La saison de l’été en Algérie est connue pour ses grosses chaleurs donc un besoin de se rafraichir, rien de mieux pour ça que de faire un bon plongeant dans l’eau de mer rafraîchissante. L’Algérie est un pays connu pour sa richesse de littoral, en effet, notre pays compte plus de 1200 kilomètres de cote. D’est en ouest en passant par le centre, les wilayas du littoral algérien jouissent de plages plus belles les unes que les autres.
Une ombre peut parfois noircir ce beau tableau, c’est le fait que les femmes ne puissent pas profiter pleinement de cela. En effet, le comportement de certains hommes qui avec leur comportement ou parole déplacé peuvent transformer un moment agréable en bord de mer en un moment d’angoisse et de stress.
Sur les réseaux sociaux on lit souvent des post dans lesquels les femmes se plaignent des comportement des hommes vis à vis d’elles dans les plages. Ces dernières se font embêtées, insultées voire même agressées dans certains cas.
Une décision bien accueillie par les habitantes de Bologhine
C’est pour faire face à cela, que des habitants du quartier populaire de Bologhine, ont eu l’idée de consacrer une journée aux femmes. La plage Eden à Bologhine est réservée aux femmes uniquement, tous les mardis de huit heures du matin à midi, avec l’approbation des autorités.
Les réactions des femmes de ce quartier ne sont pas faites attendre, et ce que l’on peut dire c’est que cela a été bien accueilli par les habitantes de ce quartier.
L’une des femmes qui témoigne sur Echourouk a fait l’éloge des habitants du quartier de Bab El Ouedd qui ont participé à l’initiative de leur attribuer la plage afin que les femmes puissent nager
La publicité d’attraction énoncée par HEC Montréal est condamnable à plus d’un titre. Elle cible une catégorie de personnes, notamment des femmes venant d’Algérie, mais spécifiquement celles qui sont voilées, comme si les autres n’ont pas le droit de se porter candidates à cette offre. Pourtant, cette institution de formation semble vouloir favoriser un accès universel.
Ce qui est absolument condamnable de la part de HEC, c’est l’ignorance abyssale de cette institution qui se veut ou se dit scientifique en arborant une femme voilée dans une publicité destinée à attirer des étudiantes et des étudiants algériens.
Or, l’Algérie a une histoire sanglante avec le voile islamique et islamiste et non musulman, faut-il le rappeler.
Des milliers de femmes, de jeunes filles et d’adolescentes ont été aspergées d’acide, kidnappées et violées, tuées, égorgées, éventrées, mutilées de la façon la plus barbare qui soit et c’est ce symbole, dont nous gardons les stigmatesà jamais et qui font partie de nos plus douloureux cauchemars, qui est choisi par HEC Montréal.
Ce choix, non anodin, envoie deux messages, à nous les Algériennes laïques : le premier est la banalisation des crimes commis pour imposer ce symbole dégradant qui n’est point religieux, mais patriarcal, politique, rétrograde et misogyne, et le second un affront aux parents des adolescentes à peine pubères et à toutes ces femmes innocentes arrachées à la vie sous les yeux horrifiés de leurs familles et de leurs proches dont le seul crime, si crime il y avait, était d’arborer leur chevelure tout comme le faisait la petite fille du prophète qui, elle, refusa cette injonction des islamistes il y a de cela 14 siècles.
Cupide Occident
Mes amies et amis d’Algérie ne sont point étonnés de cet Occident cupide en perdition de valeurs humanistes et qui ne sait plus quoi inventer pour maintenir sa suprématie et son hégémonie.
Le souvenir récent de l’abandon des femmes afghanes est encore vif dans nos mémoires.
À vouloir trop étreindre, on finit par étouffer.
Ce que dit HEC Montréal au pouvoir algérien à travers cette publicité décadente est que sa préférence va aux candidates voilées qui prétendent à ce programme.
Et aux Algériens en général : voilez vos filles si vous voulez qu’elles soient acceptées au Québec.
Les pays de la péninsule arabique et l’Iran n’en font pas moins, mais SANS AUCUNE CONDESCENDANCE. Leur misogynie est assumée avec arrogance et relativisée par le communautarisme occidental.
Quelle tristesse pour HEC qui gomme les femmes algériennes qui continuent de lutter pour leur dignité avec courage malgré les vicissitudes.
HEC Montréal choisit un message foncièrement patriarcal et misogyne pour communiquer avec les femmes qui se battent pacifiquement avec dignité pour leur liberté dans ce monde dit arabo-musulman. La nausée me soulève le cœur.
LEILA LESBETFÉMINISTE LAÏQUE, ASSOCIATION QUÉBÉCOISE DES NORD-AFRICAINS POUR LA LAÏCITÉ (AQNAL)
Nacira Zellal est professeure des universités depuis 32 ans, enseignante depuis 48 ans et directrice de la seule entité de recherches en orthophonie en Algérie, dont elle est fondatrice de la chaire, du métier et de la recherche, en termes de neurosciences cognitives. Dans cet entretien, elle répond d'une manière académique et pédagogique à la fois sur le débat autour de l'enseignement de l'anglais et les priorités qui s'imposent dans ce domaine.
L'Expression: Le débat sur l'enseignement de l'anglais est investi par les «néophytes», voire des étrangers du domaine relevant de la pédagogie et des neurosciences. Vous êtes professeure et directrice de la seule entité de recherches en orthophonie en Algérie et spécialiste de l'acquisition chez l'enfant. Quelles sont vos appréhensions par rapport à ce débat de «clercs»? Professeure Nacira Zellal: Deux articles parus le 06/08/2022 m'interpellent: «Entre idéologie, pédagogie et universalité, quelle place de l'anglais dans nos écoles?» L'Expression et «Algérie: un million de livres d'anglais pour les élèves du primaire» Dzair Daily. Dans le premier nous lisons: «L'acquisition d'une langue d'enseignement doit répondre à une seule exigence, la nécessité de s'inscrire dans la modernité scientifique. Le Président a ordonné d'adopter la langue anglaise à partir du cycle primaire, après une étude approfondie menée par des experts et des spécialistes. Il a souligné, à ce propos, la nécessité de réviser les programmes éducatifs en se référant à l'esprit pédagogique qui a permis la formation, depuis l'indépendance, d'une élite dans diverses spécialités». Le langage s'acquiert et la langue s'apprend. La dichotomie saussurienne langage/langue est si vieille! Je voudrais connaître le CV de ces «experts et spécialistes»: sont-ils sortants des neurosciences et de la linguistique cognitives? L'élite d'avant la RES des années 70 n'était pas soumise aux méthodes audiovisuelles de la structure phrastique, illustrée par des images, utilisées pour démutiser l'aphasique comme pré-rééducation à la rééducation par le texte cognitif. Dans le second, nous lisons: «D'après le ministère de l'Éducation, ledit livre contient un programme scolaire solide. Il comprend des leçons adaptées aux élèves âgés de 8 ans suivant leur niveau de connaissances. En veillant à créer une harmonie entre les textes, les images et les illustrations. Cela, afin de bien former l'apprenant à la lecture. Le but de cette initiative est que l'élève acquiert une bonne base de la langue». Or, la langue c'est l'écrit abstrait! Lire ce n'est pas reconnaître des mots illustrés! Comment «harmoniser le texte (de quels auteurs consacrés?) et des images? Les images c'est pour de l'audiovisuel qui est pour l'oral concret! L'enfant peut absorber 100 contes en un jour! Comment l'enfermer dans «le (un seul) manuel»? Le LMD est importé de France, je propose donc d'en importer aussi la base, il suffit d'un click sur les liens réservés aux listes d'oeuvres enseignées au primaire, en France.
L'acquisition du langage chez l'enfant conditionne-t-elle l'apprentissage d'abord ou le recours à l'enseignement de la langue tous azimuts? Le matraquage par la phrase pour aphasiques, par un «manuel», est budgétivore, de par son impression en milliers d'exemplaires; la littérature du livre culturel existe et elle est gratuite d'accès! Il suffit de créer des conventions interscolaires et de prendre des bibliothèques, 200 livres culturels/semaine, de contes, de pièces de théâtre, de poésies, puis de les faire circuler en un roulement, à travers les écoles. Organiser des journées lecture, comme de mon temps à l'école primaire des années 50-60, sera si captivant et motivant pour l'écolier! Et, sur la base de quels critères donc «le niveau de connaissances» de l'enfant de 8 ans est-il déterminé par les «neuropsycholinguistes» du MEN? Son administration utilise-t-elle pour être scientifique, les tests d'acquisition de Borel Maisonny, fondatrice du secteur des troubles d'acquisition (1950)? L'écolier algérien est un universel et s'il souffre d'une dysphasie, il consulte alors, l'orthophoniste! Ainsi, concernant le secteur des neurosciences scolaires, je voudrais que notre président de la République considère l'avis et l'expertise bénévoles mais patriotes, du spécialiste du développement cognitif et de l'acquisition du langage chez l'enfant. L'école est une affaire de pédagogie née de la psychologie et de la linguistique cognitives. La psychologie cognitive a acquis, aux USA, un statut que n'a pas acquis la médecine, celui de «Noble Science», parce que son objet est l'intelligence et que l'économie d'un pays dépend de son intelligence humaine, économique et artificielle.
Vous voulez alerter le président de la République sur l'enjeu de l'enseignement des langues en général et l'anglais en particulier. Pouvez-vous être plus explicite? Ma collègue le Dr Leila Seddiki m'a appelée très alarmée en ces termes: «S'il te plaît, informe Monsieur le président de la République au sujet des neurosciences cognitives que tu crées, conseille-le par tes productions convaincantes et mondialement reconnues; informe-le notamment au sujet de l'éducation scolaire et de la recherche scientifique, qui coulent dans leur belle mort, alors qu'il s'agit du vecteur du développement et de la relance socio-économique d'un pays, ce que la Chine et la Russie ont compris!». Ce qui m'attriste et que j'ai signalé à Monsieur le Président, c'est que son conseiller du secteur a détruit tous mes projets neuroscientifiques lorsqu'il était directeur des enseignements puis secrétaire général, il ne pourra donc pas s'exprimer au sujet de l'éducation scolaire ni au sujet de l'enseignement supérieur, qu'elle prépare! Voici reformulées mes propositions. S'il en tient compte, notre Président gagnera son pari de concrétiser le changement scolaire et universitaire: de 0 à 6 ans, l'enfant joue. Il aime les activités ludiques et satisfaire sa goulue curiosité, qui lui permet de découvrir et de créer le neuf, l'inconnu, l'abstrait. Or, la phase du concret, du connu est acquise à 18 mois, l'écolier n'a donc pas besoin de la réapprendre à l'école, elle l'ennuie, ne le motive point et il échouera. L'école le bloque dans la phrase audiovisuelle, jusqu'à 11-12 ans, c'est donc une régression cognitive forcée. L'école c'est la langue porteuse des apprentissages, premier précepte coranique: «Lis et apprends». Les stades du développement de l'intelligence de 0 à 15 ans, dont le fondateur est Piaget sont universels, ils valent pour l'enfant algérien. À la tranche d'âge de 4 à 8 ans, l'enfant acquiert «le schéma narratif» (il aime le merveilleux du conte et pose beaucoup de questions) et Piaget décrit à ce stade «la fonction hypothético-déductive» et «la pensée logico-mathématique»; il raisonne, il traite cognitivement l'abstrait, pour découvrir et créer, par sa propre expérience du monde, son réel.
En suivant votre approche tellement étayée et approfondie, on comprend que l'éducation scolaire est la matrice de toute formation cognitive chez l'enfant avant l'apprentissage des langues. S'agit-il de la neuropédagogie? L'enfant est prêt à 6 ans à quitter le langage pour accéder aux règles de l'écrit, du texte d'auteurs consacrés «la cohérence et la cohésion», qui font le raisonnement, vecteur de créativité économique et technologique exportable, dans un rapport d'égalité avec les autres pays, pour réduire l'importation, vecteur de corruption. Il faut le mettre en interaction positive et son intelligence se développera, quel que soit son milieu social. Tout est question de neuropédagogie. J'ai eu la chance, pour arabiser l'orthophonie et l'exporter en pays arabo-africains, d'avoir mis à profit mes apprentissages à l'école française et appris la langue arabe au lycée, par la poésie, la pédagogie structurale était jumelée avec la pédagogie cognitive, l'école était donc moins dangereuse, que depuis la RES des années 70... L'introduction de la littérature enfantine dès la première année scolaire donnera à l'enfant algérien, la compétence cognitive de créer l'hypothèse pour déduire ses thèses infinies, innombrables (hatta lellahd). Par son intelligence créative, il construit son intelligence propre, sa personnalité, il ne sera donc plus un assisté et il développera son pays, par ses idées. Donc, quel que soit le signifiant, chinois, français ou anglais, il faut juste remplacer à l'école non plus un signifiant par un autre, mais la phrase structurale de l'échec scolaire, par le prolongement pédagogique de la linguistique cognitive, celle du texte. Les méthodes audiovisuelles, qui sont, à ce jour utilisées dans notre école, produisent le client, l'assisté, le non-productif car dans la phrase concrète, il n'y a rien à traiter. Ainsi, si l'anglais est enseigné par «La fiche structurale du maître», lequel n'est pas un Auteur de Textes, on tombera alors dans la même situation que celle actuellement vécue.
Quelle contribution concrète pourrait apporter la psychologie cognitive dans ce domaine délicat et qui engage l'avenir des générations? J'ai eu la chance de lancer mes études par une licence d'anglais avant de poursuivre en psychologie, puis en sciences du langage et en orthophonie. Ceci me permet de surfer dans les revues et Congrès mondiaux. Introduire très tôt l'anglais à l'école est en théorie, une chose positive. Il faut l'introduire par le texte: la littérature enfantine sert à cela! En outre, la psycholinguistique universelle enseigne le fait que lorsqu'on maîtrise les règles de l'écrit dans une langue, on les transfèrera aisément, dans n'importe quelle autre langue, car elles sont abstraites. Après, ce ne sera plus qu'une question de traduction. L'enfant n'a pas conscience des différences entre les systèmes linguistiques, il répondra à un anglophone en anglais, à un francophone en français... L'implication méthodologique, ici, sera qu'il faut le mettre en interaction avec un maximum de systèmes linguistiques différents, le plus tôt possible; en pays avancé, le sport est en français, les mathématiques en allemand, la géographie en anglais...; sans compter qu'une langue vit et vaut par son signifié: celles de Shakespeare et de Voltaire sont des langues de science, comme le chinois et le russe. Selon ses propos, c'est l'accès à la science, qui est visé par notre président. Il faut donc juste le conseiller en expert du domaine, d'intégrer l'école algérienne, dans la pensée universelleneuroscientifique, en anglais ou autre. Les lieux de stage professionnel du futur cadre socio-économique (Sonatrach,...), les rares compétences scientifiques qui ne se sont pas exilées... sont à dominante linguistique française. Il faut donc aussi concilier anglicisation et tissu socio-économique.
Quel est le défi majeur qui se dresse face aux chercheurs algériens pour pouvoir asseoir une démarche scientifique et pédagogique à même de rompre avec les expériences qui ont montré leurs limites pour ne pas dire qu'elles sont devenues obsolètes? Une langue vaut par ses concepts dits «jargon» philosophique, médical... Il est donc urgent aux chercheurs, de poursuivre les travaux inaugurés et les projets réalisés par l'URNOP, à savoir dictionnairiques-terminologiques, inscrits dans toutes les langues de spécialités, en faisant de l'Intelligence artificielle leur allié. Aucun dictionnaire terminologique anglais/arabe ou français n'existe, alors que nous avons l'ISAT, des dizaines de Départements de traduction et des Centres de recherches de linguistique arabe. Pour conclure, je propose à Monsieur le Président et à ses conseillers, parmi lesquels figurent des hommes de culture et de science, de consulter les moult articles, parus en été 2015, pour y voir que, par un parcours épistémologique connu et reconnu, mon expertise au sujet de la langue au primaire, le dangereux projet de «la derdja scolaire» a pu être bloqué et évité de justesse: il allait davantage détruire l'enseignement linguistique scolaire, par lequel l'écolier apprend au moins que [tchina] à l'oral c'est [burtuq?la] à l'écrit. Ils sont réunis dans mon CV publié dans le site de l'URNOP d'Alger 2, majestueusement, rangé dans son Produit et son Historique biographique, en première position des 12 Unités de recherche du pays, sur site officiel du ministère.
Le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Laïd Rebiga a affirmé, hier à Alger, que la femme algérienne qui occupe "une place prépondérante à tous les échelons, a franchi de grands pas pour s'imposer dans divers domaines".
S'exprimant à la conférence internationale sur "le militantisme de la femme algérienne: de la guerre de libération au processus d'édification", dont l'ouverture a été présidée par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane au Centre international des conférences (CIC) Abdelatif Rahal, M. Rebiga a déclaré que la femme algérienne, après 60 ans d'indépendance, "occupe une place prépondérante à tous les échelons, économique, social, politique, culturel et scientifique".
La femme algérienne a eu "un rôle pionnier et actif aux côtés de l'homme aux différentes étapes décisives de notre histoire", a-t-il soutenu.
Se disant convaincu que la femme algérienne "a joué un rôle axial dans la renaissance des communautés, ancienne et nouvelle, à travers lequel elle a démontré sa capacité d'opérer un changement positif dans ces communautés", le ministre a souligné que "la présence remarquable de la femme dans différents domaines de la vie et sa détermination à soutenir l'homme en étant à ses côtés, sont la preuve qu'elle est un élément essentiel dans le processus du changement de la société".
"Etant un bon exemple d'engagement et d'héroïsme pour la défense des valeurs et des bonnes mœurs dans notre société et un modèle honorable dans le combat et le sacrifice pour la dignité et la souveraineté de la patrie, la femme algérienne a accompagné le processus d'édification post-indépendance et s'est engagée dans divers domaines en tant qu'acteur dans le projet du développement", a-t-il affirmé.
Evoquant les sacrifices de la femme algérienne lors de la révolution de libération, M. Rebiga a salué la présence d'un groupe de moudjahidate dont Djamila Boupacha, qu'il l'a qualifiée de "moudjahida symbole et une source d'inspiration pour le célèbre peintre Picasso et pour toutes les femmes libres dans le monde, qui a côtoyé Djamila Bouhired et de nombreuses moudjahidate et femmes martyres de l'Algérie, à l'instar de Hassiba Ben Bouali, Malika Gaïd, Meriem Bouatoura, Ourida Medad, Zoubida Ould Kablia, Fadila et Meriem Saadane, Chaïb Dzaïr, Zoulikha Adi et autres, étant les symboles de la lutte et icônes de la libération dans le monde".Le ministre des Moudjahidine a tenu à rappeler à cette occasion que le Président Teboune avait "exprimé sa reconnaissance pour le rôle éminent de la femme algérienne et ses nobles missions à travers les différentes étapes de l'histoire de notre pays, une histoire riche en hauts faits et en symboles gravés dans la mémoire nationale".
Pour sa part, la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, Kaouter Krikou, a estimé que la conférence se veut "une reconnaissance du combat et des sacrifices de la femme algérienne, et à travers elle, de toutes les femmes du monde qui ont participé à libération de leurs peuples et à l'édification de leur pays".
"Nous œuvrons à ériger cette conférence en tribune pour la cohésion fraternelle et le rapprochement international, en évoquant la lutte et le combat des femmes à travers le monde", a-t-elle souligné.
L'ambassadrice et secrétaire générale adjointe à la Ligue arabe, Haifa Abu Ghazaleh, a mis en avant le rôle de la femme algérienne, étant "un modèle honorable de lutte de la femme arabe pour la libération de sa patrie qui a participé activement à la révolution de libération".
Par ailleurs, la diplomate a saisi cette occasion pour exprimer l'enthousiasme de la Ligue arabe pour le prochain sommet arabe prévu à Alger, souhaitant que ce sommet soit sanctionné par "l'adoption d'un document important sur la femme arabe qui fera l'office d'un programme de développement au profit de la femme dans la région arabe pour les cinq prochaines années".
A cette occasion, elle s'est dite "confiante quant au soutien de l'Algérie à tout ce qui est de nature à promouvoir la condition de la femme dans le cadre de la réalisation d'un développement durable et global au sens large du terme".
Pour rappel, les travaux de la conférence devront se poursuivre à travers l'organisation de sessions plénières sur "la lutte de la femme arabe: la femme algérienne comme modèle", et les politiques d'autonomisation de la femme dans différents domaines".
Chaque année, des dizaines de milliers de Français d’origine algérienne se rendent dans le pays de leurs aïeux pour passer les congés d’été. Préparer un projet de retour, conserver des liens avec sa famille, profiter de stations balnéaires peu onéreuses… : ces « vacances au bled » prennent des formes et des significations différentes selon les époques et le profil des voyageurs.
Printemps 2022, en région parisienne : Warda et ses sœurs discutent d’un prochain séjour en Algérie. Nées en France dans les années 1960-1970 de parents qui ont immigré dans les années 1950-1960, elles ne sont pas des habituées des « vacances au bled ». Leurs passages dans le pays natal de leurs parents se comptent sur les doigts de la main, même si, via WhatsApp, elles entretiennent des liens complices avec leurs cousines sur place. C’est pour rendre hommage à leur mère, décédée un an auparavant d’une infection liée au Covid-19, qu’elles envisagent aujourd’hui de traverser la Méditerranée. Après soixante années de vie en France, où sont nés ses six enfants et onze petits-enfants, Fatima repose au côté de son mari, mort quelques années plus tôt, dans le cimetière du village d’où tous deux étaient originaires. La crise sanitaire n’a pas permis à Warda et ses sœurs d’accompagner la dépouille de leur mère et d’honorer sa sépulture, avec leurs proches d’Algérie. D’où l’idée de partir cet été. Ou bien à l’automne…
Car, après deux ans de crise sanitaire et de fermeture des frontières, partir en Algérie n’est pas chose facile. Alors que le pays s’ouvre à nouveau, la désorganisation des transports aériens et maritimes engendrée par la pandémie, associée à une gestion depuis longtemps critiquée des entreprises publiques de transport (en particulier d’Air Algérie), fait obstacle à la forte demande pour cette destination. Sur les téléphones portables des Français originaires d’Algérie ou des Algériens de France circulent des vidéos d’interminables files d’attente et de mouvements de panique devant des agences de voyages à Paris et à Marseille.
Dans les années 2010, la police algérienne aux frontières a comptabilisé autour de 700 000 entrées annuelles d’« Algériens résidents à l’étranger », la plupart venant de France — des émigrés mais aussi des descendants d’émigrés qui bénéficient de la nationalité algérienne par « droit du sang », et peuvent voyager avec un passeport algérien. Les enquêtes statistiques nationales évaluent à environ un million de personnes la population d’origine algérienne en France — 400 000 immigrés et 600 000 descendants d’immigrés. Sans que ces données soient superposables, elles offrent un aperçu de l’importance quantitative des vacances au bled. La crise sanitaire a donné un sévère coup d’arrêt à ces voyages : en 2020, seuls 80 000 Algériens résidents à l’étranger ont pu se rendre en Algérie, en 2021 moins de 60 000. En cet été 2022, ils sont nombreux à vouloir rattraper le temps perdu…
Ruée sur les billets
Qui sont ces vacanciers qui se désespèrent de trouver des billets à des prix exorbitants (le prix d’un aller-retour en ce mois de juillet se situe autour de 800 euros, quand les années précédentes il tournait plutôt autour de 400 euros) pour passer leur été en Algérie, une destination pourtant très peu touristique, contrairement au Maroc et à la Tunisie ? On y retrouve toute la diversité de la population d’ascendance algérienne en France, reflet de décennies de circulations entre deux pays étroitement liés par l’histoire de la colonisation et de l’immigration : des enfants d’immigrés ayant toujours vécu en France, aujourd’hui adultes et eux-mêmes parents ; des étudiants algériens partis y faire une thèse ou des médecins « faisant fonction d’interne » dans les hôpitaux français ; des chibanis, ces hommes immigrés âgés qui, pour certains, ont fait toute leur vie en France, loin de leur épouse et de leurs enfants, restés au pays ; des couples formés d’une Française d’origine algérienne et d’un Algérien, qui ont investi dans une résidence secondaire là-bas, pour maintenir le lien avec la famille ; des « jeunes de France », enfants ou petits-enfants d’immigrés algériens, qui ont leurs habitudes en Algérie et ont hâte de retrouver les virées entre copains sur les plages payantes du littoral, mais aussi les repas en famille chez leur grand-mère. Cette ruée sur les billets pour l’Algérie indique que les vacances au bled ne sont pas une pratique révolue, objet de nostalgie, mais qu’elles prennent aujourd’hui d’autres contours et d’autres significations que par le passé (1).
Les vacances au bled sont un miroir grossissant de l’histoire de l’immigration algérienne en France, mais aussi de l’histoire de l’Algérie comme nouvel État indépendant depuis 1962. Si l’émigration algérienne est ancienne, conséquence de la colonisation française depuis 1830, c’est dans les années 1950-1960 que l’économie hexagonale mobilise massivement ceux qui constituent cette main-d’œuvre au statut juridique particulier jusqu’en 1962, pas vraiment étrangers, longtemps sujets français sans être pleinement citoyens. Trois périodes se succèdent dans l’histoire de l’immigration postindépendance. Le sociologue algérien Abdelmalek Sayad a mis en lumière la « double absence (2) » des émigrés-immigrés algériens des années 1970, absents physiquement de leur pays de naissance, et absents symboliquement au sein d’une société française qui pense leur présence comme provisoire. L’« illusion du provisoire » du séjour en France des immigrés est partagée tant par les États français et algérien que par les immigrés eux-mêmes. Mais ce mythe du retour va évoluer dans le temps, en même temps que se transforment les vacances au bled.
À quoi ressemblaient-elles pour la génération d’enfants d’immigrés ayant grandi dans les années 1970 ? Cette période est celle du virage de la politique française d’immigration en réponse à la montée du chômage, avec la fermeture des frontières à l’immigration de travail et les politiques d’« aide au retour ». L’État algérien, de son côté, présente l’émigration comme une conséquence néfaste de la colonisation et encourage ses ressortissants émigrés à revenir en Algérie. Enfin, l’installation encore récente en France des épouses et des enfants amène les familles immigrées à rêver à un retour prochain.
Née en Algérie en 1958, Khalida arrive en France avec sa mère et ses frères et sœurs dix ans plus tard. Son père, manœuvre, y vit déjà depuis une quinzaine d’années. Dans son enfance, les séjours en Algérie sont rares : sa mère s’y rend parfois pour voir ses parents, mais Khalida reste en France garder ses frères et sœurs. Au-delà du coût élevé du voyage pour une famille avec six enfants vivant sur le salaire d’un père ouvrier, c’est aussi le sentiment du provisoire de leur présence en France qui empêche les parents de Khalida d’envisager ces séjours comme des vacances : ce serait une manière de reconnaître leur ancrage durable dans un autre pays, une forme de trahison. Ces voyages sont uniquement consacrés aux retrouvailles familiales : « Il y avait rien d’extraordinaire, avec les parents on sortait pas, il y avait pas de plage, il y avait pas de resto, donc c’était famille, famille, famille ! », se souvient Nassima, la cadette de Khalida. L’idée du retour hante le quotidien de la famille et pèse sur les choix scolaires. « Mes parents avaient dans leur tête qu’on allait retourner en Algérie, parce qu’ils choisissaient les études par rapport à ce qui marchait le mieux là-bas », explique Nassima. Elle est inscrite en certificat d’aptitude professionnelle (CAP) coiffure, Khalida en brevet d’études professionnelles (BEP) secrétariat : au-delà des ambitions des parents, le système scolaire français reste très segmenté et oriente les enfants d’ouvriers immigrés dans les filières professionnelles.
La rareté des vacances en Algérie n’empêche pas Khalida de se projeter vers une vie là-bas. À la fin des années 1970, l’État algérien courtise les jeunes « émigrés » diplômés pour travailler dans les entreprises publiques. Le pays promeut un modèle de développement socialiste qui séduit certains de ces jeunes ayant grandi avec les projets de retour de leurs parents. Vers 20 ans, Khalida part vivre en Algérie, où elle devient secrétaire dans une entreprise d’État, se marie et a ses premiers enfants. Mais, à la fin des années 1980, la situation économique et politique se dégrade et Khalida se réinstalle en France. En définitive, pour les acteurs de ce premier âge des vacances au bled, les projets de retour semblent d’autant plus concrets que les séjours sont rares et espacés.
Les enfants d’immigrés nés dans les années 1970 voient l’amélioration des conditions matérielles de leur vie en France : ils grandissent dans des quartiers d’habitations à loyer modéré (HLM) encore mixtes socialement, après la résorption des grands bidonvilles des années 1960-1970. Le temps de séjour en France des parents s’allonge et ils assument davantage de partir régulièrement en vacances en Algérie, sans toutefois abandonner le projet de retour. L’État algérien a mis en place des aides financières au voyage, imposant à Air Algérie des tarifs préférentiels pour les émigrés et leur famille. Sur place, les conditions d’existence contrastent avec la vie en France : les souvenirs d’enfance sont marqués par l’écart entre la société de consommation à laquelle participent les classes populaires en France et la société algérienne, encore en partie rurale, où l’accès aux biens est restreint. Les séjours balnéaires restent encore rares pendant les vacances algériennes, mais ils ponctuent les récits comme des moments exceptionnels qui ont marqué les souvenirs d’enfance.
Ces « jeunes d’origine immigrée » deviennent plus visibles dans la société française : ils sont progressivement érigés, dans les médias et les discours politiques, comme une catégorie « à problèmes », associée à la délinquance des « cités ». Paradoxalement, ils sont d’autant plus désignés comme un groupe à part qu’ils se fondent dans la société française : ils vivent dans des quartiers d’habitat social relativement mixtes, se font une place dans les filières d’études générales dans un contexte de démocratisation scolaire, accèdent à des emplois qualifiés de professions intermédiaires et de cadres supérieurs, revendiquent par des manifestations leur place dans la société française. Ce constat d’une installation durable en France est partagé par l’État algérien, qui commence à reconnaître la sédentarisation des familles émigrées, en particulier des enfants nés en France. L’année 1983 est à la fois celle de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, et celle d’un accord entre les États algérien et français permettant aux jeunes hommes binationaux de n’effectuer leur service militaire que dans l’un des deux pays.
Né en France en 1968, Jamel est le sixième enfant de sa fratrie, le deuxième à naître sur le sol français. Son père est ouvrier dans le bâtiment en France depuis 1958, mais ce n’est qu’en 1966 que la famille s’installe en région lyonnaise. Dans les premières années, elle ne part pas en Algérie, car un projet de construction là-bas accapare les maigres économies faites sur le salaire du père. À 14 ans, Jamel part en colonie de vacances en Algérie, organisée par l’Amicale des Algériens en Europe, une association qui sert de relais en France à l’État algérien. Ces colonies ont l’ambition d’aider « les jeunes émigrés à connaître leur propre culture », selon les articles parus dans le journal de l’Amicale, et représentent une survivance de l’idéologie étatique du retour au début des années 1980. Les sœurs aînées de Jamel, nées en Algérie, repartent y vivre après avoir obtenu un diplôme du secondaire en France, concrétisant le rêve de retour des parents. L’une devient secrétaire dans une entreprise publique, les autres enseignantes.
Les vacances au bled sont plus fréquentes dans les années 1980 : à l’adolescence, Jamel y part tous les ans. Les cadets de la fratrie ont toujours vécu en France et commencent à y bénéficier de la démocratisation scolaire. Premier bachelier de sa famille, Jamel part faire ses études supérieures en Algérie. Il s’y heurte à un décalage linguistique, avec l’arabisation des cursus universitaires, et à un décalage dans les modes de vie. Il ne reconnaît pas l’Algérie de ses vacances : « Je pensais que ça allait être beaucoup plus simple de s’acclimater à la vie là-bas. Parce que nous, on connaissait l’Algérie par les vacances, on connaissait l’Algérie au mois d’août. Mais on connaissait pas l’Algérie au mois de janvier, février, septembre. C’était totalement différent ! » Si les aînés se sont approprié le rêve de retour de leurs parents, dans un contexte politique et économique encore favorable à la fin des années 1970, pour les cadets nés en France comme Jamel, la situation est bien différente. Paradoxalement, ce deuxième âge des vacances au bled, l’époque où elles deviennent plus régulières, est aussi une période charnière où le retour définitif apparaît de plus en plus improbable.
Pour celles et ceux nés dans les années 1980, l’idée du retour n’est plus qu’une histoire que l’on raconte dans les réunions familiales, un souvenir transmis par les aînés. Elle est battue en brèche par la crise économique et politique qui aboutit à la guerre civile algérienne des années 1990 et par l’enracinement des familles en France, parfois matérialisé par l’accès à la propriété. Mais cet enracinement ne signe pas la fin des vacances en Algérie : le mythe du retour cède peu à peu la place à la pratique des allers-retours.
Le contexte politique à l’égard de l’immigration et des descendants d’immigrés a beaucoup changé, des deux côtés de la Méditerranée. Dans l’Hexagone, l’enjeu n’est plus tant d’encourager le départ des immigrés que de se préoccuper de leur intégration, particulièrement pour les enfants de l’immigration maghrébine présumés de confession musulmane. À partir des années 1980, on s’inquiète de ce qui est perçu comme un décalage culturel entre ces familles et le reste de la société française. La montée progressive du vote Front national atteste un déplacement de la grille de lecture politique de la société : ce n’est plus la lutte des classes qui semble polariser l’électorat, mais l’appréciation de la place des immigrés et de leurs enfants dans la société française. Parallèlement à la diffusion des idées d’extrême droite, un mouvement politique de reconnaissance et de lutte contre les discriminations ethnoraciales s’amplifie dans les années 2000. Dans ce contexte, les séjours en Algérie prennent un autre sens. S’ils n’apparaissent plus comme un prélude à un retour définitif, ils peuvent participer d’un rapport aux origines qui répond à l’expérience des discriminations raciales en France.
Née en 1988, Fayza est la cinquième d’une fratrie de sept enfants, venus au monde entre 1975 et 1997. Elle se sent appartenir à une autre génération que ses sœurs aînées et n’a pas connu la même enfance ni en France ni en Algérie. Ses sœurs ont grandi à l’époque où les vacances algériennes deviennent régulières, et elles restent marquées par l’idée du retour, même si celui-ci est de plus en plus hypothétique. À l’inverse, Fayza grandit au moment où la famille quitte son HLM pour s’installer dans un pavillon, un achat qui, selon sa grande sœur, « scelle le mythe du retour ». Du fait de la guerre civile, ce n’est que vers 12 ans que Fayza commence à partir régulièrement en Algérie. Ses séjours lui offrent une réponse aux assignations ressenties en France, où elle se sent sans cesse renvoyée à « son pays » (« ma tête disait que je venais d’ailleurs »), alors qu’elle le connaît assez peu. Loin des conditions rudimentaires des vacances durant l’enfance de ses sœurs aînées, elle a le souvenir de la confortable maison de ville acquise entre-temps par ses parents sur place, ainsi que des séjours balnéaires pour quelques jours, dans un pays où l’économie de marché et l’offre de loisir se sont développées. Peu de parents repartent vivre en Algérie à la retraite, mais ils ne rompent pas pour autant avec le pays d’origine : ils allongent et multiplient leurs séjours sur l’autre rive de la Méditerranée.
La redécouverte des origines est aussi alimentée par l’évolution du discours de l’État algérien, qui, avec la guerre civile des années 1990, renonce définitivement à promouvoir le retour. Avec l’essor d’une nouvelle émigration, plus qualifiée, l’État ne cherche plus à encourager des réinstallations improbables, mais à maintenir un lien avec ceux qu’il désigne désormais comme « la Communauté nationale à l’étranger », pour les faire participer financièrement au développement du pays. Les premières années de l’ère Bouteflika (1999-2019) coïncident avec un retour à la paix et à une certaine aisance économique. L’augmentation du prix du pétrole remplit les caisses de l’État et lui permet de financer la construction de logements, d’autoroutes, d’universités et d’apaiser les tensions sociales par la redistribution (très partielle) de la rente pétrolière à la population. Cela donne à l’Algérie des années 2000 une image de prospérité qui marque les esprits des vacanciers venus de France (avant le retournement de conjoncture économique et politique qui aboutit aux mobilisations politiques — le Hirak — de la fin des années 2010).
Le lien entre retour au pays et vacances au bled a changé au cours des décennies. Le retour rêvé jusqu’au début des années 1980 laisse la place à un retour de plus en plus mythique, pour finalement se transformer en une succession d’allers-retours, à l’occasion des vacances des descendants d’immigrés ou des séjours plus longs des parents retraités. La disparition de la perspective de réinstallation n’implique pas pour autant la coupure avec le pays de naissance des parents : en 1992, près de 25 % des jeunes nés en France de deux parents nés en Algérie n’y étaient jamais allés ; en 2008, ce n’est le cas que pour 12,5 % d’entre eux, selon des enquêtes de l’Institut national des études démographiques (INED).
Aujourd’hui, les vacances au bled de Khadija, Jamel et Fayza ne se ressemblent pas, car elles reflètent les différences des positions sociales occupées dans la société française et des capitaux disponibles en Algérie.
Une dimension mémorielle et introspective
Khadija économise sur les petits salaires des emplois subalternes qu’elle cumule dans la sécurité et dans une cantine scolaire pour s’offrir un séjour annuel à Mostaganem, dans l’Ouest algérien. Elle aime y revoir ses cousines et amène ses enfants sur les plages de la région. Les faibles revenus accumulés en France lui donnent un statut social plus valorisé en Algérie, où elle a déjà acheté un terrain et commencé à construire une maison, alors qu’elle réside dans un HLM en France, où elle a choisi de faire sa vie et d’élever ses enfants. Mais elle garde un lien étroit avec l’Algérie, par ses relations familiales et parce qu’elle y trouve des occasions pour y être propriétaire et avoir un mode de vie plus confortable.
Jamel est marié avec une femme qui a grandi en Algérie, où elle a une grande partie de sa famille. Le couple a l’habitude de lui rendre visite un été sur deux, quand ils ne partent pas à Sète ou au Cap d’Agde. Les vacances au bled permettent à ses enfants de passer du temps avec leurs grands-parents maternels qu’ils ne voient pas en France. Jamel et son épouse apprécient également la fréquentation des stations balnéaires algéroises, ou du Kiffan Club, grand parc aquatique à l’est d’Alger, pour distraire les enfants. Bac + 4 et fonctionnaire de catégorie B en France, Jamel a épousé une femme diplômée du supérieur en Algérie, aujourd’hui assistante d’éducation en France. Ils ont acheté un appartement en région lyonnaise, si bien que le projet d’achat en Algérie, pour que son épouse ait un pied-à-terre proche de sa famille, reste une perspective lointaine. En plus d’un ancrage résidentiel et professionnel en France au sein des classes moyennes du public, le statut social du couple est proche des classes moyennes supérieures francophones en Algérie, du fait des liens entretenus avec la belle-famille de Jamel, et avec ses sœurs qui y sont enseignantes dans le secondaire.
Fayza, enfin, donne un sens particulier à ses vacances de l’autre côté de la Méditerranée. Poursuivant des études supérieures en France, aspirant à devenir cadre, elle voit ses vacances actuelles en Algérie comme une occasion de s’interroger sur ses « racines ». Elle apprécie de découvrir le pays et de se plonger dans ce qu’elle perçoit comme l’« authenticité » d’un mode de vie campagnard et familial, là où d’autres vacanciers préfèrent la modernité des nouveaux complexes balnéaires. Les descendants d’immigrés qui, comme Fayza, investissent leurs voyages en Algérie d’une dimension mémorielle et introspective cherchent à renouer avec une histoire familiale, même quand les liens concrets sont devenus plus ténus. Alors qu’ils accèdent à des positions sociales plus valorisées en France, Fayza comme d’autres transfuges de classe entendent maintenir une certaine fidélité aux origines, pensées comme indissociablement sociales, familiales et nationales.
En écho à la double absence mise en lumière par Sayad, les vacances au bled sont révélatrices des modalités variées de la double présence des enfants d’immigrés aujourd’hui : une double présence juridique, puisqu’ils sont français par le droit du sol et algériens par le droit du sang ; mais aussi matérielle, quand ils se rendent en Algérie. Elles offrent aux vacanciers la possibilité d’une identification plus positive autour d’une condition commune face aux stigmatisations racistes subies dans la société française. En même temps les séjours algériens mettent aussi en lumière d’autres formes d’assignation. En Algérie, être désigné comme « immigré » par la police aux frontières, les commerçants ou des membres de la famille peut être vécu comme un déni d’appartenance à la communauté nationale. Mais cela peut aussi apparaître comme un signe de distinction, la désignation comme « immigré » conférant le statut social ambivalent de « nouveau riche » — particulièrement dans les espaces de consommation touristique. Dans le complexe balnéaire privé Capritour, situé sur le littoral kabyle à l’est de Bejaïa, deux populations se côtoient. Dans les appartements en location (une semaine dans un F2 coûtait en 2011 environ 450 euros) résident des groupes de jeunes Français d’origine algérienne, qui viennent passer quelques jours hors de la famille et entre jeunes pour s’éclater, bronzer, faire du jet-ski. Ce sont surtout des jeunes de classes populaires françaises dont les goûts en termes de loisirs se distinguent des enfants d’immigrés plus « intellos » qui préfèrent les visites de sites archéologiques ou le temps passé en famille. Dans les villas (dont certaines « VIP ») séjournent des familles algériennes de classes supérieures, dans la mesure où la location d’une semaine revenait à 600 euros quand le salaire mensuel net moyen en Algérie était de 230 euros. Certaines familles sont propriétaires de ces villas de vacances, un investissement qui a pour but de profiter d’un entre-soi élitaire. La cohabitation entre ces deux populations ne va pas de soi, et les discours croisés ne sont pas très amicaux. Les Algériens de classes supérieures ont un discours particulièrement sévère sur les « immigrés » en vacances qu’ils jugent vulgaires et bruyants. Les « immigrés » eux s’étonnent surtout de ces « blédards » qui parlent français : « À Capritour, il y a beaucoup de gens d’Alger qui se font passer pour des immigrés, parce qu’à Alger ils parlent bien français par rapport aux autres villes, ce qui fait qu’ils se font passer pour des immigrés, ils s’habillent comme nous. Je vois pas pourquoi, je vois pas ce qu’on a de plus qu’eux », s’étonne par exemple Soufiane, 18 ans, qui a grandi dans une cité à Vaulx-en-Velin. Derrière ces catégories d’« immigrés » ou de « blédards », ce sont des frontières entre classes sociales qui s’expriment, entre des classes supérieures algériennes qui se sentent mis en danger dans leur respectabilité par ces classes populaires françaises momentanément « surclassées » grâce au différentiel de pouvoir d’achat entre les deux pays.
Repenser l’espace social
Les normes de genre sont également mises en cause. Les femmes descendantes d’immigrés racontent les contraintes qui pèsent sur leurs déplacements lors de leurs séjours sur place : « L’Algérie, j’ai adoré tant qu’on est petits ! On avait des tas de copines, on était tout le temps dehors. Mais une année, ça nous a fait un choc : toutes les copines qu’on avait, on les voyait plus dehors. Et on nous expliquait que maintenant on était grandes et qu’on pouvait pas forcément sortir comme on voulait », se souvient Yasmina, 36 ans. Mais elles vivent ces contraintes différemment selon le type de vacances qu’elles passent : les jeunes filles qui font la fête entre « immigrés » à la plage mettent en place d’autres stratégies (comme fréquenter des complexes payants plutôt que des plages publiques, pour se sentir plus protégées des remarques et regards sexistes) que celles qui valorisent l’immersion dans la famille. Du côté des hommes, ne pas avoir les « bons plans » pour se déplacer, pour trouver une location touristique ou des artisans fiables pour sa maison, dans un pays où une bonne partie de l’activité économique demeure largement informelle, constitue aussi un handicap pour y endosser les rôles masculins légitimes. Amina garde un mauvais souvenir d’un séjour passé avec son mari et ses deux enfants en 2010. Infirmière, elle avait économisé toute l’année, et avait négocié quatre semaines de vacances avec son employeur. Mais sur place, les vacances ne se sont pas passées comme prévu : « J’ai été très déçue par mon mari, je lui avais bien dit : “Attention, on part, mais c’est pas les vacances qu’on a passées il y a trois ans ! J’ai envie qu’on bouge, alors on loue une voiture !” J’ai fait des heures sup pour qu’on puisse payer la location de la voiture. “Renseigne-toi pour les locations”, je lui disais. On était censés louer en bord de mer, c’est pas moi qui vais aller chercher, c’est pas possible en Algérie pour une femme. Il a rien fait. » Habib, son mari, né en France comme elle, n’est pas familier du pays et ne connaît pas les astuces pour trouver un hébergement à la plage ou éviter les embouteillages sur la route du littoral.
À la plage ou dans l’intimité de la maison de famille, dans les relations avec leurs proches ou avec des inconnus, à l’occasion d’un repas de ramadan ou sur un jet-ski, ce sont leurs statuts d’enfants d’ouvriers immigrés, de Franco-Algériens, de femmes et d’hommes issus de l’immigration qui sont réinterrogés. Les vacances au bled invitent à repenser l’espace social par-delà les frontières nationales.
Jennifer Bidet
Maîtresse de conférences en sociologie à l’université Paris Cité. Auteure de Vacances au bled. La double présence des enfants d’immigrés, Raisons d’agir, Paris, 2021.
(1) Cet article repose sur une enquête menée dans le cadre d’un doctorat en sociologie et qui porte sur des femmes et des hommes nés entre 1958 et 1992 de deux immigrés algériens arrivés en France dans les années 1950-1970. Les témoignages ont été rendus anonymes.
(2) Abdelmalek Sayad, La Double Absence. Des illusions de l’émigré aux souffrances de
L'une des grandes réalisations emblématiques de l'Algérie indépendante fut le « Barrage Vert » qui fut lancé, voilà plus d'un siècle en concomitance, à l'époque, souvenez-vous, avec le grand chantier de réhabilitation du périmètre d'El Abadla, à Bechar.
Lancé par Feu Houari Boumediene, le Barrage Vert consistait à réaliser une immense barrière végétale formée d'essences forestières notamment, couvrant une vaste partie des Hauts Plateaux et de l'Atlas Saharien. Il s'agit, en fait d'une ceinture boisée qui devait servir de rempart à l'avancée du désert qui menaçait, à cette époque déjà, d'engloutir plus de sept millions d'hectares, particulièrement les zones steppiques. A l'époque, «l'opinion mondiale n'était pas aussi sensible qu'elle ne l'est aujourd'hui, aux problèmes écologiques et aux questions de dégradation des écosystèmes naturelles. C'est dire à quel point l'Algérie était en avance sur des questions aussi importantes, que celles du dérèglement climatique, de la désertification et du réchauffement planétaires, qui font le «buzz» aujourd'hui (Nordine Grim, 2020».
Aujourd'hui, soixante ans d'indépendance du pays, on ne peut qu'être orgueilleux des pleins acquis enregistrés des décennies durant dont le barrage vert en constitue l'une des facettes de ces réalisations de pleine mesure que les autorités d'aujourd'hui veulent en lui donner une nouvelle dimension. La réhabilitation de cette œuvre emblématique de notre pays leader africain dans la prise de conscience pour lutter contre la désertification, est acte de civilisation culturale et culturelle, à la fois.
Historiquement, prôné comme étant une ceinture verte de plantations forestières et steppiques, le projet fut entamé en 1970, par décision juridique datant du 23 juin 1970 (JO-65) qui stipule la création du premier périmètre de reboisement à Moudjebara dans la wilaya de Djelfa qui fut d'ailleurs la pierre de lancement du barrage vert visant la reconstitution du couvert végétal par des peuplements forestiers et des plantations pastorales.
Ce projet d'envergure qui, à l'époque, avait été confiée aux jeunes du service national, pour sa réalisation avait pour objectif de réaliser une superficie de 3 millions d'hectares s'étendant sur 1.500 km et une largeur de plus de 20 km, il a connu dans la chronologie de son évolution trois grandes étapes essentielles. Il s'agit de :
1. La première étape est de 1970 à 1980 dont les travaux de réalisation se limitaient aux opérations de plantations et d'infrastructures. Cette période était marquée par la monoculture du pin d'Alep surtout. Le taux de réussite était assezmitigés modeste compte tenu des conditions écologiques locales peu favorables et à l'indisponibilité d'études susceptibles de préconiser les techniques et les espèces adaptées à la mise en œuvre du projet.
2. La deuxième phase, de 1981 à 1990, les lacunes ont été progressivement surmontées et des améliorations ont été apportées. Les opérations étaient prises en charge conjointement par les services des forêts et les appelés du service national. La provenance des semences était mieux maîtrisée et les essences de plants ont été diversifiées par l'introduction d'une quinzaine d'espèces locales ou exotiques.
3. La troisième étape, de 1990 à 1993, fut marquée par le désengagement des unités de réalisation de l'armée nationale populaire. Les services des forêts avaient pris le relais et toutes les mesures nécessaires pour poursuivre le programme. Il est toutefois à retenir que «lorsque les militaires lèveront le camp au printemps 1991, ils laisseront un bilan somme toutes très honorable de 280.000 hectares plantés en arbres forestiers et fruitiers.
A leur actif, il y a aussi la création d'un nombre considérable de pépinières d'où on puise aujourd'hui encore, une large gamme d'essences forestières et fruitières. On n'oubliera pas, non plus, toutes les retenues colinéaires qu'ils avaient réalisées pour mettre dans ces zones arides, de l'eau à la disposition des planteurs, ni les centaines de kilomètres de pistes et de tranchées pare-feux, laborieusement réalisées dans ces contrées lointaines et souvent enclavées » ( N. Grim 2020).
Un bilan établi pour le barrage vert, à l'époque a permis la réalisation de plantations forestières sur 121.000 ha, les plantations fruitières sur 3.000 h, pastorales sur 19.828 ha. Il a permis également de faire des fixations de dunes sur 2.465 ha, la réalisation de 42 unités de points d'eau, l'aménagement et l'ouverture de pistes sur 1553 Km (DGF, 2020).
Durant le quinquennat (2010-2014), une période correspondant à la mise en œuvre de la politique de renouveau agricole et rural la priorité fut donnée, au niveau de la zone du barrage vert, aux différentes plantations près de 11.600 ha en forestier, 5.500 ha en fourrager et pastorale et la plantation de plus de 7.100ha en fruitier pour protéger le sol contre l'érosion hydrique et éolienne.
Il y'a eu également la mise en défens de plus de 30.000 ha permettant d'améliorer l'offre fourragère pour satisfaire les besoins du cheptel existant, la réalisation de 330 unités de mobilisation d'eau et 1.900 km d'aménagement et d'ouverture de piste agricoles et rurales et plus de 27.000 unités d'élevage ont été distribuées.
Pour faire face au problème d'ensablement plus de 1.400 ha de dunes ont été fixées et plus de 1.700 ha de plantation de brise vent et d'alignement ont été réalisées.
Déjà, en 2010 et dans la perspective de l'élaboration d'un plan d'action permettant la protection, la réhabilitation et l'extension de cet ouvrage historique, la Direction Générale des Forêts a confié au BNEDER (Bureau national d'Études pour le Développement Rural), la réalisation d'une étude portant sur l'aire du barrage vert dont les résultats furent réceptionnés en 2016.
L'étude à travers ses résultats a prévu l'extension de l'aire du barrage vert de 3,7 à 4,7 millions d'hectares dont le domaine pastoral occupe 63%, les forets (18%) et le domaine agricole (15%) avec des objectifs d'appréhender les menaces qui pèsent sur le barrage, d'évaluer les impacts environnementaux et sociaux de cet investissement, d'analyser l'apport des différents programmes de lutte contre la désertification déjà menés et enfin, proposer un plan d'action opérationnel permettant la reprise et l'extension de l'ouvrage moyennant une stratégie adaptée au contexte économique, social et écologique qu'impose la réalité d'aujourd'hui.
Le plan d'action, issu de l'étude devra concerner les opérations de réhabilitation des plantations sur une superficie de 216.472 ha, l'extension forestière et traitement des dunes sur une aire de 287.756 ha; la réalisation de bandes routières vertes sur 26.780 ha ; l'extension agro-pastorale sur une superficie de 1.924. 620 ha ; la réalisation d'études d'aménagement et de développement forestier sur une surface de 354.000 ha, et d'études liées au classement de quatre (04) espaces fragiles en aire protégées sur une superficie de 33.570 ha.
Il est à noter qu'en date du 21 septembre 2019, le Conseil Interministériel, à travers ses résolutions est venu réconforter les programmes mis en place par le secteur de l'agriculture et du développement rural pour la lutte contre la désertification, il a été décidé, à l'occasion, la relance et la réhabilitation du Barrage vert avec la mise en place d'un dispositif permanent qui s'emploiera à la préparation, à la concrétisation et au suivi permanent du projet de restauration du barrage.
Une année plus tard, on se pencha sérieusement à la mise en œuvre du cadre conceptuel et opérationnel de relance du Barrage Vert et ce, sur orientations de Monsieur le Président de la République. Les résolutions du Conseil des ministres, tenu le 30 août 2020, mentionnent d'ailleurs, en termes d'urgence «de prendre les dispositions nécessaires pour relancer le barrage vert comme une priorité du secteur pour notamment arrêter la dégradation des terres».
Le projet fut par ailleurs inscrit comme action d'envergure dans le plan d'action du Gouvernement et la feuille de route sectorielle du développement agricole et rural, pour la période 2020-2024, lesquels sont l'émanation du Programme de Monsieur le président et de ses 54 engagements.
Dans la succession des opérations et en date du 17 juin 2021, le Ministère de l'agriculture et du développement rural, à travers la DGF, a lancé officiellement, à M'sila, l'initiative de restauration du barrage vert qui d'ailleurs, selon ses concepteurs, ne sera pas conçue seulement comme une opération de reboisement, mais plutôt comme une panoplie et mosaïque d'actions intégrées pour répondre aux problématiques ayant une incidence sur les conditions socio-économiques des populations des régions du Barrage vert.
Cette initiative a pour objectifs essentiels de lutter contre l'ensablement et la désertification en vue d'atteindre la neutralité de dégradation des terres et de mobiliser les ressources hydriques superficielles et souterraines, d'améliorer la résilience climatique des paysages agro-sylvo-pastoraux dégradés et séquestration du carbone et renforcer la résilience climatique des populations locales à travers la gestion des parcours et l'amélioration des chaînes de valeur des plantes forestières non ligneuses (PFNL) et des produits de l'élevage.
Pour ce faire, des mécanismes devront être mis en place pour assurer le soutien à l'agriculture pastorale de petite et moyenne taille, en particulier des femmes rurales, par le développement de petites fermes d'élevage et de plantations fruitières rustiques et améliorer les capacités techniques, organisationnelles et commerciales des habitants pour produire et commercialiser des PFNL (alfa, caroube, champignons, pistaches, noix et autres), des produits de l'élevage (laine pour tapis et burnous, ect.), l'apiculture à travers l'institution de coopératives, de poterie (artisanat) et d'autres produits de la steppe, tels que les plantes aromatiques et médicinales
Dans ce contexte et en vue d'appuyer l'initiative, il a été institué sur le plan organisationnel, un organe de coordination composé de représentants de 15 ministères, de 11 organismes et de représentants de la société civile, chargé de l'élaboration, de la mise en œuvre et de l'évaluation du programme national de lutte contre la désertification et de la relance du barrage. Cet organe a été installé le 25 octobre 2020, à l'occasion de la journée nationale de l'arbre.
Cet organe aura comme démembrement les comités locaux notamment au niveau des treize (13) wilayas concernées par le barrage vert. Ces comités seront chargés de la mise en œuvre du programme national de lutte contre la désertification et du plan d'action de la réhabilitation, extension et développement du barrage vert ;
Le cadre organisationnel comprend également l'institution d'un Comité scientifique et technique installé auprès de l'Institut National de la Recherche Forestière, chargé de la recherche en relation avec les missions de l'organe. Alors qu'une Direction dédiée au barrage vert « la Direction de la lutte contre la désertification et du barrage vert », a été créée au niveau de la DGF, par décret exécutif n° 20-302, du 15 octobre 2020 et qui aura pour tache l'élaboration de la stratégie nationale de la lutte contre la désertification et la mise en œuvre du plan d'action de réhabilitation, d'extension et de développement du barrage vert.
Il est à souligner aussi que le plan d'action de réhabilitation, d'extension et de développement du barrage vert devrait être appuyé par deux (02) projets de coopération technique avec la FAO et le PNUD. Le projet avec la FAO est intitulé «Amélioration de la résilience au changement climatique dans les zones de forêt sèche et steppiques du barrage vert algérien», qui concerne six 06 wilayas pilotes (Tébessa, Khenchela, Msila, Djelfa, El Bayadh et Naama)». Le projet de coopération avec le PNUD, intitulé : «Plan de restauration du barrage vert comme contribution à la mise en œuvre du PAN-LCD/aligné en Algérie» et qui cible sept (7) autres wilayas du barrage vert. Il s'agit des wilayas de Batna, Laghouat, Biskra, Sétif, BBA, Bouira et Médéa.
Ces deux projets viennent soutenir l'élaboration du plan national de réhabilitation, d'extension et de développement du barrage vert pour la période 2023-2030.
La mise en œuvre du Plan d'action de réhabilitation, d'extension et de développement du barrage vert se fera sous forme de projets de développement local, pour la période de 2022-2035 et concernera 13 Wilayas-173 communes-1200 localités dont 905 zones d'ombre (DGF, 2022).
Le barrage sera conçu alors, non seulement come une barrière à la désertification et à l'ensablement, mais vu sous une approche de protection des ressources naturelles, abordé sur une vision « sociaux économique » de valorisation de l'espace. Il sera par ailleurs conduit selon une démarche concertée intersectorielle. Il est à noter au demeurant que la carte de sensibilité à la désertisation effectuée en 2010 par la DGF, montre que plus de 13 millions d'hectares sont sensibles à la désertification uniquement dans la région steppique. Alors que la carte mondiale de dégradation des terres, réalisée en 2015 au profit du secrétariat de l'UNCCD mentionne que rien que pour la partie nord du pays 2,5 millions d'hectares sont dégradés en Algérie.
Cette tendance à la désertification constitue un autre justificatif pour la relance du barrage vert, car le phénomène de dégradation des terres, désertification demeure un problème des plus préoccupants, aggravées par les changements climatiques qui menacent la totalité des écosystèmes naturels et mènent à la réduction du potentiel et de la diversité biologique et la rupture des équilibres écologiques et socioéconomiques.
Dans ce cadre, il est utile d'envisager une approche intégrée visant à concilier d'une part la satisfaction des besoins des populations et d'autre part, la restauration et l'amélioration du potentiel productif des terres dans l'aire du barrage vert. La finalité étant la promotion économique et sociale des populations. Il devra par ailleurs viser la résorption du chômage par la création de créneaux porteurs de richesses et d'emploi et d'instaurer des écosystèmes favorables, à l'environnement, au tourisme et à l'agriculture et à la vie en milieu rural.
Enfin, il est à affirmer que la réhabilitation du barrage vert, œuvre emblématique de notre pays leadeur africain dans la prise de conscience pour lutter contre la désertification devra faire l'objet de priorités de développement vu sous l'angle de la durabilité écologique et la rentabilité économique.
Le Barrage vert est l'une des réalisations de ces soixante ans d'indépendance du pays que nous célébrons avec orgueil et fierté, sa réhabilitation est peut être considérée comme une œuvre de civilisation qui restera pour les générations présentes et futures nourris du sens que les arbres et les forets durent longtemps, le long temps des générations et ça sera un héritage pour les enfants d'Algérie d'aujourd'hui et de demain.
Les wilayas concernées aujourd'hui par le Barrage Vert: Biskra; Tebessa; Khenchela; Batna; Sétif; Msila; Bordj Bouarreridj; Bouira; Médéa; Djelfa; Laghouat; El Bayadh;Naama
1. UNCCD : Convention des Nations Unies pour la Lutte Contre la Désertification.
2. Nordine Grim (2020).- Barrage vert: au temps où l'Algérie était à la pointe du combat écologique. https://www.algerie-eco.com/2020/12/23/barrage-vert-au-temps-ou-lalgerie-etait-a-la-pointe-du-combat-ecologique/
3. Documents du Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural et de la DGF (2020-2022).
Cinquante trois ans, presque jour pour jour, le 16 juillet 1969, un homme a mis les pieds sur la Lune. Avec un pas de danse, il a lancé à l'adresse du monde entier une expression divine en affirmant que son petit pas était un pas immense pour l'humanité. On ne pouvait douter de sa sincérité sauf qu'il n'a pas omis de planter le drapeau de son pays pour signifier en même temps que l'avancée de la civilisation renforcée par les hommes avait indéfiniment et depuis la nuit des temps le penchant paradoxal d'être une chasse gardée.
Les grandes découvertes humaines, et l'extraordinaire marche sur la Lune en est une, ont toujours été enfantées par les conflits et les guerres pour constituer des armes nécessaires pour imposer des suprématies. Quelques-unes seulement, comme les remèdes contre les épidémies et les maladies, ont dérogé à la règle mais avec des inévitables arrière-pensées pour toujours finir instruments de domination.
La foulée du pied de Neil Armstrong sur la Lune n'a aucune similitude avec la marche forcée des exilés, femmes et enfants, à l'ombre des fumées des conflits. Elle est aux antipodes de la famine qui broie l'existence des Erythréens et des Soudanais. Ce qui était perçu hier comme un immense progrès pour l'humanité n'est à l'évidence qu'une supercherie pour les damnés d'aujourd'hui. Partir à la conquête de la galaxie doit en principe augurer la transformation du monde en paradis. Réussir à apprivoiser la Lune est le signe de l'incommensurable intelligence humaine. Réduire sa proximité avec la Terre et les hommes a effacé le vieux mirage qui caractérisait la symbolique de l'impossible. Or les prouesses des génies et leurs découvertes ont des goûts amers car elles élargissent et approfondissent malheureusement la cupidité des hommes.
Le procès des mis en cause dans l'assassinat à Larbaâ Nath Irathen (wilaya de Tizi Ouzou), dans des conditions atroces, du jeune Djamel Bensmain, issu de Miliana (wilaya de Aïn Defla), s'ouvre aujourd'hui au tribunal de Sidi M'hamed à Alger.
102 inculpés dont des femmes comparaitront pour répondre des chefs d'accusation d'homicide volontaire, lynchage et immolation par feu d'un cadavre, violation de l'enceinte d'un poste de police, appartenance à un groupe terroriste et actes de vandalisme portant atteinte à la sécurité de l'Etat.
Pour rappel, l'assassinat de Djamel Bensmaïn a eu lieu le 11 août 2021 à Larbaâ Nath Irathen. Des images et des vidéos macabres avaient été diffusées en direct sur les réseaux sociaux par une grande foule, comprenant des femmes, qui assistaient au lynchage et à l'immolation par le
feu du cadavre du défunt venu de Miliana pour participer à des opérations de lutte contre les feux de forêts qui avaient touché plusieurs régions durant l'été 2021 dont la wilaya de Tizi Ouzou.
Quelques jours après l'assassinat, soit le 15 août 2021, le directeur de la police judiciaire (DPJ) à la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), Mohamed Chakour, avait annoncé, lors d'une conférence de presse, «l'arrestation de 36 mis en cause dont 3 femmes, impliqués dans l'assassinat et le lynchage du jeune Djamel Bensmaïn», ajoutant que parmi les personnes arrêtées figure «la femme qui appelait et incitait à décapiter la dépouille et la personne qui a poignardé la victime, arrêtée alors qu'elle tentait de fuir vers le Maroc».
Il avait également expliqué que les policiers qui transportaient la victime à bord du véhicule de police «ont évité les tirs de sommation pour éviter tout dérapage sécuritaire dangereux, que certaines parties connues pour leur hostilité envers l'Algérie auraient exploité pour déstabiliser le pays». Précisant que «le non recours aux tirs de sommation intervenait en application des instructions du Haut commandement». Au cours de cette première conférence de presse sur cette affaire, des vidéos d'aveux de quatre mis en cause dont la femme qui incitait à la décapitation de la victime, avaient été projetées.
Deux jours plus tard, la DGSN a diffusé une nouvelle vidéo d'aveux de nouveaux mis en cause arrêtés dans le cadre de cette affaire dont l'implication dans l'assassinat «a été établie par des preuves scientifiques et techniques, parmi lesquels se trouvaient des membres de l'organisation terroriste MAK».
«Dans le cadre de la poursuite de l'enquête ouverte par la DGSN dans l'affaire de l'assassinat du jeune Djamel Bensamïn à Larbaâ Nath Irathen, les services spécialisés de la sûreté nationale ont procédé à l'arrestation de 25 autres suspects, en état de fuite dans plusieurs wilayas du pays», avait indiqué la DGSN plus tôt dans un communiqué.
Le 26 août 2021, soit deux semaines après l'assassinat de Djamel Bensmaïn, le procureur général près la Cour d'Alger, Sid Ahmed Merrad, a annoncé que 83 sur les 88 suspects arrêtés dans cette affaire ont été placés en détention provisoire, précisant que parmi les mis en cause, un mineur, 3 femmes et 24 éléments sont membres du mouvement terroriste «MAK».
Il a également fait état de l'émission de mandats d'arrêt internationaux contre les commanditaires du meurtre de Djamel Bensmaïn et à leur tête le président du mouvement terroriste «MAK», Ferhat Mehenni.
Le procureur général près la Cour d'Alger a précisé que 29 individus étaient actuellement en état de fuite avec l'émission de mandats d'arrêt internationaux contre certains d'entre eux, souhaitant que les pays où se trouvent ces individus coopèrent pour les extrader dans les plus brefs délais.
À quoi ressemble un mariage traditionnel au Maroc ? Middle East Eye vous fait découvrir les somptueux rituels nuptiaux de ce pays du Maghreb.
De nombreuses traditions nuptiales marocaines ont traversé les siècles et témoignent de la richesse de la culture du pays (illustration de MEE)
Colorés, riches et savoureux : voici quelques-uns des qualificatifs qui décrivent le mieux les mariages marocains traditionnels. Chaque union au Maroc est un incroyable voyage pour les sens, même si les traditions peuvent varier quelque peu d’une famille à l’autre.
Les cérémonies s’étendent souvent sur plusieurs jours et chaque soirée a pour thème un événement spécifique. Des facteurs divers et variés régissent le déroulement du mariage, des revenus de la famille à son degré de modernité ou de conservatisme.
De nombreuses traditions nuptiales du pays, des vêtements à la danse, ont traversé les siècles et témoignent de la richesse de la culture marocaine.
Dans ce pays d’Afrique du Nord fort d’une population d’environ 37 millions de personnes, chaque communauté – berbérophones, arabophones, de confession musulmane, juive ou encore chrétienne – met à l’honneur son héritage lors des mariages.
Cet article fait partie d’une série sur les traditions nuptiales du Maghreb et du Moyen-Orient, notamment de la Palestine, de l’Algérie ou encore de la Turquie.
La rencontre initiale
Traditionnellement, les jeunes couples se rencontrent après avoir été repérés lors d’un mariage, au hammam ou par le biais d’une connaissance commune.
Le premier contact entre les familles est généralement établi par les femmes : une parente du futur marié entamera la conversation à ce sujet et se rendra au domicile de la femme convoitée.
Lors de la visite, des parentes de l’homme à marier observeront la jeune femme pour voir si elle pourrait lui convenir. Dans certains villages plus reculés, on raconte que parfois, la future mariée est invitée à mâcher des fruits secs pour inspecter ses dents, à suivre des yeux une aiguille pour s’assurer qu’elle a une bonne vue et à parler pour voir si elle n’a pas de troubles de la parole.
Aujourd’hui, les choses ont légèrement évolué, et dans des contextes plus modernes, les jeunes gens posent souvent des questions sur leur passé réciproque en matière de relations amoureuses.
La khoutouba
Une fois que les parentes du jeune homme ont approuvé son choix, les hommes de sa famille rendent visite à celle de la future mariée. Chargés de cadeaux pour cette dernière, ceux-ci officialiseront les fiançailles.
Cette tradition se déroule généralement dans un cadre intime, durant lequel un aîné de la famille du futur marié demande officiellement la main de la jeune femme. La réponse est apportée sur-le-champ et les parents donnent leur bénédiction pour l’union.
Connu sous le nom de khoutouba (fiançailles), cet événement marque le début officiel des cérémonies de mariage et est commémoré par la lecture de la sourate al-Fatiha du Coran.
À ce stade, les familles discutent dans le moindre détail de l’organisation et de la logistique du mariage, y compris le budget, la dot et la date du grand jour.
Ensuite, les familles doivent signer le contrat de mariage selon la loi islamique, une étape considérée comme l’une des plus importantes du processus nuptial. La signature de l’acte se fait en présence d’un adoul (notaire).
Les préparatifs du mariage
Une fois le contrat de mariage signé, les jeunes mariés ont carte blanche pour commencer les préparatifs de l’heureux événement.
Certaines femmes peuvent porter jusqu’à sept tenues différentes avant le jour du mariage, toutes plus somptueuses et élaborées les unes que les autres.
La plupart feront appel à une negafa, une planificatrice de mariage et habilleuse, pour les aider à organiser la cérémonie et les différentes tenues.
Alors que traditionnellement, celles-ci étaient faites sur mesure, aujourd’hui, la plupart des femmes se contentent de louer leurs tenues de mariage en raison des coûts exorbitants des robes personnalisées.
Lors d’un mariage marocain, une attention particulière est portée à la décoration, aux couleurs choisies et aux bijoux que porte la mariée.
Une tradition essentielle de la plupart des mariages marocains est l’amariya – un palanquin orné de pierres précieuses porté par des hommes dans lequel prend place la mariée. L’amariyaétait historiquement de conception simple, en bois et réservée aux familles nobles et à l’élite. Aujourd’hui, elle est utilisée lors de presque tous les mariages et est beaucoup plus tape-à-l’œil.
Plusieurs semaines avant le jour J, la coutume veut que les membres de la famille se regroupent pour préparer les bons petits plats et pâtisseries qui seront servis aux invités et amis.
Caftans et vêtements
Les tenues brodées et ornées des mariages marocains traditionnels en constituent l’un des aspects les plus emblématiques.
Si les motifs varient en couleur, l’un des plus populaires est le caftan vert et or porté pour la cérémonie du henné. Dans la tradition marocaine, le vert symbolise la chance.
Alors qu’un caftan blanc, symbole de pureté, est réservé au mariage, d’autres modèles sont portés les jours qui précèdent.
La fassia ou tenue de Fès est un vêtement en soie surmonté d’une coiffe incrustée de bijoux et de perles. Le cou et la poitrine de la mariée sont recouverts de rangées de perles et d’or qui descendent sur son buste. La tenue complète est lourde et peut s’avérer encombrante voire gênante pour marcher. Mais elle reste néanmoins une tradition qui se pratique encore de nos jours.
Les femmes de Rabat portent majoritairement du bleu pour leur mariage. Connu sous le nom de r’batia, leur caftan est d’une nuance de bleu vif et orné de motifs brodés en argent et de couches de bijoux argentés et en cristal.
La tenue est recouverte de pierres précieuses comme des émeraudes, des rubis et des perles.
Très différent, le style sahrouia porté par les femmes du Sahara marocain se compose d’un tissu long qui est plié plusieurs fois, donnant un aspect superposé. Des accessoires traditionnels complètent la tenue, qui ressemble aux vêtements traditionnels portés par les femmes en Mauritanie.
Certaines mariées sahraouies se parent d’un diadème fait d’ambre et de coquillages, ainsi que de colliers en perles.
Le style vestimentaire soussia, porté par les femmes amazighes, diffère selon le lieu. Si chaque tribu dispose d’une version légèrement différente de la robe soussia, les bijoux somptueux qui recouvrent l’ensemble de la tenue forment un dénominateur commun.
Les mariées de la région de Souss ont coutume de parfaire leurs tenues avec une couronne appelée tawnza et des couches de bracelets dénommés tanbalat. Les boucles d’oreilles classiques en argent brossé et incrustées de pierres portées par les femmes amazighes sont appelées takhersin.
La tenue n’est complète que lorsqu’une ceinture argentée sera nouée autour de la taille de la mariée et que celle-ci chaussera des souliers en cuir aux motifs cousus, appelés edokan.
Hammam et henné
Si la plupart des futures mariées sont généralement nerveuses à l’approche de leur cérémonie, au Maroc, elles prennent le temps de se détendre et de se faire dorloter.
Cette tradition est partagée avec d’autres femmes des deux familles, qui en profitent pour créer des liens et célébrer la nouvelle union.
Le hammam est un bain public à vapeur où les femmes se purifient en se faisant masser et exfolier la peau pendant des heures. Du rhassoul, une sorte d’argile mélangée à de l’eau, est appliqué sur la peau pour la clarifier. Certains pensent que ce mélange protège aussi la mariée du « mauvais œil ».
Lorsque cette dernière sort du hammam, elle consacre des heures à la coiffure et au maquillage, ce que beaucoup de femmes attendent avec impatience.
Les plus superstitieux cassent un œuf sur la tête de la mariée pour lui souhaiter chance et bénédictions.
Les rituels du hammam sont suivis d’une soirée de danse et de chant, connue sous le nom de henné. À cette occasion, la mariée porte un caftan vert ou doré et se fait décorer les mains et les pieds au henné.
Certains croient que cette tradition symbolise la fertilité et le bonheur conjugal. La soirée s’achève par un grand dîner composé de plats traditionnels. La famille du marié offre des cadeaux à sa nouvelle épouse, allant du sucre et du lait aux caftans et vêtements à porter lors de la nuit de noces.
Le grand jour
Les invités affluent vers le lieu du mariage tard dans la soirée, vers 21 h ou 22 h. Des boissons sucrées, comme du jus de fruits ou du thé à la menthe, sont servies tout au long de la nuit, ainsi que des pâtisseries traditionnelles.
La famille du marié se présente avec des cadeaux, dont, traditionnellement, une ceinture et des bracelets en or, des foulards en soie et un panier rempli de henné, d’encens, de meska (gomme arabique) et de fleurs. Les paniers chargés de cadeaux sont exposés lors de la réception.
Henné, couscous et karakous : dans l’intimité des mariages algériens
Les mariés font leur entrée en grande pompe au rythme d’un orchestre. Les hommes de la famille, vêtus de leurs plus beaux habits, portent l’amariya puis prennent place près de l’avant de la salle.
Pendant la cérémonie, les mariés se donnent du lait et des dattes et procèdent à l’échange des alliances, symboles de la douceur du nouveau chapitre de leur vie.
Tout au long de la soirée, la mariée s’éclipsera plusieurs fois pour changer de tenue.
Les nouveaux époux sont transportés sur une mida, une plateforme circulaire sans toit sur laquelle ils s’assoient sous les acclamations des invités.
Le mariage se conclut par de copieuses quantités de nourriture. La pastilla, un plat qui combine des œufs brouillés, du poulet et un saupoudrage de sucre glace, figure parmi les favoris, aux côtés de plats à base de poulet et d’agneau, suivis de fruits et de crème glacée.
Une Libyenne se trouve au bord de la mer Méditerranée dans la capitale Tripoli, classée parmi lesvilles les moins agréables au monde (AFP)
La capitale syrienne Damas est la ville la moins agréable du monde, selon une étude publiée mercredi par l’Economist Intelligence Unit (EIU)
Les capitales libyenne et algérienne, Tripoli et Alger, ainsi que la ville de Lagos au Nigeria, complètent les quatre dernières places de l’édition 2022 du Global Liveability Index.
Dans le cadre de cette étude réalisée en mars, 172 villes du monde entier ont été analysées et une note comprise entre 1 (insupportable) et 100 (idéale) leur a été attribuée. L’indice a été agrégé selon cinq facteurs : stabilité, soins de santé, culture et environnement, éducation et infrastructures.
Damas, Tripoli et Alger ont obtenu un score inférieur à 40 en raison de l’agitation sociale, du terrorisme et des conflits, selon le rapport.
La capitale syrienne est désignée par cet indice comme la ville la moins agréable chaque année depuis 2013 (à l’exception de 2020, l’étude ayant été interrompue en raison de la pandémie).
La guerre civile en Syrie se poursuit depuis 2011, année où le président Bachar al-Assad a écrasé un mouvement de protestation pacifique et entraîné le pays dans un conflit brutal. Aidées par ses alliés, les forces d’Assad ont repris la majeure partie du pays, y compris Damas et ses environs.
En parallèle, la Libye est secouée par la guerre et l’instabilité politique depuis le renversement du dirigeant de longue date Mouammar Kadhafi en 2011.
L’EIU précise que les dix villes qui ferment la marche – parmi lesquelles la capitale iranienne Téhéran – ont vu leur score s’améliorer par rapport à l’an dernier, à l’exception de Tripoli.
Au Moyen-Orient, l’hégémonie des villes émiraties
Le haut du classement est dominé par l’Europe occidentale : Vienne occupe la première place, tandis que Copenhague, Zurich, Genève, Francfort et Amsterdam figurent dans le top 10.
Trois villes canadiennes – Calgary, Vancouver et Toronto – prennent place parmi les dix villes les plus agréables à vivre au monde, aux côtés d’Osaka (Japon) et Melbourne (Australie), dixièmes ex æquo.
Blasphème gastronomique ? Un classement « scandaleux » fait réagir les internautes du Moyen-Orient
La capitale ukrainienne Kyiv a été exclue de l’étude en raison de la guerre avec la Russie qui a éclaté au moment où l’étude était menée.
Les villes russes de Moscou et de Saint-Pétersbourg ont dégringolé dans le classement en raison de la censure, de l’instabilité et des sanctions résultant du conflit.
Ailleurs au Moyen-Orient, les villes les mieux classées se situent principalement dans le Golfe : l’indice accorde à Dubaï et Abou Dabi près de 80 points.
Entre le milieu et le bas du classement, avec des scores compris entre 40 et 60, on retrouve les capitales égyptienne et tunisienne, Le Caire et Tunis, les villes de Casablanca (Maroc) et d’Istanbul (Turquie), ainsi que trois villes saoudiennes : Riyad, Djeddah et Khobar.
À Alger, des designers repensent la ville. Une urgence !
La première Biennale algéro-française du design, qui se tient actuellement dans la capitale algérienne, fait cohabiter concepteurs de tous ordres pour repenser la ville de demain.
Vue du front de mer d’Alger, de la Casbah et de la mosquée Djamaa Jdid (AFP/Farouk Batiche)
Alger accueille jusqu’au 27 juin la première Biennale algéro-française du design, DZign 2020+1. Placée sous la thématique « repenser la ville par le design », cette rencontre a ouvert la voie à l’expérimentation urbaine. Pour l’occasion, Alger est devenue un réel laboratoire d’innovation : les concepteurs se sont appropriés la ville et ont imaginé des projets futuristes, durables et engagés dans l’amélioration de la vie de ses habitants.
Une préoccupation d’actualité alors que The Economist vient de classer encore une fois la capitale algérienne en bas de la liste des villes les plus agréables à vivre : Alger arrive à la 136e place sur 140, derrière Tripoli et Karachi !
Organisée par l’Institut français d’Alger (IFA) et placée sous le commissariat de la designer Feriel Gasmi Issiakhem, cette biennale devait initialement se tenir en mars 2020. Pour cause de pandémie, elle a été reportée d’une année. Selon les organisateurs, ce report a permis de renforcer le programme initial.
Expositions, discussions, portes ouvertes dans des universités partenaires, projections de films... : Feriel Gasmi Issiakhem explique à Middle East Eye le concept de biennale, « pas si éloigné de celui d’un festival ».
« Dans le monde de l’art, de l’architecture et du design, on utilise le terme de biennale car l’événement s’adresse à un public plus avisé. Partout dans le monde, une biennale dure un mois, c’est pourquoi nous avons élaboré un programme avec plusieurs temps forts », précise-t-elle.
Ce programme a été organisé autour de porteurs de projets, des « concepteurs » issus de tous les métiers formant la discipline du design.
« Ce qui est intéressant dans cette biennale, c’est justement cette démarche : faire cohabiter tous ces métiers autour d’un projet », ajoute la commissaire. « Nous exposons par exemple l’urbaniste Akli Amrouche, qui propose pour la première fois du mobilier urbain. Ou encore la designer Amina Laoubi, qui a conçu des ombrières pour le parc Tifariti [à Alger], un projet d’urbanisme. Ils conceptualisent tous des projets, quelles que soient leurs formations, et pourraient à l’avenir travailler ensemble. »
Un parcours dans la ville
Les trois temps forts de la biennale sont les trois expositions : « Extramuros » aux Ateliers sauvages (résidence de créations et lieu d’écriture), « Intramuros » à la Villa Abdellatif (résidence d’artistes), et l’exposition photographique « Photographiez la cité de demain » à l’Institut français d’Alger.
Ces trois expositions ont été montées de manière à suivre un parcours sur Alger. « C’est une manière d’avoir une sorte de marqueur dans le temps et l’espace. Montrer les projets de manière linéaire et donner la chance à toutes les expressions de rencontrer le grand public », décrit Feriel Gasmi Issiakhem.
Pour répondre au challenge « repenser la ville par le design », les concepteurs se sont exprimés à travers différents médiums : photographie, design graphique, maquettes, prototypes, objets, installations, vidéos.
« Le but de notre participation est d’interpeller sur des solutions qui n’existent pas encore chez nous mais qu’on pourrait lancer, comme le recyclage du béton »
- Riyad Aissaoui, designer
Pour Feriel Gasmi Issiakhem, l’objectif est de donner une liberté de création aux concepteurs et d’optimiser la compréhension pour le public.
Les médiums sont différents mais le message est le même. Les concepteurs évoquent tous le consumérisme. Ils ne veulent plus exister dans un monde surchargé d’objets. Ils proposent des projets techniques qui sacralisent la durabilité.
L’exposition « Photographiez la cité de demain » montre par exemple les clichés de vingt étudiants en architecture, algériens et français. Ces futurs architectes ont exprimé des inquiétudes et des souffrances, observées dans l’espace public. Qu’ils viennent d’Alger, Marseille, Nancy, Paris ou Lyon, ils portent tous le même discours : ils veulent « réparer l’existant ».
« Extramuros » est la plus spectaculaire des expositions, de l’avis des visiteurs que MEE a rencontrés. Les concepteurs ont repensé Alger en intervenant sur des espaces connus de la capitale : le jardin Tifariti, la baie d’Alger, l’esplanade des Fusillés. Ces repères ont permis aux visiteurs de se projeter dans la ville et d’imaginer l’apport des projets dans leur vie au quotidien.
Au jardin Tifariti, dans le quartier du Telemly, la designer Amina Laoubi propose un aménagement qui introduit l’artisanat et le design dans l’espace. Elle initie un ensemble d’activités qui mettent en valeur l’identité du lieu, garde certaines fonctions initiales du jardin comme les terrasses et les espaces de jeu, et aménage d’autres coins en espaces d’exposition en plein air, des bancs marquant des percées visuelles de la ville tout au long de la promenade.
L’architecte urbaniste et designer Liess Vergès propose une installation qui engage une réflexion sur la situation de la Casbah d’Alger. Il estime que même un lieu déserté, endommagé et abandonné à la dégradation, comme l’est l’ancienne médina de la capitale, n’est pas encore une ruine, il est « témoin de son histoire ».
Rénovation de la Casbah d'Alger : sous les pavés, la polémique
« Certains habitants de la Casbah sont partis dans des quartiers plus habitables, pendant que d’autres sont restés dans une pauvreté de plus en plus aigüe. La solidarité, qui était constitutive de la société de la Casbah, a disparu. Résultat, les écarts se creusent. En tant qu’architecte, mon questionnement est là : il faut d’abord travailler sur la mémoire », analyse-t-il pour MEE.
Le projet de la designer Souad Delmi Bouras s’intitule « Dzira ». Il s’agit d’un banc public végétalisé. Ce mobilier urbain est, selon la description de sa conceptrice, « un espace de repos et de rencontres ». Soucieux de la question environnementale et de la durabilité, il veut absorber le CO2 et réintégrer l’élément végétal fonctionnel dans les espaces urbains. Un banc fait de terre, de végétaux et de planches de bois.
Pour le designer Riyad Aissaoui, qui propose un mobilier urbain connecté, cette exposition permet de démontrer qu’il est possible « d’intervenir sur l’espace public efficacement et à moindre coût ».
« Le but de notre participation est d’interpeller sur des solutions qui n’existent pas encore chez nous mais qu’on pourrait lancer, comme le recyclage du béton », explique-t-il à MEE.
« En tant que designer, je m’intéresse particulièrement aux avancées en matière de recyclage dans les autres pays. On ne parle plus de matière première mais de dernière matière. Ce genre de rencontre nous permet de confronter nos visions, de compléter nos connaissances et surtout, de dire qu’il est possible de concrétiser des projets dont le retour sur investissement est aussi assuré. »
Démarche écoresponsable
À la Villa Abdellatif, l’exposition « Intramuros » est dédiée à l’objet du quotidien : mobilier, luminaires, art de la table...
Les concepteurs Mouna Boumaza Bensalem et Khalil Bensalem proposent une installation constituée d’une table, composée de pieds cylindriques en sciure liée par de la résine, dans lesquels s’imbrique un fin plateau de tôle en laiton brossé.
Les deux concepteurs adoptent une démarche écoresponsable. Ils exploitent la sciure de bois, déchet issu de la fabrication de leurs mobiliers, et lui insuffle un nouveau cycle de vie, la sciure devenant ainsi matière première dans la création de produits inédits.
« Igerzzen » (la merveilleuse) est une lampe de chevet proposée par les artistes designers Leila Mammeri, Rachida et Samia Merzouk. Fabriquée en fer forgé et terre cuite, elle sert aussi de vide-poche et de diffuseur de parfum.
Pour Feriel Gasmi Issiakhem, cette biennale a pour objectif de « déstabiliser les certitudes de beaucoup de gens qui pensent que le design n’est qu’un objet ». C’est pour cette raison que les organisateurs ont pensé le programme des expositions en laissant en dernier celle dédié à l’objet.
« En visitant la première exposition, le public profane va se demander quel est le lien entre le design et la photo. Mais il comprendra vite que ce sont des architectes qui participent à l’exposition », souligne Feriel Gasmi Issiakhem.
« Ensuite, il découvrira ‘’Extramuros’’, liée à l’objet urbain, et là encore, il va engager une réflexion sur le lien du design avec des projets d’urbanisme. Enfin, avec ‘’Intramuros’’, dédiée à l’objet design, il comprendra que le design n’est pas de l’esthétique, c’est une science des processus au service de l’homme. »
DZign 2020+1 se clôturera dimanche 27 juin avant de revenir en novembre 2021 avec des expositions, des rencontres, des débats et des master classes dirigées par des personnalités internationales du design.
Maisons en ruines, artisans en voie d’extinction, rénovations abandonnées... chronique d’une disparition annoncée que rien – et surtout pas l’État – ne semble pouvoir enrayer.
Depuis les terrasses, le désastre causé par les nouvelles constructions en parpaing est bien visible (MEE/Adlène Meddi)
Là, comme un décor de théâtre oublié, des maisons dont des pans entiers se sont effondrés tiennent à bout de force des arcades mauresques suspendues dans le vide. Ici, des plaques de tôle tentent de voiler des dépotoirs que les odeurs ne parviennent pas à dissimuler. « Les constructions du XVIIe siècle se sont écroulées. Celles du XVIIIe commencent à s’effriter. À ce rythme, dans 30 ans, il ne restera plus rien de la Casbah », déplore L’hadi Bendebka, guide algérois et avocat spécialisé dans l’immobilier, qui assiste, impuissant, au délitement de la médina d’Alger.
Un décor en ruines
Car ni les classements internationaux, ni l’État n’ont pu empêcher le temps, le climat, les séismes et les hommes de fragiliser ce site unique, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1992, habité depuis au moins le VIe siècle avant J-C par les Phéniciens, et dont les contours correspondent aujourd’hui aux remparts de l’époque ottomane. De la cité modèle qui influença l’urbanisme en Méditerranée occidentale et en Afrique sub-saharienne, il ne reste aujourd’hui que des photos sépias que les anciens de la Casbah placardent sur les murs de leur atelier ou les devantures de leur boutique comme la preuve ultime d’une grandeur passée qui ne reviendra jamais.
Celles de Khaled Mahiout s’exposent au milieu des coupures de presse en l’honneur de son père, des pochoirs en bois et des photos de famille. Il y a sept ans, l’État a décidé de restaurer la douirette (maison traditionnelle) de cet ébéniste décorateur. « Malheureusement, faute de trouver les artisans compétents, l’État a arrêté les travaux », raconte-t-il à MEE en nous faisant visiter le chantier. « Les ouvriers ont laissé sur place les gravats que j’essaie de jeter au fur et à mesure. Et je ne peux même pas reprendre la restauration à mon compte car l’État exige des artisans une expérience et des fonds dont aucun Algérien ne dispose. »
Pourtant, il y a urgence : depuis que la maison mitoyenne voisine a été rasée en 1982, les murs de la sienne sont en train de pivoter. Mais pour ce fils de la Casbah, il y a plus grave que la perspective de ne jamais voir sa maison rénovée. Il y a ses voisins : de « nouveaux » résidents, étrangers aux règles de la citadinité. Pire. Étrangers aux règles de la Casbah.
« Ils ont enlevé les portes et les balustrades, ils ont bouché les puits et ont construit sur les terrasses ! », s’emporte-t-il. « Je ne peux pas vivre avec ces gens-là. » Un peu plus bas dans la rue, une odeur d’excréments et d’égouts vous prend à la gorge. « Pour ne pas avoir à descendre en ville pour chercher de l’eau quand arrivait l’été et que les fontaines s’asséchaient, les habitants de la Casbah avaient construit, sous les maisons, des djoubs, des réservoirs pour récupérer les eaux pluviales », explique L’hadi Bendebka. « Quand les nouveaux résidents sont arrivés, ils ont fabriqué des toilettes à chaque étage et ont connecté les canalisations aux djoubs. Et comme les eaux usées ne sont pas évacuées, elles stagnent sous la maison. D’où cette odeur terrible… »
La vue depuis les terrasses ne trompe pas. Partout, du parpaing, du ciment, des tuiles, que ne peuvent supporter, sur le long-terme, les constructions organiques traditionnelles de la Casbah, faites de terre, de bois et de pierre, sans fondation. Selon l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels, un organisme public algérien, 400 parcelles vides (17 % du parc immobilier de la Casbah) et près de 1 200 bâtisses en ruine « menacent la solidité de l’ensemble du tissu urbain ».
Des plans de sauvegarde initiés par l’État, il y en a eu, pourtant.
Le dernier, appelé « plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur de la Casbah d’Alger », doté de presque 900 millions de dollars, remonte à 2012. Pour faciliter les opérations de restauration, l’État avait voulu racheter leurs biens aux propriétaires en mettant à leur disposition des logements temporaires. « Sauf qu’il est pratiquement impossible de trouver les véritables propriétaires, de nombreuses maisons étant occupées par des gens qui n’ont pas de titre de propriété », souligne L’hadi Bendebka. « Et même si on sait à quelle famille appartient une maison, les propriétaires, souvent les enfants, sont trop nombreux pour s’entendre. »
Quant aux habitants qui ont été déplacés dans les nouvelles cités-dortoirs en banlieue d’Alger, la plupart sont… revenus dans la Casbah. « Ils ont vite compris qu’il leur manquait l’essentiel, la vie de quartier », reconnaît Khaled Mahiout. Conséquence de ces mouvements de population et des velléités de restauration de l’État : la Casbah est devenue une incroyable manne d’argent pour les associations de défense du patrimoine et une énorme bulle de spéculation immobilière. « Les gens disent : ‘’Je te vends cher parce que l’État va restaurer gratuitement, témoigne un habitant. Résultat, on frôle les 6 000 dinars algériens (60 dollars) le mètre carré. »
Une situation qui fait bondir l’architecte urbaniste Halim Faïdi, contacté par MEE. « Au lieu de se demander ce qu’on veut faire de la Casbah dans 25 ans – une cité touristique ou un quartier d’Alger – on met en place des plans budgétivores. Sous prétexte qu’elle appartient au patrimoine mondial, on pense que c’est l’État qui doit s’en occuper. Or les autorités n’ont ni la vision, ni le talent, ni les compétences pour traiter ce dossier. »
Pour l’urbaniste, la solution est pourtant « simple ». « Il faut remettre la Casbah au secteur privé, comme cela a été fait à Sidi Bou Saïd en Tunisie ou à Marrakech au Maroc. Sinon, dans 10 ans, elle n’existera plus ». Puisque les gens qui y habitent n’ont pas les moyens d’acheter leur maison, cela permettrait de « régénérer la cité, surpeuplée, des deux tiers de ses habitants ». Alors que la Casbah comptait 3 000 habitants avant l’arrivée des Français, elle en contient aujourd’hui, selon les estimations, entre 50 000 et 60 000.
L’abandon des artisans
Dans sa cave éclairée au néon où il ne voit jamais la lumière du jour, Saïd, 54 ans, un des plus anciens dinandiers de la Casbah, fils craché des années Boumediene et héritier de l’idéologie socialiste, ne voit quant à lui le salut qu’en l’État. « C’est à lui de me donner un local assez grand pour que je puisse former des apprentis », affirme-t-il à MEE. « Si aujourd’hui je n’arrive pas à travailler, c’est parce que l’État n’a rien fait pour préserver les importateurs de cuivre. La matière première est très difficile à trouver ! Pour que les touristes viennent dans la Casbah, il faut qu’ils puissent y trouver des souvenirs ! »
Un peu plus bas, dans ce qu’on appelle la Basse-Casbah, partie de la citadelle détruite par les Français qui y ont construit un quartier haussmannien, Halim dénonce lui aussi la politique du gouvernement vis-à-vis des commerçants. Sa petite boutique de kalb elouz (pâtisserie à la semoule trempée dans le miel), où entrent plus d’abeilles que de clients, est un musée aux couleurs de l’USMA, l’un des deux clubs de foot algérois. Sur la porte est scotché un portrait en noir et blanc plastifié d’Ali Lapointe, héros de LaBataille d’Alger, le célèbre film de Gillo Pontecorvo, entouré d’Hassiba Ben Bouali et Petit Omar, figures emblématiques de la résistance algérienne. Ces demi-dieux omniprésents que la Casbah refuse d’oublier rôdent à chaque coin de rue.
« Moi, j’ouvre pour le prestige. Je ne gagne pas d’argent », déclare Halim en désignant ses gâteaux vendus 45 dinars (environ 0,20 dollars). « Mais l’État me réclame des impôts. En revanche, le marchand qui s’est installé sur mon pas de porte et qui vend des pétards alors que la loi en interdit normalement l’importation, on ne lui demande rien parce que le gouvernement n’ose rien exiger du commerce informel pour maintenir la paix sociale. »
Sous la flamme de son petit fer à souder et la lumière des néons, Jamaa Boudjemaa secoue la tête. « Ils ne nous ont pas aidés », lance-t-il pour désigner l’invisible magma de décideurs algériens. « Pourtant, la vie de la Casbah, c’est l’artisanat. Moi, je n’ai plus les moyens d’acheter de l’or, alors je répare les bijoux », raconte-t-il en saisissant une petite chaîne entre ses doigts d’ancien boxeur. Ce que je gagne me sert à acheter du pain et du lait. » Mais Jamaa ne renonce pas. Entre les ventilateurs et de vieilles photos qui attestent de sa présence depuis de nombreuses années, il montre fièrement les affiches des films Le Patriote et Le Gladiateur, où le visage des acteurs a été remplacé par le sien. Tout un symbole.
Au milieu de ces murs blanchis à la chaux et des rues aux pavés polis par le temps, là où les hommes sont partis, les souvenirs résistent. « Enfant, je passais ici avec mon père quand on allait voir les matchs de foot », se souvient Mohamed Rezala, éditeur de guide touristique. « On s’y arrêtait pour acheter des oublis [gaufres] ou un créponné [sorbet algérien au citron]. » L’hadi Bendebka évoque les effluves du Ramadan prisonnières des ruelles étroites, celles de la chorba (soupe) ou des boureks (rouleau de pâte feuilletée fourré). C'est toute l’âme d’Alger, dont le saint patron, le marabout Sidi Abderrahmane, repose dans le mausolée quelques rues plus bas. Rien qui ne suffise à arrêter la destruction de la Casbah, mais une façon de dire tout haut qu’elle ne se fait pas dans l’indifférence.
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