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Entre 1960 et 1966, la France a procédé à 17 essais nucléaires au Sahara algérien
Les grandes puissances nucléaires ont de tout temps été soucieuses d’effectuer leurs essais atomiques non par sur leur propre sol, mais sur le territoire des “autres”, en l’occurence celui des peuples colonisés, ces derniers devant servir de cobayes, au propre comme au figuré. C’est le cas, entre autres, de la France qui a procédé à de nombreux tirs nucléaires dans le Sahara algérien entre 1960 et 1966.
Le ministère français de la Défense vient de publier un rapport à ce sujet, dans lequel il explique la genèse de ces expériences et lève le voile sur certains aspects de la question, gardés jusqu’ici dans un black-out total en tant que secret militaire.
Selon ce
rapport, le nombre total des tirs effectués s’élève à dix-sept (17),
dont une première série de quatre tirs a eu lieu à partir du 13 février
1960 et s’est déroulée à une cinquantaine de kilomètres au sud de
Reggane, une oasis située à 700 kilomètres de la région appelée
Colomb-Béchar. La localité de Reggane comptait alors une population de
quelques centaines de personnes.
Les quatre tirs atmosphériques ont été baptisés :
— Gerboise bleue : une bombe de 70 kilotonnes (kt), disposée sur un pylône;
— Gerboise blanche : 1er avril 1960;
— Gerboise rouge : 27 décembre 1960;
— Gerboise verte : 25 avril 1961.
Ces trois dernières bombes pesaient chacune moins de 5 kilotonnes.
La deuxième série de tirs (13) a eu lieu le 7 novembre 1961 et le 16 février 1966 et s’est déroulée dans un autre endroit du Sahara algérien, à savoir la région du Hoggar. Contrairement à la première série d’essais, la deuxième n’a pas eu lieu dans l’atmosphère libre, mais dans des galeries souterraines, creusées de telle manière que les émissions radioactives soient piégées et restent prisonnières au sein de ces galeries.
Mais les “précautions” prises par les autorités militaires françaises n’ont pas empêché des accidents d’avoir lieu. Le plus grave s’est produit le 1er mai 1966, précise le rapport, lors de l’essai Beryl (moins de 30 kilotonnes), suite à l’ouverture de la galerie, d’où s’est échappé un immense nuage radioactif. Celui-ci s’est propagé dans plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde attisé, par le souffle d’un vent très fort. Plusieurs personnes ont été sévèrement exposées. Le nuage atomique avait même atteint le poste de commandement et deux ministres français de l’époque, qui assistaient aux tirs ont été également touchés : Pierre Messmer et Gaston Palewski.
Le rapport du ministère français de la Défense a-t-il tout dit sur ces tirs ? L’Association des vétérans des essais nucléaires (Aven) n’en est nullement persuadée. Elle accuse ledit ministère d’avoir occulté de nombreux aspects du problème comme par exemple, l’utilisation de cadavres d’Algériens, lors de ces tirs, pour tester l’effet de l’explosion.
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