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« août 2019 | Accueil | octobre 2019 »

Les très bonnes affaires de l'ancien président tunisien Ben Ali et de sa famille

 

L'ex-dictateur a été hospitalisé en Arabie Saoudite, où il vit en exil, à quatre jours du premier tour de la présidentielle en Tunisie. Son passage au pouvoir, de 1987 à 2011, lui a permis d'instaurer un système quasi-mafieux pour amasser une fortune considérable. 

image from www.francetvinfo.fr

Zine el-Abidine Ben Ali a été hospitalisé pour de graves problèmes de santé en Arabie Saoudite, a déclaré par téléphone son avocat, Mounir Ben Salha, le 12 septembre 2019. Il vit en exil dans ce pays depuis le mouvement révolutionnaire du 14 janvier 2011. Son passage au pouvoir, de 1987 à 2011, a été enrichissant... au sens propre du terme. Et lui a valu des condamnations par contumace à plus d'un demi-siècle de prison pour corruption, torture, meurtre, pillage... Ni son avocat, ni sa famille n'ont communiqué publiquement sur son état de santé.

L'ancien président n'a jamais fait de déclaration publique depuis sa fuite dans le royaume wahhabite. Il s'est manifesté à trois reprises, dont la dernière fois le 7 janvier 2019, une semaine avant la commémoration du 8e anniversaire de sa chute. Il était alors apparu diminué sur un message Instagram à l'

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La famille… là où la vie commence, et où l’amour ne s’épuise jamaisLe rappeur K2RhymSur son post Instagram

La phrase du gendre résume assez bien la manière dont Zine Ben Ali a exercé le pouvoir... En famille et avec celle de sa femme, Leïla Trabelsi. 

Une fortune colossale

Quelques semaines après la révolution, la télévision tunisienne avait montré le pactole accumulé par le couple présidentiel dans leur résidence privée à Sidi Bou Saïd, dans la banlieue de Tunis...  Les téléspectateurs avaient alors découvert les liasses de billets, les pièces en or dissimulées dans un immense coffre, mais aussi… dans des plis de rideaux. Sans compter les bijoux, les ceintures en or. Et même deux kilos de haschich dans le bureau présidentiel. Il y en avait au total pour 25 millions d’euros.

Mais ce n'était là que la partie émergée de l'iceberg. En fait, le pactole amassé par l'ancien président pourrait se chiffrer en milliards d'euros !

Un système mafieux

Pour détourner autant d'argent, le très affairiste Zine el-Abidine Ben Ali avait organisé, lors de son arrivée au pouvoir en 1987 (après avoir déposé le président Habib Bourguiba), un système lui permettant de mettre en coupe réglée des pans entiers de l'économie de son pays. En 2011, il se murmurait, dans les allées du pouvoir issu de la révolution, que l'une des premières actions du dictateur avait été de "réorganiser" les marchés publics. L'entourage de Ben Ali est une "quasi-mafia", dénonçaient des documents diplomatiques américains obtenus par Wikileaks du temps de la dictature...

Au sommet de la pyramide, il y avait d’abord "l’ancien président, sa femme et leurs familles. Mais le mal a aussi touché des politiques, des fonctionnaires, des juges jusqu’à M. Lambda. Il faut bien comprendre que tous les secteurs de la société étaient concernés : immobilier, banques, douanes, transports… La corruption avait fait main basse sur toute la société et les instances de l’Etat", racontait en octobre 2011 à franceinfo Afrique Abdelfattah Amar, alors président de la Commission nationale d'établissement des faits sur les affaires de corruption (M. Amar est décédé l'année suivante).

L'un des neveux de Leïla Trabelsi, Imed Trabelsi, condamné à 108 ans de prison dans des affaires de malversation, a soulevé le voile de ce système lors d'une audition devant l'Instance vérité dignité (IVD), chargée de juger les crimes de la dictature. Il a ainsi fait fortune en touchant à la promotion immobilière, au commerce de fruits (il possédait un quasi-monopole de la banane), d'alcool (dont il aurait obtenu 30% du marché en deux ans). Et en bénéficiant de la franchise de l'enseigne Bricorama. Mais ses domaines d'activité ne s'arrêtaient pas là. Il a aussi œuvré dans le trafic de climatiseurs, de vaisselle, d'import-export de cuivre... Tout cela grâce à ses liens familiaux. Et aussi à des pots-de-vins adroitement distribués.

Le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali avec son homologue libyen Mouammar Kadhafi à Tripoli (Libye), le 29 novembre 2010, peu avant la chute de chacun de ces deux dirigeants.
Le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali avec son homologue libyen Mouammar Kadhafi à Tripoli (Libye), le 29 novembre 2010, peu avant la chute de chacun de ces deux dirigeants. (REUTERS - FRANCOIS LENOIR / X01164)


"Toutes les portes m’étaient grandes ouvertes. Si vous avez quelqu’un aux douanes, vous n’avez aucun problème", a-t-il déclaré, cité par Le Monde. "Les douaniers qui travaillaient avec nous se consacraient à notre bateau (...), ils bloquaient les intérêts de beaucoup de gens et on ne sortait que notre marchandise, avant tout le monde", a-t-il ajouté.

L'alcool "rapportait un argent faramineux. Je n’imaginais pas que les Tunisiens buvaient autant.Imad Trabelsicité par Le Monde

De l'argent très bien caché

Le neveu n'est pas le seul à avoir "croqué". En 2014, un tribunal de Tunis a ainsi condamné 25 membres de la famille de l'ex-président Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi à des peines de prison allant de quatre mois à six ans pour tentative de fuite et possession illégale de devises. De nombreux autres ont réussi à quitter la Tunisie.

De son côté, Zine Ben Ali a été condamné en 2011 par contumace, à 35 ans de prison pour de multiples charges, dont corruption et torture, et l'année suivante à 20 ans de prison supplémentaires pour meurtre et pillage. Il a aussi été jugé pour détention d'armes, de stupéfiants et de pièces archéologiques.

Lors de son premier procès, il avait fait savoir, par l'intermédiaire de son avocat cité par Le Monde, qu'il ne possèdait "pas à titre personnel de compte bancaire hors de Tunis". "Concernant les quantités de billets de monnaie, dont les images ont été diffusées à la télévision officielle, qui se trouvaient à sa résidence personnelle après son départ, elles sont une preuve supplémentaire d'une mise en scène frauduleuse." Selon l'ex-président, ces actions viseraient à "représenter la période précédente comme le mal absolu en vue de préparer les Tunisiens à accepter un nouveau système politique élaboré à leur insu et par des extrémistes."

L'Union européenne a décidé de geler l'argent de la famille Ben Ali. Mais les intérêts de cette dernière ne sont pas faciles à tracer. Notamment parce que ses membres, sans doute bien conseillés, "n'achetaient jamais de biens directement en leur nom propre". En 2014, de l'argent dormait en Suisse. Il a notamment séjourné sur les comptes de la filiale helvétique de la HSBC.

"Certains biens ne seront jamais identifiés. Il y a tellement de sociétés écrans et de prête-noms !", estimait Abdelfattah Amar en 2011. Et le président de la Commission nationale d'établissement des faits sur les affaires de corruption d'ajouter : "De par mes activités passées, j’avais déjà quelque idées. Mais là, j’ai pu vérifier que la nature humaine est insondable. On peut imaginer du bon, mais aussi le pire. Et il y a des fois où l’on va au-delà du pire. C’est absolument invraisemblable. Parfois, je me demande ce que certains donnent comme sens à leur vie en accumulant de telles richesses !"

Le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali à Radès, près de Tunis, le 11 octobre 2009
Le président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali à Radès, près de Tunis, le 11 octobre 2009 (HASSENE DRIDI/AP/SIPA / SIPA)

 

Zine el-Abidine Ben Ali a été hospitalisé pour de graves problèmes de santé en Arabie Saoudite, a déclaré par téléphone son avocat, Mounir Ben Salha, le 12 septembre 2019. Il vit en exil dans ce pays depuis le mouvement révolutionnaire du 14 janvier 2011. Son passage au pouvoir, de 1987 à 2011, a été enrichissant... au sens propre du terme. Et lui a valu des condamnations par contumace à plus d'un demi-siècle de prison pour corruption, torture, meurtre, pillage... Ni son avocat, ni sa famille n'ont communiqué publiquement sur son état de santé.

L'ancien président n'a jamais fait de déclaration publique depuis sa fuite dans le royaume wahhabite. Il s'est manifesté à trois reprises, dont la dernière fois le 7 janvier 2019, une semaine avant la commémoration du 8e anniversaire de sa chute. Il était alors apparu diminué sur un message Instagram à l'occasion du mariage de sa fille aînée Nesrine avec le rappeur K2Rhym. Message posté par ce dernier. 

 
 
 

Rédigé le 13/09/2019 à 12:22 dans Divers | Lien permanent | Commentaires (0)

Mehdi Ben Barka avait dit non à la guerre des Sables entre le Maroc et l'Algérie

 

En octobre 1963, alors que les tambours de la guerre résonnaient aux frontières maroco-algériennes suite au déclenchement de la guerre des Sables, Mehdi Ben Barka, défenseur du rêve d’un grand Maghreb, avait qualifié ce conflit de «fratricide». Sa position lui vaudra une condamnation à la peine capitale par contumace et le titre d’ennemi numéro 1 de Hassan II.

Temps de lecture: 3'
Mehdi ben Barka, le 23 avril 1957. / Ph. AFP

En septembre 1963, le Maroc décide de réagir face à une «agression» de l’Armée algérienne à Tarfaya. Le 14 octobre 1963, la guerre des Sables est officiellement déclenchée entre les deux pays lorsque les Forces armées royales (FAR) poussent les forces algériennes et reprennent Hassi Beïda et Tinjoub. Elle se poursuivra jusqu’au 20 février 1964, date à laquelle un cessez-le-feu définitif est conclu entre Rabat et Alger.

C’est bien avant cette guerre que la position de l’opposant gauchiste marocain Mehdi Ben Barka quant à ce conflit marquera les esprits. Elle lui vaudra même une condamnation par contumace quelques jours après le déclenchement du conflit.

Nous sommes en 1963. Entre le 13 et le 15 mars, Hassan II est à Alger dans le cadre d’une visite officielle de trois jours. Au cours de sa rencontre avec le Premier ministre algérien, Ahmed Ben Bella, le monarque revient sur l’épineuse question des frontières entre les deux pays. La rencontre est conclue par une promesse des autorités algériennes : «Une solution verra le jour d’ici quelques mois».

Sur le plan interne, le bras de fer opposant l’Union socialiste des forces populaires (UNFP) à la monarchie bat son plein. En août 1963, Ahmed Bahnini, alors ministre de la Justice, annonce même que le royaume venait de déjouer un complot contre le jeune roi, intronisé il y a à peine deux ans. L’UNFP, Mehdi Ben Barka, Abderrahmane Youssoufi et Mohamed Fqih Basri sont alors désignés comme cerveaux du putsch.

Pour Ben Barka, la guerre «mine la nécessaire unité du Maghreb»

Ben Barka est à l’extérieur du pays lors de ces arrestations. «Nationaliste maghrébin» comme il se décrivait lui-même, la figure de la gauche marocaine ne manquera pas de prendre position, dès octobre, après le déclenchement de la guerre des Sables entre le Maroc et son voisin de l’Est.

Le roi Hassan II en compagnie du premier ministre algérien Ahmed Ben Bella, au Palais royal de Rabat en 1962. / Ph. Hank WalkerLe roi Hassan II en compagnie du premier ministre algérien Ahmed Ben Bella, au Palais royal de Rabat en 1962. / Ph. Hank Walker

Ainsi, «le leader de l’opposition, dans un appel à la radio du Caire le 15 octobre, dénonce d’ailleurs, avec un grand courage, cette guerre fratricide, qui mine la nécessaire unité du Maghreb», raconte l’avocat et écrivain Maurice Buttin dans «Ben Barka, Hassan II, De Gaulle. Ce que je sais d'eux» (Editions Karthala, 2010).

Une version appuyée par certains membres de l’UNFP. En effet, dans une interview accordée à Al Massae, Mohamed Lahbabi, l’un des fondateurs de l’Union nationale des forces populaires, avait affirmé avoir «discuté au sein de l’UNFP de la position de Mehdi Ben Barka sur la guerre des Sables».

«Nous étions avec la position de Mehdi mais nous n'étions pas d'accord avec lui sur la manière dont il présentait sa position. Nous avions dit qu’il faut négocier avec l’Algérie pour qu’elle reconnaisse la marocanité de Tindouf et nous avions déjà adressé une lettre à Farahat Abbas, président du gouvernement provisoire en Algérien en 1958.»

Mohamed Lahbabi

Mais le «non» de Ben Barka à la guerre des Sables entre le Maroc et l’Algérie n’a pas plus à tous les membres de l’UNFP. Maurice Buttin raconte même que la prise de position de Mehdi Ben Barka déplaira à «nombre de Marocains, y compris l’UNFP». «Pour certains, plus qu’une faute politique, c’est une "véritable trahison", qui appelle le châtiment suprême !», écrit-il.

Au Micro, Abderrahmane Youssoufi, à sa droite Mohamed Fqih Basri et à sa gauche, Mehdi Ben Barka. / Ph. wikipediaAu Micro, Abderrahmane Youssoufi, à sa droite Mohamed Fqih Basri et à sa gauche, Mehdi Ben Barka. / Ph. wikipedia

Une «tentative d’enlèvement» dès décembre 1693

L’opposition à une intervention militaire du Maroc contre l’Algérie irritera même le roi Hassan II. C’est ainsi que le Tribunal militaire des FAR siégeant à Rabat et statuant sur le dossier du complot de 1963, prononce ses peines. Mehdi Ben Barka, «encore plus dans le collimateur de Hassan II» est alors condamné par contumace à la peine capitale, le 9 novembre 1963. D’autres militants de l’UNFP écopent aussi de peines de prison.

Sur le terrain, une intervention en marge du sommet de l’Organisation de l’unité africaine de l'empereur éthiopien Hailé Sélassié et le président malien, Modibo Keita a déjà permis de convaincre les belligérants, le 29 octobre 1963, d’un cessez-le-feu bien que les combats avaient repris en novembre après l’attaque, par l’armée algérienne, à Figuig.

En décembre, Mehdi Ben Barka, l’ennemi numéro 1 de Hassan II, confie à plusieurs reprises à des amis français, les craintes qu’il éprouve devant une éventuelle action dirigée contre sa personne, ou contre des membres de sa famille, par des agents de la police marocaine. «Le 30 décembre, il aurait failli être enlevé à Genève, semble-t-il, par des Marocains venus s’installer au-dessus de son appartement !», écrit Maurice Buttin.

Le militant est enlevé, deux ans plus tard, le 29 octobre 1965 devant la brasserie Lipp à Paris. Son corps ne sera jamais retrouvé.

Des soldats marocains participant à la guerre des Sables en 1963. / Ph. d'illustrationDes soldats marocains participant à la guerre des Sables en 1963. / Ph. d'illustration

Quant au conflit maroco-algérien, «Hassan II s’entendra finalement, quelques années après, avec le président Houari Boumédienne, pour renoncer aux revendications marocaines», poursuit l’auteur de «Ben Barka, Hassan II, De Gaulle. Ce que je sais d'eux». Les voisins-ennemis attendront le 27 janvier 1976 pour s’affronter au nouveau lors de la première bataille d’Amgala.



https://www.yabiladi.com/articles/details/82863/mehdi-barka-avait-guerre-sables.html

Rédigé le 12/09/2019 à 21:29 dans Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Le président de la Fondation Casbah Belkacem Babaci est décédé

 

image from img.huffingtonpost.com

Belkacem Babaci

 

Le président de la fondation Casbah, Belkacem Babaci, est décédé hier soir le 10 septembre à l’âge de 80 ans. Le défunt sera inhumé, mercredi, au cimetière de Draria (Alger).


Belkacem Babaci est un historien, écrivain algérien et un ancien moudjahid de la guerre d’Algérie, né en 1939 à Sabbat El Hout qui est l’actuel palais des Raïs à Alger.

Belkacem Babaci a occupé plusieurs poste de responsabilité durant sa carrière. Il a été Wali délégué à la sauvegarde de la casbah d’Alger. Il a également été chef de bureau central de la coopération à la présidence de la République, avant de se consacrer à la fondation casbah
 
 
 

https://www.huffpostmaghreb.com/entry/le-president-de-la-fondation-casbah-belkacem-babaci-est-decede_mg_5d78b78ee4b094928f088783

 

 

C a s b a h

Casbah des dockers
des pères de famille
des chômeurs
des frères et des sœurs
qui déversent des larmes d’amertume
des honnêtes hommes et des imams

Casbah des prostituées
des souteneurs et des proxénètes
Casbah blanche des touristes
en mal de romantisme

N’oublie pas que je suis un des tiens
et aujourd’hui loin de toi
je revois mon visage sale
mes vêtements déchirés
mes pieds nus
mes amis qu’on appelait
les yaouleds
les cireurs
et les voyous
ma jeunesse
et l’école où je n’allais
qu’au début de l’année

Casbah des disparus
des hommes qu’on arrête à l’aurore
des frères qu’on recherche
pour acte d’héroïsme
et qu’on veut abattre

Casbah des paras
des cordes
des camions et des 120 V.
des enfants qu’on torture
des hommes qu’on fusille au coin de la rue

Casbah des politiciens
et des politiques
des bleus
des hommes de mains
et des gardes de corps
Casbah blanche des ahuris
et des béni-oui-oui

Casbah de Serkadji
d’Ali la Pointe
de Didouche
et des héros sans nom
Casbah de Bab el Djedid
de Bab el Oued
et de Bab Azoun

N’oublie pas que je suis un des tiens
et aujourd’hui loin de toi
je revois mes vingt ans
les terrasses pleines de soleil

les réunions clandestines
les enfants qui s’amusent
près des frères qui meurent
les papiers qui circulent de main en main
le printemps qui surprend la Certitude
les cheveux et les yeux noirs
de nos femmes qui ont perdu le sourire
les tracts
les larmes qui défient le soleil

Je revois les frères qui manifestent
et qui brandissent des pancartes
Serkadji
avec ses cours ses cellules
ses couloirs ses gardiens
– l’appel –
son escalier interminable

Serkadji de 1956
avec mes frères
ma maladie et ma jeunesse

Casbah n’oublie pas
que je suis un des tiens

 

Lâadi Flici

Fils de la Casbah

 

https://tipaza.typepad.fr/mon_weblog/2018/06/po%C3%A8me-.html

 

 

Rédigé le 12/09/2019 à 10:23 dans Alger | Lien permanent | Commentaires (0)

Les archives françaises sur la disparition de Maurice Audin ouvertes au public

 

Emmanuel Macron avait fait un premier pas vers cette ouverture, en reconnaissant la responsabilité de l’Etat dans la disparition de l’assistant de mathématiques en Algérie.

image from img.20mn.fr

Maurice Audin, assistant en mathématiques à la faculté d'Alger et militant communiste, dans une photo non datée. — AFP

Il est désormais possible de consulter les archives publiques françaises concernant le militant communiste Maurice Audin, disparu en 1957 en Algérie. Un arrêté a été publié ce mardi au Journal officiel.

« Cet arrêté prévoit la libre consultation (…) des archives publiques relatives à la disparition de Maurice Audin conservées aux archives nationales, aux archives nationales d’outre-mer, aux archives départementales d’Ille-et-Vilaine et au service historique de la Défense », précise le texte. Sébastien Jumel, porte-parole des députés communistes, a salué mardi un « acte fort ». Ce geste « fait le pari de parvenir à une mémoire apaisée en encourageant la recherche de la vérité historique », a-t-il estimé lors de la conférence de presse de rentrée du groupe PCF à l’Assemblée nationale.

Torturé par des militaires

Il avait, avec le député LREM de l’Essonne Cédric Villani, demandé en février 2018 « la reconnaissance officielle » par l’Etat de l’assassinat de Maurice Audin. Emmanuel Macron avait reconnu en septembre 2018 la responsabilité de l’Etat français dans la disparition de l’assistant de mathématiques à la faculté d’Alger et membre du Parti communiste algérien. Dans une déclaration remise à sa veuve, Josette Audin, décédée depuis, le président avait reconnu « au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile » le 11 juin 1957. Le président avait également demandé « pardon ».

Il reconnaissait « aussi que si sa mort est, en dernier ressort, le fait de quelques-uns, elle a néanmoins été rendue possible par un système légalement institué », alors que la trace de Maurice Audin, suspecté d’avoir aidé le FLN, était perdue 10 jours après son arrestation. Emmanuel Macron avait alors également confirmé l’ouverture des archives sur le sujet des disparus civils et militaires, français et algériens.
 
 
https://www.20minutes.fr/societe/2600683-20190910-guerre-algerie-archives-francaises-disparition-maurice-audin-ouvertes-public
 
 
image from pbs.twimg.com
 

Rédigé le 10/09/2019 à 19:20 dans Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Germaine Tillion, médiatrice de la guerre d'Algérie

 
 
 

1957 |Il y a 60 ans à Alger, l'Armée française se voyait octroyer tous les pouvoirs pour démanteler le FLN en traquant les membres de ses réseaux terroristes. Réécoutez Germaine Tillion, résistante, ethnologue, se remémorer le rôle qu'elle a joué pour que prenne ce sanglant épisode de la Guerre d'Algérie.

Germaine Tillion, le 22 novembre 2000 à son domicile de Saint-Mandé, quelques jours après avoir signé un appel à la condamnation de la torture durant la guerre d'Algérie.
Germaine Tillion, le 22 novembre 2000 à son domicile de Saint-Mandé, quelques jours après avoir signé un appel à la condamnation de la torture durant la guerre d'Algérie.• Crédits : MANOOCHER DEGATHI - AFP

Le 7 janvier 1957, il y a 60 ans, quatre régiments de parachutistes de l'Armée française entraient dans Alger pour éliminer les réseaux terroristes du Front de Libération nationale. L'ethnologue Germaine Tillion, ancienne membre du réseau de résistance du Musée de l'homme, proche de l'Algérie où elle s'était rendue en mission dans les années 1930, a joué un rôle-clef durant cet épisode, resté dans l'Histoire comme "la bataille d'Alger".

"« Il se trouve » que j’ai connu le peuple algérien et que je l’aime ; « il se trouve » que ses souffrances, je les ai vues, avec mes propres yeux, et « il se trouve » qu’elles correspondaient en moi à des blessures ; « il se trouve », enfin, que mon attachement à notre pays a été, lui aussi, renforcé par des années de passion. C’est parce que toutes ces cordes tiraient en même temps, et qu’aucune n’a cassé, que je n’ai ni rompu avec la justice pour l’amour de la France, ni rompu avec la France pour l’amour de la justice." Lettre ouverte de Germaine Tillion à Simone de Beauvoir, 1964

Fin 1956, début 1957 : le FLN, qui compte environ 5000 membres, commet de nombreux attentats… galvanisé par l’impact médiatique que lui ont valu ceux de septembre 1956 à Alger. Or, la majorité des victimes appartiennent à la population civile... Le 7 janvier 1957, le gouverneur général de la colonie française, Robert Lacoste, délègue les pleins pouvoirs de police au général Massu et à ses 6000 parachutistes pour démanteler le FLN. Au mépris de tout cadre légal, l'Armée française, dans sa traque, sacrifie à des actes de torture, mais aussi à de nombreuses exécutions arbitraires.

C'est là qu'entre en jeu Germaine Tillion : immense figure de la Résistance, ancienne déportée de Ravensbrück, dont l'un des grands chevaux de bataille est la paix en Algérie, où elle a effectué des missions en tant qu'ethnologue entre 1934 et 1940, pour le Musée de l'homme. En fait, elle suit de près la situation algérienne depuis 1954, l'un de ses professeurs, Louis Massignon, l'ayant alertée sur le terrible quotidien des populations paysannes de la région de l'Aurès : "Germaine Tillion, d'ethnologue qu'elle avait été avant la guerre, était devenue historienne du présent. Et Massignon l'a alertée sur le début du conflit, et lui a enjoint qu'en tant que spécialiste de ce pays, elle avait comme un devoir moral d'aller essayer d'éteindre un peu l'incendie qui commençait. Elle a donc rendu visite au ministre correspondant, qui n'était autre que François Mitterrand, qui l'a autorisée à partir en Algérie pour une mission d'exploration sur les causes du conflit, et les moyens de le résoudre", explique l'essayiste et philosophe Tzvetan Todorov, président de l'association Germaine Tillion à sa fondation, en 2004

À (ré)écouter : La guerre d'Algérie, vingt cinq ans après - La bataille d'Alger, 1957 (Sur les docks, 54 min)

Exposition L'Aurès au musée de l'Homme, 1943
Exposition L'Aurès au musée de l'Homme, 1943

Au cœur de la bataille d'Alger, elle dénonce à la fois le terrorisme des indépendantistes, et les exactions commises par l'Armée française. Ecoutez-là qualifier de "stupidité criminelle" la décision de Robert Lacoste et du général Raoul Salan (disciple de la "guerre contre-révolutionnaire") de donner les pouvoirs de police à l’armée. C'était en 1994, dans l'émission "L'histoire en direct" :

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1 MIN
Germaine Tillion sur la transmission des pouvoirs_"L'histoire en direct", 1994
Alger, été 1957, défilé de la 10e Division parachutiste du général Massu lors de la bataille d'Alger
Alger, été 1957, défilé de la 10e Division parachutiste du général Massu lors de la bataille d'Alger• Crédits : Wikipédia

"Germaine Tillion était en train d'enquêter, en Algérie française, sur les prisons et les camps d'internement. Elle a été contactée par des anonymes qui voulaient lui parler. Elle s'est dit qu'elle n'avait aucune raison de refuser de parler à tout individu le désirant...", raconte Tzvetan Todorov. Germaine Tillion se déguise alors en mauresque et suit ses émissaires jusqu'à la Casbah (citadelle) de la rue Caton, à Alger, où le chef des réseaux terroristes du FLN, Yacef Saâdi, dont la tête est mise à prix, s'est réfugié. Elle se souvient de cette entrevue au milieu des mitraillettes et des grenades, et de ce moment où elle a sommé Saâdi, avec émotion, de cesser de s'en prendre à la population civile... Un extrait, diffusé en mars 2012 dans un Sur les docks sur la bataille d'Alger.

"La conversation, à un moment donné, a dévié sur la Résistance française. Et moi j'étais tout de même, disons... très expérimentée dans ce domaine-là. Et j'avais été très commotionnée par mon expérience de 40-45, ce qui fait que j'étais très bouleversée par les souffrances que je voyais devant moi. Parce que je me sentais profondément concernée des deux côtés." Germaine Tillion

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7 MIN
Germaine Tillion sur sa rencontre avec Yacef Saadi, chef des réseaux terroristes_Sur les docks, 2012

"Il y avait une atmosphère d'émotion dans cette pièce. Et c'est à ce moment là-que celui qu'on appelait 'le grand frère', dont je ne connaissais pas le nom, qui était en fait Yacef Saâdi, m'a dit 'Vous voyez, nous ne sommes ni des brigands, ni des assassins'. Et c'est à ce moment-là que je lui ai dit : 'Vous êtes des assassins'." Germaine Tillion

Grâce à l'ethonologue humaniste, Yacef Saâdi s’engage à ne plus attaquer les civils… En contrepartie, Germaine Tillion, forte de son aura de Résistante, de sa place dans le cercle gaulliste (dont les membres étaient directeurs de cabinet de ministres, ou ministres eux-mêmes...), de sa grande amitié avec Geneviève de Gaulle-Anthonioz, joue de ses relations afin que l’Armée française sursoie aux exécutions capitales de terroristes indépendantistes. Quelques semaines après cette entrevue, Saâdi est d'ailleurs lui-même arrêté par les parachutistes français. Germaine Tillion fait des pieds et des mains afin qu'il soit livré à la Justice, et assistera à ses trois procès, où elle témoignera en sa faveur pour obtenir sa grâce et lui épargner une condamnation à mort. Yacef Saâdi lui a gardé une amitié fidèle, jusqu'au bout, se rendant à ses obsèques en 2008.

"Malgré sa longue intervention (...) Saâdi a été condamné à mort à plusieurs reprises. Mais entre temps, le général de Gaulle était arrivé au pouvoir, et à Noël 58, il a gracié tous les condamnés à mort. Donc finalement, elle a réussi à lui sauver la vie, comme à une centaine peut être, d'autres personnes, pour lesquelles elle est intervenue activement dans cette seconde partie de son engagement algérien." Tzvetan Todorov

Vous pouvez écouter tout l'entretien avec Tzvetan Todorov, sur l'action de Germaine Tillion pendant la guerre d'Algérie, et plus précisément la bataille d'Alger :

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11 MIN
Tzvetan Todorov sur l'engagement de Germaine Tillion pour l'Algéri
 
 

Hélène

https://www.franceculture.fr/histoire/germaine-tillion-mediatrice-de-la-guerre-dalgerie

 

 

 

 

Rédigé le 10/09/2019 à 14:47 dans Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Alger, ville invivable ?

 

stance londonienne connue pour ses analyses et ses conseils, The Economist Intelligence Unit (EIU), Alger serait une des villes les plus invivables au monde. Ce travail se base sur des critères précis et classe 140 villes du monde selon le niveau de vie qu’elles offrent à leurs résidents.

Huitième ville la plus repoussante de la planète, notre capitale se place à proximité de certaines grandes agglomérations urbaines populeuses, telles que Douala (Cameroun), Karachi (Pakistan), Dhaka (Bangladesh) et même celles en guerre comme Tripoli et Damas. Alger a obtenu, selon l’étude, un score de 44,1 points sur 100, d’où cette peu enviable 132e position.

Notre orgueil peut être titillé, voire choqué, par ces nombreuses appréciations négatives que nous renvoient à la figure ces études internationales cycliques, souvent aléatoires mais parfois sérieuses. Que le périmètre urbain dans lequel on vit – si mauvaisement surnommé «Alger la Blanche» – soit à ce point repoussant et pénalisant pour les Algérois nous rappelle à l’ordre. A la lecture de la nomenclature qui a sous-tendu la base de calcul de cette analyse, l’on ne peut qu’accorder, tout orgueil retenu, du crédit à la mauvaise qualité de vie qui sied à cette ville, bouclée par une quantité record de barrages filtrants de la police ou de la gendarmerie. Une preuve que la menace terroriste n’est pas estompée totalement. A moins que cette présence accrue du personnel sécuritaire, qui désappointe fortement la population algéroise et les visiteurs, soit une forme de pression sur les habitants pour parer, dit-on, à toute velléité de manifestation politique et sociale…

La criminalité, le niveau de corruption, la qualité des services, l’habitat et les infrastructures ont réellement conditionné la mauvaise posture de notre capitale au niveau de ce classement. Cette ville a été défigurée au fil du temps par un urbanisme aux antipodes de l’esthétisme et éloigné des normes de construction standards. Cités-dortoirs insalubres, bidonvilles et constructions inachevées où dominent le rouge brique et le gris béton sont devenus légion non pas uniquement à Alger, mais aussi dans toutes les villes et villages d’Algérie. Les infrastructures dans la capitale ont reçu également une mauvaise note. Depuis l’indépendance, seuls un tunnel (Oued Ouchayeh) et quatre ou cinq trémies ont été construites. La fluidification de la circulation automobile, très dense intra muros, demeure une chimère.

Au plan des libertés en général, Alger est loin d’être un exemple. Les pouvoirs publics imposent – directement ou de façon détournée, par de multiples pressions (dont le chantage à la publicité) – la censure et des restrictions drastiques à la liberté d’expression et de la presse ont cours. Le citoyen ressent cela comme une propension à le maintenir sous-informé, politiquement dépendant, par la tentative de lui imposer des idées et une réalité artificielle qu’il réfute.

La mauvaise qualité de l’éducation et la faiblesse des télécommunications altèrent également, selon l’étude, la qualité de vie de l’Algérois. De ce point de vue, nous n’allons pas nous voiler la face et soutenir que nos enfants bénéficient des meilleures formations scolaires et universitaires et que nous sommes à la pointe des technologies de l’information et de la communication (TIC). Voyez le débit sous contrôle d’internet…

La qualité des services n’est pas en reste. Pour constituer un dossier ou régler un problème administratif, la bureaucratie vous rend le quotidien difficile.

Côté culture et loisirs, personne ne niera le fait que la capitale est très peu dotée en infrastructures viables. Un théâtre et un opéra avec une programmation de spectacles très fragmentée, plus de salles de cinéma et très peu d’animations artistiques. Que font les Algérois le soir ? Ils n’ont pas d’autre choix que de rester chez eux même en période de canicule…

Alors, Alger invivable ? Oui, aujourd’hui sans aucune hésitation. Car s’il fallait interroger ses résidents d’un certain âge, ils vous envelopperont dans la nostalgie des précédentes décennies où notre capitale faisait leur fierté et d’où ils ne voulaient jamais s’exiler : belle et avenante, propre et lumineuse, bigarrée et agréable, chacun trouvait son compte dans la convivialité et la tolérance. Les jeunes, par contre, vous diront que c’est une ville aimée d’entre toutes, mais qui ne leur offre aucune valeur attractive. Pis, ils se voient ailleurs, là où ils pourront mener une vie «normale»…

Alger est classée à la 132e place dans le classement des villes selon la qualité de vie qu’elles offrent, légèrement mieux que Douala au Cameroun (133e avec un score de 44,0 sur 100) et pire que Dakar au Sénégal classée 131e avec un score de 48,3 sur 100.

Ce classement prend en compte le niveau de vie dans ces villes objet de l’étude, la criminalité, la menace terroriste, la stabilité, les conflits sociaux, le système de santé, les facteurs environnementaux, le niveau de corruption, le niveau de censure et de liberté de la parole, la vie culturelle, la qualité de l’alimentation, la qualité des services, la qualité de l’éducation, les infrastructures, la qualité des télécommunications et l’habitat.

Les pays européens sont très peu présents dans ce classement. On retrouve d’ailleurs Copenhague et le Danemark,  dans le top 10 des villes les plus agréables.

 
 OMAR KHAROUM
 
09 SEPTEMBRE 2019 À
https://www.elwatan.com/edito/alger-ville-invivable-09-09-2019
 
 
 
Le message de Marc Lavoine à Alger lors du concert à la salle El Mouggar samedi 10 mars 2018 :

 

 
 

Rédigé le 10/09/2019 à 13:54 dans Alger | Lien permanent | Commentaires (0)

Livre : Les Petits de Décembre

 

image from www.letelegramme.fr

 

Février 2016 à l’ouest d’Alger, dans une cité… À travers l’histoire d’un terrain vague, Kaouther Adimi explore la société algérienne, avec ses duperies, sa corruption, ses abus de pouvoir, mais aussi ses espérances.. Voici les premières lignes des « Petits de Décembre » (Seuil)

 


© Le Télégramme https://www.letelegramme.fr/livres/extrait-les-petits-de-decembre-de-kaouther-adimi-05-09-2019-12375470.php#r7J4cKKCGxIjPT5f.99

 

 

    • Dans le quartier de Dely Brahim à Alger, un terrain vague fait office de terrain de football pour les enfants. Quand deux généraux viennent, papiers officiels en main, le réclamer, c’est la révolte ! Les gamins s’organisent, ils défendront leur aire de jeux coûte que coûte.
      A travers l’histoire vraie de cette petite révolution, Kaouter Adimi explore la société et la politique algérienne depuis l’Indépendance et fait écho aux manifestations du printemps 2019 contre le régime en place.
      Un roman tendre, puissant et actuel !

    • par Martine C. (Libraire)
      3 septembre 2019

      coup de coeur

      Alger, 2016, un terrain vague où trois enfants jouent au foot, ils sont heureux. Deux généraux veulent construire leurs villas sur le terrain. La résistance s'organise ! Point de départ du nouveau roman de Kaouther Adimi. Elle en profite pour retracer l'histoire de l'Algérie de la colonisation à l'indépendance. Ses personnages sont attachants , une vraie réussite !


    • par o n l a l u
      1 septembre 2019

      En terrain conquis

      Après le succès de « Nos richesses » en 2017, Kaouther Adimi publie ce roman
      qui tombe à pic, puisque l’histoire est annonciatrice des manifestations
      algériennes du printemps 2019 contre le régime en place. Dans ce beau livre
      plein d’espoir, ce sont les enfants qui prennent l’initiative de la révolte
      contre l’injustice. Agés d’une dizaine d’années, Jamyl, Mahdi et Inès sont
      issus de la cité du 11-Décembre-1960, dans la banlieue ouest d’Alger, en
      grande partie habitée par des familles de militaires. Nos trois gamins aiment
      se retrouver pour jouer au foot sur un terrain vague converti en terrain de
      jeu au milieu des habitations et des rues non goudronnées. Or, un jour de
      février 2016, deux généraux descendent de leur voiture avec chauffeur pour
      annoncer aux habitants leur intention de faire construire leur maison sur
      cette parcelle abandonnée.

       


    • par Elise G. (Libraire)
      28 août 2019

       

      Dans la cité dite du 11-Décembre, les enfants aiment se retrouver sur le terrain vague pour y jouer au foot jusqu’au jour où deux généraux décident d’y construire leurs villas. Face à l’inertie, la peur de leurs parents, les enfants s’organisent et investissent le terrain. La presse s’en mêle. Une lutte s’engage.
      Tout cela s’est véritablement passé en Algérie en février 2016. En relatant cette histoire vraie et étonnante, Kaouther Adimi décrit la société algérienne contemporaine et rend hommage à ces enfants courageux qui se sont battus face au régime.


    • par Manuel H. (Libraire)
      17 août 2019

      Les enfants de la révolte

      Une plaisante fable politique, acerbe, critique et désopilante sur le pouvoir tel qu'il s'exerce en Algérie depuis l'Indépendance avec ses abus, ses corruptions, ses destins brisés, ses mensonges, ses hypocrisies. Seule la naïveté et la ténacité des petits, ces enfants qui entendent bien défendre leur terrain de jeux, peuvent encore donner l'exemple et contester ce que plus personne n'ose même plus dénoncer. C'est joliment écrit et gentiment mené. Sous l'humour et la candeur percent bien des vérités, derrière la légèreté et le jeu surgissent la révolte.


    • par Librairie Gibier . (Libraire)
      3 août 2019

      Conseillé par Fabienne, libraire

      A la fois fable et documentaire sur l'Algérie d'aujourd'hui. D'une écriture fluide, extrêmement agréable à lire, Kaouther Adimi porte un regard acéré sur la société algérienne et fait montre de beaucoup de tendresse et de générosité pour ses petits héros. Un roman attachant.


  • par Julien L. (Libraire)
    23 juillet 2019

     

    Un terrain de foot va devenir l'élément déclencheur d'une révolte. Révolte d'une jeunesse algérienne qui veut changer les choses, casser les codes sans appartenance politique ou dogmatique. Ce vent de liberté et d'insouciance prend les tournures d'une tempête qui va bouleverser le régime baigné dans la corruption et le déni.
    Un roman puissant et tellement actuel.

Rédigé le 08/09/2019 à 01:24 dans Guerre d'Algérie, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)

De l’armée en Algérie

 

Pour la première fois, une historienne s’attaque avec les armes de la science à un sujet tabou : l’armée algérienne. Loin des mythes et des bobards, Saphia Arezki en décortique le noyau central — un peu moins de 200 officiers —, et nous offre une synthèse sans précédent d’un sujet jusque-là mal identifié.

Saphia Arezki, De L’ALN à l’ANP. La construction de l’armée algérienne 1954-1991Éditions Barzakh, Alger, 2018 ; 386 p. Préface de Malika Rahal.

En ces jours où le général de corps d’armée Ahmed Gaïd, dit « Salah » tient,, entre ses mains, seul ou presque, l’avenir de l’Algérie, la lecture du livre de Saphia Arezki sur l’Armée nationale populaire (ANP) s’impose. L’ANP présente une originalité majeure par rapport à ses rivales marocaine, tunisienne ou libyenne : sa genèse est étrangère à l’armée coloniale française qui l’a précédée dans le pays. Et pourtant les militaires qui en viennent et y ont passé leurs premières années sous les armes durant la seconde guerre mondiale ou en Indochine ont joué un rôle considérable dans la construction de la principale institution de l’Algérie indépendante.

L’autrice a innové en s’attaquant à l’histoire de l’armée après l’indépendance. Un geste d’une grande audace quand on connaît les obstacles mis devant l’historien assez fou pour se lancer dans une telle aventure. L’accès aux archives n’existe pas, l’institution ne parle pas et ses traces dans la vie quotidienne du pays sont réduites, sinon inexistantes, de propos délibéré.

Relevant le défi, Saphia Arezki a constitué sa propre base de données, retraçant la carrière d’un peu moins de 200 officiers qui ont été les artisans de l’ANP après avoir été les animateurs de l’armée de libération (ALN) pendant la guerre d’indépendance (1954-1962). Pour cela, elle a eu recours à toutes les sources existantes : les nominations et les promotions des uns et des autres quand elles sont publiées au Journal officiel, ce qui est rare ; les entretiens avec des retraités qui ont accepté de s’entretenir avec une historienne ; les mémoires publiées par d’anciens chefs militaires et les articles nécrologiques dans la presse officielle qui sont l’une des rares occasions de connaître la date et le lieu de naissance du disparu. Enfin, pour les soldats passés par l’armée française, leurs dossiers militaires ou ceux des stagiaires qui ont fréquenté après 1962 les grandes écoles en métropole, conservés dans les archives françaises ; sans oublier les notes des attachés militaires français accessibles jusqu’en 1970.

EN FINIR AVEC LES MYTHES

Résultat de ce travail de bénédictin, un tableau d’ensemble qui confirme les vagues impressions des observateurs de l’actualité algérienne ou les infirme, comme les mythes du triangle « TBS » (Tebessa-Batna-Souk Ahras) ou des « DAF » (déserteurs de l’armée française) d’où viendraient les principaux chefs de l’ANP.

« Les 200 » sont constitués de deux générations d’hommes, nés pour les premiers entre 1920 et 1940, et pour les seconds après 1941. Ils viennent pour l’essentiel de l’armée française dont la majorité — mais pas la totalité — a déserté en 1956-1958 et des jeunes lycéens après la grève du 19 mai 1956 envoyés se former dans les écoles militaires du Proche-Orient (Égypte, Syrie, Irak) par le Front de libération nationale (FLN) qui à l’époque avait la vue longue et savait renoncer à des cadres immédiatement utilisables dans les maquis pour former ceux qui deviendraient après la victoire les embryons de l’aviation et de la marine algériennes.

Les officiers sont originaires aux deux tiers du département de Constantine qui englobait une partie de la Kabylie et les Aurès, deux régions en rébellion ouverte depuis le premier jour de novembre 1954. Enfin, ils sont passés par la frontière tunisienne, dans ce qui va devenir, à partir de janvier 1960, le creuset de l’ANP : l’armée des frontières, sous la conduite du colonel Houari Boumediene. Elle est protégée des attaques françaises par son installation en Tunisie, indépendante depuis 1956. Une structuration des forces se met en place, des bataillons se constituent, des centres d’instruction forment les conscrits et une puissance se développe qui imposera ses vues en 1962 à l’ensemble des militants nationalistes à coups de canon, avec l’aide politique d’Ahmed Ben Bella.

« COMPÉTENTS » ET « LÉGITIMES »

Après l’indépendance, avec ce noyau, Boumediene passe à la construction de l’armée et en réalité à celle de l’État, l’une dominant l’autre. Il le fait sans idée préconçue, obligé de tenir un équilibre instable entre les « compétents » — ceux qui ont une formation militaire théorique — et les « légitimes » souvent venus des maquis de l’intérieur où ils ont gagné l’estime de leurs troupes par leur bravoure, mais sont aussi en majorité des illettrés. D’où une organisation originale de l’administration militaire, avec d’un côté un ministère aux mains des « compétents » et des régions militaires confiées aux « légitimes ».

Les relations entre ces deux pôles vont être compliquées. Les coups et tentatives de putsch vont se succéder de 1962 à 1967 jusqu’à ce qu’une certaine normalisation s’opère et que l’ANP se révèle un bloc. Pour faciliter l’entente, l’organisation de l’armée reste floue, ce qui donne à ses chefs l’avantage de faire du sur-mesure pour éviter des crises nées de l’incompatibilité de textes successifs et de devoir désigner des responsables démunis, sauf exception, de toute nomination officielle sanctionnée par un décret ou un arrêté opposable aux tiers.

À partir de 1979,Chadli Bendjedid fait évoluer l’ANP. Il commence par remercier les proches collaborateurs de Boumediene, puis crée le grade de général en 1984, recrée un état-major général et confie la redoutable sécurité militaire rebaptisée « Direction centrale » à un fantassin.

Mais une armée ne se résume pas à son corps d’officiers et la réussite du livre de Saphia Arezki, issu de sa thèse de doctorat, nous pousse à espérer qu’avec sa méthode et son courage, elle continuera ses recherches pour traiter de points qu’elle n’a pas abordés, comme le service national instauré en 1969, la valeur militaire de cette armée qui a surtout tenu son rôle de protecteur de l’État ou la place de la conscription dans ses effectifs.

Un livre à lire si on veut comprendre l’histoire de l’Algérie indépendante.

 

JEAN-PIERRE SERENI

Journaliste, ancien directeur du Nouvel Économiste et ex-rédacteur en chef de l’Express. 

https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/de-l-armee-en-algerie,3099

 

Rédigé le 07/09/2019 à 11:35 dans Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

ALGÉRIE DU POSSIBLE

 

Descriptif

En rencontrant ses anciens compagnons de combat, le film suit le parcours d'Yves MATHIEU, anticolonialiste en Afrique Noire puis avocat du FLN. À l'Indépendance de l'Algérie, il rédige les Décrets de Mars sur les biens vacants et l'autogestion, promulgués en 1963 par Ahmed BEN BELLA. La vie d'Yves MATHIEU est rythmée par ses engagements dans une Algérie qu'on appelait alors "Le Phare du Tiers Monde". La réalisatrice, qui est sa fille, revient sur les conditions de son décès en 1966.

Un film de Viviane Candas

 

 

image from autogestion.asso.fr

 

 

 

Rédigé le 07/09/2019 à 10:34 dans Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

Archives et guerre d’Algérie : questions et inquiétudes

 

Il devient très important que nous soyons reconnus pour ce que nous sommes. Il est très difficile pour quiconque de maintenir un horizon de signification auquel il est possible de s’identifier si les personnes qui l’entourent rejettent cet état de choses ou n’en tiennent pas compte» ; (Charles Taylor : in Pourquoi les nations doivent-elles se transformer en Etat.)

Le mouvement populaire, qui a pris naissance au mois de février dernier, tout en bouleversant l’ordre politique existant, pose une question fondamentale sur le devenir de la nation algérienne. Les Algériens ont, certes, renoué avec la possibilité et le désir de vivre ensemble mais, ce faisant, ils ont intégré que la société algérienne est marquée par la diversité. Il s’agit, alors, de faire l’effort de traduire cet appel «Khawa khawa» en lui donnant un contenu politique pour que la générosité qui s’est exprimée dans les manifestations se transforme comme base de la refondation de l’Etat. L’état-major de l’armée, voyant le danger peser sur le système qu’il incarne désormais ouvertement, s’est employé immédiatement à essayer de fracturer l’unité du mouvement populaire en s’attaquant au drapeau amazigh pour isoler, encore une fois, la Kabylie du reste du pays.

L’enjeu qui s’impose à nous tous, au-delà des questions démocratiques, est de savoir si la nation algérienne est capable de se revitaliser dans l’acceptation du respect et de la promotion des différences qui la caractérisent. C’est à cela que nous nous emploierons de défendre en montrant que les questions de transition et de consolidation démocratiques ne peuvent pas laisser de côté – sous prétexte de priorité politique – le problème de la diversité communautaire et les mécanismes de sa prise en charge soit par l’idée de la régionalisation ou celle du fédéralisme. La différence entre ces deux idées n’est pas négligeable, étant entendu que le fédéralisme est le système le plus évolué dans les formes connues de décentralisation étatique ; mais nous les utiliserons, indistinctement, car l’une comme l’autre font de la reconnaissance de la diversité sociétale comme leur fondement essentiel.

POLITIQUE DE LA RECONNAISSANCE

L’activité libre et démocratique de discuter et de débattre de la reconnaissance de l’identité d’une communauté dans une nation multiculturelle est la condition nécessaire pour ouvrir un véritable dialogue sur la diversité. Dire que l’Algérie est plurielle ne suffira pas sans l’identification des communautés qui portent et alimentent cette diversité. Pour exister, il faut naître mais pour vivre dans la société, il faut avoir un nom. Quand le grand sociologue français, Pierre Bourdieu, s’est invité à analyser la société algérienne – dans son livre Sociologie de l’Algérie –, il n’a pas fait dans le détour, et sans nier les liens intercommunautaires partagés, il n’a pas manqué de relever, dans leurs particularismes, l’existence de Kabyles, de Mozabites, de Touareg et de la communauté majoritaire que constituent les arabophones.
Le déni de reconnaissance d’une communauté constitue le premier obstacle pour la reconnaissance des droits collectifs qui sont devenus, suivant l’évolution actuelle du droit international – voir la Déclaration universelle de la diversité culturelle de 2001 –, l’instrument juridique privilégié aux mains des minorités pour faire valoir la protection de leur identité et de leur langue.

Certaines élites kabyles, bien que fortement engagées dans les luttes identitaires, se refusent toujours de parler des droits des minorités, et ne se réveillent généralement à cette réalité que dans les cas extrêmes : les agressions symboliques anti-kabyles. C’est, un peu, comme la réaction de la femme qui ne redécouvre sa réelle condition dans la société que lorsqu’elle est humiliée ou battue. Cette ambivalence tire son explication d’une illusion et d’une réalité. D’abord de l’illusion qu’une minorité, aussi forte soit-elle, peut transformer un rôle prépondérant sur le plan politique en un changement profond sur le plan institutionnel, et ensuite d’une réalité que la Kabylie, de par son poids politique et sa proximité avec la capitale, a les capacités avérées d’influer dans les situations de grands bouleversements, comme ce fut le cas durant la décennie noire. Il faut peut-être ajouter à cela l’héritage de sa forte participation dans le mouvement national et la guerre de libération qui fait porter aux Kabyles un continuum patriotique les plaçant quasiment comme des missionnaires dans les luttes démocratiques.

La Kabylie est donc devenue l’expression d’un particularisme qui n’est admis ou toléré qu’à la seule condition qu’il ne s’exprime pas sur le terrain politique. Ce qu’on refuse aux Kabyles, c’est d’abord l’accès à l’Histoire en mettant des barrières idéologiques hostiles à toute affirmation politique spécifique. La Kabylie possède pourtant des structures sociales bien établies avec une culture distincte, une histoire politique spécifique et une base territoriale clairement identifiable à travers l’usage de la langue kabyle.

Le déni des réalités est de considérer qu’il n’y a de Kabyles qu’au singulier et que la communauté kabyle n’existe pas comme une entité ethnoculturelle ayant des valeurs politiques qui la caractérisent et qui la distinguent. C’est pour cela que persiste cette forme de censure, et même d’autocensure en milieux kabyles, dans l’utilisation du concept du peuple kabyle. On lui préfère toujours le mot Kabylie comme si une région pouvait avoir une signification politique dans la négation des citoyens qui la peuplent. La Kabylie sans les Kabyles n’est, sauf à refuser de passer un pont aux ânes, tout juste qu’un territoire, un espace géographique résultant d’un processus géologique lié à la dynamique des plaques tectoniques et aux effets des éléments de la nature.

LA DOMINATION DU NATIONALISME MAJORITAIRE

Ceux qui défendent l’Etat unitaire (jacobin), ce sont généralement les arabophones parce qu’en soutenant le nationalisme d’Etat, ils se présentent comme les défenseurs d’une vision transcendante des particularismes «archaïques» et «rétrogrades» tout en maintenant à leur profit une domination qui ne dit pas son nom sur le plan culturel et linguistique. Mais leur allégeance à l’Etat central n’obéit pas à l’idée républicaine et libérale qui ne veut reconnaître l’individu que dans son rapport à la citoyenneté. C’est plutôt l’expression d’un large courant se réclamant à la fois du nationalisme et l’arabo-islamisme.

En se présentant comme les généreux défenseurs de l’unité nationale, les arabophones, qui forment le groupe majoritaire, ne font que renforcer l’état de domination culturelle qui leur est favorable. Aussi leur rappel au respect de l’unité nationale est moins une demande d’adhésion à un projet national commun qu’une invitation à une assimilation linguistique et culturelle. Pour s’en convaincre, on peut même aller chercher des exemples dans l’histoire : selon Sadek Hadjeres, dans son ouvrage Quand une nation s’éveille, il relate comment la direction du PPA-MTLD s’est opposée à l’expression des chants patriotiques en kabyle !

Et si tous les chefs d’Etat sont issus exclusivement, depuis l’indépendance, voire depuis la création du GPRA, de la communauté linguistique majoritaire (arabophone), ce n’est pas un fait dû a hasard mais tout simplement parce qu’on ne peut dissocier la domination politique de la représentation culturelle majoritaire. L’Etat, présenté comme organisant des rapports strictement égalitaires avec l’ensemble des citoyens, est une mystification et un leurre qui vient profiter au groupe majoritaire. Ceci est valable aussi bien sur le plan culturel que cultuel, et la marginalisation du rite ibadite participe de cette même conception.

A contrario, les voix qui se réclament de la régionalisation ou du fédéralisme ne se font entendre essentiellement que dans les milieux kabyles. Mais en le faisant, ces voix sont, en réalité, dans une stratégie de contournement, et au lieu de poser ouvertement le problème kabyle, elles mettent en avant la nécessité de juste rompre avec le système jacobin. En comparaison, cette stratégie est en net recul par rapport à la démarche poursuivie par les fondateurs du FLN et qui s’est vue confirmée dans le Congrès de la Soummam par l’adoption d’un découpage territorial qui coïncide avec les réalités communautaires de l’Algérie. Quand, au sein de notre mouvement, nous évoquons la question de l’autonomie de la Kabylie, ce n’est pas pour exclure les autres Algériens de l’idée de la régionalisation où s’engouffrer dans une stratégie de ghettoïsation, mais tout simplement pour rester en accord avec le principe d’autodétermination interne.
 
Comme le soutient le politologue multiculturaliste canadien, James Tully, «un membre qui cherche à se voir reconnaître en tant que nation (ou une communauté)… est libre dans la mesure où les possibilités de discussions, de négociations et amendements ne sont pas bloquées, en pratique, par des contraintes arbitraires. La constitution d’une société où sévit un pareil blocage doit être considérée comme une camisole de force ou comme une structure de domination». (Art. «Liberté et dévoilement dans les sociétés multinationales»)

Peut-être pour dédramatiser cet état de fait, il convient de remarquer qu’à chaque fois que l’on se place dans une configuration d’une société plurale, comme c’est le cas de l’Algérie, il est dans la nature des choses de voir des rapports conflictuels entre partisans de la culture dominante et ceux des cultures minoritaires. Ce qui est, par contre, important de signaler, c’est que la dépossession des groupes minoritaires d’un pouvoir institutionnel qui leur est propre est de nature non seulement à maintenir une domination univoque, mais de menacer de disparition leurs langues et leurs cultures.

Il s’agit, alors, d’aller au-delà de la simple reconnaissance identitaire pour lui adjoindre une politique de convivialité communautaire, une politique qui serait fondée sur le respect mutuel. C’est dans la reconnaissance des identités régionales que l’on pourrait considérer la possibilité à l’Etat d’incarner pleinement une nation multiculturelle sachant que le droit à la différence rétablit l’équilibre entre identité et citoyenneté.

Le politologue Stéphane Pierre-Caps invite à distinguer «entre l’unité politique de l’Etat et l’unité nationale. Cette distinction est fort importante, l’unité politique demeure pertinente, essentielle même, en ce qu’elle permet aux diverses communautés nationales de partager un avenir commun là où l’unité nationale cherchait à faire taire les oppositions ou leur rendre la vie difficile». Art. «La multination. L’avenir des minorités en Europe centrale et orientale».

LE VIVRE-ENSEMBLE PAR LE FéDéRALISME

Il faut donc repenser la nation algérienne, en sortant du seul cadre de référence par lequel on l’a légitimée jusqu’à présent. Le Mouvement national et la Guerre de libération ne peuvent, à eux seuls, rendre compte de sa profondeur historique, sans quoi on serait forcé d’admettre que les Algériens se sont réveillés à l’existence de leur nation que sous l’effet de la colonisation et donc, antérieurement à 1830, elle n’avait jamais existé, comme l’avait soutenu Ferhat Abbas à ses débuts. C’est sur cette ambiguïté que certains révisionnistes, notamment leur chef de file, Bernard Lugan, travaillent pour soutenir que l’Algérie est une création française. Ce travail de trituration de l’histoire est de la même veine que celui mis en avant par cet avatar politico-idéologique se réclamant de novembria-badissia.

Parce que chacune des démocraties de longue durée opérant dans une nation multilingue et multiculturelle est Etat fédéral ou régionalisé, il convient d’ouvrir un débat sérieux sur le fédéralisme ou la régionalisation car ces deux conceptions n’auront aucune portée si elles sont circonscrites seulement dans la simple réforme de l’Etat. Il convient, en parlant de fédéralisme, de distinguer entre deux formes de fédéralisme : le fédéralisme territorial et le fédéralisme multinational ou ethnoculturel. Le premier correspond aux cas de figure des nations homogènes culturellement, comme c’est le cas de l’Allemagne et des Etats-Unis ; le deuxième correspond aux nations multiculturelles ou multinationales comme c’est le cas de la Belgique, l’Inde, la Suisse, etc.

Les bienfaits du fédéralisme dans la participation démocratique des citoyens n’est plus à démontrer, et les succès sur le plan économique sont largement attestés, mais le plus grand apport du fédéralisme reste sans conteste sa capacité à gérer la diversité culturelle et linguistique, tout en évitant les tentations sécessionnistes. En effet comme le soutient Alain Gagnon, «le fédéralisme permet de renforcer l’exercice démocratique en redistribuant les pouvoirs, en encourageant la participation des citoyens et en contribuant à accommoder les nations minoritaires au sein des institutions. L’implantation du fédéralisme contribue ainsi à raffermir le libéralisme procédurier en mettant en valeur l’apport des communautés plutôt qu’en ciblant uniquement les citoyens». (La Raison du plus fort – Plaidoyer pour le fédéralisme multinational).

Bien sûr, on ne peut parler de fédéralisme et occulter que ce système n’élimine pas totalement les conflits communautaires. Cependant, ce que l’on peut assurément soutenir, c’est que, dans un système fédéral, la recherche et la réalisation de compromis pour maintenir le vivre-ensemble sont non seulement possibles, mais ils participent de l’exercice démocratique puisqu’ils se présentent comme des modalités permettant d’éviter la domination au nom de la loi de la majorité.

La transition démocratique qui s’annonce, en dépit de toutes les contradictions et des contrariétés auxquelles elle doit faire face, doit intégrer tous ces défis politiques pour aller vers une Algérie nouvelle, totalement réconciliée avec son histoire, sa diversité culturelle et ses réalités communautaires. Le changement de système ne peut être un vrai changement que s’il met fin à l’esprit de domination politique. Le mouvement du 22 février, pour être une véritable révolution, ne doit pas en rester dans le sourire mais une matrice féconde d’une nouvelle nation.

 

Par Hamou Boumediène , Coordinateur du RPK 

03 SEPTEMBRE 2019 

https://www.elwatan.com/edition/contributions/oser-la-diversite-pour-construire-lalgerie-federale-03-09-2019

 

 

Rédigé le 06/09/2019 à 20:13 dans Guerre d'Algérie | Lien permanent | Commentaires (0)

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