Mila, je sais que tu es là… ouvre-moi. J’ai un message pour toi.
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Rédigé le 29/06/2021 à 22:22 dans Guerre d'Algérie, Hadjout / Marengo, HIRAK, Lejournal Depersonne | Lien permanent | Commentaires (0)
Des bustes en bronze à l'effigie des chahids Larbi Ben M'idi, Maurice Audin et Krim Belkacem seront installés à Alger le 18 mars, à l'occasion de la fête de la victoire, a indiqué à l'APS le président de l'APC d'Alger centre, Abdelhakim Bettache.
L'installation de ces bustes se veut un hommage à ces "symboles et à leur parcours historique et révolutionnaire, en tant martyrs, politiciens et dirigeants administratifs", a-t-il déclaré, précisant que le buste du Chahid Lardi Ben M'hidi sera érigé à la Rue Larbi Ben M'hidi et ceux de Maurice Audin et de Krim Belkacem au niveau des deux places hyponymes.
D'une hauteur de 1,30 mètres, ces bustes seront scellés sur des socles en marbre de 2,5 mètres sur lesquels seront apposés des plaques commémoratives en langues arabe, amazighe, française et anglaise, a fait savoir le directeur du renouveau et de l'aménagement du territoire à l'APC, Assef Benali.
La réalisation de ces trois bustes, à 493 millions de centimes chacun, s'inscrit dans le cadre du programme d'action de l'APC d'Alger pour l'exercice 2020.
Ces bustes sont réalisés par le sculpteur Fares Mohand Seghir (bien Fares Mohand Seghir), qui a été choisi au terme d'un appel d'offres national supervisé par une commission d'évaluation relevant de la commune et sur la base d'un cahier de charges.
Dans le cadre de la réalisation de ces bustes, la direction des Moudjahidine a été "informée" concernant le format et le profils historiques, ainsi que le Haut commissariat à l'amazighité (HCA) qui a supervisé le texte d'introduction d'accompagnement les plaques commémoratives en langue amazigh, a souligné M.Benali.
L'un des membres fondateurs du parti du Front de libération nationale, Larbi Ben M’hidi (1923-1957) s'est vu confié, pendant la Guerre de libération, le commandement de l'Oranie. A l`issue du congrès, il est élevé au grade de colonel, nommé au Comité de coordination et d`exécution et se voit confier la zone autonome d'Alger pour organiser les premières opérations contre l'occupant français avant son arrestation et son assassinat sous la torture.
De son côté, le jeune militant communiste et enseignant de mathématiques Maurice Audin (1932-1957) était connu pour sa grande croyance en la justesse de la cause algérienne et sa lutte pour la liberté des Algériens.
Le 11 juin 1957, pendant la bataille d'Alger, Maurice Audin, 25 ans, est arrêté par les parachutistes du général Massu devant sa famille, avant d'être torturé. Le jeune assistant à la faculté d'Alger n'en est jamais revenu, et l'armée française a fait disparaître son corps.
En 2018, le président français Emmanuel Macron avait reconnu publiquement et au nom de la République française, ce crime affirmant qu'Audin avait été torturé puis assassiné ou torturé jusqu'à la mort par l'armée française pendant la guerre de libération.
Quant à Krim Belkacem (1922-1970), l'un des dirigeants de la révolution et du FLN, il avait participé au congrès de la Soummam et dirigé la délégation du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) lors des négociations, qui ont abouti aux accords d'Evian en 1962.
La commune d'Alger Centre avait précédemment érigé en 2019 une statue complète du roi Massinissa au niveau du parc Tafourah et quatre autres statues au parc de Port-Saïd (commune de la Casbah) représentant les célèbres acteurs du théâtre algérien, à savoir Kelthoum, de son vrai nom Aicha Adjouri, Mohamed Boudia, Azzedine Medjoubi, et Abdelkader Alloula.
Publié Le : Dimanche, 07 Mars 2021
https://www.aps.dz/regions/118698-des-bustes-en-bronze-de-larbi-ben-m-hidi-maurice-audin-et-krim-belkacem-a-alger
Rédigé le 09/03/2021 à 16:35 dans Alger, Algérie, Culture, Guerre d'Algérie, Hadjout / Marengo, HIRAK | Lien permanent | Commentaires (0)
Une femme exceptionnelle. A L'attention de ceux qui ont fait les EOR à Cherchell... Une femme de mon coin de pays.
Si les la plupart des Moudjahidate et Martyres sont relativement bien connues en Algérie notamment chez les jeune, il n’en demeure pas moins que notre glorieuse guerre de libération nationale a enfanté des hommes et femmes valeureux et téméraires qui ont donné un sens au combat libérateur de notre pays et qui ne sont pas suffisamment connus de notre jeunesse en recherche de repères historiques de bravoure.
Parmi eux et elles nous pouvons citer Lalla Zoulikha Oudai, la lionne et la héroïne de Cherchel que vient de mettre admirablement sous les lumières Kamel BOUCHAMA dans son récent et dernier livre intitulé » Lalla Zoulikha Oudai, la mère des résistants » paru chez Juba Éditions. Cet excellent livre écrit d’une main de maître par un homme de culture, ex Ministre, ex Ambassadeur et homme politique natif de Cherchel est captivant à plus d’un titre !
Il nous conte avec passion l’histoire extraordinaire de cette Moudjahida, Zoulikha Oudai , née à Cherchel d’une famille de révolutionnaires et pétrie par sa tribune Hadjoute connue dans la région pour son combat anticolonialiste ancestral .
Au moment de s’engager dans le combat libérateur au sein du Fln, Zoulikha était mère de famille .Elle donne à l’Aln son aîné Lahbib qui tomba au champ d’honneur. Puis ce fut le tour de son Époux Si El Hadj qui suivra le même chemin de bravoure et être arrêté pour finalement être lâchement exécuté par les soudard de l’armée française.
A la tête d’un important réseau du Fln de la région de Cherchel, elle fut acculée par l’armée française, ce qui la contraint à rejoindre le maquis où elle donna du fil à retodre au lieutenant-colonel Gérard le Cointe ,commandant du secteur militaire de Cherchel. Elle fut finalement après plusieurs mois de traque arrêtée et fut exhibee crucifiee sur auto blindée Half Tradi pour être montrée à la population comme prise importante!
Torturée atrocement pendant 10 jours elle dit ces mots célèbres à ses tortionnaires : »Même si on doit me brûler comme Jeanne d’Arc,je ne parlerais pas « . A la suite de cela,elle fut lâchement assassinée par balles !
Allah Yarham Echouhada!
Cette épopée glorieuse de notre valeureuse Héroïne de Cherchel doit inpirer en bravoure notre belle jeunesse qui est fière de notre combat libérateur inscrit définitivement dans notre ADN !
En ce sens, on doit réaliser des films sur des Héroïnes comme Zoulikha Oudai pour mieux les faire connaître des jeunes!
Je me souviens, lors d’une rencontre l’année passée avec Amel Zen, la Pop Star musicale en vogue actuellement sur le net ,patriote jusqu’au bout des ongles, native elle aussi de Cherchel et dont le grand père est Moudjahid de la région, elle me confiait ,émue que son rêve était d’incarner un jour dans un film le rôle d’une Moudjahida!
Je dirais à Amel Zen qu’elle peut admirablement incarner le rôle de Lalla Zoulikha Oudai avec fierté car elle a dans les yeux le même tempérament de feu que cette valeureuse et téméraire héroïne sacrificielle !
» Lalla Zoulikha Oudai, la mère des résistants » de Kamel BOUCHAMA, Juba Éditions , 2016
https://www.dailymotion.com/video/xf2708
La Femme sans sépulture, c'est Zoulikha, héroïne oubliée de la guerre d'Algérie, montée au maquis au printemps 1957 et portée disparue deux ans plus tard, après son arrestation par l'armée française. Femme exceptionnelle, si vivante dans sa réalité de mère, d'amante, d'amie, d'opposante politique, dans son engagement absolu et douloureux, dans sa démarche de liberté qui scelle sa vie depuis l'enfance et qui ne l'a jamais quittée, sa présence irradiante flotte à jamais au-dessus de Césarée...
Autour de Zoulikha s'animent d'autres figures de l'ombre, paysannes autant que citadines, vivant au quotidien l'engagement, la peur, la tragédie parfois. Véritable chant d'amour contre l'oubli et la haine, de ce passé ressuscité naît une émotion intense, pour ce destin de femme qui garde son énigme, et pour la beauté d'une langue qui excelle à rendre son ombre et sa lumière.
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Assia Djebbar, l'un des noms les plus connus de la littérature algérienne d'expression française dans le monde, est décédée ce vendredi soir dans un hôpital parisien des suites d'une longue maladie. L'annonce a été faite par sa famille alors que des informations contradictoires ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux. Née Fatma-Zohra Imalayène à Cherchell, wilaya de Tipaza, le 30 juin 1936, Assia Djebbar est considérée comme l'un des intellectuels maghrébins les plus influents et les plus traduits ( en 23 langues) et a écrit de nombreux romans, poésies et essais ainsi que des pièces de théâtre. Elle a également deux films, «La Nouba des Femmes du Mont Chenoua» en 1978, long-métrage qui lui vaudra le Prix de la Critique internationale à la Biennale de Venise de 1979 et un court-métrage «La Zerda ou les chants de l'oubli» en 1982. Elle naît dans une famille de petite bourgeoisie traditionnelle algérienne amazighe et passe son enfance à Mouzaïaville (Mitidja), étudie à l'école française puis dans une école coranique privée. À partir de 10 ans, elle étudie au collège de Blida, faute de pouvoir y apprendre l'arabe classique, elle commence à apprendre le grec ancien, le latin et l'anglais. Elle obtient le baccalauréat en 1953 puis entre au lycée Bugeaud d'Alger (actuel lycée Emir Abdelkader). En 1954, elle intègre le lycée Fénelon (Paris) et une année plus tard, elle devient la première algérienne et la première femme musulmane à intégrer l'École normale supérieure de jeunes filles de Sèvres où elle choisit l'étude de l'Histoire. À partir de 1956, elle décide de suivre le mot d'ordre de grève de l'UGEMA, l'Union générale des Étudiants musulmans algériens, et ne passe pas ses examens. C'est à cette occasion qu'elle écrira son premier roman, La Soif. Pour ne pas choquer sa famille, elle adopte un nom de plume, Assia Djebar. Elle épouse l'écrivain Walid Carn, pseudonyme de l'homme de théâtre Ahmed Ould-Rouis. À partir de 1959, elle étudie et enseigne l'histoire moderne et contemporaine du Maghreb à la Faculté des lettres de Rabat. En parallèle, aidée par l'islamologue Louis Massignon, elle monte un projet de thèse sur Lella Manoubia, une sainte matrone de Tunis. Le 1er juillet 1962, elle retourne en Algérie où elle est nommée professeur à l'université d'Alger. Elle est le seul professeur à dispenser des cours d'histoire moderne et contemporaine de l'Algérie. L'enseignement en arabe littéraire est imposé, ce qu'elle refuse et quitte alors l'Algérie. De 1966 à 1975, elle réside le plus souvent en France et séjourne régulièrement en Algérie. Elle épouse en secondes noces Malek Alloula. En 1999 elle soutient sa thèse à l'université Paul-Valéry Montpellier, une thèse autobiographique, sur sa propre oeuvre : Le roman maghrébin francophone, entre les langues et les cultures : Quarante ans d'un parcours : Assia Djebar, 1957-1997. La même année, elle est élue membre de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Depuis 2001, elle enseigne au département d'études françaises de l'université de New York. Le 16 juin 2005, elle est élue au fauteuil de l'Académie française, succédant à Georges Vedel, et y est reçue le 22 juin 2005. Elle est docteur honoris causa des universités de Vienne (Autriche), de Concordia (Montréal), d'Osnabrück (Allemagne). Auteur de plus d'une quinzaine d'œuvres entre romans, essais, recueil de poésie ou de nouvelles, elle a reçu plusieurs distinctions et prix littéraires comme le Prix Maurice Maeterlinck (Bruxelles), en 1995, l'International Literary Neustadt Prize (États-Unis), une année plus tard, le Prix Marguerite Yourcenar (Boston) en 1997 ou encore le Prix international Pablo Neruda (Italie) en 2005. Assia Djebbar reste aussi la seule algérienne à avoir été proche d'un Prix Nobel de littérature qui ne lui a jamais été octroyé bien qu'elle ait été à plusieurs fois nominée.
Moncef Wafi
Rédigé le 27/02/2020 à 13:07 dans Guerre d'Algérie, Hadjout / Marengo | Lien permanent | Commentaires (1)
Quand Chenoua porte le chapeau, il pleuvra bientôt sur Marengo», a-t-on l’habitude de dire lorsque les nuages s’amoncellent sur les cimes du mont. Mais en ce riant vendredi automnal, il fait beau et chaud en ces contrées verdoyantes. Il n’y a donc pas de crainte. Occasion propice pour rendre visite à Benaïcha, 103 ans, et qui semble bien les porter. Kerfa Benaïcha, ancien cycliste, réparateur de cycles connu dans la région, militant de la cause nationale, témoin de son siècle, nous conte les étapes de son parcours cabossé.
L’homme semble être fait dans une étoffe qui n’existe plus. Courtoisie chaleureuse, voix parfois étouffée, une volonté manifeste de dire plus, stoppée par des pertes de mémoire récurrentes. On sent qu’il a beaucoup de choses à raconter, mais parfois il parle avec les yeux et on capte au vol sa pensée. Le parcours si long est, comme de bien entendu, avec des reliefs.
Né le 17 février 1912 à Bourkika, à quelques encablures de Marengo où il s’est établi depuis belle lurette, Benaïcha a gardé de son père, Ahmed, responsable agricole, son attachement viscéral à la terre, aux racines et à Marengo.
D’abord, pourquoi cette appellation ? Sans doute en référence à la bataille éponyme. Napoléon avait donné le surnom de Marengo à un colonel qui avait fait la campagne d’Algérie. C’est le service militaire, effectué à Tébessa en 1928, qui a ouvert les yeux de Benaïcha sur l’insoutenable condition «des indigènes». «J’avais compris qu’on pouvait être autre chose qu’au strict service des colons.» Cette révolte est au diapason d’une violente remise en cause de l’ordre établi, vitupéré, vilipendé et enfin combattu, ce qui valut à Benaïcha d’être emprisonné à plusieurs reprises.
La fureur et l’horreur
Les militaires Bugeaud, Saint-Arnaud et Rovigo qui se prévalaient de la «pacification» n’ont-ils pas adopté la politique de la terre brûlée en Algérie ? «La guerre que nous allons faire n’est pas une guerre à coups de fusil, c’est en enlevant aux Arabes les ressources que le sol leur procure que nous pouvons en finir avec eux». S’adressant à ses soldats, Bugeaud les exhorte à aller couper du blé et de l’orge. Ainsi, l’Algérie est ravagée, les villes et les récoltes détruites. Ce qui fait écrire à la presse de l’époque : «Ils ne brûlèrent pas le pays en cachette et ne menacèrent pas les ennemis en faisant des tirades humanitaires». «La colonisation, c’est le vol, c’est le pillage, c’est le meurtre. Ce sont des crimes commis contre de paisibles populations pour le profit d’une poignée avide de gains», écrivait la presse progressiste.
Telle était la sentence des observateurs neutres. Souvenirs amers qui révulsent Benaïcha. «Ici, à Hadjout et ses environs, toutes les bonnes terres ont été accaparées par les colons qui y ont créé des domaines impressionnants», confie-t-il, en soulignant que Borgeaud s’était offert des milliers d’hectares à la sortie de Marengo pour en faire des vignobles notoirement appréciés. Les jeunes Algériens, en sous-hommes y travaillaient pour gagner leur vie. «Moi, j’ai commencé au milieu des années vingt à 300 douros». Benaïcha sait que «le premier centre de colonisation dans la région, Boufarik eu l’occurrence, fut décimé pendant plusieurs années par la malaria. Les décès atteignaient le tiers de la population», lui avait raconté son père Ahmed.
«Ici, les colons sont plus nombreux que dans l’autre partie de l’Algérie, car pour des raisons à la fois historiques et géographiques, ils se sont concentrés dans les riches plaines dont celle de la Mitidja où ils possédaient la majorité des terres». Ses enfants vous le diront : derrière ses airs bourrus, ses coups de gueule, leur père est un tendre, un géant aux pieds d’argile.
Jeune et grâce à des amis, Benaïcha a été frappé par la passion du vélo. Il se consacrera au cyclisme dont il en deviendra un champion.
«Il en était tellement épris qu’il en fera sa raison de vivre», témoigne son fils Hamid. En effet, notre homme ouvrira à Hadjout un magasin de vente de cycles et de réparation de vélos et de motos, réputé dans toute la région.
Zaâf, le casseur de baraque, et Kebaïli, le champion discret, étaient des habitués de son échoppe qui ne désemplissait pas. Sportif accompli,
Benaïcha nous raconte avec un humour exquis les duels épiques qui opposaient l’USM Marengo à l’O Marengo, «toujours des bagarres», car au-delà du football, les Algériens voulaient à travers le club musulman affirmer leur identité et se démarquer de l’occupant, dont l’Olympique était le porte-flambeau. Benaïcha a compris très tôt que l’école et le savoir pouvaient aider à supplanter la misère. L’instruction est la seule arme contre la colonisation, répétait cet homme dont la qualité première était de savoir d’où il venait. Il s’est démené pour instruire ses enfants dont des filles qui ont obtenu de hauts diplômes de l’université. Pour un père qui ne savait ni lire ni écrire, cela méritait d’être souligné, relève son fils, le Dr Maâmar Kerfa.
Une vie, un combat
Au déclenchement de la guerre, Benaïcha, qui était messaliste puis communiste, a intégré le réseau de Marengo pour la collecte d’argent et d’armement, aidé par son épouse qui est citée en exemple dans le quartier et plus largement dans la ville.
De par son emplacement, Marengo a été un lieu stratégique pour la résistance, dont les chefs, ici, ont été d’une bravoure remarquable, à l’instar de la tribu de Menaceur, des Hadjoutes et pendant la lutte armée d’hommes valeureux comme les Saâdoune, Ould El Houcine Cherif, Fekaïr, dont la famille a contribué avec Benaïcha à l’ouverture de la médersa de Hadjout qui a été plus qu’une école, mais dont l’état délabré aujourd’hui chagrine Maâmar, désolé et révolté à la fois. «Marengo, confie Benaïcha, a été construite en 1848 sur ordre de Napoléon III».
La ville s’est distinguée par ses jardins, ses larges avenues et son architecture exceptionnelle. Qui dit Marengo, dit vignoble, caroube, agrumes. «Aujourd’hui, regrette notre interlocuteur, la ville offre un visage hideux avec des constructions anarchiques». On bâtit en hauteur, défiant les lois, sans que l’autorité intervienne. De plus et à l’instar des autres villes, Marengo plonge dans la monotonie et la morosité.
Sous le marché, il y avait le bal du samedi et à la grande placette il y avait le kiosque à musique. Il y avait un jardin botanique avec des arbres centenaires qui faisaient la fierté des habitants, dont la demeure était toujours accompagnée d’un jardin. «Plus maintenant puisque le béton a tout mangé», tempête Benaïcha.
La terre et le béton
Parmi les cocasseries, Benaïcha raconte : «Vers les années 1958, la mairie de Marengo organisa un couscous de l’amitié et donc invita la population. La consigne du FLN était stricte : ne pas y participer. Vers 12h, tout le peuple de Marengo est subitement absent de la ville et donna l’impression de vaquer à ses occupations, mais vers 14h commença un autre scénario : des vomissements et des diarrhées de certains partout dans la ville. Le masque était tombé. Ils signèrent ainsi leur présence parmi les goumis et autre supplétifs».
Un autre fait insolite interpelle notre interlocuteur. En 1981, les anciens de la région revinrent visiter leur lieu de naissance ; ces pied-noirs furent bien reçus à Hadjout. Ils rencontrèrent leurs amis de classe et discutèrent en arabe dialectal de la ville ; ce furent des moments très émouvants. «On a tout laissé sur place, mais tout est figé : aucune amélioration», dira Philippe, mais Omar répliqua sèchement : «Vous avez tout pris». Philippe agrippa Omar et lui dit : «T’as raison mon frère, on a pris une seule chose, M. Korssi, (le garde champêtre), qui pénalisait fermement toute incivilité». On aura compris : les pieds-noirs faisaient allusion à la saleté ambiante… Même constat de Belhani Mahrez, ami de la famille Kerfa et illustre gardien de but de Marengo des années soixante, fervent défenseur de la ville.
Mahrez, qui avait été sélectionné en équipe nationale au lendemain de l’indépendance, rappelle les heures de gloire de l’USMM qui n’était pas aussi agressive que le laisse entendre une opinion malveillante. «On jouait un foot académique, et même les ténors de l’époque comme le CRB laissaient des plumes à Hadjout. Mais c’était une autre époque comparée à celle que nous vivons, où le foot est devenu un négoce, otage de l’argent…». Autre époque, autres mœurs, puisque les vrais valeurs ont disparu pour laisser place à l’individualisme et… «après moi le déluge».
Mme Annie Steiner, moudjahida, se dit «impressionnée par la longévité de Benaïcha, mais pas étonnée dès lors que les gens comme lui qui ont une hygiène de vie et vivent dans un environnement sain n’ont que rarement des ennuis de santé». La vieille combattante témoigne : «Je suis née à Hadjout, dans une école maternelle où ma mère avait un logement de fonction. J’en suis partie très jeune, mais je suis une Hadjoutiya. J’ai revu, avec émotion, l’école maternelle où enseignait ma mère, elle est restée telle qu’elle était et est devenue une école primaire. J’ai retrouvé la porte de l’appartement où je suis née et qui donnait sur la cour intérieure de l’école. J’ai retrouvé près de l’école l’hôpital où exerçait mon père ; il est né à Tipasa et son père à Teniet El Had. Les Hadjoutis m’ont accueillie simplement et c’était très émouvant. Ils m’ont montré le registre d’état civil qui mentionnait ma naissance : superbe écriture ! Et ils sont venus avec le président de l’APC (le maire) à la salle Ibn Khaldoun où on présentait un documentaire me concernant. Dès 1830, la tribu des Hadjoutes (ont dit aussi Hadjoutiyine) avec une autre tribu, les Menaceur, ont protégé la Mitidja, cette bonne terre agricole que convoitait l’occupant. C’étaient de superbes cavaliers qui, avec leurs chevaux très rapides et leur sens de la guérilla ont tenu de 1830 à 1848 : 18 ans de combats ! D’autres tribus ont dû faire de même. Au bout de 18 ans, ils ont tous été massacrés. On ne résiste pas aux canons. Il y a eu, paraît-il, un seul survivant, mais je crois que c’était ‘‘le survivant pour l’honneur’’», résume Annie.
Depuis des années, Benaïcha continue, à 103 ans, d’être un spectateur d’une époque qui a changé de fond en comble, qui a chamboulé nos habitudes en nous offrant un confort factice. Avant, un rien nous suffisait, aujourd’hui le tout n’arrive pas à satisfaire nos attentes. On voit bien que le vieil homme, bien dans sa peau, vient d’un siècle qui a réservé à sa génération des moments heureux et d’autres plus graves, mais qui ont engendré plus de colère que d’amertume. «Il y a quelques années seulement, on n’était pas soumis à de telles pressions, à de telles violences». Benaïcha, qui connut la faim, la souffrances, les humiliations de ceux qui ne furent ni des héros ni des traîtres n’éprouve pas les aigreurs de la nostalgie. Bien plus, il participe avec espoir à une vaste opération de démolition de l’hypocrisie.
Marengo reste le fief de gens illustres qui ont brillé dans leurs domaines respectifs. Comme le professeur Ahmed Brahimi, éminent nutritionniste mondialement connu, qui nous a confié sa fierté d’appartenir à cette contrée qui l’a vu naître, berceau de tant de générations qui y gardent des attaches profondes. Biskri Djillali, bédéiste, auteur, cinéaste et chercheur se dit «imbriqué dans sa ville de toujours». Le regretté Tidafi, père des enfants abandonnés, les frères Meklati, le journaliste El Hadj Tahar Ali, le grand photographe Ali Marok, le Dr Bekkat Berkani Mohamed, descendant des valeureux lieutenants de l’Emir Abdelkader, les footballeurs Maroc, Hamadouche, Mahrez, Messaoudi, Touta qui fut un brillant cycliste avant de devenir un goal de talent, Guendouzi, et plus récemment Madjid Bouguerra, capitaine de l’équipe nationale. Autant d’icônes de la ville qui ne donne nullement l’impression de sortir de sa torpeur et de son spleen… Elle somnole comme la plupart de nos villes.
Né le 17 février 1912 à Bourkika, Benaïcha est issu d’une famille attachée à la terre. Son père Ahmed était dans l’agriculture des riches terres de la Mitidja. Benaïcha y travailla quelque temps avant d’embrasser une carrière dévolue au vélo. Ainsi, après avoir été champion de la petite reine, il en devint son mécanicien avant de s’occuper de la réparation des cycles et des motocycles. Son échoppe à Hadjout est connue de tous les initiés. Militant de la cause nationale, Benaïcha, à 103 ans, garde toute sa lucidité malgré une mémoire défaillante. Sa fierté : ses enfants qui ont tous fait des études universitaires. Il vit à Hadjout entouré de l’affection des siens.
Rédigé le 20/11/2014 à 12:47 dans Guerre d'Algérie, Hadjout / Marengo | Lien permanent | Commentaires (2)
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L’association Cercle âge d’or de Hadjout, présidée par le toujours jeune Khelil Lahcène, avait donné rendez-vous aux quinquagénaires et plus de l’ex-Marengo, au niveau de la placette centrale, superbement aménagée par le défunt président de l’APC, Daoud Amar, afin de célébrer, à leur manière, la Journée mondiale des personnes âgées.
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Pas moins de 64 participants se sont inscrits au concours de pétanque. Les 4 boulodromes étaient déjà envahis par «les athlètes». Zernini Mohamed (82 ans) a préféré observer ses copains avant de s’engager dans la course. Fezari Mouloud (82 ans) n’a pas attendu pour rejoindre son adversaire du jour sur le boulodrome.Les membres de l’association Cercle âge d’or dispatchaient les «seniors» sur les 4 boulodromes, afin d’activer les rencontres éliminatoires. Khelil Lahcène prépare déjà un pique-nique pour les femmes âgées, adhérentes à son association, au courant de ce mois d’octobre dans l’une des forêts de Hadjout, avant d’accompagner les retraités hommes à la station thermale de Khenchela et les vieilles dames à la station thermale de Hammam Melouane.
«Un plan de charge» initié par l’association Cercle âge d’or, qui
renforcera les liens entre les personnes âgées de la ville de Hadjout.
Louable initiative qui mérite de se développer dans les autres localités
de la wilaya de Tipasa, qui manquent de
meneurs.
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Rédigé le 06/10/2012 à 14:32 dans Hadjout / Marengo | Lien permanent | Commentaires (0)
Invitée pour se produire lors de la 2e soirée de la 13e édition des Journées de musique andalouse de Tipasa qui a eu lieu à Cherchell, du 29 au 31 juillet, l’association musicale Slimania de Hadjout aura révélé tout le bien que l’on pensait de sa brochette d’artistes en herbe (élèves, ndlr).
Cette association, créée en 2009, surmonte les difficultés pour perpétuer cet art musical et y semer l’amour de cette musique dans cette partie de l’extrême ouest de la Mitidja. Bien entendu, il est inutile de rappeler dans quelles conditions ont évolué les associations lors de cette manifestation sur une scène maladroitement décorée et une sonorisation qui avait irrité les mélomanes courageux qui ont assisté aux spectacles. La troupe Slimania de Hadjout, dirigée par le Pr et jeune talentueux musicologue, Titouamane Mohamed, a présenté une nouba, avec des élèves habillés de tenues traditionnelles magnifiques. Cette association culturelle, selon son président, Khaled Rahmouni, est encouragée par les directions de la culture et celle de la direction de la jeunesse et des sports de la wilaya de Tipasa, mais également par le président de l’APC et le chef de daïra de Hadjout.
Encore méconnue, cette jeune association musicale qui s’est lancée dans cette aventure ne s’est pas produite hors de la wilaya de Tipasa. Khaled Rahmouni est en quête de sponsors pour l’acquisition d’instruments de musique afin de créer une 3e classe. «L’effectif de nos élèves est composé à 70% d’universitaires et de 30% du cycle secondaire. Nous sommes rigoureux sur la discipline et l’assiduité pour nous améliorer, mais nous tenons compte des remarques et des encouragements de nos maîtres quand ils assistent à nos soirées», nous dit-il fièrement. L’association Slimania a organisé une soirée de sensibilisation et d’information sur la pouponnière de Hadjout,lors du Ramadhan dernier.
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Rédigé le 05/09/2012 à 21:09 dans Hadjout / Marengo | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 06/07/2012 à 08:15 dans Hadjout / Marengo | Lien permanent | Commentaires (1)
CARACTÈRE PARTICULIER. — GRACE ET SPLENDEUR.—
LE CHARDON GÉANT.
Ce voyage matinal comptera parmi les plus
beaux et les plus délicieux dans la vie d'un touriste
qui pourtant connaît Interlacken, Ischia, le
lac Majeur, la Conque d'Or de Palerme. Il était
environ sept heures. Pas un nuage au ciel, pas
un souffle dans l'air. Des brumes opalines estompaient
les lointains, accentuaient les plans, et chaque
objet, frappé par les rayons encore obliques
du soleil, projetait sur le sol brillant de grandes
et profondes ombres.
On sort de Marengo par l'avenue de l'ouest,
sous le dôme touffu des platanes qui la bordent ;
on passe, sur un pont, le lit tortueux du Meurad,
et, moins d'un kilomètre après, tournant brusquement
à droite, on prend la direction du nord.
Une briqueterie, des récoltes en meule occupent
d'abord le regard, et bientôt on entre dans la forêt.
La forêt de Marengo (Sidi-Sliman) est fameuse.
On la cite au loin comme une merveille. Il ne
faudrait pas, néanmoins, prendre cet éloge à la
lettre. On ne trouvera certes là ni les chênes du
Bas-Bréau, larges comme des citadelles, ni les
pins de Vizzavona, hauts comme des cathédrales.
Mais la subite apparition d'un bois vrai, d'un
bois sérieux, après tant de palmiers nains, de
lentisques, de chardons, étonne, enchante, ravit,
et l'on s'imagine aisément n'avoir jamais rien vu
de plus beau.
Il faut ajouter, toutefois, que ni le Bas-Bréau
ni Vizzavona ne sauraient offrir certains caractères
originaux, très curieux, très pittoresques, et
particuliers à nos forêts africaines. Ici, toutes sortes
d'essences mêlées, serrées, enchevêtrées, l'orme
et le chêne vert grandissant côte à côte, le
tremble et le laurier confondant leurs rameaux.
Et puis des parties de forêt, les plus nombreuses,
demeurées vierges encore de toute exploitation :
broussailles impénétrables avec leurs troncs noyés
dans la verdure, leurs branches enguirlandées de
lianes et leurs cimes pliant sous le poids des flores
parasites.
Les sections cultivées ne sont pas moins étranges.
J'ai noté des sous-bois d'un effet tout inat—
tendu, les troncs de tant d'espèces d'arbres présentant
une infinie variété de formes, de grosseurs,
de teintes, d'attitudes. Beaucoup gardent encore,
enroulés autour d'eux mais flétris et jaunis, les
lierres qui les étreignaient et dont le bûcheron a,
par un coup de serpe, brusquement tari la sève.
Quelques années de plus et la victoire demeurait
au reptile. Nombre d'arbres, en effet, portent les
traces de la lutte sourde, lente, mais implacable,
qu'ils ont si longtemps soutenue. Ce ne sont que
troncs sillonnés, branches contortées, cimes découronnées
de leur feuillage, et des futaies de
hauteur médiocre, jeunes encore peut-être, offrent
déjà l'aspect de la décrépitude.
La route traverse la forêt en ligne droite. Des
ormes ça et là, des charmes, des tamarins se penchent
au-dessus, profilant leur verte silhouette
sur les fonds bleus du Chenoua qui bordent la
perspective. Des oiseaux, par instants, vous croisent,
rapides, poussant un cri. C'est non moins
riant que splendide. On a pour premier plan, de
chaque côté, des chardons hauts de plusieurs mètres,
carduus giganteus, variété propre à l'Algérie.
Ils étaient secs alors, d'un ton gris uniforme, et,
comme j'en parlais fort peu respectueusement, mon
automédon, qui voulut bien mainte fois joindre à
ses fonctions professionnelles le rôle officieux de
cicérone, m'apprit que ces cinarées trouvaient
leur utile emploi, que les indigènes les appelaient
« roseaux des broussailles » et en tiraient des lattes
pour leurs gourbis. Mais là ne devait pas,
ajouta-t-il, se concentrer mon attention ; déjà
commençaient à paraître les vestiges du grand
aqueduc qui, du temps des Romains, alimentait
Tipasa.
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La famille Canto à la source de la forêt de Sidi Slimane.
Avec l'autorisation du fils Claude.
Rédigé le 16/05/2012 à 17:55 dans Hadjout / Marengo | Lien permanent | Commentaires (1)
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Rédigé le 29/04/2012 à 08:24 dans Hadjout / Marengo | Lien permanent | Commentaires (4)
Les anciens de Marengo se sont retrouvés au détour d’une réception, où la nostalgie tenait la vedette.
L’association «Age d’or» de Hadjout, présidée par Khelil Lahcen El Berkani, a réussi à réunir les personnes âgées de plus de 90 ans autour d’un simple et copieux déjeuner, au restaurant communal du stade de football de l’ex-Marengo, dimanche dernier. Les membres de l’association, aidés par quelques bienfaiteurs, l’APC de Hadjout et la section locale de l’ADS (Association du développement social) avaient préparé un délicieux menu, fortement apprécié par «les hôtes nonagénaires» à l’occasion de la célébration du nouvel an 1433 de l’Hégire.
De simples cadeaux très symboliques ont été remis à l’issue du repas à ces hommes marqués par le poids des années d’une vie dure. Ils avaient participé à la Seconde Guerre mondiale, et certains étaient naturellement actifs durant la guerre de Libération nationale.Certains nonagénaires avaient vécu dans les prisons nazies pendant la guerre 1939/45 contre l’armée d’Hitler et aussi souffert dans les geôles de l’armée coloniale française de 1954 à 1962. Le légendaire Karafa Benaïcha, âgé de 1194 mois, qui avait marqué une partie du passé historique de Hadjout, bavardait à voix basse avec son voisin Amir Ahmed qui avait déjà bouclé ses 99 printemps depuis quelques mois. La discussion entre les deux voisins est interrompue par l’arrivée très lente d’un autre nonagénaire, il s’agit en l’occurrence du dénommé EL MEDJDOUB Abdelkader.
«Ah ! Tu es là toi, lui déclare Karafa Benaïcha. Je ne t’avais pas vu, ajoute-t-il. Rappelle-moi ton âge», lui demande-t-il.
«Vous savez hadj, je me souviens de vous et de votre bicyclette. Vous nous avez beaucoup aidés, lui répond-il. Je viens de fêter mes 93 ans depuis peu de temps», lui rétorque-t-il. Karafa Benaïcha hoche la tête et lui adresse quelques mots : «Tu as encore de longues années devant toi, enchaîne-t-il. Sois un peu courageux et patient, même si tu as des difficultés pour marcher, les 100 ans ne sont pas loin», conclut-il. Un éclat de rire de l’assistance qui a rendu joyeuse cette furtive rencontre conviviale et intime.
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Rédigé le 29/11/2011 à 09:17 dans Hadjout / Marengo | Lien permanent | Commentaires (20)
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