Près de quarante ans après la fin de la guerre d’Algérie, une nouvelle vague de témoignages – dont le récit de la militante du FLN Louisette Ighilahriz, les confessions du général Aussaresses et le point de vue à nouveau exprimé, peu avant sa mort, par le général Massu sur le recours à la question durant la « bataille d’Alger » – a relancé, à partir de 2000, le débat sur la torture pratiquée par l’armée française durant la guerre d’Algérie. Au point d’obliger les plus hautes autorités de l’État à de premières réactions.
Avec plus d’évidence que jamais, il est apparu aux yeux des Français – y compris ceux qui n’étaient pas nés aux moments des faits – que la torture y avait été organisée sur une grande échelle et avec l’aval des autorités politiques et militaires du moment. Ce qui ne veut pas dire – faut-il le préciser ? – qu’elle était « systématique », dans le sens où elle aurait été pratiquée partout et par tous. Tel n’a pas été le cas, bien au contraire : il est plus que probable que la plupart des militaires français qui ont servi en Algérie entre 1954 et 1962 n’y ont jamais été personnellement confrontés. Mais elle était généralisée, sur l’ensemble du territoire, au sein d’unités spécialisées. Et tandis que l’ensemble des unités combattantes avaient recours, à des degrés divers, à des brutalités et assassinats de prisonniers qui apparaissent, bel et bien, comme des crimes de guerre, presque tous ces militaires, en revanche, en connaissaient peu ou prou les pratiques, si ce n’est en tant qu’acteurs, du moins en tant que témoins ou, plus fréquemment encore, comme auditeurs des récits d’autres soldats…
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