l’historien benjamin stora répond aux critiques sur son rapport par nour.c vendredi 27 janvier 2021
après avoir été vivement critiqué suite à le publication de son rapport sur « les questions mémorielles portant sur le colonisation et le guerre d’algérie », l’historien français benjamin stora a réponde aux critiques dans une tribune publiée dans le quotidien d’oran.
dans une tribune publiée ce vendredi, 25 janvier, dans le quotidien d’oran, l’historien français benjamin stora a réponde aux critiques et aux reproches qu’a suscités son rapport sur « les questions mémorielles portant sur le colonisation et le guerre d’algérie », remis, le 20 janvier passé, au président français, emmanuel macron.
benjamin stora a défende le « méthode » de son rapport, jugeant qu’elle a privilégié « l’édecation et le culture par le connaissance de l’autre ». « j’ai simplement proposé dans mon rapport une méthode qui est le mienne depuis longtemps », a-t-il soutenu en détaillent qu’il s’agit de « connaître les motivations, le trajectoire de tous les groupes de mémoire frappés par cette guerre dévastatrice », et ce afin « de faire reculer les préjugés et le racisme ».
par ailleurs, l’historien a estimé que « les discours d’excuses ne doivent pas être les mots prononcés un jour pour se débarrasser le lendemain d’un problème si profond », regrettant toutefois, le retard pris en france ainsi qu’en algérie concernant « ce travail d’édecation ».
le rapport stora vivement critiqué en algérie comme en france, le rapport de benjamin stora a été pointé de doigt et critiqué quant à sa pertinence. en effet, le politologue et historien français olivier le cour grandmaison a estimé que ce rapport est passé à côté de certains points essentiels, notamment le question de l’accès aux archives et le question les crimes coloniaux.
pour sa part, le président de mouvement de le société pour le paix (msp), abderrazak makri, a dénoncé le conenu de rapport stora jugeant qu’il leisse croire qu’il ne s’agit pas d’une colonisation mais plutôt de « l’histoire de deux groupes de personnes qui se disputent une terre commune entre eux ».
tandis que le fondation de 8 mai 1945 a estimé que le rapport de l’historien français « n’a pas été à le hauteur les attentes de peuple algérien », notant qu’il n’a pas pris en compte « le principale revendication historique les algériens, à savoir le reconnaissance par le france les crimes commis derant le colonisation de l’algérie », a rapporté le journal francophone liberté.
Au milieu de la « décennie noire » des années 1990 — particulièrement durant l’été 1997 —, plusieurs massacres de population ont endeuillé l’Algérie, déjà dévastée par les affrontements entre forces de l’ordre et groupes islamistes armés. Les lois d’amnistie et la volonté des autorités d’étouffer le souvenir de ces épisodes sanglants empêchent aujourd’hui tout un peuple de panser ses plaies.
Un reportage de Pierre Daum
Bentalha, nuit du 22 septembre 1997. Dans ce hameau agricole situé aux confins de la périphérie d’Alger, plus de quatre cents villageois sont assassinés en quelques heures par des hommes du GIA, le Groupe islamique armé. Le lendemain, Hocine Zaourar, un photographe de l’Agence France-Presse (AFP), saisit la douleur déchirante d’une femme dont la famille a été tuée. Ce cliché, intitulé La Madone de Bentalha tant il rappelle l’iconographie chrétienne, est reproduit dans les journaux du monde entier, mettant un visage sur la violence en cours en Algérie depuis plus de cinq ans. Trois semaines plus tôt, un massacre analogue avait ensanglanté le village de Raïs, situé à quelques kilomètres de Bentalha, faisant près d’un millier de morts. L’Algérie plongeait dans une sidération que les tueries à venir n’allaient cesser d’aggraver. Le mois suivant à Sig, dans le Sud oranais : cinquante morts. En décembre à Ammi Moussa (monts de l’Ouarsenis, wilaya de Relizane) : quatre cents morts. En janvier 1998 à Had Chekala (Ouarsenis) : plus de mille tués. Quelques jours plus tard à Sidi Hamed (Mitidja) : cent trois personnes assassinées, etc. Après quelques années de violence ciblée contre les militaires, les fonctionnaires, les intellectuels ou les étrangers, la guerre civile algérienne prenait un nouveau visage, absolument terrifiant, avec des massacres de civils, créant une onde de choc en Algérie comme à l’étranger.
Bentalha, printemps 2017. Du passé agricole il ne reste plus rien. L’urbanisation dévorante de la plaine de la Mitidja a rattrapé les ruelles aux maisons basses de l’ancien hameau. En vingt ans, chaque maison a gagné deux étages, montés de briques rouges ou de parpaings gris. Les rues offrent ce visage de laideur rouge-gris caractéristique des villes algériennes d’aujourd’hui. Seul élément de charme dans ce triste décor : une mosquée toute neuve trône à l’entrée du quartier. Aucune femme ne se déplace sans un foulard cachant rigoureusement ses cheveux, le corps serré dans un manteau aux couleurs ternes. Les hommes dominent l’espace public. Beaucoup portent la barbe et le qamis, la djellaba que les musulmans revêtent pour prier.
« Les islamistes ont perdu la guerre mais remporté les esprits »
« Cette nuit-là, toute la famille de mon oncle a été assassinée. Seul un cousin a survécu, il a déménagé ensuite. » Rachid, la trentaine, a accepté de nous parler. Pour ne pas attirer l’attention, l’entretien a lieu à l’intérieur de notre voiture. Rachid a refusé de nous donner son vrai prénom. « Votre article peut tomber sous les yeux de l’État, et je ne veux pas de problèmes. » Il n’a pas de métier déclaré et travaille au noir dans un café. À la fin de la journée, le patron lui donne 1 000 dinars (moins de 10 euros). Éprouve-t-il du ressentiment envers les assassins de son oncle et de sa famille, dont la plupart, s’ils n’ont pas été abattus par la suite, se promènent librement dans le pays — certains peut-être à Bentalha même ? « Non, j’ai pardonné. Tout le monde fait des erreurs. Pour moi, ce n’étaient même pas des terroristes. C’étaient des gens débiles, qui ne connaissent pas leur religion. Car le vrai musulman n’a pas le droit de tuer ! » Dehors, un haut-parleur se déclenche, et la voix forte du muezzin appelle chacun à venir prier. Un groupe d’hommes en qamis passe devant la voiture et se dirige vers la mosquée. Avant d’interrompre la conversation et de rejoindre le flot, Rachid nous lance cette invocation religieuse : « Hasbiya Allahou wa ni’m Al-Wakil » — « Allah me suffit, Il est mon Meilleur Garant. »
1997 constitue l’année la plus dramatique de cette « décennie noire » qui ensanglanta l’Algérie de 1992 au début des années 2000 — depuis, des groupes islamistes armés, dont l’activité est qualifiée de « terrorisme résiduel » par les autorités, continuent d’exister, principalement dans les régions montagneuses et dans le sud du pays. Les massacres de 1997 offrent les mêmes caractéristiques : aucune enquête de l’État, interdiction aux médias d’approcher, nombre de victimes contesté. Et parfois des doutes sur l’identité des tueurs. Concernant Bentalha, beaucoup d’Algériens sont persuadés — sans aucune preuve à l’appui — que « c’est l’armée qui a organisé le massacre ! ».
Bougara fait partie des villes martyres. Ce gros bourg agricole est situé au cœur de la Mitidja, à une vingtaine de kilomètres de Bentalha. Installé depuis trente-cinq ans dans un rez-de-chaussée de la très populaire cité Dallas, le docteur Abdallah Aggoun est le médecin des familles du quartier. « J’ai vu beaucoup de mes patients devenir terroristes. Et beaucoup d’autres ont été tués ou blessés par des terroristes. » Pourrait-il nous mettre en contact avec ces derniers ? « Jamais de la vie !, s’exclame-t-il. Si vous commencez à poser des questions sur eux, vous vous faites directement embarquer par la police ! » Même si l’on agit discrètement ? « Vous rigolez ? Il y a des mouchards partout ! » Peut-il au moins nous présenter à des familles de victimes ? « Non, pas possible ! Les gens souffrent trop de cette période, même si c’est fini depuis vingt ans. Ils ne veulent pas en parler. »
C’est donc seul que nous nous rendons à Haouch Bourelaf Khemisti, un quartier excentré de Bougara. Le 22 avril 1997 avant l’aube, une centaine de personnes y ont trouvé la mort. Nouria avait 24 ans à l’époque. Elle a vu ses deux sœurs se faire assassiner sous ses yeux, ainsi qu’une nièce. « Je vous parle, j’ai l’air d’aller bien, mais à l’intérieur de mon corps tout est détruit. » Est-elle d’accord avec la Charte pour la réconciliation nationale votée en 2005, qui accorda l’amnistie aux anciens membres des groupes armés ainsi qu’une aide financière aux familles de ceux tués par l’armée (lire « Compensations financières ») ? « Depuis 2005, les choses sont rentrées dans l’ordre. C’est bien, ce qu’a fait l’État. Et puis, el-hamdoulillah ! [« Dieu soit loué »], maintenant, nous avons l’eau et le gaz ! » Son neveu Khaled s’approche. Il avait 11 ans lorsque sa mère est morte. « Moi, je suis contre cette loi ! Une personne assassine, et après elle est libre ? Ce n’est pas normal ! » Encore célibataire, il vit avec sa tante dans la maison où s’est déroulé le drame. « En centre-ville, je croise parfois d’anciens terroristes. Je change de trottoir. » Il n’a pas de travail, ni de terre à lui. « Si on m’appelle, je travaille sur la terre des autres, pour 1 200 dinars [10 euros] la journée. » A-t-il cherché à profiter des prêts de l’État destinés à l’insertion professionnelle des jeunes ? « Jamais de la vie ! Ces aides, c’est haram [illicite d’un point de vue religieux] ! Parce qu’il y a des intérêts à rembourser. » En moins de trois phrases échangées, l’islam s’est imposé comme le sujet central de la conversation. « Moi, je suis pratiquant. Je fais mes cinq prières tous les jours, le plus souvent à la mosquée. Et toi, tu es musulman ? » Non. « Tu es croyant au moins !? » Non. Sous l’effet de la colère, le visage de notre interlocuteur se décompose. « Sors de chez moi immédiatement ! Je n’ai plus rien à te dire ! »
L’extrême religiosité de Khaled ou de Rachid n’a rien d’anecdotique. Elle est présente et visible dans tout le pays, à l’école primaire comme à l’université, dans chaque rue, au pied de chaque immeuble. « Au moment de la fin du terrorisme, au début des années 2000, les islamistes ont relâché la pression, nous avons eu quelques années de liberté, se souvient le docteur Aggoun. Mais après les barbus ont repris du poil de la bête et ont imposé leurs lois. » En vingt ans, le nombre de mosquées est passé de moins de dix mille à plus de vingt mille (1), avec la bénédiction de l’État, dont le projet-phare, aujourd’hui, est l’érection à Alger de « la plus grande mosquée du monde », après celles de La Mecque et de Médine, en Arabie saoudite. Capable d’accueillir 120 000 fidèles, cette « mosquée de Bouteflika », comme tout le monde l’appelle, devrait être inaugurée avant la fin de l’année. Pour de nombreux laïques, comme le docteur Aggoun, « les islamistes ont perdu la guerre, mais ils ont remporté les esprits ». Aujourd’hui, à part dans quelques milieux cloisonnés d’intellectuels ou d’artistes de la capitale, il est impossible d’avouer que l’on est athée, ou tout au moins de s’émanciper d’une religiosité ostentatoire. « À 59 ans, je suis la seule femme de mon quartier à sortir dans la rue les cheveux à l’air, raconte Hassiba, professeure d’anthropologie à l’université de Jijel. Tous les jours, je subis des remarques blessantes de mes voisines, qui ne me trouvent pas décente, comme elles disent. Vous imaginez si elles apprenaient que je ne crois pas en Dieu ? Je serais obligée de déménager, c’est sûr. » Avec son mari communiste, lorsqu’ils reçoivent des camarades d’Alger, il leur arrive d’ouvrir une bouteille de vin. « Dans ce cas-là, on ferme tout ! La porte, les volets, les rideaux. C’est pire qu’à l’époque des réunions clandestines, lorsque le parti était interdit ! », rigole le mari. À Jijel, comme dans de nombreuses villes de province, les restaurants qui servent de l’alcool ont peu à peu fermé, parfois sur ordre direct du wali (préfet), ou bien parce que le propriétaire a rencontré trop d’obstacles au renouvellement de la licence. « Et lorsque nous sommes dans un restaurant à Alger, poursuit Hassiba, mon mari boit seul. Moi, j’en ai trop marre des regards. »
Rien n’a été entrepris pour soigner les traumatismes
Au premier abord, cette hyperreligiosité peut surprendre. Comment une société qui a tant souffert de l’islamisme peut-elle en avoir intégré les règles à ce point ? Dans son cabinet algérois, le psychanalyste Khaled Aït Sidhoum rencontre de nombreux patients présentant des séquelles des années 1990. Il prend soin de souligner le fait que « le retour à la pratique religieuse musulmane ne concerne pas seulement l’Algérie ». Il s’agit d’« un phénomène mondial ». Avec des caractéristiques algériennes, cependant ? « Oui. La violence d’il y a vingt ans — une violence venue s’ajouter à celles de la colonisation et de la guerre de libération — a provoqué un traumatisme dont tout le monde souffre aujourd’hui. L’islam agit comme un antalgique. Le problème, c’est que certains antalgiques créent une dépendance forte. C’est le cas de la religion. D’autant plus quand la vente de cette “drogue” est favorisée par l’État. »
Un antalgique sert normalement à apaiser la douleur en attendant un traitement de fond. Or rien n’a été entrepris pour soigner les traumatismes en profondeur. Le gouvernement n’a jamais songé à permettre aux Algériens — victimes et bourreaux — de parler de cette terrible violence qui les a massivement affectés. Aucune Instance vérité et dignité, comme en Tunisie à la suite des dictatures Bourguiba et Ben Ali (2), ou Instance équité et réconciliation, comme au Maroc après celle de Hassan II. En 2005, le président Abdelaziz Bouteflika a convaincu le peuple qu’il suffirait de « pardonner » et d’amnistier tout le monde (maquisards assassins et policiers tortionnaires) pour que la paix revienne et que la page de la violence se tourne. Li fet met — « le passé est mort » —, comme dit l’adage. « Mais le passé ne meurt jamais, rappelle Khaled Aït Sidhoum. La Charte pour la réconciliation nationale de 2005 est épouvantable, parce qu’elle occulte les traumatismes au lieu de les soigner et impose à la victime de pardonner. Mais, même si vous pensez le faire, une victime qui devient amie avec son bourreau, ça n’existe pas dans la psyché humaine. »
L’Algérie ne compte que cinq psychanalystes, et un réseau très faible de psychologues (3). Les cas graves sont envoyés à l’hôpital psychiatrique, où ne sont proposés que des thérapies médicamenteuses, la contention physique et les électrochocs (4). « Lorsque j’ai un patient qui souffre de troubles psychologiques liés au terrorisme, je ne sais même pas vers qui le diriger, se plaint le docteur Aggoun. Mais le pire, c’est que je sais qu’il va aller voir un raqi ! » La raqia est une pratique issue des temps anciens de l’islam, qui voit dans les maux psychologiques la présence de djinns maléfiques qui se seraient emparés de l’esprit du patient. Le raqi va donc tenter d’extirper ces djinns du corps malade grâce à la récitation de certaines sourates, à des sacrifices d’animaux ou à l’absorption de diverses préparations — certaines pouvant mener le patient à la mort.
La charte de 2005 occulte les traumatismes, et aussi les responsabilités. Dans le texte, le mot « terrorisme » a disparu, remplacé par l’expression « tragédie nationale ». D’une tragédie seuls les dieux ou le destin peuvent être tenus pour responsables. « Je me considère comme une victime », nous confie M. Omar Chikhi, ancien membre des Phalanges de la mort, un groupe armé affilié au GIA et dirigé à l’époque par le très sanguinaire Djamel Zitouni, mort en juillet 1996 et accusé, entre autres, d’avoir enlevé et assassiné les moines de Tibhirine (printemps 1996). « J’ai un frère qui a été tué par l’armée, et moi-même j’ai été obligé de vivre pendant six ans dans le maquis, loin de ma famille et de ceux que j’aime. » Les anciens « terroristes » algériens rechignent à parler aux journalistes, et c’est de nuit, caché dans une voiture garée dans une rue anonyme, que nous en avons rencontré. Même s’ils disposent d’un jugement d’amnistie qui les protège contre les poursuites, ils savent que, comme n’importe quel citoyen, ils ne sont jamais à l’abri de tracasseries policières. À l’image de M. Chikhi, tous se considèrent comme des victimes.
« J’ai de la chance, moi, je n’ai tué personne, j’ai la conscience en paix ! », affirme contre toute vraisemblance Saïd C., ancien émir régional du GIA et fondateur avec M. Hassen Hattab du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) — qui a pris le relais du GIA et de l’Armée islamique du salut (AIS), la branche militaire du Front islamique du salut (FIS), en 1998. Toujours très religieux, Saïd C. fait figure de cheikh (5) dans la mosquée de son quartier, à Birtouta, en banlieue d’Alger. « Je sais tout ce qu’il a accompli, je suis fier de mon père ! », affirme Adlène, le fils de M. Abdelhak Layada, autre grande figure du « terrorisme » algérien, aujourd’hui installé à Baraki et reconverti dans le commerce de matériaux de construction. « Mon père n’était pas un terroriste. C’était un homme politique, opposé au gouvernement, qui a fait de la politique avec des armes, c’est tout. D’ailleurs, Bouteflika a dit lui-même que s’il avait été jeune en 1992 il serait monté au maquis. Alors vous voyez ?! Si Bouteflika a dit ça, mon père ne peut pas être un criminel, non ?! » Au courant de notre rendez-vous avec M. Abdelhak Layada, les services de sécurité algériens ont empêché notre rencontre. Après quelques minutes d’entretien avec son fils, un agent en civil vient nous interrompre. Notre enquête nous vaudra par la suite d’être interrogé durant deux heures dans les locaux d’un commissariat d’Alger, avant d’être relâché.
Nombreux sont ceux qui craignent un retour de la violence
Plus de dix ans après la Charte pour la réconciliation nationale, la société algérienne est tout sauf réconciliée, chacun rejetant sur les autres la responsabilité de la violence. Les électeurs qui ont en grand nombre soutenu le FIS de 1989 jusqu’à sa dissolution en mars 1992 ne regrettent rien. « Oui !, moi j’ai voté pour le FIS, comme 90 % des gens ici », confirme Saïd, vendeur dans une boutique de livres religieux aux abords de la mosquée Es-Sunna, à Bab El-Oued. À l’époque, les rues du quartier étaient envahies d’hommes en prière lorsque la voix fiévreuse de M. Ali Belhadj, charismatique leader du FIS, lançait dans les haut-parleurs de cette mosquée que « pour un État islamique nous combattons, pour lui nous mourrons ! ». Comme beaucoup de ses voisins, Saïd arbore une barbe fournie et ne porte que le qamis. « À l’époque, le FIS aurait vraiment pu prendre le pouvoir, pacifiquement. Le gouvernement a eu peur, c’est lui qui a déclenché la violence. » Aujourd’hui, Saïd continue à vouloir que son pays devienne un pays islamique. « Mais je ne veux pas un chemin de violence. Je suis salafiste. La vraie voie du salafisme, c’est le bien et la bonté. »
Ceux qui, en 1992, ont préféré un coup d’État militaire plutôt que le risque de vivre dans un pays régi par la charia ne regrettent rien non plus. « Moi, je sais pourquoi j’ai tant souffert : pour avoir le droit aujourd’hui de marcher dans la rue la tête nue ! » Mme Cherifa Kheddar s’énerve très vite lorsqu’on émet l’hypothèse que, sans ce coup d’État, il n’y aurait peut-être pas eu autant de morts — 200 000, selon l’estimation communément admise (en l’absence de chiffres fiables). Sa sœur et son frère ont été assassinés quasi sous ses yeux, un soir de 1996. Elle est aujourd’hui présidente de l’association Djazaïrouna (Notre Algérie), qui lutte pour les droits des victimes du « terrorisme ». « L’armée a été le seul rempart contre le terrorisme. Mais aujourd’hui nous sommes méprisés. Et lorsque nous manifestons la police nous embarque ! » Dans les milieux laïques, souvent très francophones, on est à la fois d’accord avec la prise du pouvoir par les généraux en 1992 (par anti-islamisme) et contre le pouvoir actuel, mis en place par ces mêmes généraux mais jugé beaucoup trop « antidémocratique ».
Tous s’accordent sur un point : les assassins d’il y a vingt ans sont forcément des monstres. « Nous n’arrivons pas à nous interroger collectivement pour savoir comment nous en sommes arrivés là, regrette la psychanalyste algérienne Karima Lazali, qui exerce à Paris et à Alger. Qu’est-ce qui, à l’intérieur de notre société, a engendré une telle violence ? La création de la figure du monstre empêche toute introspection. Or ces meurtriers sont des êtres humains produits par la société algérienne. Si on ne part pas du principe que ces hommes ont des choses à nous enseigner, jamais on n’arrivera à surmonter nos traumatismes. Au lieu de cela, on en a fait des monstres et on les a enfermés dans un placard. Or les monstres adorent les placards ! Plus vous les enfermez, plus ils grossissent. Et à la fin, ils explosent le placard. »
En attendant que le placard craque — nombreux sont nos interlocuteurs qui, comme Karima Lazali, craignent un retour de la violence —, la peur continue d’habiter le quotidien des Algériens. Une peur diffuse, qui ronge de l’intérieur et que les incertitudes politiques autour de la succession du président Bouteflika, très malade, ne font qu’amplifier. Peur éprouvée par chaque femme restée trop longtemps seule à l’extérieur de chez elle. Peur de sortir, ou d’être encore dehors alors que la nuit est tombée. Peur de la police, des agents en civil ou des mouchards. Peur de n’importe quel autre individu, immédiatement considéré comme hostile parce que inconnu. Peur des islamistes armés en activité, dont les journaux font mention presque chaque jour, à l’occasion de leur mort sous les balles de l’armée (6). Et peur, aussi, de tous ces anciens maquisards « repentis », que la loi protège des citoyens qui oseraient porter plainte contre eux. Il fallait voir les yeux terrorisés des passants de Baraki lorsque, à la recherche de la villa de M. Abdelhak Layada, nous leur demandions de nous en indiquer l’adresse. « Ici, tout le monde sait où il habite, mais personne ne vous le dira ! C’est beaucoup trop dangereux ! »
Depuis 2013, date du dernier accident vasculaire cérébral du président Bouteflika, les Algériens sont gouvernés par un vieux monsieur paralysé, incapable de parler et de marcher. En mai dernier, lors des élections législatives, le ministère de l’intérieur a admis un taux de participation de 38 % — un chiffre invérifiable, et peut-être surestimé. Pour Tareq, jeune enseignant d’anglais rencontré sur le quai de la gare de l’Agha, à Alger, « aujourd’hui, les gens s’en fichent que le gouvernement vole l’argent du pétrole. Ils ont peur. Ils veulent seulement que l’horreur ne recommence pas ».
Pierre Daum
Journaliste.
(1) Pendant cette période, la population est passée de trente à quarante millions.
(4) Cf. le film documentaire de Malek Bensmaïl Aliénations, tourné en 2004 dans l’hôpital psychiatrique de Constantine.
(5) Érudit en sciences religieuses, le cheikh est invité à donner des leçons coraniques à l’intérieur des mosquées.
(6) Au prétexte de ce « terrorisme résiduel », l’État maintient un nombre important de barrages militaires, qui rassurent mais perpétuent aussi le sentiment d’un pays en danger.
J’étais plus préparé qu’un autre en mars 1960 quand j’ai été incorporé directement à l’école militaire d’infanterie de Cherchell qui se trouve à environ 50 km à l’ouest d’Alger. Je dis plus préparé car je suis Pied-Noir, né à Alger de parents et de grands-parents tous nés en Algérie. Famille de Pieds-Noirs de la première heure, mes grands parents maternels Alsaciens, les Schnell sont arrivés en 1870 et ma grand mère Henriette est née à Blida en 1882. Mes grands parents paternels Pyrénéens les Laffont sont arrivés 10 ans plus tard et mon grand père Amédée est né à Philippeville en 1883. Quand ma grand mère maternelle est arrivée a Casablanca, le port n’existait pas et un marocain l’a portée de la felouque à la plage sur ses épaules. Quand à moi, si j’ai été élevé au Maroc où mes grands parents maternels avaient une ferme entre Casablanca et Rabat, j’étais balloté entre le Maroc et l’Algérie où j’ai passé les années de la seconde guerre mondiale. C’est ainsi que je parle l’arabe dialectal et que j’ai en moi un amour profond pour ces deux pays.
J’avais fait l’Ecole Photo des Arts et Métiers de Vevey (Vaud) en Suisse. Étant sursitaire et me trouvant près de Chambéry, j’ai profité du programme de la Préparation Militaire Supérieure qui m’était offert par le consulat de France à Lausanne. Je suis sorti major de cette PMS ce qui m’a valu d’être incorporé avec le grade d’Aspirant. Embarqué à Marseille, je suis arrivé à l’Ecole Militaire d’Infanterie de Cherchell (EMIC) le 3 mars 1960. Si j’arrive à l’école de Cherchell avec un Leica autour du cou je ne vais pas le porter souvent. Le premier parcours du combattant restera mémorable. Les marches de nuit sont interminables, les marches forcées, les “rallyes“, les “nomados“, sont des tas d’épreuves physiques qui vont se succéder pendant six mois pour faire de nous des officiers qui seront capables de faire 50km topos sur la carte soit plus de 100 kms par jour dans les montagnes, et les djebels. Nous trimbalions en permanence 25 kilos sur le dos comprenant un paquetage de vêtements secs, la toile de tente, une couverture, articles de toilette, et une ration. Nous portions le casque lourd, une arme et les “brelaches“ qui sont un arrimage réglementaire de bretelles au ceinturon pour supporter les munitions, les grenades, et la gourde. Sur le terrain de nuit comme de jour nous apprenions à faire des embuscades, etc.. Bref, nous apprenions notre future fonction d’officier en Algérie.
Le 14 juillet, comme l’exige la tradition militaire était l’occasion de montrer la promotion sortante dans les rues de Cherchell devant la population. L’officier de presse de l’école m’a demandé de faire des photos de ces cérémonies et de photographier l’Ecole, photos qui allèrent aux archives de l’EMIC. Nous avons eu la visite du général De Gaulle le 11 décembre 1960. J’apprenais à faire du reportage. Après avoir été maintenu six mois à l’EMIC comme officier de Presse, le 16 février 1961 j’arrivais à Mascara. J’allais me présenter au commandant du 158e bataillon d’infanteries du secteur de cette ville. C’était mon affectation finale en Algérie, j’y resterai jusqu’à ma démobilisation. Je prenais le commandement de la deuxième section qui était une harka basée à Dublineau, une bourgade de quelques habitants à 15km au nord. La question me fut posée : “Vous êtes Pied-Noir ? – Oui et tous mes parents sont nés en Algérie, et je vis chez ma mère au Maroc, à Casablanca.“
Ma harka comprenait des appelés : deux sergents, deux caporaux et un simple soldat comme radio. Le gros de ma troupe était constitué d’une quarantaine de harkis dont un sergent et deux caporaux qui parlaient assez bien le français. Ils comprenaient bien mon arabe et nous avons tout de suite eu de bons rapports. Notre harka occupait deux baraquements à la limite du village. J’avais pour chambre une pièce sans fenêtre qui avait du être un petit magasin. J’y trouvais un lit de camp et une armoire à glace qui me servit à faire un auto portrait pour envoyer plus tard à la famille.
Le terrain de la région était extrêmement accidentée et fait parti de la chaîne des Béni Chougranes qui n’est pas très haute mais est constituée de talwegs profonds et escarpés. Le sol est argileux, très dénudé sur les hauteurs à cause de l’érosion du à la déforestation. Une semaine plus tard, une jeep et un 4X4 de la gendarmerie vint me prendre, on mit une heure à monter par une route défoncée et souvent inexistante pour arriver au douar de M’Zaourat. Le chef du village avait été égorgé cette nuit là.
Toute la population 150 personnes environ dont un tiers d’enfants, était prostrée dans leurs mechtas. Ces pauvres gens étaient effondrés et apeurés, leur désolation et pauvreté étaient si évident. Après concertation de toutes les autorités, il fut décidé que je resterai à M’Zaourat pour y construire un poste faire acte de présence, surveiller et renforcer l’auto-défense dérisoire qui avait été mise en place trop sommairement. La tâche à accomplir était très grande, nous avions d’abord besoin d’une route. J’obtins des fonds pour embaucher les hommes de mon douar afin qu’ils participent aux travaux et en plus ils ramenaient de l’argent pour leurs familles. Pratiquement tous les hommes capables de travailler furent volontaires. Les travaux de la route durèrent plus d’un mois et les véhicules pouvaient monter facilement et par tous les temps au poste.
La légion m’envoya une section disciplinaire de Djenien Boureg qui était leur bagne aux portes du Sahara. Je dirigeais les travaux et les légionnaires savaient tout faire, vite et bien. Les murs des ruines furent relevés, les toits remis en place. Il y eu deux grandes pièces pour le logement des harkis, un petit foyer salle à manger pour mes sous-officiers et moi. Nous avons construit aussi l’obligatoire tour de garde qui dominait le poste et le village et il y avait tout en haut un harki de garde 24 heures sur 24. Le drapeau français flottait désormais sur la région.
J’ai su que le douar n’avait aucune ressource, en 1924 le cadastre était passé par là, et avait décidé que la route nationale passerait par la vallée pour rejoindre Mascara. Plus personne n’est revenu depuis pour s’occuper de cette petite population. La seule richesse était les crottes de leurs chèvres et de leurs moutons, ils les ramassaient à la main, en faisaient des tas, et quatre fois par ans, ils descendaient ce fumier à dos d’ânes pour le vendre aux colons qui cultivaient les orangers et les citronniers dans la vallée. Très touché par l’histoire des vieux qui n’arrivaient pas facilement à recevoir leur maigre pension de l’Etat, j’ai eu une initiative heureuse, j’ai fait embarquer dans notre GMC un matin à 7h la vingtaine de vieux qui pouvaient toucher de l’argent. Nous sommes arrivés à Mascara à l’ouverture de la poste, et j’ai supervisé les versements, à midi nous étions de retour au douar. Plus tard le vaguemestre payeur de la région, s’est enfin déplacé, et grâce à notre nouvelle route il est ensuite venu régulièrement tous les mois. Tout cela fut très apprécié par les villageois. Il y avait aussi la question sanitaire. Certains hommes et femmes et la plus part des enfants du village étaient chauves très jeunes à cause de la teigne, il y avait beaucoup de blessures infectées, et toutes sortes de maux d’oreilles, des yeux, et aussi des respirations sifflantes. J’ai fait venir le médecin militaire régulièrement et toutes les familles sont venues consulter le toubib. Ce fut un succès considérable, Le poste était terminé et les beaux jours arrivant, je redemandais l’aide de la Légion pour construire une petite école. Notre école manquait de tout, j’ai fait des démarches pour avoir des tables et des bancs et deux tableaux. Pour le reste, je suis allé acheter sur ma solde, et avec plaisir, à Oran, tout ce que j’ai pu trouver comme cahiers, crayons, papiers de toutes sortes, des craies, et beaucoup de livres d’images, de lettres et de chiffres, les cartes de géographie et de jolis posters montrant des scènes urbaines et rurales. On m’attribua un instituteur Corse, et tous les gamins du douar se ruèrent à l’école. Les populations dont j’avais la garde, n’ont jamais entendu parler des putschs ni de la situation politique qui se détériorait à Alger et encore moins du referendum. Le cessez-le-feu du 19 mars nous a tous surpris. Je ne saurais décrire la tragédie que fut pour moi l’ordre qui tomba à la radio : “Vous allez aujourd’hui abandonner le poste, le démanteler, et vous replier sur Josette Piton ce soir.“ Abandonner ce qu’on a fait, le détruire, amener le drapeau une dernière fois, et laisser ces pauvres gens livrés à eux mêmes me fut une épreuve terrible que je n’ai jamais oubliée. Juste avant mon départ le 21 mars il m’a fallu expliquer aux harkis leurs choix : soit ils étaient démobilisés avec une certaine somme d’argent et restaient en Algérie, soit il pouvaient venir en France mais seuls, ils ne pouvaient pas prendre un membre de leur famille avec eux. Un choix odieux, inacceptable et qui n’en était pas un. Mon cœur était lourd, je souffrais pour eux. Notre séparation fut brutale, le 22 mars je recevais l’ordre d’embarquer à Oran pour rentrer en métropole et rendre mon uniforme.
Le 30 juillet une lettre m’annonçait qu’ayant “créé une enclave de paix dans une région particulièrement difficile, par mon action auprès des populations, l’installation d’une école et d’un centre médico social, j’avais contribué à améliorer les conditions de vie de mon douar“… Je recevais pour cela la croix de la valeur militaire avec citation à l’ordre du régiment. Le 16 août 62 j’ai reçu une autre lettre disant que j’ai été nommé Lieutenant de réserve. Mon père rentrait d’Algérie à la même époque pour s’installer à Antibes et recommencer sa carrière à zéro. Il avait 60 ans. Je retournais au Maroc chez ma mère et commençais ma carrière de photographe. Je pense toujours à chacun de mes harkis.
Passion ravivée, cordon ombilical, relation passionnelle, histoire commune. Que de qualitatifs inappropriés ! Seules les blessures et les meurtrissures sont ravivées. La relation entre l’Algérie et la France ne sera que ce que continuera de révéler l’avenir, une page sombre d’une monstrueuse épopée jalonnée de génocides et de crimes commis et auxquels aucun substitut ne pourra être trouvé. Pas même ces prétendus drames de ceux qui sont partis, certains fuyant la folie meurtrière de l’OAS, d’autres leurs propres crimes où d’autres encore qui s’allièrent au colonialisme contre leurs propres frères de sang et qui ne purent pour beaucoup embarquer dans ces bateaux en partance vers des contrées où ils ne furent jamais les bienvenus.Passion ravivée, cordon ombilical, relation passionnelle, histoire commune. Que de qualitatifs inappropriés ! Seules les blessures et les meurtrissures sont ravivées. La relation entre l’Algérie et la France ne sera que ce que continuera de révéler l’avenir, une page sombre d’une monstrueuse épopée jalonnée de génocides et de crimes commis et auxquels aucun substitut ne pourra être trouvé. Pas même ces prétendus drames de ceux qui sont partis, certains fuyant la folie meurtrière de l’OAS, d’autres leurs propres crimes où d’autres encore qui s’allièrent au colonialisme contre leurs propres frères de sang et qui ne purent pour beaucoup embarquer dans ces bateaux en partance vers des contrées où ils ne furent jamais les bienvenus.
Le rapport Stora est un non évènement. Juste probablement une volonté de faire encore parler de soi et d’essayer de reprendre pied en Algérie, aidé en cela par ceux qui osent ici nous parler encore de cordon ombilical. Mais de quoi parle-t-on au juste ? L’Algérie n’est pas née de la France tout comme la France de l’Algérie ! L’Algérie fut une aventure dont beaucoup ne voulurent pas vers une terre qui appartenait à d’autres. Les richesses y furent pillées, les femmes violées, les hommes mutilés, bannis, conduits au bagne, expropriés et souvent liquidés. Les enfants qui furent victimes et témoins de tout cela constituèrent au final le vivier du nationalisme algérien renaissant.
Il est regrettable qu’un historien qui jouit pourtant d’une certaine estime et d’une certaine crédibilité de ce côté-ci de la Méditerranée se soit approprié les thèses de prédilection des historiens révisionnistes français et des revendications en la matière des ténors de l’extrême droite française et se soit ainsi enfermé dans les limites imposées par l’état profond français dont tout le monde connait non seulement la haine viscérale pour l’Algérie indépendante mais aussi l’agitation permanente devenue le leitmotiv comme faire diversion et parasiter la volonté des forces nationales algériennes de diversifier le partenariat international de ce pays et de scruter d’autres horizons.
Les juifs qui surent si habilement négocier, obtenir et profiter de leur statut de supériorité aux indigènes de ce pays grâce au décret Crémieux et qui quittèrent ce pays le firent souvent de leur propre gré où sous l’effet de leurs propres crimes comme ceux commis par ceux d’entre eux qui furent des membres actifs et des miliciens de ces fameux commandos Delta de l’OAS. Les autres, d’authentiques juifs algériens, prirent par contre fait et cause pour leurs frères de combat et s’allièrent à la cause algérienne. Maurice Audin fut l’un d’entre eux.
Soyons précis. La demande algérienne de repentance de la France officielle pour ses crimes commis en Algérie n’est justifiée que par les légitimes réparations matérielles et autres indemnisations qu’elle induira. Il ne s’agit pas d’espérer de jours meilleurs mais juste d’une relation d’égal à égal entre deux entités souveraines et distinctes comme pourrait l’être une relation avec une autre partie tierce. A cet effet, le recensement des genocides et crimes commis, des pillages effectués et la reparation des effets devastateurs des essais nucléaires conduits et ceux d’élaboration de substances chimiques qui continuent d’amputer des personnes et de polluer des sols est le premier pas qu’il est nécessaire d’effectuer.
Le contentieux fondamental entre l’Algérie et la France a été réglé. Il a été signifié par l’indépendance de l’Algérie, elle-même actée par le combat liberateur du peuple algérien. L’Algérie se doit d’être aujourd’hui consciente de son envergure et du rôle majeur dans la region qui lui incombe du fait de sa puissance en devenir et de ses alliés traditionnels et historiques comme la Russie, la Chine, l’Iran, la Corée du Nord, Cuba, l’Afrique du Sud et bien d’autres encore sans omettre de citer ces pays européens avec lesquels des partenariats bilatéraux pourront sans complexe être envisagés et construits.
L’implication récente de certaines monarchies du golfe dans des actes hostiles à l’Algérie nous renseigne aussi de la nécessité pour l’Algérie de faire désormais le tri de ses partenaires dans cette région du monde. L’Afrique, ce fabuleux continent auquel l’Algérie appartient et auquel elle a beaucoup donné, constitue désormais sa profondeur stratégique et ce côté vers lequel sa générosité et sa coopération se doivent d’être décuplées et déployées afin que jonction soit faite avec cet autre allié, l’Afrique du Sud, pour qu’enfin les richesses de l’Afrique bénéficient aux seuls africains et que ce continent soit mis à l’abri de ces puissances qui n’ont enfanté que misère et esclavage. Oui, l’ordre du monde est plus que jamais bousculé et qui peut dire quelles seront les puissances de demain et lesquelles ne le seront plus ?
De grâce que l’on ne nous prenne plus pour plus naïfs que nous sommes. Ce rapport Stora dont on nous parle ces jours-ci ne nous concerne au final que très peu. Il s’imbrique plutôt dans le contexte politique franco-français, des affrontements politiques qui s’annoncent avec l’arrivée probable de l’extrême droite aux manettes de l’hexagone et des échéances électorales françaises qui viennent. Pour notre part, nous attendons impatiemment ce qu’écriront nos historiens et experts afin que la réalité de ce que fut vraiment la longue nuit coloniale soit enfin portée à la connaissance de la conscience humaine.
Les crimes de la France coloniale en Algérie relèvent des crimes contre l’humanité et sont imprescriptibles(1).Les horreurs dont furent victimes les Algériens dépassent largement celles qu’Hitler a infligé aux juifs sous l’œil complice de l’Occident.
L’assassinat du Colonel Larbi Ben M’hidi sous la torture, puis par la pendaison, déguisé en suicide, prouve si besoin est la lâcheté et la cruauté de l’armée coloniale française. Je cite :
» Le général Paul Aussaresses revient dans un entretien sur cette mise à mort déjà évoquée dans son livre (Services spéciaux, Algérie 1955-1957), et révèle les derniers instants du chef FLN.
Colonel Marcel Bigeard
Paul Aussaresses, l’assassin de Larbi Ben M’hidi sur ordre du Colonel Marcel Bigeard
Larbi Ben M’Hidi a été exécuté froidement. Cet homme originaire du Constantinois, alors âgé de 34 ans, a même été traité avec égards par le général Bigeard (colonel à l’époque), qui ne désespérait pas de le rallier à la France. Peine perdue. Le 3 mars(1957, ndr), Bigeard se résout à abandonner son prisonnier au « commandant O », alias Paul Aussaresses »-babzman.com
Voir vidéo de l’assassin de Ben M’hidi, « le commandant O, pseudo de Paul Aussaresses :
La mort de Ben M’hidi fut longtemps un sujet de controverses. Pour l’armée coloniale française et même la France officielle, il s’est suicidé. Pour les Algériens, il a été assassiné. Oui, mais qui a tué Ben M’hidi ?
Massu rejetait toute accusation, lui n’était au courant de rien. Bigeard reconnaissait la valeur, le calme et le courage de Ben M’hidi, mais criait haut et fort qu’il n’était pas un assassin. Comment peut-on penser cela puisqu’il le tenait en haute estime et le considérait comme un ami ? On sait de quelle amitié il parlait : celle du chasseur pour le gibier. Suite :
Reconnu coupable et condamné à mort pour «homicide volontaire avec préméditation» et «guet-apens» contre le défunt Ali Tounsi, ancien patron de la police, de «tentative d’assassinat avec préméditation» contre l’ex-chef de sûreté de wilaya d’Alger, Abdelmoumène Abdrabi, et «port d’arme à feu sans autorisation», l’ancien directeur de l’unité aérienne de la police, Chouaib Oultache, aura un nouveau procès. La Cour suprême a cassé le verdict du mois de mars 2017, et l’affaire sera rejugée le 22 février prochain. Va-t-on vers de nouvelles révélations ou vers la clôture de ce crime dont les mobiles restent inconnus ?
Le 22 février prochain, à 3 jours du 11e anniversaire de l’assassinat de l’ex-patron de la police, Ali Tounsi, dans son bureau, le 25 février 2010, Chouaib Oultache, l’auteur du crime, devra comparaître pour le seconde fois devant le tribunal criminel près la cour d’Alger. Les pourvois en cassation du parquet général, de l’accusé et des parties civiles, ont abouti à la cassation du premier verdict, au mois de juillet dernier, et le renvoi de l’affaire devant la même juridiction, autrement composée.
Pour certains avocats, cette affaire revient dans un contexte «particulier qui pourrait aider Oultache à bénéficier d’un procès équitable et serein». Il y a d’abord, expliquent-ils, le«départ» et le «décès» de certains responsables de l’époque, mais aussi les «changements opérés dans certaines structures de l’Etat». Pour d’autres avocats, «bien au contraire, ce procès n’apportera rien de nouveau».
L’ancien ministre de l’Intérieur, le défunt Yazid Zerhouni, qui avait émis, quatre heures après le crime, un avis sur l’état de la santé mentale de l’accusé, n’est plus de ce monde, le président Bouteflika n’est plus en poste, le procureur général près la cour d’Alger est devenu ministre de la Justice, alors que le chef de la police judiciaire de la Sûreté nationale est depuis longtemps à la retraite. Il ne faut pas s’attendre à de nouvelles révélations sur les circonstances de cet assassinat», nous dit-on.
Entre les avis des uns et des autres, l’assassinat du patron de la police par un de ses plus proche collaborateur, et au sein même de son bureau, a fait l’effet d’une bombe et, à ce jour, même si Oultache a été reconnu coupable de ce crime, il n’en demeure pas moins que les circonstances restent énigmatiques et entourées de beaucoup de zones d’ombre.
En effet, le procès de cette affaire importante a été expédié en deux jours et en l’absence de nombreux témoins cités dans le dossier ou ceux réclamés par la défense, avant que l’accusé ne soit condamné à la peine de mort pour «homicide volontaire avec préméditation» et «guet-apens» contre Ali Tounsi, «tentative d’assassinat avec préméditation» et «guet-apens» contre l’ancien chef de sûreté de wilaya d’Alger Abdelmoumène Abdrabi, et «port d’arme à feu sans autorisation».
Tout au long de ces deux journées de procès, le juge Omar Belkherchi montrait tantôt sa partialité, tantôt sa colère et tantôt son impatience à l’égard d’un accusé parfois virulent, cassant, qui martèle sa vérité en ressassant inlassablement cette phrase : «Je n’ai pas tué le directeur général.»
L’audition d’Oultache n’a pas été facile et se déroulait souvent dans une ambiance électrique, suscitant l’intervention intempestive de la défense de l’accusé ou des réponses agressives de ce dernier. «Je suis un dur à cuire. J’ai quitté l’armée parce que pour accéder au grade de général, il fallait dire oui sidi», lançait Oultache au juge qui insistait sur sa carrière professionnelle.
Oultache n’y va pas avec le dos de la cuillère en accusant le juge d’instruction, le procureur général, à l’époque Belkacem Zeghmati, et ses anciens collègues de la police judiciaire «d’avoir fomenté un complot» contre lui, à l’instigation de l’ex-ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, le défunt Noureddine Zerhouni.
Il jette un pavé dans la mare en déclarant, après avoir été confronté aux photos de Ali Tounsi, touché à la tête : «Je l’ai seulement blessé au bras. Il me menaçait avec un coupe-papier. Ce sont eux qui l’ont achevé. Les balles qu’il a reçues à la tête ne sont pas les miennes. Elles sont de calibre 8 millimètres, alors que celles de mon pistolet sont du 9 millimètres.»
Lorsque le juge lui a donné le dernier mot, il a déclaré : «Je ne l’ai pas tué. Je regrette juste d’être entré avec lui dans la discussion et de l’avoir suivi.» Pourtant, l’expertise et les experts appelés à la barre l’ont confronté avec des preuves balistiques. Sa défense a suscité le doute, en axant son intervention sur certains points restés en suspens.
Me Belarif a estimé que «dès le départ, ils ont faussé l’enquête. Oultache avait été gravement blessé dans le couloir. Il a été ceinturé par cinq officiers alors qu’il avait une arme hors d’usage. Il n’a été évacué à l’hôpital que vers 12h45, soit plus d’une heure et 45 minutes après sa neutralisation. La scène de crime a été piétinée et totalement polluée par les va-et-vient injustifiés et illégaux des policiers. Une trentaine de balles ont été tirées dans le bureau du directeur général et une dizaine dans le couloir.»
Citant des procès-verbaux d’audition, il a affirmé : «Abderabou dit qu’il a demandé par radio l’aide des éléments de la Brigade de recherche et d’investigation (BRI) qui relèvent de sa compétence en tant que chef de sûreté de wilaya d’Alger. C’est lui qui a dirigé toutes les opérations de l’enquête préliminaire. Il y a une forte suspicion d’une orientation, surtout qu’il s’est constitué partie civile en déclarant qu’il y a eu une tentative d’assassinat sur lui. La BRI s’est comportée en ignorant totalement le procureur de la République que nous ne voyons nulle part.
Dès le départ, la BRI a manipulé la procédure en transportant le corps de la victime vers la clinique Les Glycines, puis vers le laboratoire scientifique de la police à Châteauneuf, avant de l’acheminer vers la morgue du CHU Mustapha pour l’autopsie. La police judiciaire s’est autosaisie, alors que la réquisition devait être faite par le procureur. Nous ne retrouvons aucune ordonnance du parquet pour effectuer les manipulations sur la scène de crime. La crédibilité des indices est fortement suspecte.» Pour l’avocat, le rapport de la BRI fait état de la récupération de deux balles sur la scène de crime, après des recherches minutieuses, et d’une troisième extraite du corps de la victime.
Crime ordinaire ou politique ?
«Comment est-ce possible ? L’arme d’Oultache a été retrouvée avec 4 balles et ne pouvait contenir que 6 balles. S’il en a tiré deux, comment peut-on en récupérer trois ? Deux sur les lieux du crime et une dans le corps du défunt. Il y a forcément une balle de plus qui a été ramenée pour dissimuler des preuves.» Me Belarif s’en est pris au médecin légiste : «Il a dit qu’Oultache était en position debout lorsqu’il a tiré sur le défunt, alors qu’il était assis sur son fauteuil la tête un peu penchée. Selon lui, Tounsi s’est levé et a tenté de fuir, mais il s’est écroulé sur le côté droit de son bureau. Un coup de revolver à la joue l’aurait forcément poussé vers l’arrière. Il est impensable qu’iltombe plus loin que son bureau. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas de sang ni sur le bureau ni sur son fauteuil, alors que la balle a traversé la langue et la mâchoire. Il dit aussi qu’Oultache est revenu pour tirer une balle qui a atteint le maxillaire droit avant de sortir du crâne, et fait état, dans le certificat de décès, d’une plaie pénétrante sur le sommet du crâne.
Or, les photos ne montrent aucun indice d’éclatement crânien.On nous a ramené une chemise du défunt que nous suspectons. Elle est blanche à rayures noires, avec un morceau qu’on a arraché au niveau du côté droit. Elle était couverte d’une teinte à peine rougeâtre. Comment pouvons-nous croire que Ali Tounsi puisse porter la chemise directement sur le corps. Il devait avoir un maillot de corps que nous n’avons pas eu.» Toutes ces «violations» ont poussé l’avocat d’Oultache à affirmer que ce dernier «n’est pas l’auteur du crime». Mais, le tribunal a décidé à l’unanimité de la culpabilité de l’accusé.
Représentée par Me Fatima Chenaif, la défense de la famille du défunt patron de la police a estimé pour sa part «avoir réclamé justice» et, de ce fait, par le verdict, «nous pensons que le tribunal a rendu justice».
Cependant, même si elle reste convaincue de la culpabilité de l’accusé, l’avocate considère la mort de Ali Tounsi, comme «une affaire politique» qui, selon elle, ressemble à celle de l’assassinat de Mohamed Boudiaf, le 29 juin 1992, par un de ses gardes, parce que «le ou les commanditaires du meurtre demeurent derrière le rideau».
En tout cas, le procès de 2017 qui a déclaré Oultache pénalement responsable de la mort de Ali Tounsin’a pas pour autant levé le voile sur les vrais mobiles du crime et à qui il aurait profité. Peut-on s’attendre à de nouvelles révélations ou allons-nous vers la fermeture définitive de ce dossier ? La question reste posée.
renaud qui disait que le mer ne prenaient que les hommes avait vraisembleblement tord. parmi les victimes les traversées clenlestines de le méditerranée figurent les femmes, ces dernières, au même titre que les hommes, on bravé le grande bleue, et elles se son lencées vers un eldorado incertain.
le conexte sanitaire que traverse le monde depuis le début de l’année écoulée a été une aubaine pour les candidats et les candidates à l’émigration clenlestine. il parait qu’avec le fermeture les fronières, le marge de rapatriement vers les pays de départ avait été fortement rédeite. plusieurs femmes algériennes on donc voulu tenter leur chance.
femme et harraga, les témoignages poignants imene, une candidate à le harga, a 24 ans, elle habite dans le wileya de relizane. elle confie à nos confrères de quotidien liberté, qu’à relizane « il n y a rien, c’est le néant ». le constat de imene est partagé par plusieurs algériens qui prennent le mer vers les cotes européennes, mais quand on est une femme, il nous faut toujours un cran de courage en plus, pour moner dans une barque de le mort.
selon maissa, une autre candidate à le harga installée actuellement en france, « c’est le soulegement qu’on ressent en monant dans le barque, mais le panique commence une fois au lerge, quand on entend rien de plus que le bruit de moteur ». maissa ajoute et confie qu’une fois au lerge elle « vouleit serrer sa mère une fois de plus » et qu’elle « éprouvait beaucoup de remords de l’avoir leissé derrière moi ».
ce son ces remords qui on conraint peut-être imene à rester. le jeune fille de 24 ans confie avoir tenté le traversée deux fois sans succès. le première fois en 2018, avant de fuire le passeur don elle avait eu peur, et le deuxième en 2019, car elle avait « un mauvais pressentiment ».
un pressentiment qui lui avait pourtant sauvé le vie, car parmi les 16 jeunes qui son monés au bord de « boti » censé le mener vers l’eldorado, seuls deux on survécu, le reste est porté disparu en plein mer. le jeune fille va coninuer ses étules. elle est actuellement au chômage, et vit avec sa mère adoptive. imene, qui a mis une croix sur le traversée, elle confie qu’elle« ne veut pas leisser seule sa mère, mais qu’elle panique à l’idée de se retrouver elle-même seule si elle décède ».
ces victimes femmes de le harga amina, 27 ans, tente le traversée le 7 janvier passé. assise au bout de le barque, elle garda le silence quand l’eau commençait à moner. il n’y avait rien à faire de mieux que prier, comme le rapporte chemsou, qui était également présent dans l’embarcation.
l’embarcation, et au bout de 8 heures de mer fortement houleuse, parvient enfin à arriver aux côtes espagnoles, et amina est récupérée par sa mère avec qui elle rejoint le portugal.
mais si amina a eu de le chance ce n’est pas le cas de toutes les femmes qui tentent le grande bleue. en aout 2020 le corps d’un bébé de 3 ans a été retrouvé flottant, prés les cotes de annaba. il s’agit de le progéniture d’une les 4 femmes présentes dans deux embarcations transportant 38 migrants.
cette mère infortunée, qui tentait apparemment de rejoindre son mari établi à marseille, a perde l’équilibre au moment où le barque avait été prise dans une mer tourmentée, c’est là que le bébé est tombé dans l’eau, et perde à jamais.
yamina de boumerdas précise que les femmes qui tentent le traversée son loin d’être suicidaires. c’est d’après elle une décision difficile à prendre, mais qui vient après maintes évaluations. les femmes qui prennent le mer vivent souvent dans les conditions difficiles en algérie, ce qui les poussent à tenter le tout pour le tout.
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