stance londonienne connue pour ses analyses et ses conseils, The Economist Intelligence Unit (EIU), Alger serait une des villes les plus invivables au monde. Ce travail se base sur des critères précis et classe 140 villes du monde selon le niveau de vie qu’elles offrent à leurs résidents.
Notre orgueil peut être titillé, voire choqué, par ces nombreuses appréciations négatives que nous renvoient à la figure ces études internationales cycliques, souvent aléatoires mais parfois sérieuses. Que le périmètre urbain dans lequel on vit – si mauvaisement surnommé «Alger la Blanche» – soit à ce point repoussant et pénalisant pour les Algérois nous rappelle à l’ordre. A la lecture de la nomenclature qui a sous-tendu la base de calcul de cette analyse, l’on ne peut qu’accorder, tout orgueil retenu, du crédit à la mauvaise qualité de vie qui sied à cette ville, bouclée par une quantité record de barrages filtrants de la police ou de la gendarmerie. Une preuve que la menace terroriste n’est pas estompée totalement. A moins que cette présence accrue du personnel sécuritaire, qui désappointe fortement la population algéroise et les visiteurs, soit une forme de pression sur les habitants pour parer, dit-on, à toute velléité de manifestation politique et sociale…
La criminalité, le niveau de corruption, la qualité des services, l’habitat et les infrastructures ont réellement conditionné la mauvaise posture de notre capitale au niveau de ce classement. Cette ville a été défigurée au fil du temps par un urbanisme aux antipodes de l’esthétisme et éloigné des normes de construction standards. Cités-dortoirs insalubres, bidonvilles et constructions inachevées où dominent le rouge brique et le gris béton sont devenus légion non pas uniquement à Alger, mais aussi dans toutes les villes et villages d’Algérie. Les infrastructures dans la capitale ont reçu également une mauvaise note. Depuis l’indépendance, seuls un tunnel (Oued Ouchayeh) et quatre ou cinq trémies ont été construites. La fluidification de la circulation automobile, très dense intra muros, demeure une chimère.
La mauvaise qualité de l’éducation et la faiblesse des télécommunications altèrent également, selon l’étude, la qualité de vie de l’Algérois. De ce point de vue, nous n’allons pas nous voiler la face et soutenir que nos enfants bénéficient des meilleures formations scolaires et universitaires et que nous sommes à la pointe des technologies de l’information et de la communication (TIC). Voyez le débit sous contrôle d’internet…
La qualité des services n’est pas en reste. Pour constituer un dossier ou régler un problème administratif, la bureaucratie vous rend le quotidien difficile.
Côté culture et loisirs, personne ne niera le fait que la capitale est très peu dotée en infrastructures viables. Un théâtre et un opéra avec une programmation de spectacles très fragmentée, plus de salles de cinéma et très peu d’animations artistiques. Que font les Algérois le soir ? Ils n’ont pas d’autre choix que de rester chez eux même en période de canicule…
Alors, Alger invivable ? Oui, aujourd’hui sans aucune hésitation. Car s’il fallait interroger ses résidents d’un certain âge, ils vous envelopperont dans la nostalgie des précédentes décennies où notre capitale faisait leur fierté et d’où ils ne voulaient jamais s’exiler : belle et avenante, propre et lumineuse, bigarrée et agréable, chacun trouvait son compte dans la convivialité et la tolérance. Les jeunes, par contre, vous diront que c’est une ville aimée d’entre toutes, mais qui ne leur offre aucune valeur attractive. Pis, ils se voient ailleurs, là où ils pourront mener une vie «normale»…
Alger est classée à la 132e place dans le classement des villes selon la qualité de vie qu’elles offrent, légèrement mieux que Douala au Cameroun (133e avec un score de 44,0 sur 100) et pire que Dakar au Sénégal classée 131e avec un score de 48,3 sur 100.
Ce classement prend en compte le niveau de vie dans ces villes objet de l’étude, la criminalité, la menace terroriste, la stabilité, les conflits sociaux, le système de santé, les facteurs environnementaux, le niveau de corruption, le niveau de censure et de liberté de la parole, la vie culturelle, la qualité de l’alimentation, la qualité des services, la qualité de l’éducation, les infrastructures, la qualité des télécommunications et l’habitat.
Les pays européens sont très peu présents dans ce classement. On retrouve d’ailleurs Copenhague et le Danemark, dans le top 10 des villes les plus agréables.
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