arabes Hadjrat Mektoubat, les « pierres écrites » — font défiler toute une faune depuis bien longtemps disparue des parages, mais qui n’est pas sans rappeler celle de la savane et de la jungle sud-sahariennes d aujourd’hui. Plus au sud encore, les découvertes de peintures rupestres effectuées dans les années 30 sur le pourtour de l’oued Djorat par le lieutenant Brenans ont permis à M. Henri Lhote et à quelques autres archéologues de révéler au monde, une vingtaine d’années plus tard, la présence d’une véritable « Vézère saharienne » sur le tassili des Ajjer.
Eparpillées sur un haut plateau d’allure lunaire, plus étendu que le Massif Central et fendu d’entailles géantes évoquant paradoxalement les fjords de Norvège, les fresques multimillénaires du Tassili sont parvenues jusqu’à nous, miraculeusement conservées par la siccité de l’air ambiant ; facilement accessible par des pistes pédestres, à partir de l’oasis verdoyante de Djanet, le « royaume » des Touaregs Ajjer constitue non seulement le plus riche ensemble connu de peintures préhistoriques mais encore le plus vaste parc naturel de la planète, puisque les « roches peintes » voisinent avec une faune et une flore reliques. Si l’on ajoute que les monts du Hoggar — où se trouve le pic Tahat (3 000 mètres), point culminant de l’Algérie — recèlent des gravures rupestres, notamment dans la Garet-El-Djenoun (la montagne des génies), on peut imaginer que la République algérienne dispose d’un patrimoine préhistorique dont l’utilisation à des fins touristiques ne fait que commencer. La période historique n’est pas moins bien dotée que la précédente.
Cirta (aujourd’hui Constantine) et Tipasa furent des agglomérations puniques. Les sociétés berbères puis berbéro-romaines ont laissé des monuments imposants, à mi-chemin des pyramides amérindiennes et égyptiennes, de proportions certes plus modestes que ces dernières, mais enveloppés de tout autant de mystères : le mausolée royal de Mauritanie, situé près d’Alger, et appelé parfois improprement le « tombeau de la Chrétienne » — Kbour-er-Roumia, en arabe, — servit-il ou non de sépulture, comme le veut une légende, à Cléopâtre Séléné, fille de Cléopâtre d’Egypte et épouse du roi numide Juba II ? Les Djeddars de Frenda, cette série de pyramides du Sud-Oranais, furent-elles construites par une dynastie chrétienne, comme pourrait le laisser croire certains indices ? Et que dire du Medracen, gigantesque tumulus de pierres, fouillé dès 1849, mais qui n’a toujours pas livré son secret ? Généralement situés dans des sites grandioses — le mausolée de Mauritanie est bâti au milieu des pins, sur les collines du Sahel algérois, d’où il domine à la fois la plaine de la Mitidja, l’Atlas de Blida, la mer Méditerranée et les ruines de Tipasa, — les monuments berbères sont déjà des lieux très fréquentés par les touristes.
Cependant, les vestiges dont l’Algérie est le mieux pourvue, et ceux qu’elle a, jusqu’à présent, le plus largement mis en valeur dans une optique touristique, datent de la période romaine. Deux villes, Timgad (antique Thamugadi) et Djemila (antique Cuicul), sont parvenues jusqu’à nous dans un étonnant état de conservation. Des mosaïques d’une variété extraordinaire, des statues, des bijoux, des objets utilitaires ont été exhumés sur place et sont exposés dans des musées qui peuvent rivaliser avec ceux d’autres pays méditerranéens également détenteurs d’œuvres d’art romaines.
Mais l’Algérie n’a pas que Timgad et Djemila ; des ruines d’Hippone (devenue Bône, puis Annaba) — où flotte le souvenir de saint Augustin, le plus célèbre des Pères de l’Eglise latine — à celles de Cherchell — qui, sous le nom de loi Caesaree, fut, au début de l’ère chrétienne, le principal foyer d’Afrique du Nord où se mêlèrent et d’où rayonnèrent les civilisations grecque, romaine et berbère — tout un chapelet de cités et de monuments s’offre au voyageur féru de l’Antiquité (basilique chrétienne de Tigzirt, en Kabylie, stèles du jardin d’Orléans, à Sétif, prétoire de Lambèse, où vinrent Hadrien et Antinoüs, sites urbains de Tipasa, Rapidi, Tiddis, Guelma, Khemissa, Madauros, etc.).
Les Vandales sont les seuls de tous les peuples qui vécurent dans le futur Maghreb à ne laisser pratiquement aucun reste visible important. Au siècle vandale succéda le siècle byzantin, à qui l’on doit notamment les remparts de Tébessa (antique Théveste), véritable Carcassonne de l’Afrique du Nord, qui eut la chance d’être remise en état par des restaurateurs moins « perfectionnistes » que Viollet-le-Duc...
La période musulmane, principalement arabe et arabo-berbère, mais également turque du seizième au dix-neuvième siècle, a commencé en Algérie dès le premier siècle de l’Hégire (septième siècle chrétien), et on peut dire que depuis cette époque elle n’a pratiquement jamais cessé, sauf un temps sur le plan politique, puisque pendant la colonisation française (1830-1962) l’Algérie a continué d’être terre d’islam dans le domaine culturel, et qu’elle a produit des œuvres d’art d’inspiration typiquement maghrébine (mosquées, oratoires, tapis, meubles, bijoux).
Néanmoins les plus beaux monuments islamiques d’Algérie sont évidemment antérieurs à l’arrivée des Français en Afrique septentrionale. Parmi les plus anciens et les plus homogènes, il faut citer l’ensemble architectural unique au monde constitué par la Pentapole ibadite du M’Zab, au Sahara septentrional. Les cinq villes de Ghardaïa, Beni-Isguen, Melika, Bou-Noura, El-Atteuf, et leurs « satellites » de Berriane et Guerrara, donnent une idée, avec leurs minarets de guingois, leurs ventes aux enchères sur les petites places, leurs vieilles maisons fraîches, de ce que devait être la vie à l’âge d’or de l’ « islam du désert ».
Dans le but de préserver ce trésor historique et touristique, qui est traditionnellement le site musulman le plus visité par les touristes venant en Algérie, les autorités de ce pays ont décidé de classer l’ensemble de la Pentapole et de créer un « Atelier du M’Zab », chargé de sauvegarder l’identité architecturale des cités. Mis sur pied par un expert français, M. André Ravereau, qui était alors architecte en chef des monuments historiques de l’Algérie, cet atelier a, semble-t-il, obtenu de premiers résultats positifs, mais son action est freinée par la rareté des architectes étrangers ou algériens, ces derniers devant souvent se consacrer à des tâches d’un intérêt pratique plus immédiat. Pourtant, les responsables algériens envisageraient maintenant d’élargir cette expérience en créant un « Atelier de la casbah d’Alger ». La Casbah est à la fois le monument historique le plus prestigieux de la jeune République, en raison du rôle joué par ses habitants durant la guerre d’indépendance, et l’un des pôles majeurs d’attraction touristique. Aussi était-il devenu impérieux de décider de restaurer ses sanctuaires, ses palais, ses jardins, ses nécropoles et ses fontaines.
Dans l’intérieur du pays, les principaux foyers d’art musulman se trouvent à Tlemcen, à la Qalaa-des-Beni-Hammad, à Constantine, à Sidi-Oqba, près de Biskra, et dans différents points du Sahara (El-Oued, Timimoun, Témacine et Tamelhat). Parfois des mosquées campagnardes révèlent au touriste un peu curieux — on peut visiter les sanctuaires musulmans, en Algérie — des colonnes en marbre rare ou des minbars (chaires) ouvragés, tandis que de vieilles demeures montrent leurs zelliges anciens (carreaux de faïence) décorés à la main. Le long des routes, les coupoles des « marabouts » (nom donné à certains hommes saints de l’islam maghrébin, et par extension aux monuments qu’on leur dédie), au dessin adouci par les couches successives de chaux, mettent des taches blanches sur les djebels et dans les champs.
A l’heure où l’Algérie réhabilite son passé musulman, les responsables de la jeune nation ont décidé de donner un soin particulier à la mise en valeur et à la protection des sites où s’est manifestée la civilisation du prophète Mahomet, notamment en Oranie (Mansourah, Nédroma, Honaïn). Plusieurs musées (Tlemcen, Sétif, Alger) contiennent des témoignages de l’art musulman d’hier. A Alger, le bâtiment qui abrite le musée du Bardo est déjà à lui seul un chef-d’œuvre de l’art mauresque, avec ses pavillons d’été, ses cours successives, ses escaliers dérobés, ses skiffas (entrées) dallées et ses fenêtres en arc algérois, dont les volutes évasées ne se retrouvent que dans l’ancienne capitale des deys.
La période moderne a vu naître en Algérie des villes blanches, ocre et rouges, bravant la mer du haut de leurs balcons à pâtisseries 1880 ou de leurs gratte-ciel plus sévères. Si, hier, les conseils de Le Corbusier n’ont qu’exceptionnellement été retenus, M. Oscar Niemeyer, l’architecte de Brasilia, appelé par l’Algérie indépendante, construit aujourd’hui une ville universitaire modèle à Constantine avant de réaliser un « Alger-II », où s’installeront les administrations centrales. De même qu’en Amérique latine le contraste des vieilles demeures coloniales se mirant dans les tours de verre et d’aluminium exerce une sorte de fascination sur les étrangers, de même à Alger le touriste de demain ira contempler les arcades et les cariatides patinées de la rue de la Lyre ou du Front-de-Mer avant de monter au sommet de l’Aurassi (6), hôtel ultra-moderne actuellement en construction sur la crête des Tagarins qui surplombe la baie et la capitale algériennes.
Sans souhaiter que leur pays devienne « une simple annexe de l’Europe en vacances », les Algériens ont toutefois décidé de tirer parti au maximum de leur ciel pur et de leurs remarquables sites naturels et historiques. De la période coloniale, l’Algérie avait hérité, d’une part, des souvenirs de l’engouement passager ressenti pour le « Sud », au début de ce siècle, par les Européens et les Américains fortunés, à savoir un casino délabré à Biskra et une chaîne d’hôtels sahariens, où, sauf exception, les charmes de la contrée devaient faire oublier des installations désuètes ; d’autre part, moins d’une dizaine de grands hôtels urbains édifiés avant la seconde guerre mondiale, quelques stations balnéaires et un petit nombre d’établissements thermaux, soit au total environ 5 000 lits. S’il pouvait un temps répondre aux besoins du tourisme interne, lequel a représenté en 1971 près de 40 % de l’occupation hôtelière, ce patrimoine était nettement insuffisant pour attirer un flux touristique international générateur de devises. Aussi fut-il décidé de repartir à zéro, tout en sauvant ce qui pouvait l’être de l’infrastructure héritée. Dès 1966, l’idée de l’aménagement de la Côte turquoise, entre Alger et Cherchell, était adoptée, et peu après le bureau d’études privé fondé par Jacques Chevallier — ancien maire d’Alger et ancien ministre français de la défense nationale devenu Algérien, et qui devait décéder en 1971 — et par l’architecte français Fernand Pouillon était chargé par le gouvernement algérien d’agrandir le village balnéaire de Moretti et d’aménager les environs de Tipasa, en y installant deux « casbahs de vacances ». Par la suite, d’autres cités touristiques comprenant des hôtels, des bungalows, des centres commerciaux, des installations culturelles et sportives, ont été conçues dans ce secteur prioritaire par le même groupe et toujours pour le compte de l’Etat.
« Mon département est largement majoritaire dans le domaine du tourisme, mais il n’en détient pas le monopole absolu », nous a déclaré M. Abdelaziz Maoui, ministre algérien du tourisme. En effet, des capitaux privés nationaux, et très accessoirement étrangers, participent au développement touristique, soit en association avec la chambre de commerce d’Alger ou la Caisse algérienne de développement, soit sans tutelle étatique. Il reste que, pour le moment, le rôle du secteur privé demeure marginal, ne serait-ce que parce qu’il n’existe pas encore en Algérie de crédit hôtelier à long terme, et parce que les effets d’entraînement économique attendus des importants investissements publics n’ont pu encore se faire vraiment sentir. Au Maroc, il a fallu plus d’une décennie pour que les capitaux nationaux commencent à s’intéresser au tourisme, vu sous son angle industriel.
Depuis 1965, le gouvernement algérien a investi plus de 600 millions de dinars (1 dinar = 1,125 F) en faveur de l’équipement touristique. Cent autres millions de dinars seront encore consacrés à ce secteur d’ici à 1973. Ces investissements ont déjà permis l’ouverture de cinq stations balnéaires dans la région d’Alger (3 430 lits), de quatre palaces sahariens à Bou-Saada, Laghouat, El-Oued et Biskra (470 lits), de trois hôtels de montagne à Seraidi (ex-Bugeaud), Chréa et Tikjda (275 lits), et d’un motel à Maghnia, près de la frontière du Maroc (85 lits). En 1972, on prévoit d’achever l’agrandissement (865 lits) des installations de la côte algéroise et d’inaugurer deux nouveaux complexes balnéaires situés aux Andalouses, près d’Oran (800 lits), et à Tichy, près de Bougie (300 lits). Sept caravansérails de luxe, représentant globalement 800 lits, devraient également être mis dès cette année à la disposition des touristes au Sahara (Tindouf, Aïn-Sefra, Béni-Abbès, Timimoun, Ouargla, El-Goléa, Touggourt). Il en est de même pour l’hôtel — chalet de Yakouréne, en Grande-Kabylie (80 lits), et pour les hôtels urbains d’Annaba (ex-Bône) et de La Calle, près de la frontière tunisienne, qui offriront à eux deux 660 lits sur la côte constantinoise.
Lorsque les autres projets en cours de réalisation, tant à Alger que sur le littoral, dans les montagnes et au désert, seront terminés, en principe en 1973, l’Algérie disposera alors d’environ 30 000 lits nouveaux, y compris ceux des villes d’eaux mais sans compter ceux qui auront été construits par les communes, par certains établissements publics comme la compagnie pétrolière nationale SONATRACH ou par les promoteurs privés. Près de la Foire internationale d’Alger fonctionne déjà un hôtel de 100 lits réalisé par une société d’économie mixte, et plusieurs communes de la Saoura (Sahara occidental) se sont déjà dotées d’installations touristiques, notamment Taghit et Adrar.
« Après de nombreuses études de marché en Europe et en Amérique, nous nous sommes fixé pour but de faire venir en Algérie une clientèle moyenne utilisatrice des formules hôtelières classiques », nous a indiqué le ministre algérien du tourisme. Il n’y aura vraisemblablement en Algérie ni hôtels Hilton, ni Club Méditerranée (à l’expérience de gestion directe qui a eu lieu l’an passé à Tipasa succédera une collaboration sur le plan commercial), ni appartements ou villas à vendre. De même, le nombre des bungalows à louer ne sera pas augmenté, car cette formule ne permet de créer que très peu d’emplois. En revanche, le touriste trouve, et trouvera de plus en plus, dans la plupart des régions d’Algérie des hôtels de grand confort à des prix abordables (pension complète à partir de 60 dinars par jour pour le voyageur individuel) (7), et dans lesquels, souvent, M. Pouillon a eu l’heureuse idée de donner une place d’honneur aux arts locaux (céramiques murales de Mohamed Boumehdi, tapis des Nemenchas, coffres enluminés du peintre Khanem, poteries kabyles). La formation du personnel est assurée par cinq écoles hôtelières, dont quatre ont été créées après l’indépendance (1962).
Sous l’égide du ministère algérien du tourisme, trois organismes publics sont chargés de la promotion touristique. L’Office national du tourisme (ONAT) construit les hôtels et leurs installations annexes, la Société nationale du tourisme (SONATOUR) les gère, et l’Agence algérienne du tourisme (ATA) est chargée de leur commercialisation. L’ATA paraît avoir pris récemment une extension considérable sous l’impulsion de son nouveau responsable, M. Abderrahmane Berrouane. Le nombre des antennes locales de l’ATA a triplé et des représentations de cet organisme seront bientôt ouvertes à Paris, à Bruxelles, à Londres et à Milan. Le touriste pourra, à partir de là, et peut déjà à partir d’Alger, retenir un séjour tout compris en Algérie, louer une voiture ou un avion, choisir un « circuit à la carte » ou une « cure de silence » au Sahara, ou s’inscrire pour un pèlerinage à l’ermitage du Père de Foucauld. L’ATA accueille également les passagers des bateaux en croisière, et elle a l’intention, dans l’avenir, d’organiser elle-même des « mini-croisières » le long de la côte algérienne. L’ATA a eu le mérite d’adapter aux impératifs commerciaux la traditionnelle hospitalité arabe. En Algérie les touristes n’ont pas l’impression d’être « un troupeau taillable et corvéable à merci dès qu’ils ont versé leur quote-part ». Il suffirait que les formalités de contrôle aux frontières terrestres, aériennes et maritimes s’allégeassent un peu pour que la plupart des voyageurs quittant l’Algérie fussent pleinement satisfaits de leur séjour (8). En 1971, 226 000 touristes sont venus en Algérie. Selon les prévisions officielles ce chiffre pourrait doubler d’ici à 1975.
D’ici là l’Algérie aura vraisemblablement rattrapé le handicap représenté par son entrée tardive due à sa longue guerre d’indépendance dans le concert des pays de tourisme. Déjà, aujourd’hui, elle est parvenue, en moins de deux lustres, à engager largement la mise en valeur de ses principales potentialités touristiques.
Jean-Pierre Peroncel-Hugoz
(1) Journaliste et écrivain d’origine russe du début de ce siècle. Convertie à l’islam, elle parcourut l’Algérie en tous sens au cours de sa brève existence (1877-1904).
(2) E. Fromentin, Une année dans le Sahel, Lemerre, Paris, 1874.
(3) A. Camus, Noces, suivi de l’Eté, Gallimard, Paris, 1959.
(4) En arabe, plage, et par extension lac salé.
(5) A. Gide, Amyntas, Gallimard, Paris, 1926.
(6) Aurassi : habitant des Aurès, région où s’est déclenchée la révolution algérienne en 1954.
(7) Les tarifs des séjours organisés sont encore moins onéreux : deux semaines dans une station balnéaire algérienne, voyage en avion aller-retour depuis Paris inclus, reviennent à 1 100 F, soit un prix guère plus élevé que le trajet aérien Paris-Alger-Paris pour un touriste individuel.
(8) Déjà les formalités d’entrée et de sortie du territoire algérien ont été simplifiées pour les voyages touristiques en groupe.
par Jean-Pierre Peroncel-Hugoz
https://www.monde-diplomatique.fr/1972/04/PERONCEL_HUGOZ/30872
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Rédigé le 18/07/2022 à 14:06 dans Algérie, Tourisme | Lien permanent | Commentaires (0)
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