Zaho, quelques heures avant son concert aux Francos de Montréal.PHOTO : Radio-Canada / Nora Chabib
Zaho a connu l’exil il y a 26 ans avant de devenir montréalaise. Partie d'Algérie en 1998, pendant la guerre civile, l’auteure-compositrice-interprète témoigne de l'émancipation que lui a permis le Québec. Au micro de Philippe Fehmiu, elle raconte comment la mixité sociale l’a aidée à s'affranchir de cette envie « d’effacer ses côtés culturels pour ne pas faire peur à l’autre ». La chanteuse au titre culte C'est chelou exprime l’ardeur que l'émigration forcée a réveillée en elle, alors qu’elle s’apprête à donner un concert aux Francos de Montréal.
« Moi qui ai eu la chance de quitter, je me dois de réussir au nom de tous ceux qui ont péri là-bas. »
La carrière de Zaho s’est d’ailleurs poursuivie à travers de nombreuses collaborations marquantes, notamment avec des artistes comme La Fouine, Sean Paul, Grand Corps Malade, Tayc ou encore Céline Dion, pour qui elle a récemment écrit une chanson. Au micro, elle explique la grande prise de conscience artistique qu’elle a eue après son rapprochement avec la divaquébécoise. « Je me suis tout permis après cette rencontre », affirme-t-elle.
« Je pense qu’on grandit en se mélangeant aux autres. »
Dans un mélange d'impatience et de stress, Zaho s’apprête à donner un concert à Montréal, pour la première fois sous les yeux d’une grande partie de ses proches, y compris son fils. « Mes parents, ma famille qui n’ont pas eu beaucoup l’occasion de me voir seront tous là [...] Ça me donnera un petit boost pour donner mon meilleur, et deux fois plus d’émotions », lance-t-elle.
4 juin 1977 Gilles VIGNEAULT chante "J'ai planté un chêne". Applaudissement du public. Émissions TV, Archive tv, Archive television, tv replay live, live music, french tv Images d'archive INA
Canada: Les fausses alertes à la bombe ont semé la panique et la confusion au Québec au cours des dernières semaines, touchant de nombreux établissements et institutions.
lors que l’incertitude régnait quant à l’origine de ces menaces, un développement récent a apporté des réponses cruciales. Un homme de 45 ans, soupçonné d’être à l’origine de ces appels à la bombe qui ont secoué le Québec et d’autres parties du monde, a finalement été arrêté au Maroc. Cette arrestation met en lumière les détails captivants d’une enquête internationale
complexe.
La Vague d’Alertes à la Bombe
Tout a commencé entre le 18 octobre et le 27 novembre, lorsque des courriels menaçants ont commencé à inonder les boîtes de réception de nombreuses institutions au Québec. Les destinataires de ces courriels allaient des écoles aux commerces, en passant par les bureaux gouvernementaux et les médias. Au total, plus d’une cinquantaine de cas présentant les mêmes caractéristiques ont été signalés dans différentes régions du Québec, provoquant une mobilisation des forces de l’ordre et semant le doute dans l’esprit de la population.
Ces courriels n’étaient pas simplement des menaces vides. L’expéditeur exigeait une rançon en échange de la révélation de l’emplacement présumé des bombes. La gravité de la situation était palpable, et une enquête internationale a rapidement été lancée pour traquer l’individu derrière ces actes criminels.
Une Enquête Collaborative
Plusieurs agences internationales, en collaboration avec la Sûreté du Québec (SQ), ont mis en place une enquête pour identifier et arrêter l’auteur présumé de ces faux appels à la bombe. L’enquête s’est avérée être un défi de taille, car l’individu utilisait des méthodes sophistiquées pour dissimuler sa véritable identité et sa localisation.
La coopération internationale a été essentielle pour progresser dans cette affaire. Les autorités québécoises ont travaillé en étroite collaboration avec des agences de sécurité d’autres pays pour démêler cette affaire complexe qui avait des répercussions internationales. Les enjeux étaient considérables, car la sécurité de la population était en jeu.
La Traque Jusqu’au Maroc
Finalement, après des semaines de travail acharné et de coordination entre les forces de l’ordre, une percée a été réalisée. L’auteur présumé de ces fausses alertes à la bombe a été localisé et appréhendé au Maroc, à Tafraoute, une petite ville située dans le sud-ouest du pays. Cette arrestation a été un soulagement pour les autorités et la population du Québec qui avaient vécu dans la crainte des menaces.
L’individu de 45 ans, dont l’identité n’a pas encore été dévoilée publiquement, devra répondre de ses actes devant la justice. Les charges qui pèsent contre lui sont graves, car non seulement il a semé la panique, mais il a également tenté d’extorquer de l’argent en exploitant la peur des autres.
Les Conséquences de ses Actes
Les fausses alertes à la bombe ne sont pas à prendre à la légère. Elles mobilisent d’importantes ressources policières et créent un climat d’insécurité au sein de la population. De plus, elles peuvent entraîner des coûts importants pour les institutions qui doivent évaluer la crédibilité de chaque menace et mettre en place des mesures de sécurité.
L’arrestation de l’auteur présumé mettra un terme à cette vague de fausses alertes à la bombe au Québec, mais elle souligne également l’importance de lutter contre de telles menaces. Les conséquences de ses actes sont graves, et la justice devra déterminer sa culpabilité et prononcer une peine appropriée.
L’arrestation de l’auteur présumé des fausses alertes à la bombe au Québec est un développement majeur dans cette affaire qui a secoué la province et au-delà. Elle démontre la puissance de la coopération internationale dans la lutte contre la criminalité, même lorsque les criminels utilisent des méthodes sophistiquées pour se cacher.
Cependant, cette arrestation ne doit pas être vue comme la fin de l’histoire, mais comme le début d’un processus judiciaire qui déterminera la culpabilité de l’individu et les conséquences de ses actes. Les fausses alertes à la bombe sont des crimes graves qui ont un impact sur la sécurité et le bien-être de la population, et il est essentiel qu’ils soient traités avec toute la rigueur de la loi.
En fin de compte, cette affaire rappelle que la sécurité est une responsabilité partagée, et que la collaboration entre les forces de l’ordre nationales et internationales est essentielle pour maintenir la paix et la stabilité.
Zehira Berfas Houfani est née le 16 septembre 1952 à M’kira, petit village Kabyle d’Algérie, alors colonie française. Après l’arrestation et l’emprisonnement en 1957 du père, militant pour l’indépendance de son pays, la famille a dû quitter le village pour s’installer à Alger. Après une enfance marquée par la terrible et longue guerre de libération qui opposa son pays à la France coloniale, l’auteure grandit dans un contexte où s’entremêlaient l’euphorie post-indépendance de l’Algérie et les grâces d’une époque dédiée aux valeurs humaines par la jeunesse mondiale des années soixante. Une formidable époque dans laquelle Zehira se forge à la fois une conviction et une passion pour l’écrit et la communication. À l’occasion du 8 mars 1974, Zehira expose ses poèmes. Le premier qu’elle signa dans la presse nationale portait le titre : Afrique, réveille-toi ! Plus tard, au tout début des années 1980, elle rédigea son roman L’incomprise qui parut en 1989, bien après les deux autres, Le portrait du disparu et Les pirates du désert, écrits plus tard. Dès la révolte d’octobre et la répression sauvage qui s’en est suivie, l’auteure se consacre essentiellement au journalisme, à l’écriture, et par la suite à la production d’émissions sur la littérature féminine pour le compte de la Radio publique de langue française.
Zehira Houfani Berfas, vit au Canada depuis 1994. Elle est mère de trois enfants et grand-mère de trois petits-enfants. Elle a signé de nombreux textes journalistiques dans la presse canadienne, notamment sur la notion de solidarité internationale, ainsi que sur les différents aspects de la tragédie algérienne, souvent réduite au terrorisme islamiste. Avec « Lettre d’une musulmane aux Nord-Américaines » Zehira Houfani Berfas réagit à la politique de haine et de racisme anti-musulmans née des attentats du 11 septembre 2001. Dans la foulée, l’auteure veut sensibiliser les Nord-Américaines en particulier, et les Occidentaux en général, à la politique de violence pratiquée par l’administration américaine à l’encontre des pays arabes, musulmans et du Sud de la planète.
Depuis le 11 septembre 2001, dit-on, le monde a changé. Vraiment ? Un peu de la violence qui accable le reste de la planète a frappé le cœur du monde industrialisé, mais « comment expliquer que 3000 victimes américaines puissent causer tant de bouleversements et changer la face du monde alors que 800000 victimes rwandaises n’aient même pas eu droit à une minute de silence de la part du monde civilisé, le Nord en l’occurence ? », s’interroge Zehira Houfani-Berfas.
Cette lettre est comme l’émouvant cri du cœur d’une mère qui ne peut accepter le sort réservé à ses enfants. Le témoignage lucide de l’une de ces innombrables victimes du pillage systématique du tiers-monde. Un appel à vraiment comprendre : « Derrière le discours de compréhension et d’acceptation des différences, l’Occident ne cesse de nous accabler par le mensonge et le dénigrement systématique de nos valeurs. »
Voilà un livre courageux qui ose nommer les atrocités par leur nom. L’auteure regrette son Algérie qu’elle a dû abandonner tellement la violence et la guerre civile y étaient intenables, et ose aussi voir son pays d’accueil, le Canada, tel qu’il est, de plus en plus distant de sa réputation. Mais pour cette femme engagée, qui a participé à la Marche mondiale des femmes contre la pauvreté et la violence, en octobre 2000, il ne faut pas désespérer : en se parlant, en s’organisant et en travaillant ensemble, les femmes et les hommes de bonne volonté réussiront à « restaurer le respect, la générosité, la paix, la démocratie, la tolérance et la solidarité, enfin toutes ces valeurs qu’on a expulsées des résolutions de la politique internationale ».
es cadres algériens sont partout à travers la planète et rendent d’énormes services aux pays qui les accueillent. Le cas de Karim Zaghib, un Algérien installé au Québec, est emblématique.
Outre son apport dans le domaine académique et de la recherche, cet ingénieur est derrière l’ouverture d’une grande usine qui apporte à la province canadienne 7 milliards de dollars d’investissements et 3.000 emplois.
Karim Zaghib, électro-chimiste et ingénieur des matériaux, est né en 1963 à Constantine. Avant d’atterrir au Canada, il a fait un passage par la France où il a obtenu un DEA 1987 puis un doctorat en électrochimie à l’université de Grenoble, et plus tard, en 2002, une habilitation de physique à l’université Pierre et Marie Curie de Paris.
En 1992, il a travaillé pour le gouvernement japonais puis, dès 1995, avec l’entreprise Hydro-Québec. Depuis, il a multiplié les postes dans l’enseignement et la recherche dans ce pays, jusqu’à être nommé en 2023 PDG de l’initiative de recherche « Electrifying Society » de l’Université Concordia, soutenue à hauteur de 123 millions de dollars par le gouvernement canadien.
Aujourd’hui, le chercheur d’origine algérienne est considéré comme l’un des plus éminents spécialistes au monde des batteries et du stockage de l’énergie.
Au Québec, il a apporté son savoir-faire dans le domaine. Visionnaire, il a compris dès le début que le pays pouvait se faire une place dans l’industrie mondiale des batteries.
En octobre 2020, il partageait sa vision dans un entretien au journal local La Presse. Il disait que le Québec pouvait émerger comme un acteur significatif dans cette industrie et se positionner avec les géants de ce secteur que sont la Corée du Sud, le Japon, les États-Unis et bien sûr la Chine.
Karim Zaghib à l’origine d’un important projet au Québec
« J’imaginais également qu’une usine de cellules au lithium-ion verrait le jour dans notre belle province d’ici trois ans », a-t-il écrit cette semaine sur les réseaux sociaux. S’il est revenu sur le sujet, c’est parce qu’il a vu juste et le projet a abouti.
Il raconte que pendant la même année 2020, et alors qu’il était conseiller à Investissement Québec, il a soumis le projet au PDG de la firme suédoise Northvolt, Peter Carlsson, un ancien de Tesla.
L’Algéro-canadien lui a proposé d’ouvrir au Québec une usine de cellules vertes, en lui égrenant les multiples avantages qu’offre la province francophone : soutien des institutions, un écosystème propice au développement de l’industrie des batteries, une énergie verte (hydro-électrique), et un « formidable capital humain », fait d’ingénieurs, techniciens, chercheurs et opérateurs.
« Aujourd’hui, trois ans après, cette proposition est devenue réalité », se félicite Karim Zaghib. « 7 milliards de dollars d’investissements et 3.000 emplois. C’est historique pour notre province », ajoute-t-il.
Le lancement officiel de l’usine de Northvolt a été fait par le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne et celui de l’Économie, Pierre Fitzgibbon. Au cours de la cérémonie, le chercheur d’origine algérienne a été honoré par les responsables pour sa contribution et par l’assistante qui l’a longuement applaudi.
Homme d’affaires égypto-canadien, Adel Boulos oeuvre sans relâche à établir des ponts entre l’Egypte et le Canada. Il fait office de leader communautaire et préside le Réseau d’affaires égypto-canadien (Egyptian Canadian Business Network).
Il est 6h30 du matin. Adel Boulos prend son café dans sa véranda à Montréal, puisque l’hiver n’est pas encore arrivé, et ce, après avoir prié et donné à manger à sa chienne Zuri, un caniche standard qu’il a depuis 2 ans. D’autres jours, il va à Pointe-Claire (une ville à moins d’une heure) pour un entraînement de natation de 90 minutes avec son équipe de maîtres-nageurs afin de rester en forme.
C’est dans son bureau à Montréal qu’il nous accueille, deux semaines avant de voyager en Egypte. Le bâtiment aux formes cubiques abrite le siège du fournisseur de denrées alimentaires Amira. Adel Boulos est le PDG de cette boîte qui importe divers produits alimentaires du Moyen-Orient et les distribue sur le marché canadien. Ce magasin de Saint-Laurent est connu par ses belles offres, surtout les mangues, les goyaves et les figues, ainsi que les aubergines blanches, des produits ayant un goût exquis, provenant d’Egypte.
Ce sont ses parents qui avaient fondé l’entreprise après avoir émigré au Canada en 1978. « Mon père et ma mère ont décidé de tout quitter en Egypte et d’aller au Québec. Ma tante maternelle vivait à Montréal et c’était la motivation principale de l’émigration », explique-t-il. En Egypte, son père avait été un officier à l’armée pendant 15 ans et il était propriétaire d’une ferme à Wadi Al-Natroune (près d’Alexandrie), où il y avait du bétail et des chevaux et l’on y cultivait des olives, les transformant ensuite en olives vertes. Encore enfant, il y allait régulièrement avec sa soeur. Egalement, la famille faisait du commerce. « J’y étais impliqué dès l’âge de 10 ans, tenant un magasin à Zamalek », se souvient-il. Ce travail dès son jeune âge n’a certainement empiété ni sur ses études ni sur ses loisirs, puisqu’il a fréquenté l’école anglophone Saint-Georges à Héliopolis jusqu’à l’âge de 13 ans et aimait la lecture, la natation et l’équitation qu’il pratiquait au club Al-Guézira, ainsi qu’au club Galaa des officiers.
Une fois arrivés à Montréal, son père et sa mère ont dû repartir à zéro en achetant un petit commerce de pâtisserie et d’épicerie fine à la rue Sherbrooke, à Notre-Dame des Grâces. « Ma soeur Amira et moi, nous les aidions pendant le week-end. Plus tard, mes parents ont acheté une maison et ils travaillaient à partir du sous-sol. Ils ont commencé le commerce de gros et ont choisi le nom de ma soeur Amira comme nom commercial de leur compagnie. Nous sommes alors entrés dans le domaine des noix et des fruits secs. Ensuite, nous avons commencé à importer des produits alimentaires de l’Egypte, comme la mouloukhiya (corète potagère). Mon père était parmi les premiers à le faire au Canada », raconte-t-il.
Le petit Adel et sa soeur ont dû suivre la classe d’accueil pendant leur première année à Montréal afin d’apprendre le français. Leur mère, Mme Ragaa, journaliste traductrice à la MENA, au Caire, étant elle-même de culture anglophone, n’arrivait pas à les aider. Il est ensuite entré au Cégep (phase transitoire de deux ans pour être orienté à l’université) avant de poursuivre ses études à l’Université Concordia et obtenir un baccalauréat en commerce. « J’ai connu ma future épouse Moushira durant les activités à l’église lorsque j’ai commencé le Cégep. Elle était au cycle secondaire. Nous nous connaissons donc depuis notre très jeune âge. Elle a étudié l’actuariat et elle enseigne dans une école au West Island. Elle aime les mathématiques et ses élèves l’apprécient », précise-t-il.
Sa mère étant cairote et son père alexandrin, Adel Boulos se considère comme un mélange entre les deux. Il aime beaucoup la mer et ses fruits. Prendre le large à bord de son bateau sur la rivière est une belle activité qu’il pratique régulièrement. Par ailleurs, il aime aller à la Côte-Nord en Egypte pour se rappeler ses beaux souvenirs d’enfance à la mer. Une peinture dans son bureau illustre la plage de Stanley à Alexandrie où sa famille avait une cabine. Ils passaient la journée là-bas et jouaient à la raquette.
Adel est devenu par la suite comptable professionnel et a travaillé pendant deux ans comme vérificateur (audit) dans un bureau à Montréal, mais il a préféré rejoindre l’entreprise familiale en 1990. C’est l’année où il a épousé Moushira qui l’a beaucoup soutenu et a fait face avec lui à de nombreux défis, surtout qu’il prend beaucoup de risques auxquels elle n’est pas habituée.
L’entreprise était encore petite et il a beaucoup travaillé pour la moderniser, en y introduisant l’ordinateur et les nouveaux systèmes. A un moment donné, le nombre d’employés a atteint 100 personnes.
« Mes parents avaient eu certaines difficultés en commençant leurs affaires au Québec, mais ma soeur Amira et moi, ayant grandi là-bas, nous avons appris la persévérance. Nous nous sommes habitués à travailler assidûment et à ne pas abandonner. On ne considère pas le refus comme une réponse finale, mais nous essayons toujours d’obtenir ce que l’on veut », affirme-t-il avec un léger sourire en mentionnant des marques distribuées par la compagnie dans les chaînes de supermarchés et les supermarchés ethniques à travers le Canada.
Chef du Réseau d’affaires égypto-canadien (Egyptian Canadian Business Network), une organisation sans but lucratif qui existe depuis 10 ans, Adel Boulos avait accueilli à Montréal le célèbre homme d’affaires et ingénieur égyptien Naguib Sawiris qui a été honoré par l’organisation, ainsi que Nabila Makram, ex-ministre de l’Emigration et des Affaires des Egyptiens à l’étranger. Plusieurs concerts ont été animés à Montréal par des artistes égyptiens pour financer des projets de bienfaisance comme l’hôpital pour le cancer des enfants en Egypte et l’initiative Tahya Misr.
Le businessman aime être impliqué en politique ; on le voit sur une photo, accrochée au mur de son bureau, avec l’ex-premier ministre canadien, Stephen Harper, lorsqu’il était en fonction. Il avait également rencontré le président Abdel-Fattah Al-Sissi durant la conférence Masr Tastatie (l’Egypte est capable). Le président écoutait les discours des représentants des communautés pour savoir comment profiter des talents, de l’intelligence et des idées des Egyptiens à l’étranger dont le nombre atteint 15 millions d’émigrants.
Leader communautaire, il oeuvre à consolider les liens entre les Egyptiens expatriés et à leur faciliter les services consulaires. Il soutient les initiatives égyptiennes au Canada, qu’elles soient sociales, culturelles ou académiques, et établit le lien entre sa communauté et les gouvernements provincial et fédéral, ainsi que les municipalités. Il a aussi soutenu des candidates égyptiennes aux élections comme Ann Francis et Mariam Ishaq.
« J’espère que l’Egypte réalisera un jour l’autosuffisance en blé et en bon nombre de denrées alimentaires. Notre pays a tous les atouts pour cela, surtout les terrains et le bon climat. Par ailleurs, j’ai un projet en tête pour la modernisation de l’agriculture que j’espère réaliser. Il faudrait rappeler que l’Egypte est actuellement pionnière en matière d’exportation d’agrumes, dépassant l’Espagne. Notre pays aussi est le plus grand producteur de dattes dans le monde, mais tout est consommé localement », indique-t-il.
Récemment, ses efforts ont porté leurs fruits et la Compagnie des Egyptiens à l’étranger pour l’investissement a été fondée avec l’aide de la ministre de l’Emigration, Soha El-Gendy, qui avait introduit l’homme d’affaires au premier ministre, Moustapha Madbouli, pour discuter de la structure d’une compagnie avec 10 partenaires égyptiens de par le monde qui désirent investir dans différents secteurs en Egypte, dont l’agriculture, la technologie, l’immobilier, le tourisme, etc.
Adel Boulos est également membre de l’organisation Orphelins coptes qui aide 15 000 enfants dans 800 villages en Egypte avec 700 bénévoles. « Le total des dons envoyés en Egypte l’année dernière a atteint 20 millions de dollars. Les enfants sont pris en charge jusqu’à ce qu’ils terminent l’université », indique-t-il.
L’homme d’affaires trouve qu’il y a des avantages et des inconvénients dans son pays d’accueil, ainsi que dans son pays d’origine. Les deux Etats recèlent de bonnes opportunités. Il aime les deux et préfère être toujours positif, soulignant qu’il faut toujours réaliser le meilleur là où l’on vit.
Plus de 6 068 feux se sont déclarés au Canada depuis début le début de la saison. 1 063 sont encore actifs, dont 686 jugés hors de contrôle. Au total la barre des 16 millions d’hectares brûlés vient d’être franchie. La province du Québec a été la plus durement touchée, dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue.
Le long de la route 117, qui file de Montréal vers le nord du Québec, le décor semble, à première vue, immuable. Des murs d’épinettes vert sombre, ce conifère qui peuple la forêt boréale canadienne, se dressent tels des sentinelles de chaque côté de la voie sur des centaines de kilomètres. Seule fantaisie dans ce spectacle statique, le mouvement des branches, agitées par la brise, des trembles et bouleaux, ces feuillus également présents dans la forêt primaire.
Forêt brûlée par le feu « 344 » au sud-est de Senneterre (Québec, Canada), le 26 août 2023. GUILLAUME SIMONEAU POUR « LE MONDE »
Mais, à la sortie du parc de La Vérendrye, la plus grande réserve forestière protégée de l’Abitibi-Témiscamingue, une région située dans l’ouest de la province de Québec, il suffit d’un détour de quelques kilomètres, parcourus sur un chemin forestier cahoteux, pour que surgisse un tout autre paysage. Où que le regard se porte, des monts et des vallons noircis et arasés, des épinettes et des pins gris consumés comme des tiges d’allumette. Des troncs charbonneux gisent à terre. Des énormes blocs de granit rose ont été fracassés sous l’intensité de la chaleur. La blancheur des troncs de bouleaux, intacts, accroche la lumière du soleil de cette fin août : ils sont les seuls rescapés du brasier qui a ravagé la région dans les premiers jours de juin. Trois mois après le passage de l’incendie le plus intense jamais subi, bleuets, fougères, épilobes aux fleurs violettes et feuillus repoussent déjà dans le sol meuble.
Après l’Alberta à l’ouest du Canada début mai, les provinces atlantiques à l’est du pays quelques semaines plus tard et avant que les flammes ne s’emparent de la Colombie-Britannique et des Territoires du Nord-Ouest – forçant encore, ces derniers jours, plusieurs dizaines de milliers de personnes à évacuer leurs habitations –, le Québec a lui aussi vécu une saison des feux hors du commun.
Chacun ici a conservé dans son smartphone les photos de cette saison en enfer – les flammes qui surgissent à l’arrière du chalet, la fumée, « la boucane » dit-on dans la région, qui fait perdre tous les repères, le soleil transformé en disque opaque dans un ciel orange vif, les files de voitures fuyant les brasiers – et les messages affolés échangés avec les proches : « C’est l’apocalypse », écrit un homme à son épouse.
Depuis le mois de mai, 668 incendies ont ravagé plus de cinq millions d’hectares au Québec, soit près d’un tiers de la superficie brûlée à travers tout le Canada.
Les surfaces touchées sont à l’échelle de l’immensité du pays, démesurées. Dans le Grand Nord, le plus grand feu jamais répertorié dans la province, de plus de un million d’hectares, était toujours sous observation fin août. Il a démarré le 27 mai. Mais, exceptionnellement, cette année, les flammes n’ont pas seulement sévi au-delà de la « limite nordique » du territoire, au nord du 50e parallèle, là où la forêt boréale est régulièrement en proie à des feux estivaux. Elles se sont aussi attaquées aux zones dites « de protection intensive », où sont installés de nombreux villages et où la forêt est exploitée par les hommes. C’est 1,5 million d’hectares qui sont partis en fumée sur ces terres habitées, cent fois plus que la moyenne annuelle de ces dix dernières années.
Poissons asphyxiés
Durant cette saison infernale, l’Abitibi-Témiscamingue a été la région la plus durement touchée au sud de la limite nordique. Le brasier le plus important, le feu « 344 » selon la terminologie de la Société de protection des forêts contre le feu (Sopfeu) du Québec, qui attribue à chacun des foyers un numéro, a rasé à lui seul plus de 500 000 hectares – près de cinquante fois la superficie d’une ville comme Paris. Trois mois après s’être déclaré, le « 344 » menace toujours : il est considéré comme maîtrisé, mais pas officiellement éteint. A l’affût de la moindre fumerolle, des hélicoptères survolent la zone sans relâche.
Sur les rives du lac Matchi-Manitou, l’auberge du même nom organisait il y a quelques semaines encore des séjours de pêche pour les amateurs de doré, ce poisson à la chair goûteuse. En quelques heures, le 1er juin, le feu 344 a transformé ses huit chalets en tas de cendres. Le verre des fenêtres a fondu sous la chaleur du brasier, les chaises en métal se sont entortillées sur elles-mêmes. Au milieu d’un amas de charbon, un service d’assiettes en faïence reste miraculeusement intact. Des résidus noirs obscurcissent l’eau, qui vient lécher la plage de sable blanc, désormais désertée.
Le feu, photographié par Eric Paquet, le 1er juin 2023. GUILLAUME SIMONEAU POUR « LE MONDE »
A une vingtaine de kilomètres au nord-ouest, Eric Paquet, propriétaire de la pourvoirie (le nom des auberges de pêche et de chasse au Québec) du lac Guéguen, a vu ce jour-là le ciel virer au rouge et la fumée envahir l’air. « Mon urgence, dès qu’on a reçu l’ordre d’évacuation de la sécurité civile, a été d’aller rechercher les pêcheurs partis sur le lac, inconscients du danger, car ils préfèrent éteindre leur portable pour jouir de leur tranquillité. » Lors de son expédition de secours, Eric Paquet voit flotter à la surface de l’eau, « rendue plus chaude qu’à Miami », les cadavres de poissons asphyxiés. Ce 1er juin, tous ses clients ont été ramenés à bon port, et ses chalets ont échappé aux flammes. Mais après avoir survécu à l’absence de touristes pendant la pandémie de Covid-19, le quinquagénaire, qui a investi 1 million de dollars dans cette auberge en vue d’assurer sa retraite, voit une nouvelle fois sa saison estivale réduite à néant. « Va-t-on revivre des feux de cette intensité ? Oui, c’est écrit. Entre nos hivers de moins en moins rigoureux, et nos étés de plus en plus chauds et précoces, ajouté au phénomène El Niño que nous subissons actuellement, ça pourrait même arriver dès l’année prochaine. Mais où aller installer une nouvelle affaire quand le monde entier subit les mêmes tourments ? », s’interroge-t-il.
Dans la région, le feu 344 est surnommé le « feu de Quévillon », du nom de Lebel-sur-Quévillon, une localité de 2 160 habitants située à 650 kilomètres au nord de Montréal, qui s’est retrouvée au cœur du brasier. Guy Lafrenière, son maire, n’a nul besoin de consulter le petit calendrier posé derrière son bureau pour se souvenir, heure par heure, de ce qu’il a vécu trois mois auparavant. « Le vendredi 2 juin à 16 heures, la sécurité publique m’appelle pour me prévenir qu’un feu s’en vient sur la ville. Elle m’informe qu’il faudra peut-être envisager, sous quarante-huit heures, une évacuation. » Il s’affaire, appelle des bénévoles en renfort. Mais quarante minutes plus tard, nouveau coup de fil. Le ton a changé. « Vous avez trois heures pour partir, c’est un ordre. »
De sa mairie, Guy Lafrenière voit les flammes s’élever, à quatre kilomètres de sa bourgade. Un message d’alerte est lancé sur le groupe Facebook de la municipalité, un camion de pompiers sillonne les rues sirène hurlante, les élus font du porte-à-porte pour presser les habitants de se munir d’une simple valise avec du linge de rechange et de fuir. Dans les six autobus qui emmènent ceux qui n’ont pas de véhicule vers la ville de Senneterre, à une petite centaine de kilomètres au sud, qui va accueillir les réfugiés trente et un jours durant, des enfants pleurent. « C’était effrayant», reconnaît l’édile. Deux avions stationnés à l’aéroport embarquent une dizaine de patients dans les hôpitaux de la région. « A 21 heures, Lebel était une ville fantôme », se souvient-il. Le maire reste seul, avec deux membres de son cabinet et dix-sept pompiers municipaux volontaires, un maigre contingent pour faire face au feu qui approche. En bordure de la ville, l’usine de pâte à papier Nordic Kraft abrite des réservoirs de mazout et des wagons de chlore, prêts à exploser.
L’orage qui s’est déclaré la veille au soir a frappé depuis l’Ontario voisin tout le nord du Québec. Une ligne de foudre a allumé simultanément près de deux cents foyers. La région entière, qui sort d’un printemps inhabituellement chaud et sans eau – « 0,1 millimètre de pluie tombé entre avril et mai, nous n’avions jamais vécu cela », témoigne Guy Lafrenière –, s’enflamme tel un fétu de paille. Seuls les lacs, les cours d’eau et parfois les routes servent de « freins naturels » aux flammes qui se propagent. Le feu saute de cime en cime, projette à des kilomètres à la ronde des tisons incandescents, qui embrasent à leur tour les sols desséchés des forêts. Les ordres d’évacuation s’enchaînent. Au total, 25 000 personnes au Québec devront quitter leur résidence pour quelques heures ou plusieurs semaines.
Aldée Paré et Liliane Dion ont été évacués le 2 juin de leur pavillon, à Lebel-sur-Quévillon (Québec, Canada), le 24 août 2023. GUILLAUME SIMONEAU POUR « LE MONDE »
Ce 2 juin, Aldé Paré et Liliane Dion, 81 ans tous les deux, ont abandonné leur dîner qui mijotait sur la gazinière, ils ont sauté dans leur caravane pour se réfugier chez leur fille Hélène, à Senneterre. De retour dans leur pavillon de briques rouges de Lebel-sur-Quévillon, Aldé, droit comme un « i » dans sa chemise violette, assure qu’il se trouve « chanceux » de n’avoir pas perdu sa maison. Mais deux « camps de chasse » du couple, ces petits chalets rudimentaires construits au bord de l’eau, où les Québécois aiment passer leur temps libre pour profiter de la pêche, de la chasse et du bois, sont « passés au feu ».
Les traumatismes laissés par les incendies tiennent parfois à une perte dérisoire. « Une table basse sur laquelle notre fille Geneviève avait laissé son empreinte de pied lorsqu’elle était petite s’est entièrement consumée. Ça peut paraître “niaiseux” mais c’est comme si toute ma vie était concentrée dans cette petite table ronde », s’étouffe Liliane, la voix brisée. « Depuis trois mois, j’ai le sentiment que le feu est entré dans mes poumons, je ne parviens plus à respirer. » Le feu, qui enflamme tous les souvenirs sur son passage, joue parfois des farces. Le chalet de leur fille Hélène Paré, pourtant au cœur de la fournaise, a été épargné. « On se dit que nos aïeux ont veillé sur lui », veut croire la volubile quinquagénaire.
Pas de victime
Malgré le caractère exceptionnel des incendies endurés au Québec cet été, aucune ville n’a été détruite dans la province, et aucune victime n’est à déplorer. Mais aucun feu n’a été éteint non plus par la seule action des pompiers. Marc Waltz, agent de protection de la Sopfeu, a été assigné au « 344 » dès son éclosion. Vingt-quatre jours de travail d’affilée, entrecoupés de nuits courtes et un constat à l’issue de cette épreuve : « Il nous a fallu revoir complètement notre façon d’appréhender le feu. Avec un brasier de 107 kilomètres de long et de 97 kilomètres de large, un périmètre de 2 000 kilomètres et des flammes de quinze mètres de hauteur au-delà des arbres, il était impossible de l’attaquer de front. Le feu est une bête en soi, imprévisible. Nous avons dû nous résoudre à nous mettre en mode défensif. »
Avec, à ses côtés, seulement vingt pompiers disponibles pour protéger Lebel-sur-Quévillon aux premiers jours de juin, quand des hommes étaient déjà déployés à l’est et à l’ouest du territoire autour d’autres localités également menacées, Marc Waltz n’a pu que superviser le défrichage de tranchées coupe-feu à l’aide de volontaires, et installer des systèmes d’arrosage autour de l’usine Nordic Kraft. « Cette usine, c’était mon Fort Alamo. Si elle sautait, toute la ville y passait, se souvient-il. La seule action possible était de ralentir le feu pour sauver des vies et les infrastructures essentielles. »
Marc Waltz, agent de protection, dans le bureau de la Sopfeu, à Val-d’Or (Québec, Canada), le 25 août 2023. GUILLAUME SIMONEAU POUR « LE MONDE »
Le Québec ne dispose que de 243 pompiers à temps plein spécialisés dans les feux de forêt. Malgré le renfort exceptionnel de contingents étrangers – quelque 300 pompiers français, espagnols, américains et sud-coréens se sont relayés au fil des jours –, l’agent d’intervention de la Sopfeu estime qu’il aurait fallu multiplier « au moins par dix les effectifs » pour espérer venir à bout de ce feu dantesque. « Avec la chaleur dégagée par les brasiers, on ne pouvait même pas envisager de larguer de l’eau par avion, elle se serait évaporée avant même de toucher le sol », ajoute-t-il. Ce sont la baisse des températures et le retour de la pluie qui, fin juin, ont finalement eu raison de la vigueur des incendies.
Une plante en fleur, près de trois mois après le passage du feu « 344 ». A droite, une tranchée coupe-feu. A Senneterre (Québec, Canada), le 24 août 2023. GUILLAUME SIMONEAU POUR « LE MONDE »
Maîtriser les bordures du feu à défaut de l’éteindre, préserver les vies humaines, les pompiers de la Sopfeu estiment avoir accompli leur mission. « Mais ils n’ont pas protégé la forêt », s’insurge Guillaume Côté. Cet entrepreneur forestier de 28 ans a perdu dans le feu de Quévillon deux de ses machines, une abatteuse et un transporteur, ainsi que son « camion garage » avec tous ses outils. Deux millions de dollars (1,4 million d’euros) de pertes sèches, auxquels il faut ajouter le manque à gagner des huit semaines, à raison de 50 000 dollars de revenus hebdomadaires perdus, où il lui a été impossible de repartir « bûcher » dans les bois, tant que le feu était jugé « hors de contrôle » par les autorités. « J’ai ce métier dans le sang, mais je ne sais pas si je m’en relèverai », se désole-t-il, insatisfait de l’aide de 50 millions de dollars (34 millions d’euros) accordée aux entreprises sous forme de prêts remboursables, annoncée le 5 juillet par le gouvernement du Québec.
Renoncer aux lucratives épinettes noires
« Ce qui vient de se passer n’est pas qu’une anomalie, ça va forcément se reproduire. Le gouvernement doit en tirer les leçons, augmenter les effectifs de pompiers, mais aussi aider les entrepreneurs forestiers à survivre », poursuit M. Côté. Lors d’un déplacement le 25 août à Kelowna, en Colombie-Britannique, où un incendie toujours en cours a détruit plus de 200 habitations, le premier ministre, Justin Trudeau, n’a pas fermé la porte à l’idée de créer un service fédéral permanent de lutter contre les feux, pour pallier les ressources limitées des provinces aujourd’hui chargées de la protection des forêts. Sans pour autant proposer d’avancées concrètes.
En Abitibi-Témiscamingue, la destruction de la forêt boréale est vécue comme un traumatisme. Notamment parce que l’industrie forestière, forte de ses quelque 60 000 emplois directs et indirects, est, avec l’activité minière, l’un de ses principaux moteurs économiques de la région. Exploitée de façon intensive depuis le début du XIXe siècle, la forêt fait encore vivre des villes entières.
La priorité ici est moins de s’alarmer de ce puits de carbone qui a libéré dans l’atmosphère plus d’un milliard de tonnes de CO2 depuis début mai (pour l’ensemble des incendies canadiens) ou de s’inquiéter de la fragilisation des écosystèmes forestiers, que de souligner l’urgence à reprendre coupes, récoltes et sciages qui fournissent en bois de construction et en pâte à papier tout le continent nord-américain. « En quelques jours, les incendies ont réduit en cendre des milliers de mètres cubes de bois qui attendaient d’être récoltés », explique Patrick Garneau, directeur régional de Produits forestiers Résolu, l’une des plus grosses entreprises du secteur au Québec. La perte est néanmoins relative pour ce secteur industriel : quand il n’a pas été entièrement consumé, le bois brûlé ne l’est qu’en surface et reste exploitable une fois débarrassé de la suie.
Un chargement de bois brûlé, à l’usine Produits forestiers Résolu, à Senneterre (Québec, Canada), le 23 août 2023. Une fois nettoyé de la suie, ce bois reste exploitable. GUILLAUME SIMONEAU POUR « LE MONDE »
Mais les acteurs de la filière bois sont engagés aujourd’hui dans une course contre la montre. Car à peine le feu étouffé, un autre danger guette déjà : le longicorne. Ce coléoptère à la carapace noire et aux longues antennes a profité du printemps pour pondre ses œufs entre le tronc et l’écorce du bois mort. Ses larves, affublées de puissantes mandibules, se nourrissent de la pulpe du bois en creusant des cavités dans les troncs. Depuis juin, la forêt de Quévillon est devenue un immense garde-manger à ciel ouvert pour ces insectes. Quand les abatteuses et excavatrices chargées de débarrasser la forêt de ses stigmates noirs font une pause, quand les énormes trucks de chargement, lourds de quinze tonnes de troncs calcinés, cessent leurs va-et-vient, Denis Dubé, superviseur chez Produits forestiers Résolu, invite à tendre l’oreille. La forêt résonne du « scrouic scrouic » des larves voraces. Pour l’industrie forestière, les trous qu’elles laissent derrière elles font baisser la valeur commerciale des produits. « Nous nous donnons jusqu’à la fin du printemps pour récolter ce bois brûlé, avant d’aller de l’avant en reprenant nos coupes de bois vert », déclare, optimiste, Patrick Garneau.
Denis Dubé, superviseur chez Produits forestiers Résolu, montre un longicorne et les dommages causés sur le bois par les larves de cet insecte, dans la forêt brûlée par le feu « 344 », à Senneterre (Québec, Canada), le 24 août 2023. GUILLAUME SIMONEAU POUR « LE MONDE »
Repartir comme avant, vraiment ? En replantant des conifères, alors que ce sont les feuillus qui ont le mieux résisté au feu, qui ont servi de pare-feu efficaces à certaines habitations, et que leurs repousses sont déjà visibles dans les parcelles dévastées ? Le débat sur la régénération de la forêt boréale couve à bas bruit, dans cette région frappée de stupeur par la catastrophe d’ampleur inégalée qu’elle vient de vivre, mais qui ne remet pas en cause sa dépendance au commerce du bois.
Le forestier en chef du Québec, Louis Pelletier, un ancien dirigeant d’entreprise forestière, doit réviser d’ici quelques semaines, à l’intention du gouvernement du Québec, ses recommandations sur les futurs volumes de bois pouvant être récoltés sans accroître la déforestation. Nul ne sait comment il prendra en compte l’année 2023 : comme une année « accidentelle » au vu de l’ampleur des dégâts causés par les incendies, ou comme l’indice de la menace qui pèse désormais sur tout l’écosystème de la forêt canadienne ? Une étude publiée le 22 août dans le cadre du World Weather Attribution (WWA), a démontré que le changement climatique a rendu sept fois plus probable le contexte météorologique de chaleur et de stress hydrique qui a favorisé les incendies au Canada en 2023.
Henri Jacob, le militant écologiste qui a fondé en 2000 Action boréale, une association de défense de la forêt canadienne, subodore déjà que rien ne va changer. Il a passé le mois d’août à baguer des sauvagines, des oiseaux aquatiques sauvages, dans des marais situés dans le périmètre du brasier de Quévillon, afin d’étudier leur migration. « Pour la première fois en vingt-neuf ans, je n’ai vu ni castor ni ours ni orignal ni lynx dans cette zone ravagée par les flammes. »
Atterré par les dégâts majeurs en termes de biodiversité provoqués par ces incendies, il tempête contre l’inertie des gouvernements, fédéral et provincial, à lutter contre le dérèglement climatique. « Nous savions que cela allait se produire, et nous savons que cela se reproduira. Le pire drame, c’est que nous considérons qu’il n’y a pas de drame. » Le septuagénaire à la barbe blanche répète inlassablement ce que le gouvernement du Québec ne veut pas entendre, selon lui, pour ne pas froisser le puissant lobby forestier local : pour assurer la pérennité de la forêt, le moment est venu de renoncer à ne replanter que les lucratives épinettes noires. Elles sont les seules à intéresser l’industrie forestière, mais elles constituent, insiste-t-il, le combustible des futurs feux.
Paysage typique de la forêt boréale, près du lac Guéguen. Des plants d’arbres résineux pour reboiser la forêt brûlée, à la pourvoirie du lac Guéguen. A Val D’Or (Québec, Canada), le 23 août 2023. GUILLAUME SIMONEAU POUR « LE MONDE »
Située à la limite sud du feu 344, la communauté anichinabée (algonquine) de Lac-Simon, une réserve autochtone de 2 500 personnes, a elle aussi dû fuir quelques jours, début juin, la toxicité de l’air. En cette fin d’été, son chef, Lucien Wabanonik, confie « avoir la rage au cœur ». Les populations autochtones ont un attachement ancestral à leurs territoires qui, depuis des millénaires, les approvisionnent en gibier comme en plantes médicinales. « Cela fait des années que les Premières Nations alertent sur la nécessité de protéger tout ce qui constitue le cosmos, l’eau, la terre, les animaux et les hommes. Mais personne ne nous écoute. » Attristé que les hommes aient participé à « abîmer » le précieux écosystème de la forêt boréale, le poumon vert de l’hémisphère Nord, Lucien Wabanonik est sans illusion sur les leçons qu’ils s’apprêtent à en tirer. Le chef anichinabé envisage avec fatalisme un avenir lourd de menaces : « Nous allons payer très cher l’action de l’homme sur le dérèglement du cosmos. »
Par Hélène Jouan (Abitibi-Témiscamingue (Canada), envoyée spéciale)
Publié aujourd’hui à 05h00https://www.lemonde.fr/planete/article/2023/09/03/apres-le-feu-344-l-un-des-plus-grands-brasiers-de-l-ete-au-quebec-l-avenir-obscurci-de-la-foret-boreale_6187596_3244.html....
Personne ne peut imaginer que Robert Charlebois puisse chanter un jour « I’ll come back to Montreal in a big sea-blue Boeing ». Mais les jeunes héritiers du chansonnier québécois, bilingues et très sensibles au diktat des plates-formes de musique en ligne, n’hésitent plus à utiliser l’anglais. De quoi inquiéter des autorités toujours soucieuses de la prééminence du français dans la Belle Province.
Nouveau ministre de la langue française dans le gouvernement du Québec, M. Jean-François Roberge a réclamé, en novembre 2022, une « mobilisation nationale ». Selon Statistique Canada, en 2021, le recul du français comme langue maternelle, langue parlée à la maison et langue au travail a été « plus important dans les vingt dernières années que dans le siècle précédent ». La proportion d’habitants de la province déclarant avoir le français comme langue maternelle est passée de 77,1 % à 74,8 % entre 2016 et 2021, et de 20,6 % à 19,6 % sur l’ensemble du Canada. Le premier ministre François Legault, chef du parti conservateur et nationaliste Coalition avenir Québec, a proclamé, lors du dernier Sommet de la francophonie en novembre 2022 à Djerba (Tunisie), qu’avec « 48 % de francophones sur l’île de Montréal, la situation est inquiétante », justifiant ainsi son souhait d’une immigration « 100 % francophone ou francotrope » d’ici à 2026. Le gouvernement a fixé un seuil de cinquante mille immigrants en 2023, dont 66 % parlant le français — le Maroc, l’Algérie, la France et Haïti sont, dans cet ordre, les principaux pays pourvoyeurs d’arrivants francophones au Québec. Mais les lois et règlements ne suffiront pas à inverser la tendance pour M. Roberge, qui suggère que chaque Québécois devrait se demander : « Est-ce que je suis en train de consommer de la culture en français ? »
Quand le ministre parle de « culture en français », il pense notamment à la chanson québécoise. Elle s’est propagée durant les années 1960, en même temps que la « révolution tranquille », vaste mouvement d’émancipation sociale, économique et culturelle tout autant qu’affirmation d’une identité. Et même si ses caractéristiques empruntent moins au folklore et à la poésie endogènes qu’à des éléments exogènes, dont la chanson française et la contre-culture américaine (folk et rock), elle est alors devenue le vecteur privilégié des aspirations souverainistes et du nationalisme culturel, via des artistes comme Félix Leclerc, Pauline Julien, Robert Charlebois… Si bien que Mon pays (1965) et Gens du pays (1975), de Gilles Vigneault, cette dernière entonnée par le premier ministre René Lévesque au soir de la défaite du référendum du 20 mai 1980 portant sur son projet de souveraineté de la province, ont été érigées en hymnes de la québécitude. L’époque voyait aussi fleurir les « boîtes à chanson », petites salles dont émergèrent les interprètes qui, selon l’écrivain montréalais Bruno Roy, « sont devenus, sans le vouloir, les porte-parole d’un pays qui aspire à son affirmation, à sa liberté ; ils sont devenus le témoin et la conscience d’une société aux prises avec ses énormes difficultés d’être (1) ». En 1966, l’auteur-compositeur Stéphane Venne écrivait déjà : « La chanson est sûrement la forme d’art à jaillir le plus spontanément au Québec. Tout le monde veut faire des chansons. Et les autres ont l’air de vouloir en consommer des tonnes. (…) Or on a mis sur la chanson d’ici une charge lourde comme le monde. Celle d’être pour les Québécois ce que le jazz est pour les Noirs d’Amérique, l’opéra pour les Italiens, et quoi encore. Un pivot de culture ici ; un passeport pour tous les pays du monde (2). »
La « charge lourde comme le monde » a continué de peser pendant un demi-siècle, jusqu’à tomber sur les épaules des jeunes candidats d’une émission de télé-réalité. En janvier 2022, lors du premier gala de Star Académie, dix des quatorze chansons interprétées étaient anglophones. Même si la balance a été inversée lors des émissions suivantes, la polémique était lancée, d’autant plus piquante que l’émission est produite par le Groupe TVA, que préside M. Pierre Karl Péladeau, un ancien chef du Parti québécois, formation souverainiste qui fit adopter la charte imposant le français comme unique langue officielle en 1977, sous le premier mandat de René Lévesque. Les éditorialistes de la presse francophone se sont émus, et plusieurs acteurs de l’industrie musicale ont désigné un coupable : les plates-formes de streaming à la source desquelles les jeunes « consommateurs » s’abreuvent, notamment Spotify, qui domine le marché québécois. Selon une récente étude auprès des étudiants en art et technologie des médias (3), 83,3 % des sondés se connectent sur une plate-forme au moins une heure par jour. Ceux qui écoutent de la musique en ligne la préfèrent « majoritairement en anglais » à 51 %, contre 3,6 % « majoritairement en français », alors que 29,9 % alternent entre les deux langues.
En une décennie, les plates-formes de streaming ont transformé la pratique des auditeurs, périmé le disque compact (CD) et relancé une industrie en crise. Elles ont également contribué à éroder l’audience des radios (musicales surtout), qui ont perdu la moitié de leur audience chez les Québécois de 12 à 34 ans. Les deux médias sont concurrents, mais ils ne jouent pas avec les mêmes règles. Les stations francophones sont contraintes de diffuser 65 % de musique en français de 6 heures à 20 heures en semaine (contre 40 % en France). Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a récemment rejeté une nouvelle fois la demande des principales radios, qui souhaitent que leur programmation épouse les goûts du public, d’abaisser ce seuil à 35 %. Dans les faits, beaucoup de stations contournent les quotas par divers stratagèmes. Mais aucune contrainte de la sorte ne pèse sur les plates-formes. Même si elles diffusent leur contenu à la demande de l’abonné, elles influencent aussi ses choix, en promouvant certains artistes et titres sur leurs portails, et en déterminant les algorithmes dont sont issues les recommandations qui orientent les utilisateurs. Elles abondent dans le sens des majors et de la musique mondialisée — les mêmes stars sont écoutées à New York, São Paulo, Tokyo, Lagos et Montréal. En 2022, au Québec, d’après les données des dix principales plates-formes, dont Spotify, Deezer, Apple Music et Amazon Music, ainsi que le site YouTube (4), les artistes de la province n’ont totalisé que 8 % des écoutes (contre 30 % des ventes d’albums en format physique sur la même période) et ils n’ont eu que quatre chansons dans le top 100 : Copilote, des rappeurs FouKi et Jay Scøtt (17e), L’Amérique pleure, du groupe Les Cowboys Fringants (49e), Meaningless, de Charlotte Cardin (66e), et Lullaby, d’Alicia Moffet (78e) — ces deux dernières sont chantées en anglais. À titre de comparaison, en France en 2022, neuf des dix artistes les plus écoutés sur Spotify sont… des rappeurs français. Seule exception : The Weeknd, un artiste canadien anglophone.
En juin 2022, le premier ministre François Legault s’est encore exprimé, derrière un pupitre que barraient les mots « Notre chanson — Notre musique — Notre maison », pour relancer un projet qui peine à voir le jour, la Maison de la chanson et de la musique, dont l’inauguration est désormais prévue en 2026 à Montréal. Gilles Vigneault était présent, Catherine Major, France D’Amour et Ilam étaient invités à chanter. Ces trois artistes populaires, aux profils variés, émergent difficilement sur les plates-formes : Catherine Major, par exemple, séduit 12 624 auditeurs mensuels sur Spotify, contre 275 000 pour FouKi et… 69 millions pour Drake, rappeur anglophone de Toronto. Le sentiment d’être submergé trouve donc un écho dans la réalité des chiffres. Si bien que l’un des plus brillants représentants de la chanson actuelle, Pierre Lapointe, peut conclure, dans un entretien sur Radio Canada (26 octobre 2022) : « Le marché québécois, pour une grande plate-forme comme Spotify qui vaut des centaines de milliards de dollars, ce n’est pas grand-chose. Si on fait le calcul, ils nous tiennent déjà par les couilles. » Il en appelle donc au soutien des diffuseurs publics, sans quoi il prédit que « la culture francophone va s’éteindre ». Un projet de loi du gouvernement fédéral du premier ministre Justin Trudeau, dont l’étude parlementaire est en cours, veut étendre les règles du CRTC aux plates-formes en ligne, dans le but d’assurer une meilleure « découvrabilité » (le concept est martelé) des contenus nationaux : comme les programmes des radios, leurs lignes éditoriales et leurs algorithmes seraient soumis à des quotas de musique canadienne anglophone, québécoise francophone et même autochtone, puisque les artistes innus (5) réclament désormais leur part.
Le Québec, qui a toujours évoqué l’image du village assiégé par 350 millions d’anglophones nord-américains, s’angoisse aujourd’hui de voir ses défenses enfoncées sur deux flancs, sa jeunesse et sa musique. Son gouvernement tente de colmater les brèches, par exemple en décrétant que seuls des artistes québécois francophones peuvent être diffusés dans les établissements publics et sur leurs répondeurs téléphoniques. Beaucoup de subventions sont également attribuées sous réserve de paroles en français. Quitte à créer des situations absurdes, à l’encontre notamment du hip-hop, qui, désormais plus écouté que la chanson, exacerbe les débats. Ainsi, le groupe de hip-hop Dead Obies a dû rembourser une bourse de la fondation Musicaction pour avoir utilisé 55 % de mots français, au lieu des 70 % requis, sur son album Gesamtkunstwerk. Comme beaucoup d’artistes du genre, Dead Obies pratique le franglais : « J’suis tellement plus about being felt que famous / Que même moi, j’sais plus what the hell my name is » (Do 2 Get). Selon Kirouac, du duo rap Kirouac & Kodakludo, qui le rappelle sur Montréal Campus (11 mai 2021), le franglais représente « la réalité de [sa] génération ». Les rappeurs québécois font partie d’une génération majoritairement bilingue (65 % des 20-29 ans)… Pilier de cette scène, Loud manie aussi le joual (le parler québécois populaire) et assume de jongler avec un lexique composite : « Je ne suis qu’un rappeur, pas le sauveur de la langue française » (Focus Vif, 20 juin 2018). Les crispations se multiplient. En mars 2022, le Festival international de la chanson de Granby a exclu le rappeur Samian parce qu’il refusait de se produire en français, alors que son dernier album est interprété en anishinaabemowin, une langue autochtone. En août, le Réseau express métropolitain (REM) de Montréal a retiré une vidéo promotionnelle de son compte TikTok après que des internautes se sont offusqués d’y entendre un rappeur anglophone.
Réguler le marché, par le biais de quotas ou de subventions aux œuvres produites et diffusées, pourrait contribuer au rempart linguistique érigé par la coalition nationaliste du gouvernement Legault, reconduit en octobre 2022 après une campagne centrée sur l’immigration et l’identité québécoise. Mais ce sera surtout un outil pour sauvegarder la vitalité d’une scène et la diversité de ses artistes, parfois d’origine maghrébine ou haïtienne, sans oublier les interprètes autochtones, de plus en plus actifs. L’équation est particulièrement complexe au Québec, terre de paradoxes : sa plus fière ambassadrice francophone, Céline Dion, est devenue une star internationale en chantant en anglais à partir des années 1990.
Éric Delhaye
Journaliste.
(1) Bruno Roy, Pouvoir chanter, VLB éditeur, Montréal, 1991.
(2) Stéphane Venne, « Notre chanson en quête de hauteurs », Liberté, n° 46, Montréal, juillet 1966.
(3) Caroline Savard et Audrey Perron, « Portrait des habitudes médiatiques des étudiantes et étudiants en Art et technologie des médias du Cégep de Jonquière » (PDF), École supérieure en Art et technologie des médias, Jonquière, septembre 2022.
(4) Ces chiffres n’incluent pas ceux de la plate-forme QUB Musique, lancée en 2020 (et qui migrera bientôt vers la plate-forme française Qobuz), sur laquelle la création québécoise représente trois quarts des écoutes, mais qui ne pèse pas lourd face aux géants du secteur.
(5) Peuple autochtone originaire de l’est de la péninsule du Québec-Labrador.
La guerre que se livrent les anglophones et les francophones depuis des décennies au Québec se répercute sur les ressortissants algériens, particulièrement les étudiants qui ambitionnent de poursuivre leurs études au pays de l'érable. C'est ce qui explique que les autorités canadiennes refusent des visas aux étudiants francophones acceptés par les universités québécoises.
Selon une étude effectuée par l'Institut du Québec, reprise par RFI, environ 50 % des étudiants francophones qui ont été acceptés par des universités québécoises se voient refuser le visa de séjour à l'entrée du territoire par le Canada. « Une proportion qui grimpe à 72 % pour les étudiants africains qui ne peuvent accéder à leur établissement d'enseignement », ajoute-t-on de même source.
Étudiants algériens indésirables au Canada : L'indépendance du Québec en toile de fond
La ministre québécoise de l'Immigration Christine Fréchette et de nombreux élus de la province dénoncent ce qu'ils qualifient de « situation absurde » qui touche des étudiants originaires d'Algérie, mais aussi du Sénégal, de la Guinée et du Congo-Brazzaville. Une situation réellement absurde, puisque ces étudiants étrangers se retrouvent victimes d'une « guerre » qui n'est pas la leur. Une guerre entre le Québec qui veut « franciser » la province avec en toile de fond une future indépendance et le Canada qui rejette les visas aux francophones en guise de lutte contre une future indépendance du Québec.
Il faut dire cependant que dans ce cas de figure, c'est le Canada qui décide qui entre sur son territoire et fait donc en sorte que les francophones soient de moins en moins nombreux à venir. Et bien sûr, les Africains sont plus faciles à rejeter avec ce sempiternel argument de la peur que les étudiants du continent africain ne rentrent pas dans leurs pays respectifs après leurs études. Drôle d'argument pour un pays qui encourage l'immigration et qui dit avoir besoin de 460'000 nouveaux arrivants, rien que pour cette année1.
Les indépendantistes québécois encouragent la venue des Algériens
L'Institut du Québec estime que seulement 1 étudiant africain sur 4 obtient le droit de s'établir au Québec, en raison justement de la politique canadienne dans cette province, qui encourage la venue des anglophones au détriment des francophones. Et cette question de visas est utilisée par les autorités canadiennes comme une arme contre la francisation galopante du Québec qui risque de mener cette province vers l'indépendance.
Et c'est tout naturellement que les partisans de l'indépendance du Québec ne soient pas contents face à cette situation, à l'image du député Alexis Brunelle-Duceppe, conscient de l'importance des étudiants africains francophones. « L’avenir de la francophonie, il est en Afrique. Et l’avenir du Québec est en français. Donc, on a besoin de ces gens-là pour qu’on devienne une communauté francophone solidaire, puis on a besoin de ces étudiants-là pour qu’ils viennent ici au Québec, soit faire leur vie, soit par la suite devenir des ambassadeurs du Québec dans leur pays respectif », a-t-il affirmé, non sans exprimer l'espoir qu'Ottawa change sa politique à l'égard des étudiants africains, notamment les Algériens.
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