Bernard Hureau (à gauche) en opération.
© (Photo Bernard Hureau)
Bernard Hureau, président de la Fnaca de Vineuil- Mont-Bracieux, a servi en Algérie de janvier à septembre 1960. Suite de son journal de bord après les deux premiers épisodes parus dans la NR les dimanches 24 et 31 juillet.
En juin 1960, son régiment est affecté dans le sud aux portes du désert, à la garde du barrage électrifié entre Algérie et Maroc. Il garde un souvenir pénible de l’ennui. La chaleur est suffocante, les baraquements sont couverts de tôle, il faut parfois se fâcher pour être ravitaillé en eau. Et il ne se passe rien, il n’y a rien à faire de la journée. La ville la plus proche est à 30 kilomètres.
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Le courrier est un moment attendu et important. Les lettres de la famille, de la fiancée, permettent un moment d’évasion, mais peuvent aussi donner le cafard. Un jour, un scorpion se promène dans la chambre. On le fait sortir et l’adjudant tire dessus au pistolet, ça distrait un peu…
Il a perdu 10 kg en trois moisL’ennui et l’inconfort minaient les hommes et les rendaient irascibles. « Les postes isolés étaient mal vus du PC. Râleurs, bagarreurs, mal rasés souvent, on nous craignait un peu et on ne nous aimait pas », raconte Bernard Hureau. L’ennui, la peur, l’isolement agissent sur le moral des hommes.
Un jour, il assiste à une scène. « Un gars a pété les plombs, dit-il. Au milieu de la cour, son PM à la main, il hurlait qu’il voulait en descendre un. Personne ne bougeait, c’est l’aspirant qui s’est avancé et lui a balancé une énorme baffe. Le gars est rentré, secoué par une crise de larmes, il s’est couché. »
Bernard Hureau aura particulièrement souffert de sa dernière affectation aux portes du désert. En juillet, il réalise qu’il entame sa troisième année dans l’armée et n’en voit pas la fin. Il pèse 56 kg, il a perdu 10 kg en trois mois. Il finira par tomber malade en août : fièvre à plus de 40°C avec délire et cauchemars.
Il a froid, il a chaud, il claque des dents. Il sera hospitalisé à Aïn-Sefra, puis rapatrié en France. Il revient au Mans le 19 septembre où il retrouve les siens. L’Algérie, c’est fini puisqu’à la fin de sa permission, il ne lui restera que quinze jours à faire. C’est à Saumur qu’il termine son service militaire après deux ans quatre mois et cinq jours.
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