Ancien élève de l’École Normale d’instituteur de Bouzaréah à Alger et après avoir été libéré de mes obligations militaires en Algérie de septembre 1955 à décembre 1957, j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt la situation de quelques collègues normaliens encore en poste en Algérie et principalement en Kabylie. J’avais déjà été très touché de l’enlèvement par le FLN en janvier 1956 de deux sétois : mes camarades de promotion : Pierre Morer et Francis Desfour en poste à Souk el Khémis qui avaient réussi à s’évader et de leur directeur Paul Dupuy qui avait été relâché peu après. Plus tard j’ai évoqué dans mon recueil de poèmes sur la guerre, l’assassinat de Guy Monnereau, instituteur dans les Aurès.
Mais je voudrais plus précisément rappeler ici un évènement grave survenu à El Biar en mars 1962. Le 15 mars 1962, alors que le sort de l’Algérie était décidé, six cadres des Centre Sociaux Éducatifs créés en 1955 par Germaine Tillon afin de lutter contre le déficit de scolarisation des écoliers d’origine algérienne, étaient en réunion de travail au centre d’El- Biar lorsqu’un commando de l’OAS a investi les locaux. Extraits violemment de la salle, les six fonctionnaires ont été plaqués contre un mur et abattus à la mitraillette. Voici le message que Lucien Paye, ministre de l’Éducation Nationale a adressé le 16 mars 1962 à tous les chefs d’établissements scolaire de France.
« L’Université française tout entière s’associe au deuil qui, une fois encore, frappe si douloureusement l’académie d’Alger. Hier matin un groupe de tueurs de l’O.A.S. a lâchement assassiné à El-Biar six de nos collègues, dont les noms doivent être cités à la jeunesse de France : MM. Maurice MARCHAND, Inspecteur d’Académie, Chef du service des centres sociaux d’Alger ; Mouloud FERAOUN, Adjoint au chef du service des centres sociaux ; Robert AIMAR, Inspecteur des centres sociaux, chef du bureau d’Études ; Marcel BASSET, Inspecteur, chef du centre de formation du personnel des centres sociaux ; Ali HAMMOUTENE et Salah OULD AOUDIA tous deux Inspecteurs des centres sociaux pour la région d’Alger, surpris au milieu d’une réunion de travail, ont été alignés devant un mur et sauvagement mitraillés. »
« Unis dans le sacrifice comme ils l’étaient dans leur œuvre d’éducation, ils doivent le demeurer dans notre souvenir. Leurs noms s’ajoutent à la longue liste des maîtres qui en Algérie sont tombés au service des valeurs spirituelles et morales qu’enseigne l’Université française, et dont les centres sociaux d’Algérie, expression et moyen de la coopération dans l’éducation intellectuelle et l’action sociale, sont l’émouvant symbole ».
« En assassinant ces hommes, c’est à ces valeurs morales que l’O.A.S. a voulu s’attaquer. »
« Les obsèques des victimes auront lieu dimanche. »
« Partageant la douleur des familles, je demande que tous les établissements scolaires de France, au début des premières classes de lundi, lecture de ce message soit donné par les maîtres, et qu’une minute de silence soit observée en hommage à la mémoire de ces martyrs. »
J’ajoute que Mouloud Feraoun issu d’une famille kabyle de condition plus que modeste est un des écrivains les plus connus en Algérie.
Georges Garié
vendredi 22 mai 2020,
http://www.4acg.org/Rappel-d-un-evenement-de-mars-1962-en-Algerie-l-OAS-tue-a-El-Biar
Voir aussi :
L'OAS à BOU ISMAÎL
https://tipaza.typepad.fr/mon_weblog/2011/02/loas-%C3%A0-.html
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