J'en veux beaucoup aux faux mendiants, ils discréditent la charité ! Raymond Devos
A
l'entame de ce mois sacré, le fléau de la mendicité a dépassé tout entendement et ses ramifications semblent sans limites. Il ne faut pas croire que c'est une activité totalement spontanée et désorganisée.
Elle obéit à une structuration rodée et hiérarchisée avec des leaders, des kapos et des besogneux avec à la clef, des recettes à faire pâlir les capitaines d'industrie les plus entreprenants : de 8.000 à 10.000 dinars, voire plus, par jour et par mendiant !
Il faut déjà repérer des lieux, savoir se démarquer et apitoyer, quitte parfois à s'appuyer sur des artifices.
Quelques-uns peuvent simuler des handicaps ou amplifier une situation pour qu'elle apparaisse plus dure qu'elle ne l'est en réalité, ce qui ne signifie pas qu'elle soit simple. D'autres vont miser sur les larmes ou même faire des petites mises en scène pour retenir l'attention. La mendicité est bien plus structurée qu'elle ne peut apparaître au premier abord. Elle est même parfois exploitée par des réseaux qui vont envoyer des enfants mendier.
Mais c'est bien d'une profession ignoble dont on parle, même si bien sûr, il ne faut pas oublier qu'il y a encore des nécessiteux qui s'abstiennent souvent de tendre la main et s'ils s'y résignent, c'est en désespoir de cause.
Pourquoi donne-t-on à tel mendiant et pas à un tel autre ?
On donne, le rappelait un imminent docteur en sociologie, c'est parce que tel ou tel mendiant nous semble digne de notre don, mais nous sommes touchés de manière différente par une même situation.
Par exemple, certains vont être plus généreux avec les plus âgés parce qu'ils estiment qu'ils en ont vraiment besoin alors que les plus jeunes peuvent trouver du travail. A l'inverse, d'autres préfèrent épauler ces derniers pour qu'ils s'en sortent.
Les ressorts, souvent inconscients d'ailleurs, varient également d'un individu à l'autre : on donne parfois parce qu'on s'identifie ou au contraire une situation trop proche de la nôtre peut nous repousser. Il n'y a pas une règle bien précise, chacune bricole en fonction de son histoire, ses valeurs, ses émotions. Dans les grandes villes, on est quotidiennement sollicités, on ne peut pas donner à tous, chacun développe ses propres stratégies. Certains, à l'inverse, ne donnent jamais à croire qu'ils seraient indifférents face à cette misère ?
Personne n'est totalement indifférent, a ajouté le même professeur de sociologie, à Sciences-po; lorsqu'on détourne le regard ou qu'on fait semblant de ne pas voir, c'est qu'on ressent déjà de la gêne, parfois de l'agacement d'être régulièrement sollicités.
D'une manière générale, on observe deux types de comportements vis-à-vis de la mendicité : ceux qui vont donner presque systématiquement à une personne bien précise et ceux qui ne donnent jamais.
Différentes raisons peuvent expliquer cela: parce qu'ils sont égoïstes, parce qu'ils n'en ont pas les moyens, parce qu'ils estiment qu'ils contribuent déjà par leurs impôts aux dispositifs déployés.
Certains y mettent également un jugement moral : ils ne donnent pas pour ne pas encourager des comportements qu'ils jugent déviants. Ils craignent, par exemple, que leur don serve à acheter de la drogue ou de l'alcool. Mendier, donc, n'est plus une honte ni asservissement pour un grand nombre et tendre la main pour quêter une aide financière serait tout le contraire d'une dégradation sociale. Une curieuse imposition, parfois en monnaies lourdes, est instaurée par des demandeurs d'aide qui sont aujourd'hui convaincus que ce qui appartient aux autres leur appartient à eux aussi. Sans aucune retenue et en enduisant leur insistante sollicitation d'un voile de regret très élaboré, ils sont convaincus qu'ils ne confondent pas racket et mendicité, extorsion et sollicitude.
Tout y passe. Quand ce n'est pas un kilo de viande qui est demandé à la porte d'un boucher, c'est un mouton qui est réclamé. Le galvaudage des ordonnances médicales à honorer obstrue, de plus en plus, les rues et la dictature des faux gardiens de parkings ferment la boucle. (*)
Rappelons que les faux mendiants sont organisés en bande, transportés et ventilés par des réseaux maffieux; ils agissent comme des employés modèles, structurés et soumis à des obligations professionnelles et même à une obligation de résultat ou de quota à atteindre.
Dans ce ramassis, on ne peut, par exemple, ne pas remarquer à Alger et ailleurs, la présence de jeunes femmes avec des nourrissons marmonnant quelques litanies pour faire pitié. Cet étrange attelage «mère-bébé», à croire qu'il a été cloné pour la circonstance, s'essaime sur les voies de circulation. En fait, il n'est pas difficile d'observer que l'enfant porté n'est pas celui de la mendiante, dès lors qu'elle ne manifeste aucune affection particulière à son égard !
Concernant la mendicité des mineurs ou l'exploitation d'enfants et même si on est loin du Maroc où la mendicité infantile, qui, bien que coutume ancestrale, est extrêmement gênante notamment pour le touriste qui se voit sollicité à chaque pas, il y a urgence absolue à intervenir devant ce péril auquel il faut opposer une tolérance zéro pour :
1.sauvegarder ces enfants de la rue, qui sont déjà stigmatisés par une image de déchéance, la leur et celle de leur exploiteur, avant d'avoir un peu de prise sur leur propre vie.
2.demander, ensuite, des comptes aux parents indignes, voire les déchoir de leur tutelle
Mais sinon la loi existe !
Il s'agit bien évidemment de l'ordonnance N° 69-51 du 17 juin 1969 portant l'interdiction de la mendicité et du vagabondage qui stipule dans son article 1er : «La mendicité et le vagabondage sont interdits sous quelque forme que ce soit, sur toute l'étendue du territoire», et dans son article 2 que : «toute infraction est passible d'emprisonnement de 2 mois à 2 ans et en cas de récidive, la peine pourra être portée à 5 ans».
De plus, même si la loi algérienne criminalise la mendicité, le législateur ne doit pas être en reste concernant l'ampleur du phénomène et doit plancher rapidement sur « l'exploitation de la mendicité et son organisation en réseaux» et combler ainsi le vide juridique en la matière. A ces mendiants locaux, s'ajoutent, également, des migrants étrangers qui s'adonnent «à la manche», dans les tramways, métro, cafés et tous les espaces publics !
Notre pays, « l'appel d'air » aidant, est de nouveau assailli par des grappes d'Africains, majoritairement Nigériens qui ont élu domicile dans les rues.
A croire que le mouvement migratoire, même s'il a connu des reflux en 2014 et 2015 à l'occasion d'opérations de retour enclenchées conjointement par l'Algérie et le Niger, et aussi en 2021, reste malgré tout en croissance continue et s'installe dans la durée dans le pays !
Les Algériens, de manière générale, ont éprouvé beaucoup de compassion envers ces étrangers qu'ils aident au mieux, non sans s'interroger, disons-le, sur l'étrange facilité avec laquelle ils ont atterri dans la capitale et les principales concentrations urbaines du pays.
La multiplication des dispositifs de contrôle n'a pas, à l'évidence, réussi à juguler leur flux. Certains croient savoir que les migrants en provenance du Niger ne sont pas des réfugiés de guerre ou des sinistrés de la sécheresse mais plutôt des mendiants professionnels qui se livrent à cette activité depuis toujours dans leur pays, à partir de la ville d'Arlit. L'Algérie est, à l'évidence, leur nouveau terrain de chasse depuis qu'ils ont appris de la part de certains d'entre eux, revenus « fortune faite » au pays, que les Algériens sont généreux. Ils viennent en masse avec femmes et enfants.
La grande majorité d'entre ces migrants n'a ni diplôme, ni formation encore moins un métier la rendant éligible au séjour régulier dans notre pays. Un certain nombre de ces migrants clandestins continue, pourtant, à séjourner dans le pays.
Beaucoup travaillent clandestinement et constituent une force non négligeable dont profitent, essentiellement, les entrepreneurs privés, sans scrupules. Le gouvernement, pour le moment, continue de tolérer cette migration clandestine, entrecoupée d'opérations ponctuelles, d'arrestations et de reconduites aux frontières, signe manifeste qu'il n'est pas disposé à la régulariser.
Les pouvoirs publics sont, nous dit-on, pour « un règlement global » de l'émigration clandestine à travers, notamment, le développement des économies subsahariennes et le renforcement de la stabilité interne des pays concernés. Si l'on ne met pas le curseur sur la mendicité, notamment celle prise comme métier, avec ses raquetteurs et ses besogneux, pourrait-on parler, décemment, de :
1. politique nouvelle de la ville ?
2. d'investissement touristique ou globalement de développement économique ou encore social ?
Et cette problématique : comment tempérer l'ardeur consumériste des ménages et juguler la voracité des spéculateurs ?
Le Ramadhan est là et, à entendre le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations «toutes les dispositions ont été arrêtées afin d'éviter une quelconque perturbation dans l'approvisionnement du marché, notamment en ce qui concerne les produits de large consommation à travers une approche participative et consultative regroupant les différentes divisions productives, les gestionnaires des marchés de gros des légumes et des fruits et les associations professionnelles de commerçants».
La priorité est donc de garantir la disponibilité des produits alimentaires très consommés durant le Ramadhan. Ainsi, la production de la semoule a été augmentée de 20% et l'huile de table est passée de 1.800 tonnes à 4.000 tonnes par jour. Pour lutter contre la spéculation, il a été décidé de déstocker 106.000 tonnes de pommes de terre, 30.000 tonnes d'oignons, 10.000 tonnes d'ails et plus de 300.000 tonnes de sucre brut.
Et d'importer 110.000 tonnes de viande rouge, au lieu des 20.000 tonnes habituelles. De la viande qui sera vendue 1.200 dinars le kilo dans les points de ventes étatiques, contre jusqu'à 2.500 dinars chez le boucher.
De ce qui précède, les pouvoirs publics mettent les bouchées doubles pour contrôler la hausse des prix et pour concrétiser les mesures retenues dans le plan d'action d'approvisionnement du marché national de produits de base, qui a commencé à être mis en place dès le mois de décembre dernier.
De quoi tempérer (ou pas) l'ardeur consumériste des ménages !
Les ménages algériens consacrent en moyenne annuellement 42% de leur budget de consommation à l'alimentation, selon l'Office national des statistiques (ONS). Mais durant le Ramadhan, environ 60% du revenu du ménage part dans des achats liés au mois sacré, essentiellement de la nourriture; pourtant, de nombreuses familles algériennes vivent avec un salaire qui ne leur permet pas d'excès. Mais au moment du «ftor », partagé en famille ou entre amis, la table se doit d'être remplie de plats aussi variés et copieux que dispendieux.
Le jeûne, c'est vrai, encourage le sacrifice et l'empathie envers le prochain mais qui n'a pas eu à déplorer les écarts comportementaux et le changement de ton et d'habitudes des gens, en ce mois précis ?
Les Algériens, de toutes les régions du pays, sont enclins à dépenser spécialement pendant cette période, au-delà de leurs moyens et à stocker toutes sortes de produits en prévision, disent-ils, du Ramadhan. Bon an, mal an, il s'ensuit un gâchis incroyable, sans compter les incontournables hausses de l'ensemble des prix. Le Ramadhan fait ressortir les habitudes comportementales négatives, comme celles liées à la frénésie des achats.
Un expert les attribue à «des facteurs psychologiques» qui incitent les jeûneurs à imiter leurs congénères de façon irréfléchie, indépendamment de leurs moyens.
Certaines familles acceptent «les règles du jeu», considérant les dépenses comme incompressibles, même si comme on dit « après la fête, on se gratte la tête »; ou pour rester dans l'esprit du Ramadhan, «Dieu y pourvoira» !
Ce bouleversement du rituel domestique a un coût bien sûr
Il en est ainsi du rendement collectif, dans les administrations et les entreprises avec le florilège des employés qui somnolent où qui sont peu disposés à accélérer les cadences; les retards, les absences y compris des responsables, sans parler des visages ternes et de la nervosité à fleur de peau des automobilistes et des piétons également qui complètent le décor de ce mois de Ramadhan où tout le monde est censé pourtant, faire preuve de discipline et d'endurance. La baisse de rythme est à observer dans tous les secteurs d'activités ou presque, si l'on exclut les pâtissiers et autres boulangers qui font leur chiffre d'affaires pendant ce mois sans oublier les cafés et autres tripots clandestins où l'on s'adonne à des parties de cartes aussi interminables que prohibées pour certaines d'entre elles.
Mais si l'abstinence, observée du lever au coucher du soleil, n'est pas accompagnée d'une attitude morale exemplaire, le jeûne du Ramadhan perdrait tout son sens.
C'est malheureusement le constat de ce qu'on est bien obligé de faire en Algérie et dans l'ensemble des pays musulmans, avec cependant quelques nuances relevées par les observateurs, concernant certains pays d'Asie, où le mois du jeûne est appliqué dans ses moindres prescriptions.
En Algérie, on prend une semaine pour préparer le Ramadhan, une autre pour récupérer de la fatigue du jeûne quitte à paralyser l'activité économique et commerciale du pays et, enfin, le mois de congé annuel.
Au total, deux mois et demi de vacances !
Dans un pays frappé par la baisse de ses revenus conséquemment à la crise pétrolière, même si le baril de pétrole a pris des couleurs, crise ukrainienne oblige !
L'activité économique baisse, le laisser-aller s'installe et le mois d'abstinence, de spiritualité et de paix intérieure se transforme en mois de tous les excès, dès le coucher du soleil.
Gaspillage, baisse de productivité et absentéisme, dans une totale impunité, accompagnent la bigoterie de façade affichée par de nombreux jeûneurs !
Dans ce cas-là, quel sens donner à ce mois exceptionnel ?
Sommes-nous assez préparés pour relever ses défis ?
Cette baisse de régime, relève-t-elle d'une impression subjective ?
Y a-t-il une attitude sociale, un fait accompli qui banalisent et rendent acceptables tous ces comportements « ramadhanesques » comme, par exemple, le fameux «Revenez après le Ramadhan» !
Le mois de Ramadhan, avec toute sa spiritualité et tous ses bienfaits sur le corps humain, peut-il être pris, en définitive, comme prétexte pour excuser un quelconque relâchement de l'effort et le ralentissement de la marche du pays ?
L'abstinence, l'absence de cigarette ou de café sont-ils des excuses pour lever le pied ?
Et la baisse de régime et de l'effort, des fatalités à mettre sur le dos de ce mois sacré ?
La cupidité des spéculateurs, faudrait-il en parler ?
Ceux-là ne se rendent pas compte qu'à trop pénaliser leurs semblables par la rapine qu'ils développent, ils risquent de martyriser leurs propres enfants sans crier gare; tous les prix des produits alimentaires prennent une tangente ascendante pour prouver qu'une culture et esprit délétères font mieux que persister. L'état des lieux démontre une contradiction évidente entre des citoyens sensibles aux difficultés du cours des jours et des spéculateurs aveugles et avides ne se rendant pas compte que leur déraison est aussi creuser des tombes de leurs familles. La volonté et les décisions gouvernementales ne serviraient à rien si les chaînons chargés de leur application gardent les bras croisés par une incompétence ou par indolence et n'évaluant pas le poids de leurs lourdes responsabilités.*
Depuis au moins 20 ans, voire plus, les pouvoirs publics étaient, force de l'admettre, dans l'incapacité de contrer la hausse des prix et à réguler le marché des fruits et légumes, notamment pendant le mois de Ramadhan.
Leur passivité dans une phase aussi cruciale que critique de l'économie de notre pays face à ces comportements commerciaux pervers, exacerbe, bien évidemment, le mécontentement des Algériens.
C'est peut-être aussi, comme le rappelait judicieusement un journaliste, l'objectif recherché et inavoué de certains lobbys, connectés à des réseaux, voire des clans, politiques maffieux qui caressent l'espoir de faire avorter toute volonté de changement, celle notamment du système rentier dont ils tirent d'immenses dividendes au détriment de la collectivité nationale.
Le gouvernement devrait réagir pour au moins contenir la courbe de l'inflation qui repart à la hausse à cause de la spéculation sur tous les produits et biens de consommation.
Bien sûr, certains experts l'imputent à des causes endogènes comme l'aggravation des déficits budgétaires générée par la forte dépense publique de ces dernières années.
Mais les facteurs exogènes -renchérissement des cours mondiaux des denrées alimentaires- sont aussi des éléments objectifs à prendre en compte. Il n'en reste pas moins que la dépréciation du dinar a réduit considérablement le pouvoir d'achat des citoyens, ce qui a pour conséquence une augmentation généralisée de tous les prix !
Et les forces de la spéculation, de l'informel et du gain facile ne comptent pas, bien évidemment, s'arrêter là !
Ce qui renvoie le gouvernement actuel à sa mission de régulation et surtout de prévention et de lutte contre de telles dérives, principalement fiscales. En effet, la fraude fiscale est estimée à plus de 50 milliards de dinars qui échappent au fisc, bon an mal an !
Il y a aussi l'occupation illicite des trottoirs qui est devenue une « norme» !
Pourquoi les commerçants font fi aux règles et lois en vigueur ? Et est-ce que le ton des pouvoirs publics compétents va se durcir durant le prochain mois de Ramadhan connu par la prolifération des commerçants illégaux ou informels ?
Certains ont pris l'habitude d'installer leurs marchandises, ce qui est de nature à pénaliser les piétons.
A fortiori pendant le Ramadhan où, ne manquant pas d'ingéniosité, ils vont jusqu'à créer au pied levé « des commerces du Ramadhan » : cherbet, zlabia et kalbelouz et autres brochettes souvent impropres à la consommation car fabriqués non seulement dans des conditions douteuses, mais aussi et surtout dans des locaux dont ce n'est pas la destination première, ce qui rendrait caduque leur registre de commerce !
Outre le ministère du Commerce qui doit renforcer le contrôle en la matière, le ministère de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Environnement est tout aussi concerné par l'hygiène des produits proposés à la vente ou à la consommation in situ !
Il en a fait sa priorité à travers ses orientations destinées aux présidents d'APC via les walis, pour redynamiser « les bureaux d'hygiène communaux » par abréviation « BHC » en les invitant à investir le terrain à l'orée du mois de Ramadhan, mois de piété certes, mais mois propice à tous les abus.
D'où l'impérieuse nécessité d'y mettre un terme, avec le concours des associations de protection des consommateurs, des médias et des citoyens eux-mêmes, dès lors que leur santé est mise en jeu.
Et ce projet de loi contre l'obscénité et les propos injurieux proférés dans nos espaces publics ?
Proposé par la Commission des affaires juridiques, administratives et des libertés, l'article 333 bis 8 du projet de loi stipule que « quiconque aura commis un acte ou proféré un acte indécent dans un lieu public sera puni d'un emprisonnement de deux à six mois et d'une amende de 50.000 DZD à 100.000 DZD ou de l'une de ces deux peines seulement ».
De quoi refroidir le sang chaud de bon nombre de nos compatriotes pendant ce mois sacré où la prière prend une part active !
Les imams et autres prêcheurs avérés ne manqueront, évidemment pas, de louer les immenses vertus du mois de Ramadhan.
Le mois du « djihad ennefs », tiennent-ils à rappeler à chaque occasion. C'est le mois durant lequel le musulman, pratiquant, doit redoubler d'efforts dans la prière, l'accomplissement des bonnes actions, la lutte contre les mauvais instincts, la pratique de la solidarité et du partage.
Autant de dévotions sincères qui, normalement, lui ouvriront les voies du pardon divin. Les mosquées pendant le Ramadhan font le plein, moins les autres jours ! Les visites familiales se multiplient, autour de tables richement garnies de sucreries et autres boissons. Certains n'hésitent pas à faire la fête jusqu'au petit matin.
Pendant longtemps, rappelait à juste titre un islamologue, « nous avions cru que l'islam échapperait à la défiguration qu'a connue la fête de Noël, le long des siècles, les marchands du temple avaient fini par en faire un rendez-vous annuel universel de cuisine raffinée, de vins et de cadeaux ».
A ceci près, Noël ne dure qu'une nuit et les chrétiens eux-mêmes, reconnaissent que la naissance du Christ n'est plus qu'un simple prétexte pour ceux qui festoient. Chez nous, faut-il le dire, le prétexte dure un mois et laisse beaucoup de monde sur le carreau !
Culturellement parlant, pour paraphraser les journalistes de la radio nationale, le Ramadhan est aussi un moment fort de la production télévisuelle. Et même si les téléspectateurs critiquent chaque année la médiocrité des nouveaux programmes, produits au prix fort et à grand renfort de publicité, ils n'en restent pas moins impatients de découvrir les productions nationales.
Ils sont forcément déçus par les productions et les prestations des artistes !
Beaucoup sont nostalgiques des anciens sketchs et reconnaissent pour les plus jeunes, de se détourner des programmes nationaux au profit des offres des télévisions arabes.
Et le football, notamment européen, se chargera de détourner l'attention du reste des télévisions locales !
Parler du Ramadhan, c'est inévitablement rappeler l'existence des «fataras» ou comme on les appelle, communément, les « mangeurs du Ramadhan » !
A coup sûr, ces derniers ne vont pas manquer de se manifester et l'ire de «l'establishment religieux» sera en rapport et dans la foulée, s'exprimeront :
le président de l'Association des Oulémas musulmans, qui parlera de provocation et demandera à l'Etat d'intervenir pour mettre fin à la «fitna» et sanctionner durement les non jeûneurs; il se gardera tout de même de condamner « ceux parmi les spéculateurs qui veulent affamer le peuple ou pour le moins le faire sortir dans la rue » !
Le président du Haut Conseil islamique lancera du haut de sa tribune «un appel pour faire respecter la Constitution qui fait de l'islam la religion de l'Etat».
Certains quotidiens arabophones feront de ces actes isolés leurs choux gras et ne manqueront pas d'évoquer les dispositions de l'article 144 bis 2 du code pénal qui punit de 3 à 5 ans de prison et d'une amende de 50.000 à 100.000 dinars quiconque commet un tel délit.
«Les non jeûneurs», décidément provocateurs à souhait, qui iront jusqu'à évoquer «leur liberté de conscience», et pousseront même le «bouchon» en appelant au rassemblement de leurs «ouailles», ce qui serait de nature à exacerber la tension. Et dans ce décor qui se répète, chaque Ramadhan que le bon Dieu fait, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs sera forcé, en l'absence du grand Mufti de la République, dont la nomination n'est pas pour sitôt, de monter au créneau, ou plutôt d'aller au charbon. Il jouera une fois encore l'apaisement, tout en qualifiant les actes des non jeûneurs de «provocation».
Rappelons, à ce propos, l'engagement de son prédécesseur, un certain Mohamed Aïssa qui ambitionnait « de remplacer l'imam, en préretraite, par un jeune trentenaire, docteur en sciences théologiques, plein d'alacrité, maniant sans peine la tablette électronique et débattant avec ses pairs par visioconférence ».
«Je n'y arriverai sans doute pas, avait-il confessé, mais je ferai tout pour créer les conditions d'une telle mutation» !
Avant la réalisation d’un château d’eau, l’alimentation en eau potable était assurée par un réseau de canalisations aériennes de captage de sources, des bassins de retenue et tout un système de puits. C’est la mainmise sur ces sources naturelles qui assura la régularité relative de l’économie spéculative de la ville. Une fois le château d’eau réalisé (1947), un réseau moderne de distribution est mis en place pour desservir l'agglomération. Avec le système d’éclairage au gaz, déjà mis en place, le nouveau système d’alimentation en eau allait garantir un véritable décollage économique, centré sur les activités de la mer. L’occupation, jadis saisonnière, devient de plus en plus permanente et la vocation de la ville se précise. Elle était, toutefois, contrariée par les effets dommageables de la cimenterie Lafarge, tant par les poussières émises que par la défiguration du paysage, les travaux de carrière.
La dichotomie amont/avalne dichotomie amont/aval a été créée par le fait même du plan d’agglomération, qui s’est donné une caractéristique occidentale par le croisement du Cardo et du Decumanus, à l’endroit même de la place du 14-Juillet qui, à l’image du Forum romain, constituera le centre de la vie politique et économique dont seront exclus les «indigènes», ceux de l’amont. Pour marquer la territorialité occidentale, dans ses démembrements essentiels (hôtel de ville, église, école, routes…), le colonisateur va établir une hiérarchie des dénominations, qui donneront du sens à la nature même du processus d’occupation coloniale. Les avenues et rues à connotation française constitueront les grandes artères qui baignent l’organisme territorial avenue de Bourmont, avenue Général Leclerc, avenue du Général Farre, avenue du Comte Guyot, avenue de l’Amiral Duperré» rue Poincaré. Elles ont été placées en vis-à-vis et au croisement des avenues et rues à connotation ottomane : avenue Kheireddine, avenue Barberousse, avenue Raïs-Hamidou, avenue des Pirates et rue de la Bataille. Cette articulation binaire a été conçue pour structurer la mémoire d’une «épopée» coloniale, qui légitimait la possession d’un territoire, au titre du butin de guerre. Les noms de Kheireddine et de Barberousse, qui désignent, en fait, un même personnage, renvoient à une période révolue, qui n’a aucune relation filiale avec la conquête coloniale, Kheireddine Barberousse étant mort en 1546, presque 3 siècles (284 ans) avant la colonisation française. De la même manière, Raïs Hamidou était mort en 1815 et n’avait, là aussi, aucun lien de confrontation avec la colonisation française. Cet anachronisme est une forme d’usurpation historique pour la fabrication d’un imaginaire occidental autour de la piraterie et de l’épopée corsaire, dont la France de l’amiral Duperré aurait eu raison. Il est même fait état d’un «château Barberousse» pour ancrer la fiction dans les imaginaires coloniaux, voire même postcoloniaux. Un peu plus tard, une attitude moins belliqueuse, plus attachée à une vocation littorale et maritime de la ville, est traduite par un autre type de dénomination : l’avenue du Port, le boulevard des Pêcheurs, la rue du Boulodrome, la rue de la Réserve, la rue Rhodes, l’avenue des Amandiers. L’avenue Saint-Augustin, l’avenue Saint-Pierre et la place Saint-Christophe introduiront insensiblement un cachet religieux, fondamentalement catholique. Aucune mosquée ni synagogue ne derangeront un ordre latino-chrétien solidement établi. Une volonté d’appropriation et de patrimonialisation de l’espace par une population européenne, pour qui l’Algérie est définitivement française, est, ensuite, exprimée à travers d’autres formulations plus personnalisées : l’avenue de Villalba, l’avenue Laperlier, le lotissement Pignodel, le lotissement Martin, la rue de la Villa Bonnet, l’avenue Saliman, la rue Lafarge, la rue Maurice-Rouget et l’avenue Antonini. Seules la rue Lavoisier et l’avenue Saint-Saëns renvoyaient à un besoin, très timide, de reconnaissance, fondé sur la science et la culture. La Pointe Pescade va connaître un envol économique grâce à la qualité de ses infrastructures et équipements, qui vont structurer le paysage et définir une vocation : la cimenterie Lafarge, les Bains Franco, la Corniche, la Rascasse, le sport nautique, le Printaniat, les restaurants, hôtels, bars et guinguettes.
La cimenterie Lafarge et le port de Franco : deux éléments structurants La proximité d’un dispositif portuaire préexistant, Mers Edebban, et d’un flanc de massif à roche calcaire qui avançait sur la mer, ont constitué les deux atouts, l’un géographique et l’autre géologique, qui ont présidé à la création d’une carrière d’extraction du calcaire et d’une usine de fabrication de pierre, de chaux et de ciment. Le transport de ces produits devant être assuré par voie maritime, moyennant un système judicieux de wagonnets qui se relaient, d’abord, par l’effet de gravité, avant de s’engranger sur des rails posés sur quatre grands piliers carrés, appelés depuis «les quatre pantons», pour aboutir, enfin, aux bateaux transporteurs. Cette entreprise fut d’une grande rentabilité au lendemain de la colonisation, couvrant les besoins de toute une ville portuaire en pleine expansion, Alger. Quant au port Franco et au-delà de sa fonction industrielle, il s’était déployé sur les activités de pêche puis au fur et à mesure sur celle des loisirs et de l’agrément. Avec la nécessité d’extension du périmètre urbain de la ville d’Alger, un plus grand afflux de population est enregistré, transformant une vocation de résidence secondaire saisonnière en une occupation de plus en plus permanente, introduisant la formule de l’habitat collectif.
Le Casino de la corniche C’est un colon d’origine maltaise, Henri Azzopardi, propriétaire de la brasserie le Novelty et du dancing le Fantasio, près de la rue d’Isly, qui tenait, aussi, le Casino de la corniche de la Pointe Pescade. Il avait une grande influence sur le marché du divertissement, du jeu et du plaisir, et savait répondre à la demande d’une jeunesse européenne coupée de la métropole, en lui servant des programmes qui correspondaient à sa aspiration, celle de vivre son algérianité française, si bien rendue par l’école prédominante des algérianistes. Il invitait de grandes célébrités de l’époque, de la dimension de Dario Moreno. Il y avait également le célèbre Coccinelle et la troupe du Carrousel de Paris. Les dimanches après-midi étaient consacrés à des concerts et des bals de grande ampleur, qui attiraient toute une population algéroise, en quête de reconnaissance sociale, des gradés de l’armée française, officiers et sous-officiers. Ce commerce de luxe avait de fortes incidences sur l’économie locale, par ses rentrées financières régulières, la création de l’emploi et la dynamisation de tout un commerce d’alimentation.
Le commerce balnéaire Entre les Deux-Moulins et les Bains romains, sur ses 3 kilomètres de longueur, la ligne de côte de la Pointe Pescade dessine une succession de criques peu profondes, bordant des plages sablonneuses ou à galets, et de promontoires rocheux plus ou moins abrupts, taillés dans le schiste ou le calcaire d’âge primaire. Cette compartimentation du paysage, d’est en ouest, les Deux Moulins, la Pointe Pescade, les Horizons bleus, Miramar, les Bains romains, constitua une opportunité pour la réalisation de projets de commerce balnéaire, moyennant quelques aménagements pittoresques, des escaliers d’accès aux plages et aux criques, des cabines, des terrasses ainsi que des systèmes d’élévation type treuils métalliques et de rangement des bateaux. Toute une suite de maisons et d’édifices de plaisance, bien accrochés au substratum, constituera un type de commerce lié à la mer, autour duquel se développeront un langage et une grammaire à la pataouète : d’est en ouest, les plages Perthus, Maccota, Mont Rocher, la Petite et la Grande Plage, la Crique, Bouabdallah, les Deux-Îlots, le Grand Rocher, la plage Franco, la Réserve et la Vigie. Des lieux de mémoire où s’est fabriquée une véritable communion avec la mer.
La place du 14-Juillet et l’église Saint-Cristophe Le centre de la ville était fixé à l’endroit de deux monuments d’importance, la place du 14-juillet où se pratiquait tout un rituel festif commémoratif, prétexte de rassemblement, de ralliement et de rencontre, et l’église Saint-Christophe qui, au-delà de sa mission sacrée classique, avait accédé à une fonction quasi profane, celle de célébrer un salon de voitures, par la bénédiction des voitures. Les boulodromes participaient aussi, et d’une certaine manière, de cette centralité. C’est en ces lieux que se concevaient, le temps d’une partie de pétanque, agrémentée d’apéritifs d’anisette, les scenarii et les élucubrations des marins pêcheurs. On parlait de pastéra, de voile et d’aviron, de bouillabaisse de poulpe, de girelle, de rascasse, d’oreille-de-mer, d’oursins et d’arapèdes, de grillade, de bronzage, de soleil et de gomina, un corpus lexical qui vous place sur le terrain du détachement et de l’insouciance. Il n’est question que de la performance du corps, du sport, des plongeons et des prouesses de la pêche. Rien n’est aussi important que le plaisir du corps. Points de faits significatifs de science ou de culture. Nous lui reconnaissons le seul hommage rendu, en 1935, au compositeur Camille Saint- Saëns, l’auteur de l’opéra Samson et Dalila, qui passa quelques années à la Pointe Pescade, dans une petite villa mauresque, en face de la mer, ayant appartenu à Xuereb. Il s’agit d’une plaque commémorative en marbre, portant l’inscription : «Camille Saint-Saëns vécut dans cette maison de 1889 à 1892 et y conçut ‘’Ascano’’». Il y a lieu de citer également le souvenir d’Albert Truphémus (1873-1949), cet enseignant français, qui fut inspecteur de l’enseignement «indigène» et qui s’était établi à la Pointe Pescade, dès l’année 1925, pour se consacrer à l’écriture, au journalisme et à la politique. Il était rédacteur en chef du journal socialiste Demain.
Les hauts faits historiques L’opération Torch (Alger, 1942). En novembre 1942, pendant la Seconde Guerre mondiale, l’armée de débarquement alliée, constituée de soldats américains et britanniques, conduite par le général américain Ryder, avait organisé un mouvement d’encerclement d’Alger et un débarquement en trois groupements. Cette entreprise militaire a été dénommée opération Torch. Le premier débarquement, appelé «Apples», se fit entre Bou Ismaïl (Castiglione) et l’embouchure de l’oued Mazafran. Il était scindé en deux groupes, le «White», qui devait se diriger sur Birtouta, et le «Green» sur Blida. Le Second, appelé le «Beer», était scindé en trois groupes, le «Green», qui débarqua sur la plage Sidi Ferruch pour occuper le fort et dont un commando devait marcher sur Alger, par El-Biar, le «White» qui débarqua près de Ras Acrata (Guyot-Ville), pour se diriger sur Bouzaréah, et le «Red», constitué par un gros commando, qui débarqua à la Pointe Pescade, pour s’emparer de la Batterie Duperré et continuer sur Alger. Le troisième, appelé «Charlie», constitué par quatre groupes, le «Green», le «Blue», le «Red1» et le «Red 2» qui devaient débarquer respectivement sur les plages de Jean-Bart, Aïn-Taya, Surcouf et l’embouchure de l’oued Reghaïa. Ces groupes avaient pour objectif de neutraliser le fort à Cap-Matifou, de prendre l’aéroport de la Maison-Blanche, actuel Houari-Boumediene et boucler Alger. Les habitants de la Pointe Pescade avaient vécu le débarquement du commando le «Red», sur les plages de Miramar et son déploiement en direction de sa cible, le fortin Duperré, sur les hauteurs de Saint-Eugène. Divisée entre pétainistes, collaborateurs et partisans de la France libre, la population de la Pointe Pescade ne semble pas avoir conservé la mémoire de cet évènement, qui n’est que timidement évoqué.
La réunion des six (1954) «La réunion de six» est une expression consacrée, qui renvoie à un évènement marquant, voire fondateur de l’histoire de l’Algérie, celui qui a consacré l’arrêt de la date et de l’heure du déclenchement de la Révolution : le 1er novembre 1954 à minuit. Cette réunion s’est déroulée à la Pointe Pescade, le 23 octobre 1954, au domicile de feu Mourad Boukchoura, un nationaliste algérois, établi en famille, dans une maison, située à une centaine de mètres du «Terminus», au numéro 24 de la rue Comte-Guillot, actuelle avenue Bachir-Bedidi. Au-delà du fait historique lui-même, dont les historiens continuent à analyser la portée, il y a un fait de mémoire, fondamental, celui du vécu d’un Algérien, gagné aux objectifs d’une révolution qui n’était pas encore annoncée, vivant avec sa famille, en un lieu de tous les risques, le «Terminus», là où tout se voit et tout s’entend. C’est là où le bus 1/8 de la Pointe Pescade marquait son terminus — tout le monde descend. Très rares les familles musulmanes qui étaient établies en ces lieux, elles se faisaient discrètes et étaient mieux sécurisées sur les hauteurs, là où elles pouvaient s’agréger en petites communautés. D’aucuns ne pouvaient penser que là, dans l’antre même de la bête immonde, se concevait le destin d’une nation. Six hommes, qui ne pouvaient pas passer inaperçus car traqués par la police française, après la découverte de l’Organisation spéciale (OS), ont bravé toutes les épreuves pour réaliser la rencontre historique. Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf, Krim Belkacem, Larbi Ben M'hidi, Mostefa Ben Boulaïd et Didouche Mourad. C’est dans la maison des Boukchoura que ce comité des six a fixé la date du déclenchement de la Révolution, rédigé la Déclaration du 1er Novembre 1954, décidé la création du Front de libération nationale (FLN) et de son aile militaire représentée par l’Armée de libération nationale (ALN) et définit la zonation du territoire. Une maison qui, naturellement, doit être érigée en un mémorial — par l’œuvre d’’un sculpteur — et où il serait écrit, en réplique au Mémorial colonial de Sidi Ferruch, érigé le 14 juin 1830, à l’occasion du centenaire de la colonisation : «Ici, le 23 octobre 1954, dans la maison de Mourad Boukchoura, par ordre du comité des six, a été arrêtée la date du déclenchement de la Révolution, rédigée la Déclaration du 1er Novembre 1954, et décidée la création du Front et de l’Armée de libération nationale.»
«Farid la Corniche» : l’enfant de Toudja De la bombe du Casino de la Corniche, la mémoire du lieu ne semble avoir retenu que l’image d’une déflagration qui aura causé la mort et la désolation parmi la population européenne. Le récit s’arrête à cette image, comme s’il s’agissait d’arrêter le temps pour passer à autre chose. Le «dimanche 9 juin 1957» est une date que nous n’avons pas retenue ; c’est, pourtant, le jour J de la pose de la bombe au Casino de la Corniche, un jour de fête chrétienne, la Pentecôque. Plus d’un demi-siècle de l’indépendance, le surnom de «Farid la Corniche» n’éveille aucun souvenir chez une population, censée marquer son territoire libéré, par les lieux fondateurs de cette libération. «Farid la Corniche» c’est Lounès Imekhlef, cet enfant de 17 ans, du village Tighilt Oumegal, de la commune d’Aït R’zine, dans la wilaya de Béjaïa, plongeur au restaurant du Casino de la Corniche, qui sera l’un des éléments chargés des opérations suicide à Alger. La bombe du Casino de la Corniche ne peut s’arracher à son récit total et à sa cohérence sémantique. Cette opération, minutieusement planifiée, renvoie directement au commandement de la Zone autonome d’Alger, dans un contexte marqué par une répression féroce et des exactions brutales perpétrées par l’armée française. Reprenant les témoignages de Yacef Saâdi, le récit est une épopée qui nous réconcilie avec les fondamentaux de la bataille d’Alger. Yacef Saâdi, Ali La Pointe, Ramel et Si Mourad en sont les concepteurs, Ahmed Chicha, Mohamed Bouharid, Abdallah Boukadoum et Lounès Imekhlef, les exécuteurs. Le processus se déclinant de la manière suivante : une bombe, d’environ 4 kg, dissimulée dans un filet à provisions contenant des petits pois, était acheminée par Mohamed Bouharid, depuis l’impasse Lavoisier jusqu’au café Bourahla, rue de la Flèche, où elle est remise à Chicha, vers 13 heures. Parvenu au square Bresson (actuel Port-Saïd), Chicha monte dans une voiture 202, conduite par Abdallah Boukadoum, qui traverse Bab El-Oued et Saint-Eugène pour parvenir à la Pointe Pescade à 15h30. Là, dans un refuge, Lounès Imekhlef attendait impatiemment ; il récupère la bombe et la dissimule dans un sac de plage, en la recouvrant de serviettes et de linge de rechange. C’est à partir de ce moment que le compte à rebours commença, pour cet enfant de 17 ans, armé de sa seule conviction et de détermination. Il se dirigea vers le Casino, emprunta, non pas l’entrée principale, mais la porte du personnel, le sac sur les épaules, sans montrer de signes d’hésitation. Il escalada les quelques marches d’escalier qui mènent à la salle de spectacle, se dirigea vers l’estrade de l’orchestre, sortit discrètement la bombe de son sac et la glissa sous l’estrade. Elle était programmée pour 19 heures, moment d’ouverture du bal par le célèbre chef d’orchestre Lucky Starway (Lucien Séror) et ses musiciens. Le temps nécessaire pour Lounès Imekhlef de quitter les lieux et de rejoindre directement le maquis. La bombe explosa à l’heure convenue, elle fit d’énormes dégâts, une dizaine de morts et une centaine de blessés, sans compter les dommages matériels. Nous n’entendrons plus parler de «Farid la Corniche», il est au maquis entre Cherchell et Médéa. Tombé au champ d’honneur, il sera enterré à Koléa en octobre 1960. En 2014, il est ré-inhumé dans son village natal, Tighilt Oumegal. Il est surprenant que ce récit héroïque ne soit pas raconté aux enfants de mon quartier, qui s’identifient davantage à Barberousse et Raïs Hamidou qu’à Lounès Imekhlef «Farid la Corniche» et aux martyrs de leur propre localité. Le nom de Lounès Imekhlef «Farid la Corniche» est à inscrire au panthéon des chouhada, il doit, aujourd’hui, rayonner dans les espaces conquis du Casino de la Corniche de la Pointe Pescade, par un mémorial dédié à son acte de bravoure, à ses compagnons d’armes et aux martyrs de la Pointe Pescade.
Conclusion Aujourd’hui que des nostalgies s’expriment çà et là sur un vécu chargé de couleurs et d’odeurs, il demeure essentiel, par nécessité de mémoire envers les nouvelles générations, d’ici et de là-bas, d’établir un bilan, un solde de tout compte, de l’héritage concédé par la France coloniale, après plus d’un siècle d’établissement. En dehors des bars, des guinguettes et des casinos dédiés au farniente et au plaisir corporel, que reste-t-il de cet effort «civilisationnel» de légitimation et de justification de l’établissement colonial ? Lorsqu’ en 1962, les espaces désertés sont investis par les populations musulmanes, libérées, il n’y affleurait que des étals de vin et des boudins de charcuterie au milieu de tout un fatras d’objets d’une industrie du plaisir et du loisir. En 132 ans, pas un seul nom ne se détache pour exprimer une chose de l’esprit. Un livre, une œuvre, un ouvrage. Pouvait-il en être autrement ? A. Camus y répond poétiquement : «L’idéal de ces jeunes gens puisque la plupart continuent cette vie pendant l’hiver et tous les jours à midi se mettent nus au soleil pour un déjeuner frugal. Non qu’ils avaient lu les prêches ennuyeux des naturistes, ces protestants de la chair (il y a une systématique du corps qui est aussi exaspérante que celle de l’esprit). Mais c’est qu’ils sont bien au soleil.» «On ne mesurera assez haut l’importance de cette coutume pour notre époque. Pour la première fois depuis deux mille ans, le corps a été mis nu sur les plages.» La Pointe Pescade était toute à refaire, elle ne saurait se raconter par le seul déroulement d’un album photos. Mais là, c’est toute une autre question, algéro-algérienne. Comment de la Pointe Pescade on est parvenu à Raïs Hamidou ?
Un film touchant, car il parvient à transmettre l’amour pour un pays et une époque, celle de l’Algérie où le vivre-ensemble prévalait. On apprécie la façon dont il saisit la passion pour le cinéma, où le cinéclub est la messe des cinéphiles.
Le film illustre comment la passion pour l’art peut transformer une personne et changer la perspective des autres sur le monde. C’est une déclaration d’amour envers un pays qui a contribué à façonner l’individu d’aujourd’hui, tout en constituant un récit émouvant sur les Français déracinés.
À travers des citations visuelles, des extraits de films on revoit l’histoire du cinéma, des grands classiques comme film Zazie dans le métro et Babette s’en va-t-en guerre. Des films montrant l’histoire, des héros et des modèles de pensée, dont le cinéphile va peu à peu construire son monde intérieur pour fuir la noirceur du quotidien compliqué et remplit de paradoxe.
Un casting parfait
Marie Gillain est incroyable et confirme le vrai retour au cinéma en tant que mère devant gérer une grande famille. Léon Campion est la révélation de ce film, tant par la justesse de son rôle, mais aussi pour sa présence à l’écran.
Il y a aussi ce personnage d’ancien légionnaire incarné par Christian Berkel. Son personnage de chef de famille rappelle à quel point la légion étrangère est un monde régit par un code d’honneur. Il est basé sur des valeurs telles que la loyauté, le sacrifice, la discipline et la camaraderie. Les légionnaires s’engagent à servir avec honneur et fidélité, prêts à donner leur vie pour la Légion. Ils font vœu de ne jamais abandonner un camarade au combat et de ne jamais reculer, même face à une mort certaine. La discipline est essentielle, avec un respect strict de la hiérarchie et des ordres. La camaraderie est une valeur fondamentale, où chaque légionnaire est le frère d’arme de l’autre, quelles que soient leurs origines. C’est un code exigeant qui incarne le dévouement total au service, la solidarité et l’intégrité, faisant de la Légion étrangère l’une des unités militaires les plus respectées au monde.
Le contexte politique et social du film
Les Juifs d’Algérie ont vécu une période de profonds bouleversements avec la guerre d’indépendance qui a éclaté en 1954. Avant cela, la communauté juive d’Algérie avait des liens historiques profonds avec le pays, ayant vécu en harmonie avec les musulmans et les Européens. Cependant, la guerre d’indépendance a entraîné des tensions croissantes, des violences et des actes antisémites, poussant de nombreux Juifs à quitter le pays pour échapper à cette situation.
Le film fait la différence entre les Algériens et les Algérois. Elle réside dans la perspective géographique. « Algérien » se réfère à une personne originaire de l’Algérie, quelle que soit la région du pays. En revanche, « Algérois » fait référence aux habitants d’Alger, la capitale de l’Algérie. Cette distinction souligne la diversité culturelle du pays, avec différentes régions et une variété de cultures et de coutumes.
La guerre d’indépendance a également eu un impact sur l’identité des Algériens et des Algérois, marquant un tournant historique dans leur histoire collective. Les Juifs, en tant que composante importante de la société algérienne, ont été profondément touchés par ces événements, marquant la fin d’une époque d’harmonie intercommunautaire et le début d’une nouvelle ère pour le pays et ses habitants. Le film met en avant ce désarroi et cette éternelle question « On vivait bien comment on en est arrivé là », poussant des familles à fuir un pays qui était leur, qui les a vu grandir sur plusieurs générations.
Un presque documentaire d’une fracture identitaire
L’exode des Juifs d’Algérie a engendré un profond déracinement et une fracture identitaire au sein de cette communauté. Pour de nombreuses familles, quitter un pays où elles avaient vécu depuis des générations a créé un déchirement douloureux, les privant de leurs attaches culturelles, de leurs traditions et de leur histoire. Cette perte de repères a alimenté un sentiment de déracinement, les laissant dans une quête perpétuelle de leur identité, partagés entre leur héritage algérien et le besoin de s’intégrer dans leur nouveau pays d’accueil.
Cette fracture identitaire, provoquée par l’exil forcé, a laissé des cicatrices profondes dans le tissu social et psychologique de cette communauté, tout en témoignant des bouleversements historiques et culturels de l’époque. En regardant ce film, on en ressort grandi, car même si la nouvelle génération n’a pas vécu directement cela, on comprend mieux les conséquences du déracinement et ce malêtre de certains anciens.
Le tribunal criminel d’appel près la Cour d’Alger a prononcé, lundi, dans l’affaire du meurtre de Djamel Bensmail, la peine capitale à l’encontre de 38 accusés, condamnés pour homicide volontaire avec préméditation, torture et incitation à la torture, mise à feu volontaire des cultures ayant entrainé la mort de plusieurs personnes, indique un communiqué du Procureur général près la Cour d’Alger.
« Conformément auxdispositions de l’article 11 du Code de procédure pénale, le Procureur général près la Cour d’Alger informe l’opinion publique que le tribunal criminel d’appel près ladite Cour avait prononcé, en date du 23 octobre 2023, la peine capitale dans l’affaire du meurtre de Djamel Bensmail à l’encontre de 38 accusés, condamnés pour homicide volontaire avec préméditation, torture et incitation à la torture, mise à feu volontaire des cultures ayant entrainé la mort de plusieurs personnes, création et adhésion à un groupe ou à une organisation s’adonnant à des actes de sabotage, agression contre des agents de la force publique et publication du discours de haine et de discrimination », précise le communiqué.
Dans la même affaire, « six (6) accusés ont été condamnés à une peine de 20 ans de prison et 23 autres à une peine de prison allant de 3 à 10 ans, tandis que 26 autres ont été acquittés », conclut le communiqué.
Les cendres des révoltes ont refroidi, mais pas la colère ni, pour certains, l’espoir. Au pied des tours Nuages, tous constatent une absence complète de l’État sous une autre forme que policière. Avec des tensions guère apaisées.
NanterreNanterre (Hauts-de-Seine).– Après le séisme autour de la mort de Nahel, tué par un policier à Nanterre, plusieurs questions brûlent encore les lèvres de certaines habitantes et habitants de la cité Pablo-Picasso. Comment se reconstruire mentalement après ce drame ? Quel avenir pour le « lieu du ban » ?
D’autres ne regardent pas aussi loin dans le temps. « Et demain, quoi ? Le statu quo ? Est-ce que notre situation va changer ?Pas un mot de Macron, pas un changement annoncé. L’étéest passéet on a déjàétéoubliés ? », demande une habitante de la tour 11 dont les mosaïques en pâte de verre portent encore les traces des incendies déclenchés durant les nuits de la colère.
« Il y a quand même un petit jeune qui est mort parce qu’il a fait l’adolescent rebelle devant des policiers. À quoi ça sert, cette tragédie, si on ne reconstruit pas derrière ? C’est insupportable ce silence ! », s’insurge-t-elle.
Les images de ces révoltes ont fait le tour du monde. Aussi révélatrices fussent-elles, elles n’ont rien changé au quotidien des habitant·es de Nanterre et des banlieues de France. Aucun·e responsable politique n’est venu·e mettre les pieds à la cité Pablo-Picasso ni ailleurs pour prendre le problème à bras-le-corps. Aucune annonce n’a été faite sur un énième, certes symbolique, « plan banlieue », comme si la problématique n’existait plus – le gouvernement prétend « prendre le temps » et un comitéinterministériel de la ville est prévu le 9 octobre.
En attendant, les problèmes ne restent jamais là où ils sont. Ils s’étendent.
À commencer par celui du rapport entre les jeunes et les policiers de Nanterre. Pas un jour ne passe sans une provocation de la police d’un côté ou de groupes de jeunes de l’autre. C’est la question qui préoccupe le plus les habitant·es.
Comme tous les soirs de la semaine, sur les bancs de la dalle au pied de la tour 19, des jeunes et moins jeunes se rassemblent pour profiter des derniers jours de l’été. Certains discutent. D’autres fument et écoutent. Depuis la mort de Nahel, les conversations tournent en boucle sur la police.
« Je ne vois pas d’évolution positive dans les rapports entre police et population dans notre quartier. La situation s’est même dégradée », se lanceSmaïn L., natif et habitant du quartier.
« Tout a brûlé ici et pourtant les institutions adoptent encore la politique de l’autruche sur la question des violences policières. Je suis convaincu que les autorités savent pertinemment l’état de la situation mais choisissent par manque de courage de ne pas lancer les réformes nécessaires. Je crains que d’autres drames de cette nature se reproduisent », prévient-il.
Les policiers se remettent-ils en question depuis ? Ont-ils entamé un dialogue pour apaiser la situation ?
« Il y a eu une période d’accalmie après les révoltes, mais j’ai l’impression que ça repart de plus belle », poursuit Petit D., une autre figure du quartier. Après les congés estivaux, il pensait que la colère était retombée.Pourtant, il raconte avoir assisté la veille à une altercation avec une voiture des « méchants » de la BAC, la brigade anticriminalité, qui passait par l’avenue Pablo-Picasso. Petit D. est témoin d’une situation au départ banale mais qui va s’envenimer entre les policiers en civil et un groupe.
La voiture, quatre policiers à son bord, ralentit au niveau d’un groupe de jeunes personnes. « Là, l’un des jeunes était tellement en colère qu’il s’est mis en face de la fenêtre de l’un des policiers en l’insultant de tous les noms et lui a proposé de se battre. Les policiers semblaient estomaqués. D’habitude, ça ne se passe pas comme ça. On dirait que le rapport de force a changé. Les jeunes se sentent un peu plus capables. Je ne sais pas si ça va s’aggraver. Mais ça ne présage rien de bon. Les jeunes sont toujours en colère. Et je ne pense pas que les policiers se soient calmés. Il y a une fracture nette », assure-t-il.
Fayçal Kasmi, autre trentenaire habitué des discussions tardives sur la dalle, tempère. « On ne peut pas dire que la relation entre nos jeunes et la police s’améliore, au contraire, je pense qu’elle se dégrade, c’est vrai. Mais les gars, le vrai problème il est bien plus profond, les deux ne se connaissent pas. La police ne peut pas faire correctement son travail si les citoyens qu’elle a pour vocation de protéger ne la connaissent pas et n’ont pas confiance. »
L’un des jeunes assis sur le banc l’interpelle. « Et tu veux faire comment pour qu’ils apprennent à nous connaître ? »
Fayçal s’approche et lui pose une main sur l’épaule. « Bah, on doit apprendre à communiquer et à se faire confiance pour pouvoir avoir une police qui nous protège. Il faut un dialogue. Pas une police braquée d’un côté et une jeunesse sous tension de l’autre, où aucune des deux parties ne gagne quoi que ce soit. On peut pas dire que la politique de la ville ne soit pas efficace. Maintenant, est-ce que ça suffit ? Non. Il faudrait plus de communication entre les citoyens et la police. »
Le jeune adolescent hésite à contredire l’adulte, puis semble acquiescer plus par politesse que par consentement.
À mesure que la conversation avance, les thématiques se succèdent. Morad B. lance le débat sur les retombées économiques possibles, si les responsables politiques décidaient de développer le potentiel de la ville de Nanterre. « Si c’est le cas, je pense que sur le plan économique, Nanterre va exploser. » Certains soupirent.MaisMorad poursuit. « Les gars, on est proches de la Défense et de Paris. Et des villes voisines, Nanterre est la seule àavoir un quartier populaire HLM colléà la Défense. C’est obligé, ce potentiel va être exploité, vous verrez. »
Un autre jeune le contredit. «Imagineque ce soit vrai, OK. Et alors ?Ça sera au détriment de la population. Tout le monde va partir. Y aura plus d’ouvriers, ni tous les darons qui ont grandi dans les bidonvilles. Que des bobos. Le seul changement qui arrivera, c’est le changement de population. Le quartier va perdre son âme. »
Smaïn vient à la rescousse de Morad. « Sur le plan économique, la situation est trompeuse, il y a plus d’opportunités de travail aujourd’hui qu’il y a quelques années. C’est en partie lié à l’ubérisation de la société. Les gens survivent plus qu’ils ne vivent et le pouvoir d’achat est faible à cause de l’inflation impressionnante. Mais pour positiver un peu, je constate également une forte volonté de se lancer dans presque tous types de business de la part de jeunes entrepreneurs et entrepreneuses en provenance des quartiers populaires. Regardez le nombre de restaurants, de petits commerces mais aussi de boîtes de services ou de transport qui sont maintenant tenus par des personnes issues de l’immigration. C’est positif et ça montre l’exemple aux autres. »
« Voilà,renchérit Morad, il y a une vraie prise de conscience. On veut plus se laisser faire. On veut prendre les rênes et être acteurs de nos vies. Ça passe par le travail, par la création d’entreprises. Après, c’est vrai qu’on n’est pas soutenus par l’État. La mairie nous écoute, oui, mais c’est à nous de nous prendre en main, les gars. »
Un silence s’installe durant quelques minutes puis Smaïn reprend le fil de la conversation, cette fois-ci sur le plan politique. « Le gouvernement se gave de sondages d’opinion. Ils gèrent certains sujets avec en tête ce qui obsède les Français. Par exemple, la lutte contre la fraude aux prestations sociales ou bien l’immigration, la sécurité et le soi-disant laxisme de la justice. Mais les vrais problèmes sont étouffés par des stratégies de communication politique. Comme l’histoire de l’abaya », ironise Smaïn en tirant profondément sur sa cigarette. Certains hochent la tête en signe d’approbation.
Petit D., rallumant une cigarette, abonde en ce sens. « Franchement, je m’attendais àun énième plan banlieue du gouvernement qui allait nous allouer de la thune pour tenter de nous apaiser, mais rien du tout. Même ça, ils n’en ont rien àfoutre. Les circonstances les arrangent. Donc l’État, je n’y crois pas. Les associations, elles, vont continuer le boulot. L’unitédes groupes sociaux acceptés dans le quartier va se renforcer. Rien n’a étécasséchez eux d’ailleurs. Tous les commerces, sauf les tabacs, c’est vrai, n’ont pas ététouchés. Les jeunes ont fait la part des choses. Ça va renforcer la solidaritéentre les habitants, mais il ne faut plus compter sur l’aide de l’État. »
Il se lève et ajoute avant de partir : « Il n’y aura aucun impact, la situation après Nahel va encore plus diviser la France et les gens vont se replier sur eux-mêmes. Ici et ailleurs. Ça sera encore plus marqué. Il va falloir se débrouiller, les gars. »
Force est de le constater.À Nanterre et dans toutes les banlieues de France, le gouvernement fait face à une défiance croissante de la population à l’égard des responsables politiques. Pourtant, que ce soit sur un banc ou ailleurs, les citoyen·nes expriment fréquemment leur volonté d’être davantage consulté·es et impliqué·es dans la prise de décision publique.
Loin des préoccupations du gouvernement, c’est pourtant à l’Assemblée nationale que cette conversation autour de l’après-Nahel aurait dû se tenir. Trois mois à peine après la tragédie du 27 juin 2023, comment envisager un avenir stable pour une population qui, qu’on le veuille ou non, reste marginalisée ?
Un adolescent a été tué. Il s’appelait Nahel Merzouk. Et son nom restera gravé dans les mémoires et sur les murs en lettres de colère. Les cendres des nuits de révolte qui ont enflammé la France ont refroidi. Mais elles sont toxiques.
Des médecins maghrébins lorgnent un poste d'infirmier dans le désert médical français. D. R
Un post sur ma page Facebook m’a fait pratiquement sortir de mes gongs. Il s’agit de ces médecins, certainement spécialistes pour la plupart, venant des pays du Maghreb et faisant la queue, dans une cohue indescriptible, devant le centre Jean-Moulin, sis à Rungis, dans la banlieue parisienne, dans le quartier des affaires (selon certains commentateurs), pour un hypothétique poste de médecin (ou d’infirmier, selon les mauvaises langues) dans un désert médical français. En effet, dans les grandes villes de France, il est tout à fait normal que les postes de médecin reviennent de droit aux Français de souche. Ceux, parmi ces gens-là, qui auront la chance d’être sélectionnés (sous quels critères ?) seront certainement dispatchés dans des centres médicaux situés dans des villages du Puy-de-Dôme ou des Vosges où ils auront à faire beaucoup plus à la gériatrie.
Ma première réaction sur ce réseau social (Facebook) a été d’abord celle-ci : je suis médecin retraité et cela me fait mal au cœur de voir tout ce beau monde, tous ces médecins (spécialistes) formés en Algérie et dans les autres pays du Maghreb faisant la queue pour pouvoir décrocher un poste d’infirmier ou d’infirmière dans un désert médical français.
Il y a eu beaucoup de réactions à mon premier commentaire.
Les unes allant dans le même sens que ce que je venais de dire et les autres apportant plus ou moins des précisions quant à la motivation essentielle de ces médecins. Il s’agirait apparemment d’une opération d’obtention de l’équivalence de leurs diplômes d’origine. Mais pour faire quoi ? Pour travailler en France, pardi ! Ainsi, la France est-elle en train de siphonner notre sève, notre matière grise, sans que nos pouvoirs publics ne réagissent et mettent fin à cette hémorragie ?
Un autre commentateur m’a dit – je le reprends texto : «Ils n’ont pas le choix, quand ils ont su que Belmadi touche par mois le salaire de 1 000 médecins dans un hôpital sans vraiment rien faire». Je rappelle que Belmadi est l’entraîneur de l’équipe nationale de football.
A la lecture de cette réponse, mon sang n’a fait qu’un tour dans mes veines et, répétant du tac au tac, j’ai dit : la médecine est plus que de l’argent. C’est un métier noble. Le médecin doit être au service de son prochain, l’argent ne venant qu’en deuxième position. C’est pour cela d’ailleurs qu’on parle d’«honoraires» du médecin et non de «salaire». M’enfin, c’est ma façon de voir les choses, c’est ma philosophie, moi qui ai trimé pendant des années dans le secteur public avant de me diriger vers la profession libérale puis la retraite carrément. Aujourd’hui, je me contente d’une petite retraite mais j’ai la conscience tranquille ; j’ai rempli mon contrat, j’ai assumé mon devoir envers nos concitoyens. Je n’ai, à aucun moment, trahi le serment d’Hippocrate.
Ceci étant dit, cela me rappelle La trahison des clercs de Julien Banda, parce que, tout compte fait, cela ressemble à de la trahison de ces médecins envers le pays qui les a formés.
J’ai deux enfants médecins : une néphrologue et un futur orthopédiste. Ils ont aussi, peut-être, cette idée d’aller exercer leur noble métier sous d’autres cieux sous le prétexte qu’en Algérie, les médecins sont mal considérés, mal rémunérés et se sentent mal dans leur peau. C’est, dans une certaine mesure, vrai puisque moi-même j’ai vécu le calvaire, j’ai souffert, j’ai sacrifié ma jeunesse dans une ville de l’intérieur de l’Algérie que je ne connaissais même pas avant d’y être affecté. Mais, petit à petit, je me suis adapté, acclimaté à cet environnement et, aujourd’hui, je n’ai rien à regretter.
Riche de cette expérience, je n’encouragerai pas mes enfants à partir ailleurs, l’eldorado et le bonheur pouvant être là où on ne pense pas. Peut-être à Touggourt ou à Illizi…
80% des jeunes inaptes en raison de leurs mauvaises performances physiques et intellectuelles; obèses, mal éduqués.
Aujourd’hui, le coefficient Intellectuel moyen est de 95. Il atteignait facilement 150-160 dans les années 1970.
L’UTILISATION DE LA DROGUE COMME TRANQUILLISANT SOCIAL
La drogue est un formidable tranquillisant social de masse. La drogue est le meilleur allié des gouvernements ennemis de la pensée critique.
L’objectif est d’empêcher la jeunesse de se révolter, notamment contre la guerre. Une drogue bon marché. Son objectif ? « Tenir » avec férocité la jeunesse en l’empêchant de se révolter en modifiant profondément leur psychisme.
On assiste à un recul du mouvement social, à un nombre de mobilisations populaires à la baisse. La société n’est pas encore assez « normalisée » ni assez acquise à la contre-révolution libérale.
Car la critique sociale continue à bas bruit, notamment grâce à l’esprit frondeur, l’antisystème, critiquant ! Le système politique veut faire taire tout esprit critique. N’importe comment. Il utilise la drogue.
La drogue de masse est un formidable moyen de faire taire les éléments les plus politisés du moment. La drogue est l’ennemie mortelle numéro un de toute personne désirant vivre. Les gens célèbres souvent drogués.
La cocaïne déloge à coups de pieds toute pensée critique. Toute velléité de “changer le monde”. ”. Toute notre meilleure conscience politique du moment est mise à la poubelle de l’Histoire. La cocaïne y est pour beaucoup. Elle devient la raison de vivre de toute une génération. A cause d’elle, les gens délaissent tout raisonnement critique structuré nécessitant un effort intellectuel….la pensée critique s’effondre avec ses bases sociales.
La vraie vie a été remplacée par la survie : le divertissement, et la recherche du réel perdu. Autrement dit : la cocaïne, l’alcool, la pédophilie et l’inceste, vécus comme le « must » de la transgression…
Des citoyens devenus clients consommateurs de perversions.
Des citoyens qui ne pensent plus mais dépensent !
Il ne reste qu’à leur fournir à bouffer et des jouets et ils ferment leur gueule !
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