.
.
Rédigé le 01/10/2022 à 10:19 dans Alger, Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (0)
Soixante ans après son indépendance, l’histoire de l’Algérie demeure marquée par de multiples interrogations auxquelles l’historien Pierre Vermeren entend répondre. Comment ce pays est-il devenu une nation ? Quelles synergies au fil du temps entre régence ottomane, colonie française et État souverain à partir de 1962 ? Quelle place tient l’armée dans le système politique ? Comment caractériser l’économie du pays, qui donne une impression d’immobilisme ? Quelle est la réalité de la société algérienne et comment a-t-elle évolué ? L’approche est documentée et assez exhaustive, l’ouvrage allant de l’époque des corsaires au Hirak, en passant par la résistance constante face à l’occupation coloniale. Certains ne partageront pas ce qui leur apparaîtra comme des partis pris : qualifier le Front de libération nationale (FLN) d’organisation totalitaire avec accent marqué sur les violences intra-algériennes par rapport aux tortures et exactions de l’armée française, ou une certaine méfiance à l’égard du fait religieux. Mais ce livre offre une perspective historique bienvenue.
Mehdi Arafa
https://www.monde-diplomatique.fr/2022/10/ARAFA/65206
.
Pierre Vermeren
Nouveau Monde, Paris, 2022, 397 pages, 22,90 euros.
Rédigé le 28/09/2022 à 08:51 dans Alger, Algérie, Littérature, Livres | Lien permanent | Commentaires (0)
A la Mostra de Venise, 23 films briguent cette année le Lion d’or, mais la Mostra, ce sont aussi des dizaines de films hors compétition et dans les sections parallèles, qui privilégient les jeunes cinéastes. C’est le cas des Journées des Auteurs, qui mettent en lumière un magnifique premier film algérien : El Akhira, la dernière reine, un long-métrage signé Damien Ounouri et Adila Bendimerad.
1516. La légende dit que le roi d’Alger avait une femme nommée Zaphira. Quand le pirate Aroudj Barberousse arrive pour « libérer » la ville des Espagnols, il est déterminé à conquérir Zaphira ainsi que le royaume lui-même. Mais Zaphira est-elle prête à le laisser faire ou complote-t-elle pour elle-même ?
El Akhira nous entraîne à Alger, à l’époque du pirate Barberousse. Au XVIe siècle, celui-ci libère la ville du joug des Espagnols et prend le pouvoir. Une femme va alors lui tenir tête, la reine Zaphira.
Damien Ounouri et Adila Bendimerad reconstituent la cour, fastueuse et raffinée, de cette reine berbèro-arabe, méconnue en Algérie.
« Ça paraît évident pour les Européens ou pour les pays de grand cinéma d’avoir des images, des repères, explique Adila Bendimerad au micro de RFI, nous on n’en a pas. On a une espèce de trou noir… on n’a jamais vu, par exemple, un film aussi ancien parlé avec notre langue. Ça, c’était très excitant de montrer aux Algériens et à nous-mêmes, des costumes de l’époque, de parler notre langue, c’est très important. »
Adila Bendimerad, comédienne et scénariste que l’on a déjà pu voir dans Normal ! ou Les Terrasses de Merzak Allouache, joue Zaphira, reine combattante, bravant les interdits pour défendre son royaume. Entre combats sanglants, histoires d’amour et intrigues de cour, El Akhira premier long métrage de fiction de Damien Ounouri, contient tous les ingrédients d’un grand film, populaire et romanesque.
Avec RFI
05/09/2022
https://lematindalgerie.com/al-akhira-la-derniere-reine-raconte-alger-des-pirates/
.
Rédigé le 11/09/2022 à 20:29 dans Alger, Divers, Histoire, L'Algérie Turque | Lien permanent | Commentaires (0)
Il y a 30 ans, la Casbah d’Alger entrait au patrimoine mondial de l’UNESCO. Malgré les millions de dollars engloutis pour sa restauration, la vieille ville s’effrite chaque jour un peu plus, malgré des opérations de restauration ponctuelles décidées par les autorités.
Un immeuble, dont une des façades était recouverte de mosaïque, tombe en ruines, dans la Casbah d’Alger (AFP/Ryad Kramdi)
Classée au patrimoine mondial de l’humanité en 1992 par l’UNESCO, la Casbah d’Alger voit ses habitations, construites pour la majorité durant la présence ottomane, tomber en ruine l’une après l’autre malgré les tentatives déployées par les autorités pour restaurer quelques édifices.
Debout face à une porte fermée, Mohamed regarde le temps passer. Employé d’une entreprise publique qui ne le paie plus depuis neuf mois, cet homme de 56 ans garde le palais Hassan-Pacha, l’un des plus prestigieux édifices historiques que compte la Casbah.
Entouré de sacs de détritus, d’amas de gravier et de déchets de chantier, il tue le temps en discutant avec des voisins. Il veille sur un chantier fantôme, car depuis plus de neuf mois, les travaux de restauration de ce monument, classé monument national protégé, sont tout simplement à l’arrêt.
L’entreprise de réalisation des travaux n’est plus en mesure d’honorer ses engagements, notamment vis-à-vis de ses employés, qui ne sont plus rémunérés depuis quatorze mois.
Aujourd’hui, les ouvriers et autres ingénieurs « pointent ici chaque matin et repartent », rapporte-t-il calmement à Middle East Eye, devant la porte d’entrée en bois massif ramené d’Alep, impeccablement sculptée, aux ornements en fer forgé et en marbre.
Pourtant, la restauration de ce palais de deux étages avec patio intérieur construit au XVIIIe siècle par Hassan Pacha, le dernier dey d’Alger avant la colonisation française, est achevée à hauteur de 65 %, selon un employé trouvé sur place. La façade extérieure est désormais totalement refaite à la chaux.
Pour réhabiliter les murs, exposés à l’usure du temps et aux éléments, les responsables n’ont pas lésiné sur les moyens : de la chaux et du sable ont été acheminés du Sahara pour reproduire le ravalement d’origine. Mais aujourd’hui, le chantier est à l’abandon.
À quelques pas de là, quelques édifices ont été restaurés : c’est le cas de la mosquée Ketchaoua, construite au XVIe siècle et mitoyenne du palais. Elle a été totalement réhabilitée grâce à des financements turcs. En face, le palais Dar Aziza a également retrouvé sa belle allure, tout comme un autre édifice situé à proximité, sur la rue Mohamed-Akli-Mellah.
Des bâtiments faisant partie de la citadelle d’Alger, située sur les hauteurs de la vieille ville, sont également en pleine restauration, tout comme la mosquée Ali-Bitchin, bâtie à la lisière de la ville coloniale.
Mais à quelques encâblures de là, le décor est tout autre.
À trois bâtisses de cette mosquée, éclatante de peinture blanche, un bâtiment ne tient que grâce aux étais et madriers posés depuis plus de vingt ans pour éviter son effondrement.
Sous ces appuis de fortune, un groupe d’hommes fait la queue pour acheter des gâteaux traditionnels.
À quelques mètres, au 10 impasse Askri-Ali, le bruit des casseroles et des discussions de femmes préparant le repas sortent d’une maisonnette soutenue par de grosses poutres en bois posées par les autorités pour éviter davantage de dégâts sur des maisons construites en briques rouges, cimentées par de l’argile et portées par des poutres en bois massif pourri.
Sur le toit de cette maison, flotte le drapeau algérien qui orne la terrasse du Musée des arts et traditions populaires, dont la bâtisse est partiellement restaurée.
Quelques jours plus tôt, nous nous sommes rendus sur les hauteurs de la vieille ville. Rue Mokrane-Yacef, le musée Ali-la-Pointe, du nom d’un combattant tué en octobre 1957 dans ce même endroit, est désert. Debout face à une vieille maison bien entretenue, Abderrahmane, sexagénaire, fait partie d’une des familles les plus connues du quartier.
Il est le cousin de Yacef Saadi, le dirigeant du Front de libération nationale (FLN) dans la Casbah durant la « bataille d’Alger » en 1957.
La maison familiale a été restaurée par « nos moyens », affirme-t-il à MEE. Il en serait de même pour les quelques maisons encore habitables dans le quartier.
« Je ne vois pas de chantier dans les environs », répond-il spontanément lorsqu’on lui demande où se trouvent les maisonnettes typiques de la Casbah en reconstruction.
En remontant les rues de la vieille ville, on croise de jeunes touristes en train de prendre des selfies dans la rue des Frères-Boudries.
Au-delà de ces ruelles qui ne captent les rayons du soleil que quelques heures par jour, c’est la désolation. La rue Mohamed-Amokrane est désormais fermée par l’amas de briques tombées après l’effondrement d’une maison.
C’est au n°10 qu’habite Amar. Ce sexagénaire, artiste décorateur avant de prendre sa retraite, se plaint de devoir monter de la basse ville jusqu’à ses hauteurs – ce qui représente beaucoup de marches – parce que contrairement à la majorité de ses anciens voisins, il n’a pu obtenir un nouveau logement.
« Il n’y a aucune restauration », affirme-t-il à MEE en esquissant un sourire moqueur.
En effet, la rue Saïd-Kadri, située à une dizaine de mètres de chez lui, offre un triste tableau de maisons en ruine. D’autres habitations sont réduites à de simples blocs en brique rouge, témoins d’une vie passée, tandis que les plus chanceuses sont soutenues par des madriers.
Mais contrairement à la Basse-Casbah, la majorité des habitants de ces maisons sont quasiment tous partis. Seules quelques familles et des squatteurs restent encore sous des toits souvent fragiles.
Face à cette situation, les militants et les scientifiques s’alarment. « La Casbah s’effrite sous nos yeux », se désole Nourreddine Louhal, journaliste spécialiste de la vieille ville. Pour lui, « il est impossible que la cité ottomane retrouve son lustre d’antan ».
« Restaurer la médina abîmée par les incivilités de l’homme et les affres du temps relève maintenant de l’illusion », dit-il, résigné, à MEE.
« Quand on déambule à l’intérieur du site de la Casbah, on est effarés par le nombre impressionnant de maisons dont les murs sont fissurés et qui menacent de tomber en ruine. On ne parle plus de travaux sur l’ensemble du site historique », se désole l’historien Abderrahmane Khelifa dans une récente interview au quotidien Liberté.
Pour lui, « le nombre de maisons diminue inexorablement » et « le site historique se dégrade à vue d’œil ».
Malgré ce constat, les officiels continuent d’affirmer que le projet de restauration de la Casbah se déroule normalement. Un responsable de la wilaya (préfecture) d’Alger, en charge de la restauration de la ville ottomane, s’est félicité d’avoir « atteint 65 % de taux de restauration » de ce secteur conservé qui s’étend sur 105 hectares.
Les responsables ont même énuméré les chantiers déjà achevés, le taux d’avancement d’autres travaux et des « études techniques » portant sur d’autres projets de restauration.
Le projet de restauration « permanente » de la Casbah a démarré initialement en 2008 avec un budget annuel de près de 40 millions de dinars (environs 300 000 dollars), entre études et travaux d’urgence. En 2012, un Plan permanent de sauvegarde et de valorisation (PPSMV) a été approuvé par le gouvernement, avec une enveloppe financière initiale de 26 milliards de dinars (environ 2 millions de dollars).
Depuis, des opérations ponctuelles sont ordonnées, notamment par la wilaya d’Alger.
Rédigé le 05/09/2022 à 15:15 dans Alger | Lien permanent | Commentaires (0)
Arrivée jeudi dernier à Alger à la tête d’une forte délégation pour une visite d’Etat de trois jours, le Président français Emmanuel Macron a poursuivi hier vendredi son périple en se rendant au cimetière européen de Saint Eugène qui s’étend au pied de la Basilique Notre-Dame d’Afrique au sommet du quartier populaire de Bab El Oued à Alger.
Ici, le Président français s’est rendu au chevet des soldats français et étrangers morts durant les différentes guerres et enterrés dans ce cimetière de Saint-Eugène, où il a observé une minute de silence à leur mémoire et entendu l’hymne national français. Après une longue tournée dans les couloirs du cimetière, le Président français s’est longuement exprimé aux médias, où le Chef d’Etat français a parlé de la Mémoire de la Guerre d’Algérie et de l’époque coloniale, tout comme il s’est exprimé au sujet du gaz algérien en ces temps de crise mondiale, des moyens de renforcer et consolider la coopération dans divers domaines, principalement concernant le secteur des hydrocarbures, les terres rares, les matériaux, les technologies modernes.
Le Président français, Emmanuel Macron veut bâtir une stratégie géo-économique avec l’Algérie. D’emblée, le Président français s’est exprimé au sujet de la Mémoire de la Guerre d’Algérie et de l’époque coloniale de 132 ans de la France en Algérie, où il a considéré que le temps est venu pour se réconcilier. Tout en évitant de livrer des réponses claires au sensible sujet de la reconnaissance de la France de son époque colonialiste en Algérie et de ses horribles et inhumains crimes de guerre qu’elle a commis contre le peuple algérien durant 132 ans d’occupation, le Président français a choisi la voie de la délicatesse pour parvenir à convaincre les Algériens.
« C’est une histoire d’amour qui, à part de tragique, il faut pouvoir se fâcher pour se réconcilier. Et moi j’essaie depuis que je suis Président de la République et même avant, de regarder notre passé en face. Je le fais sans complaisance, et donc j’entends souvent sur la question mémorielle, la question franco-algérienne, nous sommes comme sommet de permanence de choisir et il faut dire choisissez la fierté et la repentance. Moi, je veux la vérité et la reconnaissance sinon on n’avancera jamais », a-t-il répondu avant d’ajouter « Moi, je ne suis pas un enfant de la guerre d’Algérie, ma famille non plus, mais je sais une chose, la France ne peut pas avancer sans vous, avancer sur ce sujet et l’Algérie non plus, parce que nos histoires sont liées, parce que la place que représente l’Algérie avec le nombre de binationaux, de français d’origine algérienne, d’Algériens vivant en France.
Des millions de Françaises et Français de binationaux sont concernés par cette histoire, si j’ajoute à ça, des harkis et leurs descendants, des rapatriés et leurs descendants sont encore plus de deux millions de Français et c’est pareil pour l’Algérie, nous avons été ici pendant plus d’un siècle. Et donc, cette histoire on doit la regarder en face avec courage, avec lucidité et avec vérité et c’est ce que j’ai fait depuis cinq ans et je le fais d’abord avant tout pour la France, parce que c’est la matrice du problème mémoriel que nous avons avec tant et tant de pays », dira le Président français, Emmanuel Macron.
Le Chef d’Etat français a révélé la création d’une Commission mixte algéro-française chargée de faire un travail minutieux sur la mémoire de la Guerre d’Algérie. « Ce que nous avons acté ensemble hier avec le Président Tebboune, c’est une avancée à mes yeux qui est historique aussi parce que pour la première fois ensemble, on a dit que nous allons mandater une commission mixte d’historiens, cinq à six historiens de chaque côté. On va leur ouvrir la totalité des archives qui étaient jusqu’à présent fermés, le Président Tebboune m’a dit j’ouvre les miennes. Et de la période 1830 jusqu’à la fin de la guerre de pouvoir donner à cette commission la possibilité de pouvoir travailler surtout. Les premiers temps de la colonisation avec leur dureté et leur brutalité avec ces évènements si importants pour la nation algérienne sur lesquels il faut revenir. Et donc, on va laisser les historiens travailler et on va leur demander de nous donner les travaux d’ici un an et ensuite nous jalonnerons ce travail avec des gestes communs. Ça je crois que c’est une avancée considérable pour ce travail de vérité et de reconnaissance qui est un des seuls qu’on peut construire à l’avenir sinon on pagaille en permanence », c’est ce qu’a révélé hier le Président français dans sa déclaration aux médias à Alger.
L’immigration clandestine, les grandes attentes françaises d’Alger
Abordant le sujet de l’immigration clandestine et les visas, le Président français parait très inquiet face à la croissance dramatique de ce phénomène qui cible particulièrement le vieux continent, et qui par conséquent à engendrer une diminution sur les livraisons des visas pour les ressortissants maghrébins y compris algériens. A Alger, Emmanuel Macron espère trouver une coopération efficace et cruciale de la part de l’Algérie compte tenue de sa dimension et de ses capacités avérées qui peuvent grandement abaisser le phénomène de l’immigration clandestine vers l’Europe, tout comme il est à Alger pour expliquer la politique française de l’immigration choisie.+
« C’est un sujet sensible et j’en ai déjà parlé longuement avec le Président algérien, et on a demandé à nos ministres de travailler davantage. Si on ne veille pas avec beaucoup, à la fois de précaution, d’exigence et de délicatesse commune, on peut conduire à des malentendus », a expliqué le Président français dans ses propos livrés hier aux médias à Alger.
« Je crois que nous partageons la même volonté, d’abord celle véritablement d’avoir une politique commune pour lutter contre l’immigration clandestine. Je le dis parce que de l’autre rive, il faut comprendre les contraintes, c’est trop compliqué d’expliquer aux Françaises et Français pourquoi on a diminué les livraisons des visas, et en même temps il y a plus de l’immigration clandestine. Et dans le même temps, il y a des tas de famille qui vivent des destins partagés et qui sont les victimes en quelque sorte de politique qu’on doit prendre à ce moment-là. Donc, ce que nous avons décidé de travailler ensemble et avec aussi une certaine confiance collective. On va être très rigoureux pour ensemble lutter contre l’immigration clandestine et les réseaux. Pour prévenir et accompagner plus efficacement et nous souhaitons avoir une approche beaucoup plus souple sur l’immigration choisie, c’est-à-dire les familles de binationaux, si des artistes, entrepreneurs, sportifs, politiques qui nourrissent les relations bilatérales. Dans ce cadre-là, nous souhaitons améliorer les délais et en effet, si nous simplifions un peu nos procédures, nous aurons une visibilité plus rapide et d’éviter d’engager trop de frais qu’on doit enduite rembourser. C’est un sujet sur lequel nous avons longtemps longuement parlé hier jusqu’au milieu de la nuit avec le Président et sur lequel nous avons mandaté nos ministres et donc qui va avancer pour les prochaines semaines et mois », a souligné le Président français avant d’ajouter : « On souhaite le faire dans un esprit très partenarial avec beaucoup de délicatesse, nous souhaitons améliorer la coopération pour lutter contre l’immigration clandestine, pour mieux lutter contre celles et ceux qui troublent l’ordre public et qui sont perçus comme dangereux et je crois que c’est notre volonté commune. Mais surtout on va clarifier notre approche commune de l’immigration clandestine pour être beaucoup plus coopératif et efficace dans la lutte contre les trafics et les personnes dangereuses et pour être beaucoup proactif pour les binationaux », c’est ce qu’a déclaré le Président français.
Les remerciements de Macron au gaz algérien
Parlant du gaz, le Président français a indiqué que son pays, la France, est moins impacté par l’opération militaire russe en Ukraine et par l’alimentation du gaz par rapport à beaucoup d’autres pays européens qui sont les moins chanceux et qui dépendent, presqu’entièrement, du gaz russe. Toutefois, Emmanuel Macron a déclaré la grande importance que joue le gaz algérien pour alimenter l’Europe. L’Algérie est considérée par le Président français tout comme toute l’Europe comme un pays clé pour de nombreux problèmes, notamment l’alimentation en gaz naturel, liquéfié, la lutte contre l’immigration clandestine, le terrorisme aussi, et surtout un partenaire de haute gamme dans d’autres domaines stratégiques. « La France dépend peu du gaz dans son mixte énergétique à hauteur de près 20% et dans cet ensemble l’Algérie représente 8 à 9%, nous ne sommes pas dans la situation de beaucoup d’autres pays où le gaz algérien à quelque chose qui peut changer la donne. La coopération franco-algérienne n’est pas de nature à changer la donne et à nous permettre de diversifier davantage compte tenue de la structure même de notre relation sur ce sujet. Par contre, je pense que c’est une très bonne chose qui est une coopération accrue et plus de volume à travers le Gazoduc italien. Parce que j’essaie de clarifier les choses, nous on ne va pas avoir de problème parce que nous dépend un peu de gaz, nous avons un seul grand Gazoduc avec le Norvège, on a accru les volumes qui passent par ce Gazoduc, on a diversifié les choses et on est en train d’avoir un nouveau terminal, on a sécurisé nos volumes et on est à plus de 80% de nos stocks. Donc, pour les Franco-Français les choses vont bien se passer pour cet hiver, le sujet est européen et la solidarité européenne. Et donc, à ce moment-là cette solidarité européenne elle est nécessaire, il y a des pays qui sont beaucoup plus dépendant du gaz et en particulier du russe et c’est là qu’il faut faire un effort collectif, et c’est dans ce cas-là qu’il y a un projet de sobriété. Dans ce cadre, nous ne sommes pas en compétition avec l’Italie et j’en remercie l’Algérie. L’Algérie dit j’augmente les volumes qui passent par le Gazoduc entre l’Algérie et l’Italie parce qu’il n’est pas à plein, il y a une marge d’augmentation qu’on peut l’augmenter à 50% comparant aux capacités d’aujourd’hui.
Ça c’est une très bonne chose, c’est bon pour l’Italie, donc c’est bon pour l’Europe, donc c’est bon pour nous, parce que ça va permettre d’améliorer la diversification de l’Europe, et donc, se faisant, de nous protéger de tout les alliages politiques », dira Emmanuel Macron au sujet du gaz algérien. En revanche, le Président français veut élargir le partenariat entre les deux géants du domaine des hydrocarbures, Total Energie côté français et Sonatrach côté algérien, peut-être que la France veut détrôner l’Italie dans ce domaine, où la présence de l’ENI italien est de plus en plus élargie en Algérie.
« Nous ce qu’on veut engager avec l’Algérie, c’est d’avoir consolidé un partenariat qui existe entre nos grands industriels. Total Energie et Sonatrach ont un partenariat, je souhaite qu’on continue de le développer que ce soit un partenariat industriel et de recherche. Des partenariats économiques sur les matériaux et terres rares, qui, vraiment est un immense levier géopolitique entre l’Algérie et la France. Puis sur le plan économique, on va aussi diversifier sur les sujets d’innovation, pour moi le grand pacte que je veux ouvrir pour la jeunesse, des sujets d’innovations et de digitales sont clés, c’est pour ça que j’ai lancé ce fonds lors du Sommet des deux Rives qui va permettre à nos entrepreneurs et diasporas à porter des projets en Algérie, former la jeunesse et faire un grand incubateur du numérique pour permettre de développer des projets », dira le Président français lors de sa visite hier au cimetière européen de Saint-Eugène à Alger.
Sofiane Abi
https://www.lnr-dz.com/2022/08/26/macron-livre-sa-strategie-pour-alger/
.
Rédigé le 31/08/2022 à 15:05 dans Alger, France, Guerre d'Algérie, Livres | Lien permanent | Commentaires (0)
L'Elysée affirme que « Ce déplacement contribuera à approfondir la relation bilatérale tournée vers l'avenir au bénéfice des populations des deux pays, à renforcer la coopération franco-algérienne face aux enjeux régionaux et à poursuivre le travail d'apaisement des mémoires » selon l'AFP.
Tout ce qui se rattache aux relations franco-algériennes ne peut s'abstenir de ne pas relever la complexité des visas. Certes, dans l'échange inter-nation ,y a plus consistant, de l'urgence des priorités aux enjeux géopolitiques, de l'alignement de thèses au positionnement politique, des attraits économiques aux aiguilles de la balance commerciale. C'est ainsi que cette «visite» aura à surfer sur pas mal de points de vue, des couleurs du temps, de ses éphémères nuages, de ses furtives éclaircies, des amours effilochées, des écarts de langage, des colères emprisonnées, de tous les supposés droits de l'homme et d'expression sans toutefois ne pas lorgner, d'une façon ou d'une autre à ce dossier. Tous les autres dossiers en leurs diverses natures concernent les institutions et les organes publics des deux pays; le visa, quant à lui ; est lié à deux populations, semble-t-il, se dire dans l'air d'Alger. C'est pour ça que l'on en parle.
Le visa de Macron
Son visa est pluriel. C'est plus qu'une estampille adhésive. Il est ancestral. C'est un renouvellement et non une primo demande. Le visa dans ce sens là, n'est pas celui qui se délivre dans un consulat. Non plus, celui qui s'obtient par la moitié d'un nombre qu'une politique étrangère eût à fixer dans l'euphorie des convulsions diplomatiques. Son visa est une invitation, sans l'exigence de certificat d'hébergement ou de réservation d'hôtel. Il n'avait pas à servir des cases via un prestataire de service ou justifier de moyens de subsistance suffisants durant son séjour, ni souscrire une assurance voyage ni produire un pass-sanitaire. Il s'est engagé solennellement à ne tenter nulle procédure le menant à s'installer sur le territoire d'accueil. La conquête des territoires n'est plus à la mode. Sa caution morale serait une garantie sûre pour le croire d'abord sur parole de bon citoyen, ensuite sur déclaration officielle. Sa présence, sa frimousse au faciès bien fait et son ménage parfaitement équilibré ne constituent aucun risque majeur d'une hypothétique immigration clandestine. Il a ses attestations de travail, son affiliation de sécu sociale, son p'tit compte en dinars convertibles, ses bilans financiers. C'est dire que le visa de Monsieur Emmanuel Macron, président de la République française, en visite officielle en Algérie doit être un visa serti par un seau populaire. Une bienvenue signée par le peuple. Le cachet y apposé n'est pas sec. Il est encore et toujours humide. A chacun de faire ses recherches et s'en convaincre, quant à l'origine et la substance de cette humidité. Peut-on les trouver dans des pages encore fraîches d'un livre d'histoire qui ne s'est pas terminé de s'écrire ? Ou doit-on les entrapercevoir dans le voile brumeux d'un jour à venir qui refuse de se lever ?
Le visa des autres
Ce « déplacement » annonce t-il vient « renforcer les relations entre les populations ». Et ceci n'est pas sans évoquer le « fameux » visa. Les peuples ne peuvent se libérer du carcan de leurs propres convictions, étant coincé chacun dans son coin ; que si échange y est. L'interaction des cultures favorise la compréhension l'un de l'autre.
Pour ce qui de la délivrance ou la réduction des visas, c'est une question de souveraineté sans ambages. La France est libre dans ses décisions. Néanmoins consentons à le dire que si ce visa est parfois la clef d'un rêve pour toute cette nouvelle génération éprise d'évasion et de liberté ou son accès vers un cauchemar insoupçonnable ; il est surtout un enjeu diplomatique obscur dans un enjeu politique versatile. A une situation donnée, on le brandit tel un outil de pression, omettant ainsi qu'il ne peut toujours atteindre l'objectif escompté. Chaque pays tend à protéger son intégrité, veiller à la sauvegarde de ses fondamentaux, de ses référentiels doctrinaux, de ses repères socio historiques. Il est dommageable que de tels flux migratoires soient pour les uns la fuite d'une négation sociale et l'entorse d'une harmonie sociale pour les autres. Chacun est dans sa légitimité lorsque chacun est dans sa tourmente. Il y sera certainement, quoique en filigrane, question des cas d'expulsion, de retour de ces anonymes désespérés, de ces perdus sans papiers, de ces exils basanés, de ces sentences en exéquatur, de ces chahuts offshore.
Le visa des autres n'est pas toujours une fraude ou une installation hasardeuse sur le pont de Barbès. Il peut être un pont de famille, un ticket d'accès à une certaine humanité, une tribune culturelle ou un tourisme que les moins de vingt ans ne peuvent connaitre. Les frapper de refus, c'est un peu se mettre une dose de haine supplémentaire, une sorte de démenti des valeurs dites républicaines.
Le visa de la mémoire
Oui, « approfondir les relations bilatérales tournées vers l'avenir » est un indice révélateur de bonne foi, et qui ne peut aucunement faire l'impasse sur un passé qu'il ne faudrait éthiquement qu'assumer en toute responsabilité. Quelle que soit la longueur de la nuit, le soleil finira par se lever aurait dit un Victor Hugo apprécié.
L'histoire est un fait têtu et non pas un libre commentaire d'historiens. On ne joue pas avec. « C'est un produit dangereux ». Ça ne sera pas à un rapport de 146 pages blanches inélégamment remplies d'encre et de style mi-figue, mi-raisin de pouvoir effacer des horreurs remplies de noir et de sang. Réconcilier les mémoires est une nécessité. Apaiser les douleurs mémorielles est une thérapie pour une histoire qui souffre de plaies et de dénis. Ce n'est pas à un jeu de mots ou une simple embrassade entre deux présidents mortels qui aura à le faire. On n'efface pas d'une signature ce que la monstruosité coloniale a causé comme crimes restés sans châtiment. L'on peut ne regarder que l'avenir, l'on peut s'empêcher de crier encore, l'on peut absoudre la bêtise reconnue. Seule la vérité, telle qu'elle était vécue est capable de dissoudre l'équivoque et de dégeler
A lire la presse algérienne, suite à la diffusion du rapport Stora ; l'on sent de la déception chez tout citoyen. Une dépossession de gloires. Il a exacerbé davantage le sentiment de la francophobie au lieu de savoir le contenir. Un regard en conséquence à ce qui lui a été répondu, tant par ses collègues algériens que par la large opinion publique ou par les simples observateurs dont votre serviteur qui s'est vu bloqué sur twitter par le Monsieur, à la publication de son avis ; est à jeter dans une nouvelle lecture des faits historiques (ma chronique « le jeu des mémoires, l'enjeu de histoire » in Quotidien d'Oran du 05 février 2021). Ainsi, le premier apaisement ne vient pas, à vrai dire, des politiques ; mais de la lecture désinteréssée, impassible, impartiale et juste des mêmes faits.
L'oubli est un produit qui ne se fabrique pas du jour au lendemain. Il ne bloque pas d'avoir cependant la tête « tournée vers l'avenir ». Si les excuses seraient difficiles à prononcer, elles ne doivent pas toutefois être impossibles. Cela exige du courage et de la tranquillisation des consciences morfondues.
Cette visite devait le mener à Oran, façon de voir la maison rénovée en musée du couturier Yves Saint-Laurent. C'est une façon de rentrer dans une certaine mémoire. A Arris, les Aurès ; y a la maison de Mostefa Benboulaid rénovée en musée et y a ainsi l'autre façon de rentrer dans la même mémoire. Fallait éviter tous les musées, car un musée c'est un miroir silencieux d'un passé qui hurle encore. Il ne reflète nullement le regard à tourner vers l'avenir que l'on carillonne dans le communiqué. Le temps saura faire des choses, et des meilleures. Fixons l'avenir.
Le visa des intérêts
Les États coopèrent sur la base de l'intérêt réciproque.ils tentent, pour les détenteurs de puissance d'amarrer à leur borne ceux qui sont à la lisière d'un monde qui persiste à se faire sans eux. Mais ce monde bouge trop vite tellement les tenants et aboutissants changent aléatoirement de mains. L'Europe n'est plus un ensemble d'Etats indépendants. Engloutis par une union précaire qui a son tour suit le vent atlantique. En son propre sein, les jalousies économiques et les partenariats nouvellement actés ne se laissent plus s'adoucir par cet esprit communautaire. Le « gagnant/gagnant » fait abstraction de toute appartenance continentale. Les privilèges d'accords changent de camp autant que changent les positions.
L'actualité se bouscule et entoure ainsi cette « visite» de plusieurs volets géographiques. L'Ukraine n'est pas la Libye et Taïwan n'est pas le Mali. La Palestine, le Sahara occidental, le Yémen ou la Syrie ne font pas le même menu et ne s'écrivent pas des mêmes caractères politiques. Les visions diffèrent aussi pour la Russie, la Chine, l'Inde ou l'Iran.
Un visa peut apparaître dans l'autre sens comme un robinet de gaz que l'on manipule au gré du froid ou de la chaleur politique. Il change de destination, selon la direction des pipelines et suivant, non pas le cours boursier ; mais bel et bien la mercuriale des relations bilatérales. Les « enjeux régionaux » dont parle l'Elysée ne sont pas uniquement inscrits dans des zones d'influence, ils sont des rapports de force conjoncturels qui persévèrent à stopper toute émergence de nouveaux blocs tout aussi puissants.
El Yazid Dib
Jeudi 25 aout 2022
http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5314710
.
Rédigé le 25/08/2022 à 10:54 dans Alger, France, Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)
Je me souviens
https://tipaza.typepad.fr/mon_weblog/2018/12/les-plages-de-chez-nous-%C3%A0-alger.html
Rédigé le 22/08/2022 à 13:30 dans Alger, Souvenirs | Lien permanent | Commentaires (0)
Alger, capitale de l’Algérie, est une ville touristique paradisiaque idéale pour passer les vacances seul ou en famille. La diversité culturelle, la beauté des paysages et l’incroyable vue sur la Méditerranée rendent Alger une destination tant appréciée par les touristes.
Certes, voyager peut se faire à l’improviste, mais il est mieux de s’y préparer pour pouvoir profiter au maximum de votre séjour. Ainsi, si vous prévoyez de visiter Alger, prenez en compte ces 10 choses que vous devez faire durant votre voyage.
Casbah est classée parmi les patrimoines mondiaux de l’UNESCO. Elle est connue pour être une vieille ville qui date du 17e siècle.
Ce monument a une architecture impressionnante qui comprend trois mosquées :
Ainsi que le palais de la Casbah.
Cette église catholique datant des années 1800 est située sur une falaise au Nord d’Alger. Cette belle basilique vaut la peine d’être visitée, c’est un édifice qui regorge plein d’histoires.
En plus, elle sera magnifique sur vos réseaux sociaux.
La Grande Poste est réputée comme l’une des plus belles places en Alger, voire en Algérie. Le bâtiment a une architecture et un design néo-mauresque, ce qui la rend l’une des places les plus visitées par les touristes.
Découvrez l’histoire de l’Algérie en visitant le grand et beau musée du Bardo. Vous pourrez y voir des artefacts, des écrits et des expositions.
Cette rue est une attraction touristique sublime avec une architecture à la française. Elle s’étend tout au long de la Grande Poste jusqu’aux hauteurs d’Alger.
En vous promenant dans cette rue, vous pourrez visiter les boutiques, les resto et cafés.
Si vous séjournez à Alger, il est indispensable de visiter ce monument emblématique et historique de 92m construit pour rendre hommage aux personnes tuées lors de la guerre de l’indépendance.
Pensez également à explorer la plus vieille mosquée de la ville située dans le Casbah, datant de 1097. De plus, c’est l’un des rares monuments almoravides au monde.
Pensez à vous divertir ou à vous détendre. Le parc Aquafortland est l’un des meilleurs parcs aquatiques de la région, il est idéal pour s’amuser et pour se relaxer.
Sheraton Club des Pins Resort est un endroit idéal pour dîner ou passer une soirée, seul ou en groupe. Dégustez les meilleures cuisines algériennes, asiatiques et autres dans les restaurants localisés dans la station.
Le terrain de golf situé en Alger est accessible à tous. Elle séduit particulièrement les touristes et visiteurs grâce à sa vue splendide sur la côte et sur la ville d’Alger.
K. Sofia
https://www.maghrebemergent.com/les-10-choses-a-faire-absolument-lorsquon-visite-alger-4/
.
Rédigé le 20/08/2022 à 18:43 dans Alger, Algérie, Tourisme | Lien permanent | Commentaires (0)
Algérie est le premier pays du continent africain qui ait conquis son indépendance les armes à la main. Sept années de guerre, pendant lesquelles les « fellaghas » eurent très peu d’amis ; et ceux qui se prétendaient tels prouvèrent bien souvent que cet appui n’était pas totalement désintéressé. En 1964, la charte d’Alger porte encore les traces de l’amertume ressentie : « La guerre d’Algérie a démontré que la convergence entre mouvements révolutionnaires et entre peuples ayant un ennemi commun n’était pas automatique. » D’où la volonté d’introduire des principes nouveaux dans les relations internationales. Ils sont énoncés dans la charte : « Le développement du socialisme en Algérie est lié aux luttes des autres peuples dans le monde... Le recours à la lutte armée peut s’avérer décisif pour l’accession à la souveraineté nationale. Pour tout mouvement révolutionnaire, l’appui à cette lutte est sacré et ne saurait faire l’objet d’aucun marchandage. »
D’où la décision de donner asile et moyens de subsistance à tous les mouvements qui luttent pour l’indépendance de leur pays, contre le colonialisme, le racisme, l’impérialisme. Et le principe de base est énoncé : reconnaissance du droit des peuples à choisir leur propre destin. Lieu commun, s’il en fut, que l’on trouve dans la plupart des Constitutions et déclarations onusiennes, mais que l’Algérie a traduit dans les faits. Elle n’a cessé, depuis dix ans, d’accueillir les exilés et militants venus de tous les continents. Et les détracteurs de l’Algérie indépendante ont trouvé là toute l’eau nécessaire pour faire tourner leur moulin : « Alger la Blanche devenue Alger la Rouge », thème favori des cartiéristes (1), qui dénoncent à la fois ce « foyer d’infection installé à nos portes » et les « dépenses fabuleuses » que cette politique entraîne.
On a cité des chiffres : 500 000 francs par mois consacrés par le gouvernement algérien à cette aide. Nos interlocuteurs d’Alger seront aussi discrets sur le nombre des hébergés que sur les sommes attribuées. En fait, toute statistique globale est faussée par la présence de nombreux Palestiniens (on a avancé le chiffre de vingt mille) dont la situation, dans l’ensemble, est plus celle de réfugiés que de combattants : qu’on n’aille pas s’imaginer vingt mille fedayins armés jusqu’aux dents, entraînés dans des camps... La plupart des Palestiniens d’Algérie sont professeurs ou coopérants et gagnent leur vie. Ce qui ne les empêche pas de militer politiquement. Nous n’avons donc pu dénombrer les révolutionnaires installés en Algérie. Il est, en revanche, relativement facile de faire le compte des mouvements de libération représentés ici : nous sommes arrivés à vingt-sept...
Pour l’Algérie, cette générosité s’explique aussi par l’enthousiasme de la libération et l’euphorie des premières heures de l’indépendance : tout révolutionnaire était un « frère », chaque mouvement de libération un prolongement de la lutte algérienne. On allait faire mentir Mao Zedong, qui avait dit : « Un révolutionnaire est toujours seul. » L’Algérie était là pour prouver le contraire.
Entre-temps, l’Algérie est devenue une nation, avec ses intérêts particuliers, ses ambitions et ses problèmes de relations internationales. Si la présence des mouvements de libération a contribué à la dédouaner vis-à-vis de son peuple, et lui a permis de faire pièce à l’Egyptien Gamal Abdel Nasser, aux Baas irakien et syrien, au Ghanéen Kwame Nkrumah, et, dernièrement, au colonel Mouammar Kadhafi, dans la compétition pour le « leadership » du monde arabe-africain, cette présence est devenue parfois gênante dans les rapports avec certains pays occidentaux, dont l’aide ou les investissements sont utiles au développement de l’économie algérienne. En effet, comment le Canada peut-il investir sans réticence en Algérie, si le Front de libération du Québec (FLQ), installé à Alger, accuse publiquement le gouvernement canadien de « colonialisme » et de « discrimination raciale vis-à-vis de la population francophone » et essaie d’y mobiliser des appuis à la cause du Québec libre ? Comment les Etats-Unis, désireux de rétablir des relations diplomatiques avec l’Algérie, peuvent-ils accepter sans broncher l’existence d’une « ambassade parallèle » des Noirs américains, d’où les Panthère noires (2) dénoncent les crimes de guerre de l’impérialisme américain et la persécution des militants noirs en Amérique ? Et comment concilier le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’Etats amis avec la présence sur le sol algérien de mouvements qui contestent la légitimité de la présence éthiopienne en Erythrée ou l’authenticité de l’indépendance du Tchad ? Peut-on donner asile et assistance matérielle à des hommes qui qualifient l’indépendance de la plupart des pays africains de « cadeau empoisonné » et s’organisent pour lutter les armes à la main contre le néocolonialisme, sans violer l’accord de 1965 entre membres de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et hypothéquer sérieusement la politique africaine de l’Algérie ?
L’Algérie ne pouvait renier sa profession de foi révolutionnaire sans perdre la face devant son propre peuple et sans ternir son image de pays progressiste « de pointe » ; mais elle pouvait moins encore donner un appui inconditionnel à tous les mouvements de libération sans risquer un isolement dangereux. Un compromis s’imposait. Il fallait nuancer l’importance reconnue aux mouvements révolutionnaires en fonction des impératifs de l’intérêt national et doser prudemment les appuis matériels et moraux. Le principe énoncé dans la charte d’Alger, selon lequel aucun mouvement de libération ne saurait faire l’objet de marchandage, allait être adapté aux réalités de la politique étrangère.
C’est ainsi que l’hospitalité algérienne a développé ses nuances et ses hiérarchies. Elles apparaissent déjà quand on cherche à situer les adresses des mouvements de libération sur le plan de la capitale : il y a ceux des beaux quartiers, ceux des banlieues ouvrières, ceux du centre, ceux de très lointaine banlieue (et ces révolutionnaires-là prennent l’auto-bus), ceux des villas blanches de El-Biar ou d’Hydra, ceux des HLM, etc. Nous en avons même découvert un qui campait dans un garage (3).
Au sommet de la hiérarchie se trouve le gouvernement révolutionnaire provisoire du Vietnam du Sud (GRP) (4). Sa représentation a rang d’ambassade et occupe dans les hauts de El-Biar une villa entourée de bougainvillées. Un personnel nombreux et un policier dans une guérite témoignent du statut officiel. Ici, c’est un gouvernement ami qui est reconnu comme tel et dont les représentants se comportent en diplomates ; ce qu’ils sont effectivement : conférences de presse, cocktails d’ambassade, présence aux cérémonies officielles du gouvernement algérien, à côté des autres membres du corps diplomatique.
Le Front de l’unité nationale khmère (FUNK), dirigé par le prince Norodom Sihanouk, est lui aussi reconnu comme représentant légitime du peuple cambodgien, avec rang d’ambassade (5).
A ce niveau, l’atmosphère n’a rien de « révolutionnaire » ou de « conspiratrice » : « Monsieur l’ambassadeur » par-ci, « Excellence » par-là... On est pointilleux sur le protocole. Limousines avec chauffeur, drapeaux flottant sur les villas blanches.
Un autre Grand encore : la Palestine. Elle est hébergée dans un charmant hôtel particulier du centre d’Alger, tout emmitouflé de glycines. Décor qui fut somptueux, mais atmosphère des plus déprimantes. Ici sont venus échouer ceux dont le calvaire aurait pu, tout autant que l’expérience algérienne, inspirer la charte d’Alger. Un cas typique de révolutionnaires devenus monnaie d’échange. En privé, quelques-uns se défoulent, disent leur amertume : « Les pays arabes voisins nous avaient d’abord gardés dans des camps de réfugiés et utilisés comme moyen de pression, pour nous en sortir ensuite, afin de laver l’humiliation de leur propre défaite. Exaltés alors comme représentant le fer de lance de l’arabisme révolutionnaire, nous sommes devenus les instruments des intérêts contradictoires de nos protecteurs. Et lorsque nous fûmes assez forts pour voler de nos propres ailes, ils nous ont sacrifiés et abandonnés à la vengeance de Hussein de Jordanie. » Sauf peut-être dans la Chine des années 1930, jamais révolutionnaires n’ont été aussi cyniquement utilisés comme objets de marchandage. Leur présence massive à Alger, si loin de leur champ de bataille, est un avertissement, un enseignement, pour tous les révolutionnaires réunis dans la capitale et qui ne mâchent pas leurs mots quand ils évoquent le « cas palestinien ».
Une atmosphère assez semblable nous attend chez le quatrième Grand : la section internationale des Panthères noires. La maison qui, en l’absence d’une représentation diplomatique des Etats-Unis, fut considérée comme l’« ambassade du peuple noir d’Amérique » ressemble aujourd’hui à un camp retranché où les derniers occupants font figure d’assiégés.
Eldridge Cleaver vient de se démettre de toutes les fonctions qu’il avait au sein de cette section internationale du parti fondée par lui à Alger en 1970, et ambitionne de devenir le chef d’une armée de libération du peuple afro-américain. Sa démission était devenue inévitable, du moment où ses vues radicales n’étaient plus partagées par les leaders des Panthères noires aux Etats-Unis. Huey Newton et Bobby Seale prêchent aujourd’hui la modération. Ils veulent une politisation systématique et en profondeur, et à longue durée, des masses noires et non l’action violente d’une poignée de militants coupés de la base. Ces divergences se sont propagées au sein du petit groupe — une dizaine de Panthères — resté à Alger. Elles éclatent au grand jour lorsque deux militants du mouvement détournent un avion de la Western Airlines sur la capitale algérienne, avec, pour tout bagage, une rançon de 500 000 dollars. Laquelle des deux tendances se verra- t-elle attribuer cette somme ? Qui ira la réclamer au gouvernement algérien lorsque l’avion aura atterri ? Les durs ou les modérés ? Dispute prématurée et bien inutile... Après avoir compté les billets en présence des deux pirates et d’un diplomate américain, les autorités algériennes restituaient l’argent à ceux auxquels il avait été extorqué. Une chose est d’accorder l’asile politique à des pirates de l’air réclamant le statut de réfugiés politiques, une autre de devenir complice ou receleur.
Et, du coup, les Panthères noires se mettent à parler : ces garçons, qui avaient refusé toute interview pour éviter d’avoir à évoquer leurs divergences, se soudent comme un seul bloc devant l’absurdité de ce demi-million de dollars qui se réenvole pour les Etats-Unis.
Sékou, au faciès de Massaï et à l’élégance recherchée, ex-pirate de l’air lui-même, est véhément : « Nos détournements d’avion ne peuvent être qualifiés d’actes criminels : ce sont des actions révolutionnaires accomplies par des révolutionnaires. Nous, les combattants afro-américains, “libérons” les avions seulement quand il nous est nécessaire de quitter le territoire des Etats-Unis, ou — comme cette fois-ci — pour réunir des fonds. Cet argent est prise de guerre, ce n’est pas un vol. Nous sommes en guerre avec Babylone (6). »
Une certaine fraternité — ne serait-ce que dans la façon de vivre —, nous l’avons trouvée à l’autre bout de la ville, dans deux immeubles genre HLM pauvre, peuplés de révolutionnaires moins prestigieux, jusqu’à présent du moins. Dans un de ces immeubles, une dizaine de mouvements de libération s’entassent, du cinquième — sans ascenseur — jusqu’à la cave. Bien que les boîtes aux lettres ne cherchent aucunement à dissimuler l’identité des occupants, nous n’en donnerons pas l’adresse : elle ne nous a pas été fournie par les autorités algériennes responsables. Cet oubli s’explique peut-être par le fait que la présence d’un certain nombre d’entre eux pose quelques problèmes à Alger : ou bien ils s’attaquent à des gouvernements avec lesquels l’Algérie entretient des rapports amicaux, ou bien ils représentent, dans le monde arabe, des tendances trop radicales pour être acceptables — ceux qui veulent « apporter Mao chez les Bédouins », comme on dit ici —, ce qui semble déplaire foncièrement à tous les régimes arabes, pour lesquels le « socialisme » doit avoir pour corollaire un retour aux sources islamiques pour s’accorder à la « spécificité arabe ».
C’est le cas du PFLOAG, l’ex-Front de libération du Dhofar, devenu Front populaire de libération d’Oman et du golfe Arabique (7), dont les leaders n’hésitent pas à déclarer : « Si le pétrole doit être l’obstacle qui se dresse entre nous et notre indépendance, nous ferons sauter le pétrole. » Déclaration qui doit être ressentie comme parfaitement hérétique par ceux qui pensent qu’il suffit de nationaliser l’or noir pour accéder à l’indépendance réelle et totale.
Le représentant du PFLOAG à Alger est une sorte de révolutionnaire-modèle : réveil à six heures, lecture de la presse, traduction des dépêches, contacts permanents avec les autres mouvements de libération, diffusion des informations en provenance du Front, création de comités de soutien à l’étranger... Nous retrouvons avec amusement la vivacité, la précision propres aux gens du Sud arabique. Issa fait du café pour tout le monde, répond au téléphone : « Bonjour, désolé, le FUIES vient de sortir, mais le FLE sera bientôt là... Non, non, celui qui vous répond c’est le PFLOAG. »
Joyce, jolie Afro-Américaine, épouse d’un militant du Swapo (South-West African People’s Organisation, Organisation du peuple du Sud-Ouest africain — qui deviendra la Namibie), est venue en voisine avec son petit garçon et montre la recette du poulet frit. On va chercher chez les Erythréens les deux chaises qui manquent... Nous nous trouvons pour la première fois dons une atmosphère de commune révolutionnaire telle que l’on se l’imagine au Quartier latin. Dans cette vie quasiment collective, les militants ont la possibilité d’échanger informations et idées, de comparer leurs combats.
Il y avait là, porte à porte, les Québécois du FLQ, deux mouvements marginaux portugais, un représentant de la « Somalie-Occidentale » et des Erythréens, qui ont la malchance de vouloir libérer leur pays de l’emprise de celui qui a précisément pour capitale la ville choisie par l’OUA, l’empereur Haïlé Sélassié. Cela pose évidemment un problème délicat.
Le Swapo et l’Union du peuple africain du Zimbabwe (ZAPU), par contre, sont très officiellement reconnus comme mouvements de libération de la Namibie (Sud-Ouest africain) et du Zimbabwe (Rhodésie). Eux, au moins, ont le mérite de se battre contre l’ennemi déclaré de toute l’Afrique, qu’elle soit noire ou arabe : les minorités blanches, qui refusent aux majorités africaines le droit à l’autodétermination. Leurs déclarations ne risquent pas de mettre les autorités algériennes dans l’embarras, et, quand la pénurie de logements se fera moins grande à Alger, ils rejoindront sans aucun doute dans les immeubles à grand standing du centre le peloton de tête des mouvements de libération : ceux qui se battent contre le colonialisme portugais et contre l’Afrique du Sud.
Ceux-là se nomment Parti africain de l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), Mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), Front de libération du Mozambique (Frelimo) et Congrès national africain (ANC), d’Afrique du Sud. Ce dernier étant le doyen : son action a commencé en 1912 déjà, par des méthodes pacifistes à la Gandhi, avec si peu d’agressivité qu’un de ses présidents, Albert Luthuli, a reçu en 1961 le prix Nobel de la paix. Avec ces mouvements, nous sommes en pleine « légalité internationale » : les régimes contre lesquels ils s’insurgent ont été condamnés par les Nations unies.
Lorsqu’il s’agit de définir une stratégie globale pour achever la libération de l’Afrique, la masse des intérêts particuliers pèse plus lourd que l’objectif à atteindre. En ce qui concerne cette stratégie, deux théories, actuellement, s’affrontent : l’une, dite des « corridors », qui semble pour le moment convenir à la plupart des Etats. Elle repose sur la constatation que l’ennemi le plus difficile à mettre à genoux sera l’Afrique du Sud, et en déduit qu’il convient de l’attaquer en dernier. En attendant, il faudra évincer le plus faible, le Portugal en l’occurrence, et fournir ainsi aux révolutionnaires sud-africains les bases d’appui et les « sanctuaires » qui leur permettront de se lancer à l’assaut final contre Pretoria.
Quelques esprits réalistes — ceux de l’ANC en tête — répliquent que cette tactique est erronée : jamais l’Afrique du Sud ne tolérera que les colonies portugaises se muent en nations africaines hostiles à son régime. En admettant que le Portugal s’avère impuissant à contrôler la situation, Pretoria soutiendra les colons blancs, leur donnant l’appui massif de ses troupes s’il le faut, pour faire du Mozambique et de l’Angola autant de nouvelles Rhodésie. Dans ces deux colonies portugaises, d’ailleurs, les colons ne manquent pas qui préféreraient cette indépendance-là à la dépendance actuelle d’une métropole où l’opposition marque des points, depuis la mort d’António de Oliveira Salazar.
Cette analyse mène les adversaires de la théorie des « corridors » à la conclusion qu’il faut frapper partout à la fois et que les coups les plus forts doivent être portés en Afrique du Sud. En effet, en fournissant à l’ANC les moyens de déclencher la lutte armée, en lui permettant de laisser exploser la violence révolutionnaire au cœur même de la forteresse ennemie, l’OUA mettrait l’Afrique du Sud dans l’impossibilité, selon eux, d’intervenir massivement dans les colonies portugaises. Selon eux, encore, l’Afrique australe tout entière devrait bouger en même temps, sinon l’ennemi aurait tout loisir d’écraser une à une les révoltes africaines et de forger un bloc sans faille d’Etats gouvernés par les colons blancs, un bloc qui aurait pour frontières celles de la Tanzanie et du Zaïre.
Officiellement, l’OUA n’a pas tranché. Mais le fait que l’aide matérielle accordée par le comité de libération aux mouvements des colonies portugaises dépasse de beaucoup celle consentie aux autres mouvements africains indique clairement son choix.
A Alger, les révolutionnaires s’interrogent : pourquoi tant d’Etats africains ont-ils soutenu une thèse qui, de toute évidence, ne peut que reculer les perspectives de victoire totale, sinon les anéantir ? La plupart des militants admettent en général que la stratégie des « corridors » n’est qu’une manœuvre destinée à maintenir les mouvements de libération dans leur stagnation actuelle, ou même à les acculer à la défaite. Ils en sont arrivés à la conclusion que l’écrasante majorité des chefs d’Etat africains ne souhaitent au fond pas la disparition des régimes d’Afrique du Sud, de Rhodésie et des colonies portugaises, dont la stabilité semble être le garant de leur propre sécurité.
En effet, au cours des années de lutte, les militants africains se sont idéologiquement radicalisés, au point que la plupart d’entre eux ne se battent plus pour ce qu’ils nomment l’indépendance formelle, mais pour donner à cette indépendance un contenu socialiste. « L’ennemi — nous ont-ils dit — est partout le même : le capitalisme. En Afrique australe, il exerce brutalement sa domination, par le truchement de régimes racistes et coloniaux, tandis que dans la majorité des autres Etats africains, il s’accommode fort bien d’une indépendance apparente. Pretoria et Lisbonne sont les alliés objectifs de tous les Etats africains, dont le système capitaliste est fondamentalement le même. Voilà pourquoi l’OUA se voit obligée de freiner les mouvements de libération, et la récente création de hauts commandements militaires régionaux n’est qu’un moyen supplémentaire de les contrôler. »
Les bruyantes professions de foi progressistes et anti-impérialistes, ou anticolonialistes, de nombreux chefs d’Etat ne seraient que le voile de fumée destiné à masquer une manœuvre et à tromper les populations que l’on apaise par cette apparence de progressisme.
A Alger, l’amertume était à son comble. Loin d’être seuls, comme le dit Mao, les révolutionnaires sont trop sollicités, entourés et encadrés, et à la merci de ceux qui les aident, rarement libres en tout cas de décider eux-mêmes pour eux-mêmes. Certains de ceux que nous avons rencontrés en pleuraient. Ils devraient être endurcis, pourtant, après les coups que leur a portés l’antagonisme sino-soviétique (8). Au plus aigu de leur conflit, la Russie et la Chine exigeaient de chaque mouvement, en échange du soutien apporté, une dénonciation en bonne et due forme de l’autre « Grand ». Une seule chose comptait pour ces deux géants : mobiliser un maximum de supporteurs pour leur thèse dans les conférences internationales du tiers-monde. URSS et Chine n’hésitaient pas à reconnaître la représentation d’organisations ouvertement réactionnaires pour réunir un maximum d’adhérents.
Entre-temps, les choses se sont améliorées. Elles se sont même inversées : il suffit aujourd’hui qu’un mouvement de libération inféodé aux Soviétiques se rapproche de la Chine pour provoquer une plus grande sollicitude de la part de l’URSS, et vice versa. De la concurrence à mort, on en est arrivé à la surenchère, ce qui est moins nuisible aux mouvements de libération et élargit leur liberté de manœuvre.
Tous les mouvements de libération du monde ne sont pas à Alger, il s’en faut. Si l’on peut bien se douter des raisons pour lesquelles ni les antifranquistes ni l’opposition grecque ne sont représentés, les révolutionnaires du Brésil, pays avec lequel l’Algérie entretient d’aussi bonnes relations qu’avec l’Espagne ou la Grèce, sont bel et bien présents. Nous les avons rencontrés, ainsi que les représentants du Front de libération du Portugal. Nous avons recueilli auprès d’eux un passionnant bilan comparé des résistances et des guérillas urbaines, mais cela dépasserait le cadre de cet article, de même que la dénonciation du tourisme allemand néocolonial par le Mouvement pour l’autodétermination et l’indépendance de l’archipel canarien.
En partant pour Alger, nous avions établi, dans nos hypothèses de travail, une hiérarchie des mouvements de libération, fondée sur la « justesse » plus ou moins évidente de leur cause. En tête venaient les victimes du colonialisme (colonies portugaises) et, tout de suite après, celles de l’apartheid (Afrique du Sud, Namibie, Rhodésie), ensuite celles d’une agression impérialiste (Vietnam, Cambodge), puis les minorités opprimées ou victimes de discriminations culturelles et économiques, comme les Québécois, les Basques — que nous avons aussi trouvés là, d’ailleurs — et, enfin, les victimes de dictatures militaires de style fasciste (Brésil, Portugal, Espagne, Grèce, etc.) ; mais, comme toutes les hypothèses de travail, celle-ci s’est modifiée en cours de route. Les révolutionnaires que nous avons rencontrés l’ont trouvée sommaire, et surtout de nature à déboucher sur des conclusions erronées. Ils nous ont dit : « Si les différents visages pris par l’injustice, l’oppression et l’exploitation nous obligent à concevoir différentes formes de lutte, il ne faut pas perdre de vue une chose : c’est que l’ennemi que nous combattons est partout le même : le capitalisme international. »
Claude Deffarge & Gordian Troeller
(1) Du nom du journaliste Raymond Cartier, hostile à l’engagement de la France dans les colonies. Sa doctrine a été résumée en une formule choc : « La Corrèze avant le Zambèze ».
(2) Le Black Panther Party est une formation révolutionnaire créée en 1966 en Californie pour défendre les Afro-Américains. Il subit une terrible répression de la police américaine qui n’hésita pas à assassiner ses militants.
(3) Un militant — fort bien logé — devant lequel nous faisions allusion à cette hiérarchie l’a contestée : elle serait due au hasard et, surtout, à la date d’installation, le problème du logement s’étant considérablement aggravé depuis quelques années.
(4) Ce gouvernement fut créé en 1969 par le Front national pour la libération du Sud-Vietnam pour administrer les territoires libérés. Il dirigea le Sud-Vietnam entre la libération de Saïgon, le 30 avril 1975, et la fusion avec le Nord, en juillet 1976.
(5) Le cas de l’ambassade du Cambodge est particulier : au moment de l’éviction de Norodom Sihanouk, en 1970, le gouvernement algérien n’ayant pas reconnu le gouvernement de Lon Nol, les représentants du Cambodge à Alger sont restés en place ; mais au lieu du régime de Phnom Penh, ils continuent de représenter celui, en exil, de Sihanouk, et le FUNK qu’il dirige.
(6) « Babylone » : terme employé par les Panthères noires pour parler des Etats-Unis.
(7) En 1964, dans la province du Dhofar (Oman) commence une longue lutte contre le pouvoir du sultan, qui sera finalement écrasée à la suite de l’intervention des troupes iraniennes et des forces spéciales britanniques. Le Front de libération du Dhofar se transformera pour englober toute la péninsule arabique.
(8) C’est au début des années 1960 que furent rendues publiques les divergences entre les deux puissances communistes, l’URSS et la Chine. Au fur et à mesure, l’antagonisme grandit, aboutissant à une rupture dans le mouvement communiste international.
Par Claude Deffarge & Gordian Troeller
février-mars 2012
https://www.monde-diplomatique.fr/mav/121/DEFFARGE/47325
.
Rédigé le 16/08/2022 à 16:56 dans Alger | Lien permanent | Commentaires (0)
L’Economist Intelligence Unit (EIU) vient de rendre publique l’édition 2022 du Global Liveability Index qui évalue la qualité de vie dans 172 villes réparties à travers le monde. Il ressort de ce rapport le classement des 10 meilleurs et des 10 pires villes où vivre dans le monde, en 2022.
L’assouplissement des restrictions sanitaires liées au covid-19 a entraîné de grands changements dans l’indice. C’est la capitale de l’Autriche, Vienne, qui se classe ville la plus agréable à vivre en 2022. Elle succède ainsi à la ville néo-zélandaise, Auckland.
En bas du classement, on retrouve, sans grande surprise, la capitale syrienne, Damas, et la capitale libyenne, Tripoli. Deux villes déchirées par les conflits armés depuis plus de dix ans.
Ce qui, par contre, risque de choquer certains, c’est qu’aux côtés de ces capitales en guerre, figure… Alger. Oui, en 2022, Alger fait partie des villes les moins vivables de la planète !
L’indice EIU de la qualité de vie classe les villes selon cinq critères :
En 2022, les conditions de vie restent les plus mauvaises à Damas, la capitale de la Syrie. Tripoli (Libye), Lagos (Nigeria) et Alger (Algérie), qui continuent d’obtenir des résultats médiocres dans les cinq critères, figurent également dans le bas du classement.
Les guerres, le terrorisme et l’insécurité représentent les principaux facteurs qui pèsent sur les dix villes les moins bien classées. Sept d’entre elles se situent d’ailleurs au Moyen-Orient et en Afrique.
.
Rédigé le 15/08/2022 à 19:44 dans Alger, Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires récents