Capture d’écran floutée de la vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et montrant la colère de l’ambulancier, le 27 juin 2023 à Nanterre. (TWITTER)
Jugé jeudi en comparution immédiate pour « outrage » à l’encontre d’un policier, l’ambulancier, dont la colère a fait le tour des réseaux sociaux mardi après la mort de l’adolescent, a été dispensé de peine. Son collègue qui a filmé la scène a été relaxé.
D’emblée, il pleure. Pleure à nouveau. Puis pleure encore, emportant dans le flot de ses intarissables larmes la 16e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Nanterre. Juste en bas, ce jeudi 29 juin après-midi, au pied du palais de justice qui jouxte la préfecture des Hauts-de-Seine, plusieurs milliers de personnes convergent. La marche blanche en hommage au jeune Nahel, 17 ans, tué mardi par un policier lors d’un refus d’obtempérer, s’est élancée un peu plus tôt de son quartier Pablo-Picasso.
Marouane D., lui, n’a pas pu s’y rendre. Il est là, traits tirés et air accablé dans le petit box vitré de cette grande salle aux bancs clairs, sans fenêtre, d’où l’on perçoit le bruit de quelques pétards tirés depuis la rue. Bras croisés et polo marine siglé du nom de sa société, il se tient droit à côté de son collègue Amine Z., en veste manches longues portant le même sigle. Leur tenue de mardi, quand ils ont été placés en garde à vue.
Ils sont jugés en comparution immédiate. Marouane D. pour « outrage » à policier. Amine Z. pour « divulgation d’information personnelle permettant d’identifier ou de localiser » un policier, l’exposant à un risque d’atteinte. C’est Marouane D. qu’on voit invectiver un policier sur cette vidéo publiée sur le réseau social Snapchat qui a tant circulé, depuis mardi, au point de largement dépasser le million de vues. C’est son collègue qui l’a filmée et diffusée.
« Tu vas voir ! Tu vas payer ! Je vais t’afficher sur les réseaux sociaux ! Tu ne vas plus vivre tranquille, frère ! » énonce en préambule la présidente pour rappeler les propos valant à Marouane D. d’être jugé. L’ambulancier de 32 ans les reconnaît « totalement ». Il pleure.
Sur les images tournées par son collègue, on le voit aussi s’adresser hors de lui en ces termes à un des policiers présents mardi devant l’entrée des urgences de l’hôpital Max-Fourestier de Nanterre : « Là, tout le monde est en train de dormir, vous allez voir comment Nanterre va se réveiller. Il a 19 ans [en réalité 17 ans], tu vois qu’il a une gueule d’enfant. Pour un défaut de permis ! Pour un défaut de permis, frère !Je le connais le petit, je l’ai vu grandir ! »
« Amalgame »
Mardi matin, Marouane D. vient de déposer un patient quand un ami l’appelle et lui apprend ce qu’il vient de se passer. Il lui envoie la vidéo. Puis Marouane D. apprend que c’est Nahel, qu’il connaît si bien, qui est la victime de ce tir policier. « Pile-poil à ce moment-là, j’arrive aux urgences, je vois un policier avec l’écusson de la brigade motocycliste et il me dit bonjour, explique Marouane D. mais je ne peux pas dire bonjour à quelqu’un qui a tué quelqu’un que je connais. » Il pleure. « Ce n’est que de l’émotion, madame », dit-il en admettant « avoir fait l’amalgame ».
« On ne peut pas mettre tout le monde dans le même sac, poursuit l’ambulancier en se confondant en excuses, j’ai vidé mon cœur, je regrette, je n’ai jamais voulu en arriver là. » Juste après, devant l’entrée des urgences où il doit récupérer un patient, le jeune homme est plaqué au mur, menotté, interpellé. « On m’a dit “t’as menacé de mort notre collègue”, mais c’était l’émotion », repète-t-il sans cesse.
C’est quand l’officier de police judiciaire lui lit ses propos, en garde à vue, qu’il prend conscience de leur teneur. « J’ai dit des choses assez graves quand même, admet-il, mais à aucun moment je n’ai voulu nuire. Je suis quelqu’un de très discret. » Des larmes roulent encore sur ses joues. Père de famille ayant grandi à Nanterre, l’ambulancier apprécié de ses patients et de son employeur présent dans la salle, qui a obtenu son diplôme haut la main avec une note de 19,5, souhaite se racheter. « Je l’ai accusé pour rien, s’il veut que je refasse une vidéo pour m’excuser… » S’il s’est laissé dépasser par son émotion, dit-il aussi, c’est parce qu’il connaissait si bien Nahel, son ancien voisin.
« Nahel, on le surnommait “Michelin” »
« La semaine dernière encore, il était avec ma fille, dit-il au tribunal, ma mère le connaît, mes frères et sœurs le connaissent. » Sa mère gardait Nahel quand il était petit. « Quand il est né, on le surnommait “Michelin” comme le bonhomme parce qu’il était un peu gros », se souvient-il aussi en pleurs. « C’est comme s’il faisait partie de ma famille, c’est comme si on m’avait enlevé mon petit frère », livre-t-il encore. En tant que professionnel de santé, c’est sûr, il aurait dû prendre sur lui : « J’ai dû faire face dans mon métier à des situations difficiles, mais Nahel était vraiment quelqu’un de proche. »
A sa gauche, son collègue Amine Z. est à son tour invité à s’expliquer. « J’ai l’habitude de “snapper” mon quotidien, quand je filme, je ne fais pas exprès, ce n’est pas dans le but de nuire à qui que ce soit », déclare-t-il au tribunal. S’il a filmé la scène, c’est pour « se protéger » : « Je ne voulais pas qu’on m’accuse de quelque chose que je n’avais pas fait », poursuit-il en affirmant ne pas s’entendre avec Marouane D. et vouloir changer de binôme. « Je suis en insertion, j’ai été addict aux jeux d’argent, j’ai des dettes, j’essaie de m’en sortir en travaillant. »
Ces images, il les a ensuite publiées sur Snapchat « en story privée », soit dit-il à une trentaine de ses contacts. « Je n’aurais pas dû filmer,dit-il, je m’excuse ».« Le problème, c’est que ce qui est sur la toile est indélébile », répond l’avocate du policier, en arrêt de travail depuis, qui défend deux autres agents visibles sur les images, « à un moment un zoom est fait sur le policier, et envoyer ces images à 30 ou 10 000 personnes, c’est la même chose ».
« Conséquences dramatiques »
Le procureur n’est pas convaincu. « Quel intérêt de filmer ? Pourquoi votre première réaction n’est-elle pas de calmer votre collègue ? Et puis filmer pour vous protéger, c’est une chose mais pourquoi diffuser ces images ? Vous saviez, à partir du moment où il était identifié, que cela allait avoir des conséquences dramatiques pour le policier et sa famille. » Le délit reproché à Amine Z., récent, a été créé en 2021 après l’assassinat du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty. Le procureur requiert à l’encontre d’Amine Z. douze mois de prison, à l’encontre de Marouane D. trois mois de prison avec sursis et 600 euros d’amende.
L’avocate de ce dernier, Sarah Mauger-Poliak, elle, n’en revient toujours pas que son client soit là pour cela. « Quand la famille m’appelle et me dit qu’il va être jugé en comparution immédiate, je me dis qu’ils ne sont pas au courant de tout, lance-t-elle à la barre, mais si : il a bien fait 48 heures de garde à vue pour un malheureux outrage qu’il regrette sincèrement. »
A elle, alors, de hausser le ton : « Il est où l’outrage ? C’est “Tu vas voir !”, “Tu vas plus vivre tranquille, frère !” On a combien d’outrages chaque jour ? Quand on connaît l’engorgement des juridictions, s’il fallait venir déférer tous les outrages… » Et d’ajouter : « Fallait-il aussi absolument le menotter ? Ne pouvait-on pas le convoquer ? » Elle demande la relaxe, sinon une dispense de peine.
« Il “snappe” tout »
Sa consœur Mélody Blanc, pour l’autre ambulancier, plaide aussi la relaxe. Pour elle, l’intentionnalité n’est pas caractérisée. « Il “snappe” tout à longueur de journée : ses recettes, ses voyages… Une heure après, quand on lui a dit les proportions que cela prenait, il a supprimé la vidéo. » « Je m’excuse, répète son client, cela va me servir de leçon, je ne savais pas pour la nouvelle loi. »
Son collègue Marouane D. lui emboîte le pas et enchaîne : « Je ne suis pas à l’origine de cette vidéo ni de cet effet boule de neige, dehors on me reconnaît, je n’ai pas les épaules pour cela… Je suis prêt à faire ce qu’il faut pour rétablir la vérité et la dignité de ce policier. »
Le tribunal l’a reconnu coupable, mais compte tenu notamment du contexte et de ses liens avec la victime, l’a dispensé de peine. Son collègue, lui, a été relaxé. Un troisième jeune homme était jugé avant eux pour avoir diffusé, sur Snapchat encore, l’identité et la commune de résidence du policier désormais mis en examen pour le meurtre de Nahel. Avec le commentaire : « C’est le nom de ville du fdp [fils de pute, NDLR] qui a tué notre frère. » Il a été condamné à dix-huit mois de prison dont douze avec sursis probatoire. A ce moment-là, la marche blanche avait déjà pris fin depuis un moment, une nouvelle nuit de violences débutait.
La première chose que je vois, c’est la grâce de Dieu. C’est elle que je prie chaque jour qui se lève avant de me lever de mon lit, en disant : Ya illahi… je n’ai confiance qu’en toi et je n’ai d’alliance qu’avec toi.
Jean Luc Mélenchon, figure de la gauche française et fondateur de La France insoumise (LFI), est un homme politique qui suscite des réactions passionnées, tant d'admiration que de critique. Plusieurs facteurs expliquent pourquoi il est perçu comme courageux par certains et malmené par les médias ainsi que par d'autres forces politiques, comme le Rassemblement national (RN).
Courage politique
1. Positionnement clair et Radical: Mélenchon se distingue par ses positions tranchées sur de nombreux sujets, tels que l'économie, l'écologie, et la politique internationale. Sa vision d'une « Sixième République » et ses propositions pour une transition écologique radicale montrent une volonté de transformation profonde, ce qui peut être perçu comme du courage politique.
2. Défense des classes populaires: Il se pose en défenseur des classes populaires et travailleuses, critiquant vertement les inégalités sociales et les politiques néolibérales. Son discours est souvent en phase avec les préoccupations des Gilets Jaunes et des mouvements sociaux, renforçant son image de porte parole des opprimés.
3. Critique du système établi*: Mélenchon n'hésite pas à critiquer le système politique et médiatique français, qu'il accuse de servir les intérêts des élites. Sa capacité à verbaliser les frustrations d'une partie de la population le rend populaire auprès de ses partisans, mais attire aussi des critiques acerbes.
Malmené par les médias et discours de haine
1. Médias traditionnels : Mélenchon est souvent en conflit avec les grands médias, qu'il accuse de partialité et de connivence avec les pouvoirs économiques. Cette attitude a conduit à une couverture médiatique parfois défavorable, où ses propos peuvent être sortis de leur contexte ou exagérés pour le discréditer.
2. Attaques politiques : Le RN et d'autres forces politiques voient en Mélenchon un adversaire direct, notamment en raison de son influence sur l'électorat populaire et ses critiques sévères du racisme et de l'extrême droite. Ces groupes utilisent souvent un discours de haine pour le discréditer, le présentant comme un danger pour la stabilité et la sécurité.
3. Polémiques et propos tranchants : La personnalité de Mélenchon, marquée par son franc parler et ses interventions parfois vives, le rend vulnérable aux critiques. Ses prises de position sur des sujets sensibles, comme l'immigration ou la laïcité, suscitent des controverses qui sont exploitées par ses adversaires pour alimenter la polarisation. Jean Luc Mélenchon a en effet pris des positions courageuses sur des sujets sensibles, notamment en dénonçant les bombardements aériens sur Gaza et en refusant l'amalgame entre sionisme et antisémitisme. Ces positions renforcent son image de politicien audacieux et engagé, mais elles lui attirent aussi des critiques.
Courage politique sur la question palestinienne
1. Dénonciation des bombardements sur Gaza: Mélenchon a été vocal dans sa condamnation des actions militaires israéliennes à Gaza, dénonçant les bombardements et exprimant sa solidarité avec les Palestiniens. Cette prise de position s'inscrit dans son engagement pour la justice et les droits humains, et elle reflète une volonté de s'opposer à ce qu'il perçoit comme des injustices, même lorsque cela va à contre courant de la position dominante en France.
2. Refus de l'amalgame entre sionisme et antisémitisme: Mélenchon a également été clair sur la distinction entre sionisme et antisémitisme. Il critique le gouvernement israélien et ses politiques sans remettre en cause le peuple juif ou exprimer des sentiments antisémites. Cette distinction est importante dans un contexte où les critiques d'Israël peuvent être facilement qualifiées d'antisémitisme, ce qui montre une nuance et une sensibilité dans son discours.
Réactions et conséquences
1. Critiques des médias et de la classe politique*: En adoptant ces positions, Mélenchon s'est exposé à des critiques sévères de la part de certains médias et de nombreux politiciens français, qui l'accusent de radicalisme ou de partialité. Sa défense des Palestiniens et sa critique d'Israël sont souvent caricaturées ou mal interprétées, alimentant des accusations injustes.
2. Soutien de ses partisans: Par ailleurs, ses positions courageuses lui valent un soutien significatif de la part de ceux qui partagent ses préoccupations pour la justice internationale et les droits humains. Cette base de soutien renforce son influence politique et sa capacité à mobiliser autour de causes importantes.
En somme, Jean Luc Mélenchon incarne une figure politique qui n'hésite pas à prendre des positions audacieuses sur des questions internationales controversées. Son courage politique, notamment en ce qui concerne Gaza et l'amalgame entre sionisme et antisémitisme, illustre son engagement en faveur de la justice et des droits humains, malgré les critiques et les oppositions qu'il rencontre. Jean Luc Mélenchon a joué un rôle crucial dans la reconfiguration de la gauche française, notamment en participant à l'émergence d'un nouveau front populaire qui a réussi à contrer le Rassemblement national (RN) et à placer la gauche en tête lors du deuxième tour des élections législatives.
Contribution à l'émergence du nouveau front populaire
1. Rassemblement des forces de gauche: Mélenchon a été un acteur clé dans le rassemblement des différentes forces de gauche sous une bannière commune, La France insoumise (LFI), et au delà. Cette coalition a permis de créer un front uni face à l'extrême droite et aux partis traditionnels, consolidant ainsi une base électorale plus large et plus cohérente.
2. Discours mobilisateur: Son discours radical et engagé a su mobiliser une partie importante de l'électorat, notamment les jeunes, les classes populaires, et les militants de longue date. Il a su incarner une alternative crédible et combative face à la montée du RN et aux politiques néolibérales.
3. Stratégie électorale efficace: Grâce à une stratégie électorale bien pensée, incluant des campagnes de terrain dynamiques et l'utilisation efficace des médias sociaux, Mélenchon et ses alliés ont réussi à capter l'attention et le soutien de nombreux électeurs, ce qui a permis à la gauche de se positionner favorablement lors des élections législatives.
Barrage au RN et succès électoral
1. Contre offensive idéologique: En proposant un programme axé sur la justice sociale, l'écologie, et la démocratie participative, Mélenchon a réussi à proposer une vision positive et alternative à celle du RN, réduisant ainsi son attractivité auprès de certains électeurs.
2. Coalition large: La formation de coalitions larges et inclusives, intégrant des partis et mouvements divers de la gauche, a permis de maximiser les chances de succès électoral en unissant des forces qui, autrement, auraient pu être fragmentées et moins efficaces individuellement.
3. Premier parti au deuxième tour : Cette dynamique a permis à la gauche de s'imposer comme le premier parti lors du deuxième tour des élections législatives, un exploit significatif qui témoigne de l'efficacité de la stratégie mise en place par Mélenchon et ses alliés.
Jean Luc Mélenchon s'est également distingué par son engagement contre le racisme et l'islamophobie, un aspect de son action politique qui, selon ses partisans, honore la France.
Lutte contre le racisme et l'islamophobie
1. Position ferme et clairvoyante : Mélenchon a toujours été clair dans sa condamnation de toutes formes de racisme et de discrimination, y compris l'islamophobie. Il considère ces phénomènes comme des atteintes aux valeurs républicaines de liberté, égalité et fraternité.
2. Défense des droits de l'homme: En dénonçant les discours et les politiques qui stigmatisent les communautés musulmanes, il se positionne en défenseur des droits de l'homme et de la dignité de chaque individu, indépendamment de leur origine ou de leur religion.
3. Actions et propositions concrètes: Mélenchon a proposé des mesures concrètes pour lutter contre le racisme et l'islamophobie, telles que le renforcement des sanctions contre les actes racistes, la promotion de l'égalité des chances, et la mise en place de programmes éducatifs pour sensibiliser la population aux questions de diversité et de tolérance.
Impact et réception
1. Reconnaissance internationale: Son engagement contre le racisme et l'islamophobie est reconnu au delà des frontières françaises, contribuant à l'image de la France comme un pays attaché aux droits de l'homme et à la lutte contre les discriminations.
2. Soutien des communautés concernées: Mélenchon a gagné le soutien de nombreuses personnes et organisations qui se battent contre le racisme et l'islamophobie. Son action est perçue comme une forme de solidarité et de respect envers les communautés victimes de ces discriminations.
3. Critiques et oppositions: Cependant, son engagement lui a aussi valu des critiques, notamment de la part de ceux qui l'accusent de complaisance envers certaines communautés ou de ne pas être assez ferme sur la laïcité à la française. Malgré cela, il maintient sa position, considérant que la lutte contre le racisme et l'islamophobie est essentielle pour une société juste et inclusive. En conclusion, Jean Luc Mélenchon honore la France par sa lutte contre le racisme et l'islamophobie. Son engagement clair et constant dans ce domaine renforce les valeurs républicaines et contribue à la promotion des droits de l'homme et de la dignité humaine.
Pour Jean Luc Mélenchon, la lutte contre l'antisémitisme et la lutte contre le racisme sont indissociables et doivent être menées de manière cohérente et unifiée. Il considère que toutes les formes de discrimination et de haine doivent être combattues avec la même détermination.
Vision de l'unité des luttes
1. Consistance des principes: Mélenchon affirme que toutes les formes de racisme, y compris l'antisémitisme, sont des violations des mêmes principes fondamentaux de dignité humaine et d'égalité. Pour lui, il est incohérent de combattre l'un sans combattre l'autre, car toutes les discriminations se nourrissent de la même logique d'exclusion et de haine.
2. Solidarité universelle: Il prône une solidarité universelle entre toutes les communautés victimes de discrimination. En unissant les luttes contre l'antisémitisme et le racisme, il vise à construire une société plus juste et inclusive pour tous, indépendamment de la race, de la religion ou de l'origine.
3. Éducation et sensibilisation: Mélenchon insiste sur l'importance de l'éducation et de la sensibilisation pour déconstruire les préjugés et promouvoir une culture de respect et de tolérance. Il soutient des initiatives visant à enseigner l'histoire des différentes formes de racisme et de discrimination, y compris l'antisémitisme, afin de prévenir leur résurgence.
Conséquences de cette position
1. Cohérence politique: En refusant de faire une distinction entre la lutte contre l'antisémitisme et la lutte contre le racisme, Mélenchon démontre une cohérence dans ses engagements politiques, renforçant ainsi la crédibilité de son discours en matière de droits humains.
2. Critiques et soutiens: Cette position lui vaut des soutiens parmi ceux qui partagent sa vision d'une lutte universelle contre les discriminations. Cependant, elle attire aussi des critiques de ceux qui estiment que certaines luttes doivent être abordées de manière spécifique en raison de leurs particularités historiques et culturelles.
3. Impact sur le débat public: En insistant sur l'unité des luttes, Mélenchon contribue à un débat public plus inclusif et interconnecté, soulignant les intersections entre différentes formes de discrimination et encourageant une approche holistique dans leur combat.
En somme, pour Jean Luc Mélenchon, la lutte contre l'antisémitisme et la lutte contre le racisme sont intrinsèquement liées et doivent être abordées de manière unifiée. Cette vision renforce son engagement en faveur des droits humains et de l'égalité, tout en alimentant un débat essentiel sur la manière de combattre efficacement toutes les formes de discrimination.
Si le Rassemblement national (RN) a choisi de demeurer dans l’ambiguïté sur l’Ukraine et l’Europe, il est plus loquace sur l’Algérie. Au-delà du rapport particulier de la France à ce pays, ce dernier est convoqué surtout pour parler de la France et du rapport de celle-ci au monde et à sa mémoire coloniale. Il s’y révèle les approximations d’une perception du monde brouillée par des obsessions identitaires et la permanence des filiations antisémites et xénophobes.
Xavier Driencourt, Jordan Bardella, Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen
Cet accord avait été conçu alors pour freiner l’installation des Algériens en mettant fin à la clause de libre circulation contenue dans les accords d’Évian du 18 mars 1962. Depuis, il a été de fait expurgé des avantages concédés aux Algériens et cela au fil de trois avenants négociés en 1985, 1994 et 2001. Surtout, l’obligation de visa instaurée à la fin des années 1980 a de fait aligné les Algériens sur les autres ressortissants du Sud. Il en est resté surtout un avantage accordé aux étudiants légalement installés en France qui leur ouvre la possibilité de s’établir dans une activité non salariée. Par certains aspects, cet accord désavantage même les Algériens puisqu’il leur barre l’accès aux nouveaux dispositifs : passeports talents, cartes pluriannuelles, titre de séjour pour motifs humanitaires, droit au travail et changement de statut des étudiants internationaux par la carte de séjour « recherche d’emploi ou création d’entreprise » ou encore les mécanismes légaux de régularisation1.
La preuve que cet accord n’est pas le facilitateur prétendu de l’immigration des Algériens ni un obstacle au contrôle de celle-ci, c’est que la part des Algériens dans l’immigration en France (12,5 %) est quasiment la même que celle des Marocains (11,9 %) alors que ces derniers ne bénéficient pas d’un tel accord et que leur migration vers la France est plus tardive.
UNE MISE À DISTANCE EST AUSSI DIFFICILE QUE SOUHAITÉ
Pourquoi donc cette persistance à vouloir faire de cet accord un épouvantail ? C’est qu’en plus de réactiver la thématique clivante de l’immigration en la dramatisant, il convoque l’image d’un pays particulier, l’Algérie, dont le rapport à la France est particulier. Il relève de la politique intérieure dans les deux pays où il est autant instrumentalisé par l’un comme par l’autre. Quand l’Algérie est convoquée, c’est pour en faire le marqueur de clivages politiques à activer voire à hystériser dans la société française. Le fait est qu’au-delà des instrumentalisations croisées de son héritage, la colonisation a produit des proximités particulières entre les deux pays.
L’Algérien reste donc l’étranger dont la mise à distance est aussi difficile que souhaité. Il encombre la mémoire et sa présence, trop imbriquée à la France, est incommode à détacher. Aussi, dans l’ordre de l’incitation à la haine de l’étranger, l’Algérien occupe le haut de l’échelle de la détestation. Il est le bouc émissaire et l’épouvantail.
Feinte ou réelle, la normalisation du RN s’est faite sur beaucoup de sujets. Mais pas sur la colonisation. Sa défense y est même un critère de légitimation. Marine Le Pen qui dit avoir pris des distances politiques avec son père continue à l’encenser pour sa défense de « l’Algérie française ». Celle-ci est également le plus ancien terrain de convergence avec une partie importante de la droite qui, comme le sénateur républicain Bruno Retailleau, soutient que « la colonisation, c’était de belles heures ! ». La rancœur à l’égard de l’ancienne colonie nourrit une agressivité principielle à son égard. La revendication de Driencourt d’imposer un rapport de force avec l’Algérie n’est pas nouvelle. Elle est aussi ancienne que l’indépendance de 1962. Elle fonde une stratégie de la tension qui ne se prive pas de faire usage de l’obstruction quand se profile un apaisement.
LES OCCASIONS MANQUÉES DE VALÉRY GISCARD D’ESTAING
En 1975, le nouveau président Valéry Giscard d’Estaing, « centriste modernisateur », mais ne revenant toujours pas sur son parti-pris pour l’Algérie française comme il l’exposera explicitement 25 ans plus tard dans sa biographie autorisée2, avait préféré saborder les faramineux contrats avec une Algérie dont les revenus avaient explosé en raison du choc pétrolier de 1973 et qui s’engageait dans un ambitieux programme d’industrialisation. Le président Houari Boumediene dont la légitimité révolutionnaire était suffisamment forte pour ne pas craindre la surenchère nationaliste anti-française, avait déclaré : « à qualité égale, l’Algérie choisira la France3 . »
Reçu très chaleureusement en Algérie où il se rend à la demande pressante du patronat, Giscard d’Estaing s’emploiera pourtant à un alignement marqué de la France sur le Maroc notamment en s’engageant à ses côtés sur la question du Sahara occidental. Cela, malgré l’opposition d’une partie de son gouvernement dont le premier ministre Jacques Chirac qui l’accuse de compromettre par cet alignement les intérêts français et de s’être « même déchainé » contre l’Algérie4. Inscrite dans son parcours politique personnel5, cette hostilité était renforcée et instrumentalisée par l’influent Michel Poniatowski, le numéro deux du gouvernement et dont les liens étaient avérés avec les ultras de l’Algérie française. Les relations entre les deux pays plongent dans la tourmente et l’Algérie se tournera vers les pays du bloc socialiste et l’Allemagne fédérale.
Trente ans ans plus tard, quand le président Jacques Chirac, difficilement soupçonnable de « laxisme face à l’immigration », arrive à s’entendre sur un traité d’amitié avec Abdelaziz Bouteflika, le plus francophile des présidents algériens et au fort tropisme occidental, l’extrême droite et la droite dure torpillent la possibilité de l’accord par une « action de commando ». Celle-ci a consisté à faire voter en catimini, dans le dos de Chirac, un texte sur « les aspects positifs de la colonisation » qui ne pouvait que fragiliser Bouteflika devant ses conservateurs.
UNE GUERRE DE CIVILISATION
Cette stratégie de la tension et de l’obstruction avec l’Algérie participe d’une prophétie autoréalisatrice de guerre civilisationnelle, complémentaire et s’alimentant mutuellement avec celle des islamistes que droite et extrême droite prétendent combattre. Elle conforte ceux qui, dans le régime algérien, cultivent une hostilité envers la France pour mieux justifier l’enfermement de leur peuple hors du monde. Une guerre dont les enjeux sont surtout internes à la France. L’encensement de la colonisation est aussi une adresse, aujourd’hui, à la société française. Faire référence à l’Algérie française, c’est convoquer de façon explicite, mais aussi subliminale son héritage idéologique et son univers mental. C’est remettre au-devant de la scène les « valeurs » qui avaient alors fondé le rapport de domination colonial et par lesquelles voudraient se justifier aujourd’hui, à l’intérieur de la société française, les rapports de domination et d’exclusion.
Le RN cherche à se défausser désormais de l’antisémitisme. Celui-ci a pourtant été structurel à la colonisation qui en a été un incubateur plus important qu’en métropole. On peut remonter à Édouard Drumont, auteur de La France juive, figure majeure de l’antisémitisme qui, à défaut de pouvoir être élu député en métropole où il résidait, le sera à Alger où l’ont appelé les colons pour faire de l’antisémitisme leur emblème. Au même moment, c’est le directeur de la Ligue antijuive qui est élu maire d’Alger. Tout au long de l’occupation de l’Algérie, dans ses villes les plus importantes, les colons ont le plus souvent élu des députés, des sénateurs et maires qui, plus que d’être de sensibilité antisémite, en étaient militants à l’instar des plus connus comme Émile Morinaud, député-maire de Constantine et secrétaire du Groupe Antisémite, Jules Molle député-maire d’Oran et ses successeurs de La Ligue Latine antijuive notamment le maire pronazi, l’abbé Lambert. Ils ont organisé des pogroms et même après la défaite de Vichy ont refusé que les juifs retrouvent le statut de citoyenneté octroyé par le décret Crémieux.
De l’histoire ancienne ? Cette déclaration de Pierre Poujade dont Jean Marie Le Pen était alors le porte-parole, est également ancienne : « Tu es en France (…). Est-ce que tu t’es mélangé à la communauté française ? Non. (…). C’est toi le raciste puisque tu n’as pas voulu te mélanger. Tu es venu profiter de la communauté française, de tout ce qu’elle t’a apporté, de cette générosité (…) et tu es resté là, dans ta secte. »6 Pierre Poujade s’adressait aux juifs en général, et à Pierre Mendès France en particulier. En effet, ce dernier avait eu le tort, en plus de sa judéité, d’avoir initié un processus de décolonisation. Plus personne n’oserait en France tenir publiquement de tels propos à l’égard des juifs, ou alors se ferait condamner.
Mais cette même diatribe, ne l’entend-on pas régulièrement et publiquement, avec différentes variations, dans la bouche des dirigeants du RN et de ses sympathisants à l’adresse des immigrés d’origine musulmane ? Le RN n’a pas changé. D’hier à aujourd’hui, c’est le même antisémitisme qui l’irrigue. C’est la cible qui a changé. Aujourd’hui, c’est le sémite arabe qui est ciblé.
ALI BENSAAD
Professeur des universités, Institut français de géopolitique, université Paris 8.
Depuis le 9 juin, de multiples agressions racistes, verbales ou physiques, ont eu lieu dans toute la France. Plus d’une par jour, selon le décompte de Mediapart. Dans de très nombreux cas, les personnes mises en cause ont fait référence au Rassemblement national.
aLa liste n’est pas exhaustive mais reste inédite. Rarement la France aura connu, semble-t-il, autant d’agressions et de propos racistes dans une temporalité aussi réduite.
Depuis le 9 juin et le résultat du Rassemblement national (RN) aux élections européennes et l’annonce de la dissolution avec une victoire possible du parti d’extrême droite aux élections législatives, pas un jour ou presque ne se passe sans que la presse relate une agression.
Parfois très violentes, toujours racistes, celles-ci sont, dans de très nombreux cas, en lien avec le contexte politique, lorsque les mis en cause font explicitement référence au RN, à Marine Le Pen ou à Jordan Bardella. En à peine trois semaines, Mediapart dénombre au moins trente événements racistes signalés dans la presse. Plus d’un chaque jour.
Un homme tabassé
À Perpignan le 3 juillet, une commerçante a reçu un courrier raciste déposé dans sa boîte aux lettres, rapporte le média Made In Perpignan. « Je vous conseille de préparer votre départ pour l’Afrique », est-il notamment écrit. « Il apparaît que vous n’êtes plus la bienvenue dans cette ville. Dans ce contexte, il serait peut-être préférable de vendre votre propriété au plus vite ... nous allons dès le mois de septembre effectuer un nettoyage impitoyable et virulent du quartier afin d’en restaurer l’atmosphère catalane d’antan. »
Le maire LR de Roanne Yves Nicolin a été contraint de s’excuser le 2 juillet pour des propos racistes tenus lors d’une conférence de presse lundi. « Ceux qui sortent la nuit sortent plutôt l’été. C’est une race qui aime la chaleur et le beau temps. L’hiver, ils sont plus tranquilles », a déclaré l’édile devant une brigade de police municipale locale de nuit.
Les images diffusées le 1er juillet au tribunal de Bourg-en-Bresse sont glaçantes et presque insoutenables. À chaque coup porté par Maxime B., 25 ans, et Adrien V., 23 ans, la tête de la victime heurte la vitre de la porte avec fracas. Mourad B., 37 ans, avait simplement demandé aux deux jeunes hommes qui sortaient d’un restaurant de baisser le ton. En retour, il reçoit une pluie de coups et de nombreuses insultes racistes. « On est en France », « Descends, sale bougnoule », « Nique sa mère les bougnoules ». Maxime et Adrien ont été condamnés à quatre ans de prison dont un avec sursis.
Ce même 1er juillet, dans un village des Cévennes gardoises, Midi Libre raconte qu’un homme a passé la nuit à déambuler dans les rues de la commune de La Grand-Combe, fusil à la main, en tirant plusieurs coups de feu. Selon plusieurs témoins, précise le parquet, « il vociférait des propos du type “À mort les Arabes” », avant d’être interpelé au petit matin.
Sur son compte X, Tajmaât, « une plateforme collaborative pour la diaspora maghrébine », diffuse de nombreuses vidéos et témoignages d’agressions racistes. Le 30 juin, des images montrent une femme portant un voile ciblée par un individu à Paris. « C’est insupportable, il va falloir l’enlever [...]. C’est anti-France, cet islam est incompatible avec la France », lance-t-il alors que la victime précise être née en France. « L’invasion migratoire et l’invasion de l’islam, on n’en peut plus. [...] Vous êtes une ennemie de la France »,ajoute-t-il.
La jour de l’élection législative, le 30 juin, plusieurs tags racistes ont été tagués sur la route départementale à Saint-Vincent-de-Barrès en Ardèche. « Vive le RN » ou « Mort aux bougnoules ». Le 29 juin, d'autres inscriptions racistes étaient constatées sur un mur et sur une route de deux autres villages, relate le Dauphiné libéré.
Dans le Nord, le 28 juin, deux militants du Nouveau Front populaire (NFP) ont porté plainte après avoir été agressés par des « partisans du RN ». « Ils ont tenté de brûler une affiche du NFP, chanté Maréchal nous voilà, demandé à une militante musulmane de “rentrer dans son pays” en voulant lui “jeter du cochon dessus”. Une honte », écrivait le NFP local sur Twitter.
Une soirée xénophobe intitulée « Ausländer Raus » (« Les étrangers dehors », en français) devait se tenir le 28 juin dans un bar identitaire de Rouen. Après une bataille juridique avec le maire socialiste de la ville, les organisateurs ont décidé de l’annuler.
Une boulangerie incendiée
Comme l’a raconté Mediapart, les attaques racistes visant des candidat·es, des militant·es ou des élu·es ont imprégné cette campagne électorale express comme jamais. « C’est extrêmement violent. On me dit que je vais retourner en Gambie, on me traite de singe. Des trucs d’un autre temps », déplorait par exemple le candidat NFP en Seine-Saint-Denis Aly Diouara, faisant référence aux messages reçus sur les réseaux sociaux mais aussi par e-mail.
Dans la nuit du 26 juin, c’est une boulangerie d’Avignon, dans le Vaucluse, qui est incendiée et taguée à l’intérieur avec des inscriptions racistes et homophobes. Les mots « nègre », «PD », « dégage » étaient encore lisibles malgré les sept tentatives de départ de feu dénombrées par les enquêteurs. Depuis un an, le patron de la boulangerie employait un apprenti de nationalité ivoirienne.
Toujours le 26 juin, selon nos informations, le service juridique de SOS Racisme a reçu le signalement d’une femme portant un voile victime de propos islamophobes. Alors qu’elle se baignait dans la piscine de sa résidence avec sa famille, Sonia* raconte avoir été prise à partie par ses voisines. « Les Arabes qu’est-ce qu’ils vont faire ? Ils vont sortir la kalache ? Bientôt elles seront mortes les voilées »,lui auraient-elles notamment lancé.
SOS Racisme a également reçu le signalement d’un propriétaire d’un restaurant de sushis pris à partie par un individu. Auprès du pôle juridique de l’association, il dit « ressentir depuis l’annonce de la dissolution un climat général où le racisme a lieu en toute impunité ».
Le 25 juin à Thiais, dans le Val-de-Marne, un chauffeur de bus en service pour le ramassage scolaire est victime de menaces de mort et d’insultes racistes par un automobiliste garé sur une place réservée aux bus. « J’en ai marre des gens comme vous, bougnoules et renois, moi je vote RN, je vais te tuer, je vais te massacrer, je vais vous éradiquer », a-t-il notamment proféré, selon une source policière interrogée par France Info. L’automobiliste serait remonté dans sa voiture avant de percuter délibérément le chauffeur de bus au niveau des jambes. Si le mis en cause dément tout propos raciste, une enquête a été ouverte par le parquet.
Des pompiers menacés et insultés
Le 25 juin, Karim Rissouli, journaliste sur France 5 où il présente notamment l’émission « C ce soir »,dévoile sur Instagram le contenu d’un courrier anonyme raciste reçu à son domicile. « Franchement Karim, tu n’as pas compris le vote du 9 juin. [...] La seule et unique raison fondamentale du vote RN, c’est que le peuple français historique en a plein le cul de tous ces bicots, le reste c’est du bla-bla. Le “Souchien” [Français de souche – ndlr] ne t’acceptera jamais, ni toi, ni tes frérots, et même malgré le nombre vous ne posséderez jamais la France »,est-il notamment écrit.
D'autres journalistes dont Nassira El Moaddem du site Arrêt sur images et Mohamed Bouhafsi, chroniqueur de l'émission "C à vous" sur France 5, ont aussi publié des messages racistes les visant.
Le 24 juin à Roanne, en marge d’une manifestation contre l’extrême droite, un individu s’en est pris à des manifestants en tenant plusieurs propos racistes et homophobes selon les témoins cités par Le Progrès. « Il a parlé des “bicots”, et laissé entendre qu’il en avait “ras-le-bol des Arabes” », écrit le quotidien. Il a ensuite asséné un coup de poing à l’un d’entre eux avant d’être laissé libre par la police municipale. Il ne sera interpelé que bien plus tard après avoir agressé une personne qui sera hospitalisée.
Dimanche 23 juin, des sapeurs-pompiers de Vieux-Condé, dans le Nord, sont empêchés d’intervenir pour un malaise et reçoivent « menaces », « crachats » et « injures racistes » selon La Voix du Nord. Les mis en cause, un homme de 55 ans et une femme de 31 ans, ont été interpelés et sont poursuivis pour menaces de mort et rébellion. « Des pompiers veulent rentrer dans une maison pour aller aider quelqu’un de blessé. Et là, on leur dit “Non, vous, vous ne rentrez pas”, parce que le pompier s’appelle Mounir, précisait le candidat communiste Fabien Roussel quelques jours plus tard sur France Info. Ils ont dû rentrer dans leur camion sous les cris “On est chez nous, les bougnoules dehors !” »
Après une fête locale le 22 juin près de Lunel, trois plaintes ont été déposées pour des violences en réunion dont une à caractère raciste selon Midi Libre. Un jeune de 19 ans raconte avoir été suivi par une voiture avant qu’elle ne s’arrête à son niveau et que quatre personnes, dont une avec un couteau, le frappent à la tête. « Quatre hommes m’ont ensuite saisi les bras et les jambes et m’ont jeté dans le canal puis m’ont plongé la tête sous l’eau, de force. Ils ont fait ça quatre ou cinq fois tout en me traitant de “sale Arabe”. “Tu n’as rien à faire ici”, criaient-ils. Ils disaient que je venais de Djihad City en faisant référence à Lunel »,a témoigné la victime, qui a eu sept jours d’ITT, devant la police.
Toujours le samedi 22 juin, cette fois-ci à Paris, l’ancien animateur de l’émission « Affaire conclue » sur France 2 et proche de Jean-Marie Le Pen, Pierre-Jean Chalençon, aurait tenu des propos racistes contre une journaliste d’origine marocaine lors d’un dîner chez des amis communs. Devant une dizaine de convives, selon Le Figaro, il est contredit lorsqu’il prend la défense du fondateur du Front national et s’en prend à la journaliste, selon sa plainte déposée depuis : « Je t’en... Les Arabes seront toujours des Arabes, rentre chez toi ! », lance-t-il. « Ta gueule sale bougnoule, rentre chez toi ! », ajoute-t-il selon la victime, avant de projeter au sol son téléphone portable. Si Pierre-Jean Chalençon conteste tous les propos, une plainte a été déposée le lendemain pour injure non publique en raison de l’origine.
Selon nos informations, le pôle juridique du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap) a été saisi après un quiz musical organisé le 22 juin lors d’une fête de village à Lepuix, près de Belfort. Des propos injurieux contre les immigrés ont été proférés, d’après des témoins. « Plusieurs personnes ont été choquées d’entendre qu’une équipe de participants s’appelait “Sale immigré”. “Cela a été dit plusieurs fois au micro”, a affirmé le militant écologiste Vincent Jeudy, qui a participé à ces festivités rassemblant plusieurs milliers de personnes », précise l’association. Une enquête a été ouverte par le parquet.
Le Mrap annonce aussi déposer plainte contre la propagande électorale affichée en Meurthe-et-Moselle par le Parti de la France, groupuscule d’extrême droite, dont un membre, Pierre-Nicolas Nups, est candidat dans la 5e circonscription du département sous l’étiquette « Rassemblement de la droite nationale ». Ses affiches représentaient un enfant blond aux yeux bleus barré du slogan «Donnons un avenir aux enfants blancs ».
L’association a également déposé plainte après les propos tenus par Daniel Grenon, député sortant du RN dans l’Yonne, lors d’un débat tenu avec son opposante le 1er juillet, et révélés par L’Yonne républicaine : « Sur 30 ou 40 postes, on ne peut se permettre d’avoir des binationaux. Des Maghrébins sont arrivés au pouvoir en 2016, ces gens-là n’ont pas leur place en haut lieu. »
Le 21 juin, une chanson raciste et pro-RN, « Je partira pas », a été diffusée sur de nombreux réseaux sociaux d’extrême droite et a été relayée par Éric Zemmour, Gilbert Collard ou la militante Mila. « Quand va passer Bardella, tu vas retourner chez toi » ou « Pour toi, fini le RSA/Le bateau n’attend pas », peut-on notamment entendre. SOS Racisme et le MRAP ont effectué plusieurs signalements.
Un adolescent roué de coups
Le 20 juin à Paris, Kofi Yamgnane, ancien ministre et ancien élu socialiste d’une commune de Bretagne, est victime d’attaques racistes de la part d’un individu dans la rue. « Toi, tu as intérêt à te préparer à rentrer chez toi en Afrique », « On va vous foutre tous dehors », a asséné un passant en croisant sa route.
Le même jour, une mère de Sotteville-lès-Rouen a dénoncé l’agression raciste de son fils, d’origine franco-algérienne, de 14 ans à la sortie d’un cours de sport. Selon France Bleu, il a été agressé par trois jeunes hommes alors qu’il attendait sa mère. « Il a été insulté de “gratteur d’allocs” et roué de coups », précise la radio.
Toujours le 20 juin, « Envoyé spécial » diffuse le témoignage de Divine Kinkela, aide-soignante, victime des propos racistes de ses voisins à Montargis (Loiret) et militants RN. « Bonobo ! », « On fait ce qu’on veut, on est en France, on est chez nous ! », lui ont-ils notamment lancé selon la victime.
Devant les caméras de France 2, ladite voisine, fonctionnaire au tribunal judiciaire de Montargis suspendue depuis, chante « on est chez nous », lance « va à la niche » et dénigre la coupe de cheveux de la victime. Des pancartes « avec Marine et avec Bardella », et une casquette « Vivement le 9 juin avec Jordan Bardella » sont aussi visibles, accrochés sur la façade de leur maison. Plusieurs plaintes ont été déposées.
Mi-juin à Chatou, dans les Yvelines, plusieurs résidents ont reçu des tracts ouvertement racistes intitulés « Monsieur le Maire, Stop aux Blacks à Chatou ! ». « Nous n’acceptons pas que Chatou devienne la Seine-Saint-Denis. Nous avons choisi d’habiter Chatou parce qu’il n’y avait pas de Blacks », peut-on lire entre autres propos racistes. « Ras-le-bol des Africains qui sont toujours dépendants de la France pour pouvoir survivre. » Au moins trois plaintes ont été déposées, rapporte Le Parisien.
Le 19 juin 2024, un couple et leur enfant auraient été victimes d’une agression raciste, nous indique le pôle juridique de SOS Racisme. Karim* aurait été pris à partie par trois de ses voisins au sujet de l’emplacement de sa voiture. « Sale Arabe de merde, on va te ramener à la frontière… Sale race, votre place c’est pas ici, bande de Sarrasins de mes couilles », auraient-ils proféré, selon l’association. « À ces propos s’ajoutent “Vive Zemmour, Vive Jordan Bardella , je vais t’enculer ta mère, vive Bardella”. » Selon le signalement, les individus auraient frappé le père de famille à la hanche et l’un d’eux aurait menacé la famille avec un chien, « un pitbull sans muselière ».
Le 18 juin 2024 dans le Tarn-et-Garonne, des ouvriers découvrent des tags racistes et antisémites sur les murs de la nouvelle mosquée de Montauban Es-Salam, en cours de construction. « Sales bougnoules », « rentrez chez vous », ont été inscrits à la bombe de peinture noire en plus de croix gammées, selon France 3 Occitanie. « C’est la cinquième fois que nous retrouvons ce genre de tags racistes, la dernière fois, c’était une tête de cochon », dénonce un membre de l’association musulmane de Montauban.
Deux jours plus tôt, le 17 juin, le militant Karim Merimèche est pris à partie par des sympathisants du RN alors qu’il tractait pour le candidat sortant La France insoumise (LFI). « L’un des hommes m’a dit : “Rentre dans ton pays, sale bougnoule, dégage, rentre chez toi.” J’étais choqué, je n’ai rien dit et je me suis éloigné. Mais il a continué, en me traitant encore de “sale bougnoule de merde” et en disant à Mathilde [Regnaud, suppléante du candidat – ndlr] d’aller “se faire sauter par les bougnoules”. » Deux témoins de la scène parviennent à identifier l’homme. Karim Merimèche a porté plainte le lendemain pour injures à caractère racial.
Le 12 juin, c’est à La Côte-Saint-André, en Isère, que quatorze tags islamophobes ont été découverts sur les murs d’un parc. « Islam hors d’Europe », ou « anti-Arabes », pouvait-on notamment lire sur les clichés diffusés par France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.
Une situation « alarmante » pour les associations
Le 10 juin, comme le révélait Mediapart, des policiers se lâchaient lors de l’interpellation d’un jeune homme dans le XIe arrondissement de Paris, et enchaînaient les propos racistes et homophobes. « Avec ta casquette de pédé qui se fait enculer par des migrants » ; « Quand ta mère et ta grand-mère se seront fait violer par des migrants, tu comprendras », ont-ils notamment déclaré, avant de diffuser, au commissariat, des chansons à la gloire de Jordan Bardella.
Deux jours avant les élections européennes, le 7 juin 2024, SOS Racisme a été informé de la présence de deux tee-shirts, exposés sous forme d’étendards, sur le balcon d’un bâtiment. Sur le premier, les prénoms de « Marine et Jordan » étaient affichés avec cette autre inscription à la main : « Tous les immigrés dehors melons etc. ». Sur le deuxième tee-shirt, on pouvait lire « La France aux Français ».
Avec ces plus de trente propos, tags, événements ou agressions racistes en seulement trois semaines, les manifestations de violence semblent considérables et, de l’avis des associations, « évidemment sous-estimées ». « C’est une situation alarmante et inhabituelle. On sent vraiment qu’avec la montée de l’extrême droite, il y a une explosion des agressions racistes non seulement verbales mais aussi physiques », constate SOS Racisme. « On est face à des gens qui se disent que si le RN arrive au pouvoir, ils auront un appui institutionnel pour se comporter de la sorte », ajoute son président, Dominique Sopo.
Mais combien de signalements ou de plaintes sont à déplorer ? Contactés, le ministère de l’intérieur et le parquet de Paris n’étaient pas en mesure de nous donner de chiffres. « On ne peut mesurer que plus tard si une augmentation est visible et en lien avec l’actualité », précise une source Place Beauvau. « Mais il y a évidemment un ressenti que la parole raciste se libère, à la télévision ou sur les réseaux sociaux notamment », ajoute-t-elle. La Dilcrah (délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT), elle, précise ne pas pouvoir s’exprimer sur le sujet, « période de réserve électorale oblige ». De son côté, le collectif de lutte contre l’islamophobie en Europe (CICE) dit avoir reçu « cent cinquante signalements » pour le seul mois de juin et précise qu’il s’agit « d’un record ».
La victoire possible du Rassemblement national, ce parti d’extrême droite dont de nombreux candidats expriment ouvertement des propos sexistes, racistes, antisémites ou LGBTphobes, semble avoir incontestablement un lien avec ce déferlement de haine. Mais si libération de violence raciste il y a, celle-ci est loin d’être inexistante le reste du temps. Dans son rapport remis le 27 juin, la Commission nationale consultative des droits de l’homme rappelait qu’en 2023, la France avait connu 32 % d’actes racistes supplémentaires et déplorait une augmentation exponentielle des actes racistes et une hausse inédite de l’antisémitisme.
Le peuple de France a cessé de prêcher en silence. Il vient d’afficher son attrait pour l’outrance. Il a voté en pissant comme un chien, pour marquer sa différence. Je vais vous dire pour quoi son choix scandalise ma petite conscience.
En premier, parce que ce peuple n’a pas trouvé mieux pour dénoncer son Roi Ubu que d’annoncer qu’il est imbu de lui-même… même s’il s’aime moins qu’il ne déteste les autres. Vrai nationaliste, faux patriote.
En deuxième, parce que ce peuple a fait rougir ce matin mon ange-gardien, en lui murmurant à l’oreille que la bête immonde pouvait aussi prétendre au bien, en substituant à sa haine des juifs, fort ancienne, son mépris pour l’islam et les musulmans. C’est plus rentable et donc plus supportable… En troisième, je n’ai rien contre les excès sauf lorsque ça devient exécrable. Je tends l’oreille et j’entends cette musique que je ne trouve pas bonne lorsqu’elle ronronne : « On est chez nous ! On est chez nous ! »…
Je sors de mes gonds, je deviens Antigone dont le sens du devoir s’est dressé contre l’abus du pouvoir. Et je dis NON au peuple de France quand il choisit l’ultime offense, celle qui n‘a d’autre issue que de froisser les consciences. NON au déshonneur. NON à l’identité peureuse et malheureuse…
Aucune fermeture sur soi ne peut faire office de Loi, ni constituer une ouverture avantageuse. Il faut être content de soi ou incompétent pour prétendre le contraire. Je n’en veux pas aux élus mais seulement aux électeurs qui ont voté en chœur pour leur fausse blancheur.
Le peuple de France s’apprête dans sa conquête du pouvoir à envoyer à Matignon un garde du corps pour sauvegarder son âme. Mais quelle âme, messieurs-dames ? Je sais que je vous déçois et c’est pour cette raison que je me déchois de ma nationalité en la rendant à Bardella qui en a beaucoup plus besoin !
Qu’ils soient candidats, militants, élus ou anciens ministres, ils constatent un déferlement de haine décuplé par la montée de l’extrême droite en France, jusqu’à Najat Vallaud-Belkacem, dont la binationalité a été pointée du doigt par le député sortant RN Roger Chudeau sur BFMTV jeudi.
Qu’ils soient candidats, militants, élus ou anciens ministres, ils constatent un déferlement de haine décuplé par la montée de l’extrême droite en France, jusqu’à Najat Vallaud-Belkacem, dont la binationalité a été pointée du doigt par le député sortant RN Roger Chudeau sur BFMTV jeudi.
« Je« Je pense que c’était une erreur, et que ce n’était pas une bonne chose pour la République. » Ce sont les mots du député sortant du Rassemblement national (RN) Roger Chudeau, tenus sur le plateau de BFMTV jeudi 27 juin. Il y faisait référence à l’ancienne ministre de l’éducation nationale Najat Vallaud-Belkacem, et à sa double nationalité, qui aurait dû, selon lui, l’empêcher d’arriver à de telles responsabilités. « Les postes ministériels doivent être détenus par des Franco-Français, point final. » Et d’ajouter : « Il y a un problème de double loyauté, à un moment donné. »
Ces déclarations s’inscrivent dans un contexte bien particulier : celui des élections législatives prévues les 30 juin et 7 juillet, fortement marquées par la montée du RN et de ses idées mortifères, et par des violences physiques et verbales que subissent de plus en plus de personnes racisées, y compris parmi les candidat·es, militant·es, élu·es ou ancien·nes ministres. « Ce qui me surprend, c’est la surprise des observateurs », tacle Najat Vallaud-Belkacem, soulignant que le signe distinctif de cette formation politique – le RN – n’est autre que le racisme.
« Ce n’est que cela. Le reste, les cravates, le programme social, les belles paroles, c’est de l’habillage. Que les gens soient surpris montre à quel point on a réussi à se faire manipuler collectivement, au point d’oublier quel est l’ADN de ce parti », pointe celle qui est aujourd’hui présidente de l’association France terre d’asile. Rien de nouveau, estime-t-elle donc, davantage outrée par la légitimité désormais donnée à un parti d’extrême droite. Qu’on lui reproche – encore – sa binationalité ? « Je suis exposée à ce type d’accusation depuis des années. »
Et d’ajouter : « Je vis en France depuis quarante-deux ans, j’ai été adoptée par ce pays et j’en ai embrassé les valeurs. Malgré cela, on me renvoie à mon origine, et à travers moi les millions de Français qui sont binationaux ou ontun parent immigré. »
Des centaines de messages racistes
« On ne sera jamais assez français à leur goût. La chasse à ceux qui ne leur ressemblent pas est ouverte, on est dans l’assignation identitaire la plus totale », déplore-t-elle, constatant que les partisans du RN ne s’en prennent pas seulement aux étrangers et étrangères en situation irrégulière ou dit·es délinquant·es, mais aussi à celles et ceux qui « réussissent » et « s’intègrent ». « Ça, ils ne le supportent pas. »
Cette violence, Sabrina Ali Benali, candidate sous la bannière Nouveau Front populaire (NFP) en Seine-Saint-Denis, la décrit comme étant « impressionnante ». Auparavant, dit-elle, « c’était surtout sous pseudo sur les réseaux sociaux ». Aujourd’hui, c’est « open bar ».
Cette médecin franco-algérienne évoque des centaines de messages racistes reçus chaque jour depuis le début de la campagne, l’invitant à « rentrer au bled » et invoquant l’arrivée au pouvoir du RN pour la « dégager ». « On a aussi franchi un cap dans le vocable. C’est fasciste, ils parlent de race, nous qualifient de parasites, me disent que je devrais m’agenouiller devant la race blanche qui est supérieure… »
À cela s’ajoutent des insultes sexistes et des amalgames autour du terrorisme. « Maintenant, c’est Arabe = musulman = terroriste. Quand on sait que ma famille a fui les années noires en Algérie, c’est dur d’être assimilée à ça », confie-t-elle.
La candidate dit ressentir de la « peine » pour ses proches, arrivés en France et « partis de rien », soucieux de « s’intégrer » au point de ne pas enseigner l’arabe à leurs enfants, dont elle fait partie. « On l’a su bien plus tard mais c’était pour nous éviter de subir le racisme qu’ils avaient vécu. »
Pour se préserver et poursuivre le combat, Aly Diouara, candidat NFP en Seine-Saint-Denis également, tente de ne pas s’attarder sur les messages haineux qui lui parviennent. En tout cas pas dans leur intégralité.
« C’est extrêmement violent. On me dit que je vais retourner en Gambie, on m’insulte de singe [Aly Diouara est noir – ndlr]. Des trucs d’un autre temps », déplore-t-il, qui lui sont adressés sur les réseaux sociaux mais aussi par mail. Jusqu’ici, lors des tractages en circonscription, il dit avoir été épargné par des agressions verbales ou physiques.
« Mais quand je vois le chauffeur de bus agressé puis renversé dans le Val-de-Marne, on se demande comment on en est arrivés à un tel niveau de violence et de racisme assumé. »
À Belfort, le militant Karim Merimèche a vécu ces violences sur le terrain, alors qu’il tractait pour le candidat sortant La France insoumise (LFI) Florian Chauche le 17 juin, comme le rapporte France Bleu. « On s’est retrouvés sur un parking à la Roseraie, raconte-t-il à Mediapart. J’ai tendu un tract à deux hommes se trouvant dans une voiture, qu’ils ont refusé de prendre. »
Ces derniers expliquent au militant qu’ils votent « Front national, euh, Rassemblement national ». La suppléante du candidat, Mathilde Regnaud, aurait alors demandé s’ils avaient conscience de « voter pour un parti raciste ». « Ils ont répondu qu’ils n’étaient pas racistes et que le parti ne l’était pas non plus », poursuit Karim Merimèche.
Mais après avoir digressé sur l’élection de Mitterrand, « ils [lui] demandent où [il] étai[t] à ce moment-là ». « J’ai compris où ils voulaient en venir, alors j’ai précisé que j’étais né en France. » Il ne s’attendait pas à un tel déferlement.
« L’un des hommes m’a dit : “Rentre dans ton pays, sale bougnoule, dégage, rentre chez toi.” J’étais choqué, je n’ai rien dit et je me suis éloigné. Mais il a continué, en me traitant encore de “sale bougnoule de merde” et en disant à Mathilde d’aller “se faire sauter par les bougnoules”. »
Deux témoins de la scène parviennent à identifier l’homme, à bord d’un véhicule de fonction de la société Optymo, chargée des transports en commun dans le Territoire de Belfort.
Karim Merimèche a porté plainte le lendemain, mardi 18 juin, pour injures à caractère racial. Il ne comprend pas comment « on a pu en arriver là aujourd’hui », condamnant l’idéologie raciste, xénophobe, sexiste et liberticide de l’extrême droite. « Je l’ai très mal vécu, j’en ai fait des nuits blanches. Être renvoyé à son origine et sa couleur de peau après tout ce qu’il s’est passé dans l’histoire est incompréhensible. »
Vendredi 28 juin, la députée sortante et candidate NFP Mélanie Thomin a dénoncé, dans un communiqué, les « attaques racistes » subies par Kofi Yamgnane à Paris jeudi 20 juin. Ancien ministre et ancien maire de la commune de Saint-Coulitz (Finistère), ce binational franco-togolais a été agressé sur un quai de la gare Montparnasse à Paris, relate-t-il au Télégramme.
«Toi, tu as intérêt à te préparer à rentrer chez toi en Afrique », « On va vous foutre tous dehors », a asséné un passant en croisant sa route. « Je sens qu’il se passe quelque chose de différent, que les racistes se sentent libérés », a-t-il confié au quotidien régional.
« J’ai oublié de dire ma tristesse face à tout cela », conclut avec amertume Najat Vallaud-Belkacem, qui ne croit pas aux démentis de Marine Le Pen quant aux attaques de Roger Chudeau mais se raccroche aux nombreuses expressions de soutien reçues depuis jeudi.
Pour l’ancienne ministre, la question qui se pose désormais est la suivante : veut-on exclure un Français sur cinq, sachant que 13 millions de personnes sont immigréesou ont au moins un parent immigré, selon l’Insee ? « Il faut élever notre seuil d’intolérance collective face au racisme, comme on a pu le faire face au sexisme. »
Il n'est plus utile de mettre en garde ou d'affirmer qu'un typhon discriminatoire souffle, avec vigueur sur la France, aujourd'hui, alors même que des usines de propagande telle que C-NEWS ou BFM-TV se chargent de le faire savoir avec audace, sans retenue ni complexe, bombant le torse fièrement et affichant l'arrogance, le sourire le plus hideux de l'espèce humaine. Les dernières élections européennes sont venues, à point nommé, pour éclairer et confirmer ces dérives.
Soumise aux coups de boutoir récurrents de politicards en quête d'assise populaire, d'assise électorale, sans disposer pour autant de colonne vertébrale ou de perspectives apaisées pour une France sereine, ils renvoient, aujourd'hui, une image du pays combien triste et dégradée au regard de son aura légendaire et des envolées lyriques et programmatiques du haut des perchoirs républicains des Emile ZOLA, Jean JAURES ou autres Lamartine et De Gaulle. Hommes-symboles de droiture, ces derniers savaient fixer le cap à suivre par une vision claire et juste pour des futurs fraternels, affranchis de toute obédience extérieure, imprimant ainsi un ADN singulier à la France qui ont fait d'elle une puissante locomotive dans un passé récent.
En comparaison, ceux qui leur ont succédés renvoient une image dégradée de petits «capitaines de pédalos». Hormis feu Jacques CHIRAC, le dernier des Mohicans, les suivants se comportent en simples télégraphistes, coursiers ou liquidateurs d'entreprises en cessation de paiement. Gérant comme ils le peuvent le solde des créances contractées auprès de «La France-Afrique» et des anciennes colonies contre lesquelles ils nourrissent rancœur et rancune, entretenus par une noria de nostalgiques et d'enragés qui n'ont comme repères historiques que la haine et le rejet de toute différence.
C'est comme s'ils s'étaient fixés pour mission d'ériger une braderie géante pour liquider les acquis humanistes d'une France historique et assumer, toute honte bue, un atlantisme invendable et un repli sur soi exacerbé et commercialisé par ces indus occupants, en majorité français cocotte-minute, naturalisés de fraîche date et qui portent des patronymes bien étranges et étrangers à la Gaule. Personnages clivant, contestés, obséquieux et dépositaires d'un racisme débridé qu'ils portent comme un titre de gloire sur le plat de leurs fronts, à travers des postures rédhibitoires et des discours inflammables.
En fait, c'est depuis l'usage par un certain N. SARKOZY (2007 et 2012) du discours vindicatif et insultant, promu en programme politique que tout ce que la France compte de déclassés et d'insignifiants s'est senti pousser les ailes de l'impunité pour se hasarder, avec rage et fureur, sur les chemins fangeux de la déchéance humaine. Cette imposture historique a permis qu'il soit élevé, accidentellement, au rang de Président et lui assure dans la république d'aujourd'hui une impunité totale pour ce volet de son action.
Cependant, il faut souligner que cet erreur politique, condamnée par la justice française et toujours sous le coup de multiples procédures (cinq pour l'instant) en cours et en appel, a élevé en vertu cardinale la parole raciste, la discrimination et la xénophobie, essentialisant les communautés de migrants maghrébins et subsahariens et traitant la banlieue dans son ensemble de « racaille » et l'Africain d'homme peu évolué. Rassurés par des boucliers immunitaires le plaçant au-dessus des lois et des règles élémentaires de la bienséance, ces disciples de la haine et de l'anathème, s'attèlent, désormais, à promouvoir l'humiliation, la rumeur et les faks-¬news comme projet politique avec pour cœur de cible tous les musulmans de France. C'est un vaste programme politique qui se fixe pour objectif, la contamination de tous les pays de l'espace européen et rejeter à la mer cette «vermine» venue pour procéder au «Grand Remplacement» cher à E. ZEMMOUR.
Sur le champ de tir, ils se font concurrence à qui flingue au mieux les Toufik, Naïma, Mamadou ou Hapsatou, ces êtres venus d'ailleurs, même s'ils sont nés dans l'Hexagone. Globalisés dans leur ensemble par les diverses composantes de cette métastase, ils s'enhardissent chaque jour un peu plus pour descendre en flamme là où ils passent, ces Français de la diversité, quels que soient leurs comportements, leurs statuts ou leurs réussites.
Dans ce contexte-là, il y a bien sûr des têtes qui émergent un peu plus que les autres et des langues bien plus fourchues et plus incendiaires que d'autres. S'il fallait personnifier cela en mettant un visage sous le vocable de « crapule des médias » on ne trouvera pas mieux que d'y glisser celle de Pascal PRAUD, que la chaine de la haine du milliardaire Vincent BOLLORE, raciste de conviction, à savoir C-NEWS, a élevé au rang de responsable d'émission et l'a affublé du titre de journaliste.
C'est pourquoi il n'y a plus rien à espérer de ce côté-ci de la facho-sphère bien installée et pour un long temps, dans ces médias qui furent dans un passé récent les caisses de résonnance des postures humanistes et anticoloniales des André MALRAUX, Jean Paul SARTRE, Simone de BEAUVOIR et dont la réputation a été construite patiemment par les P. DESGRAUPES, P. DUMAYET et autre Hubert BEUVE-MERY ou Louis PLENEL.
Par contre, il y a bien lieu de souligner «les talents buccaux et verbaux» de cette tête de gondole de Sanitaires-News, toujours à la recherche de la consécration supranationale pour pouvoir laisser à jamais sa marque de fabrique indélébile dans l'histoire des extrêmes de l'ultra droite française et européenne. Celles-là même qu'on a du mal à qualifier, au jour d'aujourd'hui, avec justesse et clarté. Petit par le talent, répulsif par ses postures, sans épaisseur intellectuelle, il n'existe médiatiquement que par la démesure de son islamophobie, son racisme aiguisé, sa détestation exacerbée de l'étranger non judéo-chrétien. Il se distingue surtout par une soumission totale à la communauté organisée allant jusqu'à affirmer avec aplomb et certitude que « la vie d'un enfant palestinien ne vaut pas celle d'un enfant juif » dans ce qui se passe à Gaza. Au vu de ce qu'il sème et de ce qu'il essaime à longueur d'antenne, c'est en réalité la rage contenue, en son for intérieur, qui le hisse au rang du digne représentant, très proche des fantasques personnages du troisième Reich allemand qui ont martyrisé, dans un passé encore récent, bien des millions d'êtres humains et l'histoire.
Notons simplement que pour s'identifier à son inspirateur, il entretient déjà une mèche bien ajustée sur le front, une gestuelle et des mimiques imitant à l'identique les ténors des années trente du Reichstag. Pour être authentique, il ne lui reste donc plus qu'à teinter sa tignasse en noir de jais et se laisser pousser cette petite moustache taillée au carré si inimitable pour qu'il puisse s'identifier totalement à la copie de l'original.
Ainsi, il pourra se targuer d'être le clone parfait et faire illusion, à tous points de vue, à sa référence qui a marqué profondément de son empreinte le siècle dernier, faisant des émules et donnant naissance à une lignée de haineux enragés clonée à son effigie.
Avec des propos sibyllins il donne l'impression, qu'après un catéchisme en latin suivi à l'église rigoriste du Chardonnet au cœur de Paris, il a intégré le chœur des « petits chanteurs à la Croix de Bois », ce qui l'a conduit à ne pouvoir supporter la différence religieuse et l'autre manière de croire en l'unicité de Dieu, née dans cette contrée lointaine, au cœur du désert d'Arabie.
En entrant dans la vie active il s'est essayé d'abord à l'exercice approximatif du journalisme sportif, en endossant avec vilénie et bassesse le rôle du soumis, du lèche-bottes et du souffre-douleur, du commentateur sportif feu Thiery ROLAND dépositaire de l'émission Télé-Foot sur la chaine TF1.
Par la suite et par la grâce de V. BOLORE, il fut ressuscité par la chronique politique et l'animation d'émissions incendiaires, campant le rôle du groom de service d'Eric ZEMMOUR, Jordan BARDELLA et Marine LEPEN sur des radios-poubelles et télé WC-NEWS, chaîne de télévision qualifiée par toutes les intelligences d'esprit et de cœur que compte l'Hexagone, de média du «TOUT-À-L'ÉGOUT».
Désormais «une Kommandantur du Talk-Show» sur les ondes d'Europe1 et sur la chaîne d'information en continu, lui est dédiée. Il y officie en parallèle avec Christine Kelly, estampillée «négresse de service », et d'un autre pyromane-pervers, Jean-Marc MORANDINI, raciste confirmé, doublé d'un détraqué sexuel. Condamné pour harcèlement sexuel et corruption de mineurs à la peine d'un an de prison assortie d'une obligation de soin de deux ans avec inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (FIJAIS) il sévit encore aujourd'hui sur l'antenne de V. Bolloré. Cette condamnation n'a nullement convaincu la chaîne à le suspendre ou l'empêcher de continuer à squatter impunément les ondes et les plateaux télé avec la bénédiction de ce que le tout Paris compte de politicards de droite, d'extrême droite, d'ultra droite et d'islamophobes en quête du firmament.
Pascal PRAUD, cette farce médiatique et cette statue douteuse a été déboulonnée récemment en un tour de main, le temps d'une parodie de vingt minutes réalisée par Malik BENTALHA débaptisée pour l'occasion « L'HEURE DE TROP ». Ce sketch qui imite à la perfection certaines raclures qui sévissent sur le plateau de l'émission dénommée « L'HEURE DES PROS », à savoir Pascal PRAUD en personne, le clown Hassan CHELGHOUMI, l'alcoolique Élisabeth LEVY, l'irrespirable William GOLDNADEL et d'autres rats d'égouts du même calibre, est devenue virale en l'espace de 24 heures sur les réseaux sociaux. Selon les chiffres fournis, elle a cumulé en un temps record plus de trente millions de vues et quinze millions de likes. Comme quoi, aujourd'hui, il ne suffit plus de faire main basse sur les grosses cylindrées de l'information pour pouvoir orienter la communication, distiller les messages qu'on veut et faire avaler au citoyen lambda toutes les couleuvres possibles et imaginables. Prendre ses vessies pour des lanternes est devenue problématique avec l'explosion des réseaux sociaux, ces canaux d'information parallèle.
L'alternative et l'altérité sont donc là, vivantes, inventives et dynamiques pour neutraliser cette propagande tricotée par les officines spécialisées et distillée en France par un système médiatique conséquent soumis à des puissances financières qui possèdent et maîtrisent totalement tous les moyens de communication et canaux d'information. Les propriétaires des chaînes en continu et les responsables d'autres médias ne se gênent plus pour afficher leur disposition à porter la parole obséquieuse, souffler sur les braises et lever des armées de racistes xénophobes.
Donc, c'est sous l'œil attentif et alerte de cette police de la pensée, mise en place par qui de droit, pour filtrer, orienter, surveiller les interventions des uns et des autres et sommer les chroniqueurs à tenir le discours inflammable souhaité, quitte à distiller des allusions mal intentionnées ou en zoomant sur les faits divers du quotidien à longueur d'antenne. Dirigé par des donneurs de l'ombre, cette nébuleuse connue mais non reconnue, fabrique et met à disposition le dictionnaire des éléments de langage auquel il faut se référer pour colporter sur tous les plateaux télés le discours pré-écrit de ces journaleux vénaux et véreux afin qu'ils pilonnent en continu les esprits et réinitialisent la pensée dominante.
Le zèle de ces supplétifs de la plume et du micro est tel qu'ils outrepassent, devancent même les désirs de leurs mentors si bien qu'ils poussent pour l'institutionnalisation de la discrimination et de l'essentialisation systémique de la Communauté musulmane de France. Désormais, il est question d'insérer sournoisement dans la Constitution quelques monstruosités façonnées par des cerveaux éclatés et sédimentés par la haine.
Malgré tous les rappels à l'ordre émis par l'ARCOM (Autorité de Régulation de la Communication Audiovisuelle et Numérique qui a remplacé le Conseil de Surveillance de l'Audiovisuel), rien n'y fait. C-NEWS autant que BFM-TV persistent et signent, demeurent droit dans leurs bottes en soutenant une argumentation débile, se faisant l'organe pédagogique de la loi sur l'émigration et manifestant clairement leur soutien sans réserve aux massacres de GAZA par la promotion de la haine de l'Arabe en général et du musulman en particulier. C'est sans vergogne qu'ils déroulent le tapis rouge sous les pieds de quelques transfuges-alibis, issus de la diversité, de préférence musulmane en quête d'ascension sociale et de visibilité pour soutenir ces postures et ces discours nauséabonds portées par les ZEMMOUR, LEPEN, BARDELLA, VALLS, MORANO, SCIOTTI, ESTROSI et consorts. Pascal PRAUD, Eric BRUNET, Marc MORANDINI, Christine KELLY, Ruth ELKRIEF, Benjamin DUHAMEL, etc ..., constituent ce bataillon de choc, sans état d'âme qui tire ses repères idéologiques de la réflexion des extrêmes de la droite et met ses services à la disposition de tous les nostalgiques de l'Algérie française et du Lepénisme.
Longtemps laissés pour compte sur le bord du chemin par les médias lourds, ils jubilent, aujourd'hui, avec cette prise en otage de tous les moyens de communication et d'information pour mener à bien une revanche intériorisée depuis des décennies sur l'authentique intelligentsia française, celle-là même qui a toujours porté, de par le monde, la parole équilibrée, indépendante et juste de la France.
Autant par leurs écrits que par l'honnêteté de leurs positionnements lors des faits saillants historiques, ces femmes et hommes de cœur qui honorent l'identité et l'histoire de la nation française ont toujours sur faire les bons choix, c'est-à-dire la préférence de l'humain, le frère, l'égal et le libre.
Dans trois semaines peut-être, l’extrême droite arrivera au gouvernement, aux portes du pouvoir. Cette victoire potentielle n’est pas inattendue, tant elle a été préparée, encouragée, et — disons-le – souhaitée par une partie non négligeable de la classe politique et des cercles éditorialistes. Ce courant politique et la vision du monde qu’il défend remontent au-delà des années 1930 — comme le mot même d’islamophobie – et trouve ses racines dans le rôle structurel de l’héritage colonial, notamment en Algérie. Cette histoire constitue, comme le rappelle Fabrice Riceputi, la matrice essentielle de l’extrême droite, celle qui fait oublier sa collaboration et son antisémitisme structurel. Cet impensé colonial permet d’expliquer la large convergence dans le soutien à Israël, qui a vu les héritiers du Front national défiler aux côtés de l’essentiel des forces politiques dans une « marche contre l’antisémitisme » en novembre 2023.
Cette histoire coloniale rappelle également la généalogie méconnue de la gestion sécuritaire des musulmans, toujours perçus comme « un problème », comme étrangers même pour celles et ceux qui sont français⸱es, mais surtout comme un danger pour la République. Si hier dominait la figure de l’Arabe « voleur, fourbe et violeur » ou du musulman réfractaire à l’assimilation coloniale, désormais les musulman⸱es et autres « islamo-gauchistes » seraient le nouvel ennemi intérieur, comme c’était le cas, il y a près d’un siècle, pour les juifs. À un siècle de distances, juifs et musulmans, sont perçus comme deux minorités religieuses racialisées, à qui l’on prête des desseins complotistes, comme le montre l’historien Reza-Zia Ebrahimi dans l’analyse de leur histoire croisée. Par leur duplicité à l’égard de la République, par l’extrémisme inhérent à leur religion — mieux, à leur culture, puisque même la langue arabe devient ni plus ni moins que l’outil véhiculaire de terrorisme —, les musulmans de France, définis comme une masse homogène malgré leur diversité, lanceraient un défi mortel au monde. Comme le fait à l’échelle internationale « le terrorisme islamique », porteur d’une guerre contre la civilisation occidentale ou prétendument « judéo-chrétienne ».
À l’heure où l’extrême droite a déjà un pied dans la porte, on ne peut pas fermer les yeux sur la responsabilité historique de la classe dirigeante et de ses relais médiatiques, dans la banalisation d’une islamophobie d’État qui n’a fait que s’intensifier depuis la présidence de Nicolas Sarkozy, pour arriver à son paroxysme sous celle d’Emmanuel Macron. Si le dévoiement de la laïcité pour en faire une arme contre l’islam et les musulman⸱es, bien loin de l’esprit de la loi de 1905 défendue par Aristide Briand, date de la fin du second mandat de Jacques Chirac, l’offensive de l’actuel président de la République et de ses ministres contre les musulman⸱es, accusé⸱es de « séparatisme », a marqué l’intensification de discours de rejet et de mesures de répression, qui ont participé à la victoire de l’extrême droite dans la bataille culturelle qu’elle mène pour l’hégémonie. Le tout avec la complicité d’intellectuels, d’éditorialistes et de quelques « chercheurs de cour », qui n’ont eu aucun scrupule à mettre leur savoir au service d’une idéologie de haine et de rejet.
En reprenant quelques articles publiés par Orient XXI qui s’articulent autour des thématiques citées ci-dessus au sein de ce dossier, nous soulignons la responsabilité des pyromanes de la République, mais nous remplissons aussi le rôle que nous nous sommes donné depuis notre création en tant que média indépendant il y a plus de dix ans, et que nous jugeons plus que jamais nécessaire : donner à nos lectrices et lecteurs les outils de comprendre, et donc de résister à la vague brune qui risque de déferler sur nous, mais qu’il est encore temps d’arrêter.
Volonté de massacrer des migrants à l’arme lourde et racisme primaire : Mediapart a pris connaissance de la correspondance de l’ancien directeur de la sécurité de la multinationale du ciment, un ancien militaire qui a été candidat du Front national à des élections locales.
AuAu lendemain du double séisme politique provoqué par l’écrasante victoire du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, puis par l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, la même question revient parmi une partie de l’électorat tenté par le vote d’extrême droite : le parti de Marine Le Pen, désormais aux portes du pouvoir, s’est-il vraiment dédiabolisé, comme il ne cesse de le faire paraître dans sa communication ? A-t-il abandonné ses oripeaux racistes et criminels du passé, comme l’assurent ses dirigeant·es ?
Les enquêteurs de la douane judiciaire, un service spécialisé placé sous la tutelle du ministère des finances, ont peut-être des raisons d’en douter, à en croire la correspondance qu’ils ont saisie en 2020 dans le cadre de leurs investigations sur Lafarge, la multinationale française mise en cause dans une affaire de financement du terrorisme islamiste.
Désir de massacre de migrants à l’arme lourde et racisme primaire : des mails émanant de l’un des cadres dirigeants de la société, dont Mediapart a pu prendre connaissance, font froid dans le dos tant ils en disent long sur le danger de l’extrême droite et la porosité de ses idées dans les hautes sphères des mondes militaire et économique.
Jean-Claude Veillard, leur auteur, est un homme respecté dans son milieu professionnel d’origine : l’armée. Né en 1953 en Eure-et-Loir, il a été incorporé à l’âge de 16 ans à l’École des mousses, puis est devenu fusilier marin dans les commandos. En 1982, il a intégré l’École navale comme officier spécialisé. Il rejoint ensuite le Commandement des opérations spéciales (COS), une unité d’élite de l’armée française, qu’il quitte en 2008 bardé d’honneurs, de gloire et de médailles pour rejoindre le géant français du ciment, le groupe Lafarge, comme directeur de la sécurité.
C’est un poste sensible et exposé, pour lequel il devra notamment assurer l’interface avec les principaux services de renseignement français (la DGSE, la DGSI ou la DRM), Lafarge étant implanté dans de nombreux pays à risque. Mais parallèlement à son activité professionnelle, Jean-Claude Veillard cultive une passion politique : le Front national de Marine Le Pen, aujourd’hui le Rassemblement national.
En mai 2014, il l’annonce tout de go à l’un de ses amis : « Concernant mon engagement personnel, j’ai franchi le pas et je suis maintenant clairement au Front. » Il lui rappelle qu’il a été quelques semaines plus tôt cinquième sur la liste du FN aux municipales à Paris. « Mais à Boboland, le combat est difficile »,regrette-t-il. La liste du candidat d’extrême droite dans la capitale, Wallerand de Saint-Just, n’a pas dépassé 6,2 %.
Mais à l’aube des élections européennes, toujours en 2014, il se réjouit cette fois de l’opportunité pour son parti « d’être enfin présent au Parlement européen en nombre suffisant ». Le péril est, dit-il, immense : « La France mais également l’Europe sont aujourd’hui colonisées. » Il ajoute : « Dans le XVe arrondissement seulement, la population africaine est passée à 47 000 personnes et elles pondent tous les jours de magnifiques futurs Français… Comment expliquerons-nous à nos petits-enfants que nous avons abandonné notre belle nation ? »
Des blagues racistes et des désirs de crimes
Quelques jours plus tard, il fait suivre par mail à ses contacts une « blague » raciste, faussement attribuée à l’humoriste Gaspard Proust. Celle-ci vise deux ministres du président socialiste François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem et Christiane Taubira, cibles récurrentes de l’extrême droite : « Confier l’Éducation nationale à une Marocaine musulmane ou la justice à une indépendantiste guyanaise, c’est comme confier vos enfants à un pédophile ! »
Au lendemain de l’attentat islamiste ayant décimé en janvier 2015 la rédaction de Charlie Hebdo, Jean-Claude Veillard écrit à un proche : « Je ne serai jamais Charlie et je ne me joindrai jamais à la bobocratie pleurnicharde […]. Si les musulmans se prétendent solidaires de la France et des Français, je leur propose, pendant la durée du deuil national, de nous prouver leur loyauté en dévoilant leurs femmes et en se rasant. Je serai alors avec eux […]. S’ils ne font pas cette démarche, c’est bien qu’ils placent l’islam avant la France. Alors je confirme ma position derrière l’arme et non devant. »
Il se plaint qu’un bon « millier de salopards » seraient « en liberté sur le territoire national, un bon millier soutenu et protégé par 5 millions de sympathisants ».Il tranche, poursuivant dans sa confusion entre musulmans et terroristes : « Il faut qu’ils choisissent leur camp, la France ou l’islam, mais les deux ne sont pas compatibles. »
Manifestement obsédé à l’idée de devoir prendre les armes contre ceux qu’il considère comme des ennemis, Jean-Claude Veillard s’épanche le 10 août 2016 auprès d’un ami sur les migrants, ne cachant pas des envies criminelles. « Personnellement, j’en ai marre de payer pour tous ces traîne-savates. Ils feraient mieux de développer leur pays que de venir nous envahir. Ils sont indépendants depuis 50 ans pour la plupart, mais il faut toujours que ce soit le vilain blanc colonialiste qui les nourrisse », commence-t-il, avant de poursuivre : « Tu ferais mieux d’armer la 12,7 pour les envoyer par le fond et sauver ainsi quelques espèces marines qui en ont bien besoin en Méditerranée. » Son ami lui répond : « Pour la 12,7, ce n’est pas l’envie qui m’en manque, mais bon… »
Selon le site du ministère de la défense, la 12,7 est une arme automatique lourde « capable de traiter des objectifs terrestres (personnels, véhicules faiblement protégés) ou aériens (hélicoptères, avions à basse altitude) ».Jean-Claude Veillard, qui n’a pas donné suite à nos demandes d’entretien, n’en ignore rien, vu ses états de service militaires.
L’ancien directeur de la sécurité de Lafarge est depuis plusieurs années dans la tempête judiciaire pour avoir fait partie des responsables du groupe qui ont consenti au financement entre 2013 et 2015 de groupes terroristes dans le but de continuer de faire tourner une usine stratégique basée en Syrie.
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