Comment expliquer la rupture des liens diplomatiques avec Rabat, sinon par l'amertume algérienne devant la réussite de son voisin ?
Alger a fermé unilatéralement sa frontière et rompu des relations diplomatiques avec Rabat.
Voisins, majoritairement arabes et musulmans, on les qualifie parfois de frères ennemis ; Maroc et Algérie entretiennent en effet de lourds contentieux les ayant déjà menés au bord de l'affrontement. Mais, à bien y regarder, reproches et revendications proviennent surtout d'Alger qui, en 2021, a fermé unilatéralement sa frontière et rompu des relations diplomatiques avec Rabat. Une rancoeur qui se nourrit aux réalités et représentations suivantes.
D'abord, il y a cette condescendance pour un régime représenté comme archaïque car monarchique, faible de ne pas s'être décolonisé par la guerre. Et pour cause : la dynastie chérifienne a réussi l'exploit - quasi unique dans l'immense espace arabe - de demeurer indépendante face à l'Empire turc ottoman comme devant les puissances européennes, incarnant (un demi-siècle seulement) un simple protectorat jusqu'au retour à la pleine souveraineté dès 1956. Cette posture à la fois "viriliste" et victimaire du régime d'Alger permet à la caste des généraux, au pouvoir presque sans discontinuer depuis l'indépendance, d'autolégitimer sa propre férule et la répression de toute contestation.
Nationalisme et tiers-mondisme
Ensuite, bien qu'officiellement non alignée, l'Algérie a toujours suivi Moscou (et acheté russe) jusqu'à et y compris après la chute du communisme, se revendiquant du nationalisme arabe et du tiers-mondisme - a contrario du Maroc, qui a diversifié ses partenariats et maintenu d'étroits liens avec la France et les Etats-Unis. Or, depuis la signature en 2020 par Rabat des accords d'Abraham (aux côtés des Emirats arabes unis, de Bahreïn et du Soudan) qui impliquent paix et coopération avec Israël, "l'entité sioniste" honnie par Alger devient à son tour un partenaire privilégié du Maroc, comme l'a récemment illustré la visite officielle du ministre hébreu de la défense (et ancien chef d'état-major de Tsahal) Benny Gantz.
Enfin, le choix opéré par Mohamed VI de reconnaître non plus seulement symboliquement, mais aussi constitutionnellement une triple culture - arabe, berbère et juive - exaspère le pouvoir algérien. Arc-bouté sur un narratif strictement étato-national et arabe, celui-ci n'a jamais réglé socialement ni culturellement sa propre question berbère, et craint un nouveau printemps kabyle d'une ampleur inégalée.
Mauvais choix
Enfin et peut-être surtout, en termes géostratégiques, l'Algérie verrait d'un bon oeil une "bi-océanité", autrement dit un accès privilégié à l'Atlantique via un Etat sahraoui qui lui serait redevable, sinon inféodé, tant elle aurait soutenu ses promoteurs. L'annexion et le solide contrôle du Sahara occidental ex-espagnol par le Maroc - déjà reconnus par nombre de capitales, y compris désormais Washington - interdisent évidemment cette perspective.
Plus prosaïquement, l'amertume récurrente d'Alger ne provient-elle pas de l'échec d'un régime ayant adopté quantité de mauvais choix ? Le rejet de l'apprentissage du français après l'indépendance, qui a affaibli les capacités commerciales et l'aura diplomatique du pays - les professeurs d'arabe "importés" d'Egypte ayant ramené avec eux le fanatisme des Frères musulmans en contribuant à la terrible guerre civile de la décennie 1990 ; un système économique rentier, dirigiste et corseté par le FLN et l'armée qui a plombé un pays pourtant riche en hydrocarbures, dont les retombées n'ont jamais bénéficié à la population - d'où la récurrence et la force des mobilisations sociales jusqu'au récent Hirak ; le jusqu'au-boutisme dans le soutien politico-militaire aux militants sahraouis et dans l'intransigeance inopérante sur le conflit israélo-palestinien, qui isole un peu plus diplomatiquement un Etat déjà entouré à l'est et au sud d'Etats faillis...
Première victime, le peuple algérien
D'autant qu'en face, sans ressource naturelle commercialisable (sauf les peu lucratifs phosphates), le Maroc a progressé en deux décennies, sur les plans aussi bien de la diplomatie, des infrastructures ou du commerce, en Afrique subsaharienne francophone notamment, s'offrant le luxe d'une chute sans violences du courant islamiste aux dernières législatives.
Frédéric Encel, maître de conférences à Sciences-Po Paris, professeur à la Paris School of Business, auteur de L'Atlas des frontières (avec Hugo Billard, Autrement, 2021), fondateur des Rencontres internationales géopolitiques de Trouville-sur-Mer.
Le rabbin israélo-marocain Yoshiyahu Yosef Pinto a été condamné pour corruption. D. R.
Par Kamel M. – Si du côté américain, on sait que Jared Kushner a été l’architecte de la normalisation du Maroc avec Israël et qu’à Tel-Aviv le Sépharade d’origine marocaine et néanmoins ex-conseiller à la Sécurité, Meir Ben-Shabbat, en fut un des acteurs principaux, peu connaissent Yoshiyahu Yosef Pinto qui a, sans doute, joué le rôle le plus important dans cette opération. C’est ce que nous apprend le site spécialisé américain Foreign Policy, selon lequel le Maroc a «placé une figure particulière à la pointe de son offensive de charme à l’étranger», c’est-à-dire ce rabbin israélo-marocain.
«Avant sa récente nomination en tant qu’autorité rabbinique en chef qui supervise la cacherout au Maroc – les lois diététiques qui qualifient les aliments de casher –, Pinto a été condamné en Israël pour tentative de corruption, entraînant une peine d’un an de prison», relève Foreign Policy, qui précise que ce dernier «maintient une présence relativement active sur les réseaux sociaux, où il affiche un mélange de messages allant des instantanés dans un jet privé aux séances de photos avec des politiciens et des diplomates».
«L’élévation de Pinto de condamné à chef rabbinique sans aucune contribution de la communauté juive marocaine reflète la nature isolée de la prise de décision au Maroc, y compris en matière de politique étrangère», souligne le magazine américain édité par The Washington Post, qui fait parler un diplomate marocain, selon lequel, «jusqu’à il y a quelques années, les décisions de politique étrangère étaient le résultat d’un groupe collégial de conseillers qui donneraient leurs recommandations au roi Mohammed VI». «De nombreux hauts fonctionnaires qui avaient autrefois l’oreille du roi ont maintenant été expulsés, ce qui a entraîné une chambre d’écho qui a laissé de nombreux anciens diplomates démoralisés et préoccupés par le fait que le Maroc s’engage sur une voie de politique étrangère inquiétante», souligne le média spécialisé.
Ces informations confirment l’influence qu’exerce la communauté pro-sioniste qui dirige le Maroc derrière le rideau, en mettant en avant un monarque inapte à diriger le pays et, au fond, exécré par l’écrasante majorité de Marocains. L’hostilité séculaire du Makhzen à l’égard de l’Algérie est entretenue par un lobby sioniste omnipotent, conduit par André Azoulay qui a tissé sa toile au-delà des frontières marocaines, allant des Etats-Unis jusqu’en France, en passant par l’Etat hébreu auquel il est soumis. Cette minorité puissante, qui a phagocyté le régime marocain, a été impatronisée dès les années 1920 par le maréchal Hubert Lyautey, premier résident général du protectorat français au Maroc et dont la statue trône impérialement au cœur de Casablanca.
Aujourd’hui, les Marocains ont besoin de s’affranchir de la double inféodation à l’entité sioniste et à la famille régnante prédatrice qui en est l’ignominieuse émanation. De nombreuses personnalités politiques et religieuses marocaines ont mis en garde leurs concitoyens sur les véritables enjeux de la normalisation qui fait du Maroc une «colonie israélienne».
Le Maroc continue d'être le premier producteur de cannabis dans le monde avec 47.500 ha de culture de cette substance en 2018, a indiqué l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) dans un rapport publié récemment. Par ailleurs, cet office relève que le Maroc est aussi devenu, au cours des dernières années, le pays de transit de la cocaïne destinée à l'Europe.
Le Maroc, premier producteur mondial de kif n'a jamais cessé d'inonder les pays voisins avec des quantités de plus en plus importantes. Il ne se passe pas de semaine sans que des détachements et des unités de l'Armée Nationale Populaire algérienne n'appréhendent de narcotrafiquants venus du Maroc avec des quintaux de kif traité tentant de traverser nos frontières Ouest. L'Espagne aussi est submergée par ce trafic. En octobre dernier, la Guardia Civil a saisi jusqu'à 8 tonnes de haschisch en provenance du Maroc voisin. Etant donné que le cannabis est la substance la plus utilisée avec près de 200 millions de consommateurs dans le monde, la tendance est à l'augmentation de la production de ce poison par le Maroc. Ce pays étend ses cultures sur environ 52.000 hectares de champs, pour une production de 38.000 tonnes. Plus de 47.196 hectares de terres sont dédiés à la culture du cannabis.
Le cannabis produit par le Maroc est principalement exporté en Europe via le détroit de Gibraltar avant d'inonder les marchés européens (Allemagne, France, Italie et Royaume-Uni). Les réseaux de contrebandes alimentés par des mafias proches du Palais royal profitent du faible coût de la marchandise pour l'exporter. Le Rif est la principale zone de culture de cannabis. En outre, les cultivateurs, encouragés par certains décideurs, n'hésitent pas à investir sur des matériels modernes et techniques de cultures avancées. Le cannabis fait partie de la vie courante des Marocains. L'Organisation mondiale des douanes constate que 116 tonnes, soit 65% du cannabis saisi dans le monde provient du Royaume. Ce pays est également la principale source de résine de cannabis pour les marchés d'Europe de l'Ouest (Espagne, France, Italie, Autriche), d'Europe du Nord (Suède et Finlande), mais également aux Etats-Unis et surtout en Israël. On savait le Maroc le paradis du schit. On sait désormais qu'il va demeurer vraisemblablement pour bien longtemps encore le royaume du cannabis.
L'Office des Nations Unies pour la drogue et le crime (Onudc), avec des accents apocalyptiques, considère que le cannabis marocain pourrait être comparé à une véritable «arme de destruction massive». Rien que ça! Dans les montagnes du Rif, région historiquement pauvre et frondeuse, les habitudes, à l'image de la population, ont la vie dure. »Le kif ne vous tue pas, la faim si», résume un maire d'une commune du Rif marocain. C'et dire l'implication voire la complicité des dirigeants marocains concernant ce fléau qui leur rapporte des milliards. Selon des statistiques citées par le ministère de l'Intérieur marocain, ce sont environ 90.000 ménages, soit plus de 700.000 personnes, qui vivent de la production de cannabis dans les régions d'Al-Hoceima, Chefchaouen et Ouazzane. Tout le monde en est conscient. Pourtant, depuis 2005, les autorités marocaines n'autorisent pas l'ONUDC à effectuer des enquêtes sur le terrain, suite à l'évaluation par cet organisme onusien à 72.000 hectares la superficie réservée à la culture de cannabis au Royaume du Maroc. Surtout depuis que cet organisme des Nations Unies avait affirmé, dans ce cadre, que le marché de la drogue est l'un des principaux facteurs qui «alimente l'instabilité économique et politique dans le Monde», et met en avant le volume de production du cannabis au Maroc.
D'autres voix dans le monde, poussées par la gravité des conséquences de la culture de résine de cannabis au Maroc, s'expriment sur le sujet en tirant la sonnette d'alarme, notamment sur la prolifération des réseaux mafieux transfrontaliers et des terroristes alimentés par le Makhzen, engendrant l'insécurité, l'instabilité et l'évolution du phénomène de la délinquance qui prend des proportions inquiétantes. Il suffit de se promener sur les routes du Rif, dans le nord du pays, pour voir de vastes étendues de champs soigneusement cultivés et irrigués en toute illégalité. Les données officielles ne dévoilent pas la production actuelle, qui s'élève, selon une étude publiée en 2020, à plus de 700 tonnes par an, pour une valeur de 23 milliards de dollars (environ 19 milliards d'euros). Un site, Le gri-gri, ose publier un article très complet sur une grosse branche du Makhzen, le business industriel du haschich entre le royaume et l'Europe. Avec un blanchiment moyen de 120.000 euros tous les deux jours, c'est un potentiel d'environ 22 millions d'euros annuel (près de 32 millions CHF) pour une seule filière approvisionnant quatre pays. L'enquête a révélé que 5 millions d'euros avaient transité par les banques suisses, le reste est passé par des comptes israéliens ou a été converti en or pour le retour au bled. Dans tous les cas, ces sommes doivent profiter à beaucoup de patrons, banquiers, policiers, douaniers, hommes politiques au Maroc, c'est sans doute la principale ressource du pays après les devises des travailleurs immigrés.
Dans un pays pauvre et corrompu, le Makhzen n'a pas de peine à se développer. Mais pour des volumes et des sommes pareilles, il faut aussi des complicités en Europe. Comment ce petit pays pourrait-il tenir tête à ses puissants voisins ? Pourtant, Mohamed VI est courtisé par tous les dirigeants européens alors que son pays pompe chaque année à la France des milliards d'euros hors taxes. Depuis quelque temps, le Maroc recherche un texte juridique qui lui permette d'autoriser le commerce de la drogue, sous le prétexte fallacieux d'« usage médical ». L'Algérie continue d'être inondée par le cannabis marocain introduit à partir des wilayas de l'Ouest du pays. Une guerre qui ne dit pas son nom et qui cible principalement la jeunesse algérienne. En d'autres termes, s'il y a des tonnes de résine de cannabis qui sont saisies régulièrement chaque année en Algérie, cela laisse supposer qu'il y a une autre quantité qui a pu être introduite en Algérie, ce qui explique l'importance de la consommation du cannabis, notamment chez les jeunes gens en Algérie. Malgré la vigilance et les interventions quotidiennes des services algériens de sécurité, le cannabis a été introduit dans les écoles, d'où le danger que représente cette drogue devenue à la portée du premier venu. Cette drogue provoque des dégâts irréversibles sur le cerveau, trop souvent sous-estimés.
Des études montrent que, lorsque le cannabis est fumé avec le tabac (ce qui est la règle dans 90% des cas), il peut engendrer des problèmes pulmonaires plus tard : asthme, bronchites chroniques... Certains travaux évoquent même la possibilité d'un lien avec le cancer du poumon qu'il pourrait favoriser. L'usage de cannabis augmente le nombre de comportements à risques potentiellement très graves, voire mortels : conduite dangereuse, agressions à cause du manque, défonce, etc. Les conséquences peuvent être dramatiques sur les projets professionnels : un adolescent, jusque-là intéressé par une voie professionnelle, peut s'en désintéresser totalement, et laisser passer des chances de préparer un avenir qui lui aurait convenu parfaitement.
Maroc: L’armée marocaine a déployé pour la première fois la gendarmerie militaire le long de la frontière algéro-marocaine, en partant de la région de Mahbas au sud et jusqu’à la mer Méditerranée au nord.
Selon le site Arabi Post , citant une source bien informée, l’émergence de la gendarmerie marocaine est la première étape du déploiement d’ unités de l’armée , la gendarmerie étant considérée comme une avant-garde avancée de l’armée royale.
La source a ajouté que Rabat anticipait de plus en plus toute attaque algérienne possible en réponse au bombardement de deux camions au Sahara occidental il y a quelques semaines, d’autant plus que la présidence algérienne a confirmé que ce qui s’est passé ne restera pas impuni.
La gendarmerie militaire marocaine est un appareil de sécurité et de renseignement qui a pour but de surveiller l’armée et également de superviser ses mouvements.
Le site Arabi Post a indiqué que Rabat a déployé ces forces pour la première fois dans l’histoire de ses relations avec l’Algérie, comme elle ne déployait la gendarmerie militaire qu’à la frontière avec le Sahara occidental.
Qu’est-ce que la gendarmerie militaire ?
Les unités de gendarmerie militaire appartiennent à l’Institution royale de la gendarmerie et sont placées sous le commandement du Commandement général de la Gendarmerie royale, l’institution de sécurité et militaire au Maroc.
Le travail de la gendarmerie comprend les zones urbaines et rurales, et se concentre principalement dans la zone non urbaine. En plus de la gendarmerie militaire, elle comprend des unités de surveillance du trafic en dehors des villes, des unités spéciales d’intervention rapide et de lutte contre la criminalité, la drogue et l’immigration clandestine, et d’autres unités pour surveiller les plages, les forêts et les aéroports.
La gendarmerie a été créée en 1973 après les tentatives de coup d’État contre l’ancien roi Hassan II, dans lesquelles des unités de l’armée ont été impliquées, pour assumer, dans un premier temps, la tâche de surveiller toute violation de la loi sur la justice militaire à l’intérieur de la caserne, ou dans les bases militaires dispersées dans le désert.
La gendarmerie entreprend les tâches assignées à la gendarmerie royale en escortant les unités militaires dans leurs déplacements dans le désert ou vers les villes du nord, et en remplissant des rapports quotidiens sur l’armée et en les soumettant au commandement de la gendarmerie, qui à son tour la renvoie au premier bureau des Forces armées royales.
En cas de guerre, la gendarmerie militaire prend le commandement des corps et unités d’armée, compte tenu de l’expérience et de la formation de ses membres au ministère de la Défense nationale.
Le nombre de la gendarmerie militaire dans le désert est estimé à plus de 3 200, avec l’expérience, et ils ont déjà participé à des manœuvres militaires, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du Maroc.
En juin 1966, un proche de Jacques Foccart, secrétaire général de l’Élysée aux Affaires africaines, est reçu par le souverain chérifien pour un entretien où sera notamment évoqué l’assassinat de l’opposant marocain. Compte-rendu inédit.
Après l’indépendance du royaume, en 1956, l’affaire Ben Barka a constitué la première vraie crise dans les relations franco-marocaines, traditionnellement plutôt chaleureuses.
L’enlèvement, le 29 octobre 1965, de l’opposant socialiste Mehdi Ben Barka devant la brasserie Lipp, à Paris, puis son assassinat, sont ressentis par le général de Gaulle comme une atteinte à son honneur et à celui de la France.
Il réclamera quelques mois plus tard au souverain marocain Hassan II l’arrestation – voire la liquidation – des agents du Makhzen impliqués dans l’affaire, en particulier du ministre de l’Intérieur, Mohamed Oufkir.
Liens troubles
L’affaire fait d’autant plus scandale que des agents du Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (Sdece) français – les Lopez et Souchon évoqués par Hassan II dans le texte qui suit – ont été mêlés à l’enlèvement, révélant les liens profonds, et parfois troubles, entre les sécuritaires des deux pays.
Hassan II assure ne rien savoir de l’affaire, refuse de livrer Oufkir à la justice ou même de le limoger. La France rappelle alors son ambassadeur à Rabat. Le royaume en fait de même avec Moulay Ali, cousin de Hassan II.
L’OBJECTIF DE LA RENCONTRE : SOLDER LES DIFFÉRENDS, QUI DÉPASSENT LE CAS BEN BARKA, ENTRE PARIS ET RABAT
La relation est rompue pour plusieurs mois. Jusqu’au 28 juin 1966 et cet entretien entre le souverain marocain et un proche, dont l’identité est restée secrète, de Jacques Foccart, le tout-puissant secrétaire général de l’Élysée aux Affaires africaines. L’objectif de la rencontre : solder les différends, qui dépassent le cas Ben Barka, entre les deux alliés.
Ci-dessous un extrait inédit du compte-rendu (reproduit ci-dessous) qu’en a fait l’interlocuteur du roi, tiré des archives du fonds Foccart et publié par les éditions Nouveau Monde dans le passionnant De Gaulle inattendu, qui vient de paraître en librairie.
Une heure et demie de conversation
« À mon arrivée à Casablanca, le prince Moulay Ali, qui m’attendait, m’a fait savoir que le roi, en séjour à Ifrane, désirait me voir. Le samedi matin, je suis parti en voiture avec le prince Moulay Ali pour Ifrane que nous avons atteint dans l’après-midi. Le roi était allé faire une tournée dans l’Atlas et ne devait rentrer que très tard le soir.
Pour des raisons de discrétion, j’avais fait savoir que je désirais que notre entrevue demeure aussi secrète que possible pour éviter les racontars. Je n’ai rencontré le roi que le dimanche et nous sommes partis pour une longue randonnée en voiture, le roi pilotant. Nous avons eu une très longue conversation d’une heure et demie, en la seule présence du prince Moulay Ali. »
« J’ai immédiatement dit au roi que je n’étais chargé d’aucune mission, que j’étais venu au Maroc répondant à une invitation du prince Moulay Ali et que j’étais extrêmement heureux de le voir.
Le roi m’a aussitôt répliqué qu’il avait souhaité me voir à cause de nos anciens liens, mais aussi parce qu’il avait l’impression qu’en haut lieu, en France, on n’avait pas exactement compris ses réactions dans l’affaire Ben Barka. Et ce fut dès lors de la part du roi un long monologue de plus d’une heure : en premier lieu, il s’est plaint que les conversations qu’il a eues avec le général de Gaulle n’aient pas été suivies d’effets. Ces contacts étaient empreints de chaleur humaine et le Général s’est trouvé d’accord sur presque toutes les demandes du roi, mais rien n’a suivi, l’administration ayant freiné la réalisation des promesses du Général.
LE GÉNÉRAL DE GAULLE A DONNÉ 300 MILLIARDS À L’ALGÉRIE, CE QUI A PERMIS À CELLE-CI DE S’ARMER ET DE M’ATTAQUER
Le roi m’a notamment fait la remarque suivante : « J’étais venu à mon dernier voyage en France demander au général de Gaulle une aide exceptionnelle. Il m’a accordé 25 milliards et j’en suis très reconnaissant à la France, mais il a donné 300 milliards à l’Algérie, ce qui a permis à celle-ci de s’armer et de m’attaquer.»
Le roi s’est aussi plaint que le gouvernement français ne l’ait pas informé de certaines initiatives diplomatiques vis-à-vis du Tiers Monde, circonstances où le gouvernement marocain aurait été heureux, étant prévenu à l’avance, de calquer son attitude sur celle du gouvernement français.
En réalité, dit le roi, depuis que le général de Gaulle a décidé de résister aux Américains et de se tourner vers les Russes, Rabat ne l’intéresse plus, c’est Alger et Le Caire sur lesquels il joue.
Le roi a ajouté : « Sous le prétexte de sécurité énergétique de la France, on sacrifie de vrais amis à un pays en pleine révolution qui n’a pas fini de vous jouer des tours. Quant à votre sécurité énergétique venant d’Algérie, je n’en donne pas cher.» »
Fac-similé Hassan II
Maladresses
« Le roi a ensuite abordé l’affaire Ben Barka. Toute une série de maladresses ont été commises. En réalité, c’est qu’à Paris un certain nombre de personnalités de la presse, de l’administration et de la politique avaient voulu jouer en même temps contre le général de Gaulle et contre la monarchie marocaine.
CERTAINS MILIEUX PROCHES DU GOUVERNEMENT S’ATTENDAIENT À CE QUE L’AFFAIRE BEN BARKA AMÈNE LE RENVERSEMENT DE LA MONARCHIE
« Je sais de source sûre que certains milieux proches du gouvernement s’attendaient à ce que l’affaire Ben Barka amène au Maroc des troubles graves et probablement le renversement de la monarchie. En réalité, le long exil de Ben Barka l’avait fait à peu près oublier du peuple marocain. Je tiens à faire remarquer que je n’ai pas cherché, ce qui aurait pu paraître habile, à me servir de cette affaire pour faire l’unité de mon peuple autour de moi et contre la France. J’ai fait mes études de droit en France et je connais bien le droit français. Nous avons entre nos deux pays une convention judiciaire. Si cette convention avait été appliquée, on aurait dû m’envoyer le dossier de l’affaire dès qu’il a été clos. J’aurais alors été obligé de traduire mon ministre de l’Intérieur devant un tribunal, ce qui m’aurait été extrêmement difficile, mais je l’aurais fait. Au lieu de cela, on m’a refusé le dossier et le ministre de l’Information français, à la suite d’un conseil des ministres, a déclaré qu’en tout état de cause, il n’était pas question qu’on envoie tout le dossier au Maroc, ce qui veut dire que si maintenant on m’envoyait le dossier, celui-ci serait incomplet. Je crois que le grand tort des autorités françaises a été de me laisser apprendre par la presse ce qu’est venu me dire l’ambassadeur de France le lendemain. Celui-ci présenté par un émissaire ami fidèle (colonel Touya) venait me demander le renvoi de mon ministre de l’Intérieur. En fait, je savais déjà par une dépêche de l’AFP que le gouvernement français avait l’intention de me réclamer ce renvoi.» »
Au nom de la continuité de la dynastie
« À partir de là, il n’était pas possible de l’accepter. Le général de Gaulle est soucieux de la dignité de la France. Je suis aussi soucieux que lui de la dignité de mon pays. En outre, j’ai un autre souci, celui de la continuité de ma dynastie. Si mon ministre de l’Intérieur a fait ce que la justice française lui reproche, il l’a fait, quoi qu’on en ait dit, pour moi.»
« Ben Barka avait essayé une fois au moins de me faire assassiner. Il complotait contre moi. Comment voulez-vous que je sanctionne mon ministre, alors que c’est par dévouement qu’il a agi ? Comment voulez-vous que j’aie encore des soutiens dans ce pays ? Que mon fils ait des amis fidèles si je trahis mes soutiens fidèles ? C’est peut-être ce que l’on n’a pas dit à Paris, mais qu’il faut que l’on sache.»
POURQUOI VOULEZ-VOUS QUE JE M’APITOIE SUR LE SORT D’UN REBELLE QUI N’ESPÉRAIT QU’UNE CHOSE : PROVOQUER UNE RÉVOLUTION AU MAROC ?
« Le roi a ajouté : « Si au moment des complots d’Alger, un général félon s’était réfugié chez nous et que vos services s’en soient débarrassés d’une façon ou d’une autre, je peux vous donner l’assurance qu’il n’y aurait pas eu d’“affaire”. Je sais bien qu’en France c’est plus difficile, mais on aurait pu faire mieux. Néanmoins, ne faisons pas de sentiment. Quand on est chef de l’État, on n’en a pas le droit. Vous avez fait de la résistance, mais de nombreux morts l’ont été de votre faute. C’était indispensable à cette époque. Pourquoi voulez-vous que je m’apitoie sur le sort d’un rebelle qui n’espérait qu’une chose : provoquer une révolution au Maroc au profit des ennemis de votre pays et du mien ? Vous savez la respectueuse affection que je porte au général de Gaulle, mais la seule explication de son attitude, c’est qu’il a été mal et incomplètement informé sur ma position et sur la politique marocaine.»
« J’ai besoin de la France »
« Ceci dit, j’ai besoin de la France. J’ai à l’est un voisin qui n’est pas de tout repos et qui risque à tout moment, pour faire oublier ses difficultés intérieures, de chercher une aventure sur notre territoire. J’ai au sud la Mauritanie, qui a accepté l’arrivée de techniciens chinois qui conseillent entre autres la radio mauritanienne, ce qui fait que je suis régulièrement insulté par cette radio. Je ne me fais pas d’illusion sur nos voisins du Nord. Je crains fort, lorsque le général Franco disparaîtra d’une façon ou d’une autre, qu’il n’y ait en Espagne la guerre civile, et probablement un nouveau front populaire. À l’ouest, j’ai l’océan et les États-Unis. Je ne veux pas tomber entre leurs mains. Je sais ce que vaudrait l’indépendance du Maroc dans ce cas ! Sur qui voulez-vous que je m’appuie puisque la France me laisse tomber ?»
« En ce qui concerne la Mauritanie, le roi m’en a parlé longuement : « On me demande de reconnaître la Mauritanie. Je suis prêt à le faire, mais pas sans contrepartie. Pourquoi voulez-vous que je lui envoie mes percepteurs pour récolter de l’argent d’un peuple en grande partie nomade ? Pourquoi voulez-vous que je lui envoie mes facteurs et mes policiers ? Si j’ai un accord avec la Mauritanie en contrepartie de la reconnaissance de son indépendance, je demanderai un traité d’amitié allant jusqu’à la formule plus ou moins fédérale entre le Maroc et elle. La France peut beaucoup pour faciliter cela, elle peut même tout. Je sais d’une façon certaine que le président Senghor n’y verrait aucun inconvénient, il pourrait même, dans une certaine mesure, être partie de cet accord.»
NOUS SOMMES DANS UNE IMPASSE ET IL FAUT EN SORTIR, SI POSSIBLE AVANT LE PROCÈS
« Sur quoi le roi a ajouté : « Nous sommes dans une impasse et il faut en sortir, si possible avant le procès. Je sais que la justice française et surtout la magistrature assise sont totalement indépendantes à l’égard du pouvoir. Mon impression est qu’il sera difficile de condamner Oufkir sur le simple témoignage d’un Lopez, d’un Voiteau et d’un Souchon. À ce moment, tout peut être arrangé, mais il y a beaucoup de temps perdu et probablement des positions irréversibles auront-elles été prises d’un côté comme de l’autre. En outre, le gouvernement français se trouvera dans une position difficile. Ce n’est pas moi qui ai rappelé mon ambassadeur et je ne l’aurais jamais fait si le gouvernement français n’avait pas pris les devants. Il y a de nombreux Français au Maroc et de nombreux Marocains en France. Il n’est pas bon que nous n’ayons pas une représentation normale. Si le gouvernement français décidait en s’appuyant sur ces raisons pratiques de renvoyer à Rabat M. Gillet, j’enverrais immédiatement le prince Moulay Ali à Paris.» Cela a été la conclusion de notre conversation. »
56 ans après son décès, de troublantes révélations ont été faites sur le militant anticolonialiste Mehdi Ben Barka, chef de file du mouvement tiers-mondiste, et plus célèbre opposant aux rois Mohammed V et Hassan II.
« Le chef de l’opposition marocaine Mehdi Ben Barka était un espion, suggèrent les dossiers de la guerre froide », titre The Guardian en se basant sur les révélations de documents déclassifiés du renseignement tchèque. Selon ces dossiers, l’ancien militant anticolonialiste entretenait une relation étroite avec le Státní Bezpečnost (StB), le service de sécurité tchécoslovaque à qui il fournissait des renseignements contre des paiements substantiels, en espèces ou en nature.
« Ben Barka est souvent décrit comme un homme qui combattait les intérêts coloniaux et défendait le tiers-monde, mais les documents révèlent une image très différente : un homme qui jouait sur plusieurs cordes, qui en savait beaucoup et savait aussi que l’information était très précieuse dans le contexte de la guerre froide ; un opportuniste qui jouait à un jeu très dangereux », a déclaré au journal britannique Dr Jan Koura, professeur adjoint à l’Université Charles de Prague.
Selon celui qui a eu accès à l’intégralité du dossier Ben Barka dans les archives du StB, et à d’autres documents secrets nouvellement publiés, il n’y a aucun doute sur la connexion tchèque. « Tous les documents le confirment », a-t-il assuré. Les relations entre Ben Barka et le StB remontent à 1960. « Les espions de Prague espéraient que cet éminent leader de la lutte pour l’indépendance du Maroc et fondateur de son premier parti d’opposition socialiste fournirait des renseignements précieux, non seulement sur l’évolution politique du royaume, mais aussi sur la pensée des dirigeants arabes tels que le président égyptien, Gamal Abdel Nasser ».
Ben Barka aurait réalisé une série d’opération de renseignements au profit du StB. Selon les documents consultés, il avait reçu, en septembre 1961, 1 000 francs français du StB pour produire des rapports sur le Maroc. L’ancien militant anticolonialiste a été envoyé en Irak pour obtenir des informations sur le coup d’État de février 1963 moyennant 250 livres. En Algérie, il a rencontré à plusieurs reprises le président Ahmed Ben Bella et a rendu compte de la situation dans ce nouvel État indépendant.
Ces accusations ont suscité des réactions de la part de la famille de l’illustre disparu. « Les relations de mon père avec les États socialistes et autres étaient simplement celles que l’on pouvait attendre de toute personne profondément engagée dans la lutte mondiale contre l’impérialisme et l’exploitation coloniale à l’époque », a déclaré Bachir Ben Barka, son fils.
L’article de The Guardian se base sur les révélations de documents déclassifiés du renseignement tchèque. Il suggère que Ben Barka recevait paiements contre informations et évoque les soupçons d’agent double pesant sur lui. Des dossiers jusque-là classifiés de Prague montrent que Ben Barka avait non seulement une relation étroite avec le Státní Bezpečnost (StB), le service de sécurité tchécoslovaque redouté, mais qu’il en a reçu des paiements substantiels, tant en espèces qu’en nature.
« Ben Barka est souvent décrit comme un combattant contre les intérêts coloniaux et pour le tiers-monde, mais les documents révèlent une image très différente : un homme qui jouait sur plusieurs cordes, qui en savait beaucoup et savait aussi que l’information était très précieuse dans le contexte de la guerre froide ; un opportuniste qui jouait à un jeu très dangereux », a déclaré le Dr Jan Koura, professeur adjoint à l’Université Charles de Prague, qui a eu accès au dossier.
Koura a non seulement pu accéder à l’intégralité du dossier Ben Barka dans les archives du StB, mais a également recoupé ses 1 500 pages avec des milliers d’autres documents secrets nouvellement publiés. « Il n’y a aucun doute sur [la connexion tchèque]. Tous les documents le confirment », a déclaré Koura à l’Observer, publication hebdomadaire sœur de The Guardian.
Selon le dossier consulté par Koura, les relations de Ben Barka avec le StB ont commencé en 1960, lorsqu’il a rencontré son espion le plus haut placé à Paris. Les espions de Prague espéraient que cet éminent leader de la lutte pour l’indépendance du Maroc et fondateur de son premier parti d’opposition socialiste fournirait des renseignements précieux, non seulement sur les développements politiques dans le royaume, mais aussi sur la pensée des dirigeants arabes tels que le président égyptien, Gamal Abdel Nasser.
Le quotidien poursuit en relatant que le StB a noté Ben Barka était également une figure majeure du « mouvement anti-impérialiste des nations africaines et asiatiques », , dont les contacts comprenaient Malcolm X, Che Guevara et le jeune Nelson Mandela. Peu de temps après leurs premières réunions, le StB a rapporté que Ben Barka était une source d’informations « extrêmement précieuses » et lui a donné le nom de code « Sheikh », comme le révèlent les archives.
Les révélations pour le moins choc se poursuivent : en septembre 1961, selon le dossier, Ben Barka avait reçu 1 000 francs français du StB pour des rapports sur le Maroc qui, selon lui, étaient copiés du bulletin interne du service de renseignement français à l’étranger. En fait, les données étaient accessibles au public, ce qui a provoqué la colère et l’embarras à Prague lorsque la tromperie a été découverte. Ben Barka s’est néanmoins vu proposer un voyage tous frais payés en Afrique de l’Ouest pour recueillir des renseignements sur les activités américaines en Guinée équatoriale : cette mission a été considérée comme un succès.
Les Tchécoslovaques ont, dès lors, commencé à soupçonner que Ben Barka avait également des relations avec d’autres acteurs de la guerre froide, que sont venus corroborer d’autres événements. Ainsi, ils ont appris d’un agent en France, que « Sheikh » avait rencontré, en février 1962, un syndicaliste américain au bar L’Éléphant Blanc à Paris et avait reçu à ce moment un chèque en dollars américains. Cela les a conduits à craindre que Ben Barka ait des liens avec la CIA. L’agence américaine tenait alors à soutenir la réforme démocratique au Maroc et à sécuriser le royaume pour le camp occidental. Le StB devait recevoir d’autres rapports alléguant que Ben Barka était en contact avec les États-Unis, bien que le politicien marocain ait toujours nié ce fait lorsqu’il était confronté, a déclaré Koura à l’Observer.
La relation s’est néanmoins poursuivie. Les Tchécoslovaques ont invité Ben Barka à Prague, où il a accepté d’aider à influencer la politique et les dirigeants en Afrique en échange de 1 500 £ par an. Ben Barka a été envoyé en Irak pour obtenir des informations sur le coup d’État de février 1963, pour lequel il a reçu 250 £, selon les documents déclassifiés. En Algérie, il a rencontré à plusieurs reprises Ahmed ben Bella, le président et ami, et a rendu compte de la situation dans le nouvel État indépendant aux Tchécoslovaques.
Au Caire, on lui a demandé de recueillir des informations auprès de hauts responsables égyptiens qui pourraient aider les Soviétiques dans les négociations lors d’une visite de Nikita Khrouchtchev, le premier ministre soviétique. Les rapports de Ben Barka ont atteint les services de renseignement soviétiques, qui ont jugé les données confidentielles fournies comme « très précieuses ». En récompense de ses services, lui et ses quatre enfants ont été invités en vacances dans un spa en Tchécoslovaquie, révèle la recherche de Koura.
«Ben Barka n’a jamais admis qu’il collaborait [avec les services de renseignement], et le StB ne l’a jamais répertorié comme un agent, juste comme « contact confidentiel». Mais il fournissait des informations et était payé en retour», a déclaré Koura.
« Il était très doué, c’était un gars très intelligent. Il n’y a pas de document avec sa signature, il n’y a pas d’échantillons de son écriture. Il a été interrogé oralement pendant des heures… Parfois, il utilisait une machine à écrire mais refusait d’écrire quoi que ce soit à la main ».
Les motivations de Ben Barka, militant engagé arrêté et emprisonné à plusieurs reprises au Maroc, restent floues. Ses défenseurs disent qu’il était prêt à discuter à plusieurs reprises de la situation internationale avec les responsables tchécoslovaques, car c’était le meilleur moyen de les influencer. Ils soutiennent aussi que bien que les analyses de Ben Barka aient pu être utiles au StB, cela ne fait pas de lui « un agent », quoi qu’aient écrit des bureaucrates ambitieux et des espions sur des notes internes. Ils soutiennent également qu’un tel rôle aurait été incompatible avec l’engagement de Ben Barka à préserver « le mouvement du tiers-monde de l’influence soviétique et chinoise ».
Bachir ben Barka, qui vit dans l’est de la France, a déclaré à l’Observer que les relations de son père avec les États socialistes et autres étaient simplement celles que l’on pouvait attendre de toute personne profondément engagée dans la lutte mondiale contre l’impérialisme et l’exploitation coloniale à l’époque, soulignant que les documents étudiés par Koura avaient été « produits par un service de renseignement, [et étaient donc] peut-être édités ou incomplets ».
Koura, pour sa part, est moins convaincu de l’altruisme de Ben Barka. « Il y avait à la fois du pragmatisme et de l’idéalisme. Je ne le condamne pas. La guerre froide, ce n’était pas tout noir ou tout blanc », a-t-il déclaré.
Durant les derniers mois de sa vie, Ben Barka était occupé à organiser la Conférence tricontinentale, un événement qui allait réunir à Cuba des dizaines de mouvements de libération, des groupes révolutionnaires et leurs parrains. La conférence allait devenir un moment crucial dans l’histoire de l’anticolonialisme international dans les années 1960 et 1970, et le militant vétéran voulait présider l’événement.
Mais les Soviétiques soupçonnaient qu’il était devenu trop proche des Chinois, leurs rivaux pour le leadership de la gauche mondiale. Des responsables soviétiques ont déclaré au StB que Ben Barka avait reçu 10 000 $ de Pékin et ont fait pression sur le service pour lui retirer tout soutien ou protection.
Néanmoins, le StB a emmené Ben Barka à Prague pour une semaine de formation en communications, codes, surveillance et contre-surveillance. C’était, cependant, trop peu et trop tard. Une semaine après avoir demandé un pistolet au StB, Ben Barka a été enlevé et tué. Bien qu’il ait ordonné une enquête, le président Charles de Gaulle a nié toute implication des services secrets français et de la police. Néanmoins, la France et les États-Unis n’ont pas encore publié de documents secrets clés sur l’affaire.
La tension sans précédent entre l’Algérie et le Maroc pourrait dégénérer à la faveur d’un incident mal maîtrisé, alors même qu’aucune des parties ne désire un conflit ouvert.
Une patrouille algérienne photographiée depuis le côté marocain de la frontière à Oujda, le 3 novembre (Fadel Senna, AFP)
Nombre de conflits ont, par le passé, éclaté à la faveur d’incidents de faible envergure, mais en l’absence de mécanisme de dialogue et d’instance de médiation entre deux parties qui pourtant ne souhaitaient, ni l’une ni l’autre, l’ouverture des hostilités. La rupture par l’Algérie des relations diplomatiques avec le Maroc, en août dernier, n’a pas seulement privé les deux Etats d’un canal de communication précieux. Elle a en effet été suivie de l’interdiction de l’espace aérien de l’Algérie aux vols marocains, alors que la frontière entre les deux pays est fermée depuis 1994. Elle a surtout entraîné une escalade des campagnes de dénigrement réciproque, amplifiée par les réseaux sociaux. Dans un climat aussi délétère, un différend localisé risque fort de dégénérer en crise grave, même si ni Alger, ni Rabat ne désirent une confrontation qui serait à bien des égards désastreuse.
L’ENJEU DU SAHARA OCCIDENTAL
La communauté internationale s’est avérée, depuis 1976, incapable de régler la question de l’ancienne colonie espagnole du Sahara occidental, dont Rabat revendique la « marocanité » et contrôle 80% du territoire, face à la guérilla indépendantiste du Polisario, soutenue par l’Algérie. Le poste d’envoyé spécial de l’ONU est même resté vacant sur ce dossier durant deux longues années, marquées, en novembre 2020, par la rupture du cessez-le-feu qui prévalait depuis 1991 entre le Maroc et le Polisario. Rabat avait alors obtenu de l’administration Trump, en décembre 2020, la reconnaissance de la « marocanité » du Sahara, en contrepartie de la normalisation de ses relations avec Israël. Les Emirats arabes unis, qui venaient de signer un traité de paix « chaude » avec Israël, ont encouragé la posture désormais offensive du Maroc. Alors que l’Algérie dispose jusqu’à maintenant du premier budget militaire du continent africain, évalué en 2020 à une dizaine de milliards de dollars, le Maroc pourrait le surpasser dès 2022 avec 12,8 milliards de dollars.
Le déplacement, le mois dernier à Rabat, du ministre israélien de la Défense s’est accompagné de la signature d’un accord sans précédent de coopération militaire. L’Algérie se considère directement visée par un tel rapprochement stratégique, du fait de son soutien aussi bien au Polisario qu’à la cause palestinienne. La récente « visite d’Etat » à Alger du président de l’Autorité palestinienne a été commentée dans cet esprit par la presse locale: « Alger contre-attaque » en « déroulant le tapis rouge à Mahmoud Abbas, tandis qu’Israël parade à Rabat », le Maroc étant accusé d’ « ouvrir une fenêtre à l’entité sioniste, dont l’ambition est de transposer le conflit du Moyen-Orient en Afrique du Nord ». Les dirigeants algériens mettent aussi en cause la complaisance des Etats-Unis et des pays européens envers Rabat. Cela ne peut que les pousser un peu plus dans les bras de la Russie, leur premier, et de très loin, partenaire militaire, alors que Poutine n’avait déjà pas ménagé son soutien aux généraux algériens face à la contestation populaire du Hirak.
DES OPINIONS CHAUFFEES A BLANC
Une telle polarisation géopolitique s’aggrave du fossé qui semble se creuser inexorablement entre les opinions publiques des deux pays. Un jour, des voix s’élèvent au Maroc pour que la représentante de leur pays au concours de Miss Univers se désiste du fait de sa grand-mère algérienne. Un autre, ce sont les footballeurs algériens qui, après leur victoire sur le Maroc en coupe arabe, arborent le drapeau palestinien. Au-delà de ces anecdotes, la revendication de la « marocanité » du Sahara est partagée par l’écrasante majorité des Marocains, même parmi les opposants au Trône, tandis qu’une grande partie des Algériens, y compris au sein de la contestation, s’inquiète sincèrement du rapprochement entre le Maroc et Israël, voire du soutien de Rabat à « l’autodétermination » de la Kabylie. Les procès d’intention que s’échangent ainsi Algériens et Marocains atteignent parfois une grande virulence sur les réseaux sociaux, amplificateurs naturels de tels débordements. Il est à craindre que les deux régimes puissent ainsi compter sur une dynamique d’union nationale en cas de conflit avec leur voisin.
Un incident limité, mais où chaque partie accuserait l’autre d’agression caractérisée, pourrait dégénérer dans un contexte aussi dégradé. Le 1er novembre, la présidence algérienne a déjà accusé « les forces d’occupation marocaines au Sahara occidental » du « lâche assassinat » de trois Algériens dans le « bombardement barbare » de leurs camions assurant la liaison entre la Mauritanie et le sud algérien. Le Maroc avait rétorqué que ces camions avaient été touchés dans une zone de transit militaire du Polisario, tout en précisant « si l’Algérie veut la guerre, le Maroc n’en veut pas ». La retenue avait fini par prévaloir, mais sans qu’émerge à la faveur de cette crise un canal de communication voué à en éviter la répétition. C’est bien cette absence de dialogue entre Alger et Rabat qui est la plus lourde de menaces. A défaut d’échange direct, tout type de médiation serait le bienvenu pour éviter une escalade que personne ne souhaite entre deux pays et deux peuples qui ont tant en commun.
Espérons que 2022 verra se mettre au plus tôt en place une telle initiative.
Quand les Émirats arabes unis négociaient l’achat de Rafale auprès de la France, l’une des conditions posées était la reprise de la soixantaine de Mirage 2000-9 en service au sein de leurs forces aériennes pour environ 1,5 milliard d’euros. Et, pendant un temps, il était question de les céder à l’Irak… Mais l’affaire n’alla pas plus loin.
Finalement, en 2019, Abu Dhabi décida de moderniser ses Mirage 2000-9 en notifiant à cette fin des contrats à Dassault Aviation, Thales et MBDA pour un montant total estimé à 490 millions de dollars.
Étant donné que la commande de 80 Rafale F4, annoncée le 3 décembre, ne remet pas en cause l’achat de 50 F-35A, le sort des Mirage 2000-9 se pose à nouveau. D’autant plus que ces appareils ont encore du potentiel.
Ces derniers jours, Defence Arabic, qui traite de l’actualité militaire dans le monde arabe, et le site d’information « El Español » ont indiqué que les Émirats arabes unis avaient l’intention de céder leurs Mirage 2000-9 à l’Égypte et au Maroc, deux pays avec lesquels ils sont très proches.
Si elle dispose de 24 Rafale [et bientôt 54, 30 exemplaires de plus ayant été commandés], la force aérienne égyptienne met aussi en oeuvre une petite vingtaine de Mirage 2000, acquis dans les années 1980. A priori, il n’est pas question de les retirer du service dans un avenir proche. D’où l’intérêt de renforcer cette flotte avec des appareils modernisés ayant servi sous les cocardes émiraties. Et leur intégration ne devrait pas poser de problèmes particulier au niveau du Maintien en condition opérationnelle [MCO] et de la logistique.
Quant au Maroc, ses forces aériennes sont dotées de 27 Mirage F1, portés au standard ASTRAC [ou MF2000] entre 2006 et 2011. Cette modernisation a notamment consisté à leur intégrer des équipements communs au Mirage 2000-5 [dont le radar RDY-3 de Thales].
D’après Defence Arabic, les Mirage 2000-9 que les Forces royales Air marocaines seraient susceptibles de recevoir de la part des Émirats arabes unis [selon des modalités qui restent à préciser, ndlr] leur permettraient de remplacer leurs F-5E, voire leurs Mirage F1. Il serait question d’une trentaine d’appareils.
Cela étant, pour que de tels tranferts vers des pays tiers puissent se faire, l’autorisation de la France est nécessaire. Or, dans le cas du Maroc, Paris devra composer avec les réserves que ne manquera pas de lui opposer Alger, alors que les relations diplomatiques entre les deux capitales sont au plus bas, au point que l’espace aérien algérien est interdit aux avions militaires français se rendant au Sahel.
Pour rappel, doté du radar RBY-2, le Mirage 2000-9 est un appareil multi-missions, pouvant mettre en oeuvre la nacelle de désignation laser Shehan [dérivée du pod Damoclès], des missiles air-air MICA, le missile de croisière Black Shaheen [version export du SCALP-EG français], le missile anti-navire Exocet et des bombres guidées PGM-500 Hakim.
Deux jours après avoir accusé le Maroc d’avoir « bombardé » un convoi de camions civils algériens, les autorités algériennes évoquent un « armement sophistiqué meurtrier », comprendre un drone. Les deux voisins se sont dotés ces dernières années de nombreux appareils sans pilote.
Dernier rebondissement dans l’affaire des trois routiers algériens tués, selon la présidence algérienne, le 1er novembre, lors d’un bombardement marocain dans une zone contrôlée par le Polisario : le ministère algérien des Affaires étrangères annonce avoir saisi plusieurs instances internationales (ONU, UA, Ligue arabe et OCI) pour les informer de « la gravité extrême de l’acte de terrorisme d’État en question » et leur faire part de la volonté et de la capacité de l’Algérie « d’assumer ses responsabilités en matière de protection de ses ressortissants et de leurs biens en toutes circonstances ».
Le communiqué du département de Ramtane Lamamra évoque l’usage d’un « armement sophistiqué meurtrier » sans pour autant fournir de précisions sur sa nature.
Le site algérien menadefense, qui a le premier fait état de l’attaque, estime dans un billet publié le 5 novembre que celle-ci aurait été menée par un drone, plus précisément un Bayraktar TB2 acquis auprès de la Turquie.
L’ARMÉE ALGÉRIENNE ALIGNE UNE VINGTAINE DE DRONES D’ATTAQUE EL-DJAZAÏR 54 ET 55, DE CONCEPTION ÉMIRATIE
Dans la région, l’Algérie a été pionnière dans le domaine des drones et de la surveillance aérienne. Grâce une coopération accrue avec l’Afrique du Sud, elle a acquis et déployé dès le début des années 2000 des drones de surveillance Seeker I, puis Seeker II.
Face au succès des drones d’attaque américains au Pakistan et au Yémen, les autorités algériennes ont ensuite décidé de miser sur des drones de combat à long rayon d’action.
Aujourd’hui, l’armée aligne une vingtaine de drones d’attaque El-Djazaïr 54 et 55, de conception émiratie et reconstruits localement, une douzaine de drones CH-4 et au moins cinq drones de reconnaissance CH-3, de fabrication chinoise. Elle maintient également un régiment d’une douzaine de drones tactiques Seeker sud-africains destinés à la surveillance.
Le succès commercial et militaire du drone de combat turc Bayraktar TB-2 et son efficacité en Syrie, en Libye et dans le conflit du Nagorno-Karabakh suscitent l’intérêt de l’institution militaire.
Des négociations sont engagées en 2020 avec le fabricant turc pour renforcer rapidement la flotte de drones d’attaque algériens. Mais celles-ci ont été abandonnées en raison des sanctions canadiennes sur certains équipements utilisés à bord du Bayraktar. L’Algérie se résignera en 2021 à commander 24 drones d’attaques chinois Wing Loong II, qui entreront en service en fin d’année.
Allié majeur non-membre de l’OTAN depuis 2004, le Maroc a dû attendre 2020 pour que l’administration Trump allège le régime d’exportation permettant ainsi au royaume de commander quatre drones MQ-9B Reaper, qui seront livrés dans les mois ou années à venir.
EN 2019, LE MAROC S’EST TOURNÉ VERS LA TURQUIE POUR ACQUÉRIR 12 DRONES D’ATTAQUE BAYRAKTAR TB2
Rabat a également bénéficié du redéploiement américain après les attaques terroristes du 11-Septembre pour accéder à quelques drones GNAT utilisés pour la surveillance. Ils ont été vus pour la première fois lors des événements de Gdeim Izik, à Laayoune, en novembre 2010.
En 2019, le Maroc se tourne vers la Turquie pour acquérir 12 drones d’attaque Bayraktar TB2, capables de porter des missiles. Le Royaume a réceptionné une première livraison des drones trucs en septembre, les autres unités devant arriver courant 2022.
Ce drone est utilisé pour des missions de reconnaissance, de surveillance et de relais de communications. En janvier 2020, trois drones Harfang, conçu par Airbus Group et Israël Aerospace Industries (IAI), ont été réceptionnés par Rabat.
DANS LE CONTEXTE D’INTENSIFICATION DES TENSIONS ENTRE LES DEUX VOISINS, UN RECOURS ACCRU AUX DRONES POURRAIT ÊTRE TENTANT
Le drone Harfang, développé sur la base du drone israélien Heron, est un système destiné au renseignement, à la surveillance et la reconnaissance de cible.
Selon des sources militaires marocaines, ces drones sont uniquement utilisés pour les écoutes, la surveillance et les repérages, et non pour des attaques. Mais certains drones d’observation achetés par le Maroc auprès d’entreprises israéliennes disposent d’une option pour porter de petites charges explosives.
Mohamed Shkeir, expert militaire marocain, évoque dans la presse la livraison de 4 drones Hermes 900 « kamikaze » ou « suicide » dans le courant de l’année 2021. Il s’agit de drones capables de s’écraser sur les cibles visées.
Dans le contexte d’intensification des tensions entre les deux voisins, que la perspective d’un conflit ouvert coûteux en vies humaines n’enchante guère, un recours accru aux drones pourrait être tentant. Surtout si l’Algérie décide de faire bénéficier le Polisario de son expertise en la matière, comme l’a fait l’Iran avec les rebelles yéménites Houthis face à l’Arabie saoudite.
Un drone qui pourrait décider seul de tuer, sans que l’homme intervienne. Ce scénario semble tiré d’un film de science-fiction, et pourtant ce type de technologie douée d’une intelligence artificielle existe. Et ces drones militaires autonomes commencent à faire débat : ils posent en effet des questions éthiques et juridiques.
C’est en tout cas le message que souhaitent faire passer des associations et des organisations non gouvernementales, qui ont réalisé un court-métrage pour dénoncer l’usage de ces armes létales autonomes. Dans cette vidéo, le spectateur découvre la présentation enthousiaste d’un petit drone capable de tuer, seul, « les méchants ». Le but est de choquer et de faire réfléchir sur l’avenir de ces nouvelles technologies.
La victoire algérienne lors du quart de finale de la Coupe arabe n’a pas échappé à la récupération politique. Mais les messages de fraternité entre les supporteurs des deux pays ont prévalu.
La fraternité, au-delà des tensions politiques ? C’est l’image forte du quart de finale de la Coupe arabe qui a opposé le Maroc à l’Algérie, le 11 décembre, à Doha. À la 89e minute du match, le milieu offensif algérien Youcef Belaïli et le défenseur marocain Mohamed Nahiri se sont donné l’accolade.
Le geste a été abondamment partagé et commenté sur les réseaux sociaux, accompagné de commentaires tels que « Belaïli et Nahiri qui se font un câlin à la 89e et vous vous clashez sur Twitter », « la photo qui éclipse tous les messages de haine » ou encore « la vraie victoire est là ».
D’autres photos de supporteurs marocains, algériens et tunisiens brandissant côte à côte leurs drapeaux respectifs dans les tribunes du stade Al Thumama ou à l’aéroport de Doha ont circulé dès la fin du match.
« Le missile Belaïli »
Si sur les réseaux sociaux les messages de fraternité ont prédominé, la une du journal sportif algérien Compétition a été unanimement décriée, celui-ci ayant utilisé un lexique de guerre pour parler du but de Belaïli, une frappe de plus de 40 mètres. « Le missile Belaïli s’abat sur le Maroc », a ainsi titré Compétition le lendemain du derby, qui s’annonçait très tendu en raison de l’animosité entre les dirigeants des deux pays voisins.
La rupture du cessez-le-feu par le Front Polisario, suivie de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël ont ravivé la brouille entre le Maroc et l’Algérie. Les accusations d’Alger à la suite de la mort de trois de ses ressortissants dans le Sahara début novembre ont exacerbé le conflit.
Malgré les messages réciproques de sympathie, la politique n’était pas bien loin. Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a tweeté « Un million et demi de bravos à nos héros », en référence aux martyrs de la guerre d’indépendance (1954-1962).
Le ministère algérien de la Défense a également félicité les Fennecs pour leur victoire, tandis que des joueurs algériens ont fait un tour d’honneur enveloppés dans un drapeau palestinien en signe de soutien à cette cause.
Dès la fin du match, les Algériens sont sortis fêter la victoire à coups de klaxon et de chansons à la gloire de leurs footballeurs. Les principales artères d’Alger n’avaient pas connu une telle ambiance depuis la finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) remportée par la sélection nationale en 2019. Les festivités ont duré jusqu’à une heure avancée de la nuit.
C’EST UNE RENCONTRE SPORTIVE. IL NE FAUT PAS QUE LA POLITIQUE S’EN MÊLE »
Pour les partis d’opposition, la rivalité entre les deux pays ne doit pas dépasser le rectangle vert. « C’était une belle rencontre de joie et d’entente entre les deux peuples. Cela contraste avec les deux pouvoirs qui nous ont habitués aux échanges belliqueux. Encore une fois, c’est l’Afrique du Nord des peuples qui va sauver la région et contribuer à apaiser les relations tendues entre l’Algérie et le Maroc », a déclaré à Jeune Afrique Athmane Mazouz, secrétaire national chargé de la communication du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD).
Pour Habib Brahmia, cadre dirigeant de Jil Jadid, « au-delà du résultat footbalistique, le match a été un moyen d’exprimer des idées et d’échanger des messages de fraternité entre supporters ».
Ramdane Tazibt, membre du bureau politique du Parti des travailleurs (PT), se prononce lui aussi en faveur de l’unité des rangs et refuse que la dynamique de fraternité entre les peuples algérien et marocain soit cassée : « L’Algérie et le Maroc sont liés par la même histoire et un destin commun. Je suis pour l’unité et la solidarité nord-africaine. »
Côté marocain, le ton était tout aussi mesuré. « C’est une rencontre sportive. Il ne faut pas que la politique s’en mêle », a tempéré un supporter marocain dans une vidéo sur YouTube.
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