.
Aroudj et Khaïr-ed-din,à la tête d’une escadre, vont au secours de Bégiajé (Bougie), tombée au pouvoir des chrétiens; Aroudj est blessé au bras, l’amputation est jugée nécessaire; Khaï-ed-din prend le commandement, il croise le long des côtes d’Espagne pour recueillir les Morisques chassés à cette époque de Grenade ; échauffourée de l’île de Minorque ; nouvelles prises, armement des chrétiens.
Au commencement du mois d’avril, les
deux frères, Aroudj et Khaïr-ed-din rassemblèrent
leur troupe et leur équipage, et après avoir
invoqué le nom du Dieu clément et miséricordieux,
ils se mirent en mer. Leur réputation
s’était répandue dans tous les pays de l’idolâtrie,
et la prise du dernier vaisseau sur lequel
se trouvaient ces deux seigneurs espagnols, y avait répandu la
consternation.
Ceux qui étaient à la tète des infi dèles se
rassemblèrent pour, tenir conseil sur le parti
qu’ils avaient à prendre dans des conjectures
aussi critiques. Un d’eux se leva et dit : Si
nous laissons ces Turcs continuer leur piraterie,
il nous sera bientôt impossible de remédier
au mal et ils se rendront les maîtres absolus
de la mer. Avec le petit nombre de vaisseaux
qu’ils sont en état d’armer, nous leur voyons
déjà exercer de si grandes choses; que sera-ce
lorsqu’ils pourront équiper une fl otte de quinze
à vingt bâtimens ? Je pense qu’il est de la prudence
de réunir nos efforts pour arrêter ce torrent
de maux à sa source.
Cet avis fut suivi, et chacun d’eux contribua
à l’armement de huit gros vaisseaux, qui eurent
ordre de chercher Aroudj et Khaïr-ed-din : cette
escadre infi dèle vint les attendre sur les côtes de
Gènes.
Khaïr-ed-din en eut la nouvelle , et il serait
parti aussitôt pour, les attaquer, si on ne l’avait
point informé en même temps que les chrétiens
s’étaient emparés de Bégiajé(1) sur les musulmans.
_______________
1 Bougie
Il préféra aller au secours de ses frères, et tenter
de délivrer ce pays du joug des infi dèles.
En conséquence, il fi t voile pour Bégiajé,
et il mouilla dans une rade voisine afi n de combiner
son entreprise d’après les avis qu’il recevrait.
A peine avait-il jeté l’ancre, qu’il aperçut
une fl otte de quinze vaisseaux chrétien, s’avançant
vers Bégiajé.
Khaïr-ed-din et son frère s’éloignèrent aussi
tôt de la côte et gagnèrent la haute mer. Les infi -
dèles qui virent leur manoeuvre, s’imaginèrent
qu’ils prenaient la fuite, et ils se mirent à leur
poursuite.
Lorsque Aroudj et Khaïr-ed-din se furent
aperçu qu’ils avaient donné dans le piège, ils
commencèrent à diminuer de voile, et se laissèrent
atteindre. Les infi dèles les attaquèrent,
en leur tirant toute leur bordée. Mais Aroudj
et Khaïr-ed-din sans leur donner le temps de
recharger leurs pièces, allèrent aborder immédiatement
ceux qui étaient le plus à leur portée,
et en un clin d’oeil, Aroudj fi t couler un de
ces bâtimens à fond, et Khaïr-ed-din se rendit
maître de celui qu’il aborda. Les autres vaisseaux
des infi dèles qui virent ce coup de main,
regagnèrent à toutes voiles le port de Bégiajé
Khaïr-ed-din envoya sur-le-champ à Tunis le
bâtiment dont il venait de s’emparer; et il suivit
soir frère Aroudj à la rade voisine de Bégiajé,
dans l’espérance qu’il se présenterait une occasion
favorable d’exterminer les ennemis de la
foi.
L’avis d’Aroudj était qu’il fallait opérer une
descente, et aller à l’improviste surprendre les
chrétiens dans Bégiajé. Khaïr-ed-din ne partagea
point son opinion en raison d’un songe
qu’il avait eu la nuit précédente. Aroudj s’obstina
dans son désir ; il prit avec lui cinquante
Turcs d’élite et s’avança fi èrement vers Bégiajé.
Chemin faisant, il rencontra une soixantaine de
chrétiens qui eurent la témérité de l’assaillir. En
un instant ils furent taillés en pièces. Cette victoire
l’enhardit encore davantage : il s’approcha
de la ville. Les infi dèles, du haut des tours, tirent
sur lui des décharges de mousqueterie, et une
balle vint lui percer le bras Cette blessure, qui
le mit hors de combat, avait découragé sa petite
troupe, et il était en danger d’être la victime de
son zèle imprudent. Khaïr-ed-din en fut averti,
il envoya aussitôt un renfort de braves ottomans
qui le ramenèrent à son vaisseau.
Lorsqu’Aroudj eut pris quelque repos, les
douleurs de sa blessure furent encore plus
aiguës, et les médecins décidèrent qu’il fallait
lui couper le bras. Khaïr-ed-din voyant que la
vie de son frère était en danger, consentit à cette
cruelle opération pour conserver ses jours. A
peine fut-elle faite, qu’Aroudj tomba dans un
état de faiblesse capable de lui faire croire qu’il
n’avait pas longtemps à vivre. Il supplia son
frère de ne pas l’abandonner et de prendre le
commandement de son vaisseau.
Khaïr-ed-din le lui promit; il nomma pour
commandant de celui qu’il montait, son capitaine
en second, et fi t aussitôt voile pour la côte
de l’Andalousie.
L’ennemi de la foi venait de s’emparer
depuis peu de la ville de Garnata(1) et de tout
son district. Il y était resté beaucoup de musulmans
qui étaient forcés d’adorer Dieu en secret,
et de ne point lire le livre sacré de leur religion,
dans la crainte que les infi dèles ne les fi ssent
périr.
Khaïr-ed-din resta près de trois mois en croisière
dans ces parages, afi n de secourir ses frères
et de prendre à son bord ceux qui pourraient
s’arracher à la tyrannie des chrétiens. Il opéra
_______________
1 Grenade
plusieurs descentes, dans lesquelles il fi t beaucoup
d’esclaves de l’un et l’autre sexe. Il détruisit
même plusieurs navires. En parcourant la
côte selon sa coutume, il aperçut un jour sept
vaisseaux ennemis qui le suivaient. Malgré leur
nombre, Khaïr-ed-din n’hésita pas à aller les
attaquer : il en aborda un dont il se rendit maître
en peu de temps; et comme il était chargé d’effets
précieux, il l’expédia sur-le-champ pour
Tunis. Les autres vaisseaux prirent la fuite, et il
lui fut impossible de les atteindre.
Les capitaines qui les commandaient, lorsqu’ils
se virent dans le port, se réunirent pour
aller se plaindre à leur roi(1) du trouble que:
Khaïr-ed-din portait à la navigation, et ils lui
fi rent entendre que, tant que cet homme redoutable
existerait, il ne serait plus possible de se
_______________
1 Ils nomment les rois chrétiens taghict, c’est-àdire
rebelle à la loi. C’est même le seul titre que le roi de
Maroc donne encore à la plupart des princes européens
en leur écrivant. Peu s’en est fallu que nous ayons eu
la guerre avec le sultan Mohammed, le père de celui
qui règne aujourd’hui à Maroc, pour le forcer de donner
le titre de sultan au roi de France. II voulait bien l’appeler
et lui écrire Re di Francia, mais non pas sultan de
France; ce ne fut qu’après plus de trois ans de négociations,
qu’il consentit à lui reconnaître ce titre dans sa
propre langue. (Note du traducteur)
mettre en mer sans risquer sa vie ou sa liberté.
Sur leurs plaintes, le roi infi dèle assembla
son conseil, pour lui demander les moyens qu’il
y avait à prendre.
Sur ces entrefaites, Khaïr-ed-din avait
épuisé toutes ses provisions, et il lui était impossible
de continuer sa croisière. Il était à portée
de l’île de Minorque, où il avait coutume d’aller
vendre ses prises et d’acheter ce qui lui était
nécessaire. Par égard pour les liaisons qu’il
avait contractées avec la plupart des habitans
de cette île, il ne s’était jamais permis de faine
quelque tort que ce fût à aucun d’eux. Il prit
donc le parti d’aller à Minorque afi n d’y renouveler
ses provisions.
Il ne tarda guère à s’apercevoir qu’il y avait
beaucoup de contrainte et de dissimulation dans
la manière dont ils traitaient avec lui en cette
occasion. Les maux qu’il avait faits aux chrétiens,
leurs frères en idolâtrie, avaient inspiré
aux habitans de cette île des sentimens de haine
et d’inimitié dont il ne fut pas longtemps la
dupe. Ils essayèrent de le faire tomber dans leurs
embûches. Mais Dieu, qui ne protège pas les
piéges des trompeurs, l’éclaira sur leurs mauvais
desseins, et il s’éloigna pour aller dans une
rade foraine, où il épia l’occasion de se venger.
Khaï-ed-din, accompagné d’une troupe de braves
compagnons, descendit à terre. Ayant aperçu à
peu de distance du mouillage, une bergerie, il
résolut de s’y rendre; mais les pâtres, en voyant
les vaisseaux turcs se diriger vers le mouillage
avaient conduit leur troupeau dans la montagne.
Khaïr-ed-din suivit leurs traces. Lorsqu’il fut
sur le sommet de cette montagne, il promena
ses regards à droite et à gauche, et aperçut à
une petite distance un château au milieu de
beaux jardins. Ce château appartenait à un des
principaux infi dèles de cette île. Les soldats
qui accompagnaient Khaïr-ed-din l’engagèrent
à aller dans ces jardins, prendre de force les
rafraîchissemens qu’on leur avait refusé pour
de l’argent. Khaïr-ed-din, voyant leur ardeur
consentit à les y conduire. En conséquence, il
ordonna à une troupe de ses gens de rester en
vedette sur le sommet de la montagne et de ne
perdre de vue ni le château qu’ils allaient attaquer,
ni les vaisseaux qui étaient au mouillage,
dans la crainte que les chrétiens ne vinssent les
surprendre.
Khaïr-ed-din, à la tête de trente combattants,
s’avança vers le château. Les chrétiens,
qui les virent venir, s’y réfugièrent et en fermèrent
les portes, mais les vrais croyans en firent le
siège, et après quelques heures de combat vinrent
à bout d’y pénétrer et de s’en rendu maîtres,
avec la protection et l’aide du Tout-puissant.
Ils fi rent esclaves quarante-trois chrétiens,
et ils y trouvèrent toutes sortes de provisions
ainsi que trois chevaux. Khaïr-ed-din monta sur
l’un d’eux, tandis que les deux autres servirent
à porter ce qu’il y avait de plus précieux parmi
les meubles de ce château.
Lorsqu’ils approchèrent du mouillage, ceux
qui n’avaient point eu part à cette expédition
allèrent au devant de lui et lui dirent : « O reis,
quelle faute avons-nous donc commise, pour
mériter de rester les mains croisées lorsque tu
mènes nos camarades au combat ? Il faut, pour
réparer un traitement si peu mérité que tu te
mettes à notre tête, et que tu nous conduises à
quelque expédition digne du zèle et de l’ardeur
qui nous anime. »
Khaïr-ed-din fi t transporter dans les vaisseaux
les esclaves et les effets qu’il avait enlevés
du château voisin, et il se mit aussitôt en
marche avec ceux qui étaient venus au devant
de lui ; ils étaient au nombre de quarante, et tous
turcs levantins. Il prit avec lui un des esclaves
de Minorque, auquel il promit la liberté et une
récompense s’il lui montrait le chemin, et s’il le
dirigeait vers quelque lieu où il y eût une bonne
capture à faire.
Cet esclave le conduisit d’abord dans un
bois d’oliviers. Après l’avoir traversé, il leur
montra un château près duquel étaient rassemblés
environ deux cents infi dèles. Lorsque
ceux-ci eurent aperçu la troupe des musulmans
fondant sur eux, ils se renfermèrent dans le
château. Les vrais croyans prirent le parti de
l’assiéger et de le prendre à l’escalade. Un
d’eux trouva par hasard une hache oubliée aux
environs du château ; il s’en servit pour abattre
la porte ; mais comme ce travail exigeait plus
du temps qu’il n’en avait à perdre, Khaïr-eddin
fi t la réfl exion que les infi dèles déjà instruit
de ce qui s’était passé, pourraient prendre la
résolution d’aller en force attaquer les vaisseaux
et cette considération lui fi t donner ordre
d’abandonner l’entreprise afi n de retourner au
mouillage.
Ils traversaient un jardin attenant au château,
lorsqu’ils virent arriver sur eux une armée
de chrétiens qui venaient au secours de ceux qui
étaient assiégés.
En s’approchant, ils se mirent à crier : « O
méchants Turcs, monstres abominables, où
courez-vous ? Ne croyez pas nous échapper ;
cette terre sera votre tombeau». Ces infi dèles
étaient près de trois cents hommes, en comptant
parmi ce nombre soixante cavaliers. Khaïr-eddin
se tournant vers ses camarades , leur dit :
«mes amis, c’est vous-mêmes qui m’avez forcé
à vous conduire ici ; il n’a pas été en mon pouvoir
de vous détourner de votre projet, et il
est bien à craindre que nous ne soyons les victimes
d’une telle imprudence. — Il n’est pas
question d’examiner si nous avons bien ou mal
fait, répondirent les héros musulmans qu’il avait
l’honneur de commander, il s’agit maintenant
de combattre jusqu’à ce que Dieu nous accorde
la victoire, et jusqu’à ce que le dernier de nous
périsse, en vendant chèrement son sang et sa
vie. A ces mots, ils élevèrent leurs voix pour
faire la profession de foi, et ils se mirent en
mouvement dans l’intention de tomber sur les
infi dèles.
Khaïr-ed-din s’apercevant que les chrétiens
s’avançaient vers la porte du jardin dans lequel
ils étaient entrés, arrêta l’impétuosité de sa
troupe; il donna ordre de fermer cette porte sur
eux, et d’attendre que les chrétiens se fussent
tous réunis pour tâcher de les forcer. Ce lieu
était étroit et ne permettait pas aux infidèles de
combattre avec trop d’avantages. Lorsque
Khaïr-ed-din les vit rassemblés, la porte s’ouvrit
tout à coup par son ordre, et le sabre à la main,
il tomba sur eux et les déconcerta par cette attaque
subite qui les mit bientôt en déroute Les
musulmans les poursuivirent ci, massacrant
ceux qui ne se rendaient pas. Celui qui les commandait
fut fait esclave lui-même, et Khaïred-
din triomphant, regagna ses vaisseaux sans
être inquiété par les insulaires. Ce sont .là des
faveurs singulières que le Tout-puissant a perpétuellement
coutume d’accorder à ceux qui
combattent avec zèle pour la gloire de son
nom.
Lorsque Khaïr-ed-din se fut un peu reposé
de ses fatigues, il fi t venir les principaux des
insulaires qu’il avait pris, et leur demanda
quel était le projet qu’avaient formé contre lui
les habitans de Minorque, lorsqu’il était allé
mouiller dans leur port pour leurs demandes
des provisions. Ces esclaves lui dirent : « Seigneur,
notre intention était de fréter treize bâtimens
bien armés sous prétexte de spéculations
de commerce : ces bâtimens avaient ordre de
venir vous attaquer à l’improviste du côté de la
mer; mais le Seigneur vous a éclairés sur nos
projets, et la victoire que vous avez remportée
sur nous est la juste punition de notre trahison.
»
« O gens maudits de Dieu, leur répondit
Khaïr-ed-din, ignorez-vous donc que la perfi -
die est un crime abominable dans toute les religions?
Dieu vous a fait tomber dans le précipice
que vous avez creusé pour nous, et c’est ordinairement
la fi n de tous les traîtres. »
Klhaïr-ed-din fi t ensuite venir un des esclaves
qui savait le mieux écrire en espagnol, et il
lui dicta la lettre suivante :
« Abominables habitans de Minorque, vous
vouliez abuser de la confi ance que j’avais en
vous pour me faire périr, sans que je vous eusse
donné aucun sujet de vous plaindre de mes procédés.
Dieu, en punition de vos crimes, a déjà
mis en mon pouvoir plusieurs de vos frères, et
les biens qu’ils possédaient : mais ce n’est là
qu’une légère portion des maux qui vous attendent.
Apprenez que je suis le foudre dont le ciel
doit se servir pour écraser vos têtes criminelles ;
ma vengeance contre vous ne sera assouvie que
lorsque j’aurai fait périr le dernier d’entre vous,
et que j’aurai réduit en esclavage vos femmes,
vos fi lles et vos enfans, avec le secours du Toutpuissant,
protecteur de l’islamisme.
Khaïr-ed-din mit l’empreinte de son cachet
sur cette lettre, et l’ayant enveloppée dans un
mouchoir, il la fi t attacher au cou d’un des chevaux
qu’il avait enlevés, afi n que les Minorquins
en prissent lecture.
Après cela, il mit à la voile, et alla mouiller
dans une rade foraine de l’île de Corse où il était
à portée de voir passer des bâtimens appartenant
au commerce de Gênes : il apprit qu’un gros
vaisseau se préparait à sortir de ce port. En conséquence,
il resta tranquillement au mouillage
sans inquiéter les petits navires, et il attendit que
ce bâtiment parût pour faire une capture plus
digne de lui ; malheureusement le vent fut constamment
contraire, et le vaisseau resta dans le
port. Dans cet intervalle, il mit fi n à ses provisions,
et ce fut ce qui le contraignit de penser à
son retour à Tunis.
Durant sa route, il rencontra quatre bâtimens
auxquels il donna chasse ; il eut le bonheur
de s’en emparer, et il y trouva non seulement
des provisions dont il avait besoin, mais aussi
des marchandises très riches. Il ne fi t cependant
que très peu d’esclaves, attendu que plusieurs
hommes de l’équipage de ces bâtimens s’enfuirent
dans leurs chaloupes ; il y en eut aussi
quelques uns qui se jetèrent dans la mer, et qui
se noyèrent.
Les chrétiens, que Dieu les confonde !
voyant le trouble que les armemens de Khaïred-
din portaient dans leur navigation , avaient
pris la résolution de mettre en mer une fl otte
de quatre-vingts vaisseaux dont l’unique mission
était de le rechercher et de le détruire.
Cet armement se préparait dans un des ports de
l’Italie, lorsque les chaloupes qui avaient. fui y
entrèrent en publiant la prise que Khaïr-ed-din
venait de faire.
Le commandant de cette nombreuse fl otte
apprenant cette nouvelle, pensa crever de rage
et de désespoir, et il mit sur-le-champ à la voile
avec tous les vaisseaux qui étaient prêts pour
aller à la poursuite de Khaïr-ed-din et de ses
vaillans compagnons; mais il ne put le joindre.
Khaïr-ed-din mit fi n à sa longue croisière et se
retira à Tunis où il passa l’hiver avec son frère
Aroudj.
Aroudj et Khaïr-ed-din,à la tête d’une escadre, vont
au secours de Bégiajé (Bougie), tombée au pouvoir
des chrétiens; Aroudj est blessé au bras, l’amputation
est jugée nécessaire; Khaï-ed-din prend le commandement,
il croise le long des côtes d’Espagne pour
recueillir les Morisques chassés à cette époque de
Grenade ; échauffourée de l’île de Minorque ; nouvelles
prises, armement des chrétiens.
Au commencement du mois d’avril, les
deux frères, Aroudj et Khaïr-ed-din rassemblèrent
leur troupe et leur équipage, et après avoir
invoqué le nom du Dieu clément et miséricordieux,
ils se mirent en mer. Leur réputation
s’était répandue dans tous les pays de l’idolâtrie,
et la prise du dernier vaisseau sur lequel
se trouvaient ces deux seigneurs espagnols, y avait répandu la
consternation.
Ceux qui étaient à la tète des infi dèles se
rassemblèrent pour, tenir conseil sur le parti
qu’ils avaient à prendre dans des conjectures
aussi critiques. Un d’eux se leva et dit : Si
nous laissons ces Turcs continuer leur piraterie,
il nous sera bientôt impossible de remédier
au mal et ils se rendront les maîtres absolus
de la mer. Avec le petit nombre de vaisseaux
qu’ils sont en état d’armer, nous leur voyons
déjà exercer de si grandes choses; que sera-ce
lorsqu’ils pourront équiper une fl otte de quinze
à vingt bâtimens ? Je pense qu’il est de la prudence
de réunir nos efforts pour arrêter ce torrent
de maux à sa source.
Cet avis fut suivi, et chacun d’eux contribua
à l’armement de huit gros vaisseaux, qui eurent
ordre de chercher Aroudj et Khaïr-ed-din : cette
escadre infi dèle vint les attendre sur les côtes de
Gènes.
Khaïr-ed-din en eut la nouvelle , et il serait
parti aussitôt pour, les attaquer, si on ne l’avait
point informé en même temps que les chrétiens
s’étaient emparés de Bégiajé(1) sur les musulmans.
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1 Bougie
Il préféra aller au secours de ses frères, et tenter
de délivrer ce pays du joug des infi dèles.
En conséquence, il fi t voile pour Bégiajé,
et il mouilla dans une rade voisine afi n de combiner
son entreprise d’après les avis qu’il recevrait.
A peine avait-il jeté l’ancre, qu’il aperçut
une fl otte de quinze vaisseaux chrétien, s’avançant
vers Bégiajé.
Khaïr-ed-din et son frère s’éloignèrent aussi
tôt de la côte et gagnèrent la haute mer. Les infi -
dèles qui virent leur manoeuvre, s’imaginèrent
qu’ils prenaient la fuite, et ils se mirent à leur
poursuite.
Lorsque Aroudj et Khaïr-ed-din se furent
aperçu qu’ils avaient donné dans le piège, ils
commencèrent à diminuer de voile, et se laissèrent
atteindre. Les infi dèles les attaquèrent,
en leur tirant toute leur bordée. Mais Aroudj
et Khaïr-ed-din sans leur donner le temps de
recharger leurs pièces, allèrent aborder immédiatement
ceux qui étaient le plus à leur portée,
et en un clin d’oeil, Aroudj fi t couler un de
ces bâtimens à fond, et Khaïr-ed-din se rendit
maître de celui qu’il aborda. Les autres vaisseaux
des infi dèles qui virent ce coup de main,
regagnèrent à toutes voiles le port de Bégiajé
Khaïr-ed-din envoya sur-le-champ à Tunis le
bâtiment dont il venait de s’emparer; et il suivit
soir frère Aroudj à la rade voisine de Bégiajé,
dans l’espérance qu’il se présenterait une occasion
favorable d’exterminer les ennemis de la
foi.
L’avis d’Aroudj était qu’il fallait opérer une
descente, et aller à l’improviste surprendre les
chrétiens dans Bégiajé. Khaïr-ed-din ne partagea
point son opinion en raison d’un songe
qu’il avait eu la nuit précédente. Aroudj s’obstina
dans son désir ; il prit avec lui cinquante
Turcs d’élite et s’avança fi èrement vers Bégiajé.
Chemin faisant, il rencontra une soixantaine de
chrétiens qui eurent la témérité de l’assaillir. En
un instant ils furent taillés en pièces. Cette victoire
l’enhardit encore davantage : il s’approcha
de la ville. Les infi dèles, du haut des tours, tirent
sur lui des décharges de mousqueterie, et une
balle vint lui percer le bras Cette blessure, qui
le mit hors de combat, avait découragé sa petite
troupe, et il était en danger d’être la victime de
son zèle imprudent. Khaïr-ed-din en fut averti,
il envoya aussitôt un renfort de braves ottomans
qui le ramenèrent à son vaisseau.
Lorsqu’Aroudj eut pris quelque repos, les
douleurs de sa blessure furent encore plus
aiguës, et les médecins décidèrent qu’il fallait
lui couper le bras. Khaïr-ed-din voyant que la
vie de son frère était en danger, consentit à cette
cruelle opération pour conserver ses jours. A
peine fut-elle faite, qu’Aroudj tomba dans un
état de faiblesse capable de lui faire croire qu’il
n’avait pas longtemps à vivre. Il supplia son
frère de ne pas l’abandonner et de prendre le
commandement de son vaisseau.
Khaïr-ed-din le lui promit; il nomma pour
commandant de celui qu’il montait, son capitaine
en second, et fi t aussitôt voile pour la côte
de l’Andalousie.
L’ennemi de la foi venait de s’emparer
depuis peu de la ville de Garnata(1) et de tout
son district. Il y était resté beaucoup de musulmans
qui étaient forcés d’adorer Dieu en secret,
et de ne point lire le livre sacré de leur religion,
dans la crainte que les infi dèles ne les fi ssent
périr.
Khaïr-ed-din resta près de trois mois en croisière
dans ces parages, afi n de secourir ses frères
et de prendre à son bord ceux qui pourraient
s’arracher à la tyrannie des chrétiens. Il opéra
_______________
1 Grenade
plusieurs descentes, dans lesquelles il fi t beaucoup
d’esclaves de l’un et l’autre sexe. Il détruisit
même plusieurs navires. En parcourant la
côte selon sa coutume, il aperçut un jour sept
vaisseaux ennemis qui le suivaient. Malgré leur
nombre, Khaïr-ed-din n’hésita pas à aller les
attaquer : il en aborda un dont il se rendit maître
en peu de temps; et comme il était chargé d’effets
précieux, il l’expédia sur-le-champ pour
Tunis. Les autres vaisseaux prirent la fuite, et il
lui fut impossible de les atteindre.
Les capitaines qui les commandaient, lorsqu’ils
se virent dans le port, se réunirent pour
aller se plaindre à leur roi(1) du trouble que:
Khaïr-ed-din portait à la navigation, et ils lui
fi rent entendre que, tant que cet homme redoutable
existerait, il ne serait plus possible de se
_______________
1 Ils nomment les rois chrétiens taghict, c’est-àdire
rebelle à la loi. C’est même le seul titre que le roi de
Maroc donne encore à la plupart des princes européens
en leur écrivant. Peu s’en est fallu que nous ayons eu
la guerre avec le sultan Mohammed, le père de celui
qui règne aujourd’hui à Maroc, pour le forcer de donner
le titre de sultan au roi de France. II voulait bien l’appeler
et lui écrire Re di Francia, mais non pas sultan de
France; ce ne fut qu’après plus de trois ans de négociations,
qu’il consentit à lui reconnaître ce titre dans sa
propre langue. (Note du traducteur)
mettre en mer sans risquer sa vie ou sa liberté.
Sur leurs plaintes, le roi infi dèle assembla
son conseil, pour lui demander les moyens qu’il
y avait à prendre.
Sur ces entrefaites, Khaïr-ed-din avait
épuisé toutes ses provisions, et il lui était impossible
de continuer sa croisière. Il était à portée
de l’île de Minorque, où il avait coutume d’aller
vendre ses prises et d’acheter ce qui lui était
nécessaire. Par égard pour les liaisons qu’il
avait contractées avec la plupart des habitans
de cette île, il ne s’était jamais permis de faine
quelque tort que ce fût à aucun d’eux. Il prit
donc le parti d’aller à Minorque afi n d’y renouveler
ses provisions.
Il ne tarda guère à s’apercevoir qu’il y avait
beaucoup de contrainte et de dissimulation dans
la manière dont ils traitaient avec lui en cette
occasion. Les maux qu’il avait faits aux chrétiens,
leurs frères en idolâtrie, avaient inspiré
aux habitans de cette île des sentimens de haine
et d’inimitié dont il ne fut pas longtemps la
dupe. Ils essayèrent de le faire tomber dans leurs
embûches. Mais Dieu, qui ne protège pas les
piéges des trompeurs, l’éclaira sur leurs mauvais
desseins, et il s’éloigna pour aller dans une
rade foraine, où il épia l’occasion de se venger.
Khaï-ed-din, accompagné d’une troupe de braves
compagnons, descendit à terre. Ayant aperçu à
peu de distance du mouillage, une bergerie, il
résolut de s’y rendre; mais les pâtres, en voyant
les vaisseaux turcs se diriger vers le mouillage
avaient conduit leur troupeau dans la montagne.
Khaïr-ed-din suivit leurs traces. Lorsqu’il fut
sur le sommet de cette montagne, il promena
ses regards à droite et à gauche, et aperçut à
une petite distance un château au milieu de
beaux jardins. Ce château appartenait à un des
principaux infi dèles de cette île. Les soldats
qui accompagnaient Khaïr-ed-din l’engagèrent
à aller dans ces jardins, prendre de force les
rafraîchissemens qu’on leur avait refusé pour
de l’argent. Khaïr-ed-din, voyant leur ardeur
consentit à les y conduire. En conséquence, il
ordonna à une troupe de ses gens de rester en
vedette sur le sommet de la montagne et de ne
perdre de vue ni le château qu’ils allaient attaquer,
ni les vaisseaux qui étaient au mouillage,
dans la crainte que les chrétiens ne vinssent les
surprendre.
Khaïr-ed-din, à la tête de trente combattants,
s’avança vers le château. Les chrétiens,
qui les virent venir, s’y réfugièrent et en fermèrent
les portes, mais les vrais croyans en firent le
siège, et après quelques heures de combat vinrent
à bout d’y pénétrer et de s’en rendu maîtres,
avec la protection et l’aide du Tout-puissant.
Ils fi rent esclaves quarante-trois chrétiens,
et ils y trouvèrent toutes sortes de provisions
ainsi que trois chevaux. Khaïr-ed-din monta sur
l’un d’eux, tandis que les deux autres servirent
à porter ce qu’il y avait de plus précieux parmi
les meubles de ce château.
Lorsqu’ils approchèrent du mouillage, ceux
qui n’avaient point eu part à cette expédition
allèrent au devant de lui et lui dirent : « O reis,
quelle faute avons-nous donc commise, pour
mériter de rester les mains croisées lorsque tu
mènes nos camarades au combat ? Il faut, pour
réparer un traitement si peu mérité que tu te
mettes à notre tête, et que tu nous conduises à
quelque expédition digne du zèle et de l’ardeur
qui nous anime. »
Khaïr-ed-din fi t transporter dans les vaisseaux
les esclaves et les effets qu’il avait enlevés
du château voisin, et il se mit aussitôt en
marche avec ceux qui étaient venus au devant
de lui ; ils étaient au nombre de quarante, et tous
turcs levantins. Il prit avec lui un des esclaves
de Minorque, auquel il promit la liberté et une
récompense s’il lui montrait le chemin, et s’il le
dirigeait vers quelque lieu où il y eût une bonne
capture à faire.
Cet esclave le conduisit d’abord dans un
bois d’oliviers. Après l’avoir traversé, il leur
montra un château près duquel étaient rassemblés
environ deux cents infi dèles. Lorsque
ceux-ci eurent aperçu la troupe des musulmans
fondant sur eux, ils se renfermèrent dans le
château. Les vrais croyans prirent le parti de
l’assiéger et de le prendre à l’escalade. Un
d’eux trouva par hasard une hache oubliée aux
environs du château ; il s’en servit pour abattre
la porte ; mais comme ce travail exigeait plus
du temps qu’il n’en avait à perdre, Khaïr-eddin
fi t la réfl exion que les infi dèles déjà instruit
de ce qui s’était passé, pourraient prendre la
résolution d’aller en force attaquer les vaisseaux
et cette considération lui fi t donner ordre
d’abandonner l’entreprise afi n de retourner au
mouillage.
Ils traversaient un jardin attenant au château,
lorsqu’ils virent arriver sur eux une armée
de chrétiens qui venaient au secours de ceux qui
étaient assiégés.
En s’approchant, ils se mirent à crier : « O
méchants Turcs, monstres abominables, où
courez-vous ? Ne croyez pas nous échapper ;
cette terre sera votre tombeau». Ces infi dèles
étaient près de trois cents hommes, en comptant
parmi ce nombre soixante cavaliers. Khaïr-eddin
se tournant vers ses camarades , leur dit :
«mes amis, c’est vous-mêmes qui m’avez forcé
à vous conduire ici ; il n’a pas été en mon pouvoir
de vous détourner de votre projet, et il
est bien à craindre que nous ne soyons les victimes
d’une telle imprudence. — Il n’est pas
question d’examiner si nous avons bien ou mal
fait, répondirent les héros musulmans qu’il avait
l’honneur de commander, il s’agit maintenant
de combattre jusqu’à ce que Dieu nous accorde
la victoire, et jusqu’à ce que le dernier de nous
périsse, en vendant chèrement son sang et sa
vie. A ces mots, ils élevèrent leurs voix pour
faire la profession de foi, et ils se mirent en
mouvement dans l’intention de tomber sur les
infi dèles.
Khaïr-ed-din s’apercevant que les chrétiens
s’avançaient vers la porte du jardin dans lequel
ils étaient entrés, arrêta l’impétuosité de sa
troupe; il donna ordre de fermer cette porte sur
eux, et d’attendre que les chrétiens se fussent
tous réunis pour tâcher de les forcer. Ce lieu
était étroit et ne permettait pas aux infidèles de
combattre avec trop d’avantages. Lorsque
Khaïr-ed-din les vit rassemblés, la porte s’ouvrit
tout à coup par son ordre, et le sabre à la main,
il tomba sur eux et les déconcerta par cette attaque
subite qui les mit bientôt en déroute Les
musulmans les poursuivirent ci, massacrant
ceux qui ne se rendaient pas. Celui qui les commandait
fut fait esclave lui-même, et Khaïred-
din triomphant, regagna ses vaisseaux sans
être inquiété par les insulaires. Ce sont .là des
faveurs singulières que le Tout-puissant a perpétuellement
coutume d’accorder à ceux qui
combattent avec zèle pour la gloire de son
nom.
Lorsque Khaïr-ed-din se fut un peu reposé
de ses fatigues, il fi t venir les principaux des
insulaires qu’il avait pris, et leur demanda
quel était le projet qu’avaient formé contre lui
les habitans de Minorque, lorsqu’il était allé
mouiller dans leur port pour leurs demandes
des provisions. Ces esclaves lui dirent : « Seigneur,
notre intention était de fréter treize bâtimens
bien armés sous prétexte de spéculations
de commerce : ces bâtimens avaient ordre de
venir vous attaquer à l’improviste du côté de la
mer; mais le Seigneur vous a éclairés sur nos
projets, et la victoire que vous avez remportée
sur nous est la juste punition de notre trahison.
»
« O gens maudits de Dieu, leur répondit
Khaïr-ed-din, ignorez-vous donc que la perfi -
die est un crime abominable dans toute les religions?
Dieu vous a fait tomber dans le précipice
que vous avez creusé pour nous, et c’est ordinairement
la fi n de tous les traîtres. »
Klhaïr-ed-din fi t ensuite venir un des esclaves
qui savait le mieux écrire en espagnol, et il
lui dicta la lettre suivante :
« Abominables habitans de Minorque, vous
vouliez abuser de la confi ance que j’avais en
vous pour me faire périr, sans que je vous eusse
donné aucun sujet de vous plaindre de mes procédés.
Dieu, en punition de vos crimes, a déjà
mis en mon pouvoir plusieurs de vos frères, et
les biens qu’ils possédaient : mais ce n’est là
qu’une légère portion des maux qui vous attendent.
Apprenez que je suis le foudre dont le ciel
doit se servir pour écraser vos têtes criminelles ;
ma vengeance contre vous ne sera assouvie que
lorsque j’aurai fait périr le dernier d’entre vous,
et que j’aurai réduit en esclavage vos femmes,
vos fi lles et vos enfans, avec le secours du Toutpuissant,
protecteur de l’islamisme.
Khaïr-ed-din mit l’empreinte de son cachet
sur cette lettre, et l’ayant enveloppée dans un
mouchoir, il la fi t attacher au cou d’un des chevaux
qu’il avait enlevés, afi n que les Minorquins
en prissent lecture.
Après cela, il mit à la voile, et alla mouiller
dans une rade foraine de l’île de Corse où il était
à portée de voir passer des bâtimens appartenant
au commerce de Gênes : il apprit qu’un gros
vaisseau se préparait à sortir de ce port. En conséquence,
il resta tranquillement au mouillage
sans inquiéter les petits navires, et il attendit que
ce bâtiment parût pour faire une capture plus
digne de lui ; malheureusement le vent fut constamment
contraire, et le vaisseau resta dans le
port. Dans cet intervalle, il mit fi n à ses provisions,
et ce fut ce qui le contraignit de penser à
son retour à Tunis.
Durant sa route, il rencontra quatre bâtimens
auxquels il donna chasse ; il eut le bonheur
de s’en emparer, et il y trouva non seulement
des provisions dont il avait besoin, mais aussi
des marchandises très riches. Il ne fi t cependant
que très peu d’esclaves, attendu que plusieurs
hommes de l’équipage de ces bâtimens s’enfuirent
dans leurs chaloupes ; il y en eut aussi
quelques uns qui se jetèrent dans la mer, et qui
se noyèrent.
Les chrétiens, que Dieu les confonde !
voyant le trouble que les armemens de Khaïred-
din portaient dans leur navigation , avaient
pris la résolution de mettre en mer une fl otte
de quatre-vingts vaisseaux dont l’unique mission
était de le rechercher et de le détruire.
Cet armement se préparait dans un des ports de
l’Italie, lorsque les chaloupes qui avaient. fui y
entrèrent en publiant la prise que Khaïr-ed-din
venait de faire.
Le commandant de cette nombreuse fl otte
apprenant cette nouvelle, pensa crever de rage
et de désespoir, et il mit sur-le-champ à la voile
avec tous les vaisseaux qui étaient prêts pour
aller à la poursuite de Khaïr-ed-din et de ses
vaillans compagnons; mais il ne put le joindre.
Khaïr-ed-din mit fi n à sa longue croisière et se
retira à Tunis où il passa l’hiver avec son frère
Aroudj.
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