L’association Les Labos de Babel Monde a fait réaliser des bannières, peintes par des artistes locaux et internationaux, en hommage au chanteur et poète kabyle, décédé le 2 mai 2020. A découvrir au café Au Coin d’la Rue, rue Saint-Malo à Brest.
Vingt-cinq bannières peintes sont actuellement exposées à Brest au café Au Coin d’la Rue, et à la « Salle un un », deux des antres de Mireille Cann, figure emblématique de la rue Saint-Malo, fondatrice de l’association Vivre la rue.
Vingt-cinq autres sont sur les murs de plusieurs communes de petite Kabylie. Des visages, des paysages et souvent quelques mots tirés d’une chanson d’Idir, artiste algérien natif de Kabylie. Cette exposition a été imaginée pour lui rendre hommage.
« À la mort d’Idir, en 2020, nous avons souhaité lui rendre hommage en proposant à des artistes de réaliser des bannières, dénommées les “moualaqats”, ce qui veut dire “chose suspendue” en arabe », explique Jean-Paul Quioc, responsable de l’association Les Labos de Babel Monde.
De nombreux artistes ont aussitôt répondu présents. Des artistes nés en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud et en Europe. Ils vivent et travaillent à Brest, Plouguerneau, Plougastel-Daoulas, Lorient, Paris, Tours ou encore l’Algérie ou la Kabylie.
Il n’y a pas de petites cultures
Connu pour ses talents de musiciens, Idir a eu la « chance » d’être entre plusieurs cultures. Originaire de Kabylie, il a aussi vécu à Alger puis en France, et entretenait des liens forts avec Brest et la Bretagne en général. « Il a chanté avec Alan Stivell, Dan Ar Braz, Gilles Servat, et même la chorale du Bout du Monde, raconte Jean-Paul Quioc. Comme la langue kabyle, il avait une affinité forte avec la langue bretonne. »
En écho avec le credo des Labos de Babel Monde, Idir c’était aussi l’idée qu’il n’y a pas de petites langues, pas de petites cultures. Toutes les idées sont les bienvenues dans toutes les langues pour exprimer « la belle résistance ». Un concept qui couvre aussi bien les thèmes de l’enfance dans la guerre, la dignité face à l’injustice, et la cupidité des « élites », la dignité dans l’exil et celle de « l’Algérienne debout » qui refuse le statut de femme soumise voulu par la tradition.
Un chanteur à texte, engagé, dont la sagesse et la sensibilité ont été reconnues dans le monde entier. Beaucoup de ses chansons ont été traduites dans de nombreuses langues et bon nombre de ses duos ont été repris dans le monde entier. « Jean-Jacques Goldman, Manu Chao, Maxime Le Forestier ont chanté avec lui, rappelle Jean-Paul Quioc. C’était une immense personnalité. » « Et quelqu’un d’extrêmement touchant », renchérit Mireille Cann.
Pendant des années, Idir a fait rayonner la chanson kabyle moderne aux quatre coins du monde, depuis son tube légendaire Vava Inouva, empreint de cette voix délicate, confiante, douce qui remontait comme du fond des âges, qui rassurait et chuchotait à l’oreille des enfants. « Mes enfants ont été bercés par Idir dans la voiture, ils ne pouvaient pas s’échapper », confie Jean-Paul Quioc en souriant.
Idir était l’homme des passages, des brassages et des métissages. Cette exposition est l’occasion de garder traces de son engagement culturel et de l’inspiration qu’il a su insuffler.
https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/brest-des-bannieres-peintes-en-hommage-au-chanteur-kabyle-idir-1677d528-cd2d-11eb-ac7e-7f0bb30098db
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