22-08-2012
La
wilaya de Tipasa est, depuis quelques années, au cœur de toutes les
attentions dans le cadre d’un plan de la relance de l’activité
touristique et plus précisément de la promotion d’un véritable tourisme
culturel. En effet, cette wilaya possède de grandes potentialités
touristiques dont les principaux atouts sont les trésors archéologiques
et paysages exceptionnels alliant harmonieusement mer et montagne.
Classée depuis 1982 par le comité mondial du patrimoine de l’Unesco, la
région a connu moult mésaventures avant qu’elle ne bénéficiât en 2009 de
plans permanents de mise en valeur et de sauvegarde des sites (Ppmvsa)
de Tipasa et de Cherchell et ainsi retirée de la liste des sites classés
en péril. Dans une première étape, il s’agissait de se préserver de
l’urbanisation sauvage, de sauvegarder le centre historique, les deux
parcs archéologiques et le musée de la ville de Tipasa, les parcs
romains et le musée d’Aïn Ksiba de Cherchell. Le plan de sauvegarde
s’est voulu un instrument et un moyen de les protéger ou, du moins,
atténuer les effets des dégradations et autres atteintes aux sites
classés. Ce plan, en préparation depuis 2004, vise à délimiter les zones
contenant les vestiges et monuments importants, celles dites tampon et à
proposer des constructions et aménagements qui collent aux spécificités
de la zone tout en valorisant ces sites.
Une vision globale pour rentabiliser la destination
Dans
un deuxième temps, il s’agissait d’œuvrer pour la promotion du tourisme
culturel dans la région tant au plan national qu’au plan international.
C’est dans cette optique que l’Office national de gestion et
d’exploitation des biens culturels (Ongebc), dynamisé par sa
caractéristique commerciale, s’est attelé a promouvoir la destination de
Tipasa avec des initiatives basiques mais qui étaient délaissées par le
passé, à l’instar d’outils marketing tels que l’impression de flyers,
de dépliants et de documentations. Il y a également une stratégie
d’offres de services à l’intérieur même du site afin d’attirer un plus
grand nombre de visiteurs et rentabiliser la présence du flux de
touristes, notamment avec la mise à leurs disposition de points de
restauration à l’intérieur même du site. Par ailleurs, une attention
particulière a été également consacrée à la formation de guides
touristiques, maillon crucial dans la chaîne du tourisme culturel. Dans
le même esprit, il y a deux ans, a été organisée la première conférence
de restauration du musée de Cherchell, initiée par le ministère de la
Culture, en scientifique d’archéologie algéro-allemande autour de la
thématique des travaux partenariat avec Goethe Institut. L’un des
aspects importants, développé lors de cette conférence, c’est la
nécessité de la réorganisation du parcours muséal du musée lui-même afin
d’attirer un plus grand nombre de visiteurs et promouvoir ainsi le
tourisme culturel. Ainsi, en plus de la restauration des objets anciens,
il y a également la réalisation de panneaux indicatifs et de
reconstitution chronologique de l’histoire de Cherchell, de
l’amphithéâtre, des aqueducs romains, les thermes de l’Ouest dans une
maison andalouse, dans l’ancien quartier résidentiel de Cherchell,
datant de la civilisation arabo-musulmane, Aïn K’Sibah et la mosquée aux
100 colonnes dans laquelle l’Emir Abdelkader avait accompli sa prière.
Dans cet esprit d’une vision globale de la promotion du tourisme dans la
région de Tipasa, récemment, la ministre de la Culture a inauguré en
posant, mardi, dans l’APC de Tipasa, la première pierre d’un Centre
arabe d’archéologie. Prise en charge par l’Agence Nationale de
Réalisation des Projets de la Culture (ARPC) en commun avec une
entreprise algéro-espagnole de construction, cette infrastructure dédiée
au patrimoine culturel est implantée en face du parc archéologique de
la colline dite “Sainte Salsa”. Cette implantation a été étudiée dans le
prolongement de ce qui est appelé la zone tampon de la partie
historique de Tipasa avec ses deux parcs archéologiques, romains et son
musée afin de renforcer la vocation historique de la ville de Tipasa et
par conséquence du tourisme culturel, puisque ce centre de formation
comprendra, en plus d’un Institut arabe d’archéologie et des études
sahariennes, un musée d’archéologie et d’arts rupestres, ainsi qu’une
bibliothèque en plein air agrémentée d’un espace vert et d’un patio
intérieur rappelant l’architecture arabo-mauresque.
Renforcer les espaces dédiés à la culture et au patrimoine
Ce
projet de Centre arabe d’archéologie, proposé par l’Algérie lors de la
17e Conférence arabe sur le patrimoine archéologique et civilisationnel
qui s’est tenue à Nouakchott du 22 au 27 décembre 2003, avec comme
objectif de promouvoir l’archéologie arabe et de favoriser le dialogue
interculturel entre les différents pays qui disposent d’un patrimoine
riche dans le domaine. Il s’inscrit, par ailleurs, dans les
recommandations de la mission d’expertise de l’Unesco qui, suite à la
levée des réserves sur le site classé «en péril» et du lancement du plan
permanent de sauvegarde de la ville de Tipasa, prévoyait de créer un
centre sur les métiers du patrimoine. Pour rappel, au mois de mars
passé, la 20e édition du Congrès de l’archéologie et du patrimoine
culturel, qui s’est déroulé à Alger, a été principalement consacré à la
thématique de la promotion du tourisme culturel dans les pays arabes
avec l’organisation de plusieurs ateliers «Education et formation dans
le domaine du patrimoine archéologique», «Coopération et partenariat
arabe dans le domaine de la promotion du patrimoine archéologique»,
«Cadre juridique et institutionnel du patrimoine archéologique dans les
Etats arabes» et «Patrimoine archéologique et économie locale» mettant
en relief la nécessaire implication de plusieurs secteurs. Mourad
Batrouni, directeur du patrimoine au ministère de la Culture, avait
déclaré lors de cette rencontre, que des recommandations importantes ont
été prises grâce auxquelles on aboutit à la mise en place du programme
de valorisation du patrimoine par le ministère de la Culture qui prend
soin de tenir compte de toutes les décisions émises lors des différents
ateliers suivant les règles de la déontologie et de la science. A cet
effet, les responsables algériens ont souligné leur volonté politique
pour la restauration et la promotion du patrimoine algérien à travers la
mise en place d’un programme d’aménagement du territoire inscrit d’ici à
2030.
Remédier au manque flagrant d’infrastructures
Par
ailleurs, afin de garantir une véritable activité culturelle,
attractive, pour les nationaux et les touristes étrangers, plusieurs
infrastructures culturelles sont en projet, dont deux qui ont été
inaugurées ces dernier mois par la ministre de la Culture, Khalida
Toumi. En l’occurrence, la maison de culture de la ville de Koléa riche
du patrimoine immatériel de la musique andalouse ainsi que le complexe
culturel Abdelwahab Salim, situé dans la commune de Tipasa au pied du
majestueux mont Chenoua, Ce dernier a été conçu pour combler le vide en
matière d’infrastructures culturelles dans le chef-lieu de wilaya. Avec
vue sur mer, il a été réalisé sur trois étages, avec un sous-sol pour
abriter les services administratifs, techniques et d’autres
infrastructures de restauration. Les trois étages du complexe seront
destinés à abriter des salles de théâtre, de conférences, de concerts,
des ateliers d’art dramatique et des salles d’exposition d’art moderne
et d’objets archéologiques et d’artisanat. Le dernier étage est nanti
d’un cybercafé, de salles de lecture, une bibliothèque ainsi qu’un
planétarium. Cette imposante infrastructure culturelle a été confiée à
l’Onciqui aura pour mission d’en faire un véritable centre de
rayonnement pour l’art et la culture. De même, au-delà de la richesse
des sites archéologique et la beauté naturelle de Tipasa et la création
d’un véritable dynamisme d’activités culturelles, il ne peut y avoir une
véritable promotion du tourisme culturel dans la région en l’absence
d’infrastructures d’hébergement qui offrent un minimum de confort aux
touristes, nationaux et étrangers. A cet effet, une série d’initiatives a
été mise en place par le secteur concerné a travers des mesures
incitatives pour encourager l’investissement dans ce créneau d’activité.
En plus de la création de nouvelles ZET (Zones d’expansion
touristique), de la construction de nouveaux établissements hôteliers
pour combler le déficit en matière d’hébergement, d’autres mesures sont
prises concernant la réhabilitation des structures déjà existantes au
centre touristique Matarès, le centre touristique Village (ex-CET) et le
centre touristique Corne d’Or dépendant de l’EGT Tipasa. Cette dernière
bénéficie d’un programme spécial en étant l’infrastructure pilote du
projet «Destination» ayant pour objectif le développement de stratégie
pour un tourisme durable cofinancé par le programme Life - Pays Tiers de
la Commission Européenne. Au final, après plusieurs années d’attente,
la promotion du tourisme culturel dans ce cas précis, celui de la
région de Tipasa, est un chantier de longue haleine qui vient à peine
d’être ébauché. C’est aussi une grande ambition politique qui nécessite
impérativement l’implication intersectorielle afin de bâtir un visage
plus attractif de cette région riche en référents civilisationnels et
sites naturels, véritable aimant a touristes à condition que les moyens
financiers et les compétences humaines soient usités à bon escient.
S. A.
Découverte de Tipasa
Tipasa
est une ville côtière située à quelques 70 kilomètres à l’ouest
d’Alger. Elle est à l’origine d’une fondation punique en Afrique du
Nord. La ville possède des magnifiques plages et des reliefs (Chenoua et
la Dahra) qui offrent un paysage particulier et un attrait touristique
certain. De nombreux vestiges Puniques, Romains, Chrétiens et Africains
témoignent de la richesse de l’histoire de cette colonie. Tipasa abrite
un patrimoine archéologique comme le port, le musée, et le parc
archéologique qui en font une destination d’écotourisme idéal. En y
flânant, le visiteur peut se plonger dans le passé rien qu’en découvrant
la partie de la ville qui est encore sous les sédiments. La ville est
particulièrement réputée pour ses vestiges romains. Ancienne colonie de
l’empire, en 39, Tipaza se dote d’une muraille longue de plus de deux
kilomètres. Hadrien éleva par la suite Tipasa au rang de colonie
honoraire. À la fin du IIe siècle, la ville connaît son apogée avec une
population qui s’élève, selon les estimations à 20 000 habitants. Bien
qu’elle fût entourée de cette grande muraille, cela n’a pas empêché sa
destruction en l’an 430 par les Vandales. Le site archéologique de
Tipasa contient divers vestiges, dont les restes d’une basilique, d’un
cimetière, de thermes et d’un amphithéâtre. Le site archéologique est
assez éclaté et les ruines difficilement lisibles, ceci est dû au fait
que tout n’a pas été dégagé et qu’une bonne partie de la ville romaine
n’est pas encore mise au jour. Les ruines se présentent en deux grands
ensembles. Le premier, situé en dehors des murs, à l’entrée de la ville
actuelle, correspond à une grande nécropole avec la basilique funéraire
de Sainte Salsa. Le second, c’est le parc archéologique, situé à la
sortie ouest de la ville, qui regroupe la majorité des monuments mis au
jour. Près du port vous trouverez un musée où les différentes pièces
découvertes ont été entreposées.
Cherchell, une ville antique à visiter
Cherchell
(anciennement Iol puis Caesarea Mauretaniae) est une des villes
antiques de la côte algérienne. Elle fut l’une des plus importantes
cités du littoral occidental de l’Afrique du Nord antique,
particulièrement à l’époque romaine. La ville fut fondée au IVe siècle
av. J.-C. par les Phéniciens sous le nom Iol ou Jol. D’abord intégrée au
royaume de Numidie, Iol passa sous le contrôle de la Maurétanie après
la chute de Jugurtha en 105 avant notre ère. La ville fut refondée en 25
av. J.-C. par Juba II, sous le nom de Caesarea Mauretaniae (Césarée de
Mauritanie), et devient un centre de l’hellénisme en Afrique du Nord. À
partir de 40 après J.-C., elle fut la capitale de la province romaine de
Maurétanie Césarienne, qui s’étend jusqu’à l’Océan Atlantique. Juba II
fit de sa capitale une ville importante, entourée d’une enceinte et
conçue selon les principes de l’urbanisme hellénistico-romain. Des
statues de types hellénistiques d’une qualité exceptionnelle, des
mosaïques de maisons, des ruines de temples et des monuments romains
témoignent de cette période. La ville qu’édifia Juba II avait un mur
d’enceinte continu de 4 460 m, complété par un rempart de mer, entourant
370 ha. La plupart des ruines de la cité ancienne se situent en dehors
de la ville actuelle de Cherchell. Il en existe cependant quelques unes
dans le centre-ville.
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Par Sihem Ammour
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