Rencontre avec Daniel Kupferstein qui, avec ses trois films « les balles du 14 juillet », «17 octobre 1961. Dissimulation d'un massacre », et « Mourir à Charonne, pourquoi ? », fouille les entrailles de la sombre histoire coloniale de la France au XXe siècle.
Le réalisateur a retrouvé des témoins, fait parler les historiens afin de reconstituer au mieux le déroulement de ces massacres occultés où le nom de Maurice Papon n’est jamais loin, et de comprendre comment le mensonge d’Etat a si bien fonctionné. - Les 17 et 18 octobre 1961, lors d'une manifestation non-violente contre le couvre-feu qui leur était imposé, des dizaines d'algériens étaient assassinés à Paris par des fonctionnaires de police aux ordres de leurs supérieurs, sous couvert du préfet de police Maurice Papon. Pendant quarante ans, ce crime a été occulté. - Le 8 février 1962, les syndicats et partis de gauche appellent à une manifestation de protestation contre les attentats de l’OAS. Au moment de la dispersion au métro Charonne, la police charge brutalement. On relèvera neuf morts et de nombreux blessés. - Le 14 juillet 1953, en plein Paris, la police parisienne a chargé un cortège de manifestants algériens. En quelques minutes, sept personnes (six Algériens et un Français) ont été tuées et plus de quarante blessés par balles.
Rappelez-vous de notre article « Les balles du 14 juillet 1953 » : un film sur un carnage méconnu : une plaque sera apposée en hommage aux victimes
La Mairie de Paris a fait poser une plaque à la mémoire des victimes du 14 juillet 1953 le 6 juillet 2017 à 14 h 45, Place de la Nation
Le 14 juillet 1953, la traditionnelle manifestation célébrant la fête nationale prend un tour tragique lorsque la police ouvre le feu sur le cortège. Les tirs ciblent essentiellement les représentants du parti nationaliste algérien et font de nombreuses victimes. Fruit de quatre ans d'enquête, le livre de Daniel Kupferstein, grâce à de nombreux témoignages, fait la lumière sur ce non-dit de l'Histoire qui servit de déclencheur à la « guerre de libération » initiée par le FLN.
Le 14 juillet 1953, la gauche communiste et syndicale célèbre la fête nationale, comme c’est la tradition, par une manifestation à Paris. Y participent, à la fin du cortège, plusieurs milliers de militants du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD), le parti nationaliste algérien. Quand ils arrivent place de la Nation, des heurts se produisent et les policiers tirent froidement sur les manifestants algériens. Six d’entre eux sont tués, ainsi qu’un militant de la CGT. Et on compte des dizaines de blessés par balles.
Pendant un demi-siècle, ce drame va être effacé des mémoires et des représentations, en France comme en Algérie. Pour comprendre les raisons de cette amnésie et faire connaître les circonstances de l’événement, Daniel Kupferstein a conduit une longue enquête, pendant quatre ans. Elle lui a permis de réaliser en 2014 un film, que ce livre prolonge et complète. On y découvrira les témoignages inédits de nombre d’acteurs de l’époque, ainsi que les ressorts de l’incroyable mensonge d’État qui a permis l’occultation de ce massacre. Et on comprendra le rôle essentiel de « déclic » joué par ce dernier dans le déclenchement par le FLN de la « guerre de libération » en novembre 1954.
« L’originalité de l’approche de Daniel Kupferstein réside dans sa méthode de cinéaste documentariste. Si ce livre s’appuie sur la consultation d’archives inédites, sur une lecture attentive de la presse de l’époque et des moindres évocations du 14 juillet 1953 au cours des années qui suivent la tragédie, sur une fréquentation des études consacrées à la guerre d’Algérie, une part essentielle est constituée par la recherche des témoignages. Ce qui en fait la richesse, c’est bien la rencontre avec les acteurs de cet épisode sanglant, avec leurs proches, aussi bien du côté des victimes que des forces de répression, et avec tous ceux dont la vie, aujourd’hui encore, est entravée par les non-dits, les mal-dits de l’Histoire. » Extrait de la préface de Didier Daeninckx.
Daniel Kupferstein, réalisateur et documentariste, est l’auteur de nombreux films, en particulier Dissimulation d’un massacre (2001), sur la sanglante la répression de la manifestation du FLN du 17 octobre 1961 à Paris, et Mourir à Charonne, pourquoi ? (2010) sur la répression de la manifestation du 8 février 1962.
http://www.micheldandelot1.com/
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