" Tout mon soutien à la famille de Naël, à ses proches, ses ami.e.s et à tous les enfants de ces quartiers pris pour cible par une police et un pouvoir qui agissent presque en toute impunité et avec un racisme qu’ils ne cachent même plus. Honte à eux" . Pour rappel, au cours de l’année 2022, 13 personnes ont été tuées dans le cadre de contrôles routiers après des refus d’obtempérer. Un record. Dernière personne tuée lors d’un simple contrôle routier suivi d’un refus d’obtempérer, un jeune lycéen âgé de 17 ans. Naël C. a été tué par un policier mardi 27 juin à Nanterre (Hauts-de-Seine) au volant de la voiture qu’il conduisait. «Ils ont tiré sur le cœur. Il n’a que 17 ans, mon petit-fils. C’est eux qui l’ont tué ! Il était lycéen et voulait faire de la mécanique», a témoigné la grand-mère de la victime.En France, depuis plusieurs décennies, comme ne cessent pas de le dénoncer de nombreux avocats et associations, tout se passe comme si l’abolition de la peine de mort au plan judiciaire a été remplacée par le permis de tuer accordé auxpoliciers. C’est ce qui s’appelle la justice meurtrière expéditive. Répétitive. Sans délibération.
Ni condamnation. La justice du pistolet. Le verdict des balles guillotineuses. En particulier, quand il s’agit de jeunes issus de l’immigration. Au reste, apparemment, le jeune Naël abattu par le policier serait d’origine algérienne.et les crimes policiers impunisSans nul doute, ces dernières années, au nom de la «légitime défense d’Etat», initialement dans le cadre de la «lutte contre le terrorisme», puis de la gestion sécuritaire de la pandémie de Covid-19, on assiste à une extension significative des pouvoirs de la police. Cet accroissement exponentiel des pouvoirs de la police, symbolisé par le droit d’usage des armes, a été acté par l’adoption de la loi du 28 février 2017 autorisant les policiers à tirer, après sommation, sur des personnes en fuite. Comme le dénoncent de nombreux avocats et associations, il s’agit ni plus ni moins que d’un blanc-seing octroyé aux policiers. D’une forme déguisée d’absolution des crimes policiers.Au reste, le mardi 27, BFM TV et Cnews se sont relayées toute la journée pour justifier la mort de Naël dans une surenchère rhétorique réactionnaire. Les journalistes n’ont pas cessé d’évoquer les «antécédents judiciaires» du jeune lycéen Naël pour l’accabler, justifier son «exécution». Comme si c’était un criminel en cavale. Or, il est connu des services de police pour uniquement conduite sans permis et refus d’obtempérer.Cela étant, cette inversion accusatoire est favorisée par la propagande médiatique et étatique qui propage le discours raciste faisant l’amalgame entre immigration et délinquance, massivement répandu par l’ensemble de la classe politique française, et le discours de mépris de classe faisant l’amalgame entre classe populaire et déviance, «classes laborieuses et classes dangereuses», théorisé par l’historien Louis Chevalier dans son livre éponyme publié en 1958.
Les Algériens des bidonvilles de Nanterre massacrés
Les exactions policières et les crimes policiers sont ainsi ancrés dans la culture de la gouvernance de l’Etat français, actuellement en voie de radicalisation répressive. Le peuple algérien porte encore les stigmates des répressions et tueries subies durant 132 ans, perpétrées singulièrement par la police française, en particulier durant la Guerre de libération, entre 1954 et 1962. En effet, huit ans durant, le peuple algérien fut victime de ratonnades, de bastonnades, de chasse aux faciès, d’arrestations arbitraires, de torture, d’emprisonnement, d’exécutions sommaires, de pogroms, commis en toute impunité par la police française, notamment à Paris le 17 octobre 1961." Pour conclure, je présente à nouveau toutes mes affligées condoléances à la famille de Naël, fauché dans la fleur de l’âge par les balles de la police française ".
Pour rappel, la ville de Nanterre, où a été exécuté le jeune Naël, est connue pour avoir hébergé des bidonvilles habités principalement par les Algériens. A la fin des années 1950, plus de 10000 ouvriers algériens logeaient dans des baraquements de tôle à Nanterre. Or, ce jour-là, le 17 octobre 1961, les habitants des bidonvilles décident de manifester dans les rues de Paris contre le couvre-feu imposé quelques jours plus tôt par la préfecture de Paris. La manifestation pacifique est organisée par le FLN. La réponse policière sera terrible. Des dizaines d’Algériens, peut-être entre 150 et 200, sont exécutés. Certains corps sont retrouvés dans la Seine. Les historiens s’accordent à reconnaître qu’il s’agit d’un des plus grands massacres de l’histoire contemporaine de l’Europe occidentale.
par la police française.
De nos jours, ce sont désormais les populations immigrées de confession musulmane, issues majoritairement des anciennes colonies françaises, qui sont considérées comme des catégories culturellement dangereuses, sociologiquement violentes, religieusement inadaptables, donc vouées à être contrôlées, surveillées, réprimées, voire impunément tuées, notamment par la police.
Or, le jeune homme, toujours lycéen, est décrit comme «un garçon adorable» par une voisine. «C’était une crème», a-t-elle confié au Parisien, précisant que Naël était le seul enfant de sa mère. En tout cas, la grand-mère de Naël ne décolère pas, et dénonce le gouvernement Macron. «Mon petit-fils est mort, ils ont tué mon petit-fils. Je ne suis pas bien du tout, je suis contre le gouvernement. Ils ont tué mon petit-fils, maintenant je m’en fous de tout le monde, ils m’ont pris mon petit-fils, je ne leur pardonnerai jamais de la vie, jamais, jamais, jamais», a fustigé la grand-mère de la victime.
De fait, historiquement, notamment en France et aux Etats-Unis, imprégnés par un racisme ethnique et social, la légitime défense, véritable meurtre dit défensif, fut toujours une cause d’irresponsabilité pénale accordée à certains individus au détriment d’autres, en vertu de leurs caractéristiques sociales ou statut professionnel supérieur ou étatique. Notamment aux policiers. Aux nantis, les hommes blancs des classes privilégiées, quand les victimes appartiennent aux classes défavorisées, particulièrement les populations issues de l’immigration, continuellement marginalisées, réprimées ou ostracisées. Ou accusées d’islamistes, voire de terroristes, quand elles sont de confession musulmane, pour légitimer leur répression – leur meurtre. Une cause d’irre
sponsabilité accordée également aux policiers en intervention, auteurs d’exactions comme d’homicide.
La France est ainsi, ces dernières décennies, rythmée par les violences policières et les crimes policiers. Dans cette période de crise multidimensionnelle et de délégitimation gouvernementale, marquée par l’exacerbation de la lutte des classes, l’Etat français protège et couvre de manière générale les policiers, son dernier rempart. La politique du gouvernement, en matière de répression, vise, quoi qu’il arrive et quoi qu’il en coûte, l’absolution des violences policières systémiques, illustrée notamment par l’impunité dont bénéficient les policiers, auteurs d’exactions ou d’homicide.
La France rythmée par les violences policières
Le policier a été placé en garde à vue pour «homicide volontaire», a indiqué le parquet de Nanterre. Par ailleurs, une seconde plainte pour «faux en écriture publique» sera déposée à l’encontre des policiers «qui ont affirmé que le jeune homme avait tenté de commettre un homicide sur leur personne en tentant de les percuter», ce qui, selon l’avocat de la famille, Yassine Bouzrou,
est «formellement démenti» par le visionnage de deux vidéos.
Ainsi, l’inauguration du second mandat du locataire de l’Elysée, au premier mandat marqué par une politique répressive de tous les mouvements sociaux, notamment des Gilets jaunes, s’amorça-t-il sous les violentes rafales des balles meurtrières policières… Nous n’avons jamais oublié tous ces bras arrachés, tous ces éborgnés.
Depuis un certain temps et de façon régulière, beaucoup, militants politiques, intellectuels, parents de détenus, journalistes, écrivains ou citoyens lambda, reprochent à l’écrivain Yasmina Khadra de se réfugier dans sa bulle d’esthète adepte de phrases bien ciselées, de se comporter comme un dieu trônant en son Olympe, ignorant les souffrances des simples mortels.
Ces Algériens en butte aux atteintes multiples à leurs droits de citoyens dans un pays piégé par une autocratie sans contrepoids se glorifiant de réduire les libertés publiques, de museler la presse, les militants et les opposants autonomes en usant indûment du glaive de la justice.
Dans un post publié sur sa page Facebook, l’auteur du roman Les Vertueux répond avec la même verve. Incisif et sûr de lui, avec des mots qui vont droit au cœur de leur cible, il répond à tous ses contempteurs qui lui reprochent son silence à qui dit qu’il ne s’est jamais dérobé à son devoir d’indignation.
« J’ai constaté que l’indignation est le moins élégant des aveux de faiblesse. Ecrire pour ruer dans les brancards, pour faire des vagues dans sa baignoire, pour se disculper et ranger au placard les risques du métier, cette papelardise claironnante ne sied pas à ma personne », dans un post sous forme de mise au point.
« ONG, RSF, intellectuels de chez nous ou d’ailleurs, parents de détenus, journalistes, détracteurs, écrivains, militants des causes perdues, opposants, déposants, imposants, vous êtes des centaines à m’apostropher tous les jours, à me solliciter, à me reprocher mon « silence », à penser que je suis capable de raisonner les plus bornés et de rendre justice aux opprimés, bref à me renvoyer à mes responsabilités et à la portée de ma voix en mesure, semble-t-il, de rappeler à l’ordre ceux qui abusent de leur autorité. Je vais vous dire pourquoi vous avez tout faux.
D’abord parce que nombre d’entre vous ignorent que je n’ai pas arrêté, depuis des années, de déplorer les dérives politico-judiciaires qui éloignent inexorablement notre pays, l’Algérie, de la normalisation de notre quotidien, seule garante d’un véritable renouveau.
Ensuite, parce que j’ai constaté que l’indignation est le moins élégant des aveux de faiblesse. Ecrire pour ruer dans les brancards, pour faire des vagues dans sa baignoire, pour se disculper et ranger au placard les risques du métier, cette papelardise claironnante ne sied pas à ma personne.
Je suis l’enfant du Sahara et je suis mieux placé pour certifier que prêcher dans le désert est la plus stupide manière de se faire violence. Car, voyez-vous, si les murs ont des oreilles, certaines têtes n’en ont pas. A quoi ont servi mes tribunes, mes mises en garde sur les plateaux de télé, mes appels à la raison sur les rares espaces médiatiques que l’on me concédait ? A pas grand-chose. Lorsqu’on n’a pas un interlocuteur attentif, on soliloque et on se surprend à s’attendrir sur son sort.
Pour quelqu’un qui a passé trente-six ans dans l’armée, vingt-cinq ans dans les unités combat et sur les frontières, huit années de guerre anti-terroriste, qui a redouté le pire pour notre nation, vu tomber des braves et des innocents, des héros et des badauds, pleurer des veuves et des orphelins tandis que d’autres nations crachaient dans nos larmes, il a du mal à croire que nous puissions oublier de ce que nous avons enduré sous le joug colonial et durant l’effroyable décennie noire. Comment admettre que l’Algérie renoue avec les abus après de tant de martyres et de vaillance, que l’on emprisonne des personnes pour leurs opinions, que l’on arrête à tort et à travers toute mine qui ne revient pas au strabisme des juges et des décideurs.
Pourtant, il suffit d’un minimum de présence d’esprit pour que nos stèles redeviennent des repères probants, pour que les horizons floutés recouvrent nos rêves et nos ambitions d’antan. Il suffit surtout de comprendre que la violence peut vaincre sans convaincre et que la sagesse peut convaincre sans qu’il y ait de vaincus, qu’on ne dresse pas un peuple, qu’un peuple on l’élève pour que l’étendard, l’hymne et les clameurs gaillardes aient du sens.
Dénoncer l’intolérable ne minimise pas ses dégâts. Là où il n’y a pas de justice, il n’y aura ni liberté ni dignité, et aucune nation au monde ne peut prétendre à son salut sans ces deux impératifs. L’Algérie ne grandira que lorsque nous aurons grandi. Etre grand, c’est savoir qu’il existe des causes plus grandes que soi et que pour atteindre les sommets, on doit commencer par s’élever dans sa propre estime.
Avec Nina Bouraoui : "Une vue d'avion du site de Tipaza pour l'alliance romantique des pierre et de la nature"
Nina Bouraoui
La mer émeraude, verte, blanche, les rochers... L'écrivaine a choisi une image aérienne anonyme du site archéologique algérien. Elle est touchée par sa lumière, sa poésie, son histoire, et sa précarité. Le site, décrit par Camus dans "Les Noces" réunit nature et vestiges antiques, est le point de départ de son écriture
Nina Bouraoui : "L'image que j'ai choisie est une image du site romain de Tipasa situé à 60 km d'Alger. J'ai une photo d'enfance dans les bras de mon père au milieu des ruines que j'ai postée sur Instagram. Mais l'image dont je parle, c'est une image que j'ai cherchée sur Internet et que j'ai fait mienne parce qu'elle est étrange. Elle est vue d'avion. Je ne sais pas qui l'a prise. Je ne sais pas d'où elle vient. C'est une image anonyme. Tant mieux. J'ai décidé que c'était la mienne. Elle est toujours dans mon téléphone et je les ai beaucoup regardées ces derniers temps.
Cette image me fait voyager parce que le site romain jouxte une plage en contrebas
Il est construit sur des rochers et je me suis beaucoup promené enfant.
Pour moi, c'est la rencontre de la grande mélancolie de l'histoire passée, de la beauté algérienne et aussi de la grande liberté, car ce site est accroché à des rochers.
Tipaza en arabe, c'est le lieu de passage
À Tipaza, les marins s'arrêtaient pour se ravitailler, pour se reposer. Dans ce site, il y a des villas, où il n'y a plus que les fresques, mais on sait où est la chambre, ou le salon.
Le lieu a été décrit par Camus dans Les Noces. Je l'ai souvent décrit comme une matrice, comme l'origine de mon écriture, parce que tout est réuni : la lumière, la poésie, l'histoire, le passé, le vertige du passé, le vertige aussi de la précarité.
Justement, nous sommes aussi de passage, comme à Tipaza
Mon écriture vient de là et j'ai beaucoup écrit sur Tipaza.
Alors, cette image, on voit les ruines, on voit la mer émeraude, verte, blanche, on voit la dentelle des rochers. On peut observer ce qui est intéressant tout autour des vestiges romains : une végétation très dense que Camus a très bien décrite, des fleurs, des palmiers, des broussailles. Ici, l'histoire et la nature ne font qu'une. Et c'est ce qui est très beau, très romantique et me fait voyager."
C’est en lisant ses mémoires* que j’ai enfin compris pourquoi Yacef Saâdi ne fait pas l’unanimité. Non pas sur son rôle dans la Révolution, rien à dire, c’était un grand combattant, u authentique résistant, qui serait devenu un mythe s’il était mort.
Mais pour son bonheur, il est encore l’un des rares survivants qui écrit, ou plutôt il se fait écrire, des mémoires, où il se donne maladroitement la part du lion en attaquant certaines figures légendaires telle celle de Abane Ramdane qui a refusé de le recevoir et à qui il conseille de se ressaisir, ou bien en traitant les éminents membres du CCE (Comité de coordination et d’exécution) qui ont quitté la capitale pour l’étranger à la fin de la Bataille d’Alger, de lâches ! Oui, vous avez bien lu : lâches !
Il ne conçoit de bravoures que chez les combattants de l’intérieur. Il n’a pas sa langue dans sa poche l’ex-chef de la ZAA. Tout aussi désolant : il minimise à l’excès le rôle des poseuses de bombes. C’est à peine s’il cite leurs noms alors qu’il les a toutes connues, partagé avec elles le sel de la Révolution et ses risques. Dommage. On aurait aimé connaitre le timbre de la voix de Hassiba Ben Bouali, les rêves de Hassiba, le cœur de Hassiba… Heureusement que Zohra Drif a pallié ce manque dans ses mémoires.
Plus étonnant encore, Yacef Saâdi est d’une cruauté terrible avec Samia Lakhdari l’héroïque poseuse de bombe de la Cafétéria, qu’il traite de lâcheuse pour avoir quitté le groupe pour se marier et partir à l’étranger avec son mari, dont il dit avec une pointe d’acrimonie, qu’il est devenu ambassadeur à l’indépendance alors qu’il refusait que sa fiancée s’adonne à ce jeu dangereux qu’est la guerre ! C’est à peine s’il ne qualifie pas, mari et femme, de traitres, mais c’est tout comme.
Si le rôle des femmes est minimisé – et Daniele Djamila Amrane Minne n’a pas manqué, elle aussi, de pointer ce travers dans son livre « Les femmes algériennes et la guerre » – en revanche sur les hommes il est prolixe : Ben M’Hidi, Ali La Pointe, Petit Omar, et même le traitre Guendriche Hacène a eu droit à sa part de mots. Machiste Yacef Saâdi ? On ne sait pas, ce qui parait certain, en revanche, c’est qu’en tant qu’ex-patron, il veut avoir tout l’espace, tous les honneurs, ne concédant qu’aux morts une part de gloire et d’héroïsme.
Aux rescapées femmes la part de l’ombre, celles de comparses. Ce n’est pas comme ça qu’on écrit l’Histoire, mais c’est comme ça, sans aucun doute, que chacun écrit son histoire avec sa part de subjectivité qui est la somme de toutes les frustrations, de toutes les déceptions et de toutes les passions. Ceci dit, tout cela ne doit en rien diminuer de la qualité et de la bravoure de Yacef Saâdi le combattant, l’intrépide chef de la ZAA. À notre sens, le lecteur doit juger un combattant non sur ce qu’il dit – souvent la rhétorique n’est pas l’art des combattants – mais sur ce qu’il a fait. On peut être méchant et égoïste ici, grand et brave là.
Abane Ramdane refuse de recevoir Yacef Saâdi
Mémoires incontournables pour celui qui veut connaitre de l’intérieur la Bataille d’Alger et ses hommes, ils auraient gagné en épaisseur et en lisibilité si l’auteur ne s’était pas fourvoyé dans l’analyse de la politique française. Là où une page aurait suffi pour la compréhension du contexte, nous avons droit à des chapitres entiers. Quant au style emphatique et même ampoulé ce n’est vraiment pas celui qui sied à un combattant dont on attendrait une narration simple, claire et directe. Peut-être que celui qui a tenu la plume a cru bien faire en donnant un vernis précieux au livre, en tous les cas, il n’a pas rendu service à Yacef Saâdi dont les collaborateurs, Zohra Drif en tête, ont loué la chaleur, le dynamisme et la sympathie. Tout ce que ne dégagent pas ces mémoires qui dessinent, en creux, le portrait d’un homme infaillible, égocentrique, une sorte de Rambo devant lequel doivent plier même les chefs militaires de l’insurrection.
Ainsi, dès le départ il prend la mouche à cause du fait que Abane ne veut pas le voir. « Il (H’didouche) ne comprenait pas pourquoi Abane Ramdane avait résisté au désir de me rencontrer. De même que je fus à mon tour ulcéré par une attitude aussi vite tranchée. Le colérique Abane avait ses petites manies. Le plus saillant trait de son caractère était la méfiance. Son comportement risquait de décourager plus d’une recrue à rejoindre nos rangs ».
On a bien aimé : « Abane avait résiste au désir de me rencontrer… » Yacef se croyait-il irrésistible ? Terrible l’égo d’un homme, tout juste sorti de prison, qui s’est jeté dans la Révolution en espérant qu’aucun chef ne le rejette. Mais voilà qu’Abane ne juge pas utile de le rencontrer pour étudier ensemble l’organisation du secteur militaire du Grand-Alger. Cette blessure d’amour propre polluera son jugement sur Abane tout au long de ces mémoires. En revanche, Krim Belkacem qui acceptera de le voir aura droit à un jugement bienveillant.
Ayant une haute idée de lui-même, Yacef n’était pas, il est vrai, un jeune blanc-bec. À son actif il avait déjà une belle carte de visite dans le militantisme. En effet, dès les années quarante, il était déjà militant du PPA-MTLD, avant d’être versé dans l’OS (l’Organisation secrète). Promu instructeur militaire, il enseigna le BABA de l’art militaire en s’inspirant, comme il dit, du « manuel du gradé ». Fils de la Casbah où son père possédait une boulangerie, il connaissait la vieille cité mieux que sa poche. Il le dit sans fausse modestie : « Mon premier acte en milieu clandestin fut de mettre à profit ma profonde connaissance de la Casbah pour recenser les possibilités que la vieille ville pouvait offrir en matière de cachettes, de boite à lettres, de liaison et autres relais de communication ».
Dans un deuxième temps, il décida de se pencher sur le milieu de la pègre dont la détestation du colonisateur était manifeste : « Chacun brulait du feu sacré de la flamme du patriotisme même si, aux yeux de la population, ils passaient pour de vulgaires malfaiteurs ». Et c’est dans cette faune qu’il fit la connaissance d’un dur : Ahmed Chaib dit le « Corbeau » dont le magnétisme l’a conquis. Et c’est grâce au précieux « Corbeau » enrôlé dans les rangs de la guérilla qu’il fit une connaissance déterminante : celle de Ali Ammar surnommé le maçon à cause de ce métier qu’il a exercé quelque temps. Cet homme a un surnom qui fait désormais partie de nos mythes : « Ali La Pointe ».
Prenons un extrait du long portrait que lui consacre l’auteur, celui de leur premier contact : « Il était, en effet, comme on me l’avait décrit : liant et débordant de fraternité. Sa calme démarche trahissait une absence certaine d’hésitation. Le soir même je lui désignai un mouchard, boulevard Victoire, qu’il abattit sans hésiter. À partir de ce moment son ascension dans l’ALN sera fulgurante. Mais il ne fut pas le seul à s’engager dans le combat. D’anciens membres de l’OS, quelques messalistes fraichement reconvertis et des hommes, dits des bas-fonds, au cœur pur, formèrent les premiers groupes armés ».
Comme le milieu était infesté de traitres à la solde du colonisateur et du MNA (Mouvement national algérien) de Messali Hadj qui cherchait à noyauter le milieu pour l’opposer au FLN, décision fut prise d’éliminer tout opposant et tout élément subversif. C’est avec la rencontre de Salah Bouhara qui a pu mettre sur pied une équipe de militants dans les quartiers de Hussein dey, Belcourt et Ruisseau, que Yacef, heureux de cet apport, esquissa pour la première fois ce qui devait être l’organigramme de l’organisation militaire.
À cette époque (1956), il ne disposait en tout et pour tout que de deux mitraillettes en bon état et de quelques pistolets dont certains étaient rouillés. Écoutons Saâdi : « Sur un organigramme dessiné sur une feuille de papier je lui (Bouhara) indiquais que le chef de section ne devrait pas éprouver de difficulté majeure à communiquer ses instructions aux militants de base. J’attirais son attention sur le fait qu’une section de combat aurait la forme d’une pyramide composée d’une série de triangles superposés. À la tête de chacune de ces figures géométriques il y aurait un responsable militaire et trois adjoints, ces derniers ne se connaissant pas entre eux. Chaque adjoint recrutera, sur la base de l’aptitude, un homme qui, à son tour, choisira deux autres fidaïs pour former deux autres groupes. Et ainsi de suite. L’opération étant appelée à se répéter jusqu’à la constitution complète d’une section, autrement dit, trente hommes répartis, trois par trois, en deux groupes, quatre cellules ou huit demi-cellules ».
Saâdi précisera que le cloisonnement était tel que les combattants qui étaient parfois de vieux amis ignoraient mutuellement leur appartenance aux groupes armés. Et c’est grâce à cette organisation que même la terrible torture de la« gégène » ne pouvait tirer que le minimum des prisonniers qui y étaient soumis. Seul Yacef Saâdi était maitre de l’organigramme et des horloges, car c’était lui qui décidait, à de rares exceptions, des cibles visées.
Taleb Abderrahmane, le père des bombes
Les exécutions par armes blanches, mitraillettes ou pistolets n’ayant pas un très grand impact sur la population européenne dès lors qu’elles ne visaient que des cibles précises et limitées, le chef de la ZAA et son équipe décidèrent de passer à une autre étape autrement plus impactant : les bombes. En fait, sans faire de l’esprit on peut dire que Saâdi n’a pas inventé la poudre, il ne fait que « copier » le colonisateur : « L’idée de bombes nous vient de l’adversaire. (…) Depuis le mois de mars ils en sont à plus de trente charges explosives. La dernière en date, rue de Thèbes, a fait plus de soixante-dix morts sans compter les blessés ».
Mais comment fabriquer des bombes sans artificier ? Voilà que H’didouche, décidément très précieux, lui présente une autre personne appelée à figurer dans notre panthéon : Taleb Abderrahmane, un étudiant en chimie, surdoué, mais bloqué dans ses études à cause de sa condition de colonisé : « Au cours de l’entretien je l’assurai de mon appui à condition qu’il réalise un travail qui aurait des résonances identiques sinon supérieures à celles du camp d’en face. (…) La bombe naquit le 22 août 1956. Le 28 septembre Taleb achevait la mise au point de trois bombes de trois kilos chacune. Il ne nous restait plus qu’à mettre « le feu aux poudres » ».
Ne restait plus qu’à trouver les poseuses qui devaient avoir un profil de type européen sinon un look moderne susceptible de leur permettre de passer inaperçues. Voici le premier contact de Saâdi avec trois jeunes filles volontaires sélectionnées par l’équipe de H’didouche. « Samia Lakhdari semblait la plus âgée. Elle confia qu’elle était sur le point de finir ses études de droit, assurément pour ne pas faillir à la tradition familiale. Zohra Drif paraissait plus jeune qu’elle. Elle aussi suivait la même filière à la « Fac » pour des raisons similaires ; Mais la grève des étudiants avait tout remis en cause. Samia a été recrutée par Abdallah Kechida pour le compte des réseaux politiques. Généralement on destinait les femmes aux services sociaux de la zone. Exceptionnellement Drif et Samia avaient préféré l’action. Une troisième : Djamila Bouhired. Elle était née à la Casbah une vingtaine d’années plus tôt ; Elle sortait du même moule que les enfants des quartiers pauvres. À sa naissance il était écrit qu’elle n’irait pas à l’université. Elle parlait toutefois correctement le français ». Présentation sommaire de trois femmes, trois héroïnes, qui vont risquer leurs vies.
Les filles étaient nerveuses nous dit le narrateur qui essaya de les calmer en les sensibilisant sur la portée héroïque de leurs actes : « Je ne vous cache pas que c’est la première fois que nous recourons aux bombes pour renforcer nos capacités d’intervention. Je pense qu’avant de vous engager dans cette entreprise vous avez murement réfléchi aux conséquences. Il serait superflu de vous raconter ce que j’ai vu à rue de Thèbes. Nous devons prouver à notre peuple que nous sommes en mesure de répondre efficacement aux provocations. Souvenez-vous de la barbarie qui s’est abattue sur le nord-constantinois en 1945… ».
Saâdi ayant demandé aux trois femmes si elles avaient des objections à formuler, l’une d’elles (dans son livre Ted Morgan désignera Samia Lakhdari) il s’entendit répondre par l’une d’elles, « -Mais dans ces endroits, il n’y a pas que des militaires. Il y a aussi des civils, des femmes, voire des enfants ». Le narrateur répondra en administrant un véritable cours sur les massacres du colonialisme qui n’a épargné ni enfants, ni femmes. La mise au point faite, il précisera qu’il avait fixé les horaires des attentats pour chaque cible : dix-huit heures vingt-cinq le Milk Bar, dix-huit heures trente la Cafétéria de la rue Michelet et dix-huit heures trente-cinq le terminal d’Air-France dans l’immeuble Maurétania.
Dans son livre « Mémoires d’une combattante de l’ALN », Zohra Drif battra en brèche cette version d’une Lakhdari ayant quelques vagues à l’âme :
« El Kho » (Yacef) : es-tu toujours prête à être versée dans les groupes armés ?
– Samia : Bien sûr. Cela a toujours été notre souhait et notre message, à Zohra et moi. Puis-je parler de tout cela à Zohra ? Vous connaissez certainement Zohra, ou la sœur Farida si vous préférez.
– El Kho : oui, tu peux lui en parler. Mais comprends bien qu’il s’agit de bombes et de volontaires de la mort.
– Samia : j’ai bien compris. Nous sommes d’accord. Que dévons-nous faire ? ».
On voit une femme décidée et volontaire que nul doute n’effleure. Alors qui dit vrai, Morgan et Yacef ou Drif ? Relevons que Morgan a dû beaucoup piocher dans ces mémoires alors que Drif n’était pas témoin directe, mais probablement informée par Lakhdari. En tout les cas, il nous parait fort peu probable qu’une femme qui décide d’elle-même, sans contrainte aucune, de déposer une bombe éprouve quelques réserves. Si elle s’est portée volontaire pour cette forme de combat où elle risque sa vie, c’est qu’elle a réglé, au préalable, toutes les questions de conscience.
À chacun de croire la version qui lui sied.
Samia Lakhdari une héroïne malmenée
Inutile de revenir sur les attentats à la bombe. La version racontée par Yacef Saâdi est la même que celle de Zohra Drif avec quelques nuances sans grande importance. Ce qu’on retient, en revanche, c’est le retrait du combat de la poseuse de bombe, de la Cafétéria, Samia Lakhdari. Ce qui lui vaudra ce commentaire acide de son ex-chef : « Dans l’intervalle Samia Lakhdari exprima le désir d’’être déliée de son engagement en arguant que son fiancé -Salah Bey- estimait trop dangereux de la voir évoluer dans ce jeu de massacre. Sa collaboration étant volontaire, il m’était impossible de la retenir. Son départ en Suisse lui offrit l’occasion de se marier avant de regagner la Tunisie en compagnie de toute sa famille, en attendant la fin de la guerre ». Une planquée, quoi.
Dans son livre, déjà cité, Zohra Drif apporte un autre éclairage tout en rendant hommage à l’engagement de cette héroïne ainsi qu’à toute sa famille : « Samia s’ouvrit à moi en chuchotant : je n’ai que deux mois et demi au maximum à partager avec vous. Si Dieu me prête vie d’ici là, je dois me marier le 24 décembre. La date a été définitivement fixée comme tu le sais et je ne peux la repousser vu que je l’ai déjà reportée par deux fois. Même Mama Z’hor ne veut rien entendre. Elle qui est notre complice, engagée corps et âme à nos côtés pour l’indépendance de notre pays, m’a juré qu’elle se tuerait si jamais le mariage n’avait pas eu lieu le 24 décembre. Elle dit que mon père et mes frères en mourraient de honte car un troisième report signifierait que j’ai perdu mon honneur et celui de ma famille d’autant qu’Anis est mon cousin. Tu comprends quelque chose à ce raisonnement ? Je lui répondis que je le comprenais parfaitement et qu’elle était soumise à un dilemme pouvant se résumer en une question : « Est-ce que tu peux dire la vérité ? Que tu es une poseuse de bombe ? Et que c’est pour cela que tu ne peux pas te marier ? Non, bien sûr, tu ne le peux pas. Alors, oui, Mama Z’hor a raison ». Samia me fit part des difficultés qu’’elle éprouvait à expliquer tout cela aux grands frères ; ce à quoi je répondis : « Laisse venir, puis tu expliqueras. Je suis sur qu’ils comprendront ». Ils n’ont toujours pas compris. Si tous les Algériens avaient eu le même courage que Samia Lakhdari, l’Algérie aurait été indépendante très tôt. Elle mérite à titre posthume le grade de colonel de l’ALN, cette étudiante en deuxième année de droit, fille du cadi d’Alger, appartenant à une famille aisée que rien ne poussait à devenir une combattante- ni misère, ni injustice-sinon la fibre patriotique.
Dans son dernier livre, « Corse et Algérie, Mémoires en partage, Carnets algériens 1975-2020 » (Scudo éditions), Jean-Pierre Castellani rompt quelque peu avec sa prose habituelle. Il propose ainsi un récit autobiographique, s’interrogeant sur ses diverses appartenances linguistiques et culturelles.
Dans cet ouvrage* vous parlez de vous, de votre vie, pourtant vous aviez jusqu’ici tourné volontairement le dos à l’autobiographie ?
- En effet, j’ai toujours eu horreur des professeurs qui racontent leur vie dans leurs cours. Tout au long de ma carrière d’enseignant universitaire aussi bien à Tours qu’à Corte ou dans mes interventions publiques, j’ai fait en sorte de ne jamais parler de ma vie personnelle , familiale ou intime. J’ai essayé d’analyser l’œuvre des autres, surtout dans le cadre de mes cours sur le genre de l’autobiographie, ce qui est assez paradoxal. J’ai passé mon temps à essayer de comprendre comment de grands écrivains racontent leur vie. Dans le cas de mes ouvrages avec Jean-Jacques Colonna d’Istria consacrés à la Corse depuis la parution de « Une enfance corse »en 2010 jusqu’à « 21 Femmes qui font la Corse » en 2022, j’ai présenté le portrait d’intellectuels, d’écrivains, de personnalités corses dans tous les domaines, sans jamais donner de renseignements ou d’informations sur ma propre vie. J’étais au service des autres avec le but essentiel de fournir un portrait le plus exact de ces personnes. Maintenant, je crois que l’heure est venue de parler à la première personne. Contrairement à ce que dit Gilles Deleuze qui affirme que « la littérature naît seulement quand surgit en nous une troisième personne qui nous enlève le pouvoir de dire je », je pense profondément que le moment est venu justement pour moi d’écrire un texte littéraire à la première personne , tout en étant conscient que ce « moi » qui va prendre la parole dans mon texte, est, comme tout « moi » : « Incertain et flottant » comme l’écrit Marguerite Yourcenar.
- Pourquoi avoir attendu 2023 pour l’écrire?
- J’ai attendu, en effet, 2023 pour prendre la parole parce qu’avant je me consacrais essentiellement à l’écriture de textes universitaires où le protocole est de ne pas parler de soi. Il s’agissait de donner un avis objectif, rigoureux, scientifique. C’était donc des textes au service des autres. Je crois qu’arrivé à mon âge, et avec mon expérience, il était temps que je prenne la parole à la première personne, ce qui est toujours un défi.
- Vous dites vous interroger sur vos diverses appartenances linguistiques et culturelles ?
- Mon but dans cet ouvrage « Corse Algérie, Mémoires en partage » est de donner une image authentique de ces corses partis en Algérie dans les années 30 . Avant de parler de moi, je parle de mes parents, dont je n’ai jamais compris pourquoi, à peine mariés, Ils avaient laissé Ajaccio en 1930 pour commencer à exercer leur métier d’instituteurs en Algérie, à Relizane d’abord , puis à Alger. Deux guerres avaient bouleversé leur plan : la Deuxième Guerre mondiale en 1939 qui les obligea à partir d’Algérie, mon père pour se battre dans les Alpes et ma mère pour se replier à Piana, d’où ma naissance en Corse, á Ajaccio. Ensuite, la guerre d’Algérie, et l’indépendance qui fut proclamée en 1962, les contraint à un douloureux repli en Corse et moi à découvrir le continent que je ne connaissais pas . D’abord pour y poursuivre mes études. Mon projet s’intègre donc dans le climat actuel de libération de la parole, de tous les enfants de ces braves gens partis dans une colonie, dont ils ignoraient tout. Mon but est essentiellement personnel : présenter des archives familiales, sociales, historiques, sensibles. En définitive, j’entre plus dans l’intimité de mes parents que dans la mienne . Pour des raisons historiques, indépendantes de ma volonté, j’ai connu plusieurs identités : une Corse, les autres algérienne, française et espagnole. Je le reconnais maintenant c’est l’identité corse qui a joué et continue de jouer encore le rôle principal dans ma vie. Ces identités sont une richesse, même si parfois elles constituent des complications difficiles à vivre.
- Il y est aussi question d’Espagne ?
- Bien sûr, il est question de l’Espagne, car mes études, après les classes de lettres supérieures à Alger, ont été consacrées à une thèse sur le personnage de Don Quichotte de Cervantès, ce qui m’a conduit à exercer le métier de professeur de littérature française à l’université de Saragosse, en Espagne, où j’ai passé trois ans. Expérience très importante pour moi. J’ai écrit plus de 200 contributions scientifiques sur des auteurs espagnols, la société espagnole , le cinéma de ce pays , ou sa presse Donc, pour moi comme je l’explique dans mon livre, l’amour de l’Espagne, l’intérêt pour l’Espagne, l’écriture sur l’Espagne sont fondamentales et comme je l’explique en revenant sur une période très intime de ma vie, ce que je n’avais jamais fait, je parle du rôle d’un père franciscain espagnol connu à Alger, quand j’étais adolescent. Il a joué un grand rôle dans ce désir de connaître l’Espagne. Avec lui, je parlais pendant des heures de l’Espagne. Il m’a insufflé l’amour de ce pays
- L’Algérie aujourd’hui ? vous y êtes rendu depuis votre départ en 62 ?
- En effet, j’ai quitté l’Algérie en 1962. Il m’a fallu alors terminer mes études passer des concours, fonder une famille , m’intégrer à cette France que je ne connaissais pas. L’originalité de mon travail et de mon texte publié aujourd’hui, est que je suis retourné (Je n’aime pas le mot retourner,) je suis allé en Algérie plus de dix-neuf depuis 1962. Une première fois en 1975, treize ans après mon départ, obligé, dramatique, non désiré, en 1962. Il s’agissait alors d’un voyage plutôt touristique en famille qui me permit de revoir Alger, où j’avais vécu mon enfance et mon adolescence. Mais le plus important pour moi, par une série de hasards , a été une expérience de travail universitaire en Algérie à partir de 2003, c’est-à-dire au moment où l’Algérie sortait de la terrible confrontation de la décennie noire avec le terrorisme islamiste. À ce moment-là, elle retrouve une certaine paix, les départements de Français des universités reprennent leurs activités. Je suis associé à une aventure extraordinaire qui est la coopération franco-algérienne sous le nom d’EDAF (école doctorale algéro- française) à laquelle j’ai participé de 2003 jusqu’à 2020. J’ai donc donné à Alger, à Constantine, à Oran, à Annaba, á Tlemcen, des cours, des séminaires á des étudiants de langue et littérature françaises. J’ai dirigé des thèses de littérature française, j’ai donc vécu une expérience complète, passionnante, libre d’universitaire en Algérie, ce qui m’a permis d’avoir des contacts avec la jeunesse algérienne et des collègues. C’est pourquoi je me suis permis d’ajouter, dans une deuxième partie de mon ouvrage, ce j’appelle mes Carnets algériens rédigés au cours de ces séjours. Je les reproduits tels quels, sans les modifier. J’avais éprouvé le besoin, à chaque voyage, d’écrire mes impressions dans des carnets Moleskines que j’ai gardés. Ils constituent un véritable reportage sur l’Algérie indépendante, un regard lucide, mais en sympathie sur ce pays, et son évolution depuis l’indépendance. Il n’y a donc absolument pas dans mon cas de Nostalgérie. C’est un document brut, qui peut être intéressant pour des lecteurs d’aujourd’hui. J’ai toujours rejeté l’étiquette de pieds-noirs inventée par les médias français en 1962. Enfant, je me sentais corse en Algérie, ou plutôt européen en Algérie.
- Ce passé « algérien » est-il commun à bien d’autres corses ?
- Oui, ce passé algérien est commun à beaucoup d’autres corses, si nombreux dans les territoires d’outre-mer, en particulier en Algérie . Très peu étaient des colons. La plupart étaient les fonctionnaires comme mes parents. A Alger, j’ai vécu dans un milieu Corse, on parlait corse à la maison, le dimanche, mes parents recevaient à la table familiale de jeunes célibataires corses qui venaient déguster les plats du pays. Mon père s’intéressait peu à la politique, mais seulement aux joutes épiques entre les candidats qui s’affrontaient pour la présidence de la société des corses d’Alger
- Vous y délivrez un message …
- Mon message dans ce livre est un message de vérité, car il est temps que nous qui avons vécu cette époque nous apportions des témoignages sincères, justes, équilibrés sur cette période si compliquée. Pour donner à nos enfants, une image plus réelle de ce qui s’est passé là-bas, en dehors de toutes les propagandes, des uns et des autres, et en particulier des mensonges aussi bien de la France que de l’Algérie et leurs autorités officielles. Je pense sincèrement que les deux peuples sont très proches , très fraternels et que cela va au-delà de cette guerre mémorielle si ambiguë .
- Des projets ?
- Oui, mon prochain livre est terminé. L’avantage de la pandémie est qu’elle nous a laissé du temps et que nous avons pu travailler en dehors de toute contrainte professionnelle. Pour ma part, j’ai beaucoup écrit pour lutter justement contre cet enfermement traumatisant. Mon prochain livre qui paraîtra à la rentrée, aux éditions du Scudo, est précisément un travail consacré à Marguerite Yourcenar mais très différent de mes précédents textes qui analysaient l’œuvre de l’académicienne de façon objective et scientifique. C’est un texte personnel justement où je retrouve un peu la tonalité de mes textes sur la Corse et l’Algérie que je publie aujourd’hui. Il s’agit d’une lettre fictive que j’adresse à Yourcenar, dans laquelle j’égrène un certain nombre de souvenirs et de faits accumulés tout au long de ces années consacrées à l’étude de son œuvre. En somme, une sorte d’autobiographie de critique littéraire. Je tiens beaucoup à ce livre. Qui confirme mon évolution vers une écriture plus personnelle.
*Jean-Pierre Castellani, Corse-Algérie, Mémoires en partage, suivies de Carnets algériens (1975-2020), Préface de Leïia Sebbar, Scudo éditions, 243 pages.
Journaliste et écrivain, Jean-Louis de La Vaissière a fait carrière à l’Agence France-Presse. Il a occupé divers postes à l’étranger, de l’Allemagne à l’Iran en passant par le Vatican.
"Ô France, voici venu le jour où il te faudra rendre des comptes!" Ce couplet a été rétabli par décret présidentiel dans l'hymne algérien Kassaman. Il pourra désormais être chanté lors de cérémonies officielles.
Provocation antifrançaise? En tout cas, une sacrée complication dans des relations déjà ultrasensibles et en dents de scie entre le plus grand pays du Maghreb et l'ancienne puissance coloniale.
La formule ne peut que profiter à tout président dans un pays gouverné depuis l'indépendance par les héritiers du Front de libération nationale (FLN). Or, des élections attendent Abdelmadjid Tebboune fin 2024. Depuis la sinistre décennie noire marquée par des violences islamistes inouïes, la population très jeune manque de débouchés et la corruption n'est pas maîtrisée. Le Hirak (mouvement) de 2019, qui avait suscité un espoir, a fait long feu, le Covid et les arrestations aidant.
Le passé reste si pesant – dix fois plus de victimes du côté algérien que du côté français pendant la guerre d'indépendance (1954-1962), selon des estimations fiables – qu'il est aisé de rallumer la mèche. Et en 2021, une vive crise avait opposé Paris et Alger autour de l'une des nombreuses petites phrases d'Emmanuel Macron. Il avait reproché à Alger de faire de son passé une "rente mémorielle". Le président français est pourtant sincèrement désireux de réconciliation, il l'a démontré par divers gestes novateurs.
Sa visite à Alger, en août dernier, avait calmé le jeu. Mais en février, Amira Bouraoui, journaliste francoalgérienne recherchée par l'Algérie, était exfiltrée en France via la Tunisie! Alger a rappelé un temps son ambassadeur et, depuis, la visite du président algérien à l'Élysée est sans cesse reportée, alors même que ce dernier a été reçu en grande pompe au Kremlin. D'autres pommes de discorde, notamment sur l'immigration, complexifient encore le dialogue.
Une tâche titanesque attend donc la commission mixte d'historiens sur la mémoire. Comment pardonner, faire justice à tous les camps meurtris, sans rallumer les mèches de la discorde?
Publié le 28/06/2023 à 15h00 par Jean-Louis de La Vaissière
Le quatrième recueil des textes des moines de Tibhirine relate la conversion patiente à l’hospitalité. Fidèle à la tradition cistercienne, la communauté trappiste accueillait les visiteurs dans son hôtellerie. « Priants parmi les priants », en terre d’islam, les moines étaient aussi les hôtes du peuple algérien.
Christophe Henning,
Heureux ceux qui accueillent, vivre l’hospitalité
Moines de Tibhirine
Quatrième recueil des textes des moines de Tibhirine, ce volume est consacré à l’hospitalité, vertu cardinale de la vie monastique et expérience concrète d’une communauté contemplative au cœur d’un pays musulman. C’est ce qu’on retiendra de la lecture de ce nouveau volume de 352 pages qui, à partir de larges extraits, relate la conversion patiente à l’hospitalité.
De fait, présents à Tibhirine depuis leur fondation en 1938, les moines avaient l’impression d’être ceux qui accueillent, obéissant en cela à la Règle de saint Benoît. « Cette communauté monastique, rompue à l’accueil de l’autre (…) a fait la découverte qu’elle était accueillie dans la “maison de l’islam” et qu’elle était appelée à vivre dans la maison de l’autre », explique en introduction dom Thomas Georgeon, abbé de La Trappe et postulateur de la cause des dix-neuf bienheureux martyrs d’Algérie, parmi lesquels les sept moines de l’Atlas. L’hospitalité s’impose comme la porte d’entrée de la rencontre : « Mettre Dieu au cœur de l’hospitalité est tout à fait normal dans la culture musulmane, comme dans la règle monastique », rappelle dans la postface Mgr Claude Rault, évêque émérite du Sahara.
Renversement d’hospitalité, vécue au quotidien, qui bouleverse la vie monastique ordinaire : « Le martyre ne se ramène pas à un acte héroïque, écrit Christian de Chergé, prieur de Tibhirine. Mais il se déploie au quotidien, dans la vie donnée au coude-à-coude et au goutte-à-goutte. » Une expérience vécue avec l’autre, celui du village d’à côté, le visiteur, mais aussi avec le frère moine, qu’il faut chaque jour accueillir tel qu’il est : « Il peut être plus facile d’accueillir des hôtes de passage que de refaire chaque jour l’alliance nouée au sein de la vie commune », ajoute Mgr Rault.
L’hospitalité traverse un demi-siècle de vie monastique
Les textes assemblés sont pour une bonne part signés par Christian de Chergé, complétés de courriers, notes et écrits divers des autres moines. Si l’on s’arrête souvent aux deux années durant lesquelles les frères étaient menacés avant même d’être enlevés et assassinés au printemps 1996, la question de l’hospitalité traverse ici un demi-siècle de vie monastique, comme en témoignent les textes parfois anciens. « Accueille les autres comme tu voudrais être toi-même accueilli… et, tu verras que ça changera, mais c’est long… », écrit le frère Michel Fleury en 1968. La menace n’atténue pas l’accueil de l’autre : « Dans la mesure où nous accueillons le pauvre, le malheureux, avec Amour, nous trouvons Dieu et au-delà de nos angoisses nous lui confions notre vie », écrit Frère Luc en décembre 1994.
« L’hospitalité est un rituel par lequel l’autre est accueilli en tant même qu’autre, et est respecté dans sa différence », commente dom Georgeon. Les moines se nourrissent de la rencontre : « L’autre me concerne. C’est en tant qu’il est autre, étranger, musulman, qu’il est “mon frère”», écrit Christian de Chergé. L’autre qui vient, « l’autre que nous attendons », insiste le prieur de Tibhirine. L’accueil à la porterie, à l’hôtellerie, mais aussi au jardin quand frère Christophe travaille avec des hommes du village, ou au dispensaire alors que frère Luc accueille soixante patients chaque jour… Cette expérience concrète de l’hospitalité est méditée et approfondie avec le Ribât el Salam, ce groupe de partage avec des musulmans soufis.
Comme l’annonce Marie-Dominique Minassian, dans la présentation de l’ouvrage qu’elle a coordonné, « l’hospitalité n’est pas un thème, mais un style de vie que cette communauté a su mettre au centre de son quotidien ». L’hospitalité, comme expression d’une théologie de la rencontre, au cœur de Tibhirine, jusqu’au martyre. « L’espérance est à vivre ensemble, écrit frère Christophe, la veille de leur enlèvement, le 26 mars 1996. On a besoin des autres pour espérer. Ça ne peut pas se vivre tout seul. »
Avec "La dernière reine", dont l'action se situe au XVIe siècle en Algérie, le cinéaste Damien Ounouri cosigne une oeuvre ample, splendide et spectaculaire portée par une dimension anticolonialiste et féministe.
En 1516 en Algérie, le pirate Aroudj Barberousse libère Alger de la tyrannie des Espagnols et prend le pouvoir sur le royaume. Selon la rumeur, il aurait assassiné le roi Salim Toumi, malgré leur alliance. Contre toute attente, une femme va lui tenir tête: la reine Zaphira. Entre histoire et légende, le parcours de cette femme raconte un combat, des bouleversements personnels et politiques endurés pour le bien d’Alger.
Si la véritable histoire de Zaphira, l'épouse du roi, oscille entre légende et réalité, elle marque depuis toujours l'imaginaire des Algériens. Au fil des siècles, ce personnage fut contesté puis soutenu par les historiens. Lui consacrer un film a permis aux deux réalisateurs, Adila Bendimerad et Damien Ounouri, de mettre l'accent sur l'invisibilité des femmes dans l'histoire, en particulier à une époque peu représentée de l'histoire algérienne.
>> A voir: la bande-annonce de "La dernière reine"
Faire renaître un pan de l'histoire
Cette reconstitution ample, intime et impressionnante ne cache pas sa dimension anticolonialiste et féministe. "Retourner dans cette époque, en 1500, permettait de faire resurgir un monde englouti, explique à la RTS Damien Ounouri, l'un des co-réalisateur. Il y a l'effacement historique de la grande histoire, notamment par la période coloniale française. Et il y a aussi l'effacement des femmes.(...) Le personnage de cette reine contestée ou soutenue selon les historiens devenait un véhicule pour parler d'Alger au XVIe siècle".
"La dernière reine" s'impose comme une sorte d'exception dans le cinéma d'Afrique du Nord. Car en dehors du film "Le destin" de l'Egyptien Youssef Chahine (1997), dont l'action se situe au XVIIe siècle, les films d'époque dans cette région sont inexistants. Les deux co-réalisateurs de "La dernière reine" ont endossé cette responsabilité avec rigueur, en prenant soin de chaque détail.
Initié en 2020, le tournage du film a été arrêté après deux jours seulement en raison de la pandémie. Il a failli ne jamais reprendre pour des raisons financières. Diffusé dans les cinémas français en avril et depuis le 14 juin en Suisse romande, des doutes ont longtemps plané sur la sortie du film en Algérie. Montrer le côté cosmopolite de l'Alger de l'époque n'allait pas de soi. Mais finalement, "La dernière reine" peut être vu sur grand écran en Algérie depuis le 23 juin.
Sur les réseaux sociaux, une vidéo du sauvetage d’un mouton sur le point de tomber du dernier étage d’un immeuble fait le buzz depuis lundi soir en Algérie.
Dans la séquence publiée par la chaîne El Hayat, on constate que l’opération de sauvetage du mouton est très délicate. On voit une personne retenir un mouton pour empêcher sa chute qui lui aurait certainement été fatale. La bête suspendue dans le vide semble inerte.
La vidéo fait le tour des groupes et des pages Facebook. Des milliers d’internautes l’ont déjà visionnée.
🤔
Le mouton fait le buzz. Pour le sauver, il a fallu l’intervention de plusieurs personnes. D’après les images visiblement filmées par des voisins, le mouton a bondi de la fenêtre de l’appartement et a été retenu in extremis par son propriétaire.
Ce dernier tenait difficilement le mouton mais était sur le point de lâcher prise. Une deuxième personne est intervenue depuis le même appartement pour tenter de faire remonter la bête. Les deux sauveteurs ont pris des risques pour ne pas perdre le mouton. L’un d’eux avait carrément un pied suspendu dans le vide.
Suspendu dans le vide, le mouton semble très lourd et difficile à manipuler. Même le voisin du dessous est venu épauler les sauveteurs en essayant de pousser le pauvre mouton vers le haut pour permettre à ses propriétaires de le récupérer.
Les images sont impressionnantes. Un certain suspense s’installe au fur et à mesure qu’on avance dans la vidéo. On a peur que le mouton tombe à tout moment. Depuis l’appartement, une troisième personne a apporté son aide.
Le mouton a finalement été sauvé grâce à un travail d’équipe qui a nécessité bien des efforts. L’opération était très difficile. La situation aurait pu mal tourner.
L’incident assez insolite pose la problématique de l’aménagement dans les cités en Algérie. Les habitants des cités sont contraints de garder les moutons destinés au sacrifice le jour de l’Aïd Al Adha à l’intérieur des appartements qui ne sont pas adaptés à accueillir des bêtes.
Pendant quelques jours, ils sont obligés de faire avec les déchets et les odeurs. Les appartements font office d’écurie durant la période d’avant l’Aïd. « Il n’y a pas d’espace prévu pour garder les moutons. On les mets soit dans les balcons. Les laisser dehors revient à les surveiller toute la nuit », explique un habitant d’une cité AADL à Alger.
Apprendre aux apprenants à reconnaître tout ce qui peut provoquer les erreurs, les perversions des esprits. La possibilité de l'erreur et de l'illusion est dans la nature et dans la connaissance, cette dernière est une traduction binaire dans nos réseaux nerveux, des stimuli sur nos terminaux sensoriels, puis une construction cérébrale.
Les mots sont des traductions en langage, les idées sont des reconstructions en systèmes.
L'auteur veut démontrer par son étude les enjeux des systèmes clos et ses conséquences sur la fabrication sur mesure des esprits fanatiques.
La conviction de l'auteur est que nul ne naît fanatique, il le devient progressivement. Il en est trois qui sont indispensables à la formation de tout« fanatisme».
Le réductionnisme, le manichéisme et la réification.
Le but de l'enseignement est de dénoncer sans relâche, déraciner ces esprits sains de tout «fanatisme».
Déraciner est préventif alors que radicaliser vient trop tard, lorsque le fanatisme est consolidé.
L'étude sociologique de d'Edgar Morin le démontre.
On croit connaître un tout à partir de la connaissance d'une partie à son apparence, avec quelques informations on a un trait de caractère qu'elle a manifesté en notre présence.
La réduction de ce qui est notre en son meilleur et de ce qui est l'autre en son pire est un trait typique de «l'esprit de guerre», du fanatisme.
Le manichéisme se propage et se développe dans le sillage du réductionnisme.
Il n y a plus de lutte de bien absolu contre le mal absolu.
Il pousse à l'absolutisme la vision unilatérale du réductionnisme, il devient vision du monde dans laquelle le manichéisme aveugle cherche à frapper par tous les moyens les supports du mal, ce qui favorise le manichéisme du mal le manichéisme de l'ennemi.
Le mythe, le dieu, bien que secrétés par les esprits humains deviennent tout puissants sur les esprits, et leur ordonnent soumission, sacrifice et meurtre.
Tout cela n'est pas propre à l'islam.
Il a trouvé depuis quelques décennies avec le dépérissement des fanatismes révolutionnaires (eux-mêmes animés par une foi ardente dans un salut terrestre) un terreau de développement dans un monde arabo-islamique passé d'une antique grandeur à l'abaissement de l'humiliation.
L'exemple de jeunes Français d'origine chrétienne passés à l'islamisme montre que le besoin peut se fixer sur une foi qui a apporté «la vérité absolue».
«La connaissance de la connaissance»
Aujourd'hui, il est impératif d'intégrer dans notre enseignement dès le primaire jusqu'à l'université «la connaissance de la connaissance» qui permet de détecter aux âges adolescents où l'esprit se forme, les perversions et les risques d'illusion et d'opposer à la réduction, le manichéisme, à la réification une connaissance capable de relier tous les esprits divers, voire antagonistes.
Reconnaître les complexités chez un individu et dans la société dans une civilisation.
En réformant les connaissances nous donnons les moyens de reconnaître les aveuglements auxquels conduit l'esprit de guerre et de prévenir chez les adolescents les processus qui conduisent au fanatisme.
Tout n'est pas résolu.
Le besoin de foi, d'aventure, d'exaltation. Notre société est dépourvue de ces critères sauf dans nos vies diverses, dans nos amours fraternels, dans nos communions temporaires.
Un idéal de consommation, de supermarché, de PIB ne peut satisfaire les aspirations les plus profondes de l'être humain qui sont de se réaliser comme une personne au sein d'une communauté solidaire.
En l'amour et à la fraternité.
Nous sommes rentrés dans des temps «d'incertitude» et de «précarité» qui sont dus à la crise économique mais également à notre civilisation et à la crise planétaire où l'humanité est menacée d'énormes périls. L'incertitude, l'angoisse et l'esprit cherchent la sécurité psychique.
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LE JOURNAL DE LA PAIX
Dans ce sublime recueil aux images authentiques qui reflètent notre monde humain avec toute sa complexité. L’auteur dans son œuvre poétique chante la paix, il ne cesse de rimer avec sa broderie d'art tissée magnifiquement avec des figures de style pragmatique. Il ne cesse de rappeler à l'humanité souvent plongée dans son désarroi planétaire à cause de toute cette propagande qui envahit l'esprit humain désarmé devant le massacre planétaire.
Il utilise la beauté du mot, la beauté du verbe, il en fait une œuvre pour chasser l'esprit de guerre.
Dans toute sa poésie, il chante et rime, il voyage grâce à ses rimes pour les offrir aux peuples désarmés, ces mots adoucissent les plaies, ces rimes portent de l'espoir. La paix en est son combat pour arroser les esprits des damnés.
Sa présence se répète, il insiste sur la paix, c’est son combat. Ses mots magiques, dénoncent les massacres, ses mots ont une âme, ses mots plaident la cause des peuples démunis qui rêvent de mourir dignement. Sa monnaie est l'amour, la paix est son univers. L'amitié est son compagnon.
Les méchants, les tueurs ne peuvent l'approcher.
Sa véritable cause est la justice.
Les amis du poète sont : le courage, la tendresse et l'amitié.
Il dénonce la malversation, les dépassements. Il lutte pour un monde meilleur. L'argent détruit les bêtes, les hommes. Le monde est détruit, les véritables richesses sont anéanties par les guerres.
Il met en garde contre la destruction des valeurs à cause de l'argent. La paix : il faut la préparer.
Le poète dénonce la violence qui est un produit de vente.
La violence est anesthésiée par le théâtre capitaliste.
La rivalité des armes au nom du profit, la réalité est mise sous silence.
L'image de l'auteur est dans cette optique, elle prend une étiquette de la «marque-nation» semblable à une entreprise épanouie. Tout est fait pour un business fluctuant. La société semble adhérée, adhère et applaudit devant ce système. Avec ses systèmes de drones de surveillance.
Des phrases interrogatives pour interpeller les esprits et laisser la place à l'imagination de l'apprenant d'où l'approche du philosophe et sociologue Edgar Morin.
La poésie du poète est un véritable outil pédagogique.
Les affirmations sont là pour répondre aux interrogations et éclairer les esprits. Les solutions sont données et étayées dans sa poésie avec une clarté et d'une manière concise. Tout l'art est là.
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Les travailleurs, les artistes sont silencieux. La complicité du peuple encourage le pouvoir et le mutisme prend la place de l'expression. La rue meurt par le silence mortel et la rumeur s'enfonce dans le sable.
L'auteur chante la paix et dénonce le massacre de la guerre.
Il s'interroge sur la démocratie. Existe-t-elle vraiment? Elle a été créée par les grecs en colère contre la bureaucratie.
La logique du poète est si pertinente. Il la compare à un cercle en essayant de faire un carré, il se brise. Un esprit mathématique dans une logique poétique pertinente «tout l'art de la broderie est là» quelle belle image!
Le cercle=communauté=paroles et les concepts sont alors établis.
Bureaucratie=paresse de volonté.
Maladie des gens et perte de citoyenneté.
La bureaucratie = fin de de la pensée individuelle.
Il n’y a pas de critiques, il y a exclusion, elle n'est pas égalitaire, elle est inhumaine.
Elle ne protège pas le solitaire contre le groupe. Les malins ont proposé aux paresseux de s'occuper du «cercle» du «club» du «parti» du «mouvement »de cette manière les murs sur le cercle coupe la parole.
La paix des muses, cette muse qui se répète chez l'auteur vient défendre tous les opprimés de la Terre. Les mots forts riment avec la muse du poète, elle prend le relais d'un cessez-le-feu; de la souffrance du peuple.
La langue de l'amour, un titre pour défendre toute l'humanité: amants, hommes, enfants etc...
Elle résiste, elle adoucit les nuits, l'univers est à ses pieds.
La langue de l'amour n'a pas de mots étrangers, elle parle toutes les langues, elle vit dans le palais du poète, humble, savante, elle sert la beauté à la table de l'éternel.
La vénération du poète à l'amour, à la paix le proclame «dieu de la paix ». Bravo poète !
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