Tipaza l'ancienne
Souvenirs, souvenirs...
TIPASA - Le Sarcophage
TIPASA - Parc Trémaux
La grande Amphore
TIPASA - Parc Trémaux
TIPASA - Les Ruines Romaines
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Souvenirs, souvenirs...
TIPASA - Le Sarcophage
TIPASA - Parc Trémaux
La grande Amphore
TIPASA - Parc Trémaux
TIPASA - Les Ruines Romaines
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Rédigé le 21/07/2023 à 20:52 dans Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 28/11/2023 à 06:37 dans Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
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Rédigé le 17/10/2023 à 19:17 dans Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
Tipasa
Les premières nuances des lumières un jour d'été sur la mer. Et puis le jour effaçait l'embrasement du soleil naissant, éteignait les derniers feux et apparaissait l'azur. L'Azur ! L'Azur ! . . Je pense à Mallarmé. Disparition des couleurs, leur évanouissement. Spectacle d'une mort heureuse. Et là-bas, en face, au nord, la France.
Tipaza
Cependant que les flots exhalent leurs soupirs,
Sur les fûts brisés zigzaguent les hirondelles;
Le terrain caillouteux resplendit d'asphodèles
Qui naissent au printemps vierges de souvenirs.
Pénétrant de leur or les vagues de saphir,
Les rayons moribonds du soleil étincellent
Je rêve. Expire au loin le chant des tourterelles
Où suis-je ? A Tipaza ? Dans le pays d'Ophir ?
Le soir tombe. La nuit voilera les ruines
Mais surgit Séléné, riche en clartés divines
Bientôt donc renaîtront tous les dieux disparus,
Et le pas souverain des légions romaines,
Et, proches de la mer où chantent les sirènes,
L'ombre de Jean Grenier et l'ombre de Camus.
Jean Bogliolo
Professeur de lettres classiques au Lycée Gautier
(Jean Bogliolo écrivait Tipasa avec un Z. C'était toléré.)
Un autre poème, de Jean-Claude Xuereb :
Longtemps il écouta aux portes du silence
Les grincements du temps en bruits venus d’ailleurs
Il scruta le regard aveugle de la nuit
Au rêve égaré d’une criblure d’étoiles
Il avait depuis toujours pris rendez-vous
Aux rives du néant où bat l’éternité
Ne le pleurons pas son destin s’est accompli.
Jean-Claude Xuereb est intervenu aux Journées « Albert Camus et René Char : en commune présence », et « Audisio, Camus, Roblès, frères de soleil : leurs combats ».
Je lis à présent ces lignes qui semblent être extraites d'un magazine pour une invitation au voyage alors que je les ai trouvées au début de Noces suivi de L'été. Elles ne sont pas signées. « Tipasa, c'est à 69 kilomètres d'Alger. Une cité romaine dont ne subsistent que des vestiges envahis par la végétation des absinthes, des géraniums et des griffes-de-sorcière. Imaginez des ruines à pic sur une falaise que vient battre une eau claire, brasillant sous l’éclatante lumière méditerranéenne. Tel est le site magnifique où Albert Camus a célébré dans sa vingtième année ses "noces" avec la nature. »
Rédigé le 09/08/2023 à 12:33 dans Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
Nina Bouraoui : "L'image que j'ai choisie est une image du site romain de Tipasa situé à 60 km d'Alger. J'ai une photo d'enfance dans les bras de mon père au milieu des ruines que j'ai postée sur Instagram. Mais l'image dont je parle, c'est une image que j'ai cherchée sur Internet et que j'ai fait mienne parce qu'elle est étrange. Elle est vue d'avion. Je ne sais pas qui l'a prise. Je ne sais pas d'où elle vient. C'est une image anonyme. Tant mieux. J'ai décidé que c'était la mienne. Elle est toujours dans mon téléphone et je les ai beaucoup regardées ces derniers temps.
Il est construit sur des rochers et je me suis beaucoup promené enfant.
Pour moi, c'est la rencontre de la grande mélancolie de l'histoire passée, de la beauté algérienne et aussi de la grande liberté, car ce site est accroché à des rochers.
Tipaza en arabe, c'est le lieu de passage
À Tipaza, les marins s'arrêtaient pour se ravitailler, pour se reposer. Dans ce site, il y a des villas, où il n'y a plus que les fresques, mais on sait où est la chambre, ou le salon.
Le lieu a été décrit par Camus dans Les Noces. Je l'ai souvent décrit comme une matrice, comme l'origine de mon écriture, parce que tout est réuni : la lumière, la poésie, l'histoire, le passé, le vertige du passé, le vertige aussi de la précarité.
Mon écriture vient de là et j'ai beaucoup écrit sur Tipaza.
Alors, cette image, on voit les ruines, on voit la mer émeraude, verte, blanche, on voit la dentelle des rochers. On peut observer ce qui est intéressant tout autour des vestiges romains : une végétation très dense que Camus a très bien décrite, des fleurs, des palmiers, des broussailles. Ici, l'histoire et la nature ne font qu'une. Et c'est ce qui est très beau, très romantique et me fait voyager."
Rédigé le 28/06/2023 à 16:23 dans Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
L’Algérie offre un nouveau visage et s’éveille. D’Alger à Oran, le long d’une côte magnifique, les Algériens explorent, se cherchent, innovent et remettent au goût du jour d’anciennes traditions. Voyage dans l’atmosphère particulière des mois d’été.
Tipaza (en berbère : ⵜⵉⴼⵣⴰ tifezza, en arabe : تيبازة tibaza), est une ville algérienne côtière et une commune de la wilaya de Tipaza dont elle est le chef-lieu, située à 61 km à l’ouest d’Alger.
Tipaza est à l’origine une fondation punique en Afrique du Nord. Comme toutes les villes du bassin méditerranéen, elle est conquise par les Romains et fait partie de la province romaine de Maurétanie-Césarienne.
https://topdestinationsalgerie.com/un-ete-en-algerie-tipaza-la-perle-de-la-mediterranee/
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Rédigé le 10/06/2023 à 20:05 dans Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
Située sur la cote, au pied du mont Chenoua, a l'extrémité des collines du Sahel, Tipaza a le charme que confère la proximité de la montagne et de la mer.
Bien abritée par le Chenoua, cette ville-port, fut un site idéal, choisi par les Phéniciens sur la route des Colonnes d'Hercule (Cibraltar), pour établir un de leurs fameux comptoirs. Les vestiges de l'époque démontrent l'importance de Tipaza qui connut un essor remarquable sous le règne du souverain numide juba.ll. Tipaza devint le prolongement de Césarée, et il y fut créé un véritable foyer d'Art et de Culture gréco-latine, où fleurirent aussi des éléments de la culture numide .
Au I er siècle de notre ère, sous le principat de Claudius, Tipaza devint colonie latine, pour se transformer, au II ciècle,en colonie romaine et s'agrandir vers l'ouest au dépend d'une ancienne nécropole .la muraille qui entourait la ville était longue de plus de 2 km. Tipaza fut aussi un des grands foyers du christianisme africain, religion nouvelle qui aura d'importantes répercussions sue la vie politique de l'époque. Les monuments religieux ,les basiliques et les inscriptions attestent de l'ampleur prise par le christianisme à Tipaza ,comme d'ailleur dans toutes les autres villes africaines.
Le parc archéologique de Tipaza : Tipaza fut une des plus belles villes résidentielles de la côte méditerranéenne; ses ruines témoignent de son ancienne splendeur. Visiter Tipaza, c'est remonter jusqu'aux temps où trônaient les dieux : Melgart, Ashmoun, Tanit et Ba'al Hammon.
La partie la plus importante du parc archélogique est constituée par les ruines et monuments romains, mais il recèle aussi des vestiges de la période punique, qui datent des Ve et VI'. siècles avant J.C. La localisation de la nécropole punique, en dehors de l'enceinte de la ville, laisse supposer que les dimensions de la ville, à cette époque, étaient importantes et que les Numides y trouvèrent des assises pour l'implantation d'un centre urbain, complémentaire de sol devenue Césarée, capitale de la Maurétanie césarienne... La porte monumentale de l'Ouest, appelée la a Porte Césarée nous montre l'intérêt porté par Juba Il a cette ville qui connut, sous son règne, une véritable splendeur. Comme toutes les villes romaines, Tipaza a deux rues principales le Decumanus Maximus et le Cardo.
Le Decumanus Maximus, part de la porte monumentale de l'Ouest et constitue un tronçon de la route qui reliait Césarée à lco~um. Le Cardo est la voie perpendiculaire, qui lait angle avec le Decumanus au centre de la ville; il se prolonge vers la mer. Cette voie, pavée de dallages, donne un aperçu souterrain des remarquables égouts et des canalisations. Du Cardo qui surplombe la mer, la vue est d'une extraordinaire beauté.
L'entree du parc archéologique se trouve à l'[st des ruines, dans une rue parallèle à la route nationale. On accède au parc national archéologique de Tipaza à la hauteur des restes d'un imposant amphithéatre, d'époque tardive. En contournant l'amphithéâtre, par la gauche, on arrive à proximité de deux temples : le temple anonyme plus ancien, dont l'architecture et les matériaux se distinguent des autres édifices, et le nouyeau temple, sur lequel, fut érigée, par la suite, une basilique chrétienne; ces deux temples étaient entourés de portiques et séparés par le Decumanus Maximus, qui d'après les chroniques ouvrait un arc monumental.
En partant vers l'Ouest, le Décumanus conduit au Nymphée, fontaine imposante, d'où l'eau ruisselait en cascades, sur les marches, entre les colonnes de marbre. Le Nymphée de Tipaza est considéré comme le plus beau de l'Afrique du Nord.
Plus loin, à la limite de l'enceinte et près de la Porte Monumentale de l'Ouest, se trouve le théâtre construit sur une élévation. Si la scène et les voûtes extérieures sont bien conservées, il ne reste que quatre rangées de gradins.
Près de la porte de l'Ouest, érigé en demi-lune, le Decumanus était protégé par deux tours d'enceinte; des fouilles récentes ont mis à jour les restes des dispositifs de défense intégrés aux remparts, ainsi qu'une nécropole avec columbarium. Ces champs funéraires se trouvent être parmi les mieux conservés des premier et second sièclesde l'ère chrétienne. A 200 m plus au nord, ont été découvertes la nécropole punique et d'autres tombes pré-romaines dont le riche mobilier est exposé au musée.
A partir du théâtre, le chemin en direction de la mer, passe entre un puits romain et une piscine et aboutit à la Grande Basilique Chrétienne, qui surplombe une colline, Ras Knissia. Probablement construite au IVe siècle, longue de 52 m et large de 42 m, elle comptait neuf nefs, séparées par des colonnes surmontées d'arcades; les nefs centrales étaient pavées de mosaïques.
Au nord de la basilique, se trouvent les restes de diverses dépendances une chapelle, un baptistère avec sa piscine entourés de degrés et de petits thermes Au-delà de cet ensemble, les restes d'une tour cylindrique marquent la limite Nord-Ouest. De l'enceinte, l'on pénètre dans un vaste cimetière chrétien, qui comprend un grand nombre de sarcophages en pierre et de tombeaux creusés dans lè roc, et sans doute utilisé, bien avant la conquête romaine.
Un grand mausolée rond, une chapelle à trois vaisseaux dont la nef centrale était pavée de mosaïques, exposées actuellement au musée des Antiquités d'Alger, des tombeaux, une crypte composent les principaux éléments de cette nécropole.
De la grande basilique Chrétienne, le chemin, à gauche, descend jusqu'au Cardo, en passant par un édifice à l'escalier monumental, une manufacture, les petits thermes et une villa romaine qui garde encore des traces de mosaïques. Non loin, le Cardo plonge vers la mer. A l'angle du Cardo et de la vie De cumanus, une riche propriété en bordure de mer, possédait des thèmes privés ,un solarium;la maison était peite , d'où son nom "LA villa de fresque".
En suivant la voie Decumanus vers l'est,toujours à proximité de la mer , un petit sentier en escalier s'engage dans le secteur le plus ancien de Tipaza ,couvert de maquis.Ici , on trouve basilique judiciaire datant du IIIe suécle de notre ère,où fut découverte la magnifique mosaïque des ésclaves ,exposée au musée de Tipaza.Le forum , au-dessusde la basilique judiciaire ,a trés bien conservé toutes ses dalles ,ses dépendances ,son écurie ,sa tribune et un temple.Non loin se trouve une petite basilique ,située ben directe du phare .Le nouveau temple et l'anphithéâtre donnent accés au Jardin-musée où, sont exposés des fragments architecturaux:chapitaux ,sarcophage , jarres et d'autres objets provenant des fouilles. la nécropole de l'Est, dite promontoire de Sainte-salsa , fut érigée sur le tombeau de la martyre.Autour de la basilique se trouvait un cimetière renfermant des sarcophages bien conservée.Une chapelle ,dédiée aux Saits Pierre et Paul,s'adosse au rempart à l'Oest de la necropole.
source : ifrance.com/algerieguide/
http://zighcult.canalblog.com/archives/2005/10/30/945808.html
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Rédigé le 10/05/2023 à 19:53 dans Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
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Rédigé le 08/05/2023 à 05:40 dans Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
« Je comprends ici ce qu'on appelle gloire : le droit d'aimer sans mesure. »
Voici une citation de Herbert R. Lottman trouvée à la dernière page de son volumineux ouvrage Albert Camus :"En Algérie, des amis de Camus parmi lesquels Pierre-André Emery, Louis Miquel, Edmond Brua, Jean-Pierre Faure et Marcelle Bonnet-Blanchet, assistèrent en avril 1961 à l'inauguration d'un monument en l'honneur de Camus à Tipasa. C'était une antique pierre tombale phénicienne, de la taille d'un homme, que l'on avait trouvée dans les ruines de Tipasa et transportée à Alger pour la donner à graver à Louis Benisti (qui ne pouvait guère travailler sur le site même à cause des échanges de tirs qui s'y produisaient parfois). Le nom de Camus s'est trouvé par la suite mutilé, mais on parvient encore à le déchiffrer (cette pierre gravée y était encore dressée en 1975)."
Camus :" Ce qu'il faut dire d'abord, c'est qu'il y régnait un grand silence lourd et sans fêlure -quelque chose comme l'équilibre d'une balance."
Quinze ans après, je retrouvais mes ruines, à quelques pas des premières vagues, je suivais les rues de la cité oubliée à travers des champs couverts d'arbres amers, et, sur les coteaux qui dominaient la baie, je caressais encore les colonnes couleur de pain.
Camus :
"J'écoutais en moi un bruit presque oublié, comme si mon cœur, arrêté depuis
longtemps, se remettait doucement à battre.Et maintenant éveillé, je reconnaissais un à un les bruits imperceptibles dont était fait le silence : la basse continue des oiseaux, les soupirs légers et brefs de la mer au pied des rochers, la vibrations des arbres, le chant aveugle des colonnes, les froissements des absinthes, les lézards furtifs."
Le chant aveugle des colonnes...
Camus :
"
Au printemps, Tipasa est habité par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et
l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres. A certaines heures, la campagne est noire de soleil."
La chapelle judiciaire aux colonnes inégales.Que de fois y suis-je allé pour tout simplement rêver.
La stèle gravée par Louis Benisti, ami de Camus.« Je comprends ici ce qu'on appelle gloire : le droit d'aimer sans mesure. »
Voici une citation de Herbert R. Lottman trouvée à la dernière page de son volumineux ouvrage Albert Camus :"En Algérie, des amis de Camus parmi lesquels Pierre-André Emery, Louis Miquel, Edmond Brua, Jean-Pierre Faure et Marcelle Bonnet-Blanchet, assistèrent en avril 1961 à l'inauguration d'un monument en l'honneur de Camus à Tipasa. C'était une antique pierre tombale phénicienne, de la taille d'un homme, que l'on avait trouvée dans les ruines de Tipasa et transportée à Alger pour la donner à graver à Louis Benisti (qui ne pouvait guère travailler sur le site même à cause des échanges de tirs qui s'y produisaient parfois). Le nom de Camus s'est trouvé par la suite mutilé, mais on parvient encore à le déchiffrer (cette pierre gravée y était encore dressée en 1975)."
Noces à Tipasa, page 20.
"Je comprends ici ce qu'on appelle gloire : le droit d'aimer sans mesure. Il n'y a qu'un seul amour dans ce monde. Etreindre un corps de femme, c'est aussi retenir,contre soi cette joie étrange qui descend vers la mer. Tout à l'heure, quand je me jetterai dans les absinthes pour me faire entrer leur parfum dans le corps, j'aurai conscience, contre tous les préjugés, d'accomplir une vérité qui est celle du soleil et sera aussi celle de ma m
Ces deux photos nous sont envoyées par Gérard Stagliano.
https://de-l-amiraute-a-tipasa.skyrock.com/3176661633-Au-printemps-Tipasa-est-habite-par-les-dieux.html
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Rédigé le 28/04/2023 à 18:07 dans Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
José Lenzini nous explique dans son très beau livre L’Algérie de Camus : « Dans cette ignorance qui prend, au fil du temps, des allures de marginalisation, de «sectarisation» (1), les petits Européens en arrivent à ignorer les «indigènes» ou les «Arabes», à telle enseigne que ce dernier qualificatif -largement employé- n'a rien de péjoratif. Les deux "communautés" vivent éloignées dès l'enfance.
Le plus souvent c'est le terme "Arabe" qui était employé. Si bien que les Algériens furent très étonnés quand, en 1956, ils entendirent Camus, dans son appel "pour une trêve civile" parler des "Arabes" qui se considéraient déjà comme des "Algériens".
(1)Un mot que je n’ose pas changer.
Tipasa, pour nous, pour moi, c'est d'abord Albert Camus. Albert Camus que ma mère et son frère Antoine avaient bien connu lorsqu'ils habitaient le quartier de Belcourt à Alger. Albert et Antoine étaient nés en 1913. Leur jeunesse à tous les trois, on la retrouve et on l'imagine dans L'été à Alger, un essai extrait des Noces ainsi que dans L'Etranger, deux œuvres maîtresses d'Albert Camus.
Mes notes : Je me souviens de cette sortie ou longue promenade du printemps à Tipasa. C'était en 1957. Nous étions partis d'Alger tôt le matin. Nous étions quatre copains dans la voiture et c'est moi, le plus passionné, qui racontais Tipasa : Ville phénicienne puis romaine qui gardait de nombreux vestiges du passé.
La route : la Pointe-Pescade, les Bains-Romains, le cap Caxine, Guyotville, Staouéli, Zéralda, Daouda, Fouka, Castiglione, Chiffalo, Bou Aroun,
Bérard, Bérard et ses merveilleux platanes aux deux bords de la route et Tipasa. Tant de noms que je prends plaisir à récrire.
Le port, j'en garde encore l'image distincte. Sur le bord, des pêcheurs avaient étendu leurs filets.
Et encore bien des réminiscences.
http://tipasa.eu/z_tipasa/la_lumiere.html
J'ai revu Tipasa en 1977. Camus nous avait quittés depuis dix-sept ans et il était toujours là, nous semblait-il et il nous regardait.
Camus :
"Au printemps, Tipasa est habité par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres. A certaines heures, la campagne est noire de soleil."
Ecoutons encore Albert Camus (La mort heureuse, chapitre IV)
"Après un peu moins de deux heures Mersault arriva en vue du Chenoua. (. . .) C'était là qu'il allait vivre. Sans doute la beauté de ces lieux touchait son cœur. C'était pour eux qu'aussi bien il avait acheté cette maison. Mais le délassement qu'il avait espéré trouver là l'effrayait maintenant. Et cette solitude qu'il avait recherchée avec tant de lucidité lui paraissait plus inquiétante maintenant qu'il en connaissait le décor. Le village n'était pas loin, à quelques centaines de mètres. Il sortit. Un petit sentier descendait de la route vers la mer. Au moment de le prendre, il s'aperçut pour la première fois qu'on apercevait de l'autre côté de la mer la petite pointe de Tipasa. Sur l'extrémité de cette pointe, se découpaient les colonnes dorées du temple et tout autour d'elles les ruines usées parmi les absinthes qui formaient à distance un pelage gris et laineux. Les soirs de juin, pensa Mersault, le vent devait porter vers le Chenoua à travers la mer le parfum dont se délivraient les absinthes gorgées de soleil.
Et cette solitude qu'il avaitrecherchée...
Cette photo a été prise le 26 juillet 1958. Cette maison de Tipasa était la maison de mes rêves et j'avais fait le projet de l'acheter pour ma retraite, une retraite que je "mangerai", pensais-je, dans quarante ans et Algérie serait une province heureuse et pacifiée. Je n'avais pas encore lu La mort heureuse, un livre qui parut treize ans plus tard.
Camus :
"Il lui fallait installer sa maison et l'organiser. Les premiers jours passèrent rapidement. Il peignit les murs à la chaux, acheta des tentures à Alger, recommença l'installation électrique. Et dans ce labeur coupé dans la journée par les repas qu'il prenait à l'hôtel du village et par les bains de mer, il oubliait pourquoi il était venu ici et se dispersait dans la fatigue de son corps, les reins creusés et les jambes raides, soucieux du manque de peinture ou de l'installation défectueuse d'un va-et-vient dans le couloir. (...) ; les filles qui se promenaient le soir sur la route qui dominait la mer (elles se tenaient par le bras et leurs voix chantaient un peu sur les dernières syllabes des mots); Pérez, le pêcheur, qui fournissait l'hôtel en poissons et n'avait qu'un bras. Ce fut là aussi qu'il rencontra le docteur du village, Bernard. Mais le jour où dans la maison tout fut installé, Mersault y transporta ses affaires et revint un peu à lui. C'était le soir. Il était dans la pièce du premier, et derrière la fenêtre deux mondes se disputaient l'espace entre les deux pins. Dans l'un, presque transparent, les étoiles se multipliaient. Dans l'autre, plus dense et plus noir, une secrète palpitation d'eau annonçait la mer.
Cette maison de Tipasa était la maison de mes rêves.
http://tipasa.eu/z_tipasa/lumiere_03.html
Dans mon HLM, à Athis-Mons, tout près d’Orly, en 1963.
C’est dans la pénombre que je croyais retrouver l’odeur du maquis et des absinthes chères à Camus. Cette fausse fenêtre, une illusion.
Je pensais à nos plages, aux filles qui me complimentaient lorsque je nageais, je revoyais nos petits ports, nos paysages de garrigue et de ruines. Mes jours de repos, je me promenais inter- minablement, à toute heure et de préférence à des heures insolites. C’est en me déplaçant à pied que j’ai connu Paris. Parfois, par temps brumeux, je marchais sur les quais et je regardais la Seine rouler ses eaux grises. La Conciergerie m’intriguait.
Camus (La chute) :
« Paris est loin, Paris est beau, je ne l’ai pas oublié. Je me souviens de ses crépuscules, à la même époque, à peu près. Le soir tombe, sec et crissant, sur les toits bleus de fumée, la ville gronde sourdement, le fleuve semble remonter son cours. J’errais alors dans les rues. Ils errent aussi, maintenant, je le sais ! Ils errent, faisant semblant de se hâter vers la femme lasse, la maison sévère… Ah ! mon ami, savez-vous ce qu’est la créature solitaire, errant dans les grandes villes ? . .
Moi aussi, dans Paris, j’errais dans les rues en 1962 et 1963. Je pensais à Tipasa et au Chenoua où j’avais été si heureux.
Rédigé le 28/04/2023 à 12:00 dans Camus, Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
L’été invincible
J’ai trouvé cette photo dès qu'elle a été publiée sur Internet. L'auteur disait et je cite de mémoire :
"J'ai rencontré un jour Albert Camus alors que je me promenais dans les ruines de Tipasa. (Pas de date). Je lui ai demandé l'autorisation de le prendre en photo. Il m'a répondu :"Oui, à la condition que cette photo ne serve pas pour une publicité".
Albert Camus est encore vêtu de son éternel complet gris. Il n'a pas de cigarette à la main ou à la bouche. En quelle année ce cliché a donc été pris ?
Ecoutons le grand écrivain Edmond Brua qui parle de L'été d'Albert Camus dans le magazine des lettres le mercredi 14 avril 1954 à 21 heures 40, sur Radio Alger. L'entretien était animé par Jean Sénac. J’ai trouvé ce document dans le fils rebelle de Hamid Nacer-Khodja :
"L'été est un livre admirable de pensée et de style, mais je voudrais surtout dire quel moment de la pensée de Camus il me paraît fixer et quelle importance ce moment revêt à mes yeux. Nous sommes trop habitués à l'idée que nous nous sommes faits ou que l'on a faite, ou qui s'est faite d'elle-même peu à peu d'un Camus philosophe du non-sens, de l'absurde et prophète du désespoir. Dans ce livre, Camus retourne à ses sources de toute vie à partir de laquelle tout peut recommencer."
Et un peu plus loin, toujours Edmond Brua :
"Il y a dans ce titre même L'été une sorte de double sens qui n'en fait qu'un : d'abord le solstice, la saison, puis le mot "été" participe passé du verbe "être" : ce qui n'est plus, ce qui a été consumé, mais ce qui peut renaître de ses cendres. Cette idée de renaissance toujours possible est profondément présente chez Camus, et si elle n'emprunte pas la forme de l'espérance mystique ou sentimentale ou charnelle, en revanche, elle attend tout du caractère, même la révolte."
Je rappelle qu'Edmond Brua ici parle et n'écrit pas. Son beau style tombe un peu comme il tombe pour nous lorsque nous nous entendons sur le magnétophone.
Jean Sénac, réalisateur de radio et poète, avait choisi de rester en Algérie après 1962. Onze ans plus tard il sera assassiné par les sbires du Régime.
Il a inspiré le film Le Soleil Assassiné à Abdelkrim Bahloul avec Charles Berling, Mehdi Dehbi, Clothilde de Bayser.
http://tipasa.eu/z_tipasa/lete.html
J’imagine qu’à Tipasa, tout comme à Rome, on congédiait les spectateurs en les invitant à applaudir s'ils étaient satisfaits : " Acta es fabula ". La pièce est jouée.
Ces grands écrivains qui pensent toujours pour nous finissent par m'ennuyer. Pourquoi ? Parce qu'ils ne nous laissent pas de place et nous nous rangeons docilement à leurs côtés.
Non, ce n'est pas Albert Camus qui a écrit que les vrais paradis sont les paradis qu'on a perdus. C'est Marcel Proust.
Albert Camus. L'envers et l'endroit. Entre oui et non.
« S'il est vrai que les seuls paradis sont ceux qu'on a perdus, je sais comment nommer ce quelque chose de tendre et d'inhumain qui m'habite aujourd'hui. Un émigrant revient dans sa patrie. Et moi, je me souviens. Ironie, raidissement, tout se tait et me voici rapatrié. Je ne veux pas remâcher du bonheur."
Ces constructions blanches n’existaient pas du temps où flottait le drapeau français à Tipasa. Les habitants m’ont dit que ces hôtels ou lieux de villégiature ont été réalisés par Pouillon. Je n’ai pas vérifié. Les touristes ne se bousculent toujours pas peut-être en raison de l’insécurité.
A la fin août 1977, je recevais une lettre du critique musical d’Alger Gille Tauber qui me disait qu’il avait bien reçu ma carte de Tipasa et ma lettre, toutes les deux pleines de souvenirs, de regrets, de choses qui l’avaient touché « comme s'il y était », et qui lui rappelaient que nous garderons longtemps, peut-être jusqu'à notre fin dernière, une nostalgie que d'aucuns autour de nous trouvent et voudraient nous faire trouver d'un romantisme suranné, et en tout cas irrationnel ! Il voyait que la prose chaleureuse de Camus m'accompagnait.
Il lirait, me promettait-il, avec émotion ce que j'écrirai de tout cela. Il me disait une phrase que j’aime rappeler et que je reprends : les paradis perdus sont pour nous, jusqu'à nouvel ordre, terrestres ! C'est là qu'on sait ce qu'on perd... Recommencer, -c'est le désir de recommencer qui est la vraie nostalgie, et la nostalgie, elle, est sans remède.
On congédiait les spectateurs en les invitant à applaudir s'ils étaient satisfaits.
Une autre vue de la basilique chrétienne mais : "Les paradis perdus sont pour nous, jusqu'à nouvel ordre, terrestres !"
http://tipasa.eu/z_tipasa/ete_03.html
Gille Tauber était content d'apprendre que notre fille Isabelle-Fleur ait très bien joué la Première Arabesque de Debussy, qui était une de ses amours insatisfaites il ne savait pourquoi, et comme tant d'autres...
Je lui avais expliqué la façon dont nous avions été reçu à Alger et à Tipasa, - « nous » le couple sans les enfants, les enfants étaient restés chez mes parents - le regret des jeunes Algériens et des moins jeunes de ne plus nous avoir là-bas avec eux alors qu'il y avait de la place et du soleil pour tous.
Photo prise en 1977. A Tipasa, nous étions devenus des étrangers. Les bâtiments blancs avec des arcades n’existaient pas du temps de l’Algérie française.
Une petite pluie fine tombe sur Paris et sa région. De mon cœur s'élève une peinture violente composée de lumière et de couleurs : Le Chenoua de Benjamin Serraillon.
Au mois de novembre 1962, cinq mois après notre arrivée, nous (nous les rapatriés) nous réunissions dans une brasserie parisienne pour déguster un couscous et la même petite phrase revenait sur toutes les lèvres exprimait une vérité quotidienne : « Ce sera dur pour nous de nous adapter ».
J’ai peu goûté ces rencontres où tous les genres étaient mélangés. J’avais rencontré Gille Tauber, le critique musical de La Dépêche Quotidienne d’Algérie avec qui j’avais parlé non sans emphase du littoral algérois, de Tipasa et d’Albert Camus. Il avait lu tout Camus et regrettait de ne l’avoir jamais rencontré. Ma mère qui nous écoutait a glissé non sans quelque fierté : « C’était notre voisin à Belcourt. » Ou encore : « Je parlais souvent avec son frère Lucien et Albert venait nous rejoindre. »
Construction que nous n’avons pas connue du temps de « l’Algérie de papa ».
Le Cardo Maximus
http://tipasa.eu/z_tipasa/ete_04.html
Vingt-deux ans plus tard, j'évoque mon court voyage à Alger. L'étranger que j'étais devenu là-bas a revu Tipasa en 1977. Un Russe rempli de bonnes intentions m'avait proposé de "m'expliquer" Tipasa. J'avais remercié.
J'avais répondu que j’étais d’ici.
Au cours de ce voyage, nous avions passé une partie de la journée entre Européens. Nous n’étions point allés sur la plage de Matarès mais au bord d’une crique. Nous parlions anglais ou français pour les quelques paroles échangées. Pas un Arabe, pas une mauresque parmi nous. Ils étaient tous entre eux mais ailleurs. Instinctivement l'Europe se reconnaissait et se regroupait. Les Maghrébins, de manière peut-être involontaire, pratiquaient la séparation. Que disait Albert Camus dans L’été à Alger, un essai écrit en 1936, en parlant des Français d’Algérie? Voyons :
«Ce peuple sans religion et sans idoles meurt seul après avoir vécu en foule.»
Même à Tipasa, nous allions "en foule" dans les années cinquante. Mes notes et mes souvenirs : La mer ! La mer au bas de la falaise qui gémissait doucement. Marcellin Arnaud a cité Paul Valéry en étendant son bras droit : « La mer, la mer toujours recommencée...
O récompense après une pensée... »
-C'est beau l'instruction, dit Jean-Claude, en riant.
-Non, c'est beau la culture, renchérit François Cloite.
J'ai dit à voix haute :" Heureux celui des vivants sur la terre qui a vu ces choses. "
Famille Pinari, six, fils … J’ai moi aussi perdu mon latin. Mais ce n’est sûrement pas du latin qui est inscrit, du vrai.
En levant son regard vers nous, Jean-Pierre Salomon s'est exclamé que nous avions des lettres et qu'il manquait Mauclair (un autre copain habitué de Tipasa et de Matarès) pour faire un trio littéraire. Et il ajouta :
« Ils pourraient même nous écrire des poèmes pour faire concurrence à Albert Camus. » Jean-Pierre ne savait pas que, philosophe de l'absurde, Camus et je cite Jean Sénac, se défendait d'être poète. Il disait : « J'ai souvent l'impression (humiliante) de ne rien comprendre à la poésie.»
Un Russe rempli de bonnes intentions m'avait proposé de "m'expliquer" Tipasa.
C’est dans cette crique que séjourna longtemps une tortue de mer.
Même à Tipasa, nous allions "en foule" dans les années cinquante.
http://tipasa.eu/z_tipasa/ete_05.html
Le dimanche, lorsque nous allions pique-niquer près de Tipasa, nous nous transformions en de vrais Manouches. Détente pour nos parents après une semaine de travail. Le petits bois sentait la résine. Les oiseaux chantaient. Douce mélodie des chardonnerets. Cris lancinants des verdiers. « Cliché ! » aurait dit le professeur. Je me souviens de longues promenades et longues conversations avec Mauclair (prénom oublié) un étudiant en médecine (ami de la famille Albéro et du fils Jean-Claude) qui s'était dirigé (ou avait été dirigé) vers "dentaire" et qui désirait me faire connaître et aimer La Condition humaine d'André Malraux. Je savais que ce live avait obtenu le Prix Goncourt en 1933 et qu'il évoquait l'Extrême-Orient. Hélas, dans cette Condition, je me suis toujours ennuyé (je disais : barbé dans ma jeunesse). Je n'ai jamais pu pénétrer dans ces pages confuses. Me direz-vous que je suis passé à côté d'un grand chef-d'œuvre ?
Et puis, parfois, avec Mauclair qui aimait rire, nous laissions André Malraux et Albert Camus de côté et nous allions voir les filles sur la plage. Nous critiquions avec dérision les petits seins, les gros culs, les énormes dames qui étalaient leur « viande » sans complexe mais sans jamais penser à nous regarder nous-mêmes. C'est un privilège des hommes qui n'ont pas lu Benoîte Groult et son merveilleux "Ainsi soit-elle". J'aime vraiment Benoîte Groult mais par ses critiques acerbes elle ne refera pas l’impitoyable monde masculin.
Ai-je connu à Tipasa ce restaurant un peu gargote, ce café ? Je n’en ai plus le souvenir.
Camus : "On mange mal dans ce café, mais il y a beaucoup de fruits, surtout des pêches qu'on mange en y mordant, de sorte que le jus en coule sur le menton. Les dents refermées sur la pêche, j'écoute les grands coups de mon sang monter jusqu'aux oreilles, je regarde de tous mes yeux. Sur la mer, c'est le silence énorme de midi. Tout être beau a l'orgueil naturel de sa beauté et le monde aujourd'hui laisse son orgueil suinter de toutes parts. Devant lui, pourquoi nierais-je la joie de vivre, si je sais ne pas tout renfermer dans la joie de vivre? Il n'y a pas de honte à être heureux. Mais aujourd'hui l'imbécile est roi, et j'appelle imbécile celui qui a peur de jouir."
Mauclair, lorsqu’il apercevait une belle fille fraîche comme Camus les aimait, débitait en riant cette phrase de ce dernier : « J'appelle imbécile celui qui a peur de jouir. »
Nous n’étions point allés sur la plage de Matarès mais au bord d’une crique. C’était ici, me semble-il ? Nous étions entre Européens. Les Arabes se tenaient à part.
Le dimanche, lorsque nous allions pique-niquer près de Tipasa,
Nous étions au bord d’une crique.
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Rédigé le 27/04/2023 à 20:58 dans Camus, Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
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