OLJ/AFP / le 08 février 2015 à 00h13
Grande voix de l'émancipation des femmes musulmanes et du dialogue des cultures, l'écrivaine algérienne Assia Djebar, membre de l'Académie française, s'est éteinte vendredi à Paris à l'âge de 78 ans. La romancière, décédée dans un hôpital parisien, sera enterrée, selon ses voeux, dans son village natal de Cherchell, à l'ouest d'Alger, la semaine prochaine, selon la radio publique algérienne.
Son décès a également été annoncé samedi par sa famille dans un faire part diffusé sur le site internet du Cercle des amis d'Assia Djebar, une association qui organise des évènements littéraires et cinématographiques autour de son oeuvre.
Le président français François Hollande a rendu hommage "à cette femme de conviction, aux identités multiples et fertiles qui nourrissaient son oeuvre, entre l'Algérie et la France, entre le berbère, l'arabe et le français".
Figure majeure de la littérature maghrébine d'expression française, Assia Djebar a publié une vingtaine de romans, témoignages, recueils de poèmes, traduits dans autant de langues. Elle était aussi cinéaste.
Lauréate en 2000 du prix allemand de la Paix, élue à la prestigieuse Académie française en juin 2005, elle fut citée à plusieurs reprises pour le prix Nobel de littérature.
De son vrai nom Fatima Zohra Imalayène, cette fille d'instituteur, née le 30 juin 1936 à Cherchell, à 150 km à l'ouest d'Alger, publie son premier roman, "La soif", à l'âge de 19 ans. Son nom de plume, Assia, signifie "la consolation", et Djebar, "l'intransigeance".
Première femme musulmane admise à l'Ecole normale supérieure de Paris en 1955, elle défend dans son oeuvre pendant plus d'un demi-siècle le droit des femmes, prônant l'émancipation des musulmanes.
Elle prend dans sa jeunesse le parti de l'indépendance de l'Algérie, alors sous domination française, mais décide d'écrire en français. Elle enchaîne les romans jusqu'au milieu des années 1960, "Les impatients" (1958), "Les enfants du nouveau monde" (1962)...
De retour dans son pays, elle enseigne plusieurs années l'histoire à l'université d'Alger.
Héritière de deux cultures, maghrébine et occidentale, elle s'oppose à l'arabisation forcée de son pays et revient à l'écriture dans les années 1980. Elle publie alors ses romans les plus connus, "L'amour, la fantasia" (1985) ou "Ombre sultane" (1987), qui plaident pour la démocratie, les droits des femmes et le dialogue des cultures.
Son oeuvre évoque ensuite le sort des femmes et des intellectuels confrontés à l'intolérance et à la violence des années 1990 en Algérie.
Le français, 'tempo de ma respiration'
Elle choisit de retourner vivre à Paris, en 1980. Sa vie est consacrée presque exclusivement à son travail d'écriture: romans, essais, théâtre, travail critique.
En 1999, elle est élue à l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique. Six ans plus tard, elle devient la première personnalité du Maghreb, et l'une des rares femmes, élue à l'Académie française. Le jour de sa réception, elle évoque l'"immense plaie" laissée par le colonialisme sur sa terre natale et son attachement fusionnel à la langue française, "lieu de creusement de mon travail, tempo de ma respiration au jour le jour".
Dans son dernier livre, "Nulle part dans la maison de mon père" (Fayard), en 2007, récit autobiographique et pèlerinage de la mémoire, Assia Djebar ressuscite une trajectoire individuelle qui se confond avec celle de son peuple.
Pendant des années, Assia Djebar est rentrée régulièrement en Algérie. Elle n'y est retournée qu'une fois durant la décennie noire, pour l'enterrement de son père. En juin 2005, le gouvernement algérien avait salué son élection à l'Académie française comme "une fierté nationale".
Son oeuvre littéraire est traduite en 23 langues. Une vingtaine d'ouvrages en français, en anglais, en allemand et en italien portent sur l'étude de son oeuvre.
L'écrivaine, qui enseigna aussi plusieurs années la littérature française aux Etats-Unis, à la Louisiana State University de Baton Rouge puis à la New York University, était également cinéaste. Elle avait notamment réalisé "La Nouba des femmes du mont Chenoua" (prix de la critique internationale à Venise en 1979) sur la tribu de sa mère.
OLJ/AFP / le 08 février 2015 à 00h13
https://www.lorientlejour.com/article/910335/assia-djebar-grande-voix-de-lemancipation-des-musulmanes.html
Amel Chaouati sur TV5 monde.
La femme sans sépulture
Poèmes pour l'Algérie heureuse
~~~Assia Djabar ~~~
Neiges dans le Djurdjura
Pièges d'alouette à Tikjda
Des olivettes aux Ouadhias
On me fouette à Azazga
Un chevreau court sur la Hodna
Des chevaux fuient de Mechria
Un chameau rêve à Ghardaia
Et mes sanglots à Djémila
Le grillon chante à Mansourah
Un faucon vole sur Mascara
Tisons ardents à Bou-Hanifia
Pas de pardon aux Kelaa
Des sycomores à Tipaza
Une hyène sort à Mazouna
Le bourreau dort à Miliana
Bientôt ma mort à Zémoura
Une brebis à Nédroma
Et un ami tout près d'Oudja
Des cris de nuit à Maghnia
Mon agonie à Saida
La corde au cou à Frenda
Sur les genoux à Oued-Fodda
Dans les cailloux de Djelfa
La proie des loups à M'sila
Beauté des jasmins à Koléa
Roses de jardins de Blida
Sur le chemin de Mouzaia
Je meurs de faim à Médea
Un ruisseau sec à Chellala
Sombre fléau à Medjana
Une gorgée d'eau à Bou-Saada
Et mon tombeau au Sahara
Puis c'est l'alarme à Tébessa
Les yeux sans larmes à Mila
Quel Vacarme à Ain-Sefra
On prend les armes à Guelma
L'éclat du jour à Khenchla
Un attentat à Biskra
Des soldats aux Nementcha
Dernier combat à Batna
Neiges dans le Djurdjura
Piéges d'alouette à Tikjda
Des olivettes aux Ouadhias
Un air de fête au coeur d'El Djazira 😘
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