La politique, c’est de la storytelling où ne compte que ce que l’on se raconte.
Tout dépend comment on se monte ou on se démonte la tête, comment on ordonne et comment on s’impressionne, comment on construit son schéma, comment on fait son cinéma en projetant sa joie ou sa douleur.
La raison y est rarement, c’est la passion qui y fait régner le désordre, le lucre et la perversité.
Et qui dit passion, dit excès, folie, folie passagère ou folie meurtrière.
On ne fait pas de politique sans crever des yeux ni sans se prendre tôt ou tard pour Dieu.
Pas la peine de feuilleter le passé, il ne livre que des contre-exemples de ce qui va advenir : l’ère du tourment.
On vous ment quand on vous dit qu’il y aura autre chose que des sentiments. Et ce sont précisément les sentiments qui seront à l’origine de tous les déraillements, les débordements, les déconstructions…une pathologie qui n’est pas ordinaire… une pathologie extra-ordinaire… ultra-ordinaire.
Certains films de science-fiction nous ont parfois fait rêver en nous faisant voyager dans le temps. Parfois relaté de véritables cauchemars, non plus en voyant ce qui se passe ou ce qui s’est passé, mais ce qui va se passer… non pas l’être mais ce qui est destiné à être…
Pour cela, il faut avoir plus qu’un feeling, il faut être capable de Shining… avoir la capacité ou le pouvoir de voir l’invisible au cœur du visible… comme si on transperçait le cœur de l’être pour accéder à son pouvoir être.
À quel moment il va commettre son crime et quel crime il va commettre …
On sait désormais quelle folie va provoquer tel ou tel crime, tel ou tel délit… La folie qui va effectuer le passage à l‘acte et rendre le mal effectif.
Il n’y en a pas qu’une mais plusieurs qui se bousculent au portillon pour nous faire sortir du sillon :
Je vais les citer pêle-mêle sans que ma faculté de goût ne s’en mêle :
- Le machisme mais surtout le féminisme : ça y est on y est !
- Le racisme, mais surtout l’antiracisme : ça y est, on y est !
- Le mondialisme mais surtout l’altermondialisme : ça y est, on y est !
- Le radicalisme, mais surtout le déradicalisme : ça y est on est !
- L’immoralisme, mais surtout l’amoralisme : ça y est, on y est !
- Les désordres de la force mais surtout les forces du désordre : ça y est, on y est !
- Enfin le terrorisme : ceux qui en meurent mais surtout ceux qui en vivent : ça y est, on y est !
À se disputer comme des oies sauvages dans un asile d’aliénés. Avec un nouveau paradigme digne de notre obscurantisme. Ce n’est plus la raison du plus fort qui est toujours la meilleure, c’est désormais la raison du plus faible !
Il y a un dicton qui a toujours retenu mon attention lors de ma traversée du grand Maghreb et qui dit en substance :
Lorsque tu vois quelqu’un sur un manche à balai, au lieu de lui en dire du mal, dis lui plutôt qu’il a un très beau cheval.
Car pour ces gens là, la morale n’est pas morale si elle ne relève pas le moral.
On dit que c’est bien même si c’est mal. Car le sens commun là-bas considère qu’il n’y a pas d’autre marché qu’un marché de dupes : il faut croire que ça marche pour que ça marche même si ça ne marche pas.
Ce n’est pas seulement une positive attitude, mais une attitude curative. Une Foi salvatrice ou salutaire dans le bien. On chasse le mal du revers de la main, à chaque fois qu’on remonte le moral d’un pantin.
C’est la vie et la vie est un souk qu’on ne peut traverser qu’en disant Mabrouk, qu’en se félicitant, qu’en croyant à la félicité.
Tu épouses une guenon, je te félicite en disant Mabrouk pour ce canon.
Tu habites un immeuble plutôt laid, je te félicite en disant : Mabrouk pour ce palais !
Tu me présentes ton enfant et tu me demandes de te dire s’il n’est pas un peu con, je te réponds qu’il me donne une toute autre impression : je dirais qu’il a plutôt le profil d’un surdoué !
Mensonge ? Hypocrisie ? Flagornerie ?
Autrement dit comment ces gens là justifient-ils ces flatteries grossières et basses ?
Ou comme dirait Beaumarchais : comment soutenir ces éloges flatteurs qui ne reposent sur aucune liberté de penser ?
C’est plutôt vil et servile, pour ne pas dire complètement débile de dire Mabrouk à un plouc, de l’encourager à garder au lieu de changer de look.
C’est du mauvais Leibniz : tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, disait-il mais il ne disait pas que ton manche à balai n’est pas un manche à balai mais qu’il faut t’y faire au lieu de t’en faire car tout a un lien avec Dieu et Dieu ne peut faire que bien… ce qui est, est ce qui doit être.
On n’a pour autant, dirait Leibniz aucune raison de flatter la réalité, il suffit de la relater pour s’apercevoir qu’il y a dedans comme une harmonie préétablie… l’œuvre et la main d’œuvre d’un être parfait.
Je voudrais néanmoins prendre la défense du Grand Maghreb en soulignant sa glorieuse ou fâcheuse habitude à cristalliser, à sublimer, à forcer le trait.
Il y a trois raisons à ce sens de l’exagération, à cette emphase à répétitions :
- La première raison est liée à un fatalisme par essence : comme je sais que le réel est ce qu’il est et que mon jugement n’y changerait rien, c’est plus vite fait de te dire que ton manche à balai me plaît, au lieu d’ouvrir et de devoir couvrir je ne sais quelle plaie.
- La deuxième raison est liée à un traitement de texte et de contextes typiquement Maghrébins : on ne dit pas le mal, non pour une raison morale mais parce que c’est inutile, ça ne rapporte rien ou que des pépins.
En revanche, on ne dit pas le bien parce que c’est bien mais parce que c’est utile, ça rapporte et ça peut rapporter gros.
-Enfin, il y a une troisième raison de flatter son semblable au lieu de le latter … mais le grand Maghreb ne l’a pas encore trouvée !
Je vais conclure ma petite Sonia, c’est le prénom de mon âme-sœur, par une anecdote :
Un jour alors que je me promenais dans la forêt de Rambouillet, je vis une petite fille creuser un petit trou au pied d’un arbre et enterrer sa petite poupée.
Je lui ai demandé la raison de cet enterrement. Elle m’a répondu très clairement qu’elle n’enterrait passa petite poupée, mais qu’elle la semait dans la terre et espérait en récolter plusieurs…
J’ai été charmée par sa sublime naïveté et je l’ai félicité pour son initiative en lui disant : Mabrouk…
Je le regrette aujourd’hui parce que je crois avoir raté l’occasion ou jamais de lui expliquer qu’aucune forme ne produit de fond, c’est le fond qui produit la forme… mais j’ai été aussi bête que Décathlon en lui disant : à fond la forme !
Alors que j’aurais mieux fait de lui dire : il faut se débarrasser de la forme pour aller au fond.
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