Soldats français en Algérie en 1954• Crédits : INTERCONTINENTALE - AFP
Il ne faut pas croire !" Sur les 1,2 millions d’appelés combien voulaient la faire cette guerre ? Pourtant, ils y sont tous allés, par goût du romantisme et du voyage ou par conviction politique, ou encore au nom de cette idée que "le régiment" virilise et fait de vous un homme, un vrai, un dur. Ils sont pourtant près de 12 000 à avoir refusés, d’une manière ou d’une autre, de participer à cette guerre, soit 1% des appelés. Refusant de devenir les "dormeurs du val" d’une guerre qui n’était pas la leur, certains firent comme le Déserteur de Boris Vian. Ils écrivirent des lettres à Monsieur le président René Coty et à son successeur De Gaulle, et ils finirent en prison, en métropole ou en Algérie dans les bagnes ou les "bats-d’Af" (bataillons d'Afrique). On les a appelés "les soldats du refus". Alban Liechti et Jean Clavel, les deux premiers d’entre eux n’ont pas attendu le "manifeste des 121" pour s’opposer à cette guerre coloniale. Lâchés par le PCF, ils se souviennent de la note. Plutôt salée.
Les mots de la guerre
C'était d'un seul coup une sorte d'invasion de mots nouveaux qui désignaient les uns et les autres, des termes (crouille, fellagha) qu'on n'avait jamais entendu et qui nous paraissaient d'une étrangeté absolue au regard de ce que l'on vivait. Gérard Mordillat
L'invention de l'ennemi
L'invention de l'ennemi est un des points essentiels, je dirais, de la pensée stratégique. Il faut inventer l'ennemi pour justifier l'injustifiable et je crois que c'est pour ça qu'on refuse. Gérard Mordillat
Une guerre impopulaire
A la moitié de l'année 1956 dans la population française, 70% de la population pense que l'Algérie va être indépendante et qui ne veut pas que les jeunes partent là-bas. La guerre d'Algérie, au bout du compte, s'est faite contre la population française. Tramor Quemeneur
Les politiques et la guerre
On sait que les socialistes, dans ce cas là, ont été en dessous de tout. On connaît l'ambiguïté et l'indécision du Parti communiste. On a vu le côté absolutiste de la droite qui voulait à tout prix que l'Algérie soit la France.
Un documentaire en quatre volets donne la parole à ceux qui ont vécu les « événements » comme on disait alors. Six décennies après, les non-dits restent difficiles à dépasser.
Par une nuit baptisée « Toussaint rouge », le 1er novembre 1954, débutait une guerre sans nom. Près de soixante ans après la fin des « événements d’Algérie » – une guerre qui ne sera reconnue comme telle qu’en 1999 –, les mémoires semblent encore aussi vives qu’en 1962, l’an I de l’indépendance, proclamée le 5 juillet après la signature des accords d’Evian le 18 mars.
Que n’a-t-on dit et, surtout, pas dit sur cette guerre aussi bien documentée que mal nommée, s’interroge Alain Lewkowicz dans une série documentaire en quatre volets, diffusée à partir de lundi 3 mai sur France Culture. « Guerre », « guerre coloniale », « guerre sans visage »… Les multiples manières de nommer cette époque disent le non-dit. D’où l’intérêt des témoignages ici présentés. De ceux qui ont fait la guerre, et de ceux qui l’ont refusée. Les deux à leurs risques et périls.
Pas une famille de métropole ne sera épargnée : 1,2 million de jeunes gens furent appelés sous les drapeaux. C’est d’abord le temps des premiers retours enthousiastes, mâtinés d’exotisme, de soleil et de ciel bleu. Puis viennent les images des corps mutilés de « copains », le temps de la torture, des « corvées de bois » (exécutions sommaires).
« C’était joli Bougie [aujourd’hui Béjaïa] sous le soleil quand on est arrivés, dit Jean-Claude Guérin. Puis on a entendu des coups de feu dans le lointain, des bombes qui sautent… On allait chercher les véhicules endommagés. On comprenait avec le sang qu’il y avait à l’intérieur qu’on avait laissé des copains. » Un ancien radio se souvient : « Les “corvées de bois”, j’en ai vues. Je savais que le gars qui partait, il n’allait pas revenir. » Suivront les cauchemars, les troubles post-traumatiques et le silence qui s’installe, jusqu’au cœur des familles.
Désobéissance
Il y a les « soldats du refus ». Un appelé sur cent dira non. « Ils m’ont tout de suite mis en taule, se rappelle Alban Liechti. Après ils m’ont mis dans un train et je suis parti. J’ai été envoyé à Tizi-Ouzou, en Kabylie. » D’autres choisiront l’exil dans des pays voisins. Ultraminoritaires, ils contribueront à l’émergence de la question de la désobéissance et du refus de la guerre dans la société. Le Monde sera en première ligne de cette prise de conscience.
C’est aussi l’ineffable mémoire des « rapatriés ». Descendants des premiers qui s’installèrent en Algérie dans le sillage de la conquête coloniale, au XIXe siècle – Français, Allemands, Corses, Italiens, Espagnols qui bouleversent irrémédiablement le destin des musulmans et juifs présents parfois depuis deux mille ans –, ils voient en 1962 à leur tour leur destin basculer. C’est l’exil des « pieds-noirs », plus de 1 million de personnes qui découvrent une France pressée de passer à autre chose. Sans oublier les Harkis, traîtres pour les Algériens mais aussi pour nombre de Français. Double peine…
« Comment concilier les mémoires individuelles, subjectives, incomplètes, communautarisées, à celle consignée dans les livres scolaires, un récit national mouvant au gré des alternances politiques ? », interroge le documentaire. « La guerre d’Algérie est dans toutes les familles. Qu’elles soient maghrébines, “gauloises” ; pieds-noirs ou juives, soupire une rapatriée. Il y a une mémoire, mais elle est tue. Comme si chacun avait une souffrance qu’il ne voulait pas transmettre à l’autre. » Une possible réconciliation par les larmes partagées ?
Les Mémoires vives de la guerre d’Algérie. Ce que nos pères ont fait en Algérie, de Somany Na et Alain Lewkowicz. Du lundi 3 mai au jeudi 6 mai (4 épisodes de 80 min).
Comme le dit le dictionnaire Larousse, "un rapatrié ou une rapatriée est une personne ramenée dans son pays d’origine par les soins des autorités officielles"....
On le sait bien : la mémoire, ce n’est pas l’Histoire. Alors, comment survivre à la confrontation des mémoires ?
À PROPO
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Guerre d’Algérie : la douloureuse mémoire des «disparus»
Ils sont des milliers, comme Maurice Audin ou Ali Boumendjel, «disparus» lors de la guerre d’indépendance algérienne. Des anonymes, enlevés, parfois torturés, puis assassinés par l’armée française. Une question enfouie au fil des années, épine douloureuse dans la réconciliation des mémoires franco-algériennes.
Algérie, février 1958. Bordj Bou Arreridj, une ville des hauts plateaux à l’est d’Alger, connaît le bouillonnement de la contestation indépendantiste. Et la violence de la guerre. Le 2 février, l’armée française pénètre dans «Bordj», comme on surnomme alors la cité. «La population avait été regroupée dans le stade municipal. […]. Ma mère me racontait toujours qu’elle n’avait pas de photo d’identité. Elle en a fait une ce jour-là.» Les militaires, comme pour marquer leur contrôle, photographieront tous les Algériens présents dans le stade.
Samir Zouaou est né à Bordj. Il relate à Libération l’histoire de sa famille. Ce jour-là, «l’armée a fouillé les maisons. Ils sont tombés sur une liste du FLN [le Front de libération national]». Cinquante-six hommes sont arrêtés. Parmi eux, l’oncle de Samir, un militant du FLN. «Ils l’ont embarqué vers une destination inconnue. Nous ne l’avons jamais revu.» Les hommes ont-ils été emmenés dans un camp de détention ? Torturés…
C’est un document précieux qui dort dans les cartons des Archives Nationales Algériennes (ANA) réputée parmi les chercheurs du monde entier être un sanctuaire quasi-inviolable dès qu’il s’agit d’archives issues de la guerre de libération. Titrée « Résumé des efforts d’armement pendant le Révolution de 1954 », cette note de huit pages retrace pour la première fois les efforts logistiques et financiers mis en œuvre par les insurgés algériens pour s’approvisionner en armes et en matériel pendant la guerre d’Algérie.
Une enquête d’Olivier Toscer
Nourrie par les souvenirs d’un petit groupe d’anciens combattants, le document a été rédigé par l’un d’entre eux, Abdelkader Bouzid plus connu sous son nom de guerre d’Abou El Feth. Cet ancien instituteur de l’Education nationale française, né à Oudja au Maroc en 1930 et qui avait rejoint les insurgés dès 1956 est l’auteur de « cette modeste recherche et tentative de reconstitution effectuée sans accès aux archives et statistiques précises », comme il le précise, en préambule. Son témoignage est pourtant d’autant plus important qu’il est rare. L’histoire militaire de la guerre d’indépendance reste en effet à écrire. Jusqu’ici, les gouvernements successifs algériens ont en effet toujours refusé de déclassifier les archives militaires du FLN.
Témoin capital, Abdelkader Bouzid fait partie de ceux que l’on appelle à Alger, « les malgaches », non pas parce qu’ils seraient originaires de Madagascar mais parce qu’ils ont participé à la mise sur pied en septembre 1958, du ministère de l’armement et du ravitaillement général (MALG).
Plus précisément, Bouzid officiait, avec le rang de capitaine, comme adjoint au directeur de « la vigilance et du contre-renseignement », Abderahmane Berrouane dit Safar. Cet organe de renseignement du MALG est l’ancêtre de ce qui est devenu la redoutable direction du renseignement et de la sécurité (DRS), qui fut jusqu’en l2015 ’organe qui a détenu jusqu’en 2015 l’essentiel du pouvoir en Algérie.
Abdelkader Bouzid occupera après la guerre diverses fonctions dans la sphère culturelle du pays comme directeur du Touring Club d’Algérie, attaché culturel à l’ambassade d’Algérie à Washington puis patron de l’Entreprise National du Livre (ENAL), une maison d’édition publique aujourd’hui dissoute. Contrairement au pouvoir en place, Bouzid, a toujours été partisan de raconter l’histoire de la guerre de libération (1).
« Entre 1948 et 1950, d’importantes quantités d’armes récupérées en Libye et datant de la seconde guerre mondiale avaient été enterrées dans des caches secrètes dans les Aurès », raconte Abdelkader Bouzid
Bouzid rappelle que, dès 1947, une organisation spéciale (OS) avait été crée pour se préparer à la lutte armée. « Entre 1948 et 1950, d’importantes quantités d’armes récupérées en Lybie et datant de la seconde guerre mondiale avaient été enterrées dans des caches secrètes dans les Aurès », raconte-t-il. L’OS sera certes démantelée par les autorités françaises en 1950. Mais les caches d’armes étaient toujours opérationnelles le 1er novembre 1954 quand la réunion des « 21 responsables » tenue au domicile algérois de Derridj Elias décide de lancer la guerre de libération nationale.
Il faut alors évidemment sécuriser de nouveaux armements. « La famille royale saoudienne a offert en cash le premier cadeau conséquent à la Révolution algérienne » révèle Bouzid. La famille régnante en Irak et d’autres leaders arabes se joignent à leur tour au soutien de la cause dès les premiers temps de l’insurrection. Des armes saisies sur les militaires français complètent l’arsenal des premiers mois.
L’ancien combattant liste les principaux ports utilisés au départ des livraisons : l’essentiel transitait par Alexandrie en Egypte. Mais les Chinois utilisaient parfois Tunis pour acheminer des armes
Mais c’est l’Egypte de Nasser qui apparaît vite comme le premier pourvoyeur d’armes à l’ALN. Bouzid détaille un des premiers chargements significatifs d’armes provenant d’Egypte et transitant par la Tunisie le 20 novembre 1956 : près de 2 000 fusils à répétition Lee-Anfield, une vieille arme de l’empire britannique et des fusils mitrailleurs Bren de fabrication britannique également. « Le transport d’Egypte s’était fait en poids-lords Bedford avec l’aide du frère Salem Chelbek, un transporteur libyen qui avait mis à disposition de l’Algérie des relais sur le parcoursMarsa Matrouh – Benghazi – Tripoli – Tunis – frontière Est algérienne ».
Cette année-là, une autre cargaison devait être acheminée d’Egypte vers les maquis algériens via la mer. Mais l’Athos, le navire affrété par l’ALN restera au port, stoppé par l’expédition de Suez, le déploiement des forces britanniques, françaises et israéliennes censés s’opposer à Nasser et à sa décision de nationaliser le canal de Suez. Un simple contretemps, en réalité. Rapidement, les opérations reprennent avec des chalutiers et autres bateaux de pêche. « Le plastic était envoyé à Alger comme cela », précise Bouzid. Dans une annexe de sa note, l’ancien combattant liste les principaux ports utilisés au départ des livraisons : l’essentiel transitait par Alexandrie en Egypte. Mais les Chinois utilisaient parfois Tunis pour acheminer des armes aux rebelles algériens. Une partie du matériel ayant transité par la Grèce arrivait également en Tunisie.
Le transport aérien était plus rare. Mais il a existé. « En 1957, révèle par exemple l’ancien moudjahid, l’Irak nous a envoyé trois gros porteurs Antonov remplis de mortiers de 50,60,80 et 81 millimètres, des obus d’artilleries des fusils mitrailleurs et des mitraillettes ». Le matériel saoudien arrivait lui aussi par les airs.
Un bureau central est installé au Caire avec trois centres opérationnels principaux au Maroc, en Tunisie et en Libye et également des relais en Europe
La Turquie est également un gros pourvoyeur d’armes lourdes, cette année-là. « Après la visite du président turc Celal Bayar à Tripoli, la Turquie nous a envoyé 5000 mitrailleuses lourdes MG34 et 42 (de fabrication allemande, ndlr) », précise-t-il.
Pour gérer cette logistique militaire de plus en plus imposante, les combattants algériens perfectionnent leur organisation. Un bureau central est installé au Caire avec trois centres opérationnels principaux au Maroc, en Tunisie et en Libye, avec deux sous-structures à Benghazi et à Marsa Matrouh. Une antenne en Europe est également mise sur pied. D’abord placées sous le commandement du colonel Amar Ouamrane, alias Bu Qqaru, un ancien sergent de l’armée française puis à partir de 1958 sous celui de Colonel Mahmoud Chérif, ces structures permettent l’approvisionnement en armes et en vivres de la rébellion depuis l’Egypte.
Il est assuré principalement par des poids lourds selon un protocole bien huilé. « Il y avait deux chauffeurs par véhicules, raconte Bouzid, pour traverser chaque pays, la Lybie et la Tunisie, en une nuit chacun. Nos poids-lourds avaient été modifiés par notre propre personnel pour augmenter de trois à quatre fois leur autonomie. Ainsi, nos camions pouvaient rejoindre la frontière Est de l’Algérie sans avoir à s’arrêter pour faire le plein ».
Entre 1957 et 1962, Abdelkader Bouzid estime que le matériel (armes et vivres pour les maquis) pris en charge en Egypte et transmis l’Algérie via la Libye et la Tunisie s’est élevé à 265 tonnes par mois en moyenne avec un record pendant toute l’année 1959 de 510 tonnes pas mois. Un calcul qui ne concerne que les livraisons à l’Est.
Mais la rébellion algérienne peut aussi compter sur des livraisons à la frontière Ouest du pays acheminées à partir de Conakry en Guinée. « Le transport se faisait en traversant le Mali pour arriver à Bordj Badji, Tamanrasset et Ain-Salah, note Bouzid. Tous les moyens de transports étaient possibles : camions, chameaux, chevaux,».
Plus étonnant encore, dans ce document historique, on apprend que le gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA) entretenait son propre service de douanes. « Cela a été rendu nécessaire vis-à-vis de l’augmentation des marchandises qui arrivait au port de Tunis et à la confidentialité que cela exigeait, explique Bouzid dans sa note. A tous les niveaux, notre priorité était de tout mettre à la disposition du commandement militaire dans les plus brefs délais et en totale sécurité ». Et l’ancien combattant de conclure son témoignage sur une note d’un patriotisme un brin désuet: « Nos frères combattants, malgré leur infériorité en nombre et en équipement, on été capables grâce à leur foi et à nos moyens logistiques d’accomplir des opérations militaires spectaculaires qui aujourd’hui figurent parmi les plus grands faits militaires de l’histoire avec ceux du Vietnam ».
(1) Deux ans avant sa mort, Abdelkader Bouzid avait transmis une copie de la note rédigée en juillet 1996, à la MacArthur Foundation aux Etats-Unis qui l’a récemment mis depuis à disposition des chercheurs.
La politique, c’est de la storytelling où ne compte que ce que l’on se raconte.
Tout dépend comment on se monte ou on se démonte la tête, comment on ordonne et comment on s’impressionne, comment on construit son schéma, comment on fait son cinéma en projetant sa joie ou sa douleur.
La raison y est rarement, c’est la passion qui y fait régner le désordre, le lucre et la perversité.
Et qui dit passion, dit excès, folie, folie passagère ou folie meurtrière.
On ne fait pas de politique sans crever des yeux ni sans se prendre tôt ou tard pour Dieu.
Pas la peine de feuilleter le passé, il ne livre que des contre-exemples de ce qui va advenir : l’ère du tourment.
On vous ment quand on vous dit qu’il y aura autre chose que des sentiments. Et ce sont précisément les sentiments qui seront à l’origine de tous les déraillements, les débordements, les déconstructions…une pathologie qui n’est pas ordinaire… une pathologie extra-ordinaire… ultra-ordinaire.
Certains films de science-fiction nous ont parfois fait rêver en nous faisant voyager dans le temps. Parfois relaté de véritables cauchemars, non plus en voyant ce qui se passe ou ce qui s’est passé, mais ce qui va se passer… non pas l’être mais ce qui est destiné à être…
Pour cela, il faut avoir plus qu’un feeling, il faut être capable de Shining… avoir la capacité ou le pouvoir de voir l’invisible au cœur du visible… comme si on transperçait le cœur de l’être pour accéder à son pouvoir être.
À quel moment il va commettre son crime et quel crime il va commettre …
On sait désormais quelle folie va provoquer tel ou tel crime, tel ou tel délit… La folie qui va effectuer le passage à l‘acte et rendre le mal effectif.
Il n’y en a pas qu’une mais plusieurs qui se bousculent au portillon pour nous faire sortir du sillon :
Je vais les citer pêle-mêle sans que ma faculté de goût ne s’en mêle :
- Le machisme mais surtout le féminisme : ça y est on y est !
- Le racisme, mais surtout l’antiracisme : ça y est, on y est !
- Le mondialisme mais surtout l’altermondialisme : ça y est, on y est !
- Le radicalisme, mais surtout le déradicalisme : ça y est on est !
- L’immoralisme, mais surtout l’amoralisme : ça y est, on y est !
- Les désordres de la force mais surtout les forces du désordre : ça y est, on y est !
- Enfin le terrorisme : ceux qui en meurent mais surtout ceux qui en vivent : ça y est, on y est !
À se disputer comme des oies sauvages dans un asile d’aliénés. Avec un nouveau paradigme digne de notre obscurantisme. Ce n’est plus la raison du plus fort qui est toujours la meilleure, c’est désormais la raison du plus faible !
Il y a un dicton qui a toujours retenu mon attention lors de ma traversée du grand Maghreb et qui dit en substance :
Lorsque tu vois quelqu’un sur un manche à balai, au lieu de lui en dire du mal, dis lui plutôt qu’il a un très beau cheval.
Car pour ces gens là, la morale n’est pas morale si elle ne relève pas le moral.
On dit que c’est bien même si c’est mal. Car le sens commun là-bas considère qu’il n’y a pas d’autre marché qu’un marché de dupes : il faut croire que ça marche pour que ça marche même si ça ne marche pas.
Ce n’est pas seulement une positive attitude, mais une attitude curative. Une Foi salvatrice ou salutaire dans le bien. On chasse le mal du revers de la main, à chaque fois qu’on remonte le moral d’un pantin.
C’est la vie et la vie est un souk qu’on ne peut traverser qu’en disant Mabrouk, qu’en se félicitant, qu’en croyant à la félicité.
Tu épouses une guenon, je te félicite en disant Mabrouk pour ce canon.
Tu habites un immeuble plutôt laid, je te félicite en disant : Mabrouk pour ce palais !
Tu me présentes ton enfant et tu me demandes de te dire s’il n’est pas un peu con, je te réponds qu’il me donne une toute autre impression : je dirais qu’il a plutôt le profil d’un surdoué !
Mensonge ? Hypocrisie ? Flagornerie ?
Autrement dit comment ces gens là justifient-ils ces flatteries grossières et basses ?
Ou comme dirait Beaumarchais : comment soutenir ces éloges flatteurs qui ne reposent sur aucune liberté de penser ?
C’est plutôt vil et servile, pour ne pas dire complètement débile de dire Mabrouk à un plouc, de l’encourager à garder au lieu de changer de look.
C’est du mauvais Leibniz : tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, disait-il mais il ne disait pas que ton manche à balai n’est pas un manche à balai mais qu’il faut t’y faire au lieu de t’en faire car tout a un lien avec Dieu et Dieu ne peut faire que bien… ce qui est, est ce qui doit être.
On n’a pour autant, dirait Leibniz aucune raison de flatter la réalité, il suffit de la relater pour s’apercevoir qu’il y a dedans comme une harmonie préétablie… l’œuvre et la main d’œuvre d’un être parfait.
Je voudrais néanmoins prendre la défense du Grand Maghreb en soulignant sa glorieuse ou fâcheuse habitude à cristalliser, à sublimer, à forcer le trait.
Il y a trois raisons à ce sens de l’exagération, à cette emphase à répétitions :
- La première raison est liée à un fatalisme par essence : comme je sais que le réel est ce qu’il est et que mon jugement n’y changerait rien, c’est plus vite fait de te dire que ton manche à balai me plaît, au lieu d’ouvrir et de devoir couvrir je ne sais quelle plaie.
- La deuxième raison est liée à un traitement de texte et de contextes typiquement Maghrébins : on ne dit pas le mal, non pour une raison morale mais parce que c’est inutile, ça ne rapporte rien ou que des pépins.
En revanche, on ne dit pas le bien parce que c’est bien mais parce que c’est utile, ça rapporte et ça peut rapporter gros.
-Enfin, il y a une troisième raison de flatter son semblable au lieu de le latter … mais le grand Maghreb ne l’a pas encore trouvée !
Je vais conclure ma petite Sonia, c’est le prénom de mon âme-sœur, par une anecdote :
Un jour alors que je me promenais dans la forêt de Rambouillet, je vis une petite fille creuser un petit trou au pied d’un arbre et enterrer sa petite poupée.
Je lui ai demandé la raison de cet enterrement. Elle m’a répondu très clairement qu’elle n’enterrait passa petite poupée, mais qu’elle la semait dans la terre et espérait en récolter plusieurs…
J’ai été charmée par sa sublime naïveté et je l’ai félicité pour son initiative en lui disant : Mabrouk…
Je le regrette aujourd’hui parce que je crois avoir raté l’occasion ou jamais de lui expliquer qu’aucune forme ne produit de fond, c’est le fond qui produit la forme… mais j’ai été aussi bête que Décathlon en lui disant : à fond la forme !
Alors que j’aurais mieux fait de lui dire : il faut se débarrasser de la forme pour aller au fond.
Le chef d’état-major Saïd Chengriha, en invoquant, au mépris de la réalité historique, les « millions de martyrs » tombés face à la France, ferme la porte à la réconciliation mémorielle.
Le général Chengriha, le 19 décembre 2019 à Alger (Fateh Guidoum, AP)
L’homme le plus puissant d’Algérie n’est pas le président Abdelmejid Tebboune, bien mal élu en décembre 2019, dans un scrutin marqué par une abstention historique de 60%. Le véritable « homme fort » du pays demeure son chef d’état-major en tant que dirigeant de fait des « décideurs » militaires qui, sous une forme ou sous une autre, accaparent le pouvoir depuis des décennies. En ce même mois de décembre 2019 où Tebboune accède à la Mouradia, l’équivalent algérien de l’Elysée, Chengriha succède à la tête des armées algériennes à Ahmed Gaïd Salah, décédé « des suites d’un arrêt cardiaque à son domicile », selon le communiqué officiel. Gaïd Salah avait contraint le président Bouteflika à la démission en avril 2019, dans l’espoir d’apaiser la contestation pacifiste du Hirak, avant de pousser la candidature Tebboune pour en finir une fois pour toutes avec la protestation populaire.
UN PRESIDENT SOUS TUTELLE
La discrétion ostensible de Chengriha tranche avec les interventions brutales et les discours volontiers menaçants de Gaïd Salah, à qui les « décideurs » ont reproché d’avoir exposé inutilement l’institution militaire. Le nouveau chef d’état-major se veut avant tout le garant d’une réconciliation interne à la clique dirigeante, avec l’acquittement en janvier dernier des anciens chefs des renseignements militaires, les généraux Mediene et Tartag, condamnés à 15 ans de prison après la démission de Bouteflika. Mais Chengriha n’hésite pas à brider le président Tebboune qui, après avoir annoncé un remaniement gouvernemental, le 19 février, ne parvient à changer ni le Premier ministre, ni les titulaires des portefeuilles régaliens. Le chef d’état-major n’est pas non plus favorable à un authentique travail de mémoire sur la « guerre de libération » anti-coloniale, qui remettrait en cause la propagande officielle, fondamentale pour la légitimation des généraux algériens.
L’Armée nationale populaire (ANP) se pose en effet en héritière de l’Armée de libération nationale (ALN), le bras armé du Front de libération nationale (FLN) depuis le début, en 1954, de l’insurrection anti-française. Cette ANP émane pourtant d’une seule partie de l’ALN, « l’armée des frontières », qui fit mouvement à partir du Maroc et de la Tunisie, lors de l’indépendance de 1962, pour étouffer la résistance intérieure des maquis de l’ALN. Une telle militarisation du régime algérien renversa la hiérarchie traditionnelle des pouvoirs en faisant du FLN, parti unique jusqu’en 1989, le bras civil de l’ANP. C’est pourquoi l’exigence d’un gouvernement pleinement civil, enfin émancipé de la tutelle militaire, est au coeur des revendications du Hirak, dont les manifestations ont repris depuis plus d’un mois. C’est également pourquoi Chengriha s’efforce de caricaturer la contestation populaire en « complot de l’étranger », dont la France serait l’inspiratrice. Il a beau être le premier chef d’état-major sans aucun passé anti-colonial, il choisit ainsi de relancer la guerre des mémoires pour conforter un statu quo aussi favorable aux généraux algériens.
LA SURENCHERE DES VICTIMES
Le 17 mars, Chengriha ouvre avec emphase un séminaire intitulé « Mémoire et unité nationale »: « Les positions du peuple algérien sont comme les montagnes, immuables et inébranlables, puisqu’elles s’inspirent de notre doctrine nationale et de notre glorieuse révolution de libération, scellée par le sang de millions de chouhada » (martyrs). L’exaltation de la lutte anti-française comme seule et unique « révolution » est une constante du discours officiel, ne serait-ce que pour disqualifier toute forme de contestation radicale. L’invocation de « millions » de martyrs est plus troublante dans un pays où, jusque là, était plutôt avancé le chiffre d’un million, voire d’un million et demi de morts (les historiens français considèrent quant à eux que le nombre d’Algériens tués de 1954 à 1962 est de l’ordre du quart de million, dont environ un cinquième par le FLN). Une telle inflation victimaire a été encouragée par la polémique entre la France et la Turquie sur le génocide arménien, le président Erdogan ayant révélé que, selon Tebboune, « la France a massacré plus de cinq millions d’Algériens » en 132 ans d’occupation.
Le discours du 17 mars de Chengriha est d’autant plus combatif qu’il appelle à « préserver le citoyen des dérives alternatives influencées par différents canaux médiatiques ». Là aussi, c’est la France qui est dénoncée pour l’écho qu’elle accorderait aux revendications et aux manifestations du Hirak. Le chef d’état-major balaie les gestes déjà accomplis par Emmanuel Macron en vue d’une réconciliation des mémoires entre la France et l’Algérie, qu’il s’agisse du rapport de l’historien Benjamin Stora, de l’ouverture relative des archives publiques ou de la reconnaissance de la responsabilité de l’armée dans la mort d’Ali Boumendjel. Tebboune, malgré les échanges directs qu’il a eus avec son homologue français à ce sujet, est contraint de s’aligner, le 22 mars, par la voix d’Abdelmajid Chikhi, son « conseiller pour la mémoire nationale », directeur des archives: le rapport Stora ne serait qu’un « rapport franco-français » et « officiellement, c’est comme si ce rapport n’existait pas ». Un tel verrouillage au sommet indigne les historiens algériens qui, le 25 mars, demandent publiquement à Tebboune un accès enfin libéré aux archives nationales.
Il est malheureusement à craindre que les généraux algériens continuent de promouvoir leur propagande d’auto-justification, au détriment d’un regard apaisé sur l’histoire partagée entre leur pays et la France.
Le chef d’état-major Saïd Chengriha, en invoquant, au mépris de la réalité historique, les « millions de martyrs » tombés face à la France, ferme la porte à la réconciliation mémorielle.
Le général Chengriha, le 19 décembre 2019 à Alger (Fateh Guidoum, AP)
L’homme le plus puissant d’Algérie n’est pas le président Abdelmejid Tebboune, bien mal élu en décembre 2019, dans un scrutin marqué par une abstention historique de 60%. Le véritable « homme fort » du pays demeure son chef d’état-major en tant que dirigeant de fait des « décideurs » militaires qui, sous une forme ou sous une autre, accaparent le pouvoir depuis des décennies. En ce même mois de décembre 2019 où Tebboune accède à la Mouradia, l’équivalent algérien de l’Elysée, Chengriha succède à la tête des armées algériennes à Ahmed Gaïd Salah, décédé « des suites d’un arrêt cardiaque à son domicile », selon le communiqué officiel. Gaïd Salah avait contraint le président Bouteflika à la démission en avril 2019, dans l’espoir d’apaiser la contestation pacifiste du Hirak, avant de pousser la candidature Tebboune pour en finir une fois pour toutes avec la protestation populaire.
UN PRESIDENT SOUS TUTELLE
La discrétion ostensible de Chengriha tranche avec les interventions brutales et les discours volontiers menaçants de Gaïd Salah, à qui les « décideurs » ont reproché d’avoir exposé inutilement l’institution militaire. Le nouveau chef d’état-major se veut avant tout le garant d’une réconciliation interne à la clique dirigeante, avec l’acquittement en janvier dernier des anciens chefs des renseignements militaires, les généraux Mediene et Tartag, condamnés à 15 ans de prison après la démission de Bouteflika. Mais Chengriha n’hésite pas à brider le président Tebboune qui, après avoir annoncé un remaniement gouvernemental, le 19 février, ne parvient à changer ni le Premier ministre, ni les titulaires des portefeuilles régaliens. Le chef d’état-major n’est pas non plus favorable à un authentique travail de mémoire sur la « guerre de libération » anti-coloniale, qui remettrait en cause la propagande officielle, fondamentale pour la légitimation des généraux algériens.
L’Armée nationale populaire (ANP) se pose en effet en héritière de l’Armée de libération nationale (ALN), le bras armé du Front de libération nationale (FLN) depuis le début, en 1954, de l’insurrection anti-française. Cette ANP émane pourtant d’une seule partie de l’ALN, « l’armée des frontières », qui fit mouvement à partir du Maroc et de la Tunisie, lors de l’indépendance de 1962, pour étouffer la résistance intérieure des maquis de l’ALN. Une telle militarisation du régime algérien renversa la hiérarchie traditionnelle des pouvoirs en faisant du FLN, parti unique jusqu’en 1989, le bras civil de l’ANP. C’est pourquoi l’exigence d’un gouvernement pleinement civil, enfin émancipé de la tutelle militaire, est au coeur des revendications du Hirak, dont les manifestations ont repris depuis plus d’un mois. C’est également pourquoi Chengriha s’efforce de caricaturer la contestation populaire en « complot de l’étranger », dont la France serait l’inspiratrice. Il a beau être le premier chef d’état-major sans aucun passé anti-colonial, il choisit ainsi de relancer la guerre des mémoires pour conforter un statu quo aussi favorable aux généraux algériens.
LA SURENCHERE DES VICTIMES
Le 17 mars, Chengriha ouvre avec emphase un séminaire intitulé « Mémoire et unité nationale »: « Les positions du peuple algérien sont comme les montagnes, immuables et inébranlables, puisqu’elles s’inspirent de notre doctrine nationale et de notre glorieuse révolution de libération, scellée par le sang de millions de chouhada » (martyrs). L’exaltation de la lutte anti-française comme seule et unique « révolution » est une constante du discours officiel, ne serait-ce que pour disqualifier toute forme de contestation radicale. L’invocation de « millions » de martyrs est plus troublante dans un pays où, jusque là, était plutôt avancé le chiffre d’un million, voire d’un million et demi de morts (les historiens français considèrent quant à eux que le nombre d’Algériens tués de 1954 à 1962 est de l’ordre du quart de million, dont environ un cinquième par le FLN). Une telle inflation victimaire a été encouragée par la polémique entre la France et la Turquie sur le génocide arménien, le président Erdogan ayant révélé que, selon Tebboune, « la France a massacré plus de cinq millions d’Algériens » en 132 ans d’occupation.
Le discours du 17 mars de Chengriha est d’autant plus combatif qu’il appelle à « préserver le citoyen des dérives alternatives influencées par différents canaux médiatiques ». Là aussi, c’est la France qui est dénoncée pour l’écho qu’elle accorderait aux revendications et aux manifestations du Hirak. Le chef d’état-major balaie les gestes déjà accomplis par Emmanuel Macron en vue d’une réconciliation des mémoires entre la France et l’Algérie, qu’il s’agisse du rapport de l’historien Benjamin Stora, de l’ouverture relative des archives publiques ou de la reconnaissance de la responsabilité de l’armée dans la mort d’Ali Boumendjel. Tebboune, malgré les échanges directs qu’il a eus avec son homologue français à ce sujet, est contraint de s’aligner, le 22 mars, par la voix d’Abdelmajid Chikhi, son « conseiller pour la mémoire nationale », directeur des archives: le rapport Stora ne serait qu’un « rapport franco-français » et « officiellement, c’est comme si ce rapport n’existait pas ». Un tel verrouillage au sommet indigne les historiens algériens qui, le 25 mars, demandent publiquement à Tebboune un accès enfin libéré aux archives nationales.
Il est malheureusement à craindre que les généraux algériens continuent de promouvoir leur propagande d’auto-justification, au détriment d’un regard apaisé sur l’histoire partagée entre leur pays et la France.
Zawahiri, le successeur de Ben Laden, voue une haine particulière à la France, que la branche d’Al-Qaida au Sahel a désignée comme ennemi principal.
Iyad Ag-Ghali, en juillet 2014 (capture d’écran)
Cela fait dix ans aujourd’hui qu’Oussama Ben Laden a été tué dans un raid américain au Pakistan. Le chef d’Al-Qaida n’accordait qu’une place secondaire à la France par rapport aux Etats-Unis dans sa campagne de terrorisme contre « les Juifs et les Croisés », ainsi que les Occidentaux sont stigmatisés dans la propagande jihadiste. Il a fallu attendre juin 2008 pour qu’Al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI), établie un an plus tôt par des jihadistes algériens, tue un ingénieur français à l’est d’Alger, dans un double attentat où onze Algériens ont également péri. En revanche, Ayman Zawahiri, le successeur égyptien de Ben Laden, considère que la France est « l’ennemie de l’Islam » depuis l’expédition du général Bonaparte en Egypte, en 1798-99. Il voit en effet dans la Révolution française une des sources des Lumières arabes, désignées sous le terme de Nahda (Renaissance), dont le jihadisme contemporain prétend liquider l’héritage.
UNE ALLIANCE JIHADISTE AUX AMBITIONS REGIONALES
La branche de loin la plus active du réseau mondial d’Al-Qaida est le « Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans » (GSIM/JNIM dans son sigle arabe). Cette coalition jihadiste est constituée en mars 2017 sous l’autorité d’Iyad Ag-Ghali, le chef touareg d’Ansar Eddine (les « Partisans de la Religion »), actifs dans le nord du Mali. Outre AQMI et une de ses dissidences, le GSIM intègre le Front de libération du Mecina (FLM), implanté dans le centre et le sud du pays. Iyad Ag-Ghali prête allégeance à Zawahiri au nom du GSIM, amplifiant une rhétorique anti-française devenue obsessionnelle. En mars 2018, le groupe lance une attaque coordonnée sur le centre de Ouagadougou, visant aussi bien l’ambassade de France au Burkina Faso que l’état-major des forces armées. Même si l’assaut est repoussé, huit militaires et huit jihadistes sont tués. En octobre 2020, Iyad Ag-Ghali obtient la libération d’environ deux cents jihadistes au Mali en échange de celle de quatre otages, dont la Française Sophie Pétronin. En janvier dernier, le GSIM tue cinq militaires français dans deux attaques successives.
La France considère le GSIM et son chef comme la principale menace au Sahel, où monte pourtant en puissance la branche de « l’Etat islamique » pour le « Grand Sahara » (EIGS), responsable de la mort, en août 2020, de six humanitaires français au Niger. Alors qu’une rivalité sanglante oppose le GSIM à l’EIGS, les militaires français s’efforcent de ne pas favoriser l’un par défaut en privilégiant les frappes sur l’autre. C’est ainsi que des coup sévères ont été portés à l’EIGS après le raid français qui a coûté la vie au chef algérien d’AQMI, en juin 2020 au Mali. Les autorités françaises sont aussi préoccupées par les velléités d’expansion du GSIM vers le Golfe de Guinée, avec infiltration de militants en Côte d’Ivoire et au Bénin. Quant à Iyad Ag-Ghali, il semble ménagé par les généraux algériens, soucieux de se poser en médiateurs au nord du Mali. C’est ainsi que la famille du chef jihadiste résiderait à Tin Zaouatine, dans l’extrême sud algérien, et qu’Iyad Ag-Ghali aurait, selon une enquête très fouillée du « Monde », échappé en 2016 à une tentative occidentale de « neutralisation » dans la ville algérienne de Tamanrasset.
LE REVE D’ETRE LES TALIBANS DU SAHEL
Iyad Ag-Ghali, en dénonçant avec constance « l’occupation raciste et arrogante des croisés français », rêve d’un succès comparable à celui des talibans en Afghanistan, d’où les Etats-Unis viennent d’entamer leur retrait, après deux décennies d’intervention. De même que les talibans, ancrés originellement dans l’ethnie pachtoune, sont parvenus à élargir leur base ethnique et géographique, le GSIM a réussi à agréger aux insurgés touaregs d’Ansar Eddine les jihadistes peuls du FLM, étendant ainsi dangereusement son rayon d’action. La différence majeure entre les talibans et le GSIM est que Washington a accepté de négocier avec les premiers, marginalisant le gouvernement de Kaboul, alors que Paris refuse toute forme de pourparlers avec les seconds. Mais ce sont les autorités maliennes qui, après l’échange de prisonniers d’octobre dernier avec le GSIM, semblent tentées par un dialogue avec au moins une de ses composantes, le FLM.
Le GSIM, malgré son agressivité au Sahel, s’est révélé incapable, comme AQMI avant lui, de frapper le territoire français, se contentant de cibler des objectifs français dans sa zone d’implantation. De manière générale, la terreur d’Al-Qaida a moins sévi en France que celle de « l’Etat islamique », connu sous son acronyme arabe de Daech. Même la revendication de l’attentat de Charlie Hebdo, en janvier 2015, par la branche yéménite d’Al-Qaida paraît plutôt opportuniste, du fait de la responsabilité opérationnelle de Daech dans les attaques de cette semaine sanglante à Paris et dans sa banlieue. Il faut cependant reconnaître que l’acharnement anti-français du GSIM pousse une part croissante de l’opinion locale à croire que le calme reviendrait avec le départ des Français, comme si ceux-ci n’étaient pas intervenus en janvier 2013 pour endiguer une offensive jihadiste sur Bamako. Les réticences des membres de l’UE à rejoindre la force européenne au Sahel, à laquelle ne contribuent que la Suède, l’Estonie et la République tchèque, découlent également de cette conviction que la crise au Sahel serait un défi français plutôt qu’européen.
En cela, la guerre de propagande d’Al-Qaida, dix ans après la mort de son fondateur, a déjà porté ses fruits contre la France.
A la rencontre des anciens combattants, à peine adultes à l’époque, au début de la guerre en 1954
C’est en substance LA question qui reste encore et toujours en suspens, près de 60 ans après la fin de la Guerre d’Algérie. Car comme à chaque « retour » de l’enfer, c’est le silence qui s’impose car tout ce qu’on pourrait dire est ineffable. D’ailleurs, qui pourrait comprendre ? Alors on lisse, on édulcore, on romance, on invente, on tempère, ou on tait. Dans le sillage de l’historienne Raphaël Branche, auteure de « Papa, qu’as-tu fait en Algérie ? », nous sommes allés à la rencontre de ces « bleus », de ces bidasses d’à peine 20 ans dont certains prenaient le train pour la première fois, puis le bateau pour traverser une mer qu’ils n’avaient jamais vu. Ils quittaient leurs parents, parfois une copine ou une épouse et troquaient leur jeunesse contre un fusil. 28 mois après, les démobilisés étaient devenus vieux et silencieux, des anciens combattants les poches remplies de photos de bonnes et franches rigolades au pays de la torture. Mais ils y avaient laissé leurs rêves et leurs illusions et revenaient avec leurs cauchemars et leurs fantômes.
Se battre pour son pays
Le jeune Latifa Khelifati n’a pas été pris à la Sorbonne et il s’est retrouvé dans une blanchisserie de Boulogne-Billancourt, dans un foyer de travailleurs nord africains. Un jour, il est arrivé en disant : « je viens vous dire au revoir, je retourne dans mon pays pour me battre pour l’indépendance avec mes frères » Serge Drouaut
Comme dans un pays étranger
On vous dit, l’Algérie, c’est la France. Vous arrivez là bas, le climat n’est pas le même. Ils ne parlent pas la même langue. La monnaie n’est pas la même. C’est complètement déphasé. Paul Ashdert
La guérilla plus que la guerre
En Algérie, il ne s’est pas passé des batailles. Quand les soldats sont morts sous les balles de l’ennemi, ils sont morts dans des embuscades. C’est une guérilla. C’est une toute petite troupe qui assaille une unité beaucoup plus grande.
Avec :
Bastien Dubois, réalisateur du court métrage d’animation « Souvenir, souvenir » Isis Dubois, sœur de Bastien Bruno Dubois, père de Bastien Francis Yvernes, ancien combattant membre de la FNACA (Fédération Nationale des Anciens Combattants en Algérie, Maroc et Tunisie) Serge Drouot, ancien combattant membre de la FNACA Paul Hajder, ancien combattant membre de la FNACA Jean-Claude Guerin, ancien combattant membre de la FNACA Raphaelle Branche, historienne Gérard Mordillat, Auteur, réalisateur, metteur en scène et écrivain Une série documentaire d’Alain Lewkowicz réalisée par Somany Na
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