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L’historien français, grand spécialiste de la guerre d’indépendance algérienne et de l’immigration maghrébine en France, vient de publier « Les guerres sans fin : un historien, la France et l’Algérie » aux éditions Stock. Un livre qui retrace « son entrée en histoire » et qui éclaire aussi ses choix en matière de recherche historique. Entretien en ce lendemain de 1er Novembre.Le Quotidien d’Oran: Votre dernier ouvrage privilégie une approche mémorielle très personnelle et, en cela, il s’inscrit dans la droite ligne des deux livres qui l’ont précédé. Comment justifiez-vous cette évolution dans votre production ?
Benjamin Stora: D’une certaine manière, j’ai essayé avec ces livres de me rapprocher de ce que l’on appelle l’ego-histoire. J’ai toujours aimé faire des expérimentations d’écriture dans le domaine de l’histoire, tout en étant attiré par les aspects qui n’étaient pas conformes aux thèmes dominants et qui se situaient même à contre-courant. Il y a trente ans, je m’étais, par exemple, penché sur l’histoire du nationalisme algérien dans sa version messaliste, alors que personne ne s’y intéressait. J’ai aussi abordé la question des pionniers du nationalisme, y compris ceux qui avaient été éliminés dans le cours de la révolution algérienne. J’ai aussi travaillé sur la mémoire au début des années 1990, à une époque où elle était considérée comme non historique, ce qui m’a valu nombre de critiques, y compris en Algérie. En terme de support de production, je ne me suis pas contenté de l’écrit classique, puisque je me suis intéressé aux images et que j’ai fabriqué des films et des documentaires. Avec mes derniers livres, je me suis dit pourquoi ne pas me rapprocher de l’ego-histoire, quitte ensuite à revenir à un travail plus classique, à des récits plus traditionnels. Pour moi, dans l’écriture de l’histoire, aucun support n’est tabou.
Q.O.: Vous reproche-t-on toujours de considérer que la mémoire fait partie de l’histoire ?
B.S.: Quand j’ai présenté mon documentaire « Les Années algériennes » en 1991, j’ai été très attaqué. On m’a reproché les mises en scène, notamment la séquence du retour de ma mère à Constantine. Des historiens français y ont vu une implication personnelle et subjective qui nuisait à la qualité d’un travail scientifique. Des historiens algériens ne m’ont pas ménagé non plus. C’était il y a vingt ans. Et depuis, les choses ont beaucoup changé et nombre de mes détracteurs de l’époque se sont aperçus qu’il fallait restituer les mémoires et les considérer comme des instruments, des outils possibles de l’écriture de l’histoire. Dans le même temps, les mémoires ont connu un réveil brutal, elles sont entrées en compétition et cherchent à s’affirmer dans l’espace public comme en témoigne, entre autre, la polémique autour du rôle de la colonisation.
On ne peut donc plus ignorer le phénomène mémoriel et se contenter d’imposer une séparation étanche entre l’histoire savante, académique, scientifique et la mémoire subjective et partiale. Il faut rentrer dans ce mouvement mémoriel pour en démonter le mécanisme, trouver des sens historiques, débusquer les fantasmes et les constructions imaginaires. Les historiens ne peuvent pas se laver les mains du phénomène mémoriel, sinon ils prendraient le risque d’être en dehors du mouvement réel des sociétés qui exigent plus d’histoire à travers leurs mémoires blessées.
«En France, la mémoire algérienne n’est pas un psychisme abstrait».
Q.O.: Dans votre livre, vous évoquez la nécessité de l’oubli pour les sociétés, ces dernières ne pouvant vivre dans l’exaltation. Dans le cas algérien, on a tout de même vécu dans l’exaltation durant une longue période. Est-ce l’une des raisons qui ont conduit aux tourments des années 1990 ?
B.S.: Il y a deux sortes d’oubli : il y a celui qui est nécessaire pour vivre et il y a celui organisé par l’Etat, que je qualifierai d’oubli pervers. Dans le cas de l’Algérie, on a beaucoup exhumé et glorifié le passé qui a servi aussi à se légitimer. En France, à l’inverse, on a eu un oubli d’Etat. Dans le cas algérien, l’oubli pour vivre n’a pas existé. A l’indépendance, il n’y a pas eu d’amnistie ni de réconciliation entre les groupes porteurs de différentes mémoires indépendantistes. Cette absence permanente de réconciliation et de passerelles, ce déni de la qualité de l’autre et de son combat, sont autant de facteurs qui, oui, ont pu déboucher sur des conflits ouverts. Lorsqu’il n’y a jamais d’apaisement, il y a un risque de revanche susceptible de déborder dans l’espace public.
Q.O.: Mais l’oubli n’est pas toujours facilement accepté...
B.S.: C’est effectivement une question très difficile. D’un côté, il y a des secteurs entiers de la société qui exigent réparation, vengeance, justice et condamnation, et, de l’autre, il y a la nécessité de maintenir une cohésion sociale et du lien national. Comment trouver le juste équilibre ? C’est aux hommes politiques d’y arriver. Dans le fond, l’Algérie a commencé à se poser ce problème au sortir de la tragédie des années 1990. La réconciliation nationale a été certes critiquée, condamnée, dénoncée mais elle a eu le mérite de poser les questions liées au pardon. Près de cinquante ans après l’indépendance, l’Algérie pourrait essayer aussi de jeter un autre regard sur sa révolution et commencer à jeter des passerelles vers ceux dont on a nié le combat.
Q.O.: Comment expliquez-vous la persistance d’une problématique algérienne dans la société française ?
B.S.: En France, la mémoire algérienne n’est pas une sorte de psychisme abstrait ou une idée désincarnée, voire d’un conflit de personnes confiné dans un périmètre très restreint. Il s’agit d’une question très large qui touche à l’identité française puisque l’Algérie c’était la France ! Le nationalisme algérien a provoqué une crise très profonde du nationalisme français en lui reprochant de ne pas respecter ses propres valeurs, celles des Lumières et de la Révolution française. C’est une crise dont les effets subsistent à ce jour. Ensuite, il y a, bien sûr, le fait que des millions de personnes en France se sont trouvées confrontées directement à la Guerre d’Algérie.
Il y a d’abord les soldats, dont on estime le nombre à 1,5 million. Dans leur grande majorité, ils sont nés entre 1932 et 1942, ce qui signifie qu’ils sont pour nombre d’entre eux à la retraite et qu’ils ont donc beaucoup de temps pour interroger leur propre histoire et celle de cette guerre. Il y aussi le million de pieds-noirs et leurs enfants, sans oublier les harkis et leurs familles qui ont pu se réfugier en France.
Q.O.: Est-ce que cela explique les polémiques récurrentes sur cette histoire ?
B.S.: Cette question de la mémoire algérienne est très physique. C’est un traumatisme réel. Ce sont des choses qui se sont transmises dans la société française et souvent la transmission s’est faite d’une mauvaise manière en raison de la stratégie d’oubli décidée par l’Etat français. La connaissance de cette histoire a été fantasmée, falsifiée, parce que l’Etat français n’a pas rempli sa fonction. La décolonisation s’est effectuée au niveau de l’Etat par l’indépendance de l’Algérie, mais pas par la pratique des esprits. Rien n’a permis à ces derniers de prendre la mesure de la décolonisation politique. Il n’y a pas eu de passerelles, qu’il s’agisse du cinéma, des manuels scolaires ou des médias. C’est ce qui explique pourquoi la question algérienne est toujours là, près d’un demi-siècle après l’indépendance.
«Les fils de harkis sont dans une recherche en algérianité.»
Q.O.: On dit toujours que les nouvelles générations modifieront la donne mais il semble que ces dernières endossent la position des pères...
B.S.: Ce n’est pas tout à fait exact. Prenez le cas intéressant des harkis. Jusqu’à présent, le mouvement harki était très confisqué politiquement par le mouvement pied-noir. Or, aujourd’hui, de manière incontestable, on assiste à une sorte de dissociation. Les enfants de harkis veulent rester fidèles à la mémoire de leurs pères mais refusent toute stratégie d’adhésion aux partisans de l’Algérie française. C’est une autre dynamique qui est en train de s’installer. On trouve le même phénomène chez les enfants de pieds-noirs. Il y a la volonté de ne pas renier les pères mais aussi la prise de conscience des causes qui ont conduit les pieds-noirs à quitter l’Algérie comme le fonctionnement inégalitaire de la société coloniale. Je ne nie pas qu’il existe encore des modes de transmission négative de la question algérienne, avec son lot de ruminations et d’envies de revanche, mais j’insiste sur l’évolution positive des mentalités avec la volonté d’opérer une critique sur soi et des récits familiaux. Les deux aspects cohabitent et ce n’est pas une bataille qui est finie.
Q.O.: Justement, il y a dix-sept ans, dans un entretien que vous m’aviez accordé, vous releviez la persistance d’un inconscient français rêvant encore de revanche sur les Algériens (1). Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?
B. S.: C’est délicat à dire mais ce sentiment s’atténue du fait de la disparition physique d’un certain nombre d’acteurs de cette période.
Il y a vingt ans, cette envie de revanche était beaucoup plus forte qu’aujourd’hui. Ce qui est compliqué aujourd’hui en France, c’est que les partisans d’un système colonial considéré comme positif ont quitté les rivages de l’extrême droite traditionnelle pour aller vers une droite très classique. Le gaullisme avait tout de même entretenu une frontière entre droite et extrême droite. Le général De Gaulle était une figure de la décolonisation et il était difficile aux partisans de l’extrême droite d’aller vers lui. Aujourd’hui, la frontière tend à s’effacer. Dans les nouvelles générations politiques sur l’échiquier de droite, la défense du système colonial est encore présente. A mon avis, c’est là où réside le problème.
Q.O.: Revenons aux harkis. Leurs enfants prennent de plus en plus la parole en France...
B.S.: Je n’y vois pas qu’une simple revendication formulée à destination de la France. Cette prise de parole, qui est effectivement de plus en plus fréquente, est à mon sens une recherche en algérianité.
Ces enfants ont été éduqués dans un milieu culturel musulman mais ils ont le sentiment d’être exclus de la sphère algérienne, y compris quand cette dernière se situe à l’extérieur de l’Algérie, en exil ou dans l’immigration.
Ces enfants de harkis ont la volonté de se réapproprier leur algérianité. On trouve le même phénomène chez les enfants de juifs d’Algérie, comme j’ai pu m’en apercevoir à la sortie de mon livre sur les trois exils (2). J’ai alors été invité par plusieurs associations de juifs d’Algérie, où des jeunes voulaient savoir quelle était l’histoire de leurs grands-parents, ces indigènes qui ne sont devenus français qu’après le décret Crémieux. Cette quête, ces interrogations font partie du même processus de recherche en algérianité.
«La France d’aujourd’hui n’est pas une société coloniale,
même s’il y persiste des tentations en ce sens.»
même s’il y persiste des tentations en ce sens.»
Q.O.: Dans votre livre, vous dites encore que vous êtes entré dans la société française en la bousculant. N’est-ce pas ce que font tous ces jeunes issus de l’immigration dont les revendications sont souvent jugées véhémentes ?
B.S.: Il y a effectivement des points communs. L’affirmation de soi est une question centrale. Elle exige que l’on soit reconnu comme tel et cela ne passe pas forcément par des stratégies de dilution de la personnalité comme le voudrait l’assimilation. On entre dans une société de manière conflictuelle et non dans l’harmonie consensuelle. Il faut batailler pour s’imposer et c’est un combat difficile et compliqué. En ce sens, l’intégration harmonieuse est un pur fantasme.
Mais la différence entre aujourd’hui et les années 1960, c’est que nous voulions bousculer la société française par l’intermédiaire d’idéaux universalistes qui étaient ceux des Révolutions - française, algérienne, cubaine ou palestinienne. Il y avait en nous une volonté de socialisme et d’égalité et c’est par ce biais-là que nous bousculions la société française. Aujourd’hui, je ne sens plus cela.
On bouscule la société française au nom de la religion, c’est la grande différence avec les années 1960 et 1970. Du coup, il est beaucoup plus facile de discréditer ces revendications.
Q.O.: La bataille est moins facile à mener...
B.S.: C’est bien cela. La France est une société laïque, ou du moins qui se pense comme telle. Là où elle ne pouvait guère opposer d’arguments aux exigences d’universalisme, elle peut se braquer quand les revendications ont une connotation, réelle ou supposée, religieuse. De plus, et contrairement à aujourd’hui, le souffle des révolutions était très présent dans les années 1960. C’est pour cela que je suis entré dans l’étude de l’histoire algérienne. Il ne s’agissait pas de rechercher mes origines mais de comprendre les mécanismes de la révolution algérienne.
Q.O.: Pourtant, les problèmes que rencontre l’islam en France sont souvent présentés comme étant la continuation de l’ordre colonial !
B.S.: Je conviens aisément sur le fait qu’il n’y a pas eu de décolonisation des esprits en France, mais pour autant, je suis catégorique : la France d’aujourd’hui n’est pas une société coloniale. Elle ne fonctionne pas selon une codification juridique inégalitaire. Il faut tout de même savoir ce qu’était la société algérienne au temps de la colonisation ! Les Algériens n’avaient aucun droit, ils n’étaient pas considérés comme membres de l’humanité et ils n’ont obtenu le droit de vote qu’en 1944, plus d’un siècle après l’arrivée des Français. Aujourd’hui, on ne vit pas dans une société coloniale en France. C’est une société où il y a des traits coloniaux qui subsistent, des représentations qu’il faut combattre mais il ne faut pas se laisser aller à prétendre que l’histoire est toujours la même et qu’elle se répète en permanence. On ne peut pas mener le combat politique pour une meilleure intégration en tenant ce genre de raisonnement.
Q.O.: Mais les problèmes d’intégration sont bel et bien réels !
B.S.: Je le redis : il y a des tentations coloniales qui subsistent dans la société française. Elles s’exercent dans la vie quotidienne, à travers la discrimination au travail ou dans le logement par exemple. Mais encore une fois, il n’y a pas de codification juridique. On n’est pas dans une société d’apartheid ou de ségrégation territoriale décidée par le haut. Il faut sortir de cette paresse intellectuelle et, à mon sens, tout le travail de recherche est d’examiner les convergences et les différences entre la période coloniale et aujourd’hui.
«Camus est un thème que l’Algérie indépendante
a intérêt à se réapproprier.»
a intérêt à se réapproprier.»
Q.O.: L’un des thèmes qui divise souvent Algériens et Français est celui des archives. Où en est-on dans ce dossier ?
B.S.: Il faut d’abord rappeler que les Algériens ont mené une guerre clandestine. D’un côté, il y avait l’Etat français et, de l’autre, les révolutionnaires algériens.
Cela signifie concrètement une disproportion en matière d’archives. Comparer les deux est stupide et je le dis parce que j’entends souvent en France la phrase suivante : « Qu’ils [les Algériens] ouvrent leurs archives, on ouvrira les nôtres !». Mais quelles archives ? Celle d’un mouvement clandestin qui fonctionnait aux trois quarts par consignes orales ?
Q.O.: L’Algérie a tout même conservé des archives de cette période !
B.S.: Bien sûr. De nombreux documents existent. Il y a les archives des wilayas, du GPRA, de l’armée des frontières... Tout cela existe et peut encore nous éclairer, même si ces documents ne vont pas forcément nous révéler des choses extraordinaires. Il y a aussi les archives privées.
Je précise au passage que je n’ai pas attendu l’ouverture des archives algériennes pour rédiger mon dictionnaire des militants algériens : j’y serais encore. J’ai pu le faire en passant par les entretiens individuels. Tout cela pour dire que l’écriture de l’histoire ne dépend pas des seules archives de l’Etat.
Q.O.: Il n’y a donc rien de « brûlant » à attendre de l’ouverture de ces archives ?
B.S.: Il est possible qu’il y ait des choses gênantes. Les complots dans les maquis, les règlements de comptes, les purges, les interrogatoires musclés des maquisards soupçonnés de collusion avec la France, la torture, les exécutions sommaires, tous ces événements sont des choses connues, mais il n’y a pas de documents qui abondent en ce sens.
Il faut noter aussi qu’une grande partie des archives algériennes ont été révélées.
Q.O.: Y a-t-il côté français des zones noires en matière d’archives ?
B.S.: L’un des grands points difficiles concerne des archives à propos des exactions commises par l’armée. Il s’agit d’archives très difficiles d’accès, même si des chercheurs ont réussi à entrouvrir la porte. Mais attention, il ne faut pas s’attendre à trouver des ordres écrits. Ceux qui espèrent que l’on trouvera un jour un document autorisant la « corvée de bois » risquent d’être déçus. L’Etat a couvert ce genre de pratiques mais il n’écrivait rien. L’oralité a fonctionné aussi pour l’Etat. Un autre dossier épineux en matière d’archives est celui des expériences atomiques dans le Sud algérien.
Q.O.: De nombreux Algériens sont pourtant persuadés que les archives individuelles recèlent des secrets explosifs...
B.S.: En France, il n’y a pas d’exception algérienne pour ce qui concerne l’inaccessibilité des dossiers individuels. Tous les dossiers sont fermés et il faut attendre 120 ans pour y accéder. Cela relève du respect de la vie privée. On ne ferme pas parce que cela concerne la Guerre d’Algérie.
C’est important à comprendre avant d’exiger l’ouverture immédiate des archives individuelles et leur divulgation.
Il y a un minimum d’éthique et de responsabilité dans la divulgation des documents qui peuvent porter atteinte à la vie privée, à l’identité des familles et à la mémoire des survivants. Le traitement de l’archive est une responsabilité de l’historien. On ne peut pas prendre un document, le photocopier et le rendre public sans prendre de précautions. Il faut d’abord le mettre en contexte, le travailler, le confronter à d’autres sources. C’est un fantasme de croire que l’on va tout savoir si toutes les archives sont ouvertes.
Q.O.: Vous terminez votre livre par une annexe consacrée à Albert Camus. Pourquoi ce choix ?
B.S.: J’estime que Camus est représentatif d’un débat qui dure encore. Il est l’emblème de la pluralité des sens de l’histoire, des bifurcations possibles d’une Algérie plurielle. Pour moi, Camus a fini par devenir proche de la communauté européenne d’Algérie. Ma thèse est qu’il a basculé politiquement vers les partisans de l’Algérie française à la fin de la Bataille d’Alger, en 1957, c’est-à-dire au moment où il reçoit son prix Nobel. Je rappelle qu’en 1956 il était pour une trêve civile, mais il a changé d’avis à la fin de la Bataille d’Alger. Il voyait bien que ce n’était plus possible. Cela n’enlève rien aux qualités d’écrivain de Camus que de dire cela.
Q.O.: Les Algériens qui critiquent aujourd’hui encore Camus n’ont donc pas tort ?
B.S.: Ce n’est pas ainsi que je poserai le problème. Dans le cours de la révolution algérienne, fallait-il écarter la manière de penser de Camus ? Le débat est ouvert.
C’est pour cela que j’ai tenu à terminer le livre par cette partie qui lui est consacrée. Il fait partie des questions à régler par l’Algérie d’aujourd’hui. Il est un thème que l’Algérie indépendante a intérêt à se réapproprier, tout comme elle a intérêt à se réapproprier toute sa richesse intérieure à travers les courants divers du nationalisme algérien. Mais on ne peut ouvrir ce débat que si l’on reconnaît la nécessité de l’indépendance.
Cette dernière est là, elle n’est plus à discuter. Ce dont on doit parler, c’est du passage à cette indépendance, des conditions de cette révolution. Le but est d’aboutir à un enrichissement historique mais cela ne peut se faire avec ceux qui se complaisent dans une mise en cause univoque du nationalisme algérien.
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Propos Recueillis Par Akram Belkaïd
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