D.R.
Née en Algérie en 1965, Souad Labbize est poète, romancière et traductrice. Elle a vécu en Algérie, en Allemagne et en Tunisie avant de s’établir en France. Elle est l’autrice d’un premier roman J’aurais voulu être un escargot, de plusieurs recueils de poèmes, de l’anthologie La Valeur décimale du bonheur, et d’un récit : Enjamber la flaque où se reflète l’enfer. Engagée dans la défense de l’égalité entres hommes et femmes, elle écrit au nom de toutes celles qui quêtent et affirment, à tout prix, leur indépendance. Les poèmes ci-dessous sont extraits du recueil Je franchis les barbelés (éditions Bruno Doucey, 2019).
Dans ma bouche maternelle
le mot guerre est court
celle qui l’a inventé
n’a pas eu le temps
de le finir
harb commence par une douleur
au fond de la gorge
et meurt en atteignant
le bout des lèvres
*
D’abord
ils ont coupé
le cordon ombilical
pour des raisons naturelles
Ensuite
ils ont coupé
le prépuce
pour des raisons d’hygiène
Enfin
ils ont coupé
la langue
pour des raisons de sécurité
*
Certaines nuits Allah
dans Son sommeil
parle l’arabe dialectal
de choses surprenantes
dans une bouche divine
les imams refusent que Ses mots
soient ajoutés à Son journal
D’autres nuits nous L’entendons
marcher sur talons aiguilles
nous devinons au bruit du plafond
qu’Il se déguise devant un miroir
pour descendre faire un tour
dans les rues de Bab el-Oued
OLJ / Par Souad Labbize, le 03 décembre 2020 à 00h00
https://www.lorientlejour.com/article/1243396/poeme-dici-de-souad-labbize.html
Violée à 9 ans et réduite au silence/Au Maghreb, le tabou du viol
.
Les commentaires récents