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L’histoire de l’Andalousie est très ancienne. Elle témoigne de plusieurs occupations et présences dès l’antiquité.
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Le flux et le reflux
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Les premiers à s’y installer furent les Phéniciens qui y établirent des comptoirs, dès l’an 1000 av. J.-C. Du XIe au VIe siècles av. J.-C., le royaume de Tartessos s’installa sur les berges du Bétis, aujourd’hui appelé Guadalquivir. Par la suite, l’Andalousie fut l’objet de toutes les convoitises. Les Carthaginois et les Romains se la disputèrent lors des guerres puniques. Finalement, ce fut Rome qui la conquit. L’empire y installa Italica, une florissante colonie. Mais, l’Andalousie fut ensuite envahie par les Vandales (409-429) puis par les Wisigoths.
L’élément déterminant dans l’histoire de l’Andalousie fut sa prise par les musulmans en 711. Jamais un peuple n’avait eu une telle influence sur la province. Les musulmans lui léguèrent une véritable culture et de somptueux monuments, au cours des huit siècles de leur domination. En 711, l’Espagne était en décadence sous le faible royaume du roi wisigoth Rodrigo. Moussa Ibn Nossayr, gouverneur en Afrique du Nord, décida que c’était l’opportunité pour s’emparer de la Péninsule et envoya Tareq Ibn Ziyab à travers le détroit de Gibraltar avec 7 000 soldats. La résistance n’était pas très forte. La troupe de Rodrigo fut vaincue facilement à la bataille de Guadalete. La troupe de Tareq avança rapidement vers Tolede. Moussa Ibn Nossayr suivit Tareq l’an 712 avec une autre armée de 18 000 hommes. Le territoire conquis fut appelé Al-Andalus.
En 756, Abdel-Rahman Ier devint l’émir d’Al-Andalus et déclara les territoires espagnols indépendants de Bagdad, capital de l’empire islamique. Il commanda la construction de la Mosquée de Cordoue comme un symbole de pouvoir. En 929, Abdel-Rahman III se proclame lui-même calife. L’âge d’or commence pour le sud de l’Espagne. Les musulmans ont apporté de nouvelles méthodes pour l’agriculture, ils ont ouvert des écoles publiques, universités, bibliothèques partout. La collection d’Al-Hakam II à Cordoue avait 400 000 volumes.
Malheureusement, de fréquents conflits éclatèrent entre les émirats successifs. Cette instabilité chronique ne fit que faciliter la conquête de l’Andalousie par les rois catholiques, au XVe siècle. En 1212, Alphonse VIII de Castilla, Pedro II d’Aragon et Sancho « El Fuerte » de Navarra réunirent leurs forces et battirent les Arabes à la bataille de Navas. Après, en 1236, Fernando III a conquis Cordoue et Séville en 1248. Le dernier royaume des Arabes en Espagne fut Grenade jusqu’en 1492, quand le roi Abou-Abdallah (Boabdil) se rendit à Fernando d’Aragon.
L’année 1717 marqua le glas de l’histoire fastueuse de l’Andalousie. Cette année-là, l’Andalousie perdit son monopole du commerce vers l’Amérique. La province subit alors un déclin constant qui en fit bientôt la région la plus pauvre d’Espagne.
Aujourd’hui, l’Andalousie est devenue une région prospère. Sa culture ancestrale, la douceur de son climat et la vivacité de ses traditions en font une destination touristique de premier ordre.
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Un patrimoine islamique stupéfiant
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.Al-Andalus ou l’Andalousie, surnommée « l’Orient de l’Europe », est une région particulièrement riche au niveau architectural. Dès l’arrivée des musulmans, elle est très vite devenue un foyer de rayonnement culturel et spirituel qui a attiré nombre de savants et d’hommes pieux venus des plus lointaines contrées. Les lieux de culte y sont par conséquent multipliés : mosquées, zaouïas, marabouts … Mais la beauté si singulière de la ville tient à l’évidence à l’art des bâtisseurs, qui ont su imposer ici un style propre, largement inspiré de l’architecture d’Al-Andalus — l’Espagne sous domination musulmane — et qui laisse sa marque aussi bien sur le plan de la casbah que des maisons particulières, sur le décor des seuils que sur l’ornementation des fontaines … Sa tour de garde rappelle les tours couvertes de Grenade, tandis que dans les ruelles tortueuses, les façades chaulées aux pieds colorés d’indigo nous transportent dans les plus typiques villages de l’Andalousie profonde …
Les dix siècles de la présence musulmane en Espagne, de 711 à 1614, ont permis l’éclosion d’une civilisation dont témoignent les plus belles constructions de l’architecture andalouse. « Une grande partie de l’histoire de la Méditerranée et de l’Occident européen est étroitement liée à la culture artistique andalouse. Creuset de civilisation où se sont mêlées influences opposées et complémentaires, l’Andalousie a également su forger et exporter des caractères qui lui sont propres. Avec l’arrivée de l’islam, la région connut l’une de ses grandes périodes d’épanouissement, devenant un lieu d’expérimentation, en particulier au niveau architectural », explique Rafael Lopez Guzman, professeur titulaire d’histoire de l’art islamique et hispano-américain à l’Université de Grenade, il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages sur l’héritage islamique en Espagne.
Le colloque tenu dans le charmant maqaad du palais du prince Taz dans la rue Al-Soyoufiya au pied de la mosquée Ahmad Ibn Toulon, qui avait pour titre « l’architecture et les monuments andalous », a été animé, le 13 mars en cours, par Dr Mohamad Hamza Ismaïl, professeur à la faculté de l’archéologie de l’Université du Caire. En effet, ce colloque a été présenté précédemment à l’Institut Cervantès (le Centre culturel espagnol), au Caire. Dr Mohamad Hamza y a présenté une description complète et illustrée des principaux monuments et œuvres d’art, des pages thématiques pour en savoir plus sur l’histoire et la culture, des plans de villes et de monuments, une présentation des formes typiques de l’architecture andalouse.
« Avec les musulmans, il est arrivé un nouvel âge pour l’Andalousie. Ils ont amené la science, la littérature, la philosophie. Ils ont construit des écoles et des bibliothèques. Le califat de Cordoue était le plus avancé et sophistiqué territoire de son époque. Ils ont créé en Andalousie des trésors pour l’humanité où l’œuvre de l’homme se confond avec la nature. Ils y bâtirent d’impressionnantes mosquées, palais et forteresses, citons : la mosquée de Cordoba (IXe - XIIe siècles) », estime Dr Hamza. Le patrimoine artistique andalou témoigne d’un riche passé millénaire. D’ailleurs, les monuments les plus significatifs de la province sont le grand palais de l’Alhambra de Grenade, la mosquée de Cordoue, la Giralda et la vieille ville de Séville. La céramique et la poterie andalouses sont très réputées, de même que les pièces artistiques en métal et les bijoux, les chaussures ou les compléments en cuir, la production textile artisanale, comme la confection de couvertures, les broderies et les châles. En outre, les artisans andalous sont passés maîtres dans la fabrication des meubles, des objets en fibre végétale, des reliures, des ouvrages en pierre et en marbre et des instruments musicaux, entre autres.
Un triangle de beauté
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Le « triangle andalou » ou les trois villes fleurons indissociables pour qui veut connaître la riche histoire de l’Andalousie sont : Grenade, Cordoue et Séville. Mais il serait injuste de négliger des villes telles que Cadix, Ronda ou Huelva. Moins célèbres, elles ont un charme indéniable et recèlent quelques trésors insoupçonnés. L’Andalousie est située aujourd’hui à l’extrême sud de la péninsule ibérique. Elle n’est qu’à une vingtaine de kilomètres de l’Afrique ! Sa superficie, comparable à celle du Portugal, en fait la plus grande province d’Espagne. C’est également la plus peuplée avec environ 7 millions d’habitants. « L’Andalousie est, sans doute, la région d’Espagne la plus dépaysante en raison de ses étonnants paysages et de ses richesses culturelles incroyables. La région est bordée par la Méditerranée au sud et à l’Est et par l’Océan atlantique à l’ouest. L’Andalousie est dotée de paysages variés. Les vegas (plaines fertiles) alternent avec des collines lunaires. On y trouve également des massifs montagneux tels que la Sierra Morena et la Sierra Nevada », explique Dr Mohamad Hamza qui a aussi raconté le mouvement incessant d’échanges et d’interpénétrations entre l’Andalousie et les autres pays du monde islamique. « C’est l’Andalousie qui s’est influencée au début de son histoire par l’architecture islamique, surtout de l’Egypte qui était à l’époque le cœur du monde islamique. L’architecture andalouse s’est plus tard développée pour donner un caractère tout particulier à l’art de cette région. Le mouvement d’échange a d’autre part donné naissance, au Maghreb extrême, à l’un des foyers les plus brillants de la civilisation islamique. Cet échange a influencé aussi l’architecture islamique dans plusieurs pays à l’époque, citons surtout les pays du Maghreb et l’Egypte », ajoute-t-il.
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Vers le Maghreb et le Machreq
.Cette influence peut être nettement distinguée aujourd’hui dans plusieurs monuments islamiques : citons la madrassa de Yusuf à Marrakech, la madrassa Al-Attarine à Fès et le palais Al-Badia considéré comme le plus beau palais de style andalou construit hors de l’Andalousie. Ce dernier a été transformé aujourd’hui en une prison. En Egypte, cette influence paraît clairement dans la façade de la coupole de l’imam Al-Chaféi, les fenêtres de la madrassa Al-Kaméliya, le minaret d’Al-Hussein, quelques détails de la mosquée d’Ahmad Ibn Toulon, le mihrab et le minaret de la madrassa du sultan Qalaoun, la coupole de Sonqor Al-Saadi, et la fenêtre de la mosquée Al-Moayyed Cheikh. Des pièces de céramiques andalouses ainsi que les vestiges des fours où elles étaient fabriquées, ont été aussi découvertes à Foustat. Ces céramiques se trouvent maintenant dans les dépôts du musée de l’art islamique (qui est en cours de développement).
Ainsi, malgré les vicissitudes de l’histoire, la culture andalouse est-elle parvenue à conserver un patrimoine incroyablement riche et varié. Ce remarquable colloque nous a révélé cet héritage exceptionnel, absolument unique dans l’Occident européen.
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Amira Samir
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Quatre sites incontournables
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La grande mosquée de Cordoue
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.Sa construction débuta en 785 sous l’impulsion de Abdel-Rahman Ier et s’acheva deux siècles plus tard. Au XVIe siècle eut lieu la reconquête de Cordoue par les chrétiens. Ceux-ci décidèrent alors de construire une cathédrale au centre de l’immense mosquée.
La Grande Mosquée porte bien son nom. En effet, avec ses 174 mètres de longueur et ses 137 mètres de largeur, elle est la plus grande mosquée au monde après celle de La Mecque. Le toit de la Grande Mosquée est soutenu par une étonnante forêt de 856 colonnes en granit, organisées en une superposition de deux étages d’arcades : l’un à 4 mètres de hauteur et l’autre à 13 mètres. Tout cela forme un véritable labyrinthe aux perspectives improbables.
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L’Alhambra
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Ce palais est d’une telle beauté que vous le penserez échappé des contes des Mille et une nuits. L’Alhambra était le quartier administratif de Grenade, clos d’une enceinte fortifiée. Il y avait deux palais constitués de plusieurs salles ordonnées autour de cours et de jardins. La Cour des Lions fait partie d’un des palais datant du XVIe siècle. Aujourd’hui encore, Grenade est une oasis luxuriante. L’Alhambra s’étend sur une plate-forme étroite d’environ 720 mètres de long sur 220 mètres de large, qui couronne une colline escarpée, la Sabika. A l’ouest, la plate-forme tombe presque à pic vers la médina et le Darro, du côté est, elle est séparée de la montagne par un ravin.
L’endroit le plus célèbre de l’Alhambra est sans doute la Cour des Lions (Patio de Los Leones). Son nom provient des douze lions-jets d’eau de la fontaine qui se trouvent au milieu du patio. Le grand bassin repose sur ces douze lions. Cette fontaine, en marbre blanc, est l’un des exemples les plus importants de la culture musulmane.
L’Alhambra se trouve dans la ville de Grenade qui fut la capitale arabe du dernier royaume musulman. Le sultan Yusuf Ier a voulu pour son palais de Commares un patio (petite cour centrale non couverte) occupé presque entièrement par un grand bassin rectangulaire.
Le palais du Partal est certainement l’un des plus anciens palais de l’Alhambra. On estime qu’il pourrait avoir été édifié au début du XIVe siècle de l’ère chrétienne. Il ne subsiste de ce palais que ce corps de bâtiment très élégant, intégré dans le mur de la cité et surplombant les vieux quartiers de Grenade. La partie antérieure de la demeure et la tour sont surnommées « tour des dames ». Ce palais qui possède un plafond de bois ouvragé se reflète dans un grand bassin rectangulaire entouré de jardins ombragés.
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L’Alcazaba de Malaga
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Elle a été construite entre le VIIIe et le XIe siècles, sur les vestiges d’une forteresse romaine. Elle servait à protéger la province de Grenade qui attirait les convoitises. Une Alcazaba était une forteresse intégrée dans les remparts qui protégeaient une ville. En dehors de l’aspect guerrier, l’Alcazaba servit également de résidence au gouverneur musulman de Malaga. Elle possède une triple enceinte équipée de tours de défense et de portes. L’extérieur est étonnant par l’accumulation d’éléments défensifs, tels mâchicoulis, chemins de rondes, épaisses murailles ... Cette profusion rendait l’édifice pratiquement imprenable. L’intérieur de l’Alcazaba, quant à lui, présente un aspect plus bucolique. On peut y admirer de splendides jardins et de charmants patios. L’odeur du jasmin se mêle à celle de l’hibiscus ... L’Alcazaba de Malaga abrite également un musée archéologique
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La medina Azahara
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C’était le projet du calife Abdel-Rahman III qui a vécu au Xe siècle. Celui-ci entreprit de faire construire une véritable ville en l’honneur de son épouse favorite, Zahara. La cité était organisée sur trois terrasses fortifiées. Tout en haut, se dressait l’Alcazaba (forteresse). Elle veillait sur les jardins installés au deuxième niveau et sur la ville en elle-même, située en contrebas. La légende veut que les gigantesques travaux aient mobilisé 10 000 ouvriers, 2 600 mules et 400 chameaux ! La Medina Azahara était richement décorée de marbre, d’ébène et d’albâtre. Elle devint l’une des plus belles cités de l’empire islamique. On dit même qu’elle pouvait rivaliser avec la Grande Constantinople.
Ce faste fut de courte durée. La Medina Azahara fut entièrement ravagée en 1010. Les richesses furent volées et certains éléments architecturaux furent réutilisés pour d’autres édifices. Aujourd’hui, la Medina Azahara est en cours de restauration. Mais c’est déjà un site archéologique de premier ordre où sont effectués de grands travaux de fouilles. On peut imaginer sa splendeur passée à travers les reliefs sculptés dans le marbre ou les nombreuses colonnes. Deux salons ont été récemment restaurés et leur visite vaut vraiment le coup d’œil.
La Medina Azahara a été classée monument historique national en 1923.
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