On y voit le général, commandant emblématique de l'offensive russe en Ukraine, en tenue civile aux côtés d'officiers russes en uniforme militaire et de l'Imam de la mosquée, Abou Abdallah Zebar. "Une délégation russe de haut niveau a visité la Grande Mosquée Abdelhamid Ben Badis, et a été reçue par le Directeur des Affaires Religieuses et l'Imam de la Grande Mosquée", a indiqué celle-ci dans un message accompagnant ces photos. Moscou n'a pas communiqué sur cette visite en Algérie.
Disparu depuis la tentative de putsch de Wagner
Sergueï Sourovikine faisait l'objet de spéculations, ayant disparu de l'espace public depuis la rébellion avortée du groupe Wagner en juin dernier. Selon plusieurs médias russes, il a été limogé de son poste de commandant en chef des forces aérospatiales en août, un peu avant la mort d'Évgueni Prigojine dans un crash d'avion.
Le général était jugé proche du patron de Wagner, bien qu'il n'ait pas officiellement soutenu la mutinerie de Wagner. Pendant cette révolte qui n'a duré que 24 heures, Sergueï Sourovikine avait appelé les rebelles à "arrêter" et à rentrer dans leurs casernes "avant qu'il ne soit trop tard".
Selon l'éditorialiste sur LCI Pierre Servent, le général a "joué un double jeu" : "C'est certainement le fait d'avoir joué sur les deux tableaux qui explique pourquoi il est encore en vie", estime-t-il.
Vétéran de la guerre soviétique en Afghanistan et de la deuxième guerre de Tchétchénie dans les années 2000, Sergueï Sourovikine a participé à la campagne russe en Syrie en 2015, avant de devenir l'un des principaux commandants de l'intervention militaire russe en Ukraine.
Écarté de l'armée russe, le général Sourovikine, ex-proche de Wagner, réapparaît... en Algérie
Le général russe Sergueï Sourovikine a été limogé en raison de ses liens avec le groupe Wagner.
Il est réapparu lors d'une visite officielle en Algérie cette semaine.
Moscou n'a pas communiqué au sujet de cette rencontre.
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Le général russe Sergueï Sourovikine, limogé pour ses liens avec le groupe Wagner, est réapparu après des mois d'absence pour une visite officielle en Algérie. Les images de sa rencontre avec les autorités algériennes ont été publiées mardi sur le compte Facebook de la grande mosquée d'Oran et ce vendredi dans les médias russes.
On y voit le général, commandant emblématique de l'offensive russe en Ukraine, en tenue civile aux côtés d'officiers russes en uniforme militaire et de l'Imam de la mosquée, Abou Abdallah Zebar. "Une délégation russe de haut niveau a visité la Grande Mosquée Abdelhamid Ben Badis, et a été reçue par le Directeur des Affaires Religieuses et l'Imam de la Grande Mosquée", a indiqué celle-ci dans un message accompagnant ces photos. Moscou n'a pas communiqué sur cette visite en Algérie.
Le général était jugé proche du patron de Wagner, bien qu'il n'ait pas officiellement soutenu la mutinerie de Wagner. Pendant cette révolte qui n'a duré que 24 heures, Sergueï Sourovikine avait appelé les rebelles à "arrêter" et à rentrer dans leurs casernes "avant qu'il ne soit trop tard".
Selon l'éditorialiste sur LCI Pierre Servent, le général a "joué un double jeu" : "C'est certainement le fait d'avoir joué sur les deux tableaux qui explique pourquoi il est encore en vie", estime-t-il.
Vétéran de la guerre soviétique en Afghanistan et de la deuxième guerre de Tchétchénie dans les années 2000, Sergueï Sourovikine a participé à la campagne russe en Syrie en 2015, avant de devenir l'un des principaux commandants de l'intervention militaire russe en Ukraine.
Dans l’affaire de son prêt russe, Marine Le Pen prétend avoir signé « avec une banque, pas avec Poutine ». Des mails issus de la boîte du vice-président de la Douma Alexander Babakov démontrent pourtant comment le pouvoir russe s’est impliqué.
« Je« Je signe un prêt avec une banque, pas avec Vladimir Poutine. » En mai, interrogée par la commission d’enquête parlementaire sur le prêt russe de 9 millions d’euros obtenu par son parti en 2014, Marine Le Pen a réfuté toute ingérence du Kremlin. Questionnée sur le fait que la banque russe prêteuse « était dirigée par un proche du pouvoir » et que jamais elle « n’aurait fait ce prêt sans l’accord de Monsieur Poutine », la cheffe de file du Rassemblement national (RN) a assuré : « Je n’en savais absolument rien ! Mais rien ! »
Lors de la révélation de cet emprunt par Mediapart déjà, Marine Le Pen avait jugé « ridicule » de penser qu’il s’agissait d’un geste du pouvoir russe pour un parti ami.
Des documents rendus publics par des hackers ukrainiens, et analysés par Mediapart, mettent à mal son discours. Ils démontrent des contacts étroits entre le pouvoir russe et le Front national (FN) entre 2014 et 2016, et le rôle central joué par un conseiller de Poutine dans ce rapprochement, au moment où Marine Le Pen cherchait des fonds en Russie pour financer ses campagnes électorales.
Organisation de rencontres à un haut niveau à Moscou, aide pour l’obtention de visas, prise en charge de certains billets d’avion par les Russes : Alexander Babakov, nommé en 2012 représentant spécial du président Poutine pour la coopération avec les organisations de Russes à l’étranger, a ouvert les portes de la Russie à la présidente du FN.
Fin août, les hackers ukrainiens de Cyber Resistance – membre de l’Ukrainian Cyber Alliance, réputée proche des services de renseignement ukrainiens – ont annoncé avoir piraté la boîte mail du secrétariat de cet homme clé des réseaux d’influence du Kremlin en Europe, et actuel vice-président de la Douma : 21 677 fichiers portant sur la période 2008-2023 (lire notre Boîte noire).
Ces « Babakov Leaks » ont été révélés sans que le principal intéressé ne réagisse ni ne démente. Questionné par le média d’investigation russe en exil Agentstvo sur ces fuites, Alexander Babakov n’a pas souhaité faire de commentaire. Nos multiples sollicitations auprès de lui et de ses collaborateurs sont également restées sans réponse.
Dans ces messages, on retrouve une partie de l’état-major de l’époque du Front national et les piliers de ses recherches de financements : Marine Le Pen, son chef de cabinet Nicolas Lesage, son vice-président Louis Aliot, le trésorier Wallerand de Saint-Just, les eurodéputés Aymeric Chauprade et Jean-Luc Schaffhauser – qui ont servi d’intermédiaires dans les deux prêts russes des Le Pen – et l’avocat en droit des affaires Didier Bollecker, mandaté par Schaffhauser pour superviser le contrat de prêt.
Sollicités par Mediapart, aucun d’eux n’a contesté la véracité de ces mails. Jean-Luc Schaffhauser a indiqué n’avoir « rien à dire » sur des « mails confidentiels qui n’ont pas à être en [notre] possession ». Wallerand de Saint-Just nous a affirmé n’avoir « jamais rencontré Monsieur Babakov », n’avoir pas eu « connaissance de son rôle auprès du FN » et n’avoir eu « des contacts qu’avec la banque ». Les autres n’ont pas répondu.
Un oligarque au cœur du pouvoir
Alexander Babakov, 60 ans, n’est pas n’importe qui. Deux fois vice-président de la Douma (en 2007-2011, puis depuis 2021), il a le profil typique d’un oligarque proche du Kremlin qui jongle avec plusieurs casquettes, mêlant politique et business dans le secteur de l’énergie. Son patrimoine en France, opportunément absent de ses déclarations de revenus et patrimoine, a fait l’objet d’une enquête de l’opposant Alexeï Navalny dès 2013. En 2017, son nom et celui de Vilis Dambins, gestionnaire de ses actifs offshore, sont apparus dans le scandale financier des Panama Papers.
Successivement député et sénateur depuis 2003, il a rejoint le parti de Vladimir Poutine en 2011 et grimpé les échelons. Jusque l’invasion de l’Ukraine, les deux hommes s’affichaient ensemble, recevant des chefs d’État européens. Alexander Babakov a été dûment récompensé pour sa loyauté : la présidence l’a décoré en 2008 de l’ordre de l’Amitié, en 2017 de l’ordre de l’Honneur et en 2020 de l’ordre du Mérite.
Les échanges de mails entre le « représentant spécial » de Poutine et le Front national interviennent à un moment charnière. Après l’annexion de la Crimée en mars 2014 et les sanctions économiques de l’Union européenne, isolé, Vladimir Poutine cherche des relais de propagande à l’Ouest, et joue les parrains des partis d’extrême droite européens. Alexander Babakov, lui, est déjà indésirable dans l’Union européenne : il figure sur la liste noire des hommes d’affaires visés par les sanctions.
Marine Le Pen l’a rencontré dès février 2014, en Russie. Un rendez-vous hors agenda, organisé en toute discrétion par l’eurodéputé et consultant international Jean-Luc Schaffhauser, ami de Babakov dont il a fait la connaissance « par le biais de l’Église orthodoxe, dans les années 2000 ».
Après cette entrevue, toute la galaxie Babakov s’est mobilisée dans les recherches de financement du Front national, comme Mediapart l’avait révélé. Avec une certaine efficacité. En septembre 2014, alors que le Donbass se creuse de tranchées, Marine Le Pen décroche un prêt de 9 millions d’euros auprès de la First Czech-Russian Bank (FCRB), une petite banque moscovite qui fera faillite deux ans plus tard.
En juin 2016, en vue de l’élection présidentielle, elle signe un nouveau projet de prêt russe de 3 millions d’euros, qui tombe finalement à l’eau car les deux banques russes envisagées perdent leurs licences bancaires dans d’obscures conditions. À chaque fois, ce sont Alexander Babakov et ses proches qui ont mis le parti d’extrême droite en contact avec ces banques au profil douteux, au cours de rencontres à Moscou, Paris et Genève.
Une lettre de Marine Le Pen sollicitant de l’aide
Les mails dévoilés par Cyber Resistance démontrent, noir sur blanc, le rôle de facilitateur et de mise en relation joué par ce fidèle lieutenant de Poutine entre 2014 et 2016.
Un document inédit montre que Marine Le Pen a clairement sollicité l’aide d’Alexander Babakov pour établir des connexions à haut niveau en Russie. Dans un courrier à en-tête du Parlement européen daté du 31 mars 2015, elle lui demande de « [les] aider », comme il l’a fait « la dernière fois », pour l’organisation d’une rencontre avec le président de la Douma, Sergueï Narychkine, et avec toutes les personnes qu’il jugera « utiles ». Elle conclut son courrier en lui exprimant « à nouveau toute [sa] sympathie et [sa] cordiale amitié pour tout ce qu’[il fait] pour [eux] ».
La réponse arrive le 30 avril. Alexander Babakov l’invite, « ainsi que le député européen Jean-Luc Schaffhauser », à venir à Moscou du 24 au 26 mai « pour des réunions et des entretiens », sans plus de détails. À l’exception d’une rencontre à huis clos avec Sergueï Narychkine à la Douma, rien ne filtre du séjour de la présidente du FN dans la capitale russe, qui ne figure pas sur son agenda prévisionnel.
Des visas obtenus grâce à Alexander Babakov
Lorsque Mediapart l’avait questionnée, Marine Le Pen avait parlé de simples « rencontres politiques ». Les mails piratés démontrent au contraire une imbrication entre ces entrevues politiques et les recherches de financements du parti.
En témoignent par exemple les lettres d’invitation signées de la main d’Alexander Babakov et adressées personnellement à l’ambassadeur de Russie en France, Alexander Orlov. Ces courriers, transmis à quelques jours des départs prévus, ont permis la délivrance express de visas russes à Marine Le Pen et à plusieurs élus ou cadres de son parti. Y compris pour aller signer le prêt russe.
Une première intervention a lieu en avril 2014. Elle permet à Marine Le Pen et Louis Aliot de s’envoler à Moscou, où ils sont reçus le 12 avril par le président de la Douma, Sergueï Narychkine. Lors de cette rencontre, officielle et médiatisée, la présidente du FN soutient le projet de fédéralisation de l’Ukraine souhaité par le Kremlin et rejeté par Kyiv. Ce que l’on ignorait jusqu’à présent, c’est qu’elle avait souhaité emmener dans ses bagages le consultant Jean-Luc Schaffhauser. L’artisan du futur prêt russe figure en tout cas dans la liste des demandes de visas.
C’est à nouveau une lettre d’invitation signée d'Alexandre Babakov qui permet au trésorier du FN, Wallerand de Saint-Just, et à l’avocat Didier Bollecker d’obtenir des visas pour se rendre à Moscou du 9 au 23 septembre, afin de finaliser le contrat du prêt russe – signé le 11 septembre –, puis en mai 2016, lorsque le parti repart à la chasse aux financements pour la campagne présidentielle. Questionné par Mediapart, Wallerand de Saint-Just affirme qu’il ignorait « que ces documents provenaient de Monsieur Babakov » et qu’il « ne sai[t] pas pourquoi le FN est passé par lui ».
D’autres lettres d’invitation dans l’optique de visas ont suivi : Marine Le Pen, son garde du corps Thierry Légier et Jean-Luc Schaffhauser, pour la visite de mai 2015 ; puis son chef de cabinet Nicolas Lesage, pour deux séjours en compagnie de Jean-Luc Schaffhauser, en octobre 2014 et en septembre 2015. La consigne au sein des équipes d’Alexander Babakov est claire : « Prière de rédiger une lettre à notre ambassadeur de la part de A. M. Babakov pour demander un visa à entrée unique pour J. L. Schaffhauser, député européen, et Nicolas Lesage, chef de cabinet de la présidente du Front National (France), du 1er au 4 septembre », peut-on lire dans un mail daté du 28 août 2015.
Des billets d’avion payés par les Russes
Des documents prouvent aussi que des billets d’avion ont été pris en charge par les Russes durant cette période.
En 2014, le conseiller international de Marine Le Pen, Aymeric Chauprade – qui a joué les intermédiaires dans le second prêt russe, obtenu par le microparti de Jean-Marie Le Pen en avril 2014 – est convié au forum parlementaire international, qui se tient à Moscou le 26 juin. Cet événement, organisé par la Fondation de l’oligarque orthodoxe Konstantin Malofeev et par des mouvements pro-life et réactionnaires, est conçu comme un ralliement des forces conservatrices russes et européennes.
D’après une facture et des échanges de mails entre l’assistante parlementaire russe de M. Chauprade, Tamara Volokhova, et le secrétariat de Babakov, les billets d’avion (2 825 euros) ont été payés depuis le compte d’une personne physique russe vers le compte du Front national. À aucun moment, le Front national ne semble s’être inquiété de cet étrange versement.
La même année, un mois après la signature du prêt russe, des billets d'avion sont aussi envoyés par un proche de Babakov, permettant à Jean-Luc Schaffhauser et Nicolas Lesage de s’envoler dans le Donbass, pour légitimer les élections organisées par les séparatistes prorusses et condamnées par la communauté internationale. Sur place, ils réalisent des films de propagande, diffusés notamment sur Nations presse info (NPI), un site du Front national supervisé par Louis Aliot. Celui-ci avait été informé du voyage en amont, selon des mails obtenus par Mediapart.
Questionné sur le principe de déplacements payés par les Russes, Jean-Luc Schaffhauser ne voit pas le problème : « La coutume parlementaire dans les relations entre Parlements est que la puissance invitante prenne en charge les frais. » De leur côté, Aymeric Chauprade et Tamara Volokhova n’ont pas répondu.
Le lobbying de deux proches de Babakov
Dans les mails hackés, on retrouve les noms de plusieurs Russes de la nébuleuse Babakov qui se sont activés pour le Front national.
Comme le businessman letton Vilis Dambins, l’homme des actifs offshore de Babakov, qui avait rencontré secrètement le trésorier du FN et l’avocat Didier Bollecker en novembre 2016 à Paris. Questionné par Mediapart, l’homme d’affaires avait alors démenti avoir été « un intermédiaire dans les accords mentionnés » et contesté avoir « pu agir sur les ordres de M. Babakov ». Dans les mails piratés, le même Vilis adresse pourtant à un proche de Babakov – qui fait le relais avec le secrétariat du député russe – le passeport de Didier Bollecker, en amont de sa venue à Moscou pour signer le prêt russe, en septembre 2014.
Traits d’union entre Alexander Babakov et le Front national, Alexander Vorobyev et Mikhail Plisyuk apparaissent abondamment dans les échanges. C’est par eux que transitent toutes les demandes. Ils sont à la tête de deux structures, l’institut de l’OTSC (Organisation de l’entente sur la sécurité collective, bras militaire de la CEI, dominée par la Russie), et l’Institut de recherche sur l’intégration internationale. Alexander Vorobyev est devenu officiellement en 2021 le conseiller de Babakov à la Douma. Le second fait figure de « Monsieur affaires internationales » dans leurs échanges.
Babakov, Plisiyuk et Vorobyev sont accusés par la justice américaine d’avoir, entre 2012 et 2017, utilisé l’Institut de recherche sur l’intégration internationale comme cheval de Troie pour leurs activités d’influence aux États-Unis et d’avoir mené des actions de propagande anti-ukrainienne auprès de membres du Congrès.
En France, Plisiyuk et Vorobyev ont été au cœur d’une première tentative de prêt au Front national de 10 millions d’euros, en juin 2014, via l’Académie européenne, une fondation créée par Jean-Luc Schaffhauser pour œuvrer au rapprochement avec la Russie. Le 29 juin 2014, le conseil d’administration de l’Académie s’était réuni au domicile strasbourgeois de l’eurodéputé pour valider l’entrée des deux Russes parmi ses membres et évoquer la question du prêt au FN.
Selon un témoin, Wallerand de Saint-Just était présent et aurait rencontré les deux hommes. Questionné, le trésorier nous a assuré que ces deux noms ne lui « disaient rien ». L’argent semble avoir finalement suivi un autre canal. Car trois mois plus tard, le Front national a décroché le fameux prêt de la FCRB, d'un montant équivalent.
L'influence des deux Russes sur Jean-Luc Schaffhauser semble importante. Plusieurs mails démontrent que l’eurodéputé, à peine élu au Parlement européen en juillet 2014, leur a soumis des projets de communiqués. Dans un mail, Alexander Vorobyev transmet par exemple à Schaffhauser un « exemple de déclaration » sur la situation en Ukraine, que l’eurodéputé transfère à Marine Le Pen et à son conseiller aux affaires européennes pour validation, et dont il reprendra les propositions dans sa première intervention au Parlement européen.
L’élu organise aussi, avec Mikhail Plisyuk, une table ronde sur l’Ukraine à Bruxelles, intitulée : « Ukraine, information et désinformation mais réelle guerre civile en Europe : que peuvent faire les députés européens ? » Ces éléments, et l’accélération du lobbying prorusse au FN durant cette période, accréditent l’hypothèse d’une contrepartie politique au prêt russe, fermement démentie par Marine Le Pen.
Questionnés par Mediapart sur leur rôle dans les recherches de financements du Front national, aucun d’eux n’a répondu.
Interrogée en mai par la commission d’enquête sur nos révélations concernant ses liens avec Alexander Babakov, Marine Le Pen avait évoqué un « ami de Jean-Luc Schaffhauser » qu’elle avait rencontré deux fois, réfutant le caractère « secret » de ces entrevues. Sans en dire plus.
Le prêt russe et son soutien au Kremlin jusque l’invasion de l’Ukraine sont devenus les principaux boulets de la cheffe de file du RN. Lors du débat de l’entre-deux-tours de la présidentielle, c’est sur ce sujet qu’Emmanuel Macron l’avait mise en difficulté, l’accusant de « dépendre du pouvoir russe » : « Vous parlez à votre banquier quand vous parlez de la Russie, c’est ça le problème. »
Bien conscient que ce sujet est devenu un « angle d’attaque politique », Jordan Bardella, président du RN, a annoncé cet été que le remboursement du prêt, initialement prévu en 2019 et rééchelonné jusqu'en 2028, interviendrait « avant la fin de l'année, sauf dépense exceptionnelle ». Les commissions versées en marge de ce prêt font, elles, toujours l’objet d’une enquête du Parquet national financier.
Marine Turchi et Madeleine Leroyer
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Selon l’agence du transport aérien russe Rossaviatsia, le patron du Groupe Wagner, Evgueni Prigojine, 62 ans, se trouvait à bord d’un avion privé qui s’est écrasé, mercredi 23 août, dans la région de Tver, à environ 180 kilomètres au nord-ouest de Moscou. De nombreuses zones d’ombre et des interrogations entourent les circonstances et l’origine de l’accident. Voici ce que l’on sait.
Que s’est-il passé ?
L’avion, immatriculé RA-02795, a décollé de Moscou en direction de Saint-Pétersbourg entre 16 heures et 17 heures (heure de Paris). Selon Rossaviatsia, l’appareil appartenait à la société MNT-Aero, spécialisée dans l’aviation d’affaires.
Le jet a parcouru environ 180 kilomètres avant que le signal ADS-B (un système de géolocalisation utilisé par le contrôle du trafic aérien) qu’il émettait ne disparaisse, sans qu’il soit possible d’en déterminer la cause. Il se trouvait alors à 8 000 mètres, proche de son altitude de croisière.
Environ une heure plus tard, les images publiées sur les réseaux sociaux montraient la carcasse en feu d’un avion dont la forme des réacteurs, ainsi que les derniers caractères de son immatriculation (« 795 ») révèlent qu’il s’agit bien du même jet.
A l’aide d’autres vidéos montrant la chute de l’appareil, Le Monde est parvenu à localiser le site du crash, dans une prairie au sud du village de Koujenkino, dans le raïon Bologovski (oblast de Tver). Plusieurs corps étaient visibles, sans qu’il soit encore possible de les identifier.
Une enquête a été ouverte pour « violation des règles de sécurité du transport aérien ». « Une équipe d’enquêteurs a été envoyée sur les lieux (…) pour établir les causes de l’accident », a fait savoir le comité d’enquête de la Fédération de Russie.
La chaîne Telegram Grey Zone, proche de M. Prigojine et du Groupe Wagner, a accusé explicitement l’armée russe d’avoir abattu l’avion avec un missile antiaérien. Grey Zone assure que des témoins ont entendu « deux explosions caractéristiques du travail de la défense antiaérienne » et se fonde également sur des traces observées dans les vidéos du crash diffusées en ligne.
Qui se trouvait dans l’avion qui s’est écrasé ?
« Il y avait dix personnes à bord, dont trois membres d’équipage. Selon les premières informations, toutes les personnes à bord sont décédées », a d’abord annoncé sur Telegram le ministère des situations d’urgence russe.
L’agence Rossaviatsia a confirmé qu’Evgueni Prigojine se trouvait à bord de l’avion, ainsi que son bras droit, Dmitri Outkine, « Wagner », selon son nom de guerre, un homme discret, connu pour ses tendances néonazies.
Selon l’agence de presse russe Interfax sur Telegram, citant les services de secours, les corps des dix personnes qui se trouvaient à bord de l’avion ont été retrouvés. Les recherches sont terminées, a-t-elle ajouté, sans préciser si les victimes ont pu être identifiées.
Prigojine et Vladimir Poutine ?
Après avoir passé neuf ans en prison à l’époque soviétique pour des délits de droit commun, Evgueni Prigojine a monté un groupe de restauration qui a officié au Kremlin, ce qui lui a valu le surnom de « cuisinier de Poutine », et la réputation d’être devenu milliardaire grâce aux contrats publics. C’est cet argent qu’il aurait utilisé pour fonder le Groupe Wagner, une milice privée d’abord composée de vétérans endurcis de l’armée et des services spéciaux russes.
A l’occasion du conflit en Ukraine, il a recruté des dizaines de milliers de prisonniers pour aller combattre sur le front là où l’armée russe était en difficulté. En mai 2023, après près d’un an de combats sanglants, M. Prigojine a atteint son objectif, en revendiquant la prise par les Wagner de Bakhmout, dans l’est de l’Ukraine, célébrant une rare victoire russe, malgré son coût humain important.
Il a ensuite lancé une rébellion contre l’état-major russe et le ministre de la défense, Sergueï Choïgou, menée par ses hommes, qui ont brièvement capturé des sites militaires dans le sud de la Russie avant de se diriger vers Moscou. Le chef mercenaire a renoncé au coup de force au bout de vingt-quatre heures, négociant un exil pour lui et ses fidèles en Biélorussie. Il a échappé à la prison, à la justice, mais Vladimir Poutine avait dénoncé, sans prononcer son nom, la « trahison » d’Evgueni Prigojine, « provoquée par les ambitions démesurées et les intérêts personnels ».
En juillet, le président russe avait assuré qu’il avait proposé aux hommes de Wagner de servir sous le commandement d’une autre personne au sein de l’armée, mais que leur chef, Evgueni Prigojine, avait refusé cette offre.
Que faisait Evgueni Prigojine en Russie ?
Pour une raison inexpliquée, le patron de Wagner semblait aller et venir en Russie malgré son statut de paria, jusqu’à participer quelques jours après sa révolte à une réunion au Kremlin.
Lundi soir, il est apparu dans une vidéo diffusée par des groupes proches de Wagner sur les réseaux sociaux, où il affirmait se trouver en Afrique. Dans un paysage désertique et armé d’un fusil d’assaut, il disait travailler à « rendre la Russie encore plus grande sur tous les continents et l’Afrique encore plus libre ».
Quelles ont été les réactions à l’annonce de la mort d’Evgueni Prigojine ?
Un conseiller de la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, a sous-entendu que le rival de Vladimir Poutine a pu être éliminé par le Kremlin. « L’élimination spectaculaire de Prigojine et du commandement de Wagner deux mois après [leur] tentative de coup d’Etat est un signal de Poutine aux élites russes avant les élections de 2024 », a-t-il écrit sur X (anciennement Twitter), estimant que « Poutine ne pardonne à personne ».
Le président des Etats-Unis, Joe Biden, a déclaré qu’il n’était « pas surpris » de la possible mort du patron du Groupe Wagner. « Peu de choses se passent en Russie sans que Poutine y soit pour quelque chose », a-t-il estimé.
La meneuse de l’opposition biélorusse en exil, Svetlana Tsikhanovskaïa, a estimé qu’Evgueni Prigojine était un « meurtrier » qui « ne manquera à personne ». Elle a espéré sur X que « sa mort pourrait démanteler la présence de Wagner en Biélorussie », un pays allié de Moscou.
Le Kremlin a-t-il réagi ?
Vladimir Poutine a prononcé mercredi un discours à l’occasion du 80e anniversaire de la bataille de Koursk, au cours de la seconde guerre mondiale, se rendant dans cette région du sud-ouest de la Russie, frontalière de l’Ukraine. Sans mentionner le crash, le président russe a salué sur scène devant la foule le « dévouement » et la « loyauté » des soldats russes en Ukraine, qui « combattent avec courage et détermination ».
A Saint-Pétersbourg, près des locaux de la société Groupe Wagner, un mémorial a été improvisé dans la soirée de mercredi. Des bougies, des fleurs, des écussons et des banderoles à l’effigie du groupe paramilitaire ont été déposés et des sympathisants de la milice armée se recueillaient.
Le Monde avec AFP
Publié aujourd’hui à 04h32, modifié à 09h38
https:/Publié aujourd’hui à 04h32, modifié à 09h38/www.lemonde.fr/international/article/2023/08/24/ce-que-l-on-sait-de-la-mort-annoncee-d-evgueni-prigojine-le-patron-de-wagner_6186353_3210.html
Le patron du groupe Wagner, Evgeniy Prigozhin, figurait sur la liste des passagers d'un avion qui s'est écrasé, tuant tous ses occupants, a déclaré l'autorité russe de l'aviation civile.
Un peu plus tôt, la chaîne Telegram Grey Zone, liée à Wagner, a indiqué que l'avion Embraer avait été abattu par les défenses aériennes dans la région de Tver, au nord de Moscou.
Le jet, qui reliait Moscou à Saint-Pétersbourg, transportait sept passagers et trois membres d'équipage.
Prigozhin a mené une mutinerie avortée contre les forces armées russes en juin.
Selon Grey Zone, les habitants de la région ont entendu deux détonations avant le crash et ont vu deux traînées de vapeur.
L'agence de presse Tass a déclaré que l'avion avait pris feu en touchant le sol, ajoutant que quatre corps avaient déjà été retrouvés.
L'avion avait volé pendant moins d'une demi-heure.
Cette information de dernière minute est en cours d'actualisation et de plus amples informations seront publiées sous peu.
Prigozhin, 62 ans, a mené une mutinerie ratée contre les forces armées russes en juin après que le groupe Wagner se soit allié au Kremlin dans l'invasion de l'Ukraine en envoyant des mercenaires faire la guerre aux côtés des soldats russes.
Les 23 et 24 juin, le chef du groupe Wagner a retiré ses troupes de la ligne de front en Ukraine pour marcher sur la ville de Rostov-sur-le-Don, dans le sud de la Russie, tout en menaçant d’avancer jusqu’à Moscou.
Cette brève mutinerie faisait suite à des mois de tension avec les commandants militaires russes au sujet du conflit en Ukraine.
L'impasse a été résolue par un accord qui stipulait que Prigozhin renonçait à sa mutinerie et permettait aux troupes de Wagner de se rendre en Biélorussie ou de rejoindre l'armée russe.
Prigozhin lui-même a accepté de se rendre en Biélorussie, mais a apparemment pu se déplacer librement. Il a été vu en Russie et aurait également visité l'Afrique.
CRÉDIT PHOTO,WAGNER TELEGRAM ACCOUNT/ANADOLU AGENCY VIA GETTY IMAGES
Prigozhin avait été qualifié « d'homme mort qui marche »
"Un homme mort qui marche", c'est ainsi que plusieurs observateurs de l’actualité russe décrivaient le chef mercenaire de Wagner, Evgeniy Prigozhin, depuis qu'il a mené sa mutinerie sur Moscou en fin juin.
La première réaction du président Poutine à ce défi lancé à l'establishment de la défense russe a été vitriolique : il l'a qualifié de trahison et de coup de poignard dans le dos dans un message vidéo diffusé le 24 juin.
Le fait qu'un accord ait ensuite été conclu à la hâte, permettant à Prigozhin de rester en liberté et de réapparaître ensuite en Biélorussie, à Saint-Pétersbourg et, cette semaine, quelque part en Afrique, ne signifiait pas qu'il était hors d'état de nuire.
"La vengeance", a commenté le directeur de la CIA William Burns, "est un plat que Poutine préfère servir froid."
Bien entendu, rien de tout cela ne prouve que Prigozhin et son entourage ont été délibérément pris pour cible.
Mais compte tenu des circonstances, toute affirmation selon laquelle sa mort, si elle est confirmée, est un accident, suscitera une levée de boucliers.
Les spéculations sur les canaux Telegram suggèrent que l'avion qui s'est écrasé était un Embraer Legacy portant le numéro de série RA-02795.
Les données de suivi de FlightRadar24 - un site web populaire de suivi des vols - n'indiquent pas le lieu de départ de l'avion.
Plus tôt dans la journée, il est apparu près de Moscou, où il a grimpé jusqu'à une altitude de près de 29 000 pieds (8 800 m) avant que les données ne montrent qu'il a soudainement chuté, terminant sa course à 0 pied.
L'avion est enregistré au nom d'Autolex Transport, que le gouvernement américain a associé à Evgeny Prigozhin.
Les enregistrements de vol de l'avion sont désormais partiellement inaccessibles via FlightRadar24.
Mais il a effectué plusieurs voyages à destination et en provenance de Moscou et de Saint-Pétersbourg au cours des derniers mois, et a été photographié par les médias locaux au Belarus, où le groupe Wagner serait désormais basé.
Les données montrent qu'un deuxième avion a décollé vers Moscou
Certains chaines de Telegram russes ont émis l'hypothèse que le patron de Wagner, Yevgeny Prigozhin, aurait pu se trouver à bord d'un autre avion que celui qui s'est écrasé aujourd'hui.
L'autre jet, un autre Embraer 600, porte le numéro d'immatriculation RA-02748.
Les enregistrements de vol de l'avion sont partiellement inaccessibles via FlightRadar24, un site web populaire de suivi des avions.
Mais les données montrent qu'il a décollé de Saint-Pétersbourg plus tôt dans la journée et qu'il s'est dirigé vers Moscou. La trace disparaît près de l'aéroport d'Ostafyevo, dans la capitale russe.
La BBC n'a pas été en mesure de confirmer s'il était à bord de l'avion.
23 août 2023, 18:11 GMT Mise à jour il y a une heure
https://www.bbc.com/afrique/articles/c2vjpezl8ljo
ujourd'hui
10 VICTIMES
Selon l'agence russe Interfax sur Telegram, les corps des dix victimes qui se trouvaient à bord de l’avion d’affaires ont été retrouvés. Le média cite les services de secours, qui annoncent que les recherches sont terminées.
RÉCAPITULATIF
Un avion privé avec 10 personnes à son bord s'est écrasé mercredi en Russie. Le patron de Wagner, Evgueni Prigojine, fait partie des victimes. Après avoir temporisé, le groupe paramilitaire a confirmé la mort de son chef dans la soirée.
Le QG du groupe Wagner à Saint-Pétersbourg a été éclairé d'une croix ce mercredi, après l'annonce de son patron Evgueni Prigojine.
"UN MEURTRIER QUI NE MANQUERA À PERSONNE"
Evgueni Prigojine était un "meurtrier" qui "ne manquera à personne", estime la meneuse de l'opposition biélorusse Svetlana Tikhanovkaïa. "C'était un meurtrier et il faut s'en souvenir comme tel", martèle-t-elle.
CONFIRMATION EN RUSSIE
"Evgueni Prigojine et Dmitri Outkine se trouvaient à bord de l'avion qui s'est écrasé", confirme l'agence de presse russe TASS. Selon L'agence russe du transport aérien Rossaviatsia, le vol se déroulait "en vertu d'un permis d'espace aérien dûment délivré".
WAGNER ANNONCE LE DÉCÈS DE PRIGOJINE
"Evgueni Prigojine, chef du groupe Wagner, héros de la Russie, véritable patriote de sa patrie, est mort à la suite des actions des traîtres à la Russie", annoncent les chaînes Telegram Grey Zone, réputée proche de la milice, et Wagner Group, qui se présente comme le canal officiel de ce groupe.
QUELLES CAUSES DU CRASH ?
"Sur une image, on a un panache de fumée qui vient de l'extérieur avec deux couleurs. Une couleur blanche, qui correspond à la propulsion d'un missile, et un panache gris qui correspond à l'explosion. C'est exactement le même type d'image que des explosions par des missiles anti-aériens. J'ai vraiment l'impression que ça a été tiré de l'extérieur. Et ensuite, selon leurs témoignages, des gens au sol ont entendu des missiles", détaille sur LCI Xavier Tytelman, ancien aviateur militaire, spécialiste aéronautique Air et Cosmos. "La structure de l'avion a été détériorée. C'est une collision aérienne, c'est un missile. Une explosion venant de l'intérieur, une bombe par exemple, n'aurait pas laissé une deuxième traînée", ajoute l'expert.
"Je viens de parler avec des éminents wagnériens. Ils me confirment la mort d'Evgueni Prigojine et Dmitri Outkine (le bras droit du patron du groupe Wagner)", a indiqué Vladimir Rogov, le chef de l'administration pro-russe de la région de Zaporijia.
BIDEN "PAS SURPRIS"
"Je ne sais pas encore tout à fait ce qu'il s'est passé, mais je ne suis pas surpris", a déclaré Joe Biden à des journalistes. "Peu de choses ne se passent en Russie sans que Poutine n'y soit pour quelque chose," a ajouté le président américain depuis les montagnes de l'Ouest américain où il est avec sa famille.
CHAÎNE D'ÉTAT
La chaîne d'État russe Rossiya 24 a annoncé le décès d'Evgueni Prigojine.
HUIT CORPS
Huit corps ont, jusqu'ici, été découverts sur le lieu du crash, ont annoncé les services d’urgence, cités par l’agence russe Ria Novosti.
PORTRAIT DE PRIGOJINE
Le patron du groupe paramilitaire Wagner aurait perdu la vie ce mercredi 23 août dans un crash aérien en Russie. Selon les agences de presse russe Ria Novosti, TASS et Interfax, se référant à l'agence du transport aérien Rossaviatsia, le nom d'Evgueni Prigojine figure sur la liste des passagers de cet avion qui devait relier Moscou à Saint-Pétersbourg. Ancien proche de Vladimir Poutine, le chef de guerre est tombé en disgrâce en juin dernier après une rébellion avortée de sa milice contre l'état-major.
La mort d'Évgueni Prigojine ne "serait une surprise pour personne", a estimé mercredi la Maison Blanche. "Nous avons vu ce qui a été rapporté. Si cela était confirmé, ce ne serait une surprise pour personne", a indiqué Adrienne Watson, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de l'exécutif américain.
Joe Biden, dans les montagnes de l'Ouest américain avec sa famille, a par ailleurs été tenu informé de la situation, a fait savoir la présidence américaine.
"UN SIGNAL AUX ÉLITES RUSSES"
Selon la présidence ukrainienne, le crash de l'avion où se trouverait Évgueni Prigojine, est un "signal de Vladimir Poutine aux élites russes". "L'élimination spectaculaire de Prigojine et du commandement de Wagner deux mois après (leur) tentative de coup d'État est un signal de Poutine aux élites russes avant les élections de 2024", a estimé Mykhaïlo Podoliak, conseiller de Volodymyr Zelensky, estimant que le président russe "ne pardonne à personne".
POUTINE LORS D'UNE CÉRÉMONIE
Alors qu'Evgueni Prigojine est donné pour mort, le président Vladimir Poutine a prononcé un discours à l'occasion du 80ème anniversaire de la bataille de Koursk au cours de la Deuxième guerre mondiale. Sans mentionner le crash, le président russe a salué sur scène devant la foule les soldats russes en Ukraine, qui "combattent avec courage et détermination". "Le dévouement à la patrie et la loyauté au serment militaire unissent tous les participants à l'opération militaire spéciale", a-t-il déclaré, en référence au conflit en Ukraine.
SECOND AVION
Selon Flight Radar, un deuxième avion qui appartiendrait au groupe Wagner a atterri à Moscou.
Prigojine mort dans le crash d'un avion en Russie ?Source : TF1 Info
LES IMAGES DE L'ACCIDENT
Un avion s'est écrasé en Russie ce mercredi 23 août dans la région de Tver, à près de 200 km de Moscou. Selon les agences de presse russes, Evgueni Prigojine figurerait sur la liste des passagers.
Le patron du groupe paramilitaire Wagner était à l'origine d'une rébellion avortée contre le Kremlin en juin.
"Le ministère russe des Situations d'urgence mène des opérations de recherche" sur le site du crash de l'avion, près du village de Kujenko, a-t-il indiqué sur Telegram.
LE GROUPE WAGNER NIE LA MORT DE PROGOJINE
Le groupe Wagner affirme, sur Telegram, qu’un deuxième avion aurait fait demi-tour et pourrait transporter Evgueni Prigojine, le patron du groupe Wagner. "Le deuxième avion, qui appartient à Evgueni Prigojine , fait demi-tour au-dessus de la capitale et se dirige vers l'aéroport. Malgré le fait que de nombreuses chaînes écrivent que Prigojine est mort, il a pu voler dans un autre avion", écrit le groupe paramilitaire.
Découvrez les images du crash d'un avion en Russie, dans lequel se trouverait Evgueni Prigojine, le patron du groupe Wagner.
ON DE WAGNER DANS L'AVION ?
Selon les agences de presse russes, le patron de Wagner, Evgueni Prigojine, se trouvait sur la liste des passagers de l'appareil. "Une enquête a été ouverte sur l'accident d'avion qui s'est produit dans la région de Tver ce soir. D'après la liste des passagers, les nom et prénom d'Evgueni Prigojine figuraient sur cette liste", a indiqué l'Agence fédérale russe pour le transport aérien, rapporte l'agence TASS.
CRASH D'AVION
Un avion privé avec 10 personnes à son bord s'est écrasé mercredi près du village de Kujenkino, dans la région de Tver, en Russie, alors qu'il effectuait une liaison Moscou-Saint-Pétersbourg, sans laisser de survivants, ont annoncé les services de secours.
"Il y avait 10 personnes à bord, dont 3 membres d'équipage. Selon les premières informations, toutes les personnes à bord sont décédées", a indiqué sur Telegram le ministère russe des Situations d'urgence. Le vol aurait duré moins de 30 minutes.
BIENVENUE
Bonsoir à toutes et à tous, bienvenue dans ce direct consacré au crash d'un avion privé en Russie.
Personne n'aurait survécu. Un avion privé avec dix personnes à son bord s'est écrasé mercredi dans la région de Tver, en Russie, alors qu'il effectuait une liaison entre Moscou et Saint-Pétersbourg, sans laisser de survivants, ont annoncé les services de secours. "Il y avait dix personnes à bord, dont trois membres d'équipage. Selon les premières informations, toutes les personnes à bord sont décédées", a indiqué sur Telegram le ministère russe des Situations d'urgence. Le patron de
La coopération algéro-russe se concrétise sur le terrain. D. R.
L’ambassadeur d’Algérie en Russie, Smail Benamara, a affirmé, jeudi depuis Saint-Pétersbourg (Russie), que l’ouverture d’une ligne directe Alger-Saint-Pétersbourg permettra de renforcer la coopération bilatérale entre les deux pays dans différents domaines, notamment le tourisme et l’investissement.
Dans une déclaration à la presse en marge de l’arrivée du premier vol direct d’Air Algérie à l’aéroport Pulkovo de Saint-Pétersbourg, en provenance de l’aéroport international Houari-Boumediène, Benamara a précisé que cette nouvelle ligne permettra de renforcer la coopération dans différents domaines, notamment le tourisme et l’investissement.
Selon l’ambassadeur, la ligne facilitera les déplacements des hommes d’affaires et permettra aux touristes russes de venir découvrir les différentes régions d’Algérie et de transiter par Alger avant de gagner d’autres destinations en Afrique, en Europe, en Amérique et ailleurs.
La décision de l’ouverture de cette ligne directe a été prise lors de la visite du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en Russie en juin dernier, a rappelé le diplomate, ajoutant que son ouverture a coïncidé avec la tenue du Sommet Russie-Afrique dans ce pays.
Benamara a révélé que les deux pays examineront les moyens d’alléger les procédures d’octroi de visas à certaines catégories, comme les hommes d’affaires, les sportifs et les artistes afin de faciliter leurs déplacements.
Pour sa part, la directrice commerciale de l’aéroport de Pulkovo a estimé que cette ligne directe «est très importante» pour son pays car «elle permet aux citoyens russes de se rendre en Algérie dans le cadre du tourisme ou de l’investissement».
La responsable russe a salué cette réalisation, qui permet également aux Russes se rendant dans d’autres pays de transiter par l’Algérie.
Dans des déclarations à l’APS, des passagers à bord de ce premier vol direct entre Alger et Saint-Pétersbourg, notamment des membres de la communauté algérienne, des hommes d’affaires et des étudiants, se sont félicités de cette réalisation.
A cet égard, Chenini Mohamed, un expert international possédant un bureau à Saint-Pétersbourg, a déclaré que cette nouvelle ligne réduisait la durée et le coût du voyage.
L’homme d’affaires et consultant économique sénégalais Abdoulay Abadi, qui était à bord de ce premier vol, a dit qu’il a toujours eu des difficultés à se rendre en Russie car il devait transiter par la France ou la Turquie, se réjouissant de l’ouverture de cette ligne.
De son côté, Yahi Ali, propriétaire d’une agence de voyage à Alger, a indiqué que cette ligne directe lui ouvrait de nouvelles perspectives et lui permettait de proposer davantage d’offres et destinations touristiques à ses clients.
Air Algérie a opéré, mercredi soir, son premier vol direct reliant Alger à la ville russe de Saint-Pétersbourg. Le billet Alger/Saint-Pétersbourg/Alger coûte à partir de 59 703 DA TTC et le billet Saint-Pétersbourg/Alger/Saint-Pétersbourg à partir de 521 euros TTC.
Anonyme
28 juillet 2023 - 16 h 43 min
Saint Petersburg capitale de l’Empire russe de 1712 jusqu’en mars 1917 elle est la deuxième ville de Russie par sa population, avec 5 281 579 habitants en 2017, après la capitale Moscou. Plus grande métropole septentrionale du monde.. important centre culturel européen,des monuments historiques,un ensemble architectural unique,des universites de renommee.Saint-Pétersbourg est la deuxième ville d’Europe par sa superficie et la quatrième par sa population après Istanbul, Moscou et Londres.Le centre historique de la ville, avec ses 2 300 palais, ses magnifiques bâtiments et ses châteaux, figure depuis 1991 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.La ville abrite le plus haut gratte-ciel d’Europe, le Lakhta Centre, qui mesure 462 mètres…. La ligne directe est une excellente initiative,et un lien logistique important pour l industrie touristique naissante en Algerie….Ouvrir une representation de l office du tourisme Algerien avec celui d air Algerie dans cette grande metropole Russe serait aussi une excellente idee..
Le regain de tension en mer Noire, région stratégique dans le conflit russo-ukrainien, nous ramène 70 ans en arrière, sous la guerre froide, comme nous l'explique Slimane Zeghidour.
Le 24 février 2013, Gérard Depardieu visite le musée d’Akhmad Kadyrov, seigneur de guerre, devenu le dirigeant pro-russe, dans la capitale provinciale de la Tchétchénie, Grozny, en Russie. (MUSA SADULAYEV/AP/SIPA)
La Mordovie présente une différence d’importance avec la Syldavie autrefois explorée par Tintin et Milou : contrairement à cette dernière, elle existe. C’est cette République russe située à plus de 600 kilomètres à l’est de Moscou qui a accueilli à bras ouverts un autre visiteur francophone de renom il y a dix ans de cela. Et si l’intrépide reporter belge avait sauvé la monarchie syldave en restituant au roi Muskar XII son précieux sceptre d’Ottokar, un chef d’Etat bien réel va tirer d’un mauvais pas un exilé fiscal en lui accordant de nouveaux papiers d’identité. En ce 6 janvier 2013, trois jeunes femmes mordves saluent l’arrivée de l’acteur français par -15° sur le tarmac de l’aéroport de Saransk en lui offrant du pain, du sel et des blinis. A sa sortie du bimoteur, le bonhomme hirsute vêtu de pantalons de velours et d’un blouson de cuir lance, hilare : « Schumrat Mordovia ! » (Bonjour la Mordovie ! ).
Magnanime, Vladimir Volkov, gouverneur de la République autonome, ajoute au panier de bienvenue un appartement de 100 m2 situé 1, rue de la Démocratie (sic) et mieux encore, si le saltimbanque le souhaite, « un poste de ministre de la Culture de Mordovie ». Le jour dit sur la scène du Théâtre national de Saransk, le très seyant costume blanc traditionnel que Gérard enfile, radieux, le boudine. Il s’en moque, il brandit face aux caméras le véritable objet de cet événement monté de toutes pièces : un passeport russe offert par un autre Vladimir, le tout-puissant président Poutine trois jours plus tôt au bord de la mer noire à Sotchi :
« Depardieu est un homme du monde. Nous avons de très bonnes relations avec lui. (…) S’il veut un permis de séjour ou un passeport, c’est comme si c’était fait. (…) Laissez venir Depardieu, nous avons un taux d’imposition de 13 % qui ne changera pas… ».
Il ne s’agit pas seulement d’une échappatoire offerte à une star après sa dernière sortie de route – Depardieu a rendu son passeport français pour, dit-il, échapper à l’insupportable impôt frappant les hommes d’affaires dans son genre, en échange de papiers d’identité, l’artiste, comme l’alchimiste de Goethe avant lui, vend son âme.
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Face à l’Occident décadent
A la même période, ce diable de Poutine vient d’entamer un nouveau règne. Elu au premier tour de l’élection présidentielle en mars, il entame un troisième mandat après avoir présidé le gouvernement du premier de ses obligés, Dmitri Medvedev. Néanmoins, sa candidature et le tour de passe-passe entre les deux chefs d’Etat pour contourner la Constitution ont été largement contestés. Parmi ses opposants, les Pussy Riot font parler d’elles dans le monde entier mettant Poutine dans une posture difficile pour un homme dont la souplesse évoque celle du mont Elbourz (5 643 m). Il doit montrer sa fermeté tout en soignant l’attractivité de son pays face à l’Occident décadent. Lors de son premier discours à la nation, dans la salle des fêtes du Kremlin, il annonce la création d’un impôt sur les grandes fortunes et une réforme contre les opérations illégales dans l’économie russe.
Ne se sentant nullement visé, Gérard Depardieu lui adresse une déclaration d’amour qu’on croirait écrite par un enfant :
« J’adore votre pays la Russie, ses hommes, son histoire, ses écrivains. […] Il y fait bon vivre. […] La Russie [est] une grande démocratie, et ce n’[est] pas un pays où un premier ministre [traite] un citoyen de minable ».
A la fin, il sort les violons : « Dans un pays aussi grand on n’est jamais seul, Car chaque arbre, chaque paysage portent en nous un espoir. Il n’y a pas de mesquinerie en Russie, il n’y a que des grands sentiments. »
Avec une précision d’importance : « Il y a un endroit que j’aime,où se trouve le Gosfilmofond dirigé par mon ami Nikolai Borodachev. Au bord des forêts de bouleaux, je m’y sens bien.» Le directeur des colossales archives russes du cinéma est originaire du coin et lui a vendu l’idée d’une évasion champêtre.
Les Russes sont hilares : la Mordovie est une région perdue de sinistre réputation où la population ne cesse de baisser depuis les années 1970, mais Gégé, au vu de sa carrure, vaut bien deux habitants de plus. C’est là que depuis Staline, on envoie les dissidents de toutes sortes. En 2013, 20 000 prisonniers croupissent dans dix-huit colonies pénitentiaires. Si Depardieu s’y était rendu en train, il aurait noté que le wagon de tête est systématiquement réservé aux détenus. Vladimir Poutine a d’autant plus d’intérêt à y envoyer le nouvel interprète de Raspoutine pour la télévision russe que Nadejda Tolokonnikova, la leader des Pussy Riot, purge une peine de deux ans dans la colonie 14 d’où elle dénonce publiquement tabassages, privations arbitraires, et les 16 heures de travail par jour. Ce que confirme alors Vladimir Rubachny, patron d’un centre local des droits de l’homme : « Les gens sont transformés en bétail, ils n’ont pas d’autre choix que de devenir des personnes pires qu’avant. »
Grâce au parachutage, la Mordovie fait désormais l’objet d’un nouveau récit et bénéficie d’un des attachés de presse les plus célèbres du monde. Depuis, à chaque interview, le citoyen russe né en France conduisant grâce à un permis belge, ressort son archet :
« Vivant une partie de l’année en Russie, je vois juste que Poutine est admiré par la majorité de son peuple, reconnaissante qu’il lui ait rendu sa dignité perdue face à l’étranger et sa place dans les relations internationales. Vous savez, pour moi ne sont vraiment dictateurs que ceux qui affament leur population, donc Poutine n’est pas un dictateur : personne ne crève de faim en Russie. »
Surtout pas eux. La fortune du locataire (avec un bail renouvelable) du Kremlin est estimée par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project à entre 4,5 et 200 milliards d’euros pour un salaire mensuel officiel de 10 000 euros. Loin derrière, le comédien qui prend « des leçons de géopolitique » de Poutine, accumule presque autant de business que de films : une société de production, des vignes et châteaux dans l’Anjou, en Bourgogne, dans le Médoc, dans l’Hérault, mais aussi au Maghreb, en Europe de l’Est et en Amérique du Sud, des restaurants, une poissonnerie et une épicerie fine à Paris, une concession Yamaha ainsi que de l’immobilier en France et en Belgique. Cette manie de l’accumulation, propre aux anciens pauvres, n’est pas le seul trait liant les deux hommes. « Poutine, c’est un ancien voyou, explique l’ex-loubard de Châteauroux. Je l’ai entendu parler aux oligarques qui essaient de saigner le pays, il n’a pas sa langue dans sa poche. C’est eux qui ont peur de lui et pas l’inverse. » Tout comme Depardieu avec le cinéma français. Si la presse mondiale a glosé sur leurs caractères antagonistes sur l’air du feu contre la glace, les similitudes sont réelles. « L’Etat, c’est moi », dit l’un, « le cinéma, c’est moi » peut répondre l’autre.
De la banque Sovietsky aux cuisines Maria
Surtout, derrière la froideur de l’un et l’exubérance de l’autre, on retrouve la même cupidité. Car là où Depardieu pose ses valises, il tourne… des pubs. La banque Sovietsky, les cuisines Maria, les montres Custos, la compagnie d’aviation arménienne Armavia, une compagnie de taxis, la cuisine azerbaïdjanaise, du ketchup… Selon « le Figaro », sa présence au festival de cinéma Eurasia au Kazakhstan se négociait 100 000 dollars pour quelques jours. Un business qui lui a fait envisager avant son exil russe de devenir citoyen du Monténegro où, proche de Milo Djukanovic, un autre homme d’Etat resté vingt ans au pouvoir, il investit dans l’immobilier.
Dès lors, l’acteur apparaît pour ce qu’il est devenu : un mercenaire se vendant au plus offrant. Il a aussi offert un vernis de respectabilité au tristement célèbre leader tchétchène Ramzan Kadyrov interdit de séjour dans l’Union européenne, en acceptant d’être l’invité d’honneur de son 36e anniversaire. Avant d’enregistrer un duo langoureux, « Le ciel se tait », avec Gulnara, la fille du président ouzbek Islam Karimov resté vingt-cinq ans au pouvoir au prix d’une sanglante répression ou encore de faucher les blés avec le biélorusse Alexandre Loukachenko, un autre autocratOn l’a même aperçu en 2018 à Pongyang au défilé militaire de la Corée du Nord. Pour Jean-Claude Livi son premier agent : « C’est une provocation qui s’apparente à un suicide. » Deux autres hypothèses s’offrent à nous : soit les dictateurs ont été soufflés par son jeu dans « le Tartuffe », le seul film qu’il a réalisé, soit, en fins lecteurs de Machiavel, ils savent qu’un monarque ne survit pas sans courtisans. Les mercenaires ont ceci d’utile qu’ils acceptent toutes sortes de missions.
Après avoir obtenu les JO de Sotchi, Poutine voulait la Coupe du Monde de Football 2018 et il l’a eue. C’est ainsi qu’on a croisé Gégé au gala du Ballon d’or en Suisse, au côté du patron de la Fifa, Sepp Blatter, un autre bienfaiteur de l’humanité, auprès de qui il devait plaider la cause de Saransk comme future ville hôte. Un peu plus tard, on le retrouvera d’ailleurs à l’écran dans « United Passions », un film à la gloire de la Fifa sorti directement en DVD.
« Poutine est l’homme dont la Russie a besoin »
Chez Goethe, le pacte entre Faust et Méphistophélès ne prend pas fin. En pleine nuit de Walpurgis, une fête païenne où le Diable s’adonne aux plaisirs orgiaques au milieu de démons, le sage Faust détourne les yeux. Il est difficile de ne pas y penser face au silence de l’acteur bavard quand, en 2015, la Fédération de Russie s’engage en Syrie aux côtés du boucher Bachar el-Assad et bombarde les populations civiles faisant plus de 6 000 morts, quand en Russie les ONG sont mises au pas, quand de nouvelles lois pénalisent la communauté LGBTQ + ou quand le premier opposant Alexei Navalny est empoisonné puis envoyé en prison. « La grande démocratie » ne prend plus de gants pour se faire passer pour ce qu’elle n’est pas et notre Faust joufflu, les yeux fermés, poursuit sa fuite en avant aux côtés de son maître.
En décembre 2017, il affirme à l’agence Tass avoir conversé avec lui au sujet de sa quatrième candidature à la présidentielle: « Il va se présenter et je pense qu’il est le genre d’homme dont la Russie a besoin. » Son candidat de cœur sera réélu en 2018 malgré la fraude électorale constatée par les observateurs. Quelques mois plus tard, Depardieu quitte Saransk pour Novosirbisk en Sibérie afin d’y développer des documentaires et lancer une affaire de distribution d’aliments. Depuis, il doit tourner dans la région de Kaliningrad un film sur les exploits du légendaire bataillon de soldats Normandie-Niemen pendant la Seconde Guerre mondiale.
Entre-temps, la Russie a envahi l’Ukraine et déclenché une guerre bien réelle ayant déjà causé plus de 100 000 morts. Ce sera l’occasion de la première crise dans le couple en mars 2022 : « Je suis contre cette guerre fratricide. Je dis : “Arrêtez les armes et négociez !” » lance-t-il dans le vide. Depuis cette sortie, il refuse d’en parler. Peut-être se souvient-il que les camps et prisons parsemant les prairies de Mordovie et de Sibérie où il réside de temps à autre sont remplis de citoyens ayant dénoncé le massacre. A lui, dont on dit le bureau parisien encombré de classiques, on ne saurait trop conseiller quelques-uns des derniers vers de l’œuvre de Goethe. Quand Faust tente une dernière fois de rompre le pacte avec Méphistophélès en lui reprochant « ta profonde rage acharnée à détruire, ton œil de tigre et ta face puissante », ce dernier a le dernier mot: « Va ! Tente la fortune ! Et quand tu te seras bien prostitué dans une lâche hypocrisie, reviens épuisé et perclus. L’homme ne comprend guère que ce qui le flatte. »
La tension règne à la frontière entre l'Ukraine et la Biélorussie.
L’armée ukrainienne renforce la frontière avec la Biélorussie après que ce pays a annoncé l’arrivée sur son sol de soldats des troupes Wagner, après leur rébellion avortée contre Moscou fin juin.
Reportage.
À un poste frontière fermé depuis longtemps entre l’Ukraine et la Biélorussie, les forces ukrainiennes sont en alerte, mais Oleg, un garde-frontière, kalachnikov à la main, dit n’avoir vu aucun signe de la présence de mercenaires de Wagner de l’autre côté. L’armée ukrainienne a indiqué jeudi qu’elle renforçait la frontière avec la Biélorussie avec des tranchées et des mines, après que ce pays a annoncé l’arrivée sur son sol de soldats de Wagner, après leur rébellion avortée contre Moscou fin juin.
Kiev surveille "de près l’évolution de la situation"
Selon Oleg, 26 ans, aucun mouvement de troupes Wagner n’a été repéré dans ce secteur de la frontière. Mais l’Ukraine est prête à "repousser" toute tentative d’incursion de forces russes, y compris du groupe Wagner, dit le soldat, qui n’a pas donné son nom. "Depuis que nous avons été poignardés dans le dos depuis la Biélorussie, nous n’excluons pas qu’il puisse y avoir des mouvements ou déploiements de combattants de Wagner sur le territoire biélorusse", ajoute-t-il. Le 24 février 2022, c’est par le territoire de la Biélorussie que l’armée russe s’était lancée vers Kiev en entrant dans la région ukrainienne de Tchernihiv. Dans le même temps, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes a demandé aux alliés occidentaux plus d’armements afin de mener à bien la contre-offensive. Minsk a indiqué cette semaine que des combattants de Wagner entraînaient désormais les forces biélorusses près d’Assipovitchy, dans l’est du pays. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a souligné que Kiev "surveillait de près l’évolution de la situation (…) et qu’il n’y avait actuellement aucune menace majeure" pour l’Ukraine. Le matin de l’invasion du 24 février, les gardes-frontières ukrainiens ont fait sauter un pont routier sur le fleuve Dnipro, frontière naturelle avec la Biélorussie. Les forces russes sont entrées dans la région de Tchernihiv ce jour-là. Des combats acharnés ont eu lieu jusqu’au retrait des forces russes en avril 2022. La région, néanmoins, est toujours régulièrement bombardée.
Un calme inquiétant
À la frontière, les gardes-frontières ukrainiens ont déclaré qu’ils observaient leurs homologues biélorusses mais ne leur parlaient pas. La situation à la frontière est "sous contrôle, calme, nous n’enregistrons aucune provocation du côté biélorusse", a dit Oleg. Il a indiqué que les forces ukrainiennes estimaient qu’environ 2 000 militaires de l’armée régulière russe se trouvaient sur le territoire de la Biélorussie, ainsi que des avions et des hélicoptères. La rue principale du village de Dniprovske compte deux boutiques et une église. Viktor Koren, 76 ans, qui s’y rendait pour acheter du fromage, a reconnu être "nerveux". "Bien sûr, je suis nerveux. Parce que c’est si proche. Il y a une rivière près de nous, une frontière, et ces connards sont de l’autre côté de la frontière", a-t-il dit, faisant référence aux Russes. Dans l’épicerie où il range des marchandises, Ilya Bobok, 20 ans, se dit pour sa part convaincu que l’Ukraine pourra résister à toute nouvelle attaque. "La première fois, ils (les Russes) avaient l’élément de surprise. Maintenant, je pense que ça ne marchera pas. Nous avons des gens aguerris. Des gars courageux. Je pense qu’il n’y a rien à craindre", a-t-il dit. La propriétaire du magasin, Kateryna Bobok, 37 ans, confirme qu’il n’y a "aucun signe que quelque chose a changé". Mais elle reste perplexe. "C’est même encore plus calme, c’est un peu inquiétant", dit-elle.
L’ARTISTE ET LE PRÉSIDENT (1/12). En accordant au comédien un passeport russe en 2013, le président russe s’est acheté un attaché de presse à toute épreuve. Les deux hommes forts se ressemblent et ont des intérêts communs.
La Mordovie présente une différence d’importance avec la Syldavie autrefois explorée par Tintin et Milou : contrairement à cette dernière, elle existe. C’est cette République russe située à plus de 600 kilomètres à l’est de Moscou qui a accueilli à bras ouverts un autre visiteur francophone de renom il y a dix ans de cela. Et si l’intrépide reporter belge avait sauvé la monarchie syldave en restituant au roi Muskar XII son précieux sceptre d’Ottokar, un chef d’Etat bien réel va tirer d’un mauvais pas un exilé fiscal en lui accordant de nouveaux papiers d’identité. En ce 6 janvier 2013, trois jeunes femmes mordves saluent l’arrivée de l’acteur français par -15° sur le tarmac de l’aéroport de Saransk en lui offrant du pain, du sel et des blinis. A sa sortie du bimoteur, le bonhomme hirsute vêtu de pantalons de velours et d’un blouson de cuir lance, hilare : « Schumrat Mordovia ! » (Bonjour la Mordovie ! ).
Magnanime, Vladimir Volkov, gouverneur de la République autonome, ajoute au panier de bienvenue un appartement de 100 m2 situé 1, rue de la Démocratie (sic) et mieux encore, si le saltimbanque le souhaite, « un poste de ministre de la Culture de Mordovie ». Le jour dit sur la scène du Théâtre national de Saransk, le très seyant costume blanc traditionnel que Gérard enfile, radieux, le boudine. Il s’en moque, il brandit face aux caméras le véritable objet de cet événement monté de toutes pièces : un passeport russe offert par un autre Vladimir, le tout-puissant président Poutine trois jours plus tôt au bord de la mer noire à Sotchi :
« Depardieu est un homme du monde. Nous avons de très bonnes relations avec lui. (…) S’il veut un permis de séjour ou un passeport, c’est comme si c’était fait. (…) Laissez venir Depardieu, nous avons un taux d’imposition de 13 % qui ne changera pas… ».
Il ne s’agit pas seulement d’une échappatoire offerte à une star après sa dernière sortie de route – Depardieu a rendu son passeport français pour, dit-il, échapper à l’insupportable impôt frappant les hommes d’affaires dans son genre, en échange de papiers d’identité, l’artiste, comme l’alchimiste de Goethe avant lui, vend son âme.
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Face à l’Occident décadent
A la même période, ce diable de Poutine vient d’entamer un nouveau règne. Elu au premier tour de l’élection présidentielle en mars, il entame un troisième mandat après avoir présidé le gouvernement du premier de ses obligés, Dmitri Medvedev. Néanmoins, sa candidature et le tour de passe-passe entre les deux chefs d’Etat pour contourner la Constitution ont été largement contestés. Parmi ses opposants, les Pussy Riot font parler d’elles dans le monde entier mettant Poutine dans une posture difficile pour un homme dont la souplesse évoque celle du mont Elbourz (5 643 m). Il doit montrer sa fermeté tout en soignant l’attractivité de son pays face à l’Occident décadent. Lors de son premier discours à la nation, dans la salle des fêtes du Kremlin, il annonce la création d’un impôt sur les grandes fortunes et une réforme contre les opérations illégales dans l’économie russe.
Ne se sentant nullement visé, Gérard Depardieu lui adresse une déclaration d’amour qu’on croirait écrite par un enfant :
« J’adore votre pays la Russie, ses hommes, son histoire, ses écrivains. […] Il y fait bon vivre. […] La Russie [est] une grande démocratie, et ce n’[est] pas un pays où un premier ministre [traite] un citoyen de minable ».
A la fin, il sort les violons : « Dans un pays aussi grand on n’est jamais seul, Car chaque arbre, chaque paysage portent en nous un espoir. Il n’y a pas de mesquinerie en Russie, il n’y a que des grands sentiments. »
Avec une précision d’importance : « Il y a un endroit que j’aime,où se trouve le Gosfilmofond dirigé par mon ami Nikolai Borodachev. Au bord des forêts de bouleaux, je m’y sens bien.» Le directeur des colossales archives russes du cinéma est originaire du coin et lui a vendu l’idée d’une évasion champêtre.
Les Russes sont hilares : la Mordovie est une région perdue de sinistre réputation où la population ne cesse de baisser depuis les années 1970, mais Gégé, au vu de sa carrure, vaut bien deux habitants de plus. C’est là que depuis Staline, on envoie les dissidents de toutes sortes. En 2013, 20 000 prisonniers croupissent dans dix-huit colonies pénitentiaires. Si Depardieu s’y était rendu en train, il aurait noté que le wagon de tête est systématiquement réservé aux détenus. Vladimir Poutine a d’autant plus d’intérêt à y envoyer le nouvel interprète de Raspoutine pour la télévision russe que Nadejda Tolokonnikova, la leader des Pussy Riot, purge une peine de deux ans dans la colonie 14 d’où elle dénonce publiquement tabassages, privations arbitraires, et les 16 heures de travail par jour. Ce que confirme alors Vladimir Rubachny, patron d’un centre local des droits de l’homme : « Les gens sont transformés en bétail, ils n’ont pas d’autre choix que de devenir des personnes pires qu’avant. »
Grâce au parachutage, la Mordovie fait désormais l’objet d’un nouveau récit et bénéficie d’un des attachés de presse les plus célèbres du monde. Depuis, à chaque interview, le citoyen russe né en France conduisant grâce à un permis belge, ressort son archet :
« Vivant une partie de l’année en Russie, je vois juste que Poutine est admiré par la majorité de son peuple, reconnaissante qu’il lui ait rendu sa dignité perdue face à l’étranger et sa place dans les relations internationales. Vous savez, pour moi ne sont vraiment dictateurs que ceux qui affament leur population, donc Poutine n’est pas un dictateur : personne ne crève de faim en Russie. »
Surtout pas eux. La fortune du locataire (avec un bail renouvelable) du Kremlin est estimée par l’Organized Crime and Corruption Reporting Project à entre 4,5 et 200 milliards d’euros pour un salaire mensuel officiel de 10 000 euros. Loin derrière, le comédien qui prend « des leçons de géopolitique » de Poutine, accumule presque autant de business que de films : une société de production, des vignes et châteaux dans l’Anjou, en Bourgogne, dans le Médoc, dans l’Hérault, mais aussi au Maghreb, en Europe de l’Est et en Amérique du Sud, des restaurants, une poissonnerie et une épicerie fine à Paris, une concession Yamaha ainsi que de l’immobilier en France et en Belgique. Cette manie de l’accumulation, propre aux anciens pauvres, n’est pas le seul trait liant les deux hommes. « Poutine, c’est un ancien voyou, explique l’ex-loubard de Châteauroux. Je l’ai entendu parler aux oligarques qui essaient de saigner le pays, il n’a pas sa langue dans sa poche. C’est eux qui ont peur de lui et pas l’inverse. » Tout comme Depardieu avec le cinéma français. Si la presse mondiale a glosé sur leurs caractères antagonistes sur l’air du feu contre la glace, les similitudes sont réelles. « L’Etat, c’est moi », dit l’un, « le cinéma, c’est moi » peut répondre l’autre.
De la banque Sovietsky aux cuisines Maria
Surtout, derrière la froideur de l’un et l’exubérance de l’autre, on retrouve la même cupidité. Car là où Depardieu pose ses valises, il tourne… des pubs. La banque Sovietsky, les cuisines Maria, les montres Custos, la compagnie d’aviation arménienne Armavia, une compagnie de taxis, la cuisine azerbaïdjanaise, du ketchup… Selon « le Figaro », sa présence au festival de cinéma Eurasia au Kazakhstan se négociait 100 000 dollars pour quelques jours. Un business qui lui a fait envisager avant son exil russe de devenir citoyen du Monténegro où, proche de Milo Djukanovic, un autre homme d’Etat resté vingt ans au pouvoir, il investit dans l’immobilier.
Dès lors, l’acteur apparaît pour ce qu’il est devenu : un mercenaire se vendant au plus offrant. Il a aussi offert un vernis de respectabilité au tristement célèbre leader tchétchène Ramzan Kadyrov interdit de séjour dans l’Union européenne, en acceptant d’être l’invité d’honneur de son 36e anniversaire. Avant d’enregistrer un duo langoureux, « Le ciel se tait », avec Gulnara, la fille du président ouzbek Islam Karimov resté vingt-cinq ans au pouvoir au prix d’une sanglante répression ou encore de faucher les blés avec le biélorusse Alexandre Loukachenko, un autre autocrate.
On l’a même aperçu en 2018 à Pongyang au défilé militaire de la Corée du Nord. Pour Jean-Claude Livi son premier agent : « C’est une provocation qui s’apparente à un suicide. » Deux autres hypothèses s’offrent à nous : soit les dictateurs ont été soufflés par son jeu dans « le Tartuffe », le seul film qu’il a réalisé, soit, en fins lecteurs de Machiavel, ils savent qu’un monarque ne survit pas sans courtisans. Les mercenaires ont ceci d’utile qu’ils acceptent toutes sortes de missions.
Après avoir obtenu les JO de Sotchi, Poutine voulait la Coupe du Monde de Football 2018 et il l’a eue. C’est ainsi qu’on a croisé Gégé au gala du Ballon d’or en Suisse, au côté du patron de la Fifa, Sepp Blatter, un autre bienfaiteur de l’humanité, auprès de qui il devait plaider la cause de Saransk comme future ville hôte. Un peu plus tard, on le retrouvera d’ailleurs à l’écran dans « United Passions », un film à la gloire de la Fifa sorti directement en DVD.
« Poutine est l’homme dont la Russie a besoin »
Chez Goethe, le pacte entre Faust et Méphistophélès ne prend pas fin. En pleine nuit de Walpurgis, une fête païenne où le Diable s’adonne aux plaisirs orgiaques au milieu de démons, le sage Faust détourne les yeux. Il est difficile de ne pas y penser face au silence de l’acteur bavard quand, en 2015, la Fédération de Russie s’engage en Syrie aux côtés du boucher Bachar el-Assad et bombarde les populations civiles faisant plus de 6 000 morts, quand en Russie les ONG sont mises au pas, quand de nouvelles lois pénalisent la communauté LGBTQ + ou quand le premier opposant Alexei Navalny est empoisonné puis envoyé en prison. « La grande démocratie » ne prend plus de gants pour se faire passer pour ce qu’elle n’est pas et notre Faust joufflu, les yeux fermés, poursuit sa fuite en avant aux côtés de son maître.
En décembre 2017, il affirme à l’agence Tass avoir conversé avec lui au sujet de sa quatrième candidature à la présidentielle: « Il va se présenter et je pense qu’il est le genre d’homme dont la Russie a besoin. » Son candidat de cœur sera réélu en 2018 malgré la fraude électorale constatée par les observateurs. Quelques mois plus tard, Depardieu quitte Saransk pour Novosirbisk en Sibérie afin d’y développer des documentaires et lancer une affaire de distribution d’aliments. Depuis, il doit tourner dans la région de Kaliningrad un film sur les exploits du légendaire bataillon de soldats Normandie-Niemen pendant la Seconde Guerre mondiale.
Entre-temps, la Russie a envahi l’Ukraine et déclenché une guerre bien réelle ayant déjà causé plus de 100 000 morts. Ce sera l’occasion de la première crise dans le couple en mars 2022 : « Je suis contre cette guerre fratricide. Je dis : “Arrêtez les armes et négociez !” » lance-t-il dans le vide. Depuis cette sortie, il refuse d’en parler. Peut-être se souvient-il que les camps et prisons parsemant les prairies de Mordovie et de Sibérie où il réside de temps à autre sont remplis de citoyens ayant dénoncé le massacre. A lui, dont on dit le bureau parisien encombré de classiques, on ne saurait trop conseiller quelques-uns des derniers vers de l’œuvre de Goethe. Quand Faust tente une dernière fois de rompre le pacte avec Méphistophélès en lui reprochant « ta profonde rage acharnée à détruire, ton œil de tigre et ta face puissante », ce dernier a le dernier mot: « Va ! Tente la fortune ! Et quand tu te seras bien prostitué dans une lâche hypocrisie, reviens épuisé et perclus. L’homme ne comprend guère que ce qui le flatte. »
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