Aujourd’hui dans Affaires Sensibles, l’histoire d’un retour, celui de la torture durant la guerre d’Algérie, qui au début des années 2000, fait la Une des médias près de quarante ans après la fin des combats. En 2ème partie, le grand historien de la guerre d'Algérie et de ses mémoires : Benjamin Stora
Nouvel invité : L'historien Benjamin Stora, auteur du rapport, demandé en juillet 2020 par le Président Macron, sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie et sur les moyens de favoriser une réconciliation entre la France et l'Algérie. Ce rapport intitulé Les questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d'Algérie-disponible ici en intégralité- est rendu public en janvier 2021 ; et en mars 2021, l'historien en publie une passionnante synthèse chez Albin Michel : France-Algérie, les passions douloureuses.
Benjamin Stora est aussi l'auteur d'Une Mémoire Algérienne- qui regroupe plusieurs essais autobiographiques de l'historien sur l'Algérie dont Les Clés retrouvées, Les 3 exils : Juifs d'Algérie, La Dernière Génération d’Octobre etc...- dans la collection Bouquins (Robert Laffont, 2020). Il est aussi l'auteur d'un livre essentiel sur le sujet abordé aujourd'hui : La gangrène et l'oubli La mémoire de la guerre d'Algérie (La Découverte Poche, 2005)
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L’Algérie passe par des moments difficiles, très difficiles !…Les « vaches grasses » sont bien mortes et enterrées et avec elles, l’Etat providence. Place maintenant à une longue période de « vaches maigres » qui annonce la fin de « la paix civile » et le début de la grande inconnue !…
L’Algérie n’a pas vécu les affres du soi-disant « Printemps Arabe » parce que les Algériens avaient en mémoire la décennie noire de la guerre civile 1992-2000 et par conséquence, ils ont intentionnellement zappé cette révolte pour préserver cette fragile « paix civile » achetée à coup de pétrodollars. Le pétrole était à son prix le plus fort et l’argent coulait à flot, à même de faire taire tout début de revendication !…
Les années fastes de l’or noir 1965-2015 ont royalement gavé la société algérienne créant ainsi des générations d’assistés et du coup détruisant l’agriculture dont vivaient des millions d’habitants et qui faisait manger tout un peuple. L’industrie de cette période était à l’image de l’ère soviétique, beaucoup plus au service de la propagande du régime militaire, qu’au service d’une économie compétitive !…
Hors pétrole et gaz, l’Algérie n’a pas d’autres ressources qui puissent nourrir un peuple de 45 millions. Le pays est certes immense mais 75% du territoire est désertique et presque inutile pour l’agriculture. L’État Algérien a fini de dilapider le maigre fonds souverain et dans une année, tout au plus, il sera totalement asséché et bonjour le désordre. La Kabylie n’a jamais caché son intention d’indépendance et sûrement les Amazighs du Mzab, vont leur emboîter le pas aussi, ainsi que ceux d’autres régions et pourquoi pas, les Touaregs du grand Sud !…
Les prétentions indépendantistes des minorités Amazighs va sûrement réveiller « les démons » des Islamistes qui voudraient, d’un côté, régler, une fois pour toute, leur litige avec les militaires qui leur ont subtilisé, de force, leur victoire aux législatives en 1991 (chose qui a conduit à la guerre civile et qui a fait plus de 200.000 victimes), et écraser les Amazighs qu’ils considèrent comme des infidèles. Cela pourra facilement donner naissance à une autre guerre civile encore plus meurtrière !…
Sur la scène internationale l’Algérie est devenue l’ombre d’elle-même. Les pays dont elle achetait l’allégeance en Afrique l’ont abandonné parce que les dons qu’ils recevaient, en monnaie sonnante et trébuchante, ont disparus. Outre l’Afrique du Sud, la Zimbabwe et quelques autres pays de l’ère soviétique, les amis d’antan de l’Algérie ont disparus !…
LE SCENARIO CAUCHEMARDESQUE : L’Algérie, suite aux contestations intenses du peuple tombera dans un premier temps dans le désordre, puis dans le chaos et puis surviendra la guerre civile qui entrainera un mouvement de masse de réfugiés vers la France, l’Espagne, le Maroc et la Tunisie. Des millions d’Algériens voudront alors aller vivre sous d’autres cieux plus cléments !…
Une guerre civile pourra mettre en jeux trois protagonistes : l’armée, les Islamistes et les Amazighs indépendantistes, qui ont chacun un agenda politique et culturel, totalement différent. Le peuple Algérien se trouvera pris entre trois feux !…
Pour les militaires, ils revendiquent le pouvoir légitime de la guerre d’indépendance et ont le droit de faire usage de la force pour préserver les acquis révolutionnaires !…
Pour les Islamistes, l’Algérie a toujours été « Terre-d’Islam », le colonialisme l’a défigurée et a installé un pouvoir séculaire à sa solde et joue, de loin, la carte ethnique pour affaiblir l’Islam et les musulmans : Un agenda des « Forces Croisées » vieux comme le temps, d’après eux !…
Pour les Amazighs, premiers habitants connus de l’Afrique du Nord, qui ont été convertis à l’Islam par le glaive, d’après eux, suite à l’assassinat de leur reine qui a résisté pendant un demi-siècle à l’invasion Arabe. Les Amazighs veulent reprendre leur destin en main et instaurer leur langue et culture en toute liberté sur leur terre ancestrale !…
Cependant, si l’Algérie bascule dans le chaos, des milliers de Sahraouis de Tindouf prendraient tous la route de la liberté vers Smara, Laayoune et Dakhla, ou ils bénéficieront d’habitat en dur, d’aide financière, de couverture médicale, d’emploi et retrouveraient enfin leur dignité perdue pendant la longue période de leur séquestration dans les camps de la honte !…
United Nations Secretary-General Ban Ki-moon visits the Smara refugees camp in Algeria on Saturday. His term will expire in December.
Dans un ouvrage récemment publié, l’ancien secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon, parle de sa visite aux camps des réfugieés sahraouis le 5 mars 2016. Depuis Rabouni, la capitale administrative du Front Polisario, il a fait une déclaration de presse qualifiant la présence du Maroc au Sahara Occidental de « occupation ».
La déclaration a été considéré par Rabat comme un « dérapage » et un « gestes de complaisance injustifié ». Pour dénoncer ses propos, les autorités marocaines ont organisé des manifestations populaires dans lesquelles le responsable onusien a été qualifié de tous les mots.
Dans son livre, Ban Kimoon affirme que ce terme n’est que la vérité. Selon lui, il savait que sa déclaration allait avoir de l’impact, puisque, dit-il, les autorités marocaines avaient décidé d’expulser la composante technique de la mission des Nations-Unies pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental (Minurso).
À travers cet ouvrage, il révèle qu’à son retour à New York, le 15 mars 2016, il avait reçu le ministre marocain des Affaires étrangères Salaheddine Mezouar, a qui il a signifié que pendant une décennie de son service aux Nations-Unies, il n’avait jamais vu ou entendu un comportement aussi « grossier » et « dégénéré » de la part d’un pays membre contre le secrétaire général des Nations-Unies.
A la suite de la parution du livre du Général AUSSARESSES, la question est de savoir comment traduire, au plan judiciaire, l'indignation partagée par de nombreuses personnalités politiques. Une brèche a été trouvée par la Ligue des Droits de l'Homme, qui a déposé plainte pour "apologie de crimes et de crimes de guerre" contre celui qui a avoué et raconté tortures et exécutions qu'il a commises pendant la guerre d'Algérie.Interview de Me Antoine CONTE, avocat, à propos des crimes contre l'humanité.Interview de Michel TUBIANA, président de la Ligue des Droits de l'Homme : le Général AUSSARESSES ne peut rester impuni.
Le compagnon de la Libération est mort le 26 octobre 2002. Son nom reste attaché à la torture en Algérie. A la fin de sa vie, le chrétien avait exprimé ses regrets.
Jacques Massu est entré dans l'histoire à trois reprises au moins. Une première fois en 1940, quand il répond, parmi les tout premiers, à l'appel du 18 juin et se rallie à la France libre. Une deuxième fois, en mai 1968, lorsque, commandant en chef des Forces françaises en Allemagne, il accueille à Baden-Baden le général de Gaulle, qui vient de quitter la France secouée par les événements. Une dernière fois, en juin 2000, quand il sort de sa retraite pour regretter et condamner l'utilisation de la torture et les exactions pendant la guerre d'Algérie.
Né le 5 mai 1908 à Châlons-sur-Marne, passé par Saint-Cyr, ce capitaine de 33 ans a choisi de servir dans la Coloniale. Il commande depuis 1938 la 3e compagnie du régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad et la subdivision militaire du Tibesti. Le gouverneur du Tchad, Félix Eboué, s'est, le premier en Afrique française, rallié au général de Gaulle, suivi avec enthousiasme par Massu. Lorsque Leclerc arrive au Tchad, le capitaine a le coup de foudre. Il suivra son nouveau patron jusqu'en Indochine. D'abord le Fezzan (région saharienne au sud-ouest de la Libye), où Massu participe à la conquête des oasis libyennes sur les Italiens. Puis la poursuite des Germano-Italiens jusqu'en Tunisie. Au Maroc, en 1943, le "marsouin" (infanterie de marine) se transforme en cavalier lorsque Leclerc forme la 2e division blindée. Il fait la campagne de France en 1944 : la Normandie, Paris, la Lorraine. Fonçant à corps perdu à travers les Vosges, Massu est un des protagonistes de la percée vers Strasbourg.
La guerre en Europe finie, pas de repos : le lieutenant-colonel Massu est placé à la tête du détachement précurseur qui débarque à Saïgon. Il participe au dégagement de la ville et du sud de la Cochinchine. Il restera en Indochine jusqu'en 1947 puis, à son retour, devient "para". Son avancement n'est pas particulièrement rapide. "Ce magnifique guerrier, lit-on dans son dossier, n'a pas l'étoffe d'un général." En attendant, il a le sens et le goût du contact avec les hommes et ses boutades font le tour des popotes. En juin 1955, général de brigade, il commande le groupe parachutiste d'intervention et, l'année suivante, la toute neuve 10e division parachutiste, qui deviendra vite la "division Massu". Il débarque le 6 novembre 1956 à Port-Saïd (Egypte), lors de l'opération de Suez. La ville prise, il fonce vers le sud, avec les Anglais, mais les ordres de Paris comme ceux de Londres les arrêtent sur la route d'Ismaïlia (Egypte).
Retour amer en Algérie, où s'annonce la "bataille d'Alger". Le FLN a lancé une offensive terroriste : des bombes placées dans les lieux publics font des dizaines de morts et de blessés dans la population. Le ministre résident en Algérie, Robert Lacoste, confie tous les pouvoirs de police à l'armée. Le 7 janvier 1957, Massu écrit sur son bloc : "Sainte Mélanie [la sainte fêtée ce jour], priez pour le nouveau commandant militaire du département d'Alger !" Les quatre régiments de la 10e DP se partagent la ville. Ils écrasent dans l'oeuf la grève décrétée par le FLN. Maîtres d'Alger, ils emploient tous les moyens pour dépister les poseurs de bombes et trouver leurs caches. Chaque régiment a son centre d'interrogatoire où la torture est utilisée presque systématiquement. Un jour, Massu se fait "passer à la gégène" et affirme n'avoir pas trouvé la chose insupportable. En réalité, ses subordonnés n'ont pas "mis toute la sauce" lors de cette séance - c'est lui- même qui l'indiquera, un peu goguenard, des années plus tard, au Monde.
En France, de François Mauriac à l'extrême gauche, on s'indigne. La disparition d'un jeune universitaire communiste, Maurice Audin, arrêté par les parachutistes et probablement torturé à mort, alimente la polémique. Au prix d'un nombre indéterminé de morts et de disparus, l'offensive du FLN est brisée et ses réseaux algérois sont démantelés.
Le 13 mai 1958, la foule envahit le siège du gouvernement général, Massu est le seul, grâce à sa popularité et à sa voix de tonnerre, à pouvoir se faire entendre. Faute de pouvoir enrayer le mouvement, il en prend la tête et crée un comité de salut public dont il se nomme président.
En France et à l'étranger, la réaction est vive : déjà considéré comme un tortionnaire, Massu est maintenant dénoncé comme factieux et fasciste. L'arrivée au pouvoir du général de Gaulle qu'il a appelée de ses voeux dénoue, pour le commandant du Grand Alger, une situation gênante. Il reste commandant du corps d'armée, préfet d'Alger et préfet de la région. S'il obéit, son entourage le pousse cependant à grogner. Il grogne trop fort en janvier 1960. Dans une interview accordée à l'envoyé spécial de la Süddeutsche Zeitung de Munich, il malmène la politique de Paris. De Gaulle le rappelle. Massu dément ses propos, mais de façon peu convaincante. Il ne regagnera pas Alger. La nouvelle y suscite une réaction violente : la semaine des barricades.
Vacances forcées pour ce gaulliste qui, comme beaucoup d'autres, a cru obéir en maintenant l'Algérie française. Il défend devant le tribunal militaire les accusés du "procès des barricades". Ce sera son baroud d'honneur. En janvier 1961, rentré en grâce, il devient gouverneur militaire de Metz et commandant de la VIe région militaire. En février 1966, il est nommé commandant en chef des forces françaises en Allemagne. Deux ans plus tard, de Gaulle, qui a quitté Paris en proie aux émeutes, débarque le 29 mai 1968 à Baden. Il passe une heure avec Massu, dont l'assurance le réconforte, puis repart pour l'Elysée. Massu quitte l'Allemagne en juillet 1969 pour prendre sa retraite.
Il lui reste à écrire, maintenant que la discipline ne le contraint plus au silence. Il plaide non coupable, avec quelque talent et un style châtié, sans grand rapport avec sa verve habituelle. En novembre 1971, il publie La Vraie Bataille d'Alger, qui lui vaut, l'année suivante, la réplique de Pierre Vidal-Naquet ( La Torture dans la République). Installé à Conflans-sur-Loing, un village du Loiret où il mène une vie de gentleman farmer, Massu se consacre ensuite à la rédaction de plusieurs autres ouvrages, notamment Baden 1968. Les années passent. On n'entend plus parler de lui.
Le 22 juin 2000, au moment où on s'y attend le moins, Jacques Massu fait sa réapparition. Celui qui a connu plusieurs drames dans sa vie personnelle - la mort de son épouse, puis celle de leur fille unique - et qui a maintenant 92 ans se voit rattrapé par l'Algérie. Deux jours plus tôt, Le Monde a publié le récit d'une ancienne " fellagha " (partisan de l'indépendance), Louisette Ighilahriz, capturée en septembre 1957 à l'âge de 20 ans par l'armée française, puis torturée et violée pendant ses trois mois de détention à l'état-major de la 10e division parachutiste à Alger.
Cette femme, devenue psychologue et qui a fait carrière au sein du FLN, incrimine deux des principaux chefs militaires de l'époque, le général Massu et Marcel Bigeard, alors colonel. L'un et l'autre, dit-elle, venaient sur le lieu de ses interrogatoires, même s'ils laissaient à un subordonné, le capitaine Graziani, le soin de passer aux "travaux pratiques." Si Louisette Ighilahriz a eu la vie sauve, c'est grâce à un inconnu, qui l'a fait transférer en prison pour la soustraire à ses tortionnaires, et qu'elle recherche depuis quarante ans, un certain commandant Richaud.
Invité le lendemain par Le Monde à commenter cet épisode, le général Massu va créer l'événement. Alors que le général Bigeard nie tout en bloc et qualifie ce récit de "tissu de mensonges", le vainqueur de la bataille d'Alger le confirme pour l'essentiel. Tout en indiquant ne pas se souvenir de Louisette Ighilahriz et en démentant avoir été mêlé personnellement à ses tortures, Massu révèle avoir très bien connu le commandant Richaud, médecin chef de la 10e division parachutiste, "un humaniste", décédé dix-huit mois plus tôt. "Je peux aider cette femme [Louisette Ighilahriz] à retrouver ses proches" propose-t-il en ajoutant "vraiment regretter" ce qui s'est passé. Plus inattendu encore, Massu avoue qu'avec le recul la torture ne lui paraît "pas indispensable en temps de guerre" et qu'on pourrait "très bien s'en passer.""Quand je repense à l'Algérie, cela me désole, déclare-t-il. Tout cela faisait partie d'une certaine ambiance, à cette époque, à Alger. On aurait pu faire les choses différemment."
Un an après le vote historique du Palais-Bourbon, permettant de qualifier de "guerre" ce qui n'était jusque-là que des opérations de "maintien de l'ordre", les remords de Massu le chrétien, au soir de sa vie, vont accélérer le travail de mémoire en France et libérer les consciences, sur fond de polémique et de passion. "A quoi bon rouvrir le débat alors que les plaies sont encore à vif ?", reprochent les uns, rappelant les crimes du FLN, tandis que douze personnalités, à l'initiative de L'Humanité, réclament une reconnaissance et une condamnation officielles, par l'Etat français, des exactions commises pendant la guerre d'Algérie.
Le 23 novembre 2000, le débat rebondit. Dans un entretien au Monde, le général Paul Aussaresses, 82 ans, coordinateur des services de renseignement à Alger en 1957, évoque pour la première fois ses crimes de guerre, en particulier les exécutions sommaires qu'il a pratiquées en personne. Il précise qu'il n'en a ni remords ni regret.
Une repentance de l'Etat français ? Il serait contre. Dans cette même édition, le général Massu revient de son côté sur ses "regrets". Il avoue qu'il a toujours souffert de voir son nom "associé à la torture" et déclare que, "si la France reconnaissait et condamnait ces pratiques, [il] prendrait cela pour une avancée."
Il évoque au passage les deux enfants algériens qu'il a adoptés en 1958 : Malika, qui lui a été confiée à l'âge de 15 ans par ses parents, et Rodolphe, qu'il a recueilli à l'âge de six ans. "Pour moi, ils sont la preuve que l'intégration, celle pour laquelle je me suis toujours battu, était possible et n'était pas une chimère", souligne-t-il. Au cours de cet entretien réalisé à Conflans-sur-Loing en présence de sa seconde épouse, Massu prévient qu'il gardera, désormais, le silence. Accepterait-il de livrer d'autres secrets, en particulier de dire la vérité sur Maurice Audin ? Il hésite. Au terme d'un interminable silence, d'une rare intensité, il lâche, impénétrable, le regard fixe : "Je ne sais plus. Si je m'en souvenais, je vous le dirais."
Par Jean Planchais et Florence Beaugé
Publié le 22 mai 2008 https://www.lemonde.fr/le-monde-2/article/2008/05/22/jacques-massu-le-general-repenti_1048161_1004868.html .
Dans un reportage qui a été diffusé le mercredi 9 décembre 2015, l’émission 30 Millions d’Amis était revenue sur ces chiens d’exception qui sont au service de la nation. Elle a dévoilé aussi les images du chiot berger allemand qui a été offert à la France par les autorités russes. Ce chiot donné « en signe de solidarité avec le peuple et la police française », « porte le prénom d'un chevalier médiéval russe, Dobrynya Nikitch, héros du folklore réputé pour sa force, sa bonté et son courage ».
Agé de 2 mois, il a passé des visites médicales et a ensuite été placé en quarantaine avant de pouvoir rejoindre définitivement les équipes du RAID. Actuellement, on dénombre 12 chiens au sein du RAID dont neuf sont des chiens de recherche d’explosifs et trois sont consacrés à l’assaut. Deux chiens sont en encore en formation.
Nous avons souhaité bienvenue à Dobrynya et nous espérons qu’à l’avenir tous les chiens utilisés dans des opérations d’assaut puissent être remplacés par des robots.
Voici Diesel, le berger malinois de 7 ans, tué au cours de l'assaut
Extrait de l'émission 30 Millions d'Amis du 9/12/2015 diffusée sur France 3.
Pendant la guerre d'indépendance de l'Algérie
nous avons connu Gamin
Que deviennent les chiens ?
Aux dernières nouvelles, il n’était pas question de repousser l’âge de la retraite qu’ils prennent avant de fêter leurs dix ans. « 99 % d’entre eux restent avec leur maître, assure le colonel Dalier. Pour les réformés, il existe une liste d’attente de gens qui souhaitent les récupérer. » Quelques années plus tard, ils retournent souvent là où tout a commencé, pour toujours cette fois.
La stèle de Gamin. - N. Stival / 20 Minutes
Un jardin du souvenir abrite les dépouilles de nombreux chiens, dans une fosse commune, ou sous une plaque individuelle avec nom et matricule pour les médaillés. Tous reposent à quelques mètres de la stèle et des cendres de Gamin, légende de la Gendarmerie. Ce berger allemand, grièvement blessé pendant la guerre d'indépendance de l'Algérie, a veillé jalousement la dépouille de son maître, Gilbert Godefroid, tué lors de l’opération. Diminué, il mourra deux ans plus tard, en 1960.
Hommage à Gamin, un modèle
de courage et de fidélité
Il s'appelait Gamin. Ce berger allemand est l'idole de tous les chiens de la gendarmerie, voici son histoire.
Gamin, Berger Allemand arrivé au chenil militaire de Beni-Messous en Algérie, se montre si dangereux que personne ne peut l'approcher. Une dernière tentative est effectuée par le gendarme Gilbert Godefroid, un gendarme courageux et volontaire, qui le fait réellement changer.
Le 29 Mars 1958, une opération de maintien de l'ordre à lieu au sud de Barral. Gilbert Godefroid part sur la piste de combattants pour l'indépendance, avec son chien Gamin. Les légionnaires qui accompagnent l'équipe cynophile ne peuvent suivre le rythme imposé par le gendarme et son chien. Ce dernier ne pouvant arrêter Gamin dans sa recherche, part seul en avant. La piste fraîche est rapidement trouvée et, au moment où Godefroid lâche son chien, une rafale d'arme automatique blesse mortellement le gendarme. Son chien bien que grièvement blessé (une balle dans la tête et une dans le poitrail) s'élance et égorge son agresseur, puis se traîne jusqu'au corps de son maître, lui lèche le visage et s'allonge sur celui dont il ne veut se séparer. Les légionnaires alertés par les coups de feux, arrivent trop tard. Ils s'approchent, mais Gamin ne les connaît pas. Malgré ses blessures, il se jette sur eux, le poil hérissé, les crocs en avant. Il grogne et refuse les friandises offertes par les soldats. Il faudra alors 6 hommes et une toile de tente pour le maîtriser et récupérer le corps du gendarme. Après évacuation par hélicoptère, sur l'hôpital vétérinaire de Millesimo, une opération est immédiatement tentée et réussie. Gamin est sauvé et prends sa retraite à Gramat, où, précise la note du ministère, il devra "faire l'objet de soins attentifs jusqu'à sa mort". Le 27 décembre 1958 au chenil de Beni-Messous, un carré d'honneur est formé aux ordres du lieutenant-colonel Arcouet, Gamin est alors le premier chien a être décoré de la médaille de la Gendarmerie Nationale.
Lorsqu'il meurt des séquelles de ses blessures le 23 Novembre 1960, ses cendres rassemblées dans une urne sont déposées au coeur d'une stèle élevée au Centre National d'Instruction Cynophile de Gramat, réunissant dans le même souvenir, un homme et un chien, pas forcément plus illustre, mais tous deux victimes du devoir.
C'est devant cette stèle qu'a lieu, lors de chaque stage, la cérémonie traditionnelle de la constitution des équipes cynophile. Personne ne veut et ne peut oublier.
Ce jeudi, l’un de ses lointains successeurs sera mis en terre en présence de son maître, lors d’une cérémonie très codifiée, au cours de laquelle le courage et la fidélité de Gamin seront une nouvelle fois rappelés. Son carré est prêt à l’accueillir depuis plusieurs jours.
Le jardin du souvenir va accueillir un nouveau chien. - N. Stival / 20 Minutes
VSD. Alors ? Vous êtes un jeune marié puisque vous venez de renouveler vos vœux avec votre épouse Jany Le Pen.
Jean-Marie Le Pen. Nous sommes mariés civilement depuis le 31 mai 1991 et, après presque trente ans, nous avons décidé de faire une petite cérémonie très discrète de mariage religieux.
Pourquoi après tant d’années ?
Pour mettre nos âmes en règle avec le Très Haut, mais c’est aussi un symbole d’amour. Tout ça marche ensemble, cela semblait compléter notre union. Je l’aime toujours aussi fort.
Comment va votre santé ? J’ai ouï dire que vous aviez attrapé la Covid ?
Oui, mais je m’en suis à peine rendu compte. C’était au tout début de la pandémie. J’avais ressenti un peu de fatigue, rien d’alarmant. Ça n’est qu’à l’occasion d’une prise de sang que j’ai pu constater que j’avais des anticorps. Mais on ne sait pas quelles sont leurs qualités réelles (rire).
Vous ne portez pas de masque ?
Vous non plus ! Je le porte honnêtement le moins possible car ça me paraît « vicier » la vie sociale, il n’y a plus de contact humain. Autrefois on portait ça le Mardi gras, là on avait le droit de se masquer mais le reste du temps c’était interdit. Je le mets le moins possible, sauf quand c’est obligatoire bien sûr, mais je trouve cela extrêmement pénible.
Au-delà de la crise sanitaire, que pensez-vous plus généralement de la situation politique ?
Je ne peux que constater le déclin de notre pays et, plus généralement, de la civilisation occidentale, ce que j’appelle l’arc boréal qui va de Vladivostok à Gibraltar. On pourrait aussi y ajouter les États-Unis, mais enfin il faut s’en tenir à l’arc boréal et je pense qu’il faudrait que toutes ces nations s’organisent en confédération des États boréaux. Je pense sincèrement que leur situation est spécifique et qu’elle est menacée par un déséquilibre démographique croissant. En ce sens il faut bien considérer qu’en seulement cinquante ans, la population mondiale est passée de 2 milliards à 8 milliards. Cette expansion s’est produite presque essentiellement ailleurs sur le globe puisque, si nous n’avons pas régressé, nous n’avons pas progressé non plus. Cet arc boréal est un espace géographique immense à défendre puisqu’il comprend le plus grand pays du monde qu’est la Russie, entourée de pays frontaliers si j’ose dire qui eux pullulent : on ne sait pas à cent millions près combien ils sont ! Des pays comme l’Inde ou la Chine. La fin des empires occidentaux s’est traduite par une régression de leur influence à leurs territoires métropolitains en quelque sorte.
Voudriez-vous dire que le monde est trop métissé ?
Ce phénomène démographique est, je crois, unique dans l’histoire de l’humanité. C’est la première fois que conséquemment à nos découvertes médicales, la population mondiale a, en quelque sorte, explosé. Autrefois, dans nos campagnes, il y avait souvent des familles de quinze enfants mais seulement quelques-uns survivaient. Aujourd’hui c’est l’inverse. Les Africains, les pays arabes, les Indes, l’Asie, tous ces pays-là ont une forte démographie. Alors qu’il est évident que les ressources mondiales n’ont pas augmenté dans la proportion de la population, le petit gâteau que conservaient certains doit être maintenant partagé à plusieurs. D’où une source naturelle de conflits internes ou externes, de mouvements migratoires considérables dont nous ne sommes pas à l’abri et contre lesquels, semble-t-il, nos gouvernants ne souhaitent pas agir fermement pour défendre notre intégrité.
Comment va votre grande -famille ?
Je suis un grand-père de neuf petits-enfants qui ont tous entre 20 et 30 ans. Ils sont tous accouplés mais autrefois, l’accouplement donnait des enfants ce qui n’est pas le cas aujourd’hui (rire). Heureusement, j’ai une arrière-petite-fille, Olympe, la fille de Marion, qui a tout juste 6 ans.
Elle vous ressemble ?
C’est la synthèse de tous les Le Pen ! C’est pour ça qu’elle m’aime. Elle a une dimension affective incroyable. Elle est étonnante et très attachante. À mon avis, objectivement, elle est assez exceptionnelle.
Et Marine ?
Je ne vois pas souvent Marine mais il n’y a pas de guerre, c’est ma fille. Cependant je ne partage pas toujours ses options et l’autre jour je lui ai fait une remarque technique. Je l’ai trouvée trop souriante par exemple dans son débat face à Darmanin. Dans la mesure où elle est candidate à la présidentielle, elle doit être plus grave. Elle a déjà, en France, le handicap d’être une femme et elle doit donc présenter un visage plus « marmoréen ». J’ai trouvé que ce n’était pas un débat de candidate à la présidence de la République. On dit tellement de mal de la rigueur excessive de la droite nationale que Marine veut sans doute apparaître comme plus cool. Mais le temps de l’avenir n’est pas au « cool » ! Elle pourrait par exemple s’enrichir du rejet de notre président actuel et de sa politique. Marine est un personnage, sa victoire à la présidentielle n’est pas probable mais elle est tout à fait possible.
Les sondages lui sont plutôt -favorables…
Oui, il ne sera pas facile de lui disputer, au moins, la place au second tour, même si les candidats ne sont pas encore tous connus. L’acquisition de la notoriété en politique est peut-être ce qu’il y a de plus difficile. Et heureusement, Marine a une notoriété nationale. Je le répète, elle a de grandes chances d’être au second tour.
Cela fait près de cinquante ans que vous faites de la politique et... (il interrompt)
Un peu plus ! J’ai été élu député en 1956 mais en réalité ma vie publique a commencé bien avant : j’étais président de l’Unef qui était un syndicat unitaire. Les congrès duraient huit jours et se tenaient jour et nuit si j’ose dire, aux alentours de 1949, 1950. Cela fait plus de soixante-dix ans du coup (rire).
L’Algérie était encore française ?
Tout à fait oui, et tout le monde en était partisan à cette époque, M. Mitterrand, M. Mendès France, tout le monde sauf les communistes qui étaient indépendantistes.
Votre parcours politique est -indissociable de la guerre -d’Algérie… (il interrompt)
J’étais pour l’Algérie française car je pensais que c’était un atout considérable pour la France que d’être implantée sur deux continents différents. Cela lui donnait une position stratégique considérable sur la Méditerranée, sur l’Afrique, sur le monde... (il réfléchit) Il y a une rencontre qui m’a marqué. Des années après la fin de la guerre, Krim Belkacem avait demandé à me voir. J’ai accepté et nous nous sommes alors retrouvés dans la même voiture à Paris, peu de temps avant son assassinat. Comme il ne disait rien, je lui ai demandé ce qu’il voulait me dire. Il m’a répondu avec un petit sourire en coin : « Je voulais juste te rencontrer. » Je suis tombé des nues mais ça m’a touché.
Vous savez, j’ai toujours eu de la considération dans le monde musulman. Je pense que ça tient à mon attitude générale mais aussi à une anecdote qui s’est déroulée pendant la campagne de Suez. Suite à une opération militaire, j’ai reçu la consigne d’enterrer les morts dans des fosses communes. Comme ils étaient musulmans, j’ai fait en sorte qu’ils soient déchaussés et inhumés face à La Mecque selon le rite islamique.
J’ai été assez proche de Saddam Hussein, j’ai été très affecté par sa mort et son exécution. Mon épouse Jany était aussi la présidente de l’association SOS Enfants d’Irak, elle s’y rendait souvent ! J’avais globalement une relation très cordiale avec Hassan II. Je connais moins son fils.
C’est étonnant d’être aussi -apprécié à l’étranger quand on est le dirigeant d’un parti -considéré comme raciste.
Le FN n’est pas du tout raciste ! Il y a toutes sortes de religions et d’ethnies au sein du parti. Il n’y a pas de racisme au Front national. C’est sans doute dû à la fraternité d’armes : il est évident qu’il y a une affinité des combattants entre eux qui fait disparaître les éléments de différence.
Mais alors pourquoi le FN traîne cette réputation de « facho » ?
C’est la réputation que m’ont créée mes adversaires.
Lesquels ?
La gauche et les gaullistes. La politique est un combat permanent...
Que pourriez-vous nous dire du général de Gaulle ?
Il m’a serré la main à trois reprises (rire) ! Pendant la Seconde Guerre, j’étais interne dans un collège mais pour le peu que j’écoutais la radio pendant les vacances, il me semblait que Radio Londres attaquait davantage Vichy que Berlin. Moi, je mesurais les difficultés considérables que pouvait rencontrer le gouvernement français d’une France occupée qui étaient sans commune mesure avec le fait d’être à Londres, l’hôte de Churchill et de l’Angleterre. C’était moins difficile à gérer quand même !
Je rappelle que nous avions trois millions de prisonniers de guerre et quarante millions de Français à nourrir, sans parler des bombardements et autres dommages collatéraux. Je n’étais pas un gaulliste pendant la guerre – il y en avait d’ailleurs très peu – et je ne me suis pas senti de rallier le RPF tel que l’avait fondé le général de Gaulle. Ses thèmes ne me paraissaient pas être des thèmes de rassemblement populaire.
C’est-à-dire ?
Le général avait dirigé un gouvernement avec des communistes qui étaient mes adversaires depuis toujours. J’étais un pauvre orphelin de guerre et déjà je m’opposais aux communistes à l’union internationale des étudiants. Il y avait des affrontements très sérieux entre communistes et anticommunistes.
Cela étant, ce qui était imprévisible, c’était que les huit millions d’Algériens seraient cinquante ans plus tard quarante millions. Je pensais qu’il était possible d’intégrer huit millions d’Algériens en France, mais pas quarante millions. Et ça, personne ne l’avait prévu. Charles de Gaulle a donné l’indépendance à l’Algérie sans que cette notion d’expansion démographique n’apparaisse. Il ne faut pas oublier que de Gaulle était un général métropolitain, pas un colonial ; lorsqu’il a démarré sa carrière, l’ennemi était à l’est, l’Allemagne. Il n’avait eu que peu de relations avec l’Afrique du Nord et encore, elles étaient conflictuelles. C’était vraiment un autre monde…
C’est un homme d’État qui a eu une conception des relations constitutionnelles qui me semblent assez justes. Elle a d’ailleurs donné la constitution de la Ve République. C’était un très un bon philosophe de la politique.
Et les autres présidents ? Que pensez-vous de Georges Pompidou ?
Pompidou, un brave homme me semble-t-il, sans prétention et sans génie, il pouvait être « pompur » (rire). Il avait une autorité naturelle, une présence physique très forte.
Valéry Giscard d’Estaing ?
Nous avons fait parti du même « bureau d’âge » en 1956 : ce sont les huit plus jeunes députés, il était l’aîné de ce groupe et j’en étais le benjamin. J’ai entretenu des relations relativement cordiales avec VGE, même si nous n’avions que peu de points communs. C’était un Chinois d’Occident, il avait les yeux presque bridés (rire).
François Mitterrand ?
Mitterrand était un homme de talent et de culture. Il ne manquait pas d’humour. En 1955, j’avais été désigné comme orateur national pour lui porter la contradiction lors de la campagne des législatives de 1956. Il était en haut d’une tribune et quand je suis arrivé avec une foule de paysans et de poujadistes, il s’est évanoui. Alors j’en ai profité et j’ai parlé à sa place. C’est mon premier contact avec Mitterrand (rire) !
Jacques Chirac ?
Chirac, je l’appelais Cachir. Nous n’avions pas d’atomes crochus mais le jour de sa mort j’ai tout de même posté un message sur Twitter : « Même mort, un ennemi mérite le respect. » C’est mon tweet le plus retweeté de tous ! Jacques Chirac demeure le seul homme qui m’a inspiré un vrai rejet politique. Je le trouve déloyal, cynique. Il m’a fait beaucoup de sales coups, le pire lors de l’élection présidentielle de 1981. Cent maires chiraquiens qui en avaient probablement reçu la consigne ne m’ont pas accordé leur signature promise et se sont désistés seulement trois semaines avant le premier tour. C’est à cause de ça que je n’ai pas pu être candidat.
Nicolas Sarkozy ?
Je n’avais pas d’antipathie pour Sarko, au contraire. J’ai même une anecdote très drôle qui l’a rendu très sympathique à mes yeux lorsque je lui ai un jour rendu visite à l’Élysée en tant que chef de parti. À la sortie, il y avait le conseil des ministres sur le palier. Il m’attrape par le bras et il dit : « Je pense que vous connaissez M. Fillon. »« Oui bien sûr, je connais », lui ai-je répondu. Il fallait voir la tête de Fillon ! C’est un coup typique de Sarko, ça ! Il a un côté chaleureux, cordial, populaire, avec une vraie force de conviction. Je pense que comme président, c’est celui dont j’ai sûrement le meilleur souvenir. Vous savez, j’ai connu tous ceux de la Ve République et même Auriol et Coty, qui étaient là avant.
Un petit mot sur François -Hollande ?
Hollande, qui est-il ? Je cherche Hollande ! Les Hollandais l’ont pris ! Merci à Nafissatou, la faiseuse de roi (gros fou rire). Je ne comprends pas comment ce type a pu être président, c’est extraordinaire !
Que pensez-vous d’Emmanuel Macron ?
Je ne comprends pas qu’il suscite autant d’hostilités. J’ai du mal à m’imaginer qu’on puisse haïr – je ne connais pas moi-même la haine comme sentiment – mais de penser que Macron puisse être détesté par autant de gens, c’est étonnant. Je le trouve trop volubile, il parle trop et trop souvent, il est trop médiatisé ! Pour moi, le chef de l’État est quelqu’un qui doit parler rarement, avoir un discours plus bref, avec des formules percutantes. Et dans ce domaine, je ne peux que reconnaître que Charles de Gaulle était un maître.
La spécialité de Macron chez les Rothschild était les fusions-acquisitions. C’est ce qu’il a précisément fait avec LaREM en attrapant des gens de partout et en les fusionnant selon les hauts degrés du capitalisme. C’est surtout un haut fonctionnaire de la finance. Je le trouve cependant très humain et courtois.
Lorsque ma femme s’est fait agresser et voler son sac à main, en mai 2019, M. Macron, qui était pourtant en Égypte, a rapidement pris de ses nouvelles et s’est inquiété de son état via son directeur de cabinet, Patrick Strzoda, qui a téléphoné à mon cabinet. C’est un beau geste que je me dois de mentionner d’autant que, lorsque mon appartement a été soufflé dans une explosion en présence de mes trois filles en bas âge, en 1976, je n’ai reçu aucun coup de téléphone de l’exécutif de l’époque...
Votre devise ?
Sic transit gloria mundi, ainsi passe la gloire du monde.
Des projets ?
L’Institut Jean-Marie Le Pen ! Ce sera bientôt, la mise en ligne progressive, à travers un portail numérique, de toutes les archives politiques nationales du Jean-Marie Le Pen. L’Institut JMLP veut construire l’avenir par le passé ! C’est la seule manière d’être éternel quand on n’est pas académicien de l’Académie française !
L’association Les Labos de Babel Monde a fait réaliser des bannières, peintes par des artistes locaux et internationaux, en hommage au chanteur et poète kabyle, décédé le 2 mai 2020. A découvrir au café Au Coin d’la Rue, rue Saint-Malo à Brest.
Vingt-cinq bannières peintes sont actuellement exposées à Brest au café Au Coin d’la Rue, et à la « Salle un un », deux des antres de Mireille Cann, figure emblématique de la rue Saint-Malo, fondatrice de l’association Vivre la rue.
Vingt-cinq autres sont sur les murs de plusieurs communes de petite Kabylie. Des visages, des paysages et souvent quelques mots tirés d’une chanson d’Idir, artiste algérien natif de Kabylie. Cette exposition a été imaginée pour lui rendre hommage.
« À la mort d’Idir, en 2020, nous avons souhaité lui rendre hommage en proposant à des artistes de réaliser des bannières, dénommées les “moualaqats”, ce qui veut dire “chose suspendue” en arabe », explique Jean-Paul Quioc, responsable de l’association Les Labos de Babel Monde.
De nombreux artistes ont aussitôt répondu présents. Des artistes nés en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud et en Europe. Ils vivent et travaillent à Brest, Plouguerneau, Plougastel-Daoulas, Lorient, Paris, Tours ou encore l’Algérie ou la Kabylie.
Il n’y a pas de petites cultures
Connu pour ses talents de musiciens, Idir a eu la « chance » d’être entre plusieurs cultures. Originaire de Kabylie, il a aussi vécu à Alger puis en France, et entretenait des liens forts avec Brest et la Bretagne en général. « Il a chanté avec Alan Stivell, Dan Ar Braz, Gilles Servat, et même la chorale du Bout du Monde, raconte Jean-Paul Quioc. Comme la langue kabyle, il avait une affinité forte avec la langue bretonne. »
En écho avec le credo des Labos de Babel Monde, Idir c’était aussi l’idée qu’il n’y a pas de petites langues, pas de petites cultures. Toutes les idées sont les bienvenues dans toutes les langues pour exprimer « la belle résistance ». Un concept qui couvre aussi bien les thèmes de l’enfance dans la guerre, la dignité face à l’injustice, et la cupidité des « élites », la dignité dans l’exil et celle de « l’Algérienne debout » qui refuse le statut de femme soumise voulu par la tradition.
Un chanteur à texte, engagé, dont la sagesse et la sensibilité ont été reconnues dans le monde entier. Beaucoup de ses chansons ont été traduites dans de nombreuses langues et bon nombre de ses duos ont été repris dans le monde entier. « Jean-Jacques Goldman, Manu Chao, Maxime Le Forestier ont chanté avec lui, rappelle Jean-Paul Quioc. C’était une immense personnalité. » « Et quelqu’un d’extrêmement touchant », renchérit Mireille Cann.
Pendant des années, Idir a fait rayonner la chanson kabyle moderne aux quatre coins du monde, depuis son tube légendaire Vava Inouva, empreint de cette voix délicate, confiante, douce qui remontait comme du fond des âges, qui rassurait et chuchotait à l’oreille des enfants. « Mes enfants ont été bercés par Idir dans la voiture, ils ne pouvaient pas s’échapper », confie Jean-Paul Quioc en souriant.
Idir était l’homme des passages, des brassages et des métissages. Cette exposition est l’occasion de garder traces de son engagement culturel et de l’inspiration qu’il a su insuffler.
C'est aussi la naissance d’une relation à la fois étroite et tumultueuse entre la France et L’Algérie. Un lien qui a bien des égards s’est également développé entre l’Algérie et l’Alsace.
En effet, plus tard, en 1871, suite à la guerre franco-prussienne, une importante migration de Lorrains et d’Alsaciens va s’opérer vers l’Algérie. Pour quelles raisons ? Que reste-t-il aujourd’hui de ce lien ?
Réponse avec Yves Frey, chercheur associé à l’Université de Haute Alsace de Mulhouse, spécialiste de l’histoire de l’immigration des Polonais et des Algériens en Alsace.
Le film Héliopolis est un drame historique algérien. C’est une fiction basée sur des faits réels, qui retracent les tragiques tueries du 8 mai 1945 durant la colonisation française. Réalisé par Djaffar Gacem un réalisateur très connu en Algérie
C’est à Héliopolis, village colonial bâti sur des terres fécondes de l’Est, que vivent les Zenati, dans leur grand domaine familial. Si Mokdad élèves ses enfants, Mahfoud et Nedjma, entre valeurs musulmanes et occidentales, rêvant de les voir jouer leur rôle dans une «Algérie française», a laquelle il croit. Mais voilà qu’une deuxième Guerre mondiale éclate et perturbe cet équilibre bien Précaire, levant doucement le voile sur une «Algérie plus complexe».
En effet, la déroute de la France face à l’Allemagne change le rapport de forces en Algérie. Le mouvement national algérien, jusque-là timide et affaibli, gagne en puissance et se met à appeler à de grands changements. Face à lui, le grand colonat et le gouvernement tentent de ralentir son évolution par tous les moyens. Entre les deux, le peuple. Des «musulmans» qui commencent à espérer des lendemains meilleurs et des «petits colons» effrayés à l’idée de perdre leurs privilèges. La situation se tend et se complique et cette tension atteint aussi les Zenati. C’est ainsi que Mahfoud, l’aîné et universitaire à Alger, devient sensible au discours d’un certain Ferhat Abbas, meneur du combat politique pour l’abolition du Code de l’Indigénat et pour l’égalité pour tous. Tandis que Nedjma, qui lutte contre les paradoxes liés à sa double éducation musulmane et française, découvre progressivement à travers son frère aussi à travers l’homme qu’elle aime – Bachir – , une Algérie beaucoup plus complexe que celle dépeinte par son père. Mais elle continuera à croire longtemps à l’utopie d’une Algérie pour tous.
Leur père, Si Mokdad, se retrouve lui entre deux feux, sollicité constamment pour prendre parti. Surpris, il choisit l’immobilisme. Ce sera alors le choix de son propre enfant qui l’obligera à se joindre à l’Histoire. Il devient ainsi, malgré lui, le témoin intime de la genèse d’un massacre qu’il ne pourra pas empêcher.
Note d’intention du réalisateur
« Heliopolis » est un long métrage dont l’histoire fictive, prend pour toile de fond, un évènement important mais souvent tût, de l’Histoire algéro-française. Le fait choisi, s’inscrit dans la période coloniale, et rappelle toute la violence et les exactions commises par l’occupant ; en évoquant l’impitoyable boucherie qui provoqua la mort de plusieurs milliers de musulmans au cours des évènements dits, du 08 mai 1945.
C’est au cours de festivités organisés pour célébrer la fin de la seconde guerre mondiale, mais surtout la victoire des alliés sur les forces de l’axe ; que des partis nationalistes algériens profitant de l’audience particulière donnée à cette journée, décident par des manifestations de rappeler leurs revendications ; ces manifestations sont autorisées par les autorités à la condition que seuls des drapeaux français soient agités à cette époque l’Algérie était française. Seulement voilà qu’à sétif, un policier tire sur jeune scout musulman tenant un drapeau de l’Algérie et le tue, ce qui déclenche une émeute meurtrière. Nombreux manifestants y perdirent la vie, et le drame s’est étendue aux régions de Guelma et de kherata, avant que l’armée n’intervienne… Tiens, parlons-en de Guelma. Pourquoi le nom de cette petite ville d’Algérie est-il si peu connu par les Français ? Pourquoi dès que l’on commence à relater ce qui s’y est passé le 08 mai 1945 l’on crie au mensonge ? Peut-être est-ce aujourd’hui à nous Algériens, d’écrire l’Histoire de notre côté et de « montrer » objectivement, avec la minutie du détail et l’exactitude basée sur des témoignages sans équivoque, l’étendue de cette tragédie humaine ? Parce que précisément, le peu de place que les évènements de Guelma, ont laissé dans l’histoire, est en rapport inverse de la démesure de ce drame. En effet, il s’est produit à Guelma un événement tellement incroyable, tellement dramatique que l’on essaie de se persuader qu’il n’a jamais eu lieu. L’exhumer est un devoir de mémoire. Et c’est en ce sens que mon choix c’est porté sur ce tragique évènement, à l’exemple du film d’Andrzej Wajda, grâce auquel il a été fait justice massacre de Katyn de 1944. Mon intention, mon souhait, c’est que ce film ait un retentissement semblable. Qu’il puisse mettre la lumière sur le génocide (non reconnu en tant que tel) de Guelma aux yeux de la communauté internationale, tout en montrant aux jeunes générations Algériennes ce qu’ont subi leurs grands- parents de l’Est du pays. Ainsi, Heliopolis revient brièvement sur les années précédant les évènements de Guelma, afin de mieux comprendre comment un simple fonctionnaire de l’Administration Française peut s’auto-investir du pouvoir de vie ou de mort, sur des milliers d’êtres humains, sans peur de représailles, ni cas de conscience. Ensuite, le film relate dans le détail, la manifestation du08 mai 1945 depuis sa préparation jusqu’à la tournure tragique qu’elle a prise après qu’Achiary ait ouvert le feu sur le jeune porte-drapeau. Il retrace minutieusement les circonstances ayant conduit à la formation des milices et du tribunal civil qui jugea et exécuta des centaines d’innocents musulmans. Il explique comment l’armée Française en est arrivée à bombarder et à exterminer à l’arme lourde, les populations des villages de Millésimo, Petit, Lapaine, Jean-Sadeler, Gounod Héliopolis et tant d’autres. Enfin, lors de la récente visite du Président Français en Algérie, Emmanuel Macron a incité les peuples Algériens et Français à regarder ensemble vers l’Avenir. Ce souhait est louable, à condition de ne pas tourner le dos au passé et d’en respecter la mémoire. Voici la raison de mon choix.
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