Cinquante trois ans, presque jour pour jour, le 16 juillet 1969, un homme a mis les pieds sur la Lune. Avec un pas de danse, il a lancé à l'adresse du monde entier une expression divine en affirmant que son petit pas était un pas immense pour l'humanité. On ne pouvait douter de sa sincérité sauf qu'il n'a pas omis de planter le drapeau de son pays pour signifier en même temps que l'avancée de la civilisation renforcée par les hommes avait indéfiniment et depuis la nuit des temps le penchant paradoxal d'être une chasse gardée.
Les grandes découvertes humaines, et l'extraordinaire marche sur la Lune en est une, ont toujours été enfantées par les conflits et les guerres pour constituer des armes nécessaires pour imposer des suprématies. Quelques-unes seulement, comme les remèdes contre les épidémies et les maladies, ont dérogé à la règle mais avec des inévitables arrière-pensées pour toujours finir instruments de domination.
La foulée du pied de Neil Armstrong sur la Lune n'a aucune similitude avec la marche forcée des exilés, femmes et enfants, à l'ombre des fumées des conflits. Elle est aux antipodes de la famine qui broie l'existence des Erythréens et des Soudanais. Ce qui était perçu hier comme un immense progrès pour l'humanité n'est à l'évidence qu'une supercherie pour les damnés d'aujourd'hui. Partir à la conquête de la galaxie doit en principe augurer la transformation du monde en paradis. Réussir à apprivoiser la Lune est le signe de l'incommensurable intelligence humaine. Réduire sa proximité avec la Terre et les hommes a effacé le vieux mirage qui caractérisait la symbolique de l'impossible. Or les prouesses des génies et leurs découvertes ont des goûts amers car elles élargissent et approfondissent malheureusement la cupidité des hommes.
par Abdou BENABBOU
Jeudi 21 juillet 2022
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