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Rédigé le 18/11/2020 à 13:50 dans Algérie, Culture, Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 17/11/2020 à 17:50 dans Société, Wilaya de Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 16/11/2020 à 17:53 dans Islam, Religion, Société | Lien permanent | Commentaires (0)
A chaque fois qu'un acte criminel perpétré est relié de près ou de loin à des motivations religieuses pour ne pas dire islamiques surtout quand l'horreur le dispute à la consternation comme ce fut le cas pour la condamnable décapitation de l'enseignant Samuel Paty par un refugié tchétchène, toute la communauté musulmane de France se retrouve dans de beaux draps, contrainte de vivre avec la peur au ventre durant tout le temps que le crime en question occupe les esprits et les médias surtout. Alors, tout ce qui a un lien avec la religion musulmane devient (ir)réellement le point de mire de la nation éplorée, musulman pratiquant ou pas, barbu ou rasé de près, vêtu de qamis ou col blanc, burkini ou bikini, intello ou simple ouvrier d'usine, naturalisé ou simple résident, nouveau débarqué ou beur de l'ultime génération, utile à la France ou pas, baptisé ou arborant son prénom musulman comme un stigmate en l'occurrence, laïc, agoniste, déiste ou athée, tous sont coupables d'appartenir à la confession musulmane même s'ils s'égosillent à longueur d'année à apporter de l'eau au moulin de la République.
Tous se recroquevillent durant tout le temps que la tension est maintenue au summum, ils rasent les murs, se font tout petits, pestent contre le coreligionnaire qui a réveillé les démons patents du racisme et de l'islamophobie. On veut se renier, se convertir momentanément au christianisme, au judaïsme ou encore au bouddhisme pour être fréquentable, innocent et intégrable. La peur au ventre ne laisse point de place aux délices de la nourriture, aux lumières de Paris ; on étouffe dans ce décor tout à coup redevenu gothique et l'on voit partout des policiers prêts à bondir sur vous pour vous inculper d'homicide de Français. On s'impose un couvre-feu, on s'autocensure et se confine à loisir. Les victimes de Charlie Hebdo refont surface et leur journal redevient prisé, très vendable et les sinistres caricatures par qui l'islamophobie croit triompher sont (re)prises d'assaut et exhibées lors des rassemblements et les hommages subséquents.
La peur au ventre fait oublier la démocratie et les droits de l'homme, vous donne envie de réécrire l'histoire, replonger dans le passé avant l'affaire de l'éventail et envisager une vie en terre natale sans déchirement ni reniement. Tant que la tension est à son paroxysme, on s'en veut d'être là, on se trouve lâche de s'être expatrié, d'être proie aux caprices du destin. La nostalgie vous happe et en rajoute à la peur au ventre qui est l'unique lot de tous ceux qui sont liés de près ou de loin à l'islam là-bas. Il ne faut surtout pas se montrer dans les rassemblements où l'on rend hommage au défunt, il ne faut pas non plus se joindre aux pétitionnaires et signer je suis prof' car le nom aux consonances musulmanes est plausiblement rejeté, car en pareilles circonstances il ne fait bon être musulman dans l'hexagone. Même les nouveaux convertis adoptent un profil bas et vivent eux aussi avec la peur au ventre en dépit du bleu qu'ils ont dans les yeux.
2020 10 22
par Hatem Youcef
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5294843
Rédigé le 22/10/2020 à 01:35 dans Décennir noire, Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Eh oui ! les marocains ont une vie sexuelle ! Les statistiques revèlent que 98% de la population marocaine ( entre 13-50 ) pratiquent la masturbation. Ce chiffre ne parle pas que des ados qui commencent à peine à se de découvrir, mais ça parle aussi des femmes insatisfaites, de maris en froid avec leurs femmes, du professeur père de famille qui fantasme sur la super paire de nichons de la directrice et aussi et surtout de ceux qui crient partout qu’ils b… tout ce qui bouge. 98%, c est presque tout le monde. Alors, quelles sont les causes d’une statistique aussi élevée ? Qu’est ce qui fait que nos femmes, du moins la plupart sont insatifaites sexuellement? Et aussi, qu’est-ce qui fait qu’un père de famille qui a tout pour etre heureux, se laisse distraire par ce jeu dangereux qui n’a rien d’un jeu en l’occurence l’adultère ?
Primo, au Maroc le sexe est et reste un sujet tabou. Mais un marocain est, comme tout être humain pardi, sexué de la tête aux pieds. Mais alors, qu’est-ce qui fait que les Marocains sont des cancres sexuellement parlant? C’est simple. Pour la seule et unique bonne raison qu’un marocain par définition est quelqu’un qui connait tout, et donc par là, il est de naissance doué pour les rapports sexuels.
Le marocain est donc quelqu’un qui a imposé à son cerveau le fait qu’il était un bon coup, et du coup, c’est devenu normal chez lui de croire qu’il l’est et ne lui vient même pas à l’esprit qu’il ne sait pas s’y prendre. Ce qui nous permet de conclure que le marocain est un as de sexe (enfin c’est ce qu’il croit ).
Deuxio, la quasi-totalité des marocains n’ont jamais eu et n’auront pas d’education sexuelle. Il faut dire que la plupart des marocains ignorent que les femmes ont, elles aussi, un orgasme. Il’n y a pas si longtemps que ça, j’ai décidé de faire une petite étude ou dois-je dire une petite enquête, j’ai donc décidé de demander à une vingtaine de personnes, des contacts MSN que je connais pas, de me dire ce que c’était qu’un clitoris. Personne ne savait ce que c’est. Mais quand je fesais l’éffort d’expliquer à ceux qui m’ont demandé des explications (seulement 10 me l’ont demandé) y a un seul qui l’a reconnu (il était marié) et encore d’une manière très … comment dire … je trouve pas le mot exact pour décrire ce qu’il m’a dit, je vous laisse en juger vous meme » aaaahhhh bghiti tahdar 3la dik la7jira li 3Andhoum, li ila warrakti 3liha bjahd kikhrouj lboul » ( moi en tout cas, ça me fait rire :d:d:d la foction du clitoris chez ce type se résume à ça )
J’ai essayé de savoir ce que cette personne savait à propos du clitoris à part ce truc qu’elle vient de me sortir. Je lui ai donc demandé s’il savait que la femme pouvait avoir beacoup de plaisir voire atteindre l’orgasme par simple stimulation de cette zone? Et là, le mec semblait ignorer totalement ce truc, mais comme tout marocain qui se respecte, m’a sorti le truc de « bien sûr » avec la pose du mec sur de lui et tout.
Tertio, la notion de l’orgasme féminin varie d’une personne à une autre allant du mec qui croit que la femme atteint l’orgasme en un temps record, qu’elle n arrete pas « d’éjaculer » tout au long de la période de la pénétration (confusion du plaisir et de l’orgasme), à celui qui croit que la partenaire atteint l’extase en même temps que lui. Pour faire bref, le marocain en général tire son coup et se tire avec la certitude d’être un bon coup.
Conclusion, les marocains accordent peu d’importance aux préliminaires. Enfin, et cette fois-ci du coté du sexe féminin, chose qui agace beaucoup d’hommes, la passivité de nos femmes. On dirait qu’on fait l’amour à des cadavres. Nos femmes ne sont pas coquines, soit pour ne pas paraitre comme des filles faciles (même en étant mariées), soit tout simplement, par timidité, chez nous le sexe, ne se pratique pas à deux mais à un et demi :p.
(N.b : ces statisques n’ont rien d’officiel, elles sont là juste pour les besoin de l’article.)
20 octobre 2020
Source : Le blog insolite du disciple du diable
http://moroccomail.fr/2020/10/20/maroc-les-marocains-et-le-sexe/
Rédigé le 20/10/2020 à 14:57 dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 16/10/2020 à 19:46 dans Islam, Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Cher lecteur, chose promise, chose due. J'ai choisi pour vous 3 sujets que vous n'allez pas oublier de sitôt, je l'espère. Ils vous aideront à percevoir mieux l'évolution de la Révolution algérienne, son histoire authentique et surtout vous permettront d'avoir une opinion saine sur notre glorieux passé.
1 - commentaire sur les livres d’Yves Courrière
Un ami, lecteur de mes contributions, m'a reproché de ne pas avoir écrit sur les rencontres de Aït Ahmed et Yazid avec les leaders de la Conférence de Bandung en les citant et, en incluant Ho Chi Minh. Je lui promis une réponse à ce sujet, à lui de se faire sa propre opinion après la lecture de cette contribution.
Yves Courrière est considéré par la majorité des Français, et surtout des Algériens, comme l'une des références de l'écriture de l'Histoire de la Révolution algérienne. En ce qui me concerne, je n'ai aucun a-priori, j'ai lu ses 4 tomes à 3 reprises. La première fois, au fur et mesure de la sortie de ses livres aux éditions Fayard, en soulignant à même les livres, ce qui me paraissait bizarre, anormal.
La seconde fois, en tirage éditions livres de poche. La troisième lecture dans Casbah Éditions, en vérifiant si certaines corrections avaient été apportées sur les nouvelles éditions.
Dois-je taire ce qu'il a écrit de négatif parce qu’il est décédé ? Relever une erreur sur ce qu'il a écrit est-il condamnable ? Je pense que non.
Les livres ont été vendus à plus d'un million d'exemplaires. Personne n'a relevé ou osé les signaler, est-ce ma faute ? Donc les donneurs de leçons de morale doivent voir ailleurs.
À chaque lecture, je relevais quelques erreurs ou abus d'appréciation, quelques excès et quelques «perles».
Grand historien, ayant reçu le Prix de Albert Londres et le Prix de l'Académie française est un qualificatif qui l'honore et dont je ne peux discuter.
Il a été un grand reporter de Radio Luxembourg et de journaux de renom durant la Guerre d'Algérie. À ce titre, il a rencontré et côtoyé la crème des officiers supérieurs de l'armée française de l'époque. A ce titre, il a dû avoir accès à de nombreux documents et archives de très grande importance.
Mais pour ma part, je me contente de mettre à la disposition du lecteur qui m'a interpellé, et à tous les lecteurs, un paragraphe d'un de ses livres. Je les laisse libres de leur jugement, cela permettra peut-être à certains de revoir leur opinion actuelle.
Dans le tome 2, Le temps des léopards, La Guerre d’Algérie, éditions Casbah, pages 64 et 65, il écrit textuellement :
«Yazid et Aït Ahmed avaient à peine la trentaine ! Leur jeunesse et leur fougue firent grande impression. Ho Chi Minh qui connaissait Messali et Ferhat Abbas fit contacter les deux jeunes Algériens. Il discuta longuement avec eux. Les Français... oh les Français, leur dit-il, c'est un problème que nous connaissons bien.»
Que Yazid et Aït Ahmed aient rencontré Ho Chi Minh, pourquoi pas ? Mais pas à la Conférence de Bandung. Pour la simple et unique raison que ni le Vietminh (Vietnam du Nord) ni Ho Chi Minh n'étaient présents à Bandung. La délégation de l'État du Vietnam avec comme capitale Saigon faisait partie des 29 délégations officielles invitées et présentes. La délégation de ce pays était dirigée par Ngo Dinh Diem, président du Conseil des ministres de ce pays. Ce qui est beaucoup plus grave pour le lecteur algérien, c'est que plusieurs historiens ont repris ce passage et l'ont répercuté sur plusieurs médias.
Autant dire bonjour les dégâts. Me concernant, je reste confiant. Il y aura toujours un Algérien qui rappellera cette «perle».
Cher lecteur, il est beaucoup plus facile de le vérifier : si Yazid et Aït Ahmed avaient rencontré Ho Chi Minh, ils en auraient fait une référence et ce, à juste titre, dans leurs écrits. Or, aucun des deux ne l'a fait. Peut-être que certains vont le faire à leur place.
2- Comité permanent de la Révolution
Un fait historique majeur, que tous ceux, à de rares exceptions, qui ont écrit sur la Révolution algérienne, ont oublié, ignoré, escamoté, évacué, enterré pour des raisons faciles à comprendre, est : le Comité permanent de la Révolution. Oui, à part Ferhat Abbas et Benyoussef Benkhedda, parmi les responsables de la Révolution et quelques auteurs qui ont signalé son existence. Lorsque l'on sait que ce CPR a été pendant plus de deux ans l'autorité suprême de la Révolution, au-dessus du Comité de coordination et d'exécution (CCE), on doit se poser des questions et surtout les poser à d'autres : auteurs, historiens, analystes et chroniqueurs politiques et surtout les acteurs potentiels ou se présentant comme tels, de la Révolution algérienne.
Ce comité a été désigné lors du deuxième congrès du CNRA qui a eu lieu au Caire en août 1957. Il était composé de Abane Ramdane, Bentobal Lakhdar, Boussouf Abdelhafid, Chérif Mahmoud, Krim Belkacem et Ouamrane Amar (citation par ordre alphabétique).
Tous ses membres faisaient partie du Comité de coordination et d'exécution, dont les autres membres actifs étaient Abbas Ferhat, Lamine Debaghine, Abdelhamid Mehri et les membres à titre honorifique, Hocine Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella, Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf, Mohamed Khider.
Il a disparu du lexique mais n'a jamais été officiellement dissous jusqu'à l'indépendance.
Quel a été son rôle, quels ont été ses responsabilités, ses problèmes, les solutions et leurs conséquences?
J'en connais un bout dont j'en parlerai plus tard. C'est aux historiens de s'y intéresser et de jouer leur rôle.
Ce comité avait son siège à Tunis. Abbas et Debaghine étaient au Caire et Mehri à Damas.
Pour ne pas être traité de fabulateur, voici des extraits des écrits de Ferhat Abbas et Benkhadda à ce sujet, qui, je l'espère, sont considérés comme des témoins crédibles.
«Le GPRA réunit le comité permanent de la Révolution, compléta le CNRA et nomma les membres de l'Assemblée consultative maghrébine.» (Ferhat Abbas, Autopsie d'une guerre, Alger Livres Éditions, page 239).
«N’ayant pu faire appel à l'arbitrage du Comité permanent de la Révolution et du CNRA dont la composition est contestée par certains, le gouvernement s'est trouvé paralysé.»
Benyoucef Benkhedda, l'Algérie à l'indépendance, La crise de 1962 éditions Dahleb page 137.
Voici un fait historique majeur sur lequel les historiens doivent se pencher et nous faire bénéficier de leur savoir-faire et de leur compétence.
3- Affaire Jean-Yves Goeau Brissonnière
Témoignage de Ahmed Boumendjel(1) sur l’affaire Goeau-Brissonnière, avocat, chargé de cours à la Faculté de droit de Paris et attaché simultanément aux cabinets de Pineau, ministre des Affaires étrangères, et Lejeune, ministre de la Défense nationale avec Bissonet, directeur d'école, attaché au cabinet de Lacoste, ministre et gouverneur général en Algérie.
Après que les autorités françaises eurent contacté maître Ahmed Boumendjel pour arranger un contact entre des délégués officiels français et des représentants du FLN à Tunis au cours d'un congrès de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) dont l'une des personnalités les plus influentes à cette période était Irving Brown, président de American Federation of Labor (AFL) syndicat américain. Il était proche du FLN.
Ils ont eu des contacts et discussions avec Mouloud Gaïd (connu sous le nom de Rachid Gaïd), secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Aït Ahcene, M'hamed Yazid et Lamine Debbaghine.
Au retour de la délégation française, les inspecteurs de l'aéroport d'Orly reçurent des instructions du commissaire de l'aéroport et de Abel Thomas, conseiller et homme de confiance de Bourges-Maunoury, chef du gouvernement de la République française, pour fouiller Maître Abdelmadjid Chaker, avocat tunisien des chefs du FLN incarcérés à la prison de la Santé à Paris, arrivé dans le même vol que la délégation française.
Ils le fouillent et trouvent dans ses documents une lettre fermée portant comme adresse deux consonnes : B. B.
Devant le refus de Chaker d'ouvrir la lettre, l'un des inspecteurs prend la responsabilité de le faire. À l'intérieur, il y avait le compte-rendu des discussions qui ont eu lieu à Tunis entre les deux délégués français et les responsables du FLN.
C'est ainsi que le commissaire décréta Chaker coupable de complicité d'atteinte à la sûreté extérieure de l'État et l'inculpa en présence de Mohamed Masmoudi, ambassadeur de Tunisie à Paris qui attendait Chaker. Cet événement a fait la Une des journaux et le journal le Monde(2) lui a consacré 2 articles. Cet événement a jeté un froid dans les relations entre les deux pays avec la convocation de Gorce, ambassadeur de France à Tunis et protestations et déclaration du Président Bourguiba.
Ironie de l'histoire, Chaker «inculpé en flagrant délit» d'après la loi fut autorisé à quitter Paris et rejoindre Tunis, après avoir passé la nuit à l'aéroport en attendant l'avion en partance sur Tunis. Quelle belle interprétation de la justice !!!
Cet incident, de loin le plus médiatisé en ce temps de toutes les rencontres secrètes ou officieuses entre les deux belligérants, a été complètement occulté, effacé de l'Histoire de la Révolution algérienne.
Pourquoi ? Chacun avait et a encore ses raisons de le faire oublier. J'en connais quelques-unes que je m'interdis d'émettre afin de ne pas influencer le lecteur.
Mais quelques questions se posent :
- le but de cette initiative ?
- le contenu de la lettre ?
- qui est le destinataire avec B. B. comme adresse ?
- pourquoi avoir «grillé» côté français cette initiative ? Et surtout pourquoi ce silence sur un pareil événement ?
Cet événement est très important. Il a permis au FLN de décider que tous les contacts entre les deux parties seront dorénavant officiels. Depuis cette date jusqu'aux entretiens de Melun en juin 1960, il n'y a jamais eu de contacts secrets ou officieux entre la France et le FLN.
À ceux qui s'intéressent de façon spécifique à cet événement, je leur suggère de lire le livre écrit par le principal acteur et dont le titre est : Mission secrète. Pour la paix en Algérie par Jean-Yves Goeau Brissonnière.1957. Editions Lieu Commun.
Cher lecteur, j’espère, encore une fois, être à la hauteur de vos attentes.
A. C. D.
1) La Révolution algérienne par Charles Henri Favrod, pages 386, 387 et 388. Editions Dahleb.
(2) Le Monde du 19 juillet 1957.
La prochaine contribution portera sur l'Italie et la Révolution algérienne.
Publié par LSA
le 11.10.2020
https://www.lesoirdalgerie.com/contribution/levolution-de-la-revolution-algerienne-49492
Rédigé le 15/10/2020 à 08:52 dans Guerre d'Algérie, Histoire, Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Avec son sixième roman, "La discrétion", paru aux éditions Plon, Faïza Guène rend hommage aux mères immigrées du Maghreb, de l’Algérie plus particulièrement, et à la sienne. Une histoire singulière qu’elle replace naturellement dans la grande Histoire de France.
Publiée pour la première fois à l’âge de 19 ans, Faïza Guène est entrée dans la littérature par un “heureux accident”, comme elle aime à le dire. C’est un de ses professeurs de lycée qui contacte une amie éditrice en lui donnant les trente pages d’une nouvelle écrite par la jeune fille.
"Kiffe kiffe demain", son premier roman sort en 2004, se vend à plus de 400 000 exemplaires, et sera publié dans 26 langues. La jeune femme fait sa place dans le paysage littéraire français, et n’a eu de cesse depuis, de raconter dans ses romans le quotidien de familles immigrées, ainsi que leurs rêves.
Dans "La discrétion", elle pose son regard plein de douceur sur Yamina Taleb, 70 ans, vivant à Aubervilliers en banlieue parisienne, en compagnie de son mari, Brahim, ancien maçon, et ses enfants, Malika, Hannah, Imane et Omar. La vieille dame est effacée, discrète, et refuse de hausser la voix face aux humiliations du quotidien. Ses enfants ne le comprennent pas et pour certains d’entre eux, la colère prend le dessus.
Les souvenirs lancinants de Yamina enfant, puis adolescente, jeune adulte en Algérie et à son arrivée en France, rythment le récit du quotidien de la famille Taleb. Yamina est née en Algérie, sous l’ère coloniale et le roman "La discrétion" raconte son histoire, entre une colère réprimée et une dignité bafouée.
FaÏza Guène a mûri l’idée de ce roman, parti d’un texte écrit et lu pour la radio. “Dans ce texte court, je racontais déjà l’histoire d’une femme, une mère exilée”, explique-t-elle. Elle y évoquait également le sort de son mari, mort en France, et le rapatriement de son cercueil en Algérie. “J’ai écrit cette phrase : ‘Mort de discrétion’. Au moment où je l'ai lue à voix haute, cela m'a remuée, comme un choc très fort en moi qui m’a amenée à écrire ce roman”, poursuit-elle.
La jeune femme prend alors conscience du poids de ce mot, de ce qu’il a représenté pour ses parents. “À l’adolescence, j’ai commencé à voir mes parents confrontés au mépris des médecins, de l’administration. Je ne mettais pas de mot dessus, ça me faisait mal, ça me mettait en colère. Je percevais en revanche leurs sacrifices pour nous. Je n’ai pris conscience que tardivement de l’infériorisation provoquée par cette discrétion”, confie la romancière.
C’est ce quotidien de Yamina Taleb qui ne perçoit pas cette violence, ou refuse de se laisser atteindre que Faïza Guène réussit à dépeindre. La colère, sourde, a été transmise à ses enfants qui ne la comprennent pas toujours. La cause en est souvent le silence de leurs parents, les non-dits.
Pour mieux comprendre cette révolte, que les enfants de l’immigration post-coloniale ont vécue, la romancière a questionné sa mère, son inspiration pour le personnage de Yamina.
Dans "La discrétion" Faïza Guène raconte un événement terrible de l’enfance de Yamina en Algérie, durant la colonisation. Des militaires français font irruption dans la maison familiale où le grand-père et le petit frère de Yamina, alors nourrisson, sont les seuls hommes présents. L’un des militaires pointe son fusil sur le front du bébé, le considérant comme une future menace, avant de renoncer à l’abattre.
Ce récit glaçant est un souvenir de la propre mère de Faïza Guène, qu’elle lui a raconté, comme si de rien n’était. “Je lui ai demandé quel était son premier souvenir d’enfance en Algérie. Je m'attendais à quelque chose de plus joyeux. Sa réponse m'a fait prendre conscience qu'elle n'en avait pas vraiment eu”, raconte-t-elle. En discutant avec sa mère, elle lui livre alors plus de détails. “Elle a réalisé à ce moment-là que ce n’était pas si anodin. Je n’avais pas envie de la faire souffrir en remuant des choses difficiles mais en même temps, je pense qu’elle a aussi réalisé l’importance de raconter ces choses-là”, confie l’auteure.
Petit à petit, en commençant l'écriture de son roman, la jeune femme archive les souvenirs de sa mère, qui se livre de plus en plus. Son enfance sans son père, la famine, l’indépendance de l’Algérie, la fierté, puis le mariage et l’exil vers un pays gris, qu’elle a du mal à considérer comme chez elle.
Faïza Guène peut ainsi compléter les histoires entendues, enfant, et prendre conscience de l’étendue de sa lignée. “Les choses se disaient de manière détournée pendant mon enfance. Ma mère parlait avec beaucoup d’admiration, et de facilité, de mon grand-père moujahid (résistant), mais sans me dire comment elle avait vécu cela. C’est ce que j’ai voulu mettre dans ce roman”, explique-t-elle.
Plus jeune, Faïza Guène se souvient de la révolte qu’elle avait en elle, à l’instar des enfants de Yamina, dans le livre. “Je ne savais pas le formuler à l’époque, mais je me demandais comment, avec tout ce qu'ils ont vécu, n’ont-ils pas la haine ? Comment avaient-ils encore tout de même ce respect, cette déférence ? Pourquoi cette discrétion, alors qu’ils avaient vécu tout cela ?”, s’interroge-t-elle.
Dans ce roman, Faïza Guène montre cette discrétion comme une force venant de ces mères et pères immigrés. “J'ai compris que c'était aussi une forme de résistance, de se mettre au dessus de ces humiliations, de ce mépris. Je vois maintenant la noblesse dont ils ont fait preuve”, réalise-t-elle. “Je me l’explique aussi par le fait qu'ils n'ont pas imaginé rester là toute leur vie. L'attente de ce retour qui n'arrive jamais les a fait tenir”, explique-t-elle.
“Pour eux c’était un instinct de survie, mais ils ont eu aussi l’instinct de protection pour nous, leurs enfants. C’était aussi un acte d’amour incroyable”, admet-elle. Elle raconte Yamina Taleb avec un coeur qui “déborde de sentiments” pour ses enfants. “Il déborde comme la Méditerranée” , écrit-elle dans son roman.
Mais malgré cet amour trop gros pour un seul coeur de mère de famille, ses enfants ressentent un véritable mal-être, chacun à sa manière. La colonisation, la guerre d’indépendance, l’exil, et les humiliations transmettent d’une manière ou d’une autre des traumatismes refoulés. “Je crois beaucoup à ce qu'on appelle la mémoire génétique, ou les traumas transgénérationnels. On hérite de choses qui ne nous sont pas racontées. C’est très fort et cela nous fait deviner la douleur, les sacrifices, c’est dans notre chair. Ces choses s’expriment parfois par le corps”, détaille Faïza Guène.
C’est pour réparer ces blessures et surtout pour inscrire dans le marbre l’histoire de ces pères et de ces mères, que la romancière a voulu écrire cet ouvrage. “Nous, leurs enfants avons besoin d’entendre leurs histoires, car elles font partie de notre processus de construction”, explique-t-elle. “Quand ma fille lira ce livre plus tard, j'ai envie qu'elle sache de quelle lignée elle est issue, qu’elle en soit fière”, avoue-t-elle. "Ses enfants, eux, ils savent qui elle est, et ils exigent que le monde entier le sache aussi", écrit-elle à propos de Yamina. Faïza Guène s'en charge.
"La discrétion", c'est un relais de mémoire pour l’auteure elle-même qui encourage régulièrement ses lecteurs, issus de cette immigration à questionner leurs parents, à les faire parler, à transmettre leurs récits pour les générations à venir. “À chaque génération, il y a des histoires qui se perdent et si on ne fait pas ce travail-là, il y a des chances qu’elles ne deviennent de que de vieilles légendes”, déplore-t-elle.
Ancrer ces histoires dans l'Histoire de France une bonne fois pour toutes, c'est la volonté profonde de Faïza Guène. Les récits de Yamina Taleb et sa famille font partie du patrimoine français. "C'est très important pour nous de se situer là. C'est très important pour moi de dire que nous sommes liés à cette histoire, il faut l'accepter, il faut l'admettre", insiste-t-elle. Encore aujourd'hui, selon la jeune femme, ces existences sont exclues du roman national. "La majorité dominante a parfois l'impression qu'il s'agit d'une histoire qui est étrangère. Alors que nous faisons partie de l'Histoire française. C'est peut-être révolutionnaire de dire cela, mais ça l'est", s'exclame l'auteure.
L'aspect nouveau depuis quelques années c'est de mettre la lumière sur ces femmes, mères immigrées et les montrer pour ce qu'elles sont, ont été. Des petites filles avec des rêves, des ambitions ; des femmes à part entière.
En 2018, le journaliste Nadir Dendoune sortait un superbe documentaire sur sa mère, Messaouda Dendoune, "Des figues en avril". Sorti sans distributeur, le film rencontre un grand succès auprès d'un public qui s'est reconnu, qui a reconnu sa mère, sa grand-mère en voyant Messaouda. Le réalisateur avait déjà la même démarche d'inscrire sa mère, comme toutes les mères immigrées, dans l'Histoire : "Maintenant ce film fait partie du patrimoine français. On a un film d’une heure sur une vieille dame de 82 ans pauvre, qui parle kabyle, qui est analphabète. La mettre à l’écran c’est révolutionnaire. Messaouda Dendoune, c’est elle, la France", disait-il à l'époque.
La romancière appuie ce propos en admettant que cette vision a d'abord échappé aux enfants de ces mères immigrées : "Nous-mêmes n'avions pas forcément conscience à quel point elles ont oeuvré, car elles ne sont pas inscrites dans cette histoire de reconstruction. Elles sont hors du pouvoir économique. Nos pères étaient des ouvriers. D'une certaine manière ils sont liés à l'histoire de la classe ouvrière en France, même si leur rôle a été minoré", explique-t-elle. En racontant aussi la colonisation en Algérie, Faïza Guène tient à rappeler que l'histoire de l'immigration algérienne en France n'a pas commencé avec le regroupement familial : "Ce n'est pas un hasard si nos parents sont ici. L'histoire qui nous a conduits ici c'est la destination. Intéressons-nous au chemin qui nous y a amenés", prévient-elle.
Rendre publics ces récits, en faire des livres, laisser des traces de leur passage avec honneur, Faïza Guène ne cesse d'en rappeler l'importance. Elle qui, en voyant son premier livre publié à 19 ans, était émue de voir le nom de son père sur un livre veut aller plus loin. "Écrire leur nom sur un livre, cela dépasse l'aspect personnel pour moi. Je veux pouvoir leur rendre justice, lutter contre cet effacement qui a lieu, afin que leurs noms soient inscrits quelque part. Sinon leurs noms seront juste écrits sur leur tombe au bled", confie-t-elle. Réparer l'offense comme elle l'écrit dans ce roman. "La principale offense c'est cela. Ce n'est pas que le médecin qui a mal parlé. Il faut surtout réparer l'offense de l'oubli", explique la romancière.
La vie de ces parents immigrés, et l'impossibilité du retour dans un pays dévasté par la colonisation et la guerre renvoient à la romancière l'image d'un mythe bien connu : "Je pense souvent à Ulysse et le mythe du retour. Nos pères ont été des Ulysses du 20ème siècle. En regardant cette image avec empathie, on comprendra aisément que c'est un miracle qu'ils aient réussi à faire tenir notre génération debout", détaille-t-elle. Elle poursuit : "C'est un miracle qu'on soit en capacité de se révolter intelligemment, en écrivant des livres, en faisant des films, parce que c'est vraiment une injustice sans nom qu'ils ont vécue".
Et cela passe par l'acceptation de l'universalité de ces histoires. Faïza Guène aime à rappeler une citation de Léon Tolstoï à ce sujet : "Si tu veux parler de l'universel, parle de ton village". "À nous de sortir de la culpabilité qui nous est imposée par le système dominant dès que l'on choisit nos sujets", explique-t-elle.
Elle assume pleinement, telle Toni Morrison, écrire avant tout pour ceux et celles qui lui ressemblent. "Le communautarisme en France est un gros mot. Tu as l'impression d'être du mauvais côté si tu dis 'J'écris d'abord pour les miens'. Alors que c'est tout le contraire. Parle de ton village, tu parleras au monde entier", conclut-elle.
11 OCT 2020
https://information.tv5monde.com/info/avec-la-discretion-faiza-guene-veut-reparer-l-offense-de-l-oubli-376756
Rédigé le 15/10/2020 à 08:34 dans Culture, Société | Lien permanent | Commentaires (0)
La chercheuse décortique dans cet entretien les motivations qui sont derrière les vagues de harga ces dernières années. Elle remonte, dans l’analyse de ce phénomène, jusqu’aux origines historiques des migrations. Elle évoque également les failles de son traitement préventif strictement juridique.
Liberté : Il y a un peu plus d’une année, “el-harga” avait pratiquement disparu, aucun cas n’ayant été enregistré pendant plusieurs mois. Et puis soudain, des centaines de tentatives et ce, malgré le coronavirus et les contraintes imposées à l’étranger. Quelle explication donner à cette brutale recrudescence?
Khedidja Mokeddem : Il faut reconnaître que le phénomène de la “harga” prend une ampleur inédite. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), les Algériens font partie des cinq principales nationalités d’arrivants après la Syrie, le Maroc, le Nigeria et l’Irak.
Pour répondre à votre question, je ne pense pas qu’on puisse affirmer que la harga a disparu cette dernière année car, selon l’observation de notre entourage social et selon les informations qui circulent autour de nous (quartier, voisinage, famille, amis…), des harraga sont quand même partis et d’autres ont tenté d’émigrer. On peut expliquer cela par le fait que ces derniers ont échappé à l’enregistrement des services de sécurité — ce qu’on appelle le chiffre noir.
Cela étant, il faut reconnaître qu’il y a eu une baisse de la harga que je peux expliquer comme suit : cette situation qui a pris un caractère de “problème public” dans les pays émetteurs et récepteurs de harraga, a suscité des réactions nationales et internationales comme, par exemple, l’externalisation de la surveillance des frontières, la restriction des politiques migratoires, la mobilisation de fonds de solidarité, afin de contrôler les flux migratoires clandestins.
Cela a amené les autorités publiques et de sécurité nationale à renforcer nos frontières, notamment maritimes, afin de s’épargner les risques d’un conflit aux frontières. En revanche, n’ayant pas de données précises, je ne pourrais pas me prononcer sur l’impact du Hirak et les espoirs qu’il a suscités sur la baisse du nombre des tentatives d’émigration.
Désormais, ce ne sont plus seulement les jeunes en manque de perspectives qui risquent leur vie dans ces traversées incertaines. Des couples avec enfants, des mineurs et des femmes acceptent de confier leur destin aux caprices de la mer. Comment analysez-vous cette évolution sociologique ?
Avant de répondre à cette question, je voudrais ouvrir une parenthèse sur des éléments de l’histoire pour analyser l’évolution du phénomène. Il faut rappeler que le phénomène ne date pas d’hier et qu’il existait déjà du temps où l’Algérie était sous occupation française quand la France a mis fin au libre déplacement entre les deux pays (circulaire du 8 octobre 1924) pour revenir à une situation qui a existé jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale.
Peu de temps après, le Conseil d’État a annulé cette circulaire et pris de nouvelles mesures contre l’embarquement clandestin des Algériens qui payent en prenant des risques pour aller chercher du travail en France (décret du 4 août 1926). Une autre réglementation a vu le jour le 4 avril 1928 à la suite des catastrophes survenues à cause de ces embarquements à risque mortel. À l’indépendance, les Accords d’Évian ont fixé le cessez-le-feu et pris des mesures garantissant la liberté de circulation.
En 1973, le président Houari Boumediene a suspendu l’émigration algérienne de travail à cause du racisme anti-algérien. En 1974, la France a, à son tour, arrêté l’immigration de main-d’œuvre algérienne. En 1986, elle a promulgué l’obligation du visa d’entrée pour les Algériens et en 1994, les consulats français ont fermé leurs portes en Algérie après la flambée terroriste. Les consulats français rouvriront leurs portes des années plus tard, mais le taux de refus de demandes de visas reste élevé.
Ce petit rappel historique éclaire sur l’évolution du phénomène de la harga dans un espace politique et diplomatique conflictuel. Il constitue une réaction aux politiques de fermeture de l’Europe et de restrictions majeures à la mobilité, ne laissant aux candidats à l’émigration d’autre choix que la traversée clandestine. “El-harga”, qui est également le résultat des changements politiques et sociaux qu’a connus l’Algérie dans les années 80 (chute du prix du pétrole, restructuration, injonctions du FMI, chômage...), s’est accentuée dans les années 1990 et 2000 à la suite de la décennie noire.
L’émergence d’un réseau de mafieux organisé, qui est en train de s’enrichir au prix de la vie de ces jeunes, a également favorisé la progression du phénomène. Il faut aussi souligner le caractère répressif des politiques migratoires et la criminalisation du phénomène de la harga qui, jusqu’en 2008, était traité par la loi maritime. Un “vide juridique” qui a été comblé par une loi criminalisant “la sortie illégale du territoire” passible de 6 mois de prison ferme et 10 ans pour les passeurs. Un durcissement qui, à mon sens, aurait dû s’accompagner d’une politique de prévention et d’accompagnement, afin de comprendre le malaise de cette jeunesse en plein désespoir.
Des rescapés ayant frôlé la mort et des candidats empêchés de prendre la mer persistent dans leur volonté de se rendre de l’autre côté de la Méditerranée. Pourquoi ce désir quasi obsessionnel de quitter le pays ?
Nos enquêtes sur la jeunesse marginale, notre expérience professionnelle dans le domaine de la réinsertion sociale et la sauvegarde de la jeunesse en conflit avec la loi nous ont permis d’observer que, contrairement aux discours entretenus, on ne peut attribuer le phénomène de l’émigration aux seuls aspects économiques, au chômage, à la bureaucratie, aux dysfonctionnements de la gestion des politiques publiques de migration ou encore au déséquilibre du développement entre les pays du Nord et les pays du Sud.
Le problème est plus complexe dans le sens où il y a également des facteurs liés au “harrag” lui-même, qui posent la problématique de l’individu peinant à s’affranchir. Si l’on examine la portée des termes et vocables utilisés pour qualifier ce phénomène — “harga”, littéralement brûler, “hedda”, destruction… —, on entrevoit un désir de renaissance. Les harraga se détruisent pour se reconstruire, ils prennent le risque de “la mort” pour arriver à “la vie”, pour exister. L’analyse des entretiens conduits avec ces jeunes lors de la réalisation de notre recherche qui a porté sur le projet de vie chez les jeunes en conflit avec la loi a montré qu’une grande partie ne pense à construire son projet de vie qu’outre-mer.
Ce désir de partir à tout prix est une réponse à un état d’inconfort moral et psychologique, au sentiment de mal être et de malaise qui caractérise la vie de ces jeunes.Il faut aussi lier ce désir de partir à la trajectoire de vie de ces jeunes (histoire familiale, parcours scolaire, mal vie, au statut précaire dans la sphère publique et dans le discours politique), mais aussi aux représentations de mépris que la société véhicule souvent à l’égard de ces jeunes (des bons à rien, des rebuts de la société) dont la vie se déroule dans l’oisiveté des coins de rue et des trottoirs.
Ce qui génère un sentiment de mépris de soi et une perte de confiance en l’autre. Sans repères, ces jeunes souffrent de l’absence de modèle durant leur socialisation et se disent “sans perspectives… sans avenir…” préférant la mort à la vie : “Moutna khir min hyatna” est une expression qui revient toujours dans les entretiens. Dès lors, le désir de partir sonne comme une réponse urgente à ce malaise, même si elle est transgression à la loi. La harga peut également être un mécanisme de défense contre l’oppression, le déclassement social et la déconsidération. Et prendre le “risque” de partir équivaut, dans la représentation des harraga, à s’affranchir, à se donner les moyens de l’existence et de la réalisation de soi, y compris si la libération passe par la mort.
La situation économique algérienne n’est pas reluisante et les perspectives sont sombres. Doit-on craindre une multiplication des tentatives d’émigration clandestine ?
Il est clair que tant qu'il n'y aura pas un projet de société autour duquel la collectivité s’unira, il est à craindre que l’émigration illégale prenne davantage d’ampleur. Comme il y aura une aggravation des problèmes sociaux à tous les niveaux.
Il est urgent d’ouvrir un vrai débat sur ce phénomène, en tenant compte des transformations sociales, politiques et économiques que notre pays connaît en ce moment, mais aussi de la conjoncture sanitaire actuelle. Un débat auquel tous les acteurs de la société, principalement la jeunesse, prendraient part doit aboutir à une plateforme pour une politique sociale permettant de faire face à la progression aussi inquiétante qu’inédite du phénomène de la harga.
Nos travaux avec les jeunes nous ont montré qu’ils sont demandeurs de solutions de la part d’un État capable de proposer des réponses autres que la répression. Il est nécessaire de donner la parole et d’écouter attentivement cette jeunesse, entendre ses besoins et aspirations et l’impliquer dans les propositions de politiques publiques.
le 12-10-2020 10:30
Propos recueillis par : S. OULD ALI
https://www.liberte-algerie.com/actualite/les-harraga-risquent-la-mort-pour-vivre-347149
Rédigé le 14/10/2020 à 22:16 dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Le problème de la femme au Maghreb n’est qu’un épiphénomène d’un problème plus englobant qu’est la question sexuelle. Les femmes ne sont dominées que pour pouvoir être contrôlées dans leur sexualité (tout en contrôlant en même temps celle des hommes), sexualité devenue fondement de la hurma, c’est-à-dire de l’honneur féminin. La sexualité est prise en otage dans une joute sociale dont l’enjeu consiste à défendre l’honneur du groupe familial, placé d’abord dans la pudeur et la virginité féminines. Plus une Famille contrôle ses femmes, plus son capital de réputation augmente (sinon, c’est une mauvaise famille, famille de p…). Un vrai homme, qui « lève sa tête devant les gens » (je traduis des propos courants), c’est celui qui « a pouvoir sur ses femmes ». « Maîtrise tes femmes » est une insulte en collectivité.
Vieux_KabyleOr, les familles sont des institutions idéologiques tout entières orientées vers le dénigrement des autres familles rivales. Il s’ensuit une compétition symbolique pour la « respectabilité », la réputation et l’honneur. Un groupe familial qui trouve moyen pour diminuer l’honneur de son adversaire ne se fait pas prier. Or, les femmes sont le point faible, la brèche que l’ennemi présente et il faut en profiter pour le descendre. « Je lui ai niqué sa femme à celui-là » disent les hommes entre eux. Et le fait de faire l’amour avec la femme du concerné n’est pas seulement un acte de plaisir ou de tendresse avec elle, c’est surtout un acte de guerre symbolique destiné à amoindrir la réputation ou, mieux, le capital d’honneur, de son mari (ou de son frère, etc.). Faire l’amour, c’est attenter gravement (et souvent délibérément) à la réputation des familles.
Le soi-disant intérêt des hommes à dominer les femmes n’est ni économique (une femme qui reste à la maison est une charge et un gain en moins), ni politique (le pouvoir que l’on a sur les « femelles » s’avère être une charge écrasante). C’est un intérêt d’honneur, le groupe défendant son image extérieure à travers l’image qu’il veut irréprochable de ses femmes.
Un tel système fonctionnait avec ses injustices dans une société agraire où l’on se mariait très tôt et où les groupes vivaient dans une économie relativement vivrière. Le changement social et économique a conduit à un accroissement des besoins. Un jeune homme ne se marie plus s’il n’a pas d’appartement. Une épouse accepte rarement d’être simple membre de la famille nombreuse de son mari. Mais le célibat prolongé, né des nouvelles données socio-économiques, continue à perdurer dans l’ancien système social traditionnel caractérisé par une économie de l’honneur dont les femmes sont les dépositaires.
Les femmes étant retirées de la circulation, l’espace public est devenu de facto masculin. Mais si un jeune homme du temps du Prophète avait ses quatre épouses, si un jeune Algérien des années cinquante avait sa femme légitime, le jeune Algérien de l’an 2000 n’a plus rien pour sa sexualité (au sens large : affection, amour, sexe, etc.) car elle lui a été confisquée sans contre-partie par l’honneur de la tribu.
Il s’ensuit une séparation terrible des sexes malgré des apparences de mixité et une famine sexuelle générale, du côté des hommes, comme du côté des femmes, enfermées ou contrôlées dans leurs déplacements. La prostitution et l’homosexualité se sont développées pour colmater une infime partie de cette demande sociale. L’état de famine générale produit des dégâts sur les enfants (pédophilie), sur les animaux (zoophilie maghrébine bien connue) et sur la santé mentale (troubles psychiatriques).chaouia1pt_1_
Cette société a pris le soin d’adopter le système religieux qui sert ses tendances profondes. C’est l’islam orthodoxe, sunnite et malékite, qui sera élu. Rien d’étonnant car l’islam chiite, bien qu’ayant des racines historiques lointaines au Maghreb (Fatimides), est éliminé, car jugé peu ferme en matière sexuelle : il tolère le mariage de joie, c’est à dire il légitime la sexualité entre jeunes gens, chose que la logique de l’honneur ne peut admettre. Le sunnisme lui-même est expurgé de ses points jugés incompatibles : le prophète n’a-t-il pas dans un hadith célèbre et certifié autorisé ses combattants à faire l’amour avec les prisonnières, dressant par là une exception en cas d’impérieux besoins. Ce sont des côtés soigneusement oblitérés. Bref, la religion s’est trouvée ainsi instrumentée à des fins de répression sexuelle.
L’état est composé de gens issus de la société et anthropologiquement formés à l’école de l’honneur. Ils reproduisent, dans le système judiciaire, dans les institutions de l’état et dans le fonctionnement des divers appareils, les impératifs de l’honneur. C’est ainsi que les couples non mariés sont jugés et condamnés, la présidence de la République algérienne ordonne la chasse aux couples et la justice se montre infiniment complaisante avec les criminels de l’honneur (l’idée de tuer un intrus qui a pénétré à l’intérieur de la maison, la nuit, (entendre : un homme qui a intentionnellement voulu attenter à l’honneur du groupe) est passée dans la croyance populaire comme étant un droit légitime.
Un intellectuel a peur de parler de problème sexuel parce qu’en le faisant, il donne aussi par la même occasion le droit à sa soeur de coucher avec un étranger, ce qui équivaut à ouvrir une brèche dans son honneur social et à saper sa réputation. Les groupes rivaux se surveillent en effet et chacun n’hésite pas à entamer la réputation de l’adversaire à la moindre occasion. L’intellectuel parle alors de façon voilée de condition des femmes, mais aussi de façon euphémique, limitée et surtout politiquement correcte : personne ne pourra attaquer sa réputation avec cela. Et, bien entendu, ce n’est pas avec des euphémismes que l’on provoque les vrais changements ou les vrais débats.
Au bout du compte, à qui profite le système ? Aux hommes? Je ne le crois pas. Ils se débattent dans une affreuse misère affective parce que les femmes auprès desquelles ils devaient prendre satisfaction sont préalablement enfermées ou limitées de déplacement et de liberté. Les femmes, et parmi elles se trouvent de grandes militantes du système traditionnel, se rabattent sur les animaux domestiques et l’homosexualité. Dans certaines cités universitaires en Algérie, les étudiantes achetaient des sacs de lait et se les faisaient déverser sur leurs poitrines avant d’appeler les chats. Je ne sais pas ce que ça fait comme sensation d’être léchée par un chat à cet endroit, mais je suis certain qu’un tel comportement est celui d’un être lésé dans ses droits humains fondamentaux, celui d’utiliser comme il l’entend son propre corps. Je ne parle pas de l’hystérie nocturne du ciel algérois, qui voit fuser jusqu’aux étoiles les youyous de la frustration féminine émanant des cités universitaires non mixtes.
Je pense que c’est un système qui ne sert personne. Il est tout simplement devenu caduc et malade, car les conditions pour lesquelles il était engendré ont presque disparu. Il continue à fonctionner dans un autre contexte, de façon anachronique, en générant énormément de souffrance, comme un moteur d’une deux chevaux qu’on met pour un bus de voyageurs futuriste.
Maintenant, supposons que le problème de la sexualité soit réglé, que l’honneur n’ait plus comme siège la virginité des femmes, que les groupes cessent de s’attaquer sur cette question, que les gens consentants soient publiquement tolérés et légitimés dans leur sexualité. Pensez-vous que les femmes seraient interdites/limitées de déplacements, de travail, de liberté, etc. ???.
Je ne le crois pas. Ce sera l’avènement d’une autre société, avec sûrement d’autres inégalités, d’autres combats à faire, mais pas celui-là. Il y aura le chômage, la lutte pour l’emploi, etc. mais jamais d’enfermement, de limitation de déplacement ou de liberté.
En définitive, cette condition n’est que la conséquence pratique de la question sexuelle. Alors, il faut arrêter de dire que les hommes dominent les femmes pour profiter de je ne sais quels privilèges. Que les hommes ont tout et les femmes rien. Qu’est ce qu’ils ont et qu’ils n’auraient pas sans cette domination ? Arrêter de faire de miséreux affectifs et sexuels des sultans divinement privilégiés, à la faveur d’un imaginaire grossièrement orientaliste. Car les femmes ne sont jamais mieux dominées que par d’autres femmes (Voir le rapport mères/filles par exemple). Mais surtout parce que si les femmes sont enfermées, c’est à cause de ce quelque chose qu’elles portent entre leurs jambes ! La société maghrébine a eu l’idée la plus saugrenue sur la terre qui consiste à placer son honneur justement là ou il ne fallait pas. La femme n’est donc partout sanctionnée qu’en tant que porteuse de sexe (et source de déshonneur possible pour tout le groupe). Pas en tant que femme. Mais cette sanction, déteint sur l’homme, ce qu’on oublie de souligner. En l’absence de femmes, il n’aime pas, il ne travaille pas, il ne baise pas, il souffre, il devient agressif et prêt à être enrôlé dans les fanatismes les plus sanguinaires.
-) C'était mieux dans l'ancien temps... 😀
http://moroccomail.fr/le-sexe-et-les-femmes-au-maroc-et-en-algerie/
Rédigé le 14/10/2020 à 20:05 dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
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