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C’est l’homme d’un côté, qui cause des tempêtes,
Pour détruire un pays, par d’actes malhonnêtes,
De l’autre, la nature, explose sa fureur,
Sur le peuple Algérien, semant mort et terreur.
Sous le sol du pays des plaques s’entrechoquent,
Causants des tremblements, d’un instant, qui disloquent,
La croûte de la terre en detruisant le sort,
De milliers d’innocents, les condamnant à mort.
Partout, c’est un amas de gravats, de décombres,
Les survivants hagards, les yeux bouffis et sombres,
Cherchent des corps brisés, creusant avec leurs mains,
Ils attisent l’espoir par d’efforts surhumains.
Les villes ne sont plus qu’horribles hécatombes,
C’est pire qu’en Irak, détruite par les bombes,
On entasse les corps des morts et des mourants,
La presse nous fournit des récits écoeurants.
On tend l’oreille partout pour essayer d’entendre,
Une voix, un appel, pour pouvoir entreprendre,
Ce dernier sauvetage, avant l’acte final,
Du déblaiement ultime et son bruit infernal.
Enfin, on voit venir d’illustres personnages,
En costumes pimpants, avec leurs entourages,
Ils s’empressent de faire un tour de ce charnier,
Et puis, en limousine, ils quittent ce bourbier.
Ils sont là pieusement, leurs mines taciturnes,
Ils posent pour la presse, leurs regards vers les urnes,
Ils font quelques discours, visitant les blessés,
Ils promettent des fonds ; seront-ils déboursés ?
Ce tremblement de terre endeuille l’Algérie,
Aux siècles de souffrance, cette autre tragédie,
Vient arroser son sol de larmes et de sang,
L’ire des réscapés gronde comme un torrent.
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Christian Cally
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Je m’en vais partir ...(Ben Mohamed)
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Je m’en vais changer de pays
À la recherche de lumière
Je m’en vais fuir la mort
En quête de temps nouveaux
J’irai plus loin que les nues
Où les femmes ont droit de rire
Je m’en vais vous laisser mon pays
Où désormais aimer est péché
Je m’en vais laisser le printemps
Où les fleurs sont atrophiées
Je m’en vais laisser le coutelas
Qui dans l’obscurité nous égorge
Je m’en vais vous laisser le pays
Qu’agite un vent de folie
Je m’en vais vous laisser l’oubli
Qui assoupit l’opinion
Je m’en vais laisser le domino
Le domino que dissimule le joueur
Je m’en vais vous laisser le pays
Qui exile ses propres enfants
Je m’en vais vous laisser la plaine
Qui dans mon coeur attise le feu
Je m’en vais vous laisser l’outre
Qui en nous amplifie les bruits
Je m’en vais vous laisser le pays
Qui écarte les savants
Je m’en vais vous laisser la vermine
Voici que lui poussent des cornes
Je m’en vais laisser la porte
Qui se claque au nez des gens
Je m’en vais vous laisser le pays
Qui ne moissonne ni ne trie le grain
Je m’en vais vous laisser le plat
Qui ne trouve pas de farine dans sa jarre
Je m’en vais vous laisser le vieux burnous
Sur l’épaule du pauvre hère
Je m’en vais vous laisser le pays
Le pays qui élève des crabes
Je m’en vais vous laisser le tourbillon
Qui rassemble les rancuniers
Je m’en vais vous laisser cette boule
Coincée derrière les gencives
Je m’en vais vous laisser le pays
Hanté par les moribonds
Je m’en vais vous laisser la galette
Dont ils se disputent l’héritage
Je m’en vais vous laisser la cruche
Qui lave les matières des panses
Je m’en vais vous laisser le pays
Qui du plat a fait une côte raide
Je m’en vais vous laisser le pays
Où les bouches sont décousues
Je vous ai laissé le pays
Où les frères sont des ennemis.
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de Ben Mohamed (Hammadouche) (en 1944 ?)
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