J’aime les mots qui s’accordent entre eux.
Je trouve même prodigieux leur concordance, lorsqu’elle s‘opère avec intelligence.
J’en dirais tout autant des êtres et des choses.
C’est le principe de toute philosophie qui rêve de l’accord de tous les esprits, d’une musique qui ne fait pas de bruit et qui recommande l’humilité voire le silence.
J’assiste en ce moment à une lutte sournoise entre le religieux et l’irréligieux, entre le révérencieux et l’irrévérencieux, entre les hommes avec ou sans Dieu.
Et cela fait couler beaucoup d’encre et un peu de sang… l’encre coupable et le sang innocent. La raison ne s’y retrouve plus. La véritable Foi non plus.
C’est du n’importe quoi. La loi ne fait plus la Loi. C’est du chacun pour soi et Dieu pour personne.
Les uns résistent, les autres abandonnent cette guerre qui nous fait faire un bond en arrière hors du temps, hors de l’espace et hors de nous-mêmes.
Mais il ne s’agit au fond que d’une tempête dans un verre d’eau qui en dit long sur le mal des mots, sur les mots qui font mal quand ils confondent le banal et l’original.
Le mot religion qu’on avalise et dévalise à tour de bras, a une origine intéressante, une étymologie savante :
En latin on dit « religare » pour dire que dans toute religion il y a le verbe : lier ou relier qui nous laisse entendre que nous ne serons rien si nous ne créons pas de lien.
Un lien qui fait du bien puisqu’il relie les hommes entre eux puis les hommes avec leur Dieu.
Il ne suffit donc pas d’un clic comme ça se pratique sur internet mais d’une claque pour nous inciter à établir ou rétablir des liens réels et non virtuels.
On donne et on reçoit. Tout courant, tout Coran passe par là… par tout autre que soi. Cela va de soi. Voilà pour le religieux.
Quant à l’irréligieux, certains auteurs bien ou mal inspirés proposent non point laïcité ou pensée athée, mais le mot : négligence.
Par négligence, il faudrait entendre absence de lien.
Le négligeant est comme coupé du monde, enfermé et renfermé dans sa cellule nerveuse, ou sa nébuleuse.
On dit qu’il ne fait pas attention à l’autre, il le néglige… et ne lui prête aucune assistance. Il clame ou réclame de l’indifférence… à chacun selon sa cadence sans aucun désir de convergence.
Pour les religieux, il n’y a pas d’existence sans exigence.
Pour les irréligieux, l’existence ne peut ni ne doit être soumise à aucune exigence, c’est cela la négligence du discours qui ne désaltère point… qui donne soif et n’offre rien à boire.
On nous dit que le Paradis est sans lieu. Autrement dit, qu’il n’existe pas… ni ici, ni ailleurs. Mais on fait tous en sorte qu’il ait lieu, à notre su ou à notre insu, on fait tout pour réaliser ce vœu qui tient en trois mots : AVOIR UN LIEN DIVIN… avec sa fille, sa femme ou sa mère… avec son fils, son homme ou son père… un lien qui sert de repère et qui libère de l’ennui, de la solitude et de l’oubli. Et cette croyance est juste le contraire de la négligence… ou de l’indifférence.
Les commentaires récents