Les Chenouis du berbère « Ichenwiyen » population berbère d'Algérie d'environ 30 000 personnes habitent le Mont Chenoua qui surplombe la ville de Tipaza à 70 km d'Alger. Le Mont Chénoua, point culminant du Sahel algérois, est la limite orientale d'une région berbérophone qui s'étale de Bou Ismaïl (40 km à l'ouest d'Alger) jusqu'à Ténès (200 km à l'ouest d'Alger).
"j'ai quitté mon chenoua" :-)
Rachid Taha - Ya Rayah (Live)
Le Mont Chenoua, le mont oublié !
On me dit fou de retourner là-bas Là-bas dans ma montagne bien aimée Ne comprendront-ils donc pas Que demeurer sourd me torture ?
Et pourtant je suis retourné Là-bas dans ma montagne bien aimée Immortelle dans sa force profonde Tranquille adorant les cieux Acceuillant des vents farouches Quii soufflent sur son front l'écho de quelques âmes volées
On me dit fou de retourner là-bas Là-bas dans ma montagne bien aimée Ne sauront-ils donc jamais Que dans son sein Je couve mon nid ?
Le soleil frappait fort, l'orsque qu'enfin l'échine grisâtre du Mont Chenoua apparut la pleine bleue était là, majestueuse berçant ses vagues qui se retiraient en signe de révérences saluant le bienvenu. J'eu l'impression de renaître par cette bouffée d'air marin que venait me présenter la reine des mers... Ma montagne tout lâ-haut m'attendait. Dans mon silence je vivais mon Chenoua brisé... Murmures dans la plainte noyée dans les débris du silence des temples C'est l'âme de l'infant martyre qui revient bercer le crépuscule Il revient frémissant, plus doux que jamais de son printemps envolé... Une grande obscursité couvrit la montagne.
Revenez oh ! souvenirs
Revenez à moi
Comme lorsque nous étions enfants
Comme lorsque pieds nus sur les galets
Nous cherchions les petits coquillages enfouis dans l'eau
Quand nous essayions de nos petites mains
d'attraper les petits poissons
Revenez oh ! souvenirs
Revenez à mloi
Réveiller ce bonheur de la nuit tombante
Quand nous chantions le soir
Les étoiles éparpillées sur nos têtes
Tels des papillons en fête...
Sur ma prairie bleue je reviendrai tu sais Je reviendrai un jour l'orsque mon âge aura blanchi mes cheveux Je reviendrai marcher tout le long de tes rives Comme au temps ou mes jambes me faisaient voler.
''Ô brise vois-tu qui monte vers nous ?
C'est l'ami qui reviens près de nous
Et sur sa colline aimée se courbent les oliviers
Il erre candide sur l'étendue des ruines
Il revient à chaque lune éblouir les Dieux''
La terre a bougé, basculant les entrailles des mers
La mer a grondé une nuit crachant sa solitude
La mer a pleuré sur le Mont chenoua
L'oubli de ceux qui ne sont pas revenus.
S'abreuver de ses coquilles et de son eau salée...
A l'occasion de la saison culturelle "Djazaïr, une Année de l'Algérie en France", Olivier BARROT présente le livre de l'écrivain et romancière algérienne Assia DJEBAR "La Femme sans sépulture". Ce roman est un hommage à Zoulikha, une héroïne de la guerre d'Algérie. Couverture du livre "La femme sans sépulture" avec photo couleur d'un tableau non identifiée.
Une dizaine d’agents ou ex-agents du renseignement intérieur doivent répondre prochainement devant la justice de divers crimes et délits. Leurs affaires, présentées comme autant de dérives individuelles, posent la question de la déontologie de nos espions.
onMon premier a été condamné à cinq ans de prison ferme pour faux, escroquerie et tentative d’extorsion, il doit encore être jugé pour une « association de malfaiteurs » ayant conduit à l’assassinat de cinq personnes.
Mon deuxième, mon troisième et mon quatrième sont mis en examen pour leur implication dans des faits de « complicité de meurtre », de « tentative de meurtre », d’« enlèvement » et de « séquestration ».
Mon cinquième, mon sixième et mon septième sont mis en examen pour « violation du secret professionnel », « trafic d’influence », « vol » et « compromission du secret de la défense nationale ».
Mon huitième a été condamné pour « abus de confiance », il a fait appel et doit être rejugé.
Mon neuvième, le subalterne du huitième, a été condamné à six mois de prison ferme pour « détournement de fonds publics ».
Mon tout a pour point commun une même adresse à Levallois-Perret, celle de leur employeur, la DGSI.
Selon les décomptes de Mediapart, au moins huitagents ou ex-agents du service de renseignement intérieur français (quatre étaient encore en activité dans le service au moment des faits, un cinquième en congé parental longue durée) vont ces prochains mois être jugés par un tribunal correctionnel ou une cour d’assises ; le neuvième a déjà accepté un plaider-coupable. Cinq d’entre eux ont déjà été écroués pour ces faits.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que la nature des crimes et délits qui leur sont reprochés fait mauvais genre. Très mauvais genre. Aucun autre service de renseignement français n’a autant d’agents impliqués dans des affaires judiciaires de droit commun.
Interrogée par Mediapart en 2023, la DGSI se disait pourtant « très sereine » à propos des affaires en cours et se félicitait au contraire de leur judiciarisation. « Ces affaires impliquant des agents ou des ex-agents du service sont la preuve que les contrôles sont efficients », affirmait alors le service de renseignement. Contacté de nouveau cette semaine, il nous a répondu ne pas avoir « de nouveaux éléments à apporter par rapport à ce qui [nous] avait été précédemment confié ».
La vague d’attentats qui a frappé la France a mis en lumière le rôle joué par la DGSI, à laquelle revient la tâche de conduire la lutte antiterroriste, elle lui a aussi permis d’obtenir un accroissement substantiel de ses moyens. Cela a conduit à de vrais succès, la réduction de la menace terroriste et la diminution – semble-t-il – de ces ratés dont la presse, Mediapart en tête, avait tenu la chronique.
Mais, aujourd’hui, au gré de ces affaires, présentées officiellement comme autant de dérives individuelles (une dizaine de cas sur six mille agents), c’est l’autre face de la médaille qui se révèle : additionnées les unes aux autres, elles illustrent un système, institué à la base pour contrer les terroristes, qui permet à des hommes (aucune femme n’est mise en examen) de détourner les moyens de l’État pour participer, moyennant rétribution, à des crimes et délits commis à l’encontre de simples citoyens. En creux, cela pose la question des manquements déontologiques dans les rangs de nos espions.
Pour tâcher d’y répondre, Mediapart a interrogé des agents ou anciens agents de la DGSI et s’est plongé dans quatre dossiers judiciaires : l’affaire « Haurus », celle dite des « barbouzes du PSG », l’affaire Bitcoin et, sans doute la plus emblématique, l’affaire « Légendes », ainsi nommée par les enquêteurs de la brigade criminelle de Paris en référence ironique à la série télévisée Le Bureau des légendes.
Parce qu’à l’origine, c’est l’interpellation fortuite de militaires, simples gardes-barrières à la DGSE (le renseignement extérieur), qui a permis de révéler l’existence d’un réseau criminel qui se proposait d’assassiner à peu près n’importe qui. Mais alors que l’information judiciaire vient des’achever, la vision globale du dossier a un peu changé. Ils sont désormais trois mis en examen à être passés dans les rangs de la DGSI. Dans cette affaire « Légendes », le renseignement intérieur ne vaut pas mieux que le renseignement extérieur…
Les espions de la génération attentats
L’explication de ce phénomène est à la fois structurelle et conjoncturelle. Conjoncturelle parce que les attentats djihadistes ont confronté le service à un sérieux problème de recrutement. Il compte désormais un tiers de personnels en plus par rapport à ce qu’il avait à l’époque. Pour ce faire, il a fallu embaucher à tour de bras.
« Ce recrutement massif s’est avéré plus un problème qu’un bien, analyse un gradé qui a été chargé de le mettre en œuvre. Auparavant, nous fonctionnions avec une culture de cooptation. Il y avait une espèce de filière intelligente. Là, nous avons été confrontés à une nécessité d’habiliter en urgence les candidats… »
Un autre haut cadre de cette époque regrette : « Les entrants n’étaient pas suffisamment imprégnés des critères de travail dans le renseignement… Certains étaient habitués à afficher leurs angoisses sur Facebook, à publier leurs photos de vacances sur Instagram. Des gens inadaptés à la fonction qui, une fois en poste, deviennent des proies idéales pour des corrupteurs. »
À son premier procès, Christophe Boutry expliquait qu’il s’était engagé à la DGSI en 2016 : « Comme beaucoup de collègues, on a tous été très marqués par les attentats. Quand on postule à ce service, on se dit qu’on va participer à quelque chose de très important. » Alors que son poste concerne la lutte contre le terrorisme djihadiste au sein de « J », la division chargée des enquêtes judiciaires, Boutry (sous le pseudonyme d’« Haurus ») va cependant vendre sur le darknet des données personnelles et confidentielles extraites de fichiers de police.
Des données concernant des célébrités mais aussi des truands marseillais qui vont se faire descendre par leurs rivaux grâce aux informations communiquées quelques jours plus tôt par Haurus (ce second volet de l’affaire est encore à l’instruction, Christophe Boutry est donc présumé innocent). Contactée, son avocate, Me Naïri Zadourian, a répondu à Mediapart qu’« étant donné les nombreuses inexactitudes et faussetés [que nos questions] contiennent, ne permettant pas une information honnête du public, nous préférons ne pas formuler de commentaire ».
Des crimes commis sur les heures de travail
En poste avant la vague d’attentats, le brigadier Xavier Julie a lui détournépour son propre compte des fonds qui étaient destinés à rémunérer des hackers qui infiltraient les réseaux djihadistes. Son cas est tellement embarrassant que la DGSI a cherché à l’étouffer. Il a été jugé en catimini l’an dernier par une procédure de plaider-coupable. Contacté, Xavier Julie a répondu qu’il ne souhaitait pas s’exprimer sur cette affaire.
Dans la même section que Xavier Julie, le capitaine Yann G. a lui été condamné à six mois de prison avec sursis (il a fait appel et est donc présumé innocent) pour abus de biens sociaux. Lors d’une perquisition à son domicile, les enquêteurs ont découvert qu’il avait détourné des iPhone et des ordinateurs portables MacBook du service pour son usage personnel. Il avait notamment offert un téléphone portable de la DGSI… à sa fille de 9 ans. Même si ces faits sont moins graves que pour les autres mis en cause, ils constituent une nouvelle manifestation des dérives de ces dernières années durant lesquelles l’argent coule à flots au service.
« Il y avait tellement de pognon qu’on ne savait plus quoi en faire », se remémore un ancien de la direction technique de la DGSI. Et le contrôle des achats n’est pas alors des plus rigoureux. Ainsi ce commandant qui récupère soixante pilules de Viagra. Un des agents sous ses ordres les lui a achetées avec la fausse identité qui lui sert en tant qu’espion. Quand il sera interrogé, le commandant déclarera ne pas se souvenir si les petits comprimés bleus ont été payés avec les fonds du service…
Et que dire de Laurent Benier ? Ce pilier de « S », la sous-direction de surveillance de la DGSI – onze ans de service – a communiqué, dans l’affaire « Légendes », l’adresse d’un pilote automobile recherché par ses créanciers. Il a passé l’identité du sportif endetté dans différents fichiers dont Cristina, celui de la DGSI. Il a poussé le professionnalisme jusqu’à se rendre sur place pour vérifier l’adresse du concerné.
Problème : à cause de ces recherches, le malheureux pilote a été tué dans le parking de son immeuble…
Problème supplémentaire : l’enquête menée par la Crim’ a établi que, depuis des années, « la plupart » des consultations des fichiers de police effectuées par Benier « n’étaient pas en lien avec son activité professionnelle ». Il a également reconnu en garde à vue avoir opéré des surveillances sur la personne de Sylvain Berrios, maire de Saint-Maur-des-Fossés, une commune cossue du Val-de-Marne. Moyennant 1 000 euros, il l’a suivi durant deux semaines « dans le but de découvrir des éléments compromettants permettant de perturber les élections » municipales qui approchaient. Des filatures sur un élu de la République réalisées « peut-être une fois ou deux avec la bagnole du service », avouera l’agent. Mis en examen, Laurent Benier est présumé innocent.
Contacté jeudi, il répond ne pas souhaiter s’exprimer. « Si mon client assume sa responsabilité concernant l’infraction qui lui est reprochée, les investigations ont établi que d’autres fonctionnaires avaient pu obtenir, sur demande, l’adresse de la victime plusieurs mois avant lui », précise plus tard par mail son conseil, Me Julien Fresnault, à propos du pilote de rallye assassiné.
Il y a aussi ceux qui fautent après avoir quitté la DGSI. Or ils sont nombreux les agents qui cèdent aux sirènes du privé. Dans son rapport de 2018, la délégation parlementaire au renseignementpointait déjà « un turn-over important » et signalait que la DGSI s’inquiétait de sa « difficulté à fidéliser » ses effectifs en raison de la concurrence du privé, « notamment sur les postes techniques à forte valeur ajoutée ».
« Des gardiens de la paix qui touchaient 2 200 euros vont être rémunérés 6 000 euros dans le privé », expliquait la DGSI, interrogée l’an dernier sur ce phénomène. Parallèlement, un ancien haut cadre du renseignement intérieur évoque la conséquence la plus gênante de la gestion de ce flux de sortants : « Quand ils quittent le service, ils disparaissent de nos radars. » Le fait est qu’après avoir quitté Levallois, plusieurs d’entre eux ont basculé dans l’illégalité.
Le brigadier Bruno B., spécialisé dans les effractions, a créé une société de conseil « en sécurité et ouverture de porte » pour les groupements d’assurance. Il est tellement réputé qu’un fabricant d’armes l’envoie en urgence forcer le coffre-fort d’un hôtel en Inde où ont été enfermés par mégarde des documents classés secret-défense.
Dans le même temps, ce serrurier d’élite « au manque d’éthique apparent », comme le qualifiera la brigade criminelle, arrondit ses fins de mois en commercialisant des informations confidentielles. Quand les enquêteurs de la Crim’ l’interrogent sur ses pratiques, il se réfugie derrière « des pertes de mémoire »…
Policier de la DGSI en congé parental longue durée, Yannick Pham est lui un expert des faux documents. « J’étais à moi tout seul le bureau des légendes ! […] Je suis le seul faussaire de l’histoire de la police française ! », se vante Pham dans le cabinet de la juge d’instruction qui l’interroge. Il a fourni la balise GPS qui a servi au commando devant assassiner une coach en entreprise qui avait le tort de faire de l’ombre à un concurrent dans le même secteur d’activité.
L’enquête lancée à la suite de ce règlement de comptes heureusement empêché va révéler l’ampleur des activités illégales de l’agent en congé parental (pas encore jugé, Yannick Pham est présumé innocent). Quand le gérant d’une société a des doutes sur un salarié,Yannick Pham aide à installer des micros dans le faux plafond de la cantine afin de capter ses conversations téléphoniques. Il est aussi chargé de le discréditer par des envois anonymes auprès des différents clients (des banques, des assurances). Une prestation multitâche facturée 23 000 euros.
Pour obtenir ces juteux contrats, les anciens de la DGSI n’hésitent pas à jouer du mythe de l’agent secret.
En principe, le commandant Daniel Beaulieu ne devrait pas avoir besoin d’en rajouter après trente-quatre années dans le renseignement intérieur. Il était durant sa carrière « un agent traitant hors pair » côtoyant « les hautes sphères », résumera un de ses collègues à la DGSI.
Parti à la retraite, il se retrouve mis en examen et incarcéré dans le cadre de l’affaire « Légendes », accusé d’être le donneur d’ordre des commandos de tueurs qu’il envoyait au gré de contrats passés. À son principal apporteur d’affaires criminelles, le retraité Beaulieu assurait avoir recours à ses « invisibles », une équipe d’agents de la DGSI auxquels il pouvait faire appel. « C’est de la flûte », avouera Laurent Benier, le seul agent en exercice impliqué dans la combine.
Yannick Pham, lui, aime à répéter à ses clients qu’il doit contacter son « groupe action », composé en fait d’une personne âgée sans domicile fixe, d’un gardien d’immeuble et d’un informaticien. À un ancien collègue de la DGSI avec lequel il est en affaire, il dit d’une proche qu’elle « est en opex » (expression du jargon militaire désignant les « opérations extérieures », c’est-à-dire à l’étranger). En réalité, cette femme se prostitue en Suisse…
Mais quelle que soit la présentation qu’ils font des talents qui les entourent et de leurs propres qualités, les agents du renseignement intérieur sont rattrapés par la réalité dès lors qu’ils sortent de la sphère de leur service.
Ainsi, l’an dernier, un rapport de la brigade criminelle soulignait les difficultés rencontrées par Yannick Pham « pour établir sa jeune entreprise dans le secteur compétitif de la sécurité et du renseignement privés », et la Crim’ de noter qu’« en raison de son manque de compétence dans la gestion d’une entreprise », celui qui se décrivait comme « le bureau des légendes » de la police française « se retrouve à abandonner toute éthique et à se démarquer en utilisant des moyens illicites dans ses affaires ».
L’exemple le plus révélateur réside dans un dossier de recouvrement dans le cadre d’un litige commercial en matière d’immobilier. Lors d’un rendez-vous dans un hôtel toulousain, Yannick Pham présente à son client le fruit de ses investigations, des captures d’écran LinkedIn… Le client « pète les plombs », selon un témoin de la scène. Il rabroue l’agent de la DGSI, le rabaisse en lui disant que ce n’est « pas la peine de prendre autant de temps pour faire un boulot pareil ».
Pour ne pas perdre la face et surtout sa rémunération, Yannick Pham va alors franchir la ligne rouge. À plusieurs reprises. Le promoteur chez lequel il faut récupérer l’argent a épousé un autre homme et adopté un enfant ? Pham envoie un courrier anonyme aux services sociaux dénonçant des actes pédophiles lors de soirées homosexuelles au domicile du couple… « C’était pour leur faire peur. Ce qu’on avait envoyé aux services sociaux, c’était juste le fait que le bébé passait de main en main. […] Je savais très bien que c’était faux », avouera, sans plus d’état d’âme, Yannick Pham. Cela ne s’arrête pas là : il envoie ses « agents » incendier le portail, puis y empaler des rats morts. Sans plus de résultat. Des gros bras finissent par passer à tabac le malheureux promoteur immobilier.
Quand Haurus, alias Christophe Boutry, livre clés en main des dossiers sur des truands marseillais à leurs concurrents, il fournit les dates de permission de ceux qui dorment en prison, leur lieu de pointage une fois sortis, il communique l’adresse des parents, de la femme, de la maîtresse,le tout pour quelques centaines d’euros (mais cela pouvait, semble-t-il, monter jusqu’à 10 000 lorsque les parrains ciblés étaient assassinés). Lorsque ses collègues l’interrogeront en garde à vue, Boutry leur expliquera :
« J’avais bien compris que ces clients n’étaient pas des enfants de chœur […].
— Cela ne vous posait-il pas de problème de conscience ?
— Ce qu’ils font de mes informations, ça les regarde. »
Dans l’affaire des barbouzes du PSG, Malik Nait-Liman, un ancien du groupe Surveillance de la DGSI embauché comme référent supporters, n’a aucun scrupule à pirater l’ordinateur de sa propre avocate dans l’espoir d’y trouver des dossiers judiciaires à monnayer.
Faut-il s’en étonner ?
Dans son ouvrage Pour une éthique du renseignement (PUF, 2023), Jean-Baptiste Jeangène Vilmer rappelle que le renseignement est « par nature immoral » car, pour collecter des informations, il doit recourir à la dissimulation, la tromperie, le mensonge, le vol, la coercition, le chantage, parfois la torture, voire l’assassinat. Et le chercheur de souligner ce paradoxe : « On attend des espions, qui sont des menteurs professionnels, de ne pas mentir au sein du service. »
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« Koulou chey in yazoul » dit le sage arabe pour couper court à toutes nos angoisses existentielles.Tu crois que c’est grave mais ce n’est pas si grave. Tous les braves hommes le savent : tout commence par commencer et finit par passer. Raison pour laquelle, il ne faut pas s’en faire et méditer au lieu de s’agiter.
« Koulou chey in yazoul » dit le sage arabe pour dédramatiser. Te dire que ce n’est pas dramatique. Te dire que même si c’est dur, ça ne va pas durer. Que tout passe. Que tout est passager.C’est amer certes, mais c’est surtout éphémère… le temps est un poison, mais c’est aussi un remède.
Il avait honte d’être un Tunisien. Il se faisait passer pour un Égyptien. En se disant à tort ou à raison qu’un arabe qui vient de loin peut en cacher un autre qui vient de plus près. Parce qu’on préfère toujours le plus lointain à son prochain. C’est le cercle carré de tout individu qui se renie pour ne pas avoir de souci avec le pays qu’il s’est choisi pour refaire son nid. Je peux citer sans m’en féliciter, Hakim Jemili mais il n’y a pas que lui qui a trahi ses origines pour avoir bonne mine ! Beaucoup de franco-tunisiens se cassent la voix pour valider leurs choix… De Sonia Mabrouk à Sami Sfaxi entre autres, ils sont tous passés par là… sans être des agents doubles, on peut les désigner du doigt comme des gens doubles, une fesse par chaise pour dissimuler leur incontournable malaise.
Malgré la répression policière qui s'abat sur les étudiants
Parie des campus américains et faisant parfois l'objet d'une répression policière, elle a gagné Paris, Lausanne, Berlin, Montréal, Mexico ou encore Sydney.
Le mouvement étudiant contre l'agression barbare sioniste dans la bande de Ghaza continue dans le monde: parti des campus américains et faisant parfois l'objet d'une répression policière, il a gagné Paris, Lausanne, Berlin, Montréal, Mexico ou encore Sydney.
Etats-Unis: Depuis le 17 avril, une vague de mobilisation pour Ghaza a déferlé sur les campus américains, dans une quarantaine d'universités, d'est en ouest, évoquant les manifestations contre la guerre du Vietnam. Au total près de 2.000 personnes ont été interpellées, selon un bilan établi par plusieurs médias américains. Ces derniers jours, la police a procédé à une série de démantèlements manu militari de campements pro palestiniens, comme à l'université de New York (NYU) vendredi à la demande de l'établissement. Des manifestants barricadés dans la prestigieuse université Columbia, épicentre à New York de la mobilisation estudiantine, ont ainsi été chassés. A l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA), des dizaines d'étudiants ont été arrêtés. A rebours d'autres institutions, l'université Brown (Rhode Island, est) s'est accordée avec les manifestants sur le démantèlement de leur campement en échange d'un vote sur un éventuel «désinvestissement» de «sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza». Longtemps muet, le président Joe Biden a martelé jeudi que «l'ordre devait prévaloir».
France: Les forces de l'ordre ont évacué vendredi les militants propalestiniens qui occupaient depuis la veille la prestigieuse école parisienne Sciences Po, qui accueille 5.000 à 6.000 étudiants.Une semaine après une mobilisation émaillée déjà de tensions à Sciences Po Paris et une précédente évacuation de locaux, «91 personnes ont été évacuées, sans incident», a précisé la préfecture de police de Paris. L'administrateur provisoire de l'école, Jean Bassères, a affirmé qu'il n'était pas question, comme le réclament certains étudiants, d'»investiguer» les relations de Sciences Po avec des universités israéliennes.La mobilisation étudiante en faveur de Ghaza et des Palestiniens reste circonscrite à Sciences Po Paris, ses campus en régions (Lille, Le Havre, Dijon, Reims ou Poitiers) et aux Instituts d'études politiques (IEP) mais peine à faire tache d'huile dans les universités. La ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau a demandé jeudi aux présidents d'université de veiller au «maintien de l'ordre» public, en utilisant «l'étendue la plus complète des pouvoirs» dont ils disposent.
Allemagne: La police est intervenue vendredi pour évacuer les manifestants pro palestiniens rassemblés devant l'université Humboldt de Berlin, au centre de la capitale. Certains manifestants ont été expulsés «par la force» après avoir refusé un autre lieu proposé, a indiqué la police berlinoise sur X. Le maire de Berlin, Kai Wegner, a critiqué la manifestation, écrivant sur X que la ville ne voulait pas de «situations comme aux Etats-Unis ou en France».
Canada: Le mouvement étudiant propalestinien s'est implanté dans plusieurs villes dont Vancouver, Ottawa, Toronto et Montréal. Le premier campement érigé et le plus important, celui de la prestigieuse université McGill à Montréal, a débuté le 27 avril et pris de l'ampleur. Les centaines de manifestants ont fortifié leur campement ces derniers jours en raison de la menace d'un démantèlement par les forces de l'ordre. Ils se disent déterminés à occuper les lieux aussi longtemps qu'il le faudra, jusqu'à ce que McGill coupe tout lien financier ou académique avec Israël. La direction de l'établissement a déclaré mercredi souhaiter que le campement soit démantelé «sans délai», affirmant qu'il s'agissait d'une demande «non négociable». Selon elle, «un certain nombre de manifestants ne font pas partie de la communauté étudiante». La police de Montréal, qui dit préconiser une dénouement «pacifique» de la situation, n'est pour l'instant pas intervenue pour démanteler le camp.
Australie: A l'université de Sydney, des centaines de manifestants pro palestiniens et pro-sionistes se sont retrouvés face-à-face vendredi. Malgré quelques échanges tendus, les deux rassemblements sont restés pacifiques et la police n'est pas intervenue. Des militants pro palestiniens campent depuis dix jours sur une pelouse face au tentaculaire bâtiment gothique de l'université de Sydney, un bastion du savoir académique australien. Comme leurs homologues américains, les protestataires veulent que l'université de Sydney coupe ses liens avec les institutions sionistes et refuse les donations de sociétés d'armement.
Mexique: A Mexico, des dizaines d'étudiants propalestiniens de l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM), la plus grande du pays, ont dressé un camp jeudi dans la capitale, scandant «Vive la Palestine libre!» et «De la rivière à la mer, la Palestine vaincra!». Ils ont notamment demandé au gouvernement mexicain de rompre les relations diplomatiques et commerciales avec Israël. Suisse: Une centaine d'étudiants pro palestiniens occupent depuis jeudi soir le hall d'entrée du bâtiment Géopolis de l'Université de Lausanne (UNIL), exigeant un boycott académique des institutions israéliennes et un cessez-le-feu immédiat. L'occupation s'est poursuivie pacifiquement vendredi et prévoit de durer jusqu'à demain.
Le recteur de l'université de Glasgow et chirurgien britanno-palestinien Ghassan Abu Sittah, qui devait raconter au Sénat son expérience de médecin à Gaza depuis l'offensive israélienne, est empêché d'entrer en France, samedi 4 mai, a-t-il annoncé dans un message sur X. En apprenant la nouvelle, certains sénateurs ont fait part de leur indignation et de leur colère. C'est le cas de Raymonde Poncet Monge, sénatrice du Rhône. Elle est l'invitée de France24
Bosnie, Algérie, Rwanda, Iran, Irak, Afghanistan, Yémen...la grand reporter Patricia Allémonière a couvert la plupart des conflits de ces 30 dernières années. Invitée d' "Au Coeur de l'Info" elle nous livre un témoignage personnel et rempli d'humanité, de cette expérience exceptionnelle, et nous explique comment elle a jonglé entre ce métier passion et sa maternité, question centrale de son livre "Au coeur du chaos".
La Présidence palestinienne a salué jeudi la décision de la Colombie de rompre ses relations diplomatiques avec l'entité Sioniste, après l'agression génocidaire menée par les forces d'occupation sioniste dans la bande de Ghaza et qui perdure depuis 7 mois.
"Nous saluons les positions avancées et courageuses prises par la République amie de Colombie concernant l'arrêt de la guerre génocidaire en cours dans la bande de Ghaza", a déclaré la Présidence palestinienne, selon l'agence de presse officielle (Wafa).
La présidence palestinienne a souligné que "les nobles positions prises par la Colombie amie, en tant que gouvernement et peuple, constituent un exemple à suivre pour le monde afin de lier les forces d'occupation sioniste aux résolutions de légitimité internationale".
La présidence a observé que l'entité Sioniste, puissance occupante, s'évertue à prolonger le génocide qu'elle pratique contre le peuple palestinien, malgré la résolution du Conseil de sécurité en faveur d'un cessez-le-feu immédiat.
Bien que la Cour internationale de Justice ait imposé des mesures d'urgence à l'encontre de l'entité Sioniste pour l'obliger à se conformer à la Convention sur le génocide, elle continue sa guerre malgré tout cela sans rendre de comptes, a relevé la présidence palestinienne.
Celle-ci a appelé la communauté internationale à "adopter des positions plus fermes concernant les crimes de génocide contre le palestinien et à ne pas permettre à l'entité Sioniste de perpétuer ses crimes et violations".
Mercredi, Gustavo Petro avait annoncé que la Colombie romprait ses relations diplomatiques avec l'entité Sioniste à partir de jeudi, en raison de son agression génocidaire en cours contre l'enclave palestinienne.
Le bilan de l'agression génocidaire sioniste contre la bande de Ghaza s'est alourdi jeudi à 34.596 martyrs et 77.816 blessés, depuis le 7 octobre dernier, ont indiqué les autorités palestiniennes de la Santé.
Une cérémonie de recueillement à la mémoire des travailleurs algériens tombés en martyrs lors de l'attentat à la voiture piégée exécuté par l'Organisation de l'armée secrète (OAS), le 2 mai 1962, a été organisée jeudi au Port d'Alger.
La cérémonie marquant le 62e anniversaire
Une cérémonie de recueillement à la mémoire des travailleurs algériens tombés en martyrs lors de l'attentat à la voiture piégée exécuté par l'Organisation de l'armée secrète (OAS), le 2 mai 1962, a été organisée jeudi au Port d'Alger.
La cérémonie marquant le 62e anniversaire de cette attaque criminelle s'est déroulée en présence du ministre des Moudjahidine et des Ayants droit, Laid Rebiga, du ministre des Transports, Mohamed El Habib Zahana, et des représentants des autorités locales de la wilaya d'Alger, des corps sécuritaires, des douanes algériennes et de la Protection civile.
A cette occasion, une gerbe de fleurs a été déposée devant la stèle commémorative dédiée aux martyrs de cet attentat terroriste, avant la récitation de la Fatiha du saint Coran à la mémoire de leurs âmes pures.
Dans une déclaration à la presse, M. Rebiga a souligné la portée symbolique de cette cérémonie de recueillement qui s'inscrit dans le cadre de "l'évocation des sacrifices incommensurables de nos vaillants martyrs pour le recouvrement de la souveraineté nationale face à un colonisateur brutal qui a utilisé les pires méthodes pour tenter d'exterminer un peuple attaché à son droit à la liberté".
Le ministre a également rappelé les massacres perpétrés par l'OAS, qui a exécuté "plus de 400 opérations militaires et 2.300 attentats, dont l'attentat terroriste qui a fait des victimes innocentes parmi les travailleurs du port d'Alger et les demandeurs d'emploi au niveau de ce port".
Pour sa part, le ministre des Transports a affirmé que "les travailleurs du secteur, y compris les travailleurs du Port d'Alger, sont pleinement disposés à continuer à œuvrer à la préservation du message sacré des martyrs", appelant à "déployer davantage d'efforts pour relever les défis et contribuer à la réalisation du développement économique escompté dans l'Algérie nouvelle".
De son côté, le Président directeur général du port d'Alger, Rabah Biskri a salué les sacrifices consentis par les travailleurs du port d'Alger durant la glorieuse guerre de libération, tout en réaffirmant "l'engagement et la mobilisation des travailleurs pour contribuer à l'édification d'une économie nationale forte".
Pour rappel, le port d'Alger a été le théâtre, le 2 mai 1962 vers 6h du matin, d'un attentat à la voiture piégée exécuté par l'OAS au lendemain de la proclamation du cessez-le-feu en Algérie, faisant 200 martyrs et plus de 250 blessés.
Depuis le 25 juillet 2021, la liberté de la presse est en recul dans le pays. Pressions exercées sur les journalistes critiques envers le pouvoir, recours à de nouveaux décrets juridiques pour les criminaliser, absence de communication avec les autorités… Autant de problèmes touchant ceux qui se sont battus depuis treize ans pour préserver la liberté d’expression acquise avec la révolution de 2011.
16 février 2023. Des journalistes tunisiens manifestent devant le bureau du premier ministre à Tunis pour défendre la liberté d’expression et contre la persécution des journalistes, dénonçant l’utilisation du décret 54 pour criminaliser leurs déclarations.
FETHI BÉLAÏD/A
« Vous n’êtes pas sur la liste, vous n’êtes donc pas autorisés à entrer. » Cette phrase n’est pas lancée par un vigile à l’entrée d’une soirée VIP, mais par un représentant de la communication du nouveau Conseil national des régions et des districts. Il s’adresse à des journalistes tunisiens et étrangers venus couvrir, le vendredi 19 avril 2024, la séance inaugurale de cette seconde chambre parlementaire élue quelques mois auparavant au suffrage indirect.
« Seuls quelques médias, souvent étatiques et triés sur le volet, sont autorisés à couvrir cette première session », déplore Mourad Zeghidi, journaliste à la radio privée IFM et chroniqueur télé, qui a tenté d’envoyer une équipe. « C’est inadmissible, sachant qu’on nous a déjà refusé l’accès à la première séance plénière du nouveau parlement en mars 2023 », ajoute-t-il. L’année passée, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) et la profession avaient protesté devant le parlement qui a finalement ouvert ses portes pour les séances plénières suivantes.
DES LIGNES DE CENSURE FLOUES
Un an plus tard, la déconvenue et l’accoutumance à ce genre de procédés ont pris le dessus, à force d’encaisser les refus de certains officiels. Dans le cas du conseil des régions, des journalistes étrangers ont passé une demi-journée à tenter de joindre les attachés de presse de cette seconde chambre afin de s’inscrire sur la fameuse liste des professionnels autorisés, sans succès. Un manque de communication que Mourad Zeghidi peine à expliquer :
Nous avons un mal fou à contacter les autorités de manière générale pour avoir leur point de vue. Par exemple, nous avons tenté d’avoir une réponse du ministère de l’industrie sur sa décision de sortir le phosphogypse à Gabès de la liste des produits dangereux alors qu’il ne l’est pas. Nous n’avons eu aucune réponse. Ni refus, ni retour.
Le journaliste ne sait plus sur quel pied danser « car on arrive quand même à poursuivre notre travail sur d’autres aspects. Par exemple, nous avons fait une émission sur les prisonniers politiques méconnus et victimes de détention prolongée dans diverses affaires, dont celle du complot contre la sûreté de l’État1, sans subir de représailles », admet-t-il. Le 24 avril, la juge d’instruction au pôle judiciaire antiterroriste a pourtant réitéré l’interdiction pour les médias de parler des développements dans cette affaire, malgré la clôture de l’instruction le 12 avril. Une proscription similaire avait déjà été émise par communiqué en 2023 sans plus d’explications.
Les lignes de la censure sont sans cesse troublées, et les interdictions de couvrir tel ou tel évènement, rarement justifiées. Très peu de médias ont pu par exemple avoir accès à la centaine de blessés palestiniens rapatriés par la Tunisie depuis les bombardements sur Gaza à la suite de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Si les médias ont pu couvrir de loin leur arrivée à l’aéroport de Tunis 18 décembre 2023, depuis, c’est le black-out total. « Cette décision d’interdire l’accès est assez inexplicable. Lors des différentes guerres en Libye après 2011, nous avons toujours pu avoir accès aux blessés libyens de différents camps qui venaient se faire soigner dans des cliniques tunisiennes », fait remarquer le journaliste Bassam Bounenni. Les raisons invoquées sont diverses et variées : risques d’infiltration ou d’exposition traumatisante pour les blessés, peur d’une instrumentalisation de la question palestinienne par les journalistes, absence de vis-à-vis pour demander des autorisations… Des motifs non officiels qui s’échangent entre les journalistes, faute d’avoir plus d’explication de la part des autorités. La seule interview qui ait circulé est celle d’une blessée palestinienne mineure, donnée à la radio nationale en avril, et encadrée par la porte-parole du Croissant-Rouge et l’accompagnateur de la jeune fille en studio.
DE LA CYBERCRIMINALITÉ À LA RÉPRESSION
Autre sujet peu médiatisé, le sort des migrants subsahariens dans les campements de fortune au cœur des oliveraies d’El-Amra et Jebiniana dans le sud-est du pays, non loin de Sfax. Cette situation est le résultat d’une politique sécuritaire musclée menée depuis février 2023 après un communiqué de la présidence dénonçant l’arrivée de « hordes de migrants subsahariens dans le pays », dont le but serait de « changer la démographie de la Tunisie ». Depuis, les contrôles se sont renforcés sur les personnes en situation irrégulière, et beaucoup de migrants ont perdu travail et logement. Les migrants subsahariens qui arrivent en Tunisie par voie terrestre via l’Algérie et la Libye se dirigent désormais directement vers les oliveraies, en attendant de pouvoir payer un départ vers les côtes italiennes. « Leur parcours migratoire à Sfax et dans ces oliveraies est resté très peu traité par les médias. Cela a favorisé la montée de l’hostilité envers ces migrants », explique Bassam Bounenni. Par peur de déplaire au pouvoir, d’être arrêtés sur place ou faute de moyens, peu de médias tunisiens vont sur le terrain pour couvrir ce sujet qui reste sensible. Les débats se font souvent sur les plateaux radio et télévisés, non sans dérapages racistes.
Entre autocensure, manque de communication avec les autorités et sous-médiatisation de certains sujets, difficile de mesurer le baromètre de la liberté d’informer en Tunisie. « Concrètement, on continue de travailler. Mais il y a quand même des journalistes qui se demandent à chaque fois quand viendra leur tour d’avoir des problèmes », résume Mourad Zeghidi en plaisantant à moitié. La radio pour laquelle il travaille n’est pas en reste. Le 24 avril, une journaliste d’IFM, Khouloud Mabrouk, a été convoquée et interrogée par une équipe de la garde nationale, à propos d’une interview faite avec un ancien ministre, Mabrouk Korchid, et l’avocat Samir Dilou, membre du comité de défense des prisonniers dans l’affaire du complot contre la sûreté de l’État. Si elle a été maintenue en liberté, une enquête a néanmoins été ouverte. Le 31 mars, c’est l’avocate et chroniqueuse de la même radio, Sonia Dahmani, qui a fait l’objet d’une enquête en raison de déclarations pouvant nuire à la sécurité publique et relever de la diffamation, sur la base du décret 54. Ce décret a été promulgué en 2022, officiellement pour contrôler la cybercriminalité et la diffusion de fausses informations via les réseaux sociaux. Cependant dans les faits, il sert à réprimer les journalistes et les voix critiques sur les réseaux sociaux. Sonia Dahmani a également été convoquée en janvier 2024 pour d’autres déclarations, sur la base de ce même décret. Les deux affaires font suite à des questionnements émis à l’antenne sur le travail du gouvernement.
Le 10 janvier, un autre journaliste de la chaîne, Zied El-Heni est libéré après dix jours de prison. Accusé de diffamation pour avoir traité la ministre du commerce de « cazi » — mot familier en arabe tunisien pour signifier « cassos » —, il a été condamné à six mois de prison avec sursis. Mais depuis sa libération, il a dû cesser sa collaboration avec la radio IFM sur la base d’un commun accord.
L’ÉTAT CONTRE LES JOURNALISTES ?
Actuellement, le journaliste de la radio CAPFM, Mohamed Boughalleb purge une peine de six mois de prison ferme. Il a été condamné pour avoir « porté atteinte à l’honneur » d’une fonctionnaire du ministère des affaires religieuses, après avoir questionné des déplacements à l’étranger a priori injustifiés avec le ministre aux frais de l’institution. Ces affaires témoignent d’une « régression » pour la liberté de la presse, selon un communiqué de Reporters sans frontières sur la détention du journaliste qui dénonce une peine disproportionnée par rapport aux faits reprochés. « La tendance à recourir à l’emprisonnement est une menace clairement adressée à ceux qui assument pleinement leur rôle de journalistes », peut-on lire dans le communiqué.
Une autre nouvelle tendance émerge aussi dans ces procès qui condamnent à la hâte les journalistes. Les plaintes émanent souvent de ministres ou d’instances officielles. C’est notamment le cas du journaliste Haythem El-Mekki, chroniqueur satirique connu de la radio Mosaïque FM, convoqué devant le tribunal de Sfax après une plainte à son encontre déposée par l’hôpital de Sfax pour « diffusion de photos sans autorisation afin de semer le trouble ».
« Je ne comprends pas que l’on me reproche d’avoir parlé d’un problème qui était de notoriété publique, à savoir la saturation de la morgue de l’hôpital de Sfax à cause des naufrages des embarcations de migrants », s’indigne Mekki qui n’a même pas diffusé de photo à ce sujet. Il ajoute que le tweet posté n’est pas celui pour lequel il a été accusé, et que la capture d’écran figurant dans le dossier d’accusation provient d’un compte non vérifié.
Malgré mon interrogatoire détaillé avec la brigade sur le sujet, je suis quand même convoqué devant le juge. Je n’aurais jamais pensé qu’un hôpital puisse déposer une telle plainte.
Son audience est fixée au 16 mai. Pour lui, il s’agit d’une forme de « harcèlement » qu’il lie à une deuxième convocation par la justice l’année passée avec deux de ses collègues de la radio, dans le cadre d’une autre affaire. Haythem Mekki avait pourtant diminué son temps d’antenne après l’emprisonnement du directeur de Mosaïque FM Noureddine Boutar, libéré sous caution après trois mois de détention dans le cadre d’une affaire de blanchiment d’argent et de complot contre la sûreté de l’État. Aujourd’hui, malgré une exposition médiatique réduite, il estime ne pas être à l’abri de ces procès de complaisance.
Je ne pense pas que ça soit des affaires directement commanditées d’en-haut, mais plutôt des entités qui veulent régler des comptes ou se faire bien voir du pouvoir. Et l’ambiance répressive actuelle leur permet d’agir.
Les lignes rouges sont tellement floutées que le journaliste Bassem Bounenni estime qu’il n’y a pas de « logique ou de rationalité dans la censure, et c’est ce qui est d’autant plus inquiétant ».
LE DÉCRET 54, ÉPÉE DE DAMOCLÈS
Dans les faits, selon les rapports de plusieurs ONG, le décret 54 est souvent utilisé pour criminaliser les déclarations des journalistes alors qu’il existe les décrets 115 et 116 depuis 2011 permettant de réguler la profession. Les bloggers ou internautes qui critiquent le pouvoir sur les réseaux sociaux sont également ciblés par le décret 54. Le nombre de cas reste difficile à recenser, selon Salsabil Chellali, directrice du bureau de Human Rights Watch à Tunis. « Nous n’avons pas le détail de toutes les affaires qui tombent sous le décret 54. Nous ne pouvons donc répertorier que celles qui sont communiquées par les avocats ou dénoncées par les victimes et les médias. Et certaines personnes préfèrent ne pas rendre leur affaire publique », explique-t-elle. L’ONG a noté quatre condamnations sur la base de ce décret ainsi que 9 journalistes poursuivis et faisant l’objet d’enquêtes. En tout, 28 personnes sont concernées par ce décret, selon les chiffres de Human Rights Watch. Le Syndicat des journalistes tunisiens en a répertorié 40.
Selon Salsabil Chellali, ces chiffres pourraient être revus à la hausse à l’approche de l’élection présidentielle dont on ne connaît pas encore la date mais qui est censée avoir lieu d’ici le mois d’octobre.
Le décret 54 est un outil de dissuasion. Il pose l’idée de lignes rouges à ne pas franchir pour la presse, sans que l’on sache réellement quelles sont ces lignes rouges. La crainte est de voir durant la période électorale de plus en plus d’instances gouvernementales recourir à ce décret pour empêcher tout débat, et faire taire les voix critiques.
Hors du champ journalistique, l’opposante à Kaïs Saïed et présidente du Parti destourien libre Abir Moussi est actuellement en prison sans procès depuis six mois sur la base du même décret. Elle a été visée par une plainte émanant de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) en janvier 2024 pour des propos tenus en 2023 sur les élections. L’opposant Jaouhar Ben Mbarek, en détention sans procès depuis plus d’un an dans l’affaire dite du complot contre la sûreté de l’État, a été condamné à six mois de prison ferme en février 2024 dans le cadre d’une plainte également déposée par l’ISIE, après avoir qualifié les élections législatives de 2022 de « mascarade » et de « coup putschiste ».
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