GRÂCE À L’ISLAM
La première chose que je vois, c’est la grâce de Dieu. C’est elle que je prie chaque jour qui se lève avant de me lever de mon lit, en disant :
Ya illahi… je n’ai confiance qu’en toi et je n’ai d’alliance qu’avec toi.
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La première chose que je vois, c’est la grâce de Dieu. C’est elle que je prie chaque jour qui se lève avant de me lever de mon lit, en disant :
Ya illahi… je n’ai confiance qu’en toi et je n’ai d’alliance qu’avec toi.
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Rédigé le 15/07/2024 à 16:06 dans Islam, Lejournal Depersonne, Racisme, Religion | Lien permanent | Commentaires (0)
Le 12 juin 2024, le recteur de la Grande Mosquée de Paris (GMP), Chems Eddine Hafiz, a lancé un appel aux musulmans de France pour les exhorter à voter aux prochaines élections législatives en France. Il a invité les imams à sensibiliser leurs fidèles et à les appeler à la mobilisation contre l’extrême droite.
L’appel de Hafiz est intervenu au lendemain d’un long entretien qu’il a eu avec le président algérien, qui l’a reçu à Alger.
Des membres du Rassemblement national (RN) ont aussitôt protesté contre ce qu’ils ont qualifié d’«ingérence inacceptable» des autorités algériennes dans les affaires intérieures françaises. Aymeric Chauprade, ancien député européen, a tenu à rappeler au recteur de la GMP, «qu’il est tenu à un certain devoir de réserve sur le plan politique. On lui demande de s’occuper de la foi de ses fidèles, non de leur vote et encore moins de se comporter en relai d’un gouvernement étranger.»
Depuis qu’elle existe, la GMP a été impliquée dans diverses polémiques et débats. Certains ont concerné sa gestion interne, notamment des questions de transparence financière et de gouvernance. D’autres ont été liés à des controverses politiques, comme l’influence du gouvernement algérien sur ses activités ou les déclarations de ses représentants sur des questions sensibles telles que la laïcité et l’intégration des musulmans en France.
L’idée de la construction d’un lieu de culte musulman à Paris est née à la fin du XIXᵉ siècle avec le soutien du sultan Hassan Iᵉʳ (1873-1894) et du sultan ottoman notamment. La mosquée a finalement été construite dans les années 1920 comme un «geste de reconnaissance» envers les musulmans nord-africains qui avaient combattu aux côtés des Français pendant la Première Guerre mondiale et pour symboliser l’unité franco-musulmane. La GMP occupe une place emblématique au cœur de la capitale française, dans le Vᵉ arrondissement, non seulement en tant qu’institution religieuse et culturelle mais aussi en tant que monument à l’architecture de style marocain original surmonté d’un minaret de 33 mètres.
La GMP a été construite grâce à une subvention de l’Etat français, accordée en dérogation à la loi de 1905 sur la séparation des églises et de l’État à la Société des habous et lieux saints de l’islam. Cette association, créée avec l’accord du sultan Moulay Youssef, du bey de Tunis et du mufti d’Alger, et présidée par Abdelkader (Kaddour) Benghabrit, fonctionnaire français d’origine algérienne, a été chargée de la construction et de la gestion de la mosquée.
L’inauguration a eu lieu le 15 juillet 1926 en présence du président français Gaston Doumergue et du sultan Moulay Youssef. Benghabrit a été nommé directeur de la mosquée et de l’institut musulman de Paris, fonctions qu’il a occupées jusqu’à sa mort en 1954.
Prise de contrôle par le gouvernement algérien
En l’absence de dispositions statutaires relatives à la désignation du directeur, le gouvernement français a nommé à ce poste Hamza Boubakeur. L’Institut musulman a été alors rattaché administrativement au ministère de l’Intérieur, soucieux de contrer l’activisme des nationalistes marocains et algériens. En 1982, Abbas Bencheikh El Hocine a succédé à Boubakeur.
À la même époque, après le retrait de la tutelle de l’administration française, l’Algérie s’est impliquée dans le financement du budget de la GMP, ce qui a permis au gouvernement algérien d’avoir un droit de regard sur la gestion de l’institution et la nomination de son directeur.
Les recteurs de la Grande Mosquée de Paris ont toujours été des algériens. Outre ceux qui ont été cités plus haut, se sont succédé à la tête de la mosquée Tedjini Haddam (1989-1992), Dalil Boubakeur (1992-2020) et enfin Chems-eddine Hafiz (depuis 2020).
Un recteur controversé
L’actuel recteur de la Grande Mosquée de Paris, Hafiz, est une figure controversée. Sa personnalité et ses prises de position ont suscité des réactions variées au sein de la communauté musulmane et au-delà. Son «élection» en 2020 à la surprise générale et dans des conditions suspectes, qualifiées par ses détracteurs de «hold-up», à la suite de la démission de Dalil Boubakeur, a soulevé des interrogations y compris en Algérie où on lui a reproché ses liens avec l’ancien président Bouteflika. Plus récemment, au lendemain des attaques du Hamas du 7 octobre 2023, il s’est attiré les foudres de la presse algérienne qui lui a reproché d’avoir renvoyé dos à dos l’agresseur et l’agressé. Des journaux proches du pouvoir ont fait état de la «convocation» à Alger du recteur et de son adjoint, un officier des services de sécurité algériens. Ils ont exprimé la crainte de voir cette importante institution religieuse échapper au contrôle du régime algérien.
Ancien avocat du Polisario, Hafiz est mal vu par la communauté marocaine. Ses déclarations politiques polarisantes, ses liens étroits avec Alger et son hostilité au Maroc ne le prédestinaient pas à diriger une institution symbolique de l’islam de France et à se positionner comme arbitre au-dessus des clivages entre les différentes communautés musulmanes. Il a révélé une autre face de sa personnalité en tenant des propos vulgaires à l’endroit d’un contradicteur sur un réseau social à la fin du mois de ramadan dernier.
Par-delà la personnalité de son recteur, la GMP est devenue au fil du temps un relais du système algérien et de ses services, qui en ont fait un outil d’influence au service de la politique algérienne en France. En décembre 2020, l’ambassadeur algérien à Paris déclarait sans ambages que «la Grande Mosquée de Paris est d’abord algérienne et ne sera jamais rien d’autre.»
De son côté, le Maroc semble avoir mis ce sujet en veilleuse .Ainsi, les cérémonies du 19 octobre 2022 commémorant le centenaire de la GMP ont eu lieu en l’absence de toute représentation marocaine. Interrogé le 17 décembre 1989 au sujet d’un éventuel litige, le défunt roi Hassan II a déclaré : «Cette Mosquée a été inaugurée en 1926 par mon grand-père. C’est le Maroc qui a donné les trois quarts des subsides pour que la mosquée soit payée sur les habous des trois pays : Algérie, Maroc, Tunisie. Et depuis que cette mosquée existe, jamais la direction n’est revenue au Maroc. Car si Kadour Ben Ghabrit, que Dieu ait son âme, était un Algérien, bien qu’il ait été fonctionnaire marocain détaché auprès de mon père en tant que chef du protocole.»
Hassan II était apparemment irrité de cette situation car il a annoncé dans la foulée qu’il comptait demander au maire de Paris, Jacques Chirac, «de nous vendre un terrain, et nous allons, par souscription, construire une mosquée où nous mettrons un imam marocain, sunnite.» Preuve de son dépit, le défunt souverain a ajouté «et vous verrez alors, à ce moment-là, comme lorsqu’il y a une meule de foin non égrené que le vent séparera de lui-même la bonne graine et que tout ce qui est paille et autres ira d’un autre côté. Vous verrez que tous les bons Musulmans viendront pour la plupart dans notre mosquée.»
En cas de victoire du RN aux prochaines élections, les relations officielles des autorités françaises avec la GMP et son recteur pourraient connaitre des tensions. L’extrême droite française n’a jamais vu d’un bon œil la présence d’une mosquée au cœur de Paris. En 1926, Charles Maurras a exprimé dans L’Action française ses réserves à ce sujet, considérant l’édification de ce «trophée de la foi coranique sur cette colline Sainte-Geneviève où enseignèrent tous les plus grands docteurs de la chrétienté anti-islamique représente plus qu’une offense à notre passé : une menace pour notre avenir…»
Ce texte, qualifié de «visionnaire», a été republié plusieurs fois depuis, récemment dans Résistance républicaine en 2015.
Ali Achour |
https://www.barlamane.com/fr/la-mosquee-de-paris-algerianisee/
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Rédigé le 29/06/2024 à 21:12 dans Religion | Lien permanent | Commentaires (0)
Soupçonnés en permanence d’islamisme radical et craignant d’être accusés d’apologie du terrorisme, une partie des Français musulmans et/ou d’origine maghrébine choisissent de se taire. D’autres, souvent parmi les plus qualifiés, décident de quitter leur pays. Le nord de la France apparait comme un laboratoire de cette ambiance délétère par bien des aspects.
28 août 2023. Une jeune femme portant l’abaya marche dans les rues de Lille, dans le nord de la France.DENIS CHARLET/AFP
NADIA DAKI
Journaliste.
https://orientxxi.info/magazine/nord-de-la-france-les-musulmans-entre-autocensure-et-depart-a-l-etranger,7325
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Rédigé le 14/05/2024 à 08:28 dans France, Islamophobie, Racisme, Religion | Lien permanent | Commentaires (0)
Décidement, la France n’est pas pour rien le pays de la mode : après les années hidjab, les étés burkini, nous voilà donc face à une rentrée abaya.
Après les années hidjab, les étés burkini, nous voilà donc face à une rentrée abaya. Notre connaissance du vestiaire islamique devient encyclopédique : la France n’est pas pour rien le pays de la mode. D’ailleurs, on a vu, la même semaine que la polémique sur ces tuniques longues, le retour remarqué de LVMH, en la figure du contesté Johnny Depp, égérie du groupe de luxe, parmi les annonceurs du « Journal du dimanche » (« JDD ») nouvelle formule. Celui de Geoffroy Lejeune et des batailles culturelles sans fin pour rasseoir les concepts d’une suprématie blanche au rang des théories politiques acceptables. Ce « JDD » qui, selon Sarkozy demeure un bastion du centre droit, même dirigé par le journaliste qui avait fait de « Valeurs » un fanzine zemmourien. Les obsessions identitaires, autrement dit, sont au cœur de notre pacte républicain. Et l’abaya de passer, en quelques cases habilement jouées, d’un magazine d’extrême droite au discours de rentrée du nouveau ministre de l’Education nationale, qui a décidé de l’interdire à l’école.
Les demi-habiles ont dénoncé un contre-feu destiné à masquer des problèmes autrement plus criants, quant à la pérennité du pacte républicain, affectant l’école. Je ne crois plus qu’on en soit là, à dénoncer l’usage politique du racisme et de l’islamophobie. Je crois, en cette affaire, le ministre et son gouvernement parfaitement sincères.
On a répété que l’interdiction de l’abaya allait engendrer des ruptures graves du pacte républicain – car comment distinguer une abaya d’une tunique longue, sinon en habillant celle-ci d’intentions invisibles, ce qui aurait mécaniquement pour conséquence qu’on laissera passer les filles blanches, mais qu’on soumettra les « Arabes » à un interrogatoire poussé sur leurs choix vestimentaires et préférences religieuses. L’Etat, censé garantir la liberté de conscience, vient de réinventer le confessionnal : il prendra place dans les bureaux des proviseurs ou, mieux, par une ironie sordide et vengeresse, dans ces guérites en verre blindé qui protègent désormais les établissements scolaires des intrusions terroristes.
Le président, gêné l’autre jour par les relances de HugoDécrypte, a eu beau insister sur le fait qu’il ne faisait pas de parallèle entre le port de l’abaya et la mort de Samuel Paty, il a néanmoins attribué aux deux événements une cause commune : le mépris des règles de la laïcité.
Aurélien Bellanger
Publié le
https://www.nouvelobs.com/chroniques/20230916.OBS78229/abaya-des-annees-longues-comme-des-jupes.html
Rédigé le 16/09/2023 à 07:58 dans Islam, Religion | Lien permanent | Commentaires (0)
En colère ou désabusés, les enseignants sont nombreux à regretter que le gouvernement mette l’accent sur l’interdiction de l’abaya à l’école plutôt que sur d’autres sujets tels que la pénurie de professeurs.
Une jeune femme porte une abaya à Nantes, le 31 août 2023. (LOIC VENANCE / AFP)
« Il ne nous manquait plus qu’avoir à faire la police du tissu… » Gilles Vervisch, professeur de philosophie dans un lycée d’Eaubonne, dans le Val-d’Oise, n’arrive pas à voir un quelconque intérêt à l’annonce faite dimanche dernier par le ministre de l’Education Gabriel Attal de l’interdiction de l’abaya à l’école dès le lundi 4 septembre.
A cette date, ce vêtement traditionnel féminin couvrant le corps, porté par certaines élèves musulmanes, sera banni des établissements scolaires publics.
Le ministre a envoyé jeudi 30 août au soir, veille de prérentrée des enseignants, une note de service aux chefs d’établissements au sujet de l’interdiction de l’abaya et du qamis, leur assurant son « devoir absolu d’être toujours à [leurs] côtés ». Pour autant, les professeurs ne sont pas convaincus. Et regrettent que ce sujet occulte de plus importantes problématiques en cette journée de rentrée.
« Il est nécessaire d’apporter des clarifications sur le respect de la laïcité à l’école », souligne Sophie Vénétitay, secrétaire générale du syndicat Snes-Fsu et professeure de SES dans un lycée de l’Essonne. Pour autant, le sujet n’est pas pour elle « une priorité » en cette rentrée, et elle craint que cette mesure symbolique ne s’avère contreproductive : « Sur le terrain, on se rend bien compte que, dans 95 % des cas, ces situations se dénouent d’elles-mêmes par le dialogue. Ça permet d’éviter que ces élèves et ces familles quittent l’école publique et aillent dans le privé confessionnel. Ce serait alors une véritable défaite pour l’école de la République. »
De son côté, Gilles Vervisch juge cette interdiction « sortie de nulle part ». « L’année dernière c’était le “crop top”, cette année l’abaya… Les vêtements ne doivent être pas trop courts, ni trop longs… Quand laissera-t-on les femmes et les filles s’habiller comme elles le souhaitent ? », s’insurge-t-il. D’autant plus que cette tenue n’est pas considérée par le Conseil français du Culte musulman (CFCM) comme un vêtement religieux ostentatoire.
« Pourquoi aller chercher un signe religieux dans un habit traditionnel ? Dans ce cas, il faut aussi interdire les serre-tête pour les catholiques. Si on cherche à interdire tous les signes de culture arabo-musulmane, on ne fera que renforcer la stigmatisation… »
Un avis partagé par Paul*, enseignant en lettres et histoire dans un lycée professionnel de Seine-Saint-Denis, qui voit dans la mesure « une dimension raciste ». « Il existe des robes larges qui sont “fashion” et qui ne posent aucun problème à personne. L’abaya, parce qu’elle est associée à la culture musulmane, est combattue pour récupérer des voix. » Et de conclure que, pour lui, l’interdiction n’est rien d’autre qu’une mesure « populiste ».
La détermination entre ce qui est une abaya et ce qui est une robe ample et longue sera laissée au personnel éducatif, et notamment aux directeurs d’établissements, qui devront statuer sur ce qui est « religieusement acceptable ».
Sauf que, dans les faits, les enseignants craignent que cette tâche ne leur incombe. « De toute façon, c’est toujours sur nous, les profs, que ça tombe », lâche, laconiquement Eric*, enseignant dans un lycée public des Hauts-de-Seine. « Le directeur ne fait jamais la grille à l’entrée [l’accueil des élèves en début de journée, NDLR]. Ce sont les surveillants et les profs qui vont devoir juger la tenue des élèves », regrette de son côté Paul. Une surveillance qui s’ajoute aux missions, déjà nombreuses, des professeurs.
Lui assure d’ailleurs qu’il ne serait « absolument pas à l’aise » de demander à une élève de ne pas porter d’abaya. Gilles Vervisch non plus : « Je ne suis pas sûr que je le ferai, indique-t-il. Je ne vais pas sortir mon mètre à couture pour savoir si la longueur de la robe est bonne. J’ai d’autres chats à fouetter. »
Tous s’accordent cependant à dire que cette mesure sortie du chapeau est en réalité l’arbre qui cache la forêt. Et qu’interdire l’abaya détourne le débat « des vrais problèmes » auquel est confrontée l’Education nationale. Pour Eric :
« C’est une polémique habilement lancée par Gabriel Attal, notre nouveau ministre de l’Education. Comme ça, on ne parle pas des vrais sujets de l’Education nationale : le besoin de réévaluer les salaires, les difficultés à recruter, etc. »
Sophie Vénétitay rappelle en effet que la rentrée de ce lundi sera marquée par un « manque de professeurs » et « des classes surchargées ». Selon les chiffres du ministère de l’Education nationale, début juillet, sur plus de 23 800 postes ouverts en 2023 dans le public, 3 163 n’ont pas été pourvus. Le nombre de postes non pourvus s’élève à 1 315 dans le premier degré (maternelle et élémentaire) et 1 848 dans le second degré (collèges et lycées).
Autre sujet d’importance, la revalorisation des salaires. Les responsables syndicaux portent ainsi un regard sévère sur le « pacte enseignant » mis en place par Pap Ndiaye, le prédécesseur de Gabriel Attal, et garantissant une hausse de 10 % des salaires des professeurs en contrepartie de nouvelles missions, comme l’aide aux devoirs. « On est très loin de cet objectif de 10 %. Actuellement, pour la moitié des professeurs, la revalorisation n’est que de 90 euros sans contrepartie. S’ils veulent plus, les enseignants doivent travailler davantage, ce qui nous semble inadmissible », soulignait ainsi Guislaine David, co-secrétaire générale du SNUIPP-FSU, syndicat majoritaire des enseignants du premier degré, à « l’Obs ».
Rédigé le 03/09/2023 à 13:22 dans Islam, Religion | Lien permanent | Commentaires (0)
Paris, le 2 juin 2023. L’anthropologue française Florence Bergeaud-Blackler, chercheuse au CNRS, quitte l’université de la Sorbonne sous escorte policière après une conférence.
Rédigé le 15/06/2023 à 09:24 dans Religion | Lien permanent | Commentaires (0)
Viestes pare-balles, caméras de surveillance ultraperformantes, serrures électroniques, agents de sécurité… À Montréal, les prières dans les mosquées et les synagogues se font sous haute sécurité. Juifs et musulmans prennent des mesures considérables pour se prémunir contre les actes haineux, relativement peu nombreux jusqu’ici, mais chaque fois troublants.
20 janvier : un adolescent s’en prend à deux juifs hassidiques dans une rue d’Outremont, les projetant violemment au sol, assénant un coup de pied dans le dos de l’un d’eux.
10 avril : un homme fracasse, avec un bloc de béton, une vitre de la mosquée Al-Omah al-Islamiah dans le centre-ville de Montréal, et s’y infiltre après avoir pourchassé un fidèle à 5 h du matin, en plein ramadan.
Quatre jours plus tôt, un automobiliste tente de percuter des fidèles musulmans rassemblés à l’extérieur d’une mosquée à Scarborough, en Ontario. Il y a deux ans, à 200 km de là, une attaque à la voiture-bélier avait tué quatre membres d’une même famille musulmane, dont une adolescente.
Au Canada, comme ailleurs dans le monde, les crimes haineux se suivent et ne se ressemblent pas. Leur nombre a atteint un record au pays en 2021 avec 3360 cas signalés, dont 884 visant des membres de communautés religieuses. Une hausse de 72 % depuis 2019, selon les dernières données de Statistique Canada.
Bien qu’elle ne représente que 0,9 % de la population canadienne, c’est la communauté juive qui est la plus visée avec 487 cas recensés. La communauté musulmane, qui compte pour 4,9 % de la population, a quant à elle connu la plus forte progression (+71 %) du taux de crimes haineux en un an, le nombre de cas passant de 84 à 144.
Mentionnons aussi qu’en 2021, plusieurs églises dans l’Ouest canadien ont, elles aussi, fait les frais des crimes haineux à la suite de la découverte de centaines de sépultures non marquées sur des sites d’anciens pensionnats pour Autochtones.
À Montréal, les crimes haineux visant les communautés religieuses ont connu une légère hausse de près de 4 % entre 2020 et 2021, leur nombre passant de 70 à 73. Ce chiffre a toutefois chuté de 31,5 % en 2022 avec 55 crimes signalés, selon les données du SPVM. Toronto, quant à elle, a recensé 75 cas en 2021, soit une hausse de 30 % en un an.
Ces chiffres sont toutefois à prendre avec des pincettes, selon la police, puisque plusieurs victimes ou témoins n’osent pas dénoncer ce genre d’incidents aux autorités.
« Notre grand défi, c’est d’amener les victimes à porter plainte. Certaines personnes à Montréal ne savent même pas qu’elles sont victimes d’un crime ou d’un incident haineux. »
Des exemples de crimes haineux
Des exemples d’incidents haineux
Radio-Canada s’est entretenue avec une vingtaine d’intervenants de milieux divers − religieux, communautaires, policiers et gouvernementaux − pour dresser un portrait de la situation sécuritaire dans les lieux de culte à Montréal.
Les communautés musulmanes et juives étant les plus ciblées, c’est dans les mosquées et les synagogues que l’on trouve les mesures de sécurité les plus importantes.
En plus de systèmes d’alarme, la quasi-totalité des 150 synagogues et mosquées de la métropole sont dotées de caméras de sécurité, dont certaines sont ultraperformantes et capables de traquer les mouvements et de filmer la nuit en haute définition.
La plupart de ces lieux de culte sont également protégés par des portes munies de serrures électroniques qui ne peuvent être activées qu’avec une carte à puce ou un code d’accès.
Une caméra de sécurité sur une mosquée de Montréal.PHOTO : RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS
Parmi les autres mesures instaurées, on trouve aussi :
Les mesures ont été considérablement renforcées au cours des dernières années, notamment depuis l'attentat de la grande mosquée de Québec en 2017 pour les musulmans (6 morts et 8 blessés) et la fusillade dans la synagogue de Pittsburgh en 2018 pour la communauté juive (11 morts et 6 blessés).
C’est d’ailleurs à la suite de cette attaque aux États-Unis que la Fédération CJA, un organisme d’aide à la communauté juive, a lancé son programme de Réseau de sécurité communautaire
(RSC) dont la principale mission est d’assurer la protection des synagogues et des écoles juives dans la grande région de Montréal. En tout, ce sont 38 institutions qui font partie de ce réseau, dont environ 20 synagogues.
Le modèle, qui existe ailleurs au Canada et aux États-Unis, a été mis sur pied à Montréal par une poignée d’experts en sécurité de haut calibre, dont Michael Masters, un ancien capitaine de la Marine américaine, Jacques Bisson, un commandant retraité du SPVM, et David Zarfati, un ancien agent de renseignements israélien qui était responsable de la sécurité du consulat de l’État hébreu à Montréal avant de rejoindre la Fédération CJA.
Le choix de ces experts était intentionnel
, affirme Yair Szlak, PDG de la Fédération CJA. C’est important d’avoir les meilleurs cerveaux dans le domaine de la sécurité pour assurer la protection de la communauté.
« La fusillade de Pittsburgh a représenté un tournant. Nous nous sommes demandé si nos écoles et nos synagogues étaient préparées si un tel incident devait survenir à Montréal. La réponse était non, nous n’étions pas assez protégés. »
C’est alors que l’organisme a organisé une levée de fonds pour lancer son réseau sécuritaire et a réussi à récolter près de 6 millions de dollars en 2019.
Les coûts [des mesures de sécurité] sont faramineux!
, s’indigne M. Szlak. On parle d’un investissement de près de 5 millions de dollars par année pour les synagogues, les écoles et autres institutions juives uniquement à Montréal.
Selon lui, la part du lion du budget revient aux agents de sécurité, soit un investissement annuel de 50 000 $ à 100 000 $ pour avoir un ou deux gardiens aux entrées des écoles et des synagogues
, explique M. Szlak.
Du côté de la communauté musulmane, il n’existe pas d’équivalent au Réseau de sécurité communautaire
juif. Chaque mosquée est ainsi responsable de sa propre sécurité et les investissements peuvent aller de 15 000 $ à 80 000 $, selon le niveau de fréquentation et la taille de chaque lieu de culte.
Depuis 2007, les communautés religieuses peuvent toutefois compter sur le Programme de financement des projets d’infrastructures de sécurité pour les collectivités à risque (PFPIS) du gouvernement fédéral qui permet de couvrir 50 % des coûts liés à la sécurité, jusqu’à concurrence de 100 000 $ par projet.
À part les lieux de culte, deux autres catégories d’organisations sans but lucratif sont admissibles au programme, notamment les établissements d’enseignement privés, y compris les écoles, et les centres communautaires.
En 2021, le ministère de la Sécurité publique du Canada, qui gère ce programme, a reçu un total de 118 demandes, dont 84 provenant de lieux de culte à travers le pays, dont 33 mosquées, 9 synagogues et 27 églises. Tous ont obtenu un financement, sauf une seule mosquée.
Selon Magali Deussing, porte-parole du ministère de la Sécurité publique, « le PFPIS a alloué près de 6,5 millions de dollars à des projets visant à soutenir les organisations à but non lucratif menacées par des crimes motivés par la haine » entre avril 2021 et mars 2023.
Depuis 2017, on constate une hausse de 10 % des demandes à chaque appel de demandes, résume-t-elle. Face à [cette] augmentation, [...] le PFPIS est passé d’un appel de demandes ouvert toute l’année à une période de dépôt de demandes définie de deux mois.
Dans une lettre ouverte publiée en févri
Le programme n’est pas préparé pour recevoir des dizaines et des dizaines de demandes
, explique Steven Zhou, porte-parole du Conseil national des musulmans canadiens et l’un des signataires de cette lettre. Le processus est trop lent, certaines mosquées doivent attendre plus d’un an avant de recevoir des fonds.
« Avec la montée de l’islamophobie, [...] les mosquées cherchent à se protéger en faisant appel à ce programme. C’est un gros problème, surtout qu’avec la pandémie, plusieurs mosquées ont dû fermer leurs portes sans être en mesure de récolter des fonds de la communauté. »
Dans un courriel, le ministère de la Sécurité publique dit examiner des solutions visant à accélérer les interventions en cas d’incident grave
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Si pour la communauté juive de Montréal, c’est la situation au Moyen-Orient, et en Israël plus particulièrement, qui influence la poussée des actes antisémites visant les synagogues, la communauté musulmane, quant à elle, s’inquiète surtout de la montée de l’extrême droite au Canada et ailleurs dans le monde, ainsi que de l’impact de certaines politiques locales qu’elle juge discriminatoires à son égard.
Le sentiment de malaise et d’insécurité peut être déclenché à tout moment
, dit Youssouf Talha, responsable d’une mosquée à Saint-Léonard. Il déplore un climat politique et médiatique qui contribue à alimenter la haine
, faisant allusion à la loi 21 qui interdit le port de signes religieux aux employés de l'État en position d'autorité, y compris les enseignants du primaire et du secondaire. Une loi qui, pour plusieurs musulmans interrogés, stigmatise les femmes voilées.
Toutes les mesures de sécurité dans les mosquées sont le résultat d’un sentiment d’insécurité
, nuance de son côté Samer Majzoub, président du Forum musulman canadien.
« Il y a des fidèles qui ont peur d’aller à la mosquée. D’autres y restent à peine cinq minutes pour prier. C’est vraiment dommage, nous sommes au Canada, pas dans un pays en guerre. »
Les actes haineux sont souvent liés à l’actualité
, explique de son côté Louis Audet Gosselin, directeur scientifique et stratégique au sein du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence. Quand une communauté est associée à un élément de l'actualité, ça entraîne presque toujours des actes haineux ciblant les membres de cette communauté-là [...] et les lieux de culte sont des cibles assez courantes et vulnérables parce qu’ils sont identifiables.
Conscient des répercussions que peut avoir l’actualité sur son travail, le Module des incidents et des crimes haineux (MICH) du SPVM a mandaté deux agents pour examiner les tendances mondiales
et établir des liens avec ce qui se passe sur le territoire
, explique la commandante Anouk St-Onge. Ces agents sont aussi chargés de créer des ponts avec les différentes communautés culturelles et religieuses de Montréal.
Mais Montréal reste une ville de paix
, relativise le président d’une synagogue qui a été vandalisée au cours de la dernière année. Ce n’est pas comme en Europe, où des lieux de culte doivent se cacher ou se faire protéger par des hommes armés. Ici, au moins, on s’affiche.
C’est l’heure de la prière dans la mosquée Al-Omah al-Islamiah. Des dizaines de fidèles commencent à arriver, un par un, deux par deux.
Dans un geste quasi automatique, chacun sort une clé magnétique de sa poche et déverrouille la porte d’entrée sous les lentilles bienveillantes des caméras de sécurité.
Ces mesures sont malheureuses, mais nécessaires
, réagit l’un.
C’est un lieu de méditation ici, on ne devrait pas ressentir le besoin de nous protéger
, rétorque un autre.
On est protégés
, lui répond un troisième. Dans la maison de Dieu, on est protégés.
UN TEXTE DE RANIA MASSOUDPHOTOGRAPHIES : IVANOH DEMERS
https://ici.radio-canada.ca/recit-numerique/5889/securite-montreal-mosquees-synagogues-crimes-haineux?intcmp=liste-weekend_index
Arrestation d’un mineur pour des agressions à caractère haineux dans Outremont
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a arrêté jeudi un jeune homme soupçonné d'avoir agressé gratuitement deux membres de la communauté juive hassidique en pleine rue, le 20 janvier dernier, dans l’arrondissement d’Outremont.
Les enquêteurs du Module incidents et crimes haineux (MICH) du SPVM ont procédé à l’arrestation du suspect après que ce dernier, un mineur, se fut rendu de lui-même aux autorités, jeudi matin. L'adolescent était recherché pour voies de fait depuis les événements.
Ce soir-là, le suspect aurait d’abord invectivé un passant, membre de la communauté hassidique, vers 21 h 50 au coin des avenues Van Horne et Bloomfield, avant de s’en prendre physiquement à lui en le projetant violemment au sol.
Sur des images captées par une caméra de surveillance et publiées temporairement par le SPVM, on aperçoit une personne prendre la fuite en courant pour aller rejoindre un groupe de personnes apparemment du même âge qui l’attendaient sur l’avenue Van Horne, un peu plus loin.
Une trentaine de minutes plus tard, vers 22 h 25, l’individu aurait récidivé en s’en prenant à un autre membre de la communauté hassidique, cette fois au coin des avenues Bernard et d'Outremont.
La victime, qui circulait à pied, a aussi été projetée au sol en pleine rue, cette fois après avoir reçu un violent coup de pied dans le bas du dos.
L'agresseur avait cette fois pris la fuite en empruntant l’avenue Wiseman et en allant, une fois de plus, rejoindre un groupe qui l’attendait un peu plus loin.
Le suspect a été libéré sous conditions j
usqu’à sa comparution, le 5 mai prochain, devant la Chambre de la jeunesse de la Cour du Québec.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1973155/spvm-suspect-agressions-hassidique-montreal-outremont
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Rédigé le 11/06/2023 à 13:07 dans Islam, Israël, Religion | Lien permanent | Commentaires (0)
L’édition 2023 de l’étude « Immigrés et descendants d’immigrés » publiée par l’Insee révèle le rôle central joué par la famille dans la reproduction de l’appartenance religieuse. Les recherches menées sur le terrain confirment ces données, mais elles rendent aussi compte d’un autre facteur : la stigmatisation des musulmans finit par renforcer l’identité religieuse.
La sécularisation est souvent considérée par les milieux académiques et politiques comme une tendance en constante progression dans les différentes sociétés occidentales. L’Europe, et plus particulièrement la France, a été à l’avant-garde de ce mouvement en croyant que la religion était soluble dans la modernité. Toutefois, les chiffres récemment publiés par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans l’étude « Immigrés et descendants d’immigrés »1, largement basés sur ceux de la deuxième édition de l’enquête « Trajectoires et origines » réalisée entre 2019 et 2020 nuancent l’idée d’une sécularisation, en particulier chez les musulmans et les juifs.
Cette enquête a été menée sur un échantillon représentatif de 27 200 personnes. Réalisée en pleine période de pandémie, elle ne prend certes pas en compte l’impact de celle-ci sur la vie spirituelle des personnes interrogées, alors qu’il est probable que la crise sanitaire a eu un effet significatif sur les comportements et les croyances. Par ailleurs, l’âge des personnes interrogées se situe entre 18 et 59 ans, ce qui exclut la partie la plus âgée de la population qui est, selon d’autres études, la plus tournée vers la religion. Néanmoins, cette enquête s’avère riche en enseignements.
L’étude de l’Insee révèle que le catholicisme reste la première religion en France ; 29 % de la population s’en revendique. Cependant, l’islam connaît une croissance importante : 10 % de la population se déclare musulmane, ce qui confirme sa position de deuxième religion en France.
L’enquête met par ailleurs en évidence l’importance de la pratique religieuse chez les immigrés et leurs descendants. Certes, les individus âgés de 18 à 59 ans sont de plus en plus nombreux à ne pas se réclamer d’une religion. Mais, alors que 58 % des personnes sans ascendance migratoire se disent sans religion, c’est le cas de 19 % seulement des immigrés arrivés après l’âge de 16 ans et de 26 % des descendants de deux parents immigrés. En revanche, seulement 14 % des descendants d’immigrés issus de couples mixtes et 1 % de la population sans ascendance migratoire se déclarent de confession musulmane.
Concernant les affiliations et les pratiques religieuses au sein des familles immigrées et de leurs descendants en France, l’enquête montre que, tandis que la pratique religieuse des familles chrétiennes diminue fortement, celle des familles musulmanes et juives se maintient. Il ressort également de l’étude que la transmission de la religion est plus forte chez les individus élevés dans une famille musulmane, avec 91 % d’entre eux se considérant appartenir à la religion de leurs parents, contre 84 % chez les juifs et seulement 67 % chez les catholiques.
Cette forte transmission de la religion musulmane pourrait s’expliquer par l’importance de l’encadrement maternel, y compris dans le domaine religieux, au sein des familles immigrées – maghrébines, subsahariennes et turques en particulier. Dans les mêmes statistiques de l’Insee, on remarque d’ailleurs que 78 % des femmes qui se déclarent musulmanes considèrent la religion comme importante dans leur vie, contre 73 % des hommes.
Nos observations empiriques sur le terrain auprès de responsables associatifs musulmans en Île-de-France et à Mulhouse éclairent certaines des données de cette enquête. Elles confirment que la transmission de la religion au sein des familles d’immigrés revêt une grande importance. Elle se fait souvent par le biais de l’engagement des femmes musulmanes dans des associations cultuelles et culturelles, contribuant à la vie de la communauté religieuse.
Warda, enseignante et responsable associative, également en Seine–Saint-Denis, nous a ainsi déclaré :
Si les femmes musulmanes n’étaient pas présentes dans nos structures, de nombreuses associations auraient du mal à réaliser des activités et à être présentes sur le terrain. Ces mamans et sœurs font preuve d’un dévouement remarquable et sont toujours prêtes à s’engager sans contrepartie.
Farid, membre du bureau d’une association cultuelle en Seine–Saint-Denis, en relation avec de nombreuses organisations, nous a quant à lui affirmé :
Les femmes musulmanes sont très nombreuses et actives au sein de nos associations, sans chercher nécessairement à occuper des postes de responsabilité. Elles donnent de leur temps sans compter pour ces associations.
Notons que cette tendance n’est pas propre à l’espace musulman : dans son livre Logiques de genre dans l’engagement associatif2, la sociologue Sophie Rétif souligne que les femmes sont plus impliquées dans les associations que dans les partis politiques ou les syndicats, mais qu’elles occupent rarement des postes de dirigeantes.
Quant à Mokhtar, ancien vice-président de l’Association des musulmans d’Alsace, il considère que l’implication des femmes dans les activités cultuelles, les associations et les mosquées est un moyen d’émancipation pour elles. Selon lui, le fait de se déplacer pour se rendre dans ces structures, que les maris ou les grands frères tolèrent facilement, représente une liberté.
En ce qui concerne la pratique du mois de ramadan, les statistiques montrent que 75 % des musulmans respectent strictement le jeûne, tandis que 15 % le font « plus ou moins ». Mohamed, diplômé en science politique et militant associatif, analyse cette forte adhésion au jeûne en soulignant la démocratisation de la pratique religieuse à travers les réseaux sociaux. Tout en mentionnant par ailleurs le poids de l’héritage culturel, il souligne l’influence de plusieurs personnalités très suivies, tels Karim Benzema, Omar Sy et bien d’autres, qui n’hésitent pas à partager des messages de soutien pendant le ramadan à leurs followers.
Les résultats de l’enquête appellent à être complétés par une analyse approfondie des facteurs de la transmission de l’identité musulmane en France. Parmi ceux-ci, on peut interroger l’impact de la normalisation du discours de l’extrême droite et de la droite réclamant l’assimilation, c’est-à-dire l’abandon de la culture et de la religion d’origine.
Nos recherches montrent que les nombreuses polémiques aboutissant à la stigmatisation des femmes musulmanes, comme celles concernant le voile ou le burkini, ont conduit à l’établissement d’un « bouclier religieux » visant à se protéger. Dans ces circonstances hostiles, la transmission religieuse aux enfants devient une priorité vitale. Les résultats de l’étude sont interprétés ainsi par Mokhtar, le responsable associatif déjà cité : « Vingt ans de médias de masse, portés par les chaînes d’informations en continu, ont vraiment accéléré le sentiment d’être toujours harcelé chez les musulmans. » Il constate qu’un certain nombre de jeunes investissent la pratique religieuse, qui devient une source de fierté et de résistance, face aux nombreuses menaces orchestrées par une certaine classe politique.
Comme l’a souligné Jean Baubérot dans son livre La laïcité falsifiée (La Découverte, 2014), les partisans du slogan « Dieu est mort » ont peut-être sous-estimé la résilience de la religion face aux bouleversements de la société occidentale. L’enquête de l’Insee confirme que les religions, et l’islam en particulier, continuent d’exercer une forte influence sur les individus en France, et qu’elles constituent des outils pour s’adapter et évoluer dans un monde hostile.
NABIL MATI
https://orientxxi.info/magazine/france-contre-l-islamophobie-le-bouclier-religieux-des-familles-musulmanes-et,6491
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Rédigé le 05/06/2023 à 12:06 dans France, Islam, Racisme, Religion, Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Hafsa Altaf a lancé sa marque, Fashion by Hafsa. Elle fait des créations de vêtements, amples et confortables, pour répondre aux besoins de femmes à Winnipeg, notamment de la communauté musulmane.PHOTO : RADIO-CANADA / RADJAA ABDELSADOK
Avec le printemps, plusieurs en profitent pour renouveler leur garde-robe. Cependant, ce n'est pas une mince affaire pour certaines femmes musulmanes qui portent le voile. Plusieurs déplorent que le marché de vêtements adaptés à la mode modeste, ou mode pudique, qui respecte les valeurs religieuses, est insuffisant à Winnipeg.
Originaire d'Algérie, Hadjer Bendifallah est installée à Winnipeg depuis 2020 avec sa famille. Elle dit vivre beaucoup de frustrations en raison du manque de vêtements qui correspondent à son mode de vie. Elle travaille comme ingénieure pharmaceutique.
À chaque fois que je me prépare pour faire du magasinage, je me sens frustrée par rapport à ce point. En trois ans, je n’ai pu trouver et acheter que cinq pièces qui me correspondent
, affirme-t-elle.
« J’aimerais que tout le monde prenne en considération qu’il y a une minorité qui porte le voile et que nous avons des besoins de tenues très spécifiques qui respectent nos convictions et qui, à la fois, restent modernes. Toute femme souhaite être présentable en société, quel que soit son mode de vie. »
La mère de famille dit que, à Winnipeg, il y a certaines boutiques, mais elles vendent principalement des vêtements traditionnels ou bien portés pour les occasions
, affirme-t-elle.
Hadjer Bendifallah affirme que, comme plusieurs de ses connaissances, elle s'approvisionne dans son pays d’origine.
Surtout l’été, c’est compliqué de trouver des longues tuniques, robes et voiles légers
, déclare-t-elle. Alors lorsque je pars en Algérie, je remplis mes valises de vêtements en espérant couvrir mes besoins pour l’année.
Radjaa Abdelsadok (accéder à la page de l'auteur)
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1981942/winnipeg-modeste-mode-musulmanes-femmes-voile
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Rédigé le 26/05/2023 à 14:10 dans Canada, Islam, Religion, Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Tout le monde parle du « voile islamique » des deux côtés de la Méditerranée, mais qui sait de quoi il parle ? On trouvera la réponse à cette question – et à d’autres soulevées par ceux que taraude l’habit de la musulmane – dans Des mots, des voiles, des femmes en islam, un livre de la Franco-Libanaise Nadia Kantari qui vient de paraître.
Nadia Kantari
Des mots, des voiles, des femmes en islam
Geuthner, 2023
308 pages
38 euros
Des mots, des voiles, des femmes en islam est une étude savante qui contraste avec l’ignorance des publicistes « voilophobes ». Désireuse d’avoir le cœur net sur ce que prescrit sa religion du vêtement féminin, Nadia Kantari décortique avec compétence et conscience ce qu’en rapportent le Coran, son commentaire exégétique (tafsir), la Sunna, la jurisprudence sunnite (fiqh), les quatre écoles juridiques sunnites et le chiisme jaafarite, en prenant soin de rapprocher ses conclusions de ce que l’on sait des pratiques sociales des sociétés considérées. Il fallait ses talents de traductrice, métier qu’elle a longtemps exercé, sa posture sociologique et sa conscience politique pour parvenir à son résultat clair, édifiant, confondant même : personne ou presque ne sait vraiment de quoi il parle !
Commençons par le voile de tête — hijab —, puisqu’on rencontre le mot dans le Coran. On sait la difficulté extrême de traduire un livre saint qui ne suit pas d’ordre chronologique ni même parfois logique, use d’une langue dont la vocalisation peut prêter à confusion et emploie des mots dont le sens a divergé par la suite. Ainsi en va-t-il pour le hijab du verset 53 de la sourate 33 :
Si vous (les musulmans) leur demandez (aux épouses du Prophète) quelque objet, demandez-le leur derrière un rideau (hijab).
Quelle différence entre le hijab-rideau ou tenture du Coran et le foulard qu’il désigne aujourd’hui ! Remarquons, de plus, qu’il s’agit ici, d’une part, de bienséance et non de dogme et, d’autre part, que l’obligation touche uniquement les épouses de Mohammed, dont la même sourate assure : « Vous n’êtes comparables à aucune autre femme » (verset 32). Le Coran n’astreint donc nulle autre femme à quelque hijab que ce soit et prévient que tout mimétisme irait à l’encontre de ses prescriptions. C’est aussi à ces seules épouses qu’il réserve la claustration édictée au verset 33 (« Restez dans vos foyers ! »).
On objectera qu’au-delà de cette homonymie trompeuse, le Coran comporte d’autres dispositions sur le vêtement féminin. On y rencontre effectivement deux habits désignés par les mots khimar et jilbab, mais ceci ne nous avance guère, car nous ne disposons d’aucune description d’époque précisant ce qu’ils recouvrent, au sens propre comme au figuré… Tel est d’ailleurs le cas de beaucoup de noms de vêtements, qui désignent des réalités évolutives. Ces deux appellations sont tombées en désuétude, mais on peut conclure d’autres occurrences dans des textes anciens que le jilbab désignait à l’époque du Prophète une large pièce d’étoffe à enrouler autour de soi, dont les mantes que des femmes arabes revêtent traditionnellement de nos jours s’approchent sans doute. D’origine éthiopienne, le mot n’est pas connoté sur le plan religieux. Le verset 59 de la sourate 33 enjoint les femmes musulmanes de « rabattre sur elles un pan de leur jilbab », sans préciser ce qu’elles doivent cacher, pour se différencier des non-musulmanes, donc dans un objectif communautaire et non dogmatique.
Le khimar semble, quant à lui, avoir désigné le vêtement plus léger porté chez soi ou sous le jilbab quand on sort : « Dis aux croyantes de rabattre leur khimar sur leurs échancrures (juyub, c’est-à-dire entre les seins) et de ne montrer leur zina (parures ou agréments) » qu’aux membres proches de leur famille (sourate 24, verset 31) ! Il s’agit cette fois de pudeur. La première photo jamais prise d’une femme en costume traditionnel du Hedjaz confirme cette double strate, khimar couvert d’un large drap correspondant au jilbab.
On connaît la répartition entre premières sourates mecquoises et sourates médinoises postérieures, relevant d’un contexte influencé par la Bible. Médinoise tardive, la sourate 24 peut ainsi être rapprochée du passage du Nouveau Testament demandant aux femmes de « se vêtir avec pudeur et modestie sans se parer de tresses, ni d’or, ni de perles » (Timothée 2, 9). Elle rappelle les Bédouines coquettes de l’aube de l’islam à l’ordre de bienséance dont le modèle figure dans les traités de l’Église syriaque orthodoxe, diffusés dans l’Arabie de l’époque depuis une société alors plus « moderne ». Il s’agit donc d’une morale sociale consacrée par la religion, en l’occurrence celle de la communauté des croyants en cours de formation, en rupture avec le milieu bédouin.
On trouve dans la poésie bédouine antéislamique un autre atour féminin, le bourqou‘, mince masque de cuir revêtu jusqu’à nos jours par les Arabes du Golfe, qui n’a rien à voir avec la bourqa‘ qui couvre tout le corps en Afghanistan et ne laisse qu’une grille à la hauteur des yeux (il faut encore une fois se méfier des appellations trompeuses).
Les objurgations de la sourate 24 sont de nature sociale et non religieuse. Leur application se heurtera d’ailleurs à la nature rétive à toute autorité des Bédouins, proverbiale dans la littérature arabe. Le Coran prend acte de leur anarchie foncière en ne donnant que de vagues conseils en matière de vêtements et, plus généralement, en admettant que n’existe « nulle contrainte en din » (sourate 2, verset 256), c’est-à-dire dans le « bon chemin choisi » (rouchd, comme mentionné juste après) et non seulement en matière de religion (autre traduction anachronique), y compris en ce qui concerne l’habillement. Mais l’absence de consignes vestimentaires strictes et de toute obligation de se couvrir le visage ou les cheveux dans le Coran s’est avéré un cadeau empoisonné pour les femmes, car elle a laissé la voie libre aux théologiens (masculins) qui s’y sont engouffrés pour sanctifier les us patriarcaux en interprétant le dogme. Les nombreuses musulmanes qui ont adhéré à leur exégèse revêtent de nos jours un hijab malgré l’absence de prescription coranique, aussi persuadées qu’il s’agit d’une obligation canonique que, de leur côté, les religieuses coiffées d’un hijab catholique…
La charia, élaborée bien après le Coran, est passée par là. Et pourtant… Nadia Kantari montre par le détail que ni la Sunna, ni l’exégèse n’édictent de règles précises en matière d’habit féminin, s’étendant d’ailleurs davantage sur celui de l’homme. Pourquoi et comment est-on passé de vagues prescriptions coraniques visant à distinguer les musulmanes des autres femmes dans le but probable de consolider les rangs du petit groupe des premiers convertis, à des règles à prétention universelle ? Comme le Coran sacralise l’infériorité de la femme (cf. notamment les sourates 2, verset 228 et 4, verset 34), tout en améliorant sa condition d’avant l’islam, la musulmane devra se plier aux règles sociales édictées par les hommes, y compris sur le plan vestimentaire.
On comprend alors la variation de son habit au fil du temps et de l’espace, mais aussi la tendance de l’homme à rattacher ses injonctions au dogme. En société patriarcale, il y va de son honneur. Certains théologiens exégètes considèreront que les cheveux forment une parure (zina), à couvrir donc, les oreilles et la gorge devenant aussi des éléments de séduction à dissimuler ! Encore leur dévoilement ne serait-il que juridiquement blâmable (makrouh) et non illicite (haram). Rien par contre ou presque sur le voile intégral (niqab), récusé par beaucoup d’oulémas et dont l’occurrence dans l’histoire paraît erratique. L’habit, notamment féminin, semble importer trop pour se plier à des règles religieuses rigides. Tout d’abord, car il est de nature culturelle donc évolutive, à l’inverse de tout credo, la mode étant l’inverse du dogme. Ensuite, car la tolérance en la matière représente une condition nécessaire à l’universalité de l’islam. Une simple visite à la grande mosquée de La Mecque, où se mêlent les fidèles du monde entier, est édifiante à ce sujet. Il n’existe pas plus d’habit islamique que de voile islamique, mais des musulmanes qui s’habillent et se voilent suivant des coutumes variées, mais qualifiées telles.
Tout groupe humain a besoin d’afficher son identité collective. Or, la femme en est la conservatrice et son habit le marqueur, tel un drapeau. On raconte que Mohammed en campagne arborait pour bannière le voile noir de son épouse préférée Aïcha. Considérer le voile féminin comme un drapeau musulman revient à transformer celui-ci en arme politique et la femme en porte-drapeau. Nous ne sommes alors plus dans la religion, mais dans l’histoire, ce qui amène l’autrice à conclure avec philosophie : « Libre à la femme de porter ou non le voile, en connaissance de cause, et non sous les pressions sociale, politique ou patriarcale ! »
LOUIS BLIN
https://orientxxi.info/lu-vu-entendu/le-voile-islamique-au-crible-des-textes,6462
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Rédigé le 19/05/2023 à 13:43 dans Islam, Littérature, Livres, Religion | Lien permanent | Commentaires (0)
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