La saison de l’été en Algérie est connue pour ses grosses chaleurs donc un besoin de se rafraichir, rien de mieux pour ça que de faire un bon plongeant dans l’eau de mer rafraîchissante. L’Algérie est un pays connu pour sa richesse de littoral, en effet, notre pays compte plus de 1200 kilomètres de cote. D’est en ouest en passant par le centre, les wilayas du littoral algérien jouissent de plages plus belles les unes que les autres.
Une ombre peut parfois noircir ce beau tableau, c’est le fait que les femmes ne puissent pas profiter pleinement de cela. En effet, le comportement de certains hommes qui avec leur comportement ou parole déplacé peuvent transformer un moment agréable en bord de mer en un moment d’angoisse et de stress.
Sur les réseaux sociaux on lit souvent des post dans lesquels les femmes se plaignent des comportement des hommes vis à vis d’elles dans les plages. Ces dernières se font embêtées, insultées voire même agressées dans certains cas.
Une décision bien accueillie par les habitantes de Bologhine
C’est pour faire face à cela, que des habitants du quartier populaire de Bologhine, ont eu l’idée de consacrer une journée aux femmes. La plage Eden à Bologhine est réservée aux femmes uniquement, tous les mardis de huit heures du matin à midi, avec l’approbation des autorités.
Les réactions des femmes de ce quartier ne sont pas faites attendre, et ce que l’on peut dire c’est que cela a été bien accueilli par les habitantes de ce quartier.
L’une des femmes qui témoigne sur Echourouk a fait l’éloge des habitants du quartier de Bab El Ouedd qui ont participé à l’initiative de leur attribuer la plage afin que les femmes puissent nager
Des maisons blanches, des ruelles étroites qui descendent en cascade jusqu'à la Méditerranée... La Casbah d'Alger a toujours attiré des milliers de touristes venus du monde entier. Ils sont moins nombreux toutefois à l'explorer cette année, les rues d'Alger étant livrées deux fois par semaine aux manifestants. Nos reporters se sont rendues dans la Casbah, incarnation de la splendeur du patrimoine algérien comme des maux de sa société.
Habitée depuis l’Antiquité, la Casbah a longtemps été la capitale de l’Algérie, avant d’être colonisée par les Français en 1830 puis marginalisée au profit de la nouvelle ville. Avec son dédale de ruelles étroites, ce quartier d’un kilomètre carré réputé impénétrable est propice à la clandestinité.
En 1957, la Casbah est le théâtre de la Bataille d’Alger. La dixième division des parachutistes français, dirigés par le Général Massu, y affronte les indépendantistes du Front de libération nationale (FLN) menés par Yacef Saadi. Grève générale, guérilla urbaine et attentats… L’un des épisodes les plus sanglants de la guerre d’Algérie se déroule dans ses ruelles.
Relancer le tourisme
Après l’indépendance, en 1962, la Casbah est délaissée par ses habitants qui profitent du départ des "pieds-noirs" pour s’installer dans des quartiers plus chics. Les maisons, palais et autres édifices parfois millénaires commencent à se dégrader... En 1992, l’UNESCO réagit et fait entrer la Casbah au patrimoine mondial de l’humanité. Mais nous sommes en pleine décennie noire, et ses ruelles sombres sont alors la planque des militants extrémistes qui combattent le gouvernement. Une nouvelle fois, les habitants de la Casbah vivent au rythme du couvre-feu, des rafles policières et des attentats terroristes.
Aujourd’hui, la Casbah a tourné le dos à la violence. Les autorités comme les habitants s’investissent pour restaurer et redonner vie au quartier. Partout, de grands échafaudages soutiennent les murs et enveloppent les façades. Le plan de restauration de la Casbah couvre une dizaine de monuments historiques et 200 maisons pour un budget de 170 millions d’euros. L'enjeu est de sauver un patrimoine en péril, mais aussi de développer le tourisme en Algérie, alors que l’économie a été ébranlée par la chute des prix du pétrole.
Par :Vincent ROUXSuivre|Miyuki DROZ-ARAMAKI|Chloé DOMAT
« On dit souvent que les routes de l’Élysée passent par Alger ». Le groupe indépendant « Off Investigation » présenter en avant-première son prochain documentaire : « Macron l’algérien, en marche…vers le cash ? ». Une enquête signée Jean-Baptiste Rivoire et Yanis Mhamdi.
En février 2017, en pleine campagne présidentielle, Emmanuel Macron se rend à Alger. Mais au lieu de rencontrer des représentants de la société civile, il se contente de voir des officiels et, plus discrètement, des affairistes proches du pouvoir. Dès lors, il va constamment soutenir le régime, même au plus fort du « Hirak », quand treize millions d’algériens défilaient dans toute l’Algérie contre un cinquième mandat du vieux président Abdelaziz Bouteflika. Emmanuel Macron a-t-il offert sa protection à un régime militaire corrompu et discrédité, en échange de soutien financier?
À travers des témoignages inédits tels que : Xavier Driencourt (ancien ambassadeur de France à Alger), Bernard Cheynel (ancien vendeur d’armes français décédé début 2022), Jean-Pierre Mignard (membre de la délégation d’Emmanuel Macron à Alger en 2017) ou encore des sources proches du pouvoir algérien. Mais aussi le travail des journalistes et écrivain : Omar Benderra (Algeria Watch), Marc Endeweld (journaliste), Nicolas Beau (Mondafrique.com), Abdou Semmar (journaliste algérien réfugié politique en France), et Antton Rouget (Mediapart), Off Investigation lève le voile sur cette face sombre de la Françalgérie.
By
Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)
Mondafrique revient sur le bilan de la politique algérienne d’Emmanuel Macron. Nous débutons par les réseaux tissés par le Président français avant la Présidentielle de 2007 avec les oiigarques algériens qui dominaient la vie économique sous le rêgne du défunt président Bouteflika.
La diplomatie française, qui redoutait par dessus tout une transition politique algérienne dominée par Gaïd Salah, ce chef d’état major fort éloigné des intérêts français, a tout mis en oeuvre pour soutenir le président Abdelaziz Bouteflika en fin de course.
De façon plus surprenante, le président français, Emmanuel Macron, a mis les bouchées doubles pour soutenir un régime algérien à l’agonie. La lecture passionnante du livre de Marc Endeweld sur les réseaux opaques du président français avec de riches hommes d’affaires algériens fournit quelques clés d’explication de cette posture surprenant de l’Elysée face à la transition démocratique algérienne.
Un tweet à contre temps
On se souvient du tweet ahurissant envoyé par le président français, le 12 mars dernier alors qu’il se trouvait en voyage officiel à Djibouti. La veille, le clan Bouteflika à l’agonie avait proposé une dérisoire feuille de route appelant, après vingt ans de rêgne, à des réformes fondamentales et à une nouvelle constitution. Depuis trois semaines, la rue algérienne dénonçait l’incurie du régime et demandait le départ des principaux dirigeants politiques honnis par le peuple. Et bien Emmanuel Macron ne trouva rien de mieux à faire que de soutenir, par un tweet, le régime finissant.
« La jeunesse algérienne, expliquait Emmanuel Macron, a su exprimer son espoir de changement avec dignité. La décision du Président Bouteflika ouvre une nouvelle page pour la démocratie algérienne. Nous serons aux côtés des Algériens dans cette période nouvelle, avec amitié et avec respect ». L’association des valeurs démocratiques et du nom de Bouteflika était à l’évidence d’une totale maladresse. Cette prise de position aura pour seul effet de renforcer la mobilisation populaire et la détestation du régime en place.
Pourquoi le président français affichait-il une position aussi peu prudente? Comment pouvait-il prendre le risque de faire huer son nom dans les manifestations qui se multiplient en Algérie, en apparaissant comme l’ultime rempart d’un système corrompu? Pour quelle raison montrait-il une telle précipitation en se substituant par les réseaux sociaux aux canaux diplomatiques habituels?
Des cadavres dans le placard
L’essai fort instructif du journaliste Marc Endeweld explique ce soutien par les liens étroits qu’Emmanuel Macron a tissés avec les hommes d’affaires les plus influents du régime algérien. A savoir Ali Haddad, l’ex patron des patrons et Issad rebrab, l’homme le plus riche d’Algérie. Le premier aura été la tirelire du clan Bouteflika dont il a servi les pires turpitudes. Le second fut le principal homme d’affaires soutenu par l’ex DRS, cette police politique qui fut, pendant un quart de siècle, la colonne vertébrale du système algérien.
Plus grave, le profil des intermédiaires franco–algériens à l’oeuvre dans ces relations suspectes, Alexandre Benalla en tète, laissent entrevoir des arrangements que la morale politique réprouve.
A la lecture du livre de Marc Endeweld, on a le sentiment en effet que les relations entre Emmanuel Macron et l’Algérie dissimulent quelques cadavres dans les placards.
L’échappée belle vers Alger
Lorsqu’au coeur de sa campagne électorale en vue de la dernière Présidentielle, Emmanuel Macron se rendit à Alger, les 13 et 14 février 2017, le candidat d' »En Marche » se trouvait dans une situation financière très périlleuse. Dans les derniers mois qui ont précédé le scrutin de 2017, note Marc Endeweld, « l’argent manquait terriblement pour poursuivre sa campagne, le budget était très entamé ».
Reçu comme un chef d’état par le pouvoir algérien qui misait beaucoup sur son élection, Emmanuel Macron se montrera très favorablement impressionné par Ramtane Lamamra, ministre alors des Affaires Etrangères, et Abdeslam Bouchouareb, ex ministre de l’Industrie et propriétaire d’un bel appartement à Paris, dont la réputation affairiste n’est plus à faire. Depuis, ces deux hommes sont régulièrement consultés par l’Elysée sur le dossier algérien.
Durant le même voyage, Emmanuel Macron qualifia la colonisation, dans une interview à la chaine de télévision Echorouk News, de « crime contre l’humanité ». Des propos surprenants dans le cadre d’une campagne qui se veut consensuelle et provenant d’un homme qui en 206, expliquait au « Point », que l’occupation de l’Algérie s’était accompagnée d' »éléments de civilisation ». Une telle audace fut payante auprès des dirigeants algériens qui, dès lors, virent en Emmanuel Macron un interlocuteur privilégié .
Mais durant ce même voyage, plusieurs « rencontres discrètes » furent organisées, apprend-on dans le livre d’Endeweld, « le grand manipulateur ». Plusieurs personnalités, dont l’avocat Jean Pierre Mignard et l’homme d’affaires François Touazi, avaient préparé le voyage en amont. L’ancien ministre Jean Louis Borloo et Yasmina Benguigui avaient également mis leurs carnets d’adresses au service du candidat Macron. Enfin Alexandre Benalla, le fidèle garde du corps, participait à l’expédition.
Ali Haddad courtisé
« Le 14 février, en fin de matinée, explique Marc Endeweld, un petit déjeuner est organisé sur la terrasse de l’hôtel El Aurassi avec les représentants du FCE, le forum des chefs d’entreprise, l’équivalent du Medef ». Le patron des patrons algérien et intime du clan Bouteflika, Ai Haddad, était « tout sourire », face à un Emmanuel Macron qui prend des engagements vis à vis de l’Algérie en matière d’énergies renouvelables.
Quelques heures plus tôt dans le même hôtel, le même Haddad prenait un autre petit déjeuner, celui-ci très discret, avec Emmanuel Macron. De cette rencontre, il ne filtrera rien.
A l’époque, Alexandre Djouhri, dit Alex, un ‘intermédiaire flamboyant qui est proche à la fois de Dominique de Villepin, l’ancien Premier ministre de Chirac et de Maurice Gourdault-Montagne, l’actuel secrétaire général du Quai d’Orsay, séjournait fréquemment en Algérie. Cet habitué de l’hôtel Aurassi entretenait des relations étroites avec Ali Haddad. « Selon trois sources différentes, affirme l’auteur du « Grand Manipulateur », l’homme d’affaires algérien a bien rencontré à cette occasion le futur président ». Ce que Djouhri dément.
Symbole de la corruption qui rêgna sous Abdelaziz Bouteflika, Ali Haddad n’est certainement pas un modèle de vertu ni de modernité. Pourquoi Emmanuel Macron prend-il le risque de le rencontrer à deux reprises? Quel profit en retirer? Autant de questions que pose, entre les lignes, l’ouvrage de Marc Endeweld.
Un petit monde
La veille de ces deux petits déjeuners avec Ali Haddad, le candidat Macron dinait avec Issad Rebrab, l’homme le plus riche d’Algérie qui fit fortune grâce à sa proximité avec les services algériens dirigés pendant un quart de siècle par le fameux général Mohamed Mediène L’homme d’affaires est au plus mal à l’époque avec le clan Bouteflika qui cherche à lui tondre la laine sur le dos et à le marginaliser. L’homme d’affaires kabyle est parfois même présenté comme un opposant au pouvoir en place
Pourtant Emmanuel Macron, au risque de mécontenter le clan Bouteflika, accepte l’invitation à diner de Rebrab. Première raison de cette visite peu protocolaire, le candidat connaissait bien l’industriel kabyle qui investissait massivement en Franc alors qu’il était secrétaire général adjoint à l’Elysée puis ministre de l’industrie durantle candidat François Hollande.
Deuxième raison de cette rencontre, les liens sont très nombreux entre les entourages du candidat et de l’oligarque. Rebrab est en effet un intime de François Touazi depuis fort longtemps. Le groupe Cevital que l’homme d’affaires a fondé a fait travailler Alexandre Benalla à l’époque où ce dernier avait créé, depuis le Maroc, la société de sécurité « Velours ». Enfin Rebrab s’est fait aider dans ses investissements en France par un ancien trader Franco-Algérien du nom de Farid Belkacemi qui participa également à la préparation du voyage d’Emmanuel Macron. Cerise sur le gâteau, Farid Belkacem est un proche ami d’Alexandre Benalla qu’il aida à se reconvertir lorsqu’il dut quitter l’Elysée au mois de juillet dernier.
Depuis son élection comme Président de la République, Emmanuel Macron n’a cessé de témoigner de son amitié pour l’industriel kabyle qu’il a reçu à plusieurs reprises, notamment au Château de Versailles en janvier 2019 lors du sommet « Choose France ». Une amitié est née dont on ne connait pas encore tous les ressorts.
Des interpellations spectaculaires
De là à imaginer des sources de financement algériennes dans la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, il y a un pas que plusieurs sources à Alger franchissent en privé, mais sans preuves et au sein d’un microcosme où courent les rumeurs les plus folles.
Ali Haddad et Issad Rebrab ont été placés, ces dernières semaines, en détention par le pouvoir militaire algérien. Qu’ils soient l’un et l’autre des amis de la France n’arrange pas leurs affaires. Le chef d’état major, Gaïd Salah, au mieux avec les Russes et apprécié par les Américains, entretient en effet des relations très tendues avec la diplomatie française. D’où cette interrogation: leurs bonnes relations avec Emmanuel Macron n’ont-elles pas aggravé leur situation?
Haddad et Rebrab ont été interpellés l’un et l’autre au prix de mises en scène savamment orchestrées. Les caméras ont été autorisées à filmer le premier d’entre eux alors qu’il était hué par la foule et, contre tout usage, alors qu’il se trouvait dans l’enceinte du tribunal militaire.
Depuis, la diplomatie française est bien silencieuse et Emmanuel Macron a renoncé à commenter la situation algérienne par tweets.
L’avertissement du pouvoir militaire algérien aurait-il été entendu?
By
Nicolas Beau
-
Nicolas Beau
Ancien du Monde, de Libération et du Canard Enchainé, Nicolas Beau a été directeur de la rédaction de Bakchich. Il est professeur associé à l'Institut Maghreb (Paris 8) et l'auteur de plusieurs livres: "Les beurgeois de la République" (Le Seuil) "La maison Pasqua"(Plon), "BHL, une imposture française" (Les Arènes), "Le vilain petit Qatar" (Fayard avec Jacques Marie Bourget), "La régente de Carthage" (La Découverte, avec Catherine Graciet) et "Notre ami Ben Ali" (La Découverte, avec Jean Pierre Tuquoi)
Alger, capitale de l’Algérie, est une ville touristique paradisiaque idéale pour passer les vacances seul ou en famille. La diversité culturelle, la beauté des paysages et l’incroyable vue sur la Méditerranée rendent Alger une destination tant appréciée par les touristes.
Certes, voyager peut se faire à l’improviste, mais il est mieux de s’y préparer pour pouvoir profiter au maximum de votre séjour. Ainsi, si vous prévoyez de visiter Alger, prenez en compte ces 10 choses que vous devez faire durant votre voyage.
Visitez l’ancienne ville de Casbah
Casbah est classée parmi les patrimoines mondiaux de l’UNESCO. Elle est connue pour être une vieille ville qui date du 17e siècle.
Ce monument a une architecture impressionnante qui comprend trois mosquées :
la mosquée Ketchaoua ;
la mosquée el Djedid ;
la mosquée El Kébir).
Ainsi que le palais de la Casbah.
Explorez Notre Dame d’Afrique
Cette église catholique datant des années 1800 est située sur une falaise au Nord d’Alger. Cette belle basilique vaut la peine d’être visitée, c’est un édifice qui regorge plein d’histoires.
En plus, elle sera magnifique sur vos réseaux sociaux.
Passez voir la Grande Poste
La Grande Poste est réputée comme l’une des plus belles places en Alger, voire en Algérie. Le bâtiment a une architecture et un design néo-mauresque, ce qui la rend l’une des places les plus visitées par les touristes.
L’incontournable musée national du Bardo
Découvrez l’histoire de l’Algérie en visitant le grand et beau musée du Bardo. Vous pourrez y voir des artefacts, des écrits et des expositions.
➡️ A lire aussi :Les jeunes algériens peuvent bénéficier d'un crédit bancaire très intéressant - Voici les nouvelles conditions
Promenez-vous dans la rue Didouche Mourad
Cette rue est une attraction touristique sublime avec une architecture à la française. Elle s’étend tout au long de la Grande Poste jusqu’aux hauteurs d’Alger.
En vous promenant dans cette rue, vous pourrez visiter les boutiques, les resto et cafés.
Le mémorial du Martyr d’Alger
Si vous séjournez à Alger, il est indispensable de visiter ce monument emblématique et historique de 92m construit pour rendre hommage aux personnes tuées lors de la guerre de l’indépendance.
La Grande Mosquée d’Alger
Pensez également à explorer la plus vieille mosquée de la ville située dans le Casbah, datant de 1097. De plus, c’est l’un des rares monuments almoravides au monde.
Passez au parc aquatique Aquafortland
Pensez à vous divertir ou à vous détendre. Le parc Aquafortland est l’un des meilleurs parcs aquatiques de la région, il est idéal pour s’amuser et pour se relaxer.
Mangez à la station balnéaire d’Alger
Sheraton Club des Pins Resort est un endroit idéal pour dîner ou passer une soirée, seul ou en groupe. Dégustez les meilleures cuisines algériennes, asiatiques et autres dans les restaurants localisés dans la station.
Jouez au golf
Le terrain de golf situé en Alger est accessible à tous. Elle séduit particulièrement les touristes et visiteurs grâce à sa vue splendide sur la côte et sur la ville d’Alger.
A tiny islet opposite the coast which could provide some shelter to their ships led the Carthaginians to found a small port. Inscriptions in the Punic consonantal alphabet mention it as Yksm which then became Roman Icosium. The town is recorded as a bishopric see until the Vth century, but after the Arab invasion at the end of the VIIth century it was abandoned until it was founded again in 944 as El Djazair, the island. A number of inscriptions, mosaics, reliefs and sections of walls concerning the Roman town have been found, but overall Algiers does not retain evidence of its ancient past.
Algiers seen from a terrace in the Old Town
Al Jezeire al Gazi or Algiers The Warlike, as the Turks are pleased to call It. This Place, which for several Ages hath braved the greatest Powers of Christendom, is not above a Mile and a half in Circuit, though computed to contain about 2,000 Christian Slaves, 15,000 Jews, and 100,000 Mahometans. It is situated upon the Declivity of a Hill, that faceth the North and North-East; whereby the Houses rise so gradually above each other, that there is scarce one in the whole City hath a full View of the Sea. (..) The Hills and Valleys round about Algiers are every where beautified with Gardens and Country Seats, whither the inhabitants of better Fashion retire, during the Summer-Season. The Country Seats are little white Houses, shaded by a Variety of Fruit Trees and Ever-Greens; whereby they afford a gay and delightful Prospect towards the Sea. Thomas Shaw - Travels, or, observations relating to several parts of Barbary and the Levant - 1738 Few cities have a more striking appearance than Algiers when approached from the sea. Situated on the western side of the bay the city is built on the steep slope of a hill, in the form of a triangle, the base of which rests on the Mediterranean; and when seen at such a distance that the eye cannot master the details, appears an immense cone of the whitest marble rising from the sea, and contrasting beautifully with the dark masses of the surrounding country. John Clark Kennedy - Algeria and Tunisia in 1845
(left) Walls of the Kasbah (Citadel); the image used as background for this page shows a detail of one of its gates; (right) Sea Bastion
There passeth not a yeere, but the rovers and pirates of those parts, without graunting any league or respite to the Northren shore of the Mediterran sea, take great numbers of Christians from off the coasts of Spaine, Sardinia, Corsica, Sicilia, yea even from the very mouth of Tyber. It is generallie thought, that the number of slaves, which are in Alger amount to eighteene thousand. In Tunis, Bona, and Biserta there are great multitudes: but many more in Fez, and Maroco. (..) The estate surely of these distressed people is most woorthie of compassion, not so much for the miserie wherein they lead their lives, as for the danger whereto their soules are subiect. (..) These two religious orders gather every yeere mightie summes of money, wherewith they make speedie redemption of the forsaid captives. They send their Agents to Fez, and to Alger, who managing this affaire, with no lesse diligence, then loialtie, redeeme first all the religious, and priests, and after them those of the yoonger sort, first the king of Spaines subiects, and then others. They alwaies leave one religious man in Alger, and another in Fez, who informe themselves of the state and qualitie of the slaves, with their necessitie, to make the better way for their libertie the yeere following. Leo Africanus - The history and description of Africa: and of the notable things therein contained - 1526 - 1600 translation by John Pory Leo Africanus (ca 1494-1554) was an Arab diplomat captured by Spanish corsairs in 1518 and taken to Rome. He was later released by Pope Leo X and enjoyed papal patronage. His work describes the region of north Africa known as the Maghreb (Morocco, Algeria and Tunisia) and was considered the most authoritative account of the cultures, religions and politics of this region until the start of European exploration in the nineteenth century. From the Cambridge University Press introduction to the book. The city of Algiers can lay no claim to importance above any of the obscure cities of Barbary, before its conquest by (..) Barbarossa who placed his newly acquired dominions under the protection of the Grand Seignior (the Ottoman Sultan). (..) Hence the origin of the celebrated Regency of Algiers, which has been for three centuries the terror of Christendom, and the scourge of the civilized world. (..) The government of Algiers is peculiar in its fundamental character. (..) A small band of foreign adventurers seize upon the sovereign authority, and appropriate to themselves exclusively all the posts of honour, trust, or profit, under the government which they institute. Of this there are parallel cases enough; but that their institutions should deny, even to their own children born in the country, any share in the honours and emoluments of government; confining them exclusively to a corps of foreigners, constantly recruited from abroad, is truly extraordinary. Yet such is the fundamental principle of the Regency of Algiers. (..) The Turks in establishing their government in Algiers, appear to have counted upon the fruits of piracy as the main source of their revenues; and the mutual jealousies, imbecility, and interested policy of the Christian maritime world, have borne them out in their calculations; for until of late years, it has not only supplied all their wants, but through it a metallic treasury has been hoarded, that might probably sustain them for many years to come.
William Shaler, American General Consul at Algiers in 1815-1828 - Sketches of Algiers - 1825
(left) A traditional door; (right) interior of a restored old house
The houses in Algiers are all built upon precisely the same plan; a description of that which I inhabit, will therefore give an accurate idea of the whole, as they differ only in size, and the value of the materials of which they are constructed. This house is a square of about sixty-four feet, with a depth, or elevation, of forty-two feet, one third of which is occupied by the basement story, consisting of a range of magazines, of cisterns, of stables, and of the solid arches necessary to support the superstructure. The remaining twenty-eight feet of elevation are divided into two habitable stories, surrounding an open court paved with marble, thirty feet square, around which is a covered gallery six feet wide, taken from the above thirty feet, and supported upon each floor by twelve very elegant columns of Italian marble, of the Ionic order, which serve on each as abutments to twelve elliptical arches, and thus form round the court a double colonnade of great elegance and beauty. (..) This house is entered by only one external door, which is solid and strong as that of a fortress, so that the family inhabiting it, have every thing within themselves, without fear of intrusion. Shaler
In 1991 UNESCO included the Old Town of Algiers in their World Heritage List on the basis that: The Kasbah is a unique kind of medina, or Islamic city. It stands in one of the finest coastal sites on the Mediterranean, overlooking the islands where a Carthaginian trading-post was established in the 4th century BC. There are the remains of the citadel, old mosques and Ottoman-style palaces as well as the remains of a traditional urban structure associated with a deep-rooted sense of community.
"Women of Algiers" by Eugène Delacroix (1834) - Louvre Museum in Paris
The inhabitants of Algiers are an amalgamation of the ancient Mauritanians, the various invaders subsequent to the above periods, the emigrants from Spain, and the Turks; and are now generally denominated Moors. This mixture appears to be a very happy one, for there are few people who surpass them in beauty of configuration; their features are remarkably expressive, and their complexions are hardly darker than those of the inhabitants of the south of Spain. Shaler French troops landed near Algiers on June 14, 1830 and on July 5 the Dey (Highest Officer) of the Regency capitulated and left the country. Ottoman Sultan Mahmut II who had nominal sovereignty over the Regency did not react because his fleet had been weakened by the defeat at Navarino and in general by the effects of the Greek Independence War. The French initiative began as a retaliation for offences made to the French consul, but it eventually led to the conquest of the whole of the Regency of Algiers, including inland territories which were ruled by local beys and tribe leaders. It was a very bloody affair with casualties in the region of 500,000. In December 1848 Algeria was formally annexed to the French Republic.
Streets in the Old Town
We ascended to the Kasbah through a labyrinth of wretched streets, inhabited by the very dregs of the population, built without the slightest attempt at regularity, winding their devious course in almost inextricable confusion, the difficulty of threading them being increased by the numerous blind alleys, and the striking likeness each house bears to its next door neighbour. Clark Kennedy The French redesigned the layout of the area of Algiers near the harbour which was reserved to the growing European population and to private and state institutions. The description of the Old Town by Clark Kennedy, unlike those by Shaw and Shaler, shows the contempt by which officers of the colonial powers looked upon other cultures. Clark Kennedy visited Algiers after having served in the 18th Royal Irish Regiment in the First Opium War of 1840-1842.
Courtyard of the National Museum of Antiquities of Algiers
The French administration was keen on emphasizing the Roman presence in Algeria and French archaeologists extensively worked at the excavation, restoration and conservation of Roman sites and monuments. In a way they promoted a cultural association between the Roman and the French rule. In 1914 the novelist and historian Louis Bertrand observed when he visited the Roman ruins at Tipasa that he had rediscovered "the men who spoke his language and believed in his gods. He was no longer a lost Roumi in an Islamic land". Stephen L. Dyson - In Pursuit of Ancient Past - Yale University 2006 Notwithstanding this enthusiasm for the ancient ruins a very large number of archaeological sites and monuments were sacrificed to the development of modern towns (e.g. Cherchell) and infrastructures.
A still image from "The Battle of Algiers", a 1966 movie directed by Gillo Pontecorvo
In July 1962 Algeria was proclaimed an independent country at the end of eight years of a war without scruples. The Front de Libération Nationale, the organization which led the fight against the French became the backbone of the new nation and has since retained control of it. Without delving into details it can be said that today's Algeria is confronted with an institutional/cultural conflict between the supporters of a lay society and those of an Islamic one and with an ethnic/social conflict between the inhabitants of the big coastal cities and those of the poor eastern inland regions (Kabylia) who claim to descend from the ancient peoples of Numidia.
Courtyard of the National Museum of Antiquities of Algiers: (above) mosaic from Sula near Constantine depicting Scylla, a sea monster; (below) mosaic from Basilica of Bishop Alexander at Tipasa
After the independence of the country the Roman presence in Algeria was often regarded as that of a colonialist power and therefore as a negative one. A cursory visit to some archaeological sites and museums yielded mixed results: closed museums (Timgad) and abandoned sites (Lambaesis), but also well kept museums (Cherchell) and properly protected sites (Djemila).
D’une superficie de plus de 105 hectares et très densément peuplé, ce lieu de mémoire de la guerre d’indépendance et d’histoire avec sa citadelle ottomane du XVIe siècle tente de se refaire une santé.
Classée depuis 1992 au patrimoine mondial de l’Unesco, la Casbah d’Alger, cité millénaire où nombre de bâtiments menacent de s’effondrer, tente de se refaire une santé grâce à un plan de sauvegarde qui connaît une phase d’accélération.
D’une superficie de plus de 105 hectares et très densément peuplé (plus de 40 000 habitants), ce lieu de mémoire de la guerre d’indépendance et d’histoire avec sa citadelle ottomane du XVIe siècle qui surplombe la baie d’Alger, est l’un des plus beaux sites maritimes de la Méditerranée.
Mais ses édifices se sont dégradés au fil des années, sous l’effet de nombreux séismes, d’inondations et d’incendies déclenchés par des installations vétustes. « Les opérations de restauration du site ont commencé dès l’indépendance du pays en 1962. Il y a eu plusieurs plans, plusieurs intervenants », explique à l’AFP Aissa Mesri, responsable de l’agence Archimed, chargé des études et du suivi de la restauration de la médina.
Souvent, « des restaurations sont lancées puis interrompues pour des raisons financières, techniques ou juridiques liées à la propriété », détaille-t-il, en déplorant un manque de « vision claire » pour un « projet Casbah ».
Un budget de 170 millions d’euros
Malgré cela, un plan de sauvegarde a été lancé en 2012 avec l’ambition de restituer au quartier son « visage authentique et de proposer des solutions définitives pour la protection de ce centre historique et culturel et le maintien d’une partie de ses habitants dans leurs demeures ».
Le projet est doté d’un budget de 170 millions d’euros. Piloté par la Direction des équipements publics (DEP) d’Alger, il a déjà permis la restauration de plusieurs bâtisses dont certaines ont retrouvé leur splendeur d’antan ces dernières années.
Parmi elles, une partie de La Citadelle appelée aussi Dar es-Soltane, qui comprend le palais du dey (le régent de l’époque ottomane), la mosquée du dey et la poudrière, a été partiellement rouverte aux visiteurs depuis novembre 2020. La mosquée a été décorée de faïences, de marbres et de sérigraphie arabe.
Des figures historiques
« Un îlot de quatre maisons a été également livré récemment dont celle de M’Barek Bouhired », qui a servi de refuge à des figures emblématiques comme Djamila Bouhired, une icône de la guerre d’indépendance.
Cet îlot a vu également défiler Hassiba Ben Bouali, morte au combat dans la Casbah, Larbi Ben M’Hidi, autre héros, exécuté en 1957 sous les ordres du général français Paul Aussaresses, et Yacef Saâdi, l’un des symboles de la bataille d’Alger.
Le plan a également permis la restauration de la mosquée Ketchaoua, fermée en 2008, après des dommages liés à un puissant séisme intervenu cinq ans plus tôt. L’édifice religieux, aux racines ottomanes, a été rouvert en avril 2018 après trente-sept mois de travaux, financés entièrement par le gouvernement turc, pour un coût de 7 millions d’euros.
Avant le plan de sauvegarde, les autorités avaient lancé des interventions d’urgence pour « consolider les bâtisses qui risquaient de s’effondrer », précise à l’AFP Mehdi Ali Pacha, patron d’un cabinet d’architectes du même nom, spécialisé dans le patrimoine. « Des travaux d’étaiement de plus de 300 bâtisses ont été réalisés en 2008 et en 2013 », ajoute l’architecte dont l’agence a effectué les études de restauration de l’îlot comprenant la demeure historique des Bouhired.
Polémiques et nouveaux projets
La restauration des douirettes (petites maisons anciennes) est parfois freinée par les résidents. « Il y a des douirettes qui ont été vidées, murées par la mairie. Là, il n’y a pas de problème, on peut travailler. Quand les maisons sont habitées, l’étude se fait tant bien que mal avec des difficultés d’accès », déplore M. Ali Pacha.
Fin 2018, la réhabilitation de la Casbah avait été au cœur d’une polémique, aussi bien en France qu’en Algérie, après la décision des autorités algériennes de confier à l’architecte français Jean Nouvel l’élaboration d’un plan de « revitalisation » de ce quartier historique.
Quelque 400 personnes, surtout des architectes, urbanistes et universitaires, algériens et français, avaient demandé à Jean Nouvel de se retirer du projet, s’inquiétant notamment qu’un architecte français puisse proposer des transformations d’un haut lieu de la bataille d’Alger contre le colonisateur français. Le projet a fini par être abandonné.
Actuellement, sept projets de restauration d’édifices historiques sont en cours de réalisation avec un taux d’avancement des travaux de 65 %, selon Fatima Larbi, architecte à la DEP, citée par l’agence officielle APS. « L’objectif est de faire revivre la Casbah et de la mettre en valeur », souligne Mehdi Ali Pacha.
Une Libyenne se trouve au bord de la mer Méditerranée dans la capitale Tripoli, classée parmi lesvilles les moins agréables au monde (AFP)
La capitale syrienne Damas est la ville la moins agréable du monde, selon une étude publiée mercredi par l’Economist Intelligence Unit (EIU)
Les capitales libyenne et algérienne, Tripoli et Alger, ainsi que la ville de Lagos au Nigeria, complètent les quatre dernières places de l’édition 2022 du Global Liveability Index.
Dans le cadre de cette étude réalisée en mars, 172 villes du monde entier ont été analysées et une note comprise entre 1 (insupportable) et 100 (idéale) leur a été attribuée. L’indice a été agrégé selon cinq facteurs : stabilité, soins de santé, culture et environnement, éducation et infrastructures.
Damas, Tripoli et Alger ont obtenu un score inférieur à 40 en raison de l’agitation sociale, du terrorisme et des conflits, selon le rapport.
La capitale syrienne est désignée par cet indice comme la ville la moins agréable chaque année depuis 2013 (à l’exception de 2020, l’étude ayant été interrompue en raison de la pandémie).
La guerre civile en Syrie se poursuit depuis 2011, année où le président Bachar al-Assad a écrasé un mouvement de protestation pacifique et entraîné le pays dans un conflit brutal. Aidées par ses alliés, les forces d’Assad ont repris la majeure partie du pays, y compris Damas et ses environs.
En parallèle, la Libye est secouée par la guerre et l’instabilité politique depuis le renversement du dirigeant de longue date Mouammar Kadhafi en 2011.
L’EIU précise que les dix villes qui ferment la marche – parmi lesquelles la capitale iranienne Téhéran – ont vu leur score s’améliorer par rapport à l’an dernier, à l’exception de Tripoli.
Au Moyen-Orient, l’hégémonie des villes émiraties
Le haut du classement est dominé par l’Europe occidentale : Vienne occupe la première place, tandis que Copenhague, Zurich, Genève, Francfort et Amsterdam figurent dans le top 10.
Trois villes canadiennes – Calgary, Vancouver et Toronto – prennent place parmi les dix villes les plus agréables à vivre au monde, aux côtés d’Osaka (Japon) et Melbourne (Australie), dixièmes ex æquo.
Blasphème gastronomique ? Un classement « scandaleux » fait réagir les internautes du Moyen-Orient
La capitale ukrainienne Kyiv a été exclue de l’étude en raison de la guerre avec la Russie qui a éclaté au moment où l’étude était menée.
Les villes russes de Moscou et de Saint-Pétersbourg ont dégringolé dans le classement en raison de la censure, de l’instabilité et des sanctions résultant du conflit.
Ailleurs au Moyen-Orient, les villes les mieux classées se situent principalement dans le Golfe : l’indice accorde à Dubaï et Abou Dabi près de 80 points.
Entre le milieu et le bas du classement, avec des scores compris entre 40 et 60, on retrouve les capitales égyptienne et tunisienne, Le Caire et Tunis, les villes de Casablanca (Maroc) et d’Istanbul (Turquie), ainsi que trois villes saoudiennes : Riyad, Djeddah et Khobar.
À Alger, des designers repensent la ville. Une urgence !
La première Biennale algéro-française du design, qui se tient actuellement dans la capitale algérienne, fait cohabiter concepteurs de tous ordres pour repenser la ville de demain.
Vue du front de mer d’Alger, de la Casbah et de la mosquée Djamaa Jdid (AFP/Farouk Batiche)
Alger accueille jusqu’au 27 juin la première Biennale algéro-française du design, DZign 2020+1. Placée sous la thématique « repenser la ville par le design », cette rencontre a ouvert la voie à l’expérimentation urbaine. Pour l’occasion, Alger est devenue un réel laboratoire d’innovation : les concepteurs se sont appropriés la ville et ont imaginé des projets futuristes, durables et engagés dans l’amélioration de la vie de ses habitants.
Une préoccupation d’actualité alors que The Economist vient de classer encore une fois la capitale algérienne en bas de la liste des villes les plus agréables à vivre : Alger arrive à la 136e place sur 140, derrière Tripoli et Karachi !
Organisée par l’Institut français d’Alger (IFA) et placée sous le commissariat de la designer Feriel Gasmi Issiakhem, cette biennale devait initialement se tenir en mars 2020. Pour cause de pandémie, elle a été reportée d’une année. Selon les organisateurs, ce report a permis de renforcer le programme initial.
Expositions, discussions, portes ouvertes dans des universités partenaires, projections de films... : Feriel Gasmi Issiakhem explique à Middle East Eye le concept de biennale, « pas si éloigné de celui d’un festival ».
« Dans le monde de l’art, de l’architecture et du design, on utilise le terme de biennale car l’événement s’adresse à un public plus avisé. Partout dans le monde, une biennale dure un mois, c’est pourquoi nous avons élaboré un programme avec plusieurs temps forts », précise-t-elle.
Ce programme a été organisé autour de porteurs de projets, des « concepteurs » issus de tous les métiers formant la discipline du design.
« Ce qui est intéressant dans cette biennale, c’est justement cette démarche : faire cohabiter tous ces métiers autour d’un projet », ajoute la commissaire. « Nous exposons par exemple l’urbaniste Akli Amrouche, qui propose pour la première fois du mobilier urbain. Ou encore la designer Amina Laoubi, qui a conçu des ombrières pour le parc Tifariti [à Alger], un projet d’urbanisme. Ils conceptualisent tous des projets, quelles que soient leurs formations, et pourraient à l’avenir travailler ensemble. »
Un parcours dans la ville
Les trois temps forts de la biennale sont les trois expositions : « Extramuros » aux Ateliers sauvages (résidence de créations et lieu d’écriture), « Intramuros » à la Villa Abdellatif (résidence d’artistes), et l’exposition photographique « Photographiez la cité de demain » à l’Institut français d’Alger.
Ces trois expositions ont été montées de manière à suivre un parcours sur Alger. « C’est une manière d’avoir une sorte de marqueur dans le temps et l’espace. Montrer les projets de manière linéaire et donner la chance à toutes les expressions de rencontrer le grand public », décrit Feriel Gasmi Issiakhem.
Pour répondre au challenge « repenser la ville par le design », les concepteurs se sont exprimés à travers différents médiums : photographie, design graphique, maquettes, prototypes, objets, installations, vidéos.
« Le but de notre participation est d’interpeller sur des solutions qui n’existent pas encore chez nous mais qu’on pourrait lancer, comme le recyclage du béton »
- Riyad Aissaoui, designer
Pour Feriel Gasmi Issiakhem, l’objectif est de donner une liberté de création aux concepteurs et d’optimiser la compréhension pour le public.
Les médiums sont différents mais le message est le même. Les concepteurs évoquent tous le consumérisme. Ils ne veulent plus exister dans un monde surchargé d’objets. Ils proposent des projets techniques qui sacralisent la durabilité.
L’exposition « Photographiez la cité de demain » montre par exemple les clichés de vingt étudiants en architecture, algériens et français. Ces futurs architectes ont exprimé des inquiétudes et des souffrances, observées dans l’espace public. Qu’ils viennent d’Alger, Marseille, Nancy, Paris ou Lyon, ils portent tous le même discours : ils veulent « réparer l’existant ».
« Extramuros » est la plus spectaculaire des expositions, de l’avis des visiteurs que MEE a rencontrés. Les concepteurs ont repensé Alger en intervenant sur des espaces connus de la capitale : le jardin Tifariti, la baie d’Alger, l’esplanade des Fusillés. Ces repères ont permis aux visiteurs de se projeter dans la ville et d’imaginer l’apport des projets dans leur vie au quotidien.
Au jardin Tifariti, dans le quartier du Telemly, la designer Amina Laoubi propose un aménagement qui introduit l’artisanat et le design dans l’espace. Elle initie un ensemble d’activités qui mettent en valeur l’identité du lieu, garde certaines fonctions initiales du jardin comme les terrasses et les espaces de jeu, et aménage d’autres coins en espaces d’exposition en plein air, des bancs marquant des percées visuelles de la ville tout au long de la promenade.
L’architecte urbaniste et designer Liess Vergès propose une installation qui engage une réflexion sur la situation de la Casbah d’Alger. Il estime que même un lieu déserté, endommagé et abandonné à la dégradation, comme l’est l’ancienne médina de la capitale, n’est pas encore une ruine, il est « témoin de son histoire ».
Rénovation de la Casbah d'Alger : sous les pavés, la polémique
« Certains habitants de la Casbah sont partis dans des quartiers plus habitables, pendant que d’autres sont restés dans une pauvreté de plus en plus aigüe. La solidarité, qui était constitutive de la société de la Casbah, a disparu. Résultat, les écarts se creusent. En tant qu’architecte, mon questionnement est là : il faut d’abord travailler sur la mémoire », analyse-t-il pour MEE.
Le projet de la designer Souad Delmi Bouras s’intitule « Dzira ». Il s’agit d’un banc public végétalisé. Ce mobilier urbain est, selon la description de sa conceptrice, « un espace de repos et de rencontres ». Soucieux de la question environnementale et de la durabilité, il veut absorber le CO2 et réintégrer l’élément végétal fonctionnel dans les espaces urbains. Un banc fait de terre, de végétaux et de planches de bois.
Pour le designer Riyad Aissaoui, qui propose un mobilier urbain connecté, cette exposition permet de démontrer qu’il est possible « d’intervenir sur l’espace public efficacement et à moindre coût ».
« Le but de notre participation est d’interpeller sur des solutions qui n’existent pas encore chez nous mais qu’on pourrait lancer, comme le recyclage du béton », explique-t-il à MEE.
« En tant que designer, je m’intéresse particulièrement aux avancées en matière de recyclage dans les autres pays. On ne parle plus de matière première mais de dernière matière. Ce genre de rencontre nous permet de confronter nos visions, de compléter nos connaissances et surtout, de dire qu’il est possible de concrétiser des projets dont le retour sur investissement est aussi assuré. »
Démarche écoresponsable
À la Villa Abdellatif, l’exposition « Intramuros » est dédiée à l’objet du quotidien : mobilier, luminaires, art de la table...
Les concepteurs Mouna Boumaza Bensalem et Khalil Bensalem proposent une installation constituée d’une table, composée de pieds cylindriques en sciure liée par de la résine, dans lesquels s’imbrique un fin plateau de tôle en laiton brossé.
Les deux concepteurs adoptent une démarche écoresponsable. Ils exploitent la sciure de bois, déchet issu de la fabrication de leurs mobiliers, et lui insuffle un nouveau cycle de vie, la sciure devenant ainsi matière première dans la création de produits inédits.
« Igerzzen » (la merveilleuse) est une lampe de chevet proposée par les artistes designers Leila Mammeri, Rachida et Samia Merzouk. Fabriquée en fer forgé et terre cuite, elle sert aussi de vide-poche et de diffuseur de parfum.
Pour Feriel Gasmi Issiakhem, cette biennale a pour objectif de « déstabiliser les certitudes de beaucoup de gens qui pensent que le design n’est qu’un objet ». C’est pour cette raison que les organisateurs ont pensé le programme des expositions en laissant en dernier celle dédié à l’objet.
« En visitant la première exposition, le public profane va se demander quel est le lien entre le design et la photo. Mais il comprendra vite que ce sont des architectes qui participent à l’exposition », souligne Feriel Gasmi Issiakhem.
« Ensuite, il découvrira ‘’Extramuros’’, liée à l’objet urbain, et là encore, il va engager une réflexion sur le lien du design avec des projets d’urbanisme. Enfin, avec ‘’Intramuros’’, dédiée à l’objet design, il comprendra que le design n’est pas de l’esthétique, c’est une science des processus au service de l’homme. »
DZign 2020+1 se clôturera dimanche 27 juin avant de revenir en novembre 2021 avec des expositions, des rencontres, des débats et des master classes dirigées par des personnalités internationales du design.
Maisons en ruines, artisans en voie d’extinction, rénovations abandonnées... chronique d’une disparition annoncée que rien – et surtout pas l’État – ne semble pouvoir enrayer.
Depuis les terrasses, le désastre causé par les nouvelles constructions en parpaing est bien visible (MEE/Adlène Meddi)
Là, comme un décor de théâtre oublié, des maisons dont des pans entiers se sont effondrés tiennent à bout de force des arcades mauresques suspendues dans le vide. Ici, des plaques de tôle tentent de voiler des dépotoirs que les odeurs ne parviennent pas à dissimuler. « Les constructions du XVIIe siècle se sont écroulées. Celles du XVIIIe commencent à s’effriter. À ce rythme, dans 30 ans, il ne restera plus rien de la Casbah », déplore L’hadi Bendebka, guide algérois et avocat spécialisé dans l’immobilier, qui assiste, impuissant, au délitement de la médina d’Alger.
Un décor en ruines
Car ni les classements internationaux, ni l’État n’ont pu empêcher le temps, le climat, les séismes et les hommes de fragiliser ce site unique, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1992, habité depuis au moins le VIe siècle avant J-C par les Phéniciens, et dont les contours correspondent aujourd’hui aux remparts de l’époque ottomane. De la cité modèle qui influença l’urbanisme en Méditerranée occidentale et en Afrique sub-saharienne, il ne reste aujourd’hui que des photos sépias que les anciens de la Casbah placardent sur les murs de leur atelier ou les devantures de leur boutique comme la preuve ultime d’une grandeur passée qui ne reviendra jamais.
Celles de Khaled Mahiout s’exposent au milieu des coupures de presse en l’honneur de son père, des pochoirs en bois et des photos de famille. Il y a sept ans, l’État a décidé de restaurer la douirette (maison traditionnelle) de cet ébéniste décorateur. « Malheureusement, faute de trouver les artisans compétents, l’État a arrêté les travaux », raconte-t-il à MEE en nous faisant visiter le chantier. « Les ouvriers ont laissé sur place les gravats que j’essaie de jeter au fur et à mesure. Et je ne peux même pas reprendre la restauration à mon compte car l’État exige des artisans une expérience et des fonds dont aucun Algérien ne dispose. »
Pourtant, il y a urgence : depuis que la maison mitoyenne voisine a été rasée en 1982, les murs de la sienne sont en train de pivoter. Mais pour ce fils de la Casbah, il y a plus grave que la perspective de ne jamais voir sa maison rénovée. Il y a ses voisins : de « nouveaux » résidents, étrangers aux règles de la citadinité. Pire. Étrangers aux règles de la Casbah.
« Ils ont enlevé les portes et les balustrades, ils ont bouché les puits et ont construit sur les terrasses ! », s’emporte-t-il. « Je ne peux pas vivre avec ces gens-là. » Un peu plus bas dans la rue, une odeur d’excréments et d’égouts vous prend à la gorge. « Pour ne pas avoir à descendre en ville pour chercher de l’eau quand arrivait l’été et que les fontaines s’asséchaient, les habitants de la Casbah avaient construit, sous les maisons, des djoubs, des réservoirs pour récupérer les eaux pluviales », explique L’hadi Bendebka. « Quand les nouveaux résidents sont arrivés, ils ont fabriqué des toilettes à chaque étage et ont connecté les canalisations aux djoubs. Et comme les eaux usées ne sont pas évacuées, elles stagnent sous la maison. D’où cette odeur terrible… »
La vue depuis les terrasses ne trompe pas. Partout, du parpaing, du ciment, des tuiles, que ne peuvent supporter, sur le long-terme, les constructions organiques traditionnelles de la Casbah, faites de terre, de bois et de pierre, sans fondation. Selon l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels, un organisme public algérien, 400 parcelles vides (17 % du parc immobilier de la Casbah) et près de 1 200 bâtisses en ruine « menacent la solidité de l’ensemble du tissu urbain ».
Des plans de sauvegarde initiés par l’État, il y en a eu, pourtant.
Le dernier, appelé « plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur de la Casbah d’Alger », doté de presque 900 millions de dollars, remonte à 2012. Pour faciliter les opérations de restauration, l’État avait voulu racheter leurs biens aux propriétaires en mettant à leur disposition des logements temporaires. « Sauf qu’il est pratiquement impossible de trouver les véritables propriétaires, de nombreuses maisons étant occupées par des gens qui n’ont pas de titre de propriété », souligne L’hadi Bendebka. « Et même si on sait à quelle famille appartient une maison, les propriétaires, souvent les enfants, sont trop nombreux pour s’entendre. »
Quant aux habitants qui ont été déplacés dans les nouvelles cités-dortoirs en banlieue d’Alger, la plupart sont… revenus dans la Casbah. « Ils ont vite compris qu’il leur manquait l’essentiel, la vie de quartier », reconnaît Khaled Mahiout. Conséquence de ces mouvements de population et des velléités de restauration de l’État : la Casbah est devenue une incroyable manne d’argent pour les associations de défense du patrimoine et une énorme bulle de spéculation immobilière. « Les gens disent : ‘’Je te vends cher parce que l’État va restaurer gratuitement, témoigne un habitant. Résultat, on frôle les 6 000 dinars algériens (60 dollars) le mètre carré. »
Une situation qui fait bondir l’architecte urbaniste Halim Faïdi, contacté par MEE. « Au lieu de se demander ce qu’on veut faire de la Casbah dans 25 ans – une cité touristique ou un quartier d’Alger – on met en place des plans budgétivores. Sous prétexte qu’elle appartient au patrimoine mondial, on pense que c’est l’État qui doit s’en occuper. Or les autorités n’ont ni la vision, ni le talent, ni les compétences pour traiter ce dossier. »
Pour l’urbaniste, la solution est pourtant « simple ». « Il faut remettre la Casbah au secteur privé, comme cela a été fait à Sidi Bou Saïd en Tunisie ou à Marrakech au Maroc. Sinon, dans 10 ans, elle n’existera plus ». Puisque les gens qui y habitent n’ont pas les moyens d’acheter leur maison, cela permettrait de « régénérer la cité, surpeuplée, des deux tiers de ses habitants ». Alors que la Casbah comptait 3 000 habitants avant l’arrivée des Français, elle en contient aujourd’hui, selon les estimations, entre 50 000 et 60 000.
L’abandon des artisans
Dans sa cave éclairée au néon où il ne voit jamais la lumière du jour, Saïd, 54 ans, un des plus anciens dinandiers de la Casbah, fils craché des années Boumediene et héritier de l’idéologie socialiste, ne voit quant à lui le salut qu’en l’État. « C’est à lui de me donner un local assez grand pour que je puisse former des apprentis », affirme-t-il à MEE. « Si aujourd’hui je n’arrive pas à travailler, c’est parce que l’État n’a rien fait pour préserver les importateurs de cuivre. La matière première est très difficile à trouver ! Pour que les touristes viennent dans la Casbah, il faut qu’ils puissent y trouver des souvenirs ! »
Un peu plus bas, dans ce qu’on appelle la Basse-Casbah, partie de la citadelle détruite par les Français qui y ont construit un quartier haussmannien, Halim dénonce lui aussi la politique du gouvernement vis-à-vis des commerçants. Sa petite boutique de kalb elouz (pâtisserie à la semoule trempée dans le miel), où entrent plus d’abeilles que de clients, est un musée aux couleurs de l’USMA, l’un des deux clubs de foot algérois. Sur la porte est scotché un portrait en noir et blanc plastifié d’Ali Lapointe, héros de LaBataille d’Alger, le célèbre film de Gillo Pontecorvo, entouré d’Hassiba Ben Bouali et Petit Omar, figures emblématiques de la résistance algérienne. Ces demi-dieux omniprésents que la Casbah refuse d’oublier rôdent à chaque coin de rue.
« Moi, j’ouvre pour le prestige. Je ne gagne pas d’argent », déclare Halim en désignant ses gâteaux vendus 45 dinars (environ 0,20 dollars). « Mais l’État me réclame des impôts. En revanche, le marchand qui s’est installé sur mon pas de porte et qui vend des pétards alors que la loi en interdit normalement l’importation, on ne lui demande rien parce que le gouvernement n’ose rien exiger du commerce informel pour maintenir la paix sociale. »
Sous la flamme de son petit fer à souder et la lumière des néons, Jamaa Boudjemaa secoue la tête. « Ils ne nous ont pas aidés », lance-t-il pour désigner l’invisible magma de décideurs algériens. « Pourtant, la vie de la Casbah, c’est l’artisanat. Moi, je n’ai plus les moyens d’acheter de l’or, alors je répare les bijoux », raconte-t-il en saisissant une petite chaîne entre ses doigts d’ancien boxeur. Ce que je gagne me sert à acheter du pain et du lait. » Mais Jamaa ne renonce pas. Entre les ventilateurs et de vieilles photos qui attestent de sa présence depuis de nombreuses années, il montre fièrement les affiches des films Le Patriote et Le Gladiateur, où le visage des acteurs a été remplacé par le sien. Tout un symbole.
Au milieu de ces murs blanchis à la chaux et des rues aux pavés polis par le temps, là où les hommes sont partis, les souvenirs résistent. « Enfant, je passais ici avec mon père quand on allait voir les matchs de foot », se souvient Mohamed Rezala, éditeur de guide touristique. « On s’y arrêtait pour acheter des oublis [gaufres] ou un créponné [sorbet algérien au citron]. » L’hadi Bendebka évoque les effluves du Ramadan prisonnières des ruelles étroites, celles de la chorba (soupe) ou des boureks (rouleau de pâte feuilletée fourré). C'est toute l’âme d’Alger, dont le saint patron, le marabout Sidi Abderrahmane, repose dans le mausolée quelques rues plus bas. Rien qui ne suffise à arrêter la destruction de la Casbah, mais une façon de dire tout haut qu’elle ne se fait pas dans l’indifférence.
Du 6 avril au 22 août 2022, le MUCEM propose une exposition sur Abd el-Kader qui offre un parcours de cet homme politique qui fut le résistant le plus célèbre à la conquête coloniale de l’Algérie et celui qui sut tenir en échec la puissance française avec des moyens qui n’étaient pas ceux de celle-ci.
On est accueilli, dès l’entrée, par une citation de Flaubert dans son Dictionnaire des idées reçues, précisant que le terme d’« Émir » s’applique exclusivement à Abd el-Kader. C’est dire la notoriété qui était la sienne à l’époque dont de nombreux documents attestent comme les portraits peints qui apparaissent sur des couvertures d’ouvrages dont nous parlerons ensuite : celui entre autres portraits, « romantique », de Marie-Éléonore Godefroid (1778-1849), élève du baron François Gérard, élève de David, elle-même portraitiste très connue.
Il est reproduit en couverture du récit de Waciny Laredj.
Autour de l’exposition ont lieu ou auront lieu d’autres interventions. L’une d’elles est la conférence donnée le 27 mai 2022, au musée, par Kamel Bouchama, sénateur algérien et spécialiste de la vie et des œuvres de l’Émir. Le titre même de la conférence en donnait les axes essentiels : « Abdelkader, Chevalier de la foi, apôtre de la fraternité, précurseur du droit international humanitaire ». Kamel Bouchama a retracé sa biographie, de sa naissance, en 1808 dans l’ouest algérien, à sa désignation à la tête des tribus qui s’unissent contre l’envahisseur français, à l’organisation de la résistance durant quinze années jusqu’au dépôt des armes en 1847 contre la promesse d’être envoyé en terre d’islam. Il a évoqué cette promesse non tenue et remplacée par un emprisonnement de plusieurs années avant l’obtention de son départ d’abord en Turquie puis enfin à Damas en Syrie en1852 où il mourut en 1883.
Ne pouvant s’attarder sur chaque étape de cette vie, le conférencier a insisté sur sa qualité de fondateur de l’État algérien moderne, sur sa modernité et sur son humanisme. Il établit, comme d’autres biographes avant lui, une bi-partition dans sa vie. La première partie est celle de la résistance et de l’emprisonnement, l’émir contre la France et emprisonnée par elle (1832-1853) ; la seconde partie, celle de l’exil qui le conduit progressivement en Syrie (1853-1883). Le conférencier a particulièrement insisté sur le rejet du terme de « reddition » le concernant : il a voulu « l’arrêt de la guerre » pour préserver les siens, après avoir été trahi par le sultan du Maroc et avoir compris qu’il était pris dans un étau franco-marocain. C’est alors que, dans sa lettre à Lamoricière, il a demandé à être envoyé en terre d’Islam à Alexandrie ou à Aca (Saint Jean d’Acre) : ce qui lui fut assuré. Avec un certain humour, le conférencier a souligné cette habitude du pouvoir colonial français d’avoir, comme mode de gestion des dominés, le piratage… et de rappeler, en un clin d’œil vers une actualité plus proche, le détournement de l’avion des dirigeants du FLN le 22 octobre 1956. L’émir se retrouve, avec les siens, prisonnier :
ce qu’on appelle sa suite était composée de plus de 80 personnes dont 27 sont décédées à Amboise où existe désormais un cimetière du souvenir dont la réalisation a été confiée à l’artiste algérien, Rachid Koreïchi et dont une photo illustre la couverture du récit d’Amel Chaouati. Bouchama a souligné que l’image de la « soumission » d’Abdelkader est récurrente chez les Français, transformant une conscience politique des forces en présence en une « reddition » et déviant la signification politique de ce geste qui a fait couler beaucoup d’encre. Le conférencier a aussi insisté dans la suite de sa conférence sur le respect que l’émir exigeait vis-à-vis des prisonniers français pendant la résistance sur le territoire algérien ; et aussi sur l’épisode de Damas où il sauva des chrétiens du massacre. Cette séquence, toujours racontée, K. Bouchama l’a expliquée dans le contexte de l’impérialisme en expansion alors. La conférence a été suivie de questions posées à l’orateur : deux heures d’exposé et d’échanges qui ont donné les grandes lignes de la représentation officielle de l’émir en Algérie, avec beaucoup d’entrain, d’anecdotes et de parallèles entre le passé et le présent et que le public, nombreux, a suivi avec intérêt.
Pour prolonger ce que propose le MUCEM, évoquons des auteurs et écrivains algériens qui, ces dernières années, ont évoqué la figure de l’émir au centre de cette exposition. En 2005, le romancier, Waciny Laredj édite en arabe, Kitabu al Amir à Beyrouth. Sa traduction, Le livre de l’Émir, paraît en français l’année suivante chez Actes Sud. Chaque auteur choisit tel ou tel aspect de la vie ou de la pensée d’Abd el Kader : ici, c’est le lien entre l’émir et Mgr Dupuch, évêque d’Algérie, qui est privilégié. Celui-ci a connu And el-Kader, alors qu’il était évêque en Algérie, entre 1838 et 1845, pour un échange de prisonniers. Plus tard, lors de l’emprisonnement de l’émir, Mgr. Dupuch le visite plusieurs fois et plaide, auprès de Louis-Napoléon Bonaparte, sa cause, c’est-à-dire sa libération et son envoi en terre d’islam, selon la promesse non tenue. En choisissant cette relation entre les deux hommes, le romancier algérien développe trois lignes narratives : la trajectoire de l’émir en Algérie de 1832 à 1847 sur laquelle Mgr. Dupuch l’interroge ; les entretiens entre les deux hommes, entre 1848 et 1852 à Pau et à Amboise ; et enfin, le retour des cendres de l’évêque en Algérie en 1864, selon son vœu. Chaque auteur qui s’intéresse à Abd el-Kader dévoile, nécessairement, des aspects méconnus de la conquête de l’Algérie qui n’a pas été sans contradictions et hésitations. La France ne s’opposa pas tout de suite à l’émir, lui concédant le contrôle des tribus de l’intérieur quand, elle-même, se contentait des ports. La colonisation des terres vint ensuite et l’émir devint l’ennemi à vaincre. Waciny Laredj choisit un homme d’église généreux et choqué des actes de la colonisation.
En 2012, c’est au tour d’un autre romancier algérien, Abdelkader Djemaï de se lancer dans l’aventure d’une fiction historique d’un personnage aussi connu. La dernière nuit de l’émir paraît au Seuil (et l’année suivante chez Barzakh, à Alger). Comme le titre l’indique, c’est, cette fois, la dernière nuit sur le sol algérien qui est le point focal de la fiction : le 24 décembre 1847, au port de Ghazaouet, l’émir attend avec toute sa suite, d’embarquer pour Alexandrie ou Saint Jean d’Acre.
e.
Les passagers sont transférés d’un navire à l’autre pour arriver finalement à Toulon. A partir de ce point fort du récit, ce moment où la vie de l’émir bascule, le romancier fait revivre les années précédentes de résistances, de luttes et de trahisons en choisissant de confier la parole à un meddah, sorte de récitant des exploits des héros, Bachir-el-wahrani. Ce choix du narrateur est l’originalité même de ce récit car il fallait cette voix pour donner son poids épique à cette résistance qui, malgré son échec, a montré que la colonisation fut une entreprise pleine de difficultés et que les Algériens n’ont pas assisté, impuissants, à la prise de leurs terres.
En 2013, aux éditions La Cheminante, Amel Chaouati publie un récit tout à fait original par rapport aux nombreux ouvrages écrits depuis deux siècles sur l’émir : Les Algériennes du château d’Amboise. La suite de l’émir Abd el-Kader, enrichi d’une postface de Maïssa Bey, découvrant avec intérêt l’enquête engagée par l’autrice. Amel Chaouati est psychologue de formation et s’intéresse aux influences croisées entre l’Algérie et la France en les reliant à sa propre expérience de l’exil. Elle est connue pour son travail sur l’œuvre d’Assia Djebar ; elle préside le Cercle des Amis de l’écrivaine. Son souhait est de déverrouiller l’Histoire entre les deux pays. Ce récit mène à la fois de front et en convergence son parcours personnel de recherche d’une mémoire et son enquête historique pour rendre visibles celles dont on ne parle pas : les femmes de la suite d’Abd el-Kader. Ébranlée par la découverte du Jardin d’Orient, le cimetière où reposent vingt-cinq personnes de la suite, décédées entre 1848 et 1852, elle raconte : « Alors que je suis plongée dans ma méditation les yeux rivés sur les tombes, j’ai une vision soudaine : des femmes en abaïas sont assises en tailleur ; elles discutent gaiement. Une ribambelle d’enfants joueurs s’agite autour d’elles. Effrayée par cette vision joyeuse qui contraste avec le décor funeste, je lève brusquement la tête. Je réalise que je suis seule sur l’esplanade. […] Je lance un ultime regard en direction des tombes. Je leur fais la promesse de ne pas les oublier ». Avant de quitter Amboise, elle achète deux ouvrages. Dans l’un d’eux, elle lit les intentions de l’artiste Rachid Koraïchi, chargé de rendre hommage à ces disparu(e)s : « le geste symbolique de l’offrande sous-tend chaque ligne de son projet. Directions, matériaux et mesures, l’artiste passe tout au crible de l’exigence spirituelle. Il veut présents ensemble l’Orient et Occident – la pierre dorée d’Alep en appui sur la terre d’Amboise, sa forme cubique pour rappeler la Kaaba ».
Le projet prend forme : « Que faisaient ces Algériennes et leur progéniture si loin de leur propre terre ? » C’est la lecture du livre illustré de Bruno Étienne et Fernand Pouillon, Abd el-Kader le magnanime, édité en 2003, qui l’a mise sur la voie. Elle découvre en le lisant sa connaissance très parcellaire de ce personnage historique qu’elle croyait connaître par ce qu’elle avait appris comme écolière algérienne. Ils mentionnent la présence de femmes mais sans fouiller plus le sujet. Elle se rend compte que, de façon générale, les ouvrages sont aimantés vers le chef de guerre et le chef spirituel. Mener l’enquête qu’elle décide d’entreprendre, c’est aussi remonter le cours de son ignorance de l’histoire de l’Algérie, de la colonisation et de la guerre. « Je ne savais pas que ma première lecture allait me conduire à interroger l’écriture de l’Histoire et sa transmission ». La lecture de nombreux ouvrages la conduit à refaire le parcours de l’émir et de sa suite. Ses découvertes progressives sont toujours assorties d’une réflexion sur la manière d’ériger une histoire dont on sélectionne les étapes, chacun choisissant les siennes dans un pays comme dans l’autre. Ce processus de transformation d’un destin historique en fonction de ce que l’on veut démontrer est bien souligné et peut servir à réfléchir à la construction d’autres destins glorieux de l’Histoire. Elle insiste sur la fameuse « reddition » que le discours algérien gomme alors qu’elle est soulignée par le discours français : « La reddition de l’émir et sa demande d’amane doivent sûrement être une source de traumatisme pas encore dépassée dans l’inconscient collectif. Or, le traumatisme est l’impossibilité d’oublier l’événement de la reddition. Il rappelle l’humiliation pour les uns, la trahison pour les autres, soldées par la colonisation de tout le territoire algérien. La trace de cette blessure se métabolise par le silence des Algériens sur cette période, or, l’importance du déni peut renseigner sur la profondeur de la blessure encore présente ».
Du côté français, elle voit aussi la blessure présente dans le langage, à travers l’expression assez humiliante : « l’émir est venu en France avec toute sa smala ». Ce mot qui a un sens précis en arabe a été détourné pour signifier, de façon assez méprisante « un groupe important et encombrant ». Pour transmettre véritablement cette histoire, il faut le faire autrement, et Amel Chaouati met à distance des souvenirs épars et commence son voyage dans les archives par les Archives nationales d’Outre-mer à Aix-en-Provence : « Alors que je suis en train de dépouiller ces lettres, des voix féminines nettes et audibles font irruption brusquement. […] Les voix de ces Algériennes m’assiègent et ne me quitteront plus ; elles attendaient d’être délivrées de l’enfermement de l’histoire et pour certaines d’une mort inachevée ». Il faut rendre justice à ces femmes oubliées par les historiens et, du même coup, Amel Chaouati s’intéresse aux Algériennes et aux Françaises de l’Histoire plus récente de l’Algérie : elle prend toute la mesure de mots comme « amies », « ennemies ». Elle prend conscience aussi qu’il est périlleux de vouloir écrire sur un personnage figé dans des discours bien rôdés et qui ne laissent pas place aux contradictions. Conjointement, elle sait que son projet n’est pas isolé : il est courant que les femmes soient les oubliées de l’Histoire. Et comme l’écrit Michelle Perrot, « elles sont imaginées beaucoup plus que décrites ou racontées ». Pour parvenir à son projet, elle décide de commencer par la fin, la fameuse reddition car elle éclaire ce qu’elle veut mettre en valeur. L’enquête se fait alors récit, entrecoupé de documents d’époque. Son séjour dans la ville de Toulon lui permet de reconstituer le désarroi de l’inconnu qu’eurent à affronter ces femmes. Elle s’appuie sur d’autres études de l’époque pour reconstituer ce qui n’a pas été consigné.
L’essayiste combine histoire personnelle et histoire de rencontres au fur et à mesure de son enquête et éléments concrets à inscrire pour écrire l’histoire de ces femmes. Elle propose aussi des lectures de tableaux célèbres de l’époque : en particulier, le tableau très connu (et qui figure en bonne place dans l’exposition du MUCEM), « Louis-Napoléon, prince président, annonçant à Abd el-Kader sa libération au château d’Amboise le 16 octobre 1852 », tableau d’Ange Tissier. C’est le seul tableau où une Algérienne est représentée et ce n’est pas n’importe quelle femme, mais la mère de l’émir. On aura compris combien, pour qui s’intéresse au sujet mais aussi à la sortie des femmes des silences de l’histoire, ce récit d’Amel Chaouati est à lire pour progresser avec elle dans la difficile entreprise qui a été la sienne. Comme l’écrit Maïssa Bey : « Elles s’appellent Zohra, M’barka, Aïcha, Kheïra ou encore Khadidja, Zineb et Rahma. […] Elles sont épouses. Elles sont compagnes. Elles sont rivales, parfois. Mais aussi et surtout mères. […] Elles sont Algériennes ; Nomades pour la plupart. Elles ne connaissent que l’infini des plaines, le bruissement du vent dans les hautes herbes, l’inaltérable chaleur des étés africains et le frissonnement de la terre sous les pieds nus. Arrachées à leur famille, transplantées dans un pays, dans des lieux qui leur sont totalement étrangers, il leur faut apprendre à survivre ».
En 2016, c’est sous forme d’un dossier bien documenté, magnifiquement illustré, que Yahia Belaskri se lance lui aussi dans l’aventure, éditant chez Magellan&Cie, Abd el-Kader, le combat et la tolérance. Le titre choisi souligne l’orientation du regard que l’écrivain porte sur l’émir : il est donc question ici de sa résistance puis de l’attitude qui fut la sienne après qu’il ait déposé les armes. L’illustration de couverture est cette fois le portrait peint par Stanislaw Chlchowski en 1866. Comme les auteurs précédents, Yahia Belaskri raconte comment il en est venu à écrire cet ouvrage. Prenant conscience de la complexité du personnage, il n’a voulu laisser de côté aucun des aspects de sa vie et de ses actions : « J’en suis sorti avec la conviction qu’Abd el-Kader est un homme comme tous les autres, fragile, sujet aux contradictions et aux faux-pas, mais qu’il reste exceptionnel par sa capacité à se remettre en cause, par ses propos remplis d’humanité, par sa recherche d’harmonie qui tend vers l’universel. C’est ainsi qu’il faut comprendre sa proximité avec Ibn Arabi, son maître ».
Chaque chapitre de ce dossier contient des informations précises et rapporte des faits qui font vivre le personnage dans ses contextes. Le premier chapitre s’attarde sur ses origines pour éclairer un devenir. Le second, « Le résistant », revient sur ses combats contre la prise de l’Algérie par la France. A plusieurs reprises, il souligne dans les pourparlers et les traités, le fossé de la langue qui fait que les belligérants signent des textes aux contenus sensiblement divergents. Les dissensions entre les tribus, les appartenances religieuses différentes (Qadirya à laquelle appartient Abd el-Kader et la Tidjania qu’il combat), le recherche d’aide au Maroc et la trahison, l’entrée de Bugeaud dans la lutte, tout est rapporté avec précision et clarté pour un lecteur qui n’a qu’une connaissance approximative de ces années de conquête. Yahia Belaskri revient sur la fameuse reddition : « Il faut de suite clarifier cette question de la reddition. Ils sont nombreux ceux qui, aujourd’hui en Algérie, ne veulent pas en entendre parler, à commencer par sa petite-fille, Al Amira Badiaa Al Hassani, qui, dans une interview accordée au quotidien algérien arabophone El Khabar (juillet 2008), propose de parler d’ « accord de sécurité » et demande que les manuels scolaires soient revus afin d’éliminer ce mot de reddition qui ressemblerait à une infamie. Les faits sont têtus, malheureusement, et les documents existent, consultables par tous. Avait-il le choix ? L’émir, après s’être débarrassé des troupes marocaines qui le pourchassaient, au prix de plusieurs cavaliers morts durant le combat, s’adresse à ses hommes, la poignée qui reste : « Nous avons tous combattu avec ferveur tant qu’il existait pour nous un espoir de libérer notre pays. S’il existait encore une possibilité de vaincre, je poursuivrai le djihad ». Ses hommes l’exhortent à déposer les armes, ce qu’il fait le 23 décembre 1845.
Le chapitre 3 intitulé « Une éthique musulmane face à la chrétienté » revient sur la confrontation de mentalités religieuses très différentes. L’humanité de l’émir, au nom de sa foi, est attestée plus d’une fois durant la guerre en Algérie puis plus tard, au moment où il sauvera des chrétiens à Damas. Le chapitre 4 est consacré au « prisonnier ». Le discours dominant en France justifie le non-respect par les Français de la parole donnée à l’émir. Ainsi on peut lire dans une revue de l’époque : « Il était dit qu’Abd el-Kader nous donnerait de l’embarras même quand il serait entre nos mains. Autrefois, on ne savait pas où le prendre ; maintenant, on ne sait pas où le mettre. Il nous est impraticable qu’il soit envoyé à Saint-Jean d’Acre ou à Alexandrie, comme il en avait témoigné le désir. […] Laisser Abd el-Kader planter sa tente en Orient, ce serait laisser s’établir en vue et à proximité de nos possessions d’Afrique un foyer de conspirations permanentes aussi dangereuses que l’état de guerre ».
La captivité de l’émir et des siens est racontée de Toulon à Pau, de Pau à Amboise. Le chapitre 5, « de Brousse à Damas » retrace le périple de l’émir pour aboutir finalement à sa résidence en Syrie. Le chapitre 6, « Le franc-maçon » expose les éléments d’un fait qui divise, malgré les documents attestés, les Algériens aujourd’hui ; de même que le chapitre 7, « L’ami de la France ». On les lira avec d’autant plus d’intérêt. Le chapitre 8, « Le mystique » fait plus consensus ; mais le 9, « Des femmes, une famille » affronte la question qu’a exploré Amal Chaouati, en montrant que l’émir, comme un homme de son temps, était polygame, qu’il eut seize enfants – dix garçons et six filles. Tous ces chapitres sont accompagnés d’une riche iconographie et de documents qui permettent de sortir de cette lecture, un peu moins ignorants des faits et avec une meilleure connaissance d’un homme au destin exceptionnel.
Les fictions ou essais lus omettent souvent de souligner que l’émir Abd el Kader ne parlant pas français, il y avait toujours un traducteur entre lui et son interlocuteur, de même qu’entre le texte qu’il signe des différents traités et le texte que signent les Français. Peut-être pour tous ces auteurs, cela allait de soi et il était inutile de s’attarder : pourtant, c’est un aspect tout à fait passionnant à sonder pour ce qui est de la fluidité des échanges et les contresens qui en découlent quand les « rencontres » se font dans la brutalité et la violence. Comment se fait l’intercompréhension ? Le vainqueur ne s’embarrasse pas de nuance et le vaincu se sait floué. Todorov en a analysé un exemple, savoureux s’il n’était dramatique, celui de « l’arrivée » linguistique de Christophe Colomb aux « Indes »…
Cela justifierait de ne pas passer aux oubliettes un ouvrage tout à fait passionnant, même si romancé et controversé, celui de Léon Roches, Trente deux ans à travers l’islam : né en 1809, le jeune homme arrive en Algérie en 1832 où son père s’est installé à proximité d’Alger. Il a 23 ans et il arrive deux ans après les premiers pas de la conquête. Il éprouve le besoin d’apprendre la langue du pays par amour pour une jeune musulmane et très vite, il maîtrise l’arabe : il est alors pris comme traducteur dans l’Armée d’Afrique, sous-lieutenant de cavalerie dans la Garde Nationale d’Algérie de 1835 à 1839. Il entre en contact avec l’administration d’Abd el-Kader dont il devient le secrétaire, lui traduisant toutes sortes de documents. Il vit au camp de celui-ci le temps de la trêve entre l’émir et la France, entre 1837 et 1839, après le traité de la Tafna, le 30 mai 1837. Il le quitte en 1839 quand la guerre reprend entre l’émir et la France. Bugeaud l’utilise encore pour des pourparlers puis le fait affecter au Ministère des Affaires étrangères comme interprète. De novembre 1839 au 14 février 1846, il sera au service du Général Bugeaud. Il continuera ensuite sa carrière au Maroc, en Egypte. Réédité par la BNF, son récit est à lire et rappelle le rôle joué par les interprètes dans toute domination. Il présente ainsi son projet, en 1884 : « Dès ma sortie du collège, j’ai pris l’habitude de noter chaque soir, sur un agenda, ce que j’ai fait et observé durant la journée. C’est dans ce journal régulièrement tenu, pendant plus de cinquante années consécutives malgré les péripéties d’une vie singulièrement agitée, que j’ai trouvé les jalons qui m’ont servi à reconstruire mon passé. Appelé ainsi à narrer les événements de la glorieuse épopée de l’Algérie, je retrouvai un peu de cette verve qui animait autrefois mes récits. On croirait en effet à un roman fait à plaisir, en lisant la relation de mon séjour auprès de l’émir Abd-el-Kader, de mon voyage à la Mecque, de mon arrivée à Rome et de mon retour en Algérie. Ma personnalité est trop humble, sans doute, pour que j’aie l’orgueil de croire que le public prenne grand intérêt aux détails de ma vie privée. Ces détails, toutefois, ne sont pas inutiles, car tous ils initient mes lecteurs au caractère et aux mœurs intimes de la société musulmane, arcane dans lequel peu d’européens ont pu pénétrer ».
En 1947, dans la Revue Africaine, Marcel Emerit, professeur à la Faculté des Lettres d’Alger, a démoli son ouvrage dans un article intitulé « La légende de Léon Roches », traitant son livre de « joli roman oriental » et d’erroné par bien des aspects. Espion, agent double, affabulateur, tout a été dit sur cet homme à l’esprit d’aventure et qui eut une carrière étonnante. En ce qui concerne notre sujet, avoir été successivement et dans un temps resserré, secrétaire d’Abd el-Kader puis de Bugeaud mériterait d’être pris en considération ; en particulier pour le rôle que jouaient les interprètes au moment des conquêtes et des dominations.
Notre objectif était d’élargir nos lectures autour de ce personnage étonnant de l’émir Abd el-Kader, d’autant qu’en plus de l’exposition au MUCAM, cette année 2022 a donné l’occasion d’évoquer sa présence dans l’Histoire de France. Le mois de février était marqué par la détérioration de l’œuvre, « Passage Abdelkader », à Amboise, la veille de son inauguration. L’artiste qui l’a réalisée, Michel Audiard, s’est exprimé sur cette destruction. « C’est réellement un saccage prémédité. Il faut une disqueuse, il faut couper, il faut tordre. C’est un acte de lâcheté, (…) ce n’est pas signé, c’est gratuit. On était là pour fêter un personnage emblématique dans la tolérance, et là, c’est un acte intolérant. Je suis atterré ». Il est évident que de part et d’autre, au niveau politique, l’usage que l’on veut faire de l’émir Abd el-Kader est une personnalité faisant le lien entre deux pays, longtemps en conflit, une personnalité susceptible d’être un argument de rapprochement pour peu qu’on lime certains faits et leurs conséquences. Alors, oui, Abd el-Kader est cette figure du vaincu honoré, de celui qu’on a appelé « le meilleur ennemi de la France » alors qu’il a été un résistant à la colonisation de l’Algérie.
Se souvient-on que le jeune Kateb Yacine donna, à 17 ans, une conférence à la Salle des Sociétés savantes à Paris, le 24 mai 1947, intitulée, « Abdelkader et l’indépendance algérienne » ? Il le fit en un temps où la figure de l’émir n’était pas au beau fixe. Son objectif était de retracer la résistance de l’émir à la colonisation et de le montrer comme le précurseur de la résistance du XXe siècle. Le jeune conférencier concluait ainsi : « Quant à moi, j’aurais accompli ma plus belle mission si je gagnais de nouvelles sympathies françaises à la cause de l’indépendance de mon pays ».
Les commentaires récents