Que représente, aujourd’hui, cette date pour nos enfants, deux générations après, à part les bribes des cours d’histoire du cycle scolaire, retenues par les uns et oubliées par les autres ?
.
Novembre 1954. La célébration de cette date historique dégage toujours une réelle émotion et son évocation, une sincère fierté pour les Algériens. D’abord, à l’endroit de nos parents qui ont osé braver la puissance coloniale, ensuite pour l’immense aura dont la révolution s’est enveloppée et ses répercussions sur la libération des autres peuples.
Mais que représente, aujourd’hui, cette date pour nos enfants, deux générations après, à part les bribes des cours d’histoire du cycle scolaire, retenues par les uns et oubliées par les autres ? Pas grand-chose, il faut dire !
Novembre semble figé dans sa glorification première, renforcée par le silence des différents acteurs de cette grande et magnifique aventure.
Malheureusement, ces valeureux faiseurs de l’histoire nous quittent l’un après l’autre, emportant avec eux, chacun une part de vérité, privant les historiens de références de première main. Le cinéma, le livre, le théâtre et la chanson ont consacré beaucoup d’œuvres, d’inégales valeurs, au 1er Novembre 1954, mais semblent aujourd’hui arrivés à l’essoufflement. Pour avoir tout dit ?
Ce gel d’une réappropriation intégrale de l’histoire par les jeunes générations a été savamment entretenu par le fait que les tenants de la “légitimité historique” sont toujours aux commandes de l’ةtat et détiennent et le pouvoir et les détails de l’histoire.
Se considérant comme les précurseurs de la libération, ce qui est vrai, ils ont encore l’intime conviction d’être les seuls à pouvoir perpétuer la flamme révolutionnaire, ce qui est faux.
Les gardiens du temple doivent passer le relais et faire une passation transparente, comme ils sont dans l’obligation d’apurer une bonne fois pour toutes cette question récurrente sur les faux moudjahiddine, au moins pour la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés.
Ecrire l’histoire, c’est permettre à chacun d’apporter sa part de vécu pour la laisser en héritage. En partage.
.
.
O. A
.
.
|
.
Par :Hamid Saïdani
.
.
C’est durant cette rencontre secrète que l’élaboration de la déclaration du 1er Novembre fut débattue. C’est la symbolique de cette maisonnette qui restera en travers de la gorge des partisans de l’Algérie française jusqu’au bout, au point de la dynamiter dans une vaine tentative de l’effacer de l’histoire.
.
Il est des lieux qui ont fait l’Histoire, mais à qui l’Histoire continue à tourner le dos, sauf pour des célébrations officielles. C’est le cas de la maisonnette de Raïs Hamidou, qui avait abrité, un certain 23 octobre 1954, la naissance du Front de libération nationale et la fixation de la date du Premier novembre 1954 pour le déclenchement de la Révolution.
Pourtant, à Raدs Hamidou, hormis la placette du centre-ville où trône le portrait des six dirigeants historiques, avec la mention de la date de la réunion, ils ne sont pas nombreux à connaître l’histoire de cette maisonnette qui a fait l’Histoire de la Révolution. Nous empruntons la rue Bachir Bedidi (ex-rue Comte-Guillot), à la recherche du numéro 24. Et là, première surprise : entre les numéro 20 et le numéro 26, il n’y a qu’une petite ruelle, pas de trace du numéro 24. Nous attendons un moment au bord de la route. Une femme, la quarantaine, sort de la ruelle. Nous lui demandons où se trouve le numéro 24 : “Vous cherchez la maison où a eu lieu la rencontre ? C’est la maison des Maddi. Voyez avec leur fils, il est juste en bas, dans la boutique.” Nous lui précisons que nous cherchions la famille Boukachoura, qui habitait les lieux ce 23 octobre 1954 “Ah, désolée, je ne connais pas cette famille.” Le fils des Maddi nous reçoit dans sa boutique. Nous lui demandons des nouvelles au sujet de la famille Boukachoura. “Ils ont déménagé. Nous habitons à leur place depuis la fameuse bombe.” Quelle bombe ? lui demandons-nous. “Je ne connais pas très bien l’histoire. Je préfère que vous demandiez ça à mon père.” Une heure après, le père arrive. Ali Maddi nous ouvre les portes de la maisonnette. La ruelle a été repeinte à la chaux. ہ l’entrée, une plaque commémorative rappelle l’importance de ce lieu. Nous lui demandons, d’emblée, de nous parler de la bombe à laquelle faisait allusion son fils. “Oui, ce fut entre la fin de 1959 et le début de 1960. Ma fille aînée venait d’avoir trois ans. Les mains rouges de l’OAS avaient plastiqué la maison, en représailles au FLN. Tous les toits se sont effondrés. Voyez vous-mêmes, l’état de la maison.” Ali Maddi enchaîne : “Quand j’ai habité les lieux, mon voisin m’a dit que cette maison avait une histoire.” Effectivement, la maisonnette habitée, à l’époque, par Mourad Boukachoura, un militant du Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action (CRUA), avait abrité un certain 23 octobre 1954, la réunion des six dirigeants “historiques” (Mostepha Ben Boulaïd, Larbi Ben M’hidi, Mohamed Boudiaf, Krim Belkacem, Didouche Mourad et Rabah Bitat) qui constituaient en fait la première direction du FLN, qui ont arrêté le découpage territorial en 5 régions dans une première phase, qui ont fixé la date du 1er novembre 1954 à 0 heures comme date du déclenchement de la lutte armée sur tout le territoire, et qui ont donné l’appellation de Front de libération nationale. C’est durant cette rencontre secrète que l’élaboration de la déclaration du 1er novembre fut débattue. C’est la symbolique de cette maisonnette qui restera en travers de la gorge des partisans de l’Algérie française jusqu’au bout, au point de la dynamiter dans une vaine tentative de l’effacer de l’histoire. Les moudjahidine se remémorent cet endroit symbolique et y reviennent chaque année pour déposer une gerbe de fleurs et lire la Fatiha. Un rituel qui s’est répété la semaine dernière avec la visite des “officiels” qui promettent, depuis des années, de transformer l’endroit en un musée, mais sans jamais tenir leurs promesses. Rabah Bitat, qui était l’organisateur de la rencontre des six historiques, était revenu visiter la maisonnette, quelque temps avant sa mort, se rappelle Ali Maddi. Il se rappelle également de la dernière fois où Mourad Boukachoura, malade et handicapé, est revenu sur les lieux, comme pour faire ses adieux à cette maisonnette qui a vu naître la Révolution. Ali Maddi ne comprend pas pourquoi cette demeure ne bénéficie pas de la même attention que celle des Derriche, à El-Madania, qui avait abrité la rencontre des 22 historiques. Un projet de transformation de la demeure en musée existe. Une maquette a été faite et reste conservée dans les archives de l’APC de Raïs Hamidou. Mais, aux dernières nouvelles, le projet devrait encore attendre, du moins jusqu’au lancement du projet d’extension du port. En attendant, les locataires de la maisonnette vivent le calvaire au quotidien, ne pouvant même pas procéder à des transformations du lieu, qui devrait être conservé tel quel, jusqu’au jour où les décideurs décideront, enfin, de réhabiliter ce lieu et lui donner la valeur qui est la sienne.
A. B
.
.
.
Par : AZZEDDINE BENSOUIAH
.
.
La Révolution a été portée par tous les Algériens”
“Des villages entiers ont été bombardés car des villageois avaient hébergé des moudjahidine”, tient-il à témoigner. Interrogé sur l’écriture de l’histoire, il a souhaité que des historiens algériens prennent le relais et fassent des recherches pour laisser une documentation aux futures générations.
.
Lors de son passage sur les ondes de la Chaîne II, jeudi dernier, le secrétaire général de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) Saïd Abadou, s’est offusqué contre ce qu’il a qualifié de “campagne menée contre les chouhada et les moudjahidine”. Il invite ceux qui avancent en public des chiffres “invérifiables” de faux moudjahidine, de fournir des preuves, s’ils en possèdent. Il rappelle que le secret est la base de toute révolution. Aussi, estime-t-il, “nombre de personnes que les gens considéraient comme harkis, car ils les voyaient dans les rangs de l’armée française, étaient en réalité que des éléments travaillant pour le FLN”. Le président de l’ONM insiste sur le fait que la Révolution a été portée par tous les Algériens. “Des villages entiers ont été bombardés car des villageois avaient hébergé des moudjahidine”, tient-il à témoigner. Interrogé sur l’écriture de l’histoire, il a souhaité que des historiens algériens prennent le relais et fassent des recherches pour laisser une documentation aux futures générations. “Nous avons d’ores et déjà arrêté un programme d’action visant à rendre l’histoire accessible pour tous. Dans ce cadre, nous avons mis au point avec les chaînes de radio dans un premier temps, de courtes émissions sur l’histoire de la Révolution. Il s’agit de flashs sur des sujets relatifs à la Révolution qui seront diffusés justes avant les journaux d’informations radiophoniques. ہ partir de janvier 2009, des émissions similaires seront diffusées avant les journaux télévisés”, révèle Saïd Abadou.
Toujours à propos de l’histoire, il annonce que son organisation continuera à réclamer les archives que détient encore la France. “Par archives je veux parler des documents et des biens, y compris l’argent, pillés par le colonisateur. Je ne considère pas les documents radiophoniques ou filmés que la France vient de nous remettre comme des archives algériennes. Il s’agit en réalité de films et d’émissions radiophoniques que l’administration coloniale utilisait comme propagande. Nous réclamons les documents algériens volés qui peuvent nous servir pour l’écriture de notre histoire”, précise le premier responsable de l’ONM. Il enchaîne ensuite sur les démarches de son organisation qui cherche à obtenir la “repentance” de la France sur les crimes coloniaux. Il revient sur l’enseignement de l’histoire et affirme que cette matière forge le patriotisme des jeunes générations. “Les jeunes préfèrent étudier les matières scientifiques. Même les programmes scolaires sont axés sur l’apprentissage des sciences. C’est une très bonne chose, car cela assure le développement du pays. Mais il ne faut pas occulter l’enseignement de l’histoire”, explique-t-il. Il affirme que les ex-pays colonisateurs sont aujourd’hui à l’affût pour spolier nos richesses. “Si nos enfants ne sont pas nourris d’esprit patriotique, ils quitteraient le pays dès que ce dernier traverse une crise. Les militants du FLN pendant la révolution avaient faim, mais ils n’ont jamais trahi leur nation”, ajoute-t-il. Enfin, il estime que si les archives détenues par la France n’étaient pas restituées, il voit mal comment les responsables politiques de l’Hexagone comptent parvenir à parapher avec la partie algérienne, des accords de partenariat privilégié.
Il montre, par ailleurs, sa satisfaction quant à la prise en charge par l’ةtat algérien des problèmes des moudjahidine et des ayants droit.
.
.
D.A.
.
.
.
En cette dernière semaine du mois d’octobre 2008, comme ce fut il y a 54 ans, le ciel des Aurès est enveloppé d’une brume dense. Depuis deux jours, des averses successives rendent à la limite du praticable les sinueuses routes qui mènent vers l’ex-commune mixte d’Ichemoul, située entre Batna et Biskra. Il est 9 heures du matin quand nous arrivons, depuis Batna, via Arris, au village de Hadjaj, l’une des trois dechras formant l’historique localité d’Ichemoul.
Dès qu’on quitte Arris, on commence à entretenir une nouvelle relation avec l’espace temps. Une étrange sensation s’installe : celle d’être à la fois un homme libre dans ces espaces qui s’étirent à l’infini et de n’être qu’un sujet faible remettant son destin aux majestueux monts d’Ichemoul et du Chelia. Malgré leur austérité, ces montagnes dégagent une certaine chaleur qui pousse à tomber amoureux de ce paysage.
À la vue de notre guide qui s’approchait du véhicule, nous éteignons la radio au moment où la voix de la jeune présentatrice rappelait que depuis le mois de Ramadhan dernier (septembre), la route a tué plus que tous les crimes, y compris ceux perpétrés par les terroristes. En plus du guide, fils de chahid, cette information s’avéra être une autre passerelle pour s’engouffrer dans la conjoncture d’il y a 54 ans. Il y a près d’un demi-siècle, en cette dernière semaine du mois d’octobre, la France, dont dépendaient ces territoires, était une nation en paix.
Fini la guerre d’Indochine ! Finie, aussi, la tension qui régnait en Afrique du Nord, comme l’annonçait en juillet Pierre Mendès France depuis Carthage, du moment que “la voie menant vers l’autonomie du Maroc et de la Tunisie est toute tracée”. C’est pourquoi, pour la presse française de l’époque, seuls les accidents de la route, avec 34 morts durant le dernier week-end d’octobre 1954, tourmentaient les politiques de l’Hexagone.
L’OS et les caches d’armes
Il y a 61 ans, le 15 février 1947, l’OS est créée. À Batna, ils étaient 21 militants affiliés à cette organisation paramilitaire. À partir du 1er novembre, 13 d’entre eux tomberont au champ d’honneur. Répartis en cinq cellules, ils s’attelleront avec leur chef Mustapha Ben Boulaïd, dès 1948, à réunir les conditions logistiques du passage à l’action armée.
Cette dernière ne pouvait se faire sans des armes à se procurer et à mettre à l’abri jusqu’au jour “J”. Justement, c’est ici à Hadjaj, sur la route de Tkout, que Mustapha Ben Boulaïd et ses hommes de l’OS préparèrent une cache d’armes dans la maison des Baâzi, dans celle des Azoui et, enfin, celle des Bechah. Selon notre guide Saïd Benaâkcha, la deuxième cache, une petite, a été aménagée à Arris au niveau de la mosquée d’Iverkeb. Enfin, la troisième, probablement la plus importante, a été aménagée à Ouled Moussa. Après 7 kilomètres de route, nous atteignons la dechra en question. L’entrée du vieux village, une sorte de grand portail en pierre, se trouve à notre gauche. La cache en question, elle, se trouve à notre droite, en contrebas de la route, au milieu des champs de l’autre côté de la rive de l’oued Labiod. Il s’agit d’une demeure d’un seul niveau, isolée du reste des habitations. C’est une autre propriété de la famille des Baâzi. Les armes provenaient, surtout, des lots laissés par les belligérants, à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, dans le désert libyen. On y trouve le Stati italien, le Rafale anglais et le Moser allemand. Ce dernier appelé “khemassi”, par référence à ses 5 coups, était le préféré des moudjahidine. Ainsi, en cette dernière semaine du mois d’octobre 1954, les caches d’armes d’Ichemoul contenaient 950 pièces stockées sur 3 périodes. Une première livraison de 320 pièces a eu lieu durant l’hiver de 1948. Une seconde de 280 pièces et une troisième de 350 pièces ont eu lieu durant le printemps de la même année. L’acheminement des armes à partir de cette date est devenu parcimonieux, notamment après le démantèlement de l’OS en 1950. Même les tentatives d’alimenter ces caches depuis le stock des militants de l’OS de l’ex-Philippeville (Skikda) seront avortées avec le démantèlement du groupe de Saïd Khene. Ce dernier, avec Mohamed Kezzar, Mohamed Benarfi, Mohamed Bouassla, Mustapha Harket et d’autres militants, seront arrêtés avec un chargement au col des Oliviers, entre Skikda et Constantine. Ainsi, les monts d’Ichemoul et du Chélia seront les témoins silencieux d’un long processus de préparation de la révolte qui va venir. Un travail qui durera de l’hiver 1948 à l’été 1954 soit… 7 ans et demi. Autant d’années que nécessitera la guerre de Libération.
Le compte à rebours commence
En cette fin d’octobre 1954, Mustapha Ben BoulaÏd, membre des 6 chefs de l’intérieur de la Révolution, est rentré d’Alger avec dans ses bagages l’ordre de déclencher la révolution le 1er novembre à zéro heure dans la région des Aurès, celle-là mieux préparée et mieux dotée en hommes et en armes pour des raisons historiques et géographiques. Une fois dans sa région, il réunira son état-major pour le mettre au courant de la décision historique.
La rencontre a eu lieu dans la vieille Medina, une autre dechra d’Ichemoul, au bout d’une dizaine de kilomètres depuis dechra Ouled Moussa où se trouve la maison qui a abrité ce conclave. La demeure de Ali Berghou est toujours dans le même état qu’il y a 54 ans. Pis, elle menace ruine. C’est ici que, pour la première fois, Adjel Ladjoul, Chihani Bachir, Mostefa Boucetta, Meddour Azoui et Abbès Laghrour seront mis au parfum de l’historique décision prise par les 22 à Alger. C’est ici qu’il sera décidé de regrouper les moudjahidine quelques jours après, soit le 29 octobre. C’est ici que Ben Boulaïd et ses 5 lieutenants arrêteront les lieux de regroupement. Ils choisiront deux sites pour l’engagement de leurs propriétaires, leur aménagement adéquat et leur implantation stratégique.
Le premier est la maison de Boulekouas située à Tibakaouine. A partir du 29 octobre, elle accueillera 80 moudjahid dirigés par Tahar Nouichi. Plus proche à vol d’oiseau de Batna, elle sera le lieu de départ de plusieurs sections vers cette ville et vers Oum Tboul, à bord du camion de Boukhlouf pour mener les actions de la nuit du 31 au 1er novembre. La seconde maison, plus importante, est celle de la famille des Benchaïba, située plus au sud, soit à mi-chemin entre la Medina et Arris, au cœur de la dechra de Ouled Moussa. Retour dans la dechra avec notre guide. Sur le site, une stèle commémorative est érigée et un musée, bien entretenu, est ouvert. La vaste propriété des Benchaïba est devenue une annexe du musée. C’est ici que quatre jours avant le jour “J,” 350 moudjahidine ont été regroupés. Avec son approche pédagogique, Saïd nous explique que, pour des raisons de sécurité, chaque groupe affilié à une dechra était pris en charge dans une pièce de la demeure. Une organisation pyramidale ne permettant aucun contact entre les membres des groupes dont Adjal Laâdjoul assurait le commandement. Mustapha Ben Boulaïd, lui, a installé ses quartiers dans un pavillon de la grande demeure, situé du côté nord. Depuis une fenêtre, il avait une vue sur Arris et depuis une autre, il contrôlait les accès depuis le mont d’Ichemoul. Parmi les personnes réunies, donc enrôlées, et qu’encadraient des anciens du PPA et de l’OS, figuraient des bandits d’honneur qui étaient retranchés dans les Aurès depuis des années. On évoque Belkacem Grine, Aïssa El-Mekki, Ben Salem, Messaoud Zelmati et leur chef Hocine Berhayel. Si au départ, ces derniers cherchaient à en découdre avec les ex-éléments de l’OS pour plusieurs raisons, ils finiront, sous l’effet du charismatique Ben Boulaïd par rallier la cause nationale.
Tighanime entre dans l’histoire
La nuit du 1er novembre, dans la pénombre de la nuit hivernale d’un Aurès froid, des hommes vêtus de leur kachabia et armés de leur amour pour une Algérie mèneront pour la première fois des actions armées. Entre minuit et 3 heures du matin, plusieurs attaques ont été menées par les sections du groupe de Tibakaouine. À Batna, en plus des actions de sabotage, la caserne est attaquée. Deux sentinelles sont tuées, alors que le colonel Blanche échappa à une autre attaque ayant ciblé sa voiture. À Arris, des sections du groupe de Ouled Moussa encercleront jusqu’à une heure tardive de la journée la ville ; même chose à Tkout. À Ichemoul, des ponts et la mine sont dynamités. Mais l’événement qui fut, plus tard, le plus médiatisé pour une raison ou une autre est l’attaque de Tighaninime. Après Arris, il faut faire près de 20 km pour atteindre Tifelfel, le chef-lieu de la localité de Gharissa, le site choisi par le commando de Chihani pour mener sa mission du jour. La cible était un bus de voyageurs venant de Tkout via Tifelfel pour atteindre Arris.
À la sortie d’un tunnel, un emplacement idéal pour des actions de guérilla, s’annonce un tronçon de près de 100 mètres avec deux grands virages en amont et en aval, rendant la visibilité nulle pour d’éventuels secours. Une stèle est là pour commémorer l’événement auquel on assimile le déclenchement de la guerre de Libération. Ce matin du 1er novembre 1954, à 9 heures, le bus en question arriva sur les lieux quand il est arrêté par les moudjahidine embusqués depuis la veille. Des hommes montent dans le bus où, en plus des Arabes, des civils français avaient pris place dans le but d’expliquer la déclaration du 1er Novembre.
Ce jour- là, le caïd de M’chounèche, un village situé entre les balcons du Roufi et Biskra, Hadj Saddek était du voyage. Aux explications des moudjahidine, il répondit par l’arrogance d’un pro-Français qui ne pouvait imaginer son avenir que lié à la présence coloniale. Quand il porta sa main au niveau de sa ceinture pour utiliser son revolver, une rafale retentit. Les balles touchèrent un instituteur, Guy Monnerot et sa compagne qui prenaient place à côté du caïd. Si cette dernière sera blessée, son époux décédera sur le coup. L’affaire des deux victimes civiles européennes, que sont le couple d’instituteurs, a bouleversé Mustapha Ben Boulaïd, selon ses compagnons de l’époque. Il exprima son mécontentement aux membres du commando et mena son enquête. Seules les conclusions de cette dernière accréditant la thèse de l’incident involontaire épargna aux membres de la section les mesures disciplinaires de rigueur. Selon les mêmes témoins, si l’élimination du caïd était considérée par Ben Boulaïd comme un acte de guerre évident, celle de l’instituteur était une fâcheuse bavure…
M. K
.
.
.
.
.
.
.
Les commentaires récents