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On dit qu’en histoire, tout doit être vérifié tant les livres sont plus ou moins subjectifs et fondés sur des faits souvent incertains. C’est de cette façon que nous devons lire Hérodote, le plus ancien historien grec que l’on connaisse et auteur de référence pour les événements de l’Antiquité. Il devrait être le contemporain des plus grands dramaturges de la trempe d’Euripide, du grand aède de tous les temps appelé Homère de qui nous avons appris l’Iliade et l’Odyssée d’Ulysse, et de l’ancêtre des fabulistes connu sous le nom grec d’Esope bien qu’il fût d’origine éthiopienne.
Né au 5e siècle avant l’ère chrétienne, il parcourut une partie de l’Asie, principalement la Perse, l’Egypte et la Libye au point d’en devenir le spécialiste de son temps. Il avait la maîtrise des plus vieilles civilisations de l’Afrique, de l’Asie ainsi que du Bassin méditerranéen et de la géographie de ces régions du monde qui ont largement contribué à l’essor de l’humanité.
Juba II, allié des colonisateurs romains et fils de Juba I qui avait combattu ces envahisseurs, a toujours considéré Hérodote comme auteur de référence pour ses investigations en zoologie et en botanique de l’Afrique du Nord. Il avait même confirmé avec preuves à l’appui la découverte d’Hérodote selon laquelle il y aurait un fleuve souterrain reliant tous les pays de l’Afrique du Nord et qui alimenterait en eau d’autres fleuves : Sénégal, Niger, Nil.
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Hérodote, historien, géographe et grand voyageur
Déjà, de son temps, beaucoup d’auteurs ont connu l’Afrique du Nord. Ce fut le cas d’Homère qui a parlé de la Tunisie pour l’avoir visité, de Phérékydes de Syros, d’Hecatet de Milet venu en Egypte vers 510 avant J-.C., du dramaturge Eschyle qui vivait au début des guerres médiques.
Hérodote fit un voyage à Kyrène située sur la côte libyenne et au sud de l’île de Crète. En sa qualité d’historien et de géographe émérite, il a laissé de cette région côtière une description très pittoresque. Il la situe au sud de l’île de Crète. Quant à Kyrène, la cité urbaine de son temps, elle se trouvait sur une colline surplombant la mer, et située au voisinage d’une région de ravins au fond desquels coulent des ruisseaux. Kyrène était si renommée qu’elle baptisa toute la région sous le nom de Kyrénaïque séparée de la vallée du Nil par un désert sablonneux et de Carthage par le double golfe de Syrtes au sud desquelles court une bande sablonneuse terminée par de petites montagnes boisées.
Toute cette région décrite était habitée, selon Hérodote par des hommes au teint brun, assez moyens de taille et très attachés aux pratiques fétichistes. Ils habitaient dans les cavernes et fourrés montagneux syrtiques du temps où les Grecs habitaient Kyrène. Cela rappelle l’Algérie pendant la période coloniale au cours de laquelle les Français vivaient dans les grandes villes et les autochones dans les villages de gourbis et les grottes. Les Libyens, selon Hérodote, étaient constitués de deux races blanches auxquelles s’étaient mêlés les Grecs, vers le 7e siècle avant J-C., L’appellation «Libyens» était connue même des poètes de l’Hellade, y compris d’Homère qui disait avoir rendu visite à partir de Kypre, aux Phéniciens, et aux Egyptiens. «Nous sommes allés, dit-il, chez les Sidoniens, les Ethiopiens et les Erembes, et dans la Libye où les agneaux naissent avec des cornes. Là, les brebis mettent bas trois fois dans l’année. Là, ni le maître, ni le berger ne manque jamais de fromage ni de lait délectable, car les brebis fournissent du lait à traire.
Ces deux races détiennent plus clair dont l’une s’appelait du nom de «Lebou», d’après Hérodote, parlaient une langue sémitique. Les propos de l’historien confirmés par des hiéroglyphes indiquent que ces populations blanches de tribus aryennes, sont venues là après une migration maritime aux 15e et 14e siècles avant J-.C., sous les Ramses pharaons. C’était au temps où les Sairdana , Tursa, Sakhalas, Machouach, Lebou, Akaios, Leka arrivèrent sur les rivages de l’Egypte ancienne. Huit siècles après, les Grecs venus d’une île située à l’est de la Crète, après être restés phéniciens, arrivèrent en Libye pour s’y établir. Le roi de cette île de la Grèce antique les y avait envoyés en vue d’une colonisation sous le commandement d’Aristotélés Battos descendant de l’Argonaute Euphémos. Pourtant, la Libye avait été interdite aux Grecs par les Phéniciens, maîtres de la mer venus de Tyr et de Sidon.
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Phéniciens et Grecs du temps des pharaons Psemtek et Oufrou
Vers 650 avant J-.C., il y eut relâchement du côté des Phéniciens déstabilisés par des dangers venus des pays voisins et l’arrivée des pirates ioniens et cariens naufragés d’un ouragan, dans l’armée du pharaon. Tous les rois pharaons à partir de la 25e dynastie se retrouvèrent de la sorte renforcés par l’arrivée massive des mercenaires grecs et ce, jusqu’à Ouefrou et à son successeur Ahmès II devenus puissants. Et d’Egypte, les Grecs se dirigèrent vers la Libye qu’ils eurent toutes les peines du monde à trouver. C’est près d’une source appelée Kyra qu’ils s’établirent pour donner naissance à une ville métropole qui devait porter le nom dérivé de Kyrène dont le premier Battos se consacra comme ses ancêtres, aux dieux comme Apollon, au développement agricole des régions environnantes et à l’extension ainsi qu’à l’aménagement des cités urbaines à Kyrène, Aziris, Irassa.
Nous sommes au temps d’Hérodote qui raconte que les autochtones étaient des blonds ou des roux qui avaient la passion des chevaux si bien qu’ils constituaient des rangées de cavaliers à chaque fois qu’il y avait fête à l’occasion des mariages. On les appelait «Numides».
Sous Battos II, fils de Battos I, de nombreux Grecs de Crète, du Péloponnèse et des îles se ruèrent vers les faubourgs des cités urbaines de Libye. Les Libyens appelèrent à l’aide le pharaon Ouefrou, mais vainement. Selon Hérodote, ils ne reçurent pas de renforts suffisants pour se libérer de l’occupation étrangère. Les Kyrénéens étendirent l’occupation. On assiste à une colonisation de peuplement. Battos III, en revanche, se fit détester et fut déchu surtout avec l’arrivée du philosophe lacédémonien Demonax. Son fils Arkésilaos tenta de reconquérir le pouvoir avec des aventuriers Samiens en échange d’une distribution des terres. Il réussit à conquérir le pouvoir avec l’aide des Perses qui s’étaient emparé de l’Egypte. Battos III ne fit pas long feu, il fut chassé à la suite d’une grave émeute. Sa mère qui bénéficia d’une protection des Perses se vengea en commettant des cruautés sur tous ceux qui avaient précipité son fils dans sa chute. Il fut remplacé par un autre Battos appelé Battos III le beau qui finit mal, malgré les renforts qu’il avait reçus de la Grèce. C’est par lui que la dynastie des Battiades fut abolie. Toutes ces péripéties qui ont marqué l’histoire antique ont été des occasions particulièrement émouvantes autour desquelles des poètes et les conteurs ont bâti des récits fantastiques, fictifs qui, au cours des siècles suivants, ont servi de sources d’inspiration, amusé des publics nombreux, suscité des vocations d’écrivain.
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Une histoire ancienne qui a inspiré les écrivains de tous les temps
Dans le dernier millénaire qui a précédé l’ère chrétienne, il y avait une histoire mythologique très diversifiée en personnages et événements fabuleux frisant l’invraisemblable. C’est à partir de ce fond mythologique qu’il y eut d’autres productions à tendance dramaturgique, dans la Grèce antique. Sophocle, Euripide, Eschyle auraient-ils pu donner naissance pour la première fois à ce théâtre antique qui n’a pas pris une ride de nos jours ? Poètes et conteurs grecs, venus en Libye plusieurs siècles avant J-.C., ont profité de leur séjour en Afrique du Nord pour interroger les populations autochtones et les pierres, prendre possession de l’imaginaire collectif pour structurer des récits fictifs, reconstituer des légendes anciennes, mettre bout à bout des histoires populaires. C’est au terme de plusieurs voyages en Europe et en Afrique qu’Homère a pu donner forme aux légendes mythologiques de l’Odyssée, de l’Iliade d’Ulysse, de la Théogonie et des vieux poèmes de cette période. Les poètes à l’imagination débridée avaient même parlé d’origine mythologique des villes que les occupants étrangers avaient eux-mêmes fondées.
On comparait Kyrène à une nymphe, créature d’Apollon. Phérékydes de Syros, qui la racontait dans ses anecdotes sur les dieux, y précisait ce détail : «qu’Apollon avait fait transporter Kyrène en Libye par des Cygnes. La plus belle aventure en mer qui fut racontée par les poètes de l’antiquité est bien celle des Argonautes.
Dorien et Homère en ont fait des sujets passionnants. Homère parlait de la déesse Ciré que devait affronter Ulysse pour poursuivre son chemin du retour vers sa Grèce natale. Homère dit à ce sujet, dans un récit construit à la manière d’un narrateur qui se fonde sur des faits vécus : «De ce côté, lui dit-elle, s’élèvent en forme de voûtes des roches sur lesquelles se résonnent les grandes vagues d’Amphitrite aux yeux d’azur. Les dieux bienheureux les nomment les Roches errantes. Nul vaisseau monté par des hommes n’a pu s’en échapper après y avoir pénétré, car les flots de la mer et des tempêtes d’un feu terrible y emportent les bordages des navires et les corps des matelots. Un seul vaisseau voguant sur la mer a pu traverser ce passage : c’est l’Argo chantée de tous, à son retour du pays d’Aïates. Encore le flot l’aurait-il poussée sur les grandes Roches, si Junon, à qui Jason était cher, ne lui avait fait franchir ce détroit» (Odyssée d’Homère, XII, 59).
Ulysse et l’Iliade ne sont que des légendes, peut-être montées de toutes pièces et d’origine orale qu’Homère allait raconter de place publique en place publique. Même la guerre de Troie qui a é té le prétexte d’un long voyage pour Ulysse, semble n’avoir jamais eu lieu. Et qui eût dit que le thème dominant d’Ulysse était «la femme méditerranéenne».
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17-01-2008
Boumediene
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