Rédigé le 31/10/2023 à 20:26 dans Israël, Paléstine, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 29/10/2023 à 15:27 dans Jean Séna, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
«Celui qui m'a changé en exilé m'a changé en bombe. Je sais que je vais mourir, je sais que je livre une bataille perdue au présent, car elle est d'avenir. Et je sais que la Palestine - sur la carte - est loin. Et je sais que vous avez oublié mon nom dont vous avez falsifié la traduction. Et tout cela je le sais. Et c'est pourquoi je porte la Palestine sur vos boulevards, dans vos maisons, dans votre chambre à coucher.»
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PASSANTS PARMI DES PAROLES PASSAGERES
1.
Vous qui passez parmi les paroles passagères
portez vos noms et partez
Retirez vos heures de notre temps, partez
Extorquez ce que vous voulez
du bleu du ciel et du sable de la mémoire
Prenez les photos que vous voulez, pour savoir
que vous ne saurez pas
comment les pierres de notre terre
bâtissent le toit du ciel
2.
Vous qui passez parmi les paroles passagères
Vous fournissez l’épée, nous fournissons le sang
vous fournissez l’acier et le feu, nous fournissons la chair
vous fournissez un autre char, nous fournissons les pierres
vous fournissez la bombe lacrymogène, nous fournissons la pluie
Mais le ciel et l’air
sont les mêmes pour vous et pour nous
Alors prenez votre lot de notre sang, et partez
allez dîner, festoyer et danser, puis partez
A nous de garder les roses des martyrs
à nous de vivre comme nous le voulons.
3.
Vous qui passez parmi les paroles passagères
comme la poussière amère, passez où vous voulez
mais ne passez pas parmi nous comme les insectes volants
Nous avons à faire dans notre terre
nous avons à cultiver le blé
à l’abreuver de la rosée de nos corps
Nous avons ce qui ne vous agrée pas ici
pierres et perdrix
Alors, portez le passé, si vous le voulez
au marché des antiquités
et restituez le squelette à la huppe
sur un plateau de porcelaine
Nous avons ce qui ne vous agrée pas
nous avons l’avenir
et nous avons à faire dans notre pays
4.
Vous qui passez parmi les paroles passagères
entassez vos illusions dans une fosse abandonnée, et partez
rendez les aiguilles du temps à la légitimité du veau d’or
ou au battement musical du revolver
Nous avons ce qui ne vous agrée pas ici, partez
Nous avons ce qui n’est pas à vous :
une patrie qui saigne, un peuple qui saigne
une patrie utile à l’oubli et au souvenir
5.
Vous qui passez parmi les paroles passagères
il est temps que vous partiez
et que vous vous fixiez où bon vous semble
mais ne vous fixez pas parmi nous
Il est temps que vous partiez
que vous mouriez où bon vous semble
mais ne mourez pas parmi nous
Nous avons à faire dans notre terre
ici, nous avons le passé
la voix inaugurale de la vie
et nous y avons le présent, le présent et l’avenir
nous y avons l’ici-bas et l’au-delà
Alors, sortez de notre terre
de notre terre ferme, de notre mer
de notre blé, de notre sel, de notre blessure
de toute chose, sortez
des souvenirs de la mémoire
ô vous qui passez parmi les paroles passagères
MAHMOUD DARWICH
MURALE ...Extrait
Voici ton nom,
Dit une femme
Puis elle disparut dans la spirale du couloir.
(…)
Un jour je serai ce que je veux.
Un jour je serai une idée qu’aucun glaive ne porte
A la terre désolée, aucun livre …
Une idée pareille à la pluie sur une montagne
Fendue par la pousse d’un brin d’herbe.
Et la force n’aura pas gagné,
Ni la justice fugitive.
Un jour je serai ce que je veux.
Un jour je serai oiseau et, de mon néant,
Je puiserai mon existence. Chaque fois que mes ailes se consument,
Je me rapproche de la vérité et je renais des cendres.
Je suis le dialogue des rêveurs.
J’ai renoncé à mon corps et à mon âme
Pour accomplir mon premier voyage au sens,
Mais il me consuma et disparut.
Je suis l’absence. Je suis le céleste
Pourchassé.
Un jour je serai ce que je veux.
Un jour je serais poète
Et l’eau se soumettra à ma clairvoyance.
Métaphore de la métaphore que ma langue
Car je ne dis ni n’indique
Un lieu. Et le lieu est mon péché et mon alibi.
Je suis de là-bas.
Mon ici bondit de mes pas vers mon imagination …
Je suis qui je fus, qui je serai
Et l’espace infini me façonne, puis me tue.
(…)
Un jour je serai ce que je veux.
Voici ton nom,
Dit une femme
Puis elle disparut dans le couloir de sa blancheur.
Voici ton nom. Retiens-le bien !
Ne vous chamaillez pas pour une lettre
Et ne te soucie pas des bannières des tribus.
Sois l’ami de ton nom horizontal,
Teste-le sur les vivants et les morts,
Entraîne-le à la bonne diction en compagnie des étrangers,
Trace-le sur une paroi de la caverne.
O mon nom : tu grandiras quand je grandirai,
Tu me porteras et je te porterai,
Car l’étranger est un frère pour l’étranger.
Nous capturerons la femelle avec la voyelle longue dévolue aux flûtes.
O mon nom : où sommes-nous à présent ?
Dis ! Qu’est aujourd’hui ? Qu’est demain ?
Qu’est le temps, le lieu,
L’ancien, le nouveau ?
Un jour nous serons ce que nous voulons.
Le voyage n’a pas commencé, le chemin n’a pas abouti,
Les sages n’ont pas atteint leur exil
Ni les exilés, leur sagesse.
Des fleurs, nous n’avons connu que les coquelicots.
Montons donc au plus haut des fresques :
Verte est la terre de mon poème, haut,
Parole de Dieu à l’aube que la terre de mon poème
Et je suis le lointain,
Le lointain.
Dans chaque vent une femme se joue de son poète :
– Emprunte la direction que tu m’as offerte,
La direction qui s’est brisée,
Et rends-moi ma féminité
Car il ne me reste que la contemplation
Des rides du lac. Déleste-moi de mon lendemain,
Rends-moi le passé et laisse-nous, seuls, ensemble.
Rien, après toi, qui parte
Ou revienne.
– Reprends le poème si tu le désires.
Je n’ai que toi en lui.
Reprends ton moi. J’achèverai l’exil
Avec ce que tes mains ont laissé de lettres aux mouettes.
Qui de nous eux est moi, que je sois sa fin ?
Une étoile tombera entre l’écrit et le dit
Et le souvenir confiera ses pensées : Nous sommes nés
Aux temps de l’épée et de la flûte,
Entre figues et figuiers de Barbarie. La mort était plus lente.
Elle était plus nette. Elle était une trêve pour les passants
A l’embouchure du fleuve.
Désormais tout est machinal.
Aucun assassin ne prête l’oreille aux victimes,
Nul martyr ne donne lecture de son testament.
(…)
Dans la jarre brisée, les femmes du littoral syrien
Se plaignent de la longueur du chemin
Et brûlent sous le soleil d’août.
Je les ai vues sur le chemin de la source avant ma naissance.
J’ai entendu l’eau les pleurer dans l’argile :
Revenez au nuage et les beaux jours reviendront.
(…)
Le temps est zéro. Je n’ai pas pensé à la naissance
Lorsque la mort m’emporta dans le chaos.
Je n’étais ni vivant ni mort
Et il n’y avait ni néant ni existence.
Mon infirmière dit : Votre état s’améliore.
Puis elle m’injecte un calmant. Restez calme,
Digne de ce dont vous rêvez
Sous peu …
J’ai vu mon médecin français
Ouvrir la porte de ma cellule et,
Aidé par deux policiers de banlieue,
Me frapper avec un bâton.
J’ai vu mon père revenu
Evanoui du pèlerinage,
Victime d’un coup de soleil hijazien,
Dire à une volée d’anges l’entourant :
Eteignez-moi !
J’ai vu des jeunes Maghrébins
Jouer au ballon
Et me lancer des pierres : Repars, et ton Verbe,
Et laisse-nous notre mère,
O père qui t’es trompé de cimetière !
J’ai vu René Char
En compagnie de Heidegger
Je les ai vus
A deux mètres de moi,
Boire du vin
Sans quête de poésie …
Leur dialogue était un fil de lumière
Et un lendemain fugace patientait.
J’ai vu mes trois compagnons se lamenter
Tandis
Qu’ils me cousaient un linceul
Avec des fils d’or.
(…)
J’ai vu des pays m’enlacer
De leurs bras matinaux : Sois
Digne de l’odeur du pain,
Que les fleurs du trottoir t’aillent bien,
Car l’âtre de ta mère brûle toujours
Et le salut est encore chaud comme le pain !
Verte, verte la terre de mon poème. Un seul fleuve suffit pour que je murmure au papillon : O mon frère. Un seul fleuve suffit pour soudoyer les légendes anciennes, qu’elles demeurent sur l’aile du faucon lorsqu’il remplace bannières et sommets lointains, là où les armées ont édifiés les royaumes de l’oubli à mon intention. Aucun peuple n’est plus petit que son poème. Mais les armes élargissent encore les mots à l’attention des vivants et des morts qui les habitent, les lettres font briller le glaive à la ceinture de l’aube et le désert manque de chansons ou en déborde.
Aucune vie ne suffit pour que je tire ma fin à mon commencement.
Les pâtres ont emporté mon histoire et se sont enfoncés dans la végétation qui recouvre les attraits des vestiges. Ils ont vaincu l’oubli par les trompes et la prose rimée indivise. Ils m’ont légué la raucité du souvenir sur la pierre de l’adieu et ne sont pas revenus …
(…)
Qui es-tu, mon moi ?
Nous sommes deux sur le chemin
Et un, dans la résurrection.
Emporte-moi vers la lumière de l’anéantissement,
Que je voie mon devenir dans mon autre image.
Qui serai-je après toi, mon moi ?
Mon corps est-il derrière moi ou devant moi ?
Qui suis-je, ô toi ?
Fais-moi comme je t’ai fait,
Enduis-moi de l’huile d’amande,
Ceins-moi de la couronne de cèdre
Et porte-moi de la vallée vers une éternité
Blanche.
Enseigne-moi la vie à ta manière.
Eprouve-moi, atome dans le monde céleste.
Aide-moi contre l’ennui de l’éternité et sois clément,
Lorsque me blessent et pointent de mes veines
Les roses …
(…)
Chaque foi que je me suis retourné sur la première des chansons,
J’ai vu les traces de la gélinotte sur les mots.
Je ne fus pas un enfant heureux
Pour dire : Hier est toujours plus beau.
Mais le souvenir possède deux mains légères qui enfièvrent la terre.
Le souvenir a les parfums d’une fleur nocturne qui pleure
Et, dans le sang de l’exilé, réveille son besoin de déclamer :
" Sois le comble de ma tristesse et je trouverai mon temps … "
Et je n’ai besoin que d’un battement de mouette pour suivre
Les vaisseaux anciens.
Quel est le temps passé depuis notre découverte de ces jumeaux :
Le temps et la mort naturelle synonyme de vie ?
Et nous vivons toujours comme si la mort ne nous atteignait pas
Doués de mémoire,
Nous pouvons nous libérer sur les pas verts de Gilgamesh
Allant d’un temps à un autre temps …
(…)
Ce nom m’appartient …
Et il appartient à mes amis, où qu’ils se trouvent.
Et mon corps passager, présent ou absent, m’appartient …
Deux mètres de cette tourbe suffiront désormais …
Un mètre et soixante-quinze centimètres pour moi …
Et le reste, pour des fleurs aux couleurs désordonnées
Qui me boiront lentement. Et m’appartenait
Ce qui m’appartenait, mon passé, et ce qui m’appartiendra,
Mon lendemain lointain et le retour de l’âme prodigue.
Comme si rien n’avait été.
Comme si rien n’avait été.
Rien qu’une blessure légère au bras du présent absurde …
Et l’Histoire se rit de ses victimes
Et de ses héros …
Elle leur jette un regard et passe …
Cette mer m’appartient.
Cet air humide m’appartient.
Et mon nom,
Quand bien même je prononcerais mal mon nom gravé sur le cercueil,
Mon nom m’appartient.
Mais moi, désormais plein
De toutes les raisons du départ, moi,
Je ne m’appartiens pas,
Je ne m’appartiens pas,
Je ne m’appartiens pas …
MAHMOUD DARWICH
SUR CETTE TERRE
Sur cette terre, il y a ce qui mérite vie : l’hésitation d’avril, l’odeur du pain à l’aube, les opinions d’une femme sur les hommes, les écrits d’Eschyle, le commencement de l’amour, l’herbe sur une pierre, des mères debout sur un filet de flûte et la peur qu’inspire le soulèvement aux conquérants.
Sur cette terre, il y a ce qui mérite vie : la fin de septembre, une femme qui sort de la quarantaine, mûre de tous ses abricots, l’heure de soleil en prison, des nuages qui imitent une volée de créatures, les acclamations d’un peuple pour ceux qui montent, souriants vers leur mort et la peur qu’inspirent les chansons aux tyrans.
Sur cette terre, il y a ce qui mérite vie : sur cette terre, se tient la maîtresse de la terre, mère des préludes et des épilogues. On l’appelait Palestine. On l’appelle désormais Palestine. Ma Dame, je mérite la vie, car tu es ma Dame.
http://emmila.canalblog.com/archives/2008/08/14/10235373.html
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Rédigé le 15/10/2023 à 18:01 dans Paléstine, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Je suis la dignité d’un peuple colonisé, opprimé, spolié, assassiné en silence, et j’ai un rêve
Je suis la terre volée, déchirée, vampirisée, et j’ai un rêve
Je suis la voix de la résistance et de la clairvoyance, et j’ai un rêve
Je suis la mémoire et les paroles vives de la Palestine, et j’ai un rêve
Je suis les droits inaliénables d’un peuple occupé, et j’ai un rêve
J’habite un peuple digne et débout, et j’ai un rêve
Je suis l’amour de la terre et la lutte pour la survie, et j’ai un rêve
Je suis le pouvoir des mots qui dépasse l’impossibilité d’agir, et j’ai un rêve
Je suis un palestinien qui sait braver son destin et j’ai un rêve
Je suis un palestinien qui hait la haine et j’ai un rêve
Je suis la douleur endurée dans la constance de l’espoir, et j’ai un rêve
Je suis la persévérance d’une population
Qui vit un insoutenable pérenne et j’ai un rêve
Je suis la ténacité d’un peuple phare,
Un peuple dont le monde libre se détourne et j’ai un rêve
Je suis la noblesse d’une cause de justice, et j’ai un rêve
Je suis le citoyen qui a subi toute une histoire lourde et noire, et j’ai un rêve.
Je suis la justice qui ne pourra être étouffée indéfiniment, et j’ai un rêve.
Je suis l’humanité préservée dans l’adversité et le combat, et j’ai un rêve.
Avec force, énergie, foi, et grandeur d’âme, j’annonce ce rêve.
Avec beauté, fierté et espérance, j’exprime ce rêve.
D’une parole brillante et respectueuse, je révèle ce rêve.
De ma terre tolérante de patience et de fraternité, je dis ce rêve.
Sur la colline des oliviers, je clame ce rêve.
Sur les feuilles du printemps, avec le sang qui rougit nos visages, j’écris ce rêve.
Alors que le monde est en cage et muselé, sourd et muet, je dévoile mon rêve.
Avec les mots qui traduisent l’espoir et traversent les murs,
Avec ma poésie, cette arme de paix, je crie mon rêve.
Ma poésie affirme la primauté et l’universalité de l’humain
C’est une poésie d’une force sans pareille
Elle se moque des frontières
Car ils ne peuvent la bâillonner et entretenir la résignation.
Oui, avec ma poésie, je raconte ce rêve.
Même si la paix est inéluctable, je dis mon rêve
Même si l’ignoble est toujours au bout de l’injustice, je décris mon rêve
Même si l’actualité est brûlante, confuse et irrationnelle, j’exprime mon rêve
De ma prison à ciel ouvert, je parle de mon rêve
Avec des mots intenses magnifiés par les combats, voilà mon rêve.
Mon rêve est lucide et transparent.
Mon rêve est bâti avec patience et humilité.
Mon rêve est l’ultime espoir face aux bourreaux.
Mon rêve renversera les montagnes et traversera le fleuve des années.
Mon rêve dénoncera la sordide et honteuse attitude de l’occupant.
Mon rêve dépassera le sentiment d’impuissance et d’absurdité.
Mon rêve pressent les premières fraîcheurs annonciatrices de notre liberté.
Mon rêve est plus humain que mes geôliers et leurs complices.
Mon rêve sort des ultimes larmes de notre cœur.
Mon rêve s’inscrit dans la pensée universelle.
Mon rêve luit comme une paume laborieuse.
Mon rêve remplit le cœur des opprimés d’une grande joie.
Mon rêve est beau comme l’odeur généreuse du café de nos mères
Et le thé vert, fleuri et délicieux de nos grand-mères.
Mon rêve se fait assassiner tous les jours, sans décence.
Mon rêve souffre pour parvenir à un droit, juste un droit.
Mon rêve est impossible à briser, à faire taire
Car c’est le rêve noble d’un enfant palestinien innocent.
Mon rêve pacifiste ensemence les cœurs.
Mon rêve résiste comme notre branche d’olivier, symbole de paix
Que l’occupant veut déraciner, étouffer et anéantir.
Mon rêve maintient la flamme de la vie et ne cache pas ses espérances.
A ce rêve, coloré du drapeau palestinien,
Ma détermination donnera plus de résonance.
Je voudrai réaliser ce rêve
Malgré les fous et leurs taupes qui cherchent à le briser.
Il est proclamé haut et fort
Malgré le vice israélien parvenu à son paroxysme
Et inspiré par un sentiment exacerbé de toute puissance,
Malgré cette arrogance à vouloir l’écraser.
Ce rêve est chanté par un poème qui ne sera jamais inachevé
Car une plume affûtée écrit ses mots.
Le rêve que je vous annonce les yeux embués s’approche
Ce rêve qui résiste aux oppresseurs, le voici :
Ne pas devenir un cadavre,
Ne pas mourir dans une geôle israélienne,
Ce rêve est que ma terre soit cultivée par les mains et non par le sang,
Que ma Palestine soit libérée du joug des oppresseurs de l’ombre,
Que l’espoir soit à son comble,
Que les lambeaux de la nuit enjoignent
De résister au courroux d’Israël,
Que la paix dans la justice règne,
Que nos jours soient toujours plus lumineux
Malgré les lendemains incertains,
Qu’on en finisse avec les décisions arbitraires, illégitimes et illégales de cet état d’apartheid,
Que les colonies, cauchemar de l’occupation, disparaissent,
Que nos enfants prennent sans crainte le chemin de l’école,
Que les étoiles remplacent dans notre ciel
L’essaim des avions militaires,
Que les rayons du soleil fassent chatoyer nos collines
Que le monde se réveille,
Que les crimes banalisés de l’occupant ne restent pas impunis,
Que le blocus immonde infligé à Gaza soit levé,
Que la violence au quotidien prenne fin,
Que s’effacent les larmes de nos mères,
Que cesse la douleur de mon peuple,
Que le mur de la honte disparaisse,
Que les grandes puissances cessent de cautionner l’impunité de cet état illégal,
Que soient bannis des mots comme :
Occupation, guerre, colonisation et violence,
Que la douce colombe de paix, un rameau d’olivier palestinien dans le bec
Se pose doucement sur l’épaule de notre mère Palestine enfin libérée,
Que la lumière de la paix brille sur notre pays,
Que justice soit faite,
Que nos enfants grandissent dans la paix!
Alors, oui, je rêve d’écrire le poème de la victoire
Mais surtout je rêve
De pouvoir témoigner de la vie et non de la mort.
ZIAD MEDOUKH
https://www.typepad.com/site/blogs/6a00d834529ffc69e200d834529ffe69e2/post/compose
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Rédigé le 15/10/2023 à 17:43 dans Palestine, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 11/10/2023 à 20:53 dans Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Ce bruit au loin a fait remonter en nous l’angoisse des forêts vierges des premiers âges. La crainte guide nos pas. Près du jardin de Sanaiïyeh, une scène de Jugement dernier. Des centaines de personnes affolées entourant un énorme cercueil de pierre.
Sous un ciel portant toutes les nuances de la cendre, l'accablement lourd comme une chape. Nous nous frayons un passage au milieu de la foule pour essayer d'apercevoir quelque chose derrière la lisière des épaules, derrière la barrière humaine, autour de la peur et de la colère, et nous voyons... Un immeuble que la terre a englouti.
L'universelle barbarie s'en est emparée. Il y a un nom pour cette chose ?
Une bombe à implosion ; elle creuse un énorme vide sous son objectif qui perd ses fondations, qui se retrouve avalé, transformé en cimetière enfoui, sans modification ni changement. Là-dessous, dans ce nouvel espace, les formes conservent leur apparence et les habitants de l'immeuble gardent l'attitude qu'ils avaient, la trace du geste étranglé. Là-dessous, sous ce qui était le dessous il y a moins d'une seconde, ce sont désormais des statues de chair, dépourvues de toute vie, pas même pour un adieu. Celui qui dormait continue à dormir, celui qui tenait à la main une cafetière la tient toujours à la main, celui qui ouvrait la fenêtre l'ouvre encore, celui qui tétait le sein de sa mère, celui qui dormait au côté de sa femme...
Mais celui qui se trouvait par hasard sur la terrasse n'a eu qu'à secouer la poussière de ses vêtements et à sauter sur la chaussée, sans avoir à emprunter l'ascenseur, l'immeuble ayant été réduit à un tas de gravats à peine plus haut que le sol. Les oiseaux aussi volettent dans leurs cages posées sur ce qui fut une terrasse.
MAHMOUD DARWICH
Traduit de l’arabe par Yves Gonzalez-Quijano et Farouk Mardam-Bey,
Arles, Actes Sud, 1994 p. 82- 83.
mercredi 11 octobre 2023
http://emmila.canalblog.com/
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Rédigé le 11/10/2023 à 08:36 dans Israël, Paléstine, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Rédigé le 09/10/2023 à 22:57 dans Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Une génération d’obèses, alcoolisés et drogués !
80% des jeunes inaptes en raison de leurs mauvaises performances physiques et intellectuelles; obèses, mal éduqués.
Aujourd’hui, le coefficient Intellectuel moyen est de 95. Il atteignait facilement 150-160 dans les années 1970.
L’UTILISATION DE LA DROGUE COMME TRANQUILLISANT SOCIAL
La drogue est un formidable tranquillisant social de masse. La drogue est le meilleur allié des gouvernements ennemis de la pensée critique.
L’objectif est d’empêcher la jeunesse de se révolter, notamment contre la guerre. Une drogue bon marché. Son objectif ? « Tenir » avec férocité la jeunesse en l’empêchant de se révolter en modifiant profondément leur psychisme.
On assiste à un recul du mouvement social, à un nombre de mobilisations populaires à la baisse. La société n’est pas encore assez « normalisée » ni assez acquise à la contre-révolution libérale.
Car la critique sociale continue à bas bruit, notamment grâce à l’esprit frondeur, l’antisystème, critiquant ! Le système politique veut faire taire tout esprit critique. N’importe comment. Il utilise la drogue.
La drogue de masse est un formidable moyen de faire taire les éléments les plus politisés du moment. La drogue est l’ennemie mortelle numéro un de toute personne désirant vivre. Les gens célèbres souvent drogués.
La cocaïne déloge à coups de pieds toute pensée critique. Toute velléité de “changer le monde”. ”. Toute notre meilleure conscience politique du moment est mise à la poubelle de l’Histoire. La cocaïne y est pour beaucoup. Elle devient la raison de vivre de toute une génération. A cause d’elle, les gens délaissent tout raisonnement critique structuré nécessitant un effort intellectuel….la pensée critique s’effondre avec ses bases sociales.
La vraie vie a été remplacée par la survie : le divertissement, et la recherche du réel perdu. Autrement dit : la cocaïne, l’alcool, la pédophilie et l’inceste, vécus comme le « must » de la transgression…
Des citoyens devenus clients consommateurs de perversions.
Des citoyens qui ne pensent plus mais dépensent !
Il ne reste qu’à leur fournir à bouffer et des jouets et ils ferment leur gueule !
26 AOÛT 2023
https://www.poesielavie.com/2023/08/chute-du-niveau-intellectuel.html
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Rédigé le 21/09/2023 à 20:25 dans Poésie/Littérature, Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Dans son nouveau recueil de poèmes en prose, Natakhallass memma noheb, Emad Ghazali creuse dans une écriture plus réaliste, consciente qu’il n’existe pas de paradis sur terre, et associe l’image de la vérité à celle d’« un enfant à plusieurs têtes ».
Ceux qui ont vécu la mort
N’ont jamais pensé à l’enregistrer.
Ceux dont les coeurs ont bougé, en une vitesse vertigineuse,
Ne sont jamais revenus
De la vie.
Elle s’allonge, s’étend sur le ventre, nue près de toi,
Si l’idée de la toucher te frôle
Le corps prend forme et se multiplie spontanément.
Elle redevient une enfant, elle grandit et mûrit
Comme si le temps, à tes yeux seulement, filait à la vitesse
De la lumière.
Elle se divise en une femme et une enfant
Qui tombent dans les bras, l’une de l’autre, se retournent.
En tentant de regarder chaque détail
On peut lire sur le visage
La vérité entière révélée, prenant la forme d’un enfant à plusieurs têtes,
Qui te regardent avec les traits d’une femme enfant
Pendant que la femme garde une seule tête qui t’épie
Son visage a les traits d’une femme qui n’a pas eu une enfance.
Je vis l’écriture comme si c’était la vie.
Je vis la vie,
Comme si c’était une traversée rapide.
Je vis la mort,
Comme si c’était un oeil de poisson.
Cette femme épuise mon coeur,
Plus elle est fine et tendre, plus elle fatigue mon coeur.
Pour une raison cachée
Pour une raison que je ne nomme pas
Pour une raison qui n’existe peut-être pas.
Il se frappe la tête,
Il trace quelques mots,
Il s’extasie.
Ce n’est pas moi.
C’est l’homme talentueux,
Les images tombent sur lui,
Comme des vipères colorées,
Elles s’entortillent et s’enchevêtrent et on n’en voit pas les deux bouts,
Elles l’emportent en trottant et il est comme captivé,
Il est pris et laisse de nouveau son empreinte.
Ce n’est pas moi.
A mi-chemin, de la pérennité à l’éternité,
Je suis né.
Non pas comme les milliers qui naissent, attaché à une branche,
A une distance immémoriale du passé
A une très haute distance de l’avenir,
Mon ami m’a dit: Tu n’es pas perdu.
Je répondais: Et cet arbre?
J’hésitais entre le sens du chemin de mes pas
Et l’impatience de mes bras.
Mais je le croyais,
Et je contenais tout l’univers.
Toi, tu dors pour dormir,
Mais moi je cours vers la rencontre de mes secrets
Vers des souris qui ne cessent de bouger
Autour de l’embrasure de la fenêtre
De la vieille maison familiale
Où s’arrête le cadre de l’image,
Et quelqu’un me jette une souris éventrée.
Vers le centre dont les villes sont ramifiées
Les mêmes rues dans chaque ville
Les boutiques et les lieux de culte
Les cafés, les marchands de fruits et les bars
Seuls les panneaux m’avertissent pour distinguer la langue de mon peuple
De la langue de l’envahisseur
Et ce n’est pas tout
Je fais attention aussi aux monnaies peu franches dans ma main,
Je cours vers le bus en cherchant
La place Ataba,
En fuyant les aéroports,
Lassé des hôtels où se sont déplacées
Les files d’attente pour le pain.
Mais la place ne se trouvait pas là-bas,
C’était loin, très loin.
Et ainsi de suite.
Je vais tout le temps esquiver l’idée
Que je suis seul
Rien ne peut répertorier mon existence,
Avec la frénésie des questions,
Echauffé à l’approche de la fin.
Je ne suis pas revenu, par le passé,
A cette question difficile à résoudre
Je veux dire l’habitude
Mes habitudes n’étaient pas toutes mauvaises
Et n’étaient pas toutes secrètes.
Je gardais ma porte close
Et je tenais seulement le stylo.
Avec cette première habitude toutes mes autres habitudes sont nées,
Le rêve de voler, la haine du pouvoir,
Epier le déhanchement des femmes,
L’écriture quand je m’ennuie
De la constance des saisons,
Fumer seul assis au café,
Attendre longtemps avant l’instant de passer au sommeil,
Distinguer des vers au mètre long avec un soin extrême, et cetera.
Mon problème c’était de perdre rapidement chaque plaisir
A peine j’avais acquis une habitude
L’étonnement qui l’accompagne se dissipait lentement,
Je me retrouvais poussé à chercher de nouveau
Sans la moindre énergie nécessaire à ma libération
D’une seule vieille habitude.
Ma nouvelle habitude rejoint ses soeurs
Les espaces rétrécissent avec le temps,
Je me suis dispersé alors
Je suis devenu une proie sans merci
Et sans douleur
Car je me suis probablement habitué aux contrastes
Les préceptes et le désordre, être effronté ou sublime, la connaissance
Et la certitude
Le stylo et la page blanche
La compassion et la cruauté,
Et ainsi de suite.
J’aurai la nostalgie de plusieurs choses
Le ciel, fâché du conflit de la nuit et du jour,
Le jour avec un sombre nuage chargé de secrets
Vers la terre ferme
Sur laquelle les murs ne sont pas sur le point de s’écrouler.
Parfois, l’amour voué à un autre être humain devient comme un credo
Et c’est alors que, à l’aveuglette, nous sommes menés à l’abattoir.
J’ai dit à la gloire: qu’elle périsse!
Il vaut mieux un instant de plaisir évanescent qui dure
Car au moins ça éternise chaque individu, en son enfer.
Tout poète naît avec ses murs autour de lui.
Dis-moi: Comment rendre un mur moins épais ?
Tout ce qui t’est arrivé est arrivé alors que tu n’en étais pas conscient
Comme dans un rêve
Et ce qui se déroule en rêve on ne peut lui faire confiance.
Le regard s’éteint par la familiarité
Et plusieurs sons rendent l’oreille familière
La main reproduit le toucher
Et le coeur est le centre des battements qui s’inventent intimement
Sans jamais se ressembler
Et qui nous manquent quand ils passent une seule fois,
Le nez analyse les odeurs, qu’elles soient bonnes ou stupides
Et il secrète une morve stupide.
Le cerveau pompe les vérités et les imaginations
Celles qui étaient et celles qui seront
Et celles qui existent entre les deux.
La langue engendre le langage
Et consomme les appâts
Et nourrit l’odorat et l’intellect
Et les battements entre deux.
La question du paradis qui est si difficile à résoudre
Ne consiste pas en « ce qu’aucun oeil n’a vu et aucune oreille n’a entendu »
Il faudrait plutôt redonner les bonnes bases aux sens.
Et si nous t’avons sauvé de l’éternité
Et nous avons écrit pour toi la mort, par notre sagesse,
C’est pour que tu puisses t’élever.
Il est né au Caire en 1962. Après un diplôme d’ingénierie en 1989 de l’Université de Aïn-Chams, il obtient un diplôme d’études théâtrales de la faculté des lettres de la même université en 1992. Parallèlement à son travail, il a très tôt commencé l’écriture, s’attachant tout d’abord au poème libre puis au poème en prose. Son recueil de poèmes en prose, Al-Makan bi khefa est sa 6e production aux éditions Al-Dar en 2008 et au GEBO en 2009. Il a déjà publié 9 recueils de poèmes, dont Oghniya oula (première chanson) en 1990, Fadaät okhra lil-taër al-dalil (d’autres espaces pour l’oiseau désorienté) en 1999, Natakhallass memma noheb (esquiver ce qu’on aime) en 2013. Il a reçu le prix Soad Al-Sabbah du poème en 1990, celui de la créativité du nom d’Ahmad Bahaeddine en 1999, et le Prix de l’encouragement de l’Etat en 2000.
https://hebdo.ahram.org.eg/News/5917.aspx
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Rédigé le 15/09/2023 à 20:18 dans L’autisme, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Je crois aux nostalgies génétiques
qui font que les oiseaux migrent
que la mer des sargasses reste un mystère
que Jérusalem est la mémoire d'un peuple
et que certaines haines perdurent
plus fortes que les vérités.
Je crois que la mémoire des peuples
est pervertie par les tabous,
les superstitions et les religions.
Qui ne m'accepte pas, reste mon frère,
il ne peut être fautif
des détournements de conscience pratiqués par ses maîtres,
par l'école des rumeurs, des peurs et des frustrations millénaires.
Qui parle de "la joue tendue"
n'a rien compris
s'il ne se reconnaît pas en l'autre.
Qui parle d'amour
mais prêche ou vit de vengeance et de haine
n'a pas de miroir.
Si en ces temps je reste le maître de mes espoirs,
j'ai peur des cons et de leur haine,
j'ai peur de ceux qui rient de la misère,
de ceux qui disent
que riches et pauvres sont dans la nature des choses,
que contre mauvaise fortune il n'y a rien à faire.
Dans cette marche où s'écrit le destin
je n'ai pas peur du printemps en hiver,
je n'ai pas peur des échelles, des hiboux,
j'aime les chouettes et les chats noirs.
Je crois à la génétique de l'inné
et à la conscience du bien et du mal.
Je crois que toutes les croix, toutes les marseillaises
tous les nationalismes, toutes les exclusions,
sont fils et filles de l'ignominie et de la négation de l'autre,
j'attends le jour où s'enseignera le respect
et l'acceptation des différences.
Je crois à l'espoir, aux lendemains,
aux vérités non édulcorées,
j'affirme que les demi-vérités
sont des mensonges entiers.
Je crois l'amour plus fort que les frontières,
je crois à une mémoire du Tout
et au droit de l'infime,
je crois que l'insecte, le bonobo, le dauphin,
l'homme d'hier et celui de demain
sont mes frères,
je les crois enfants du contenant, de la fraction et de l'immense,
simples notes dans l'infinie symphonie.
Je n'ai pas peur de vieillir,
j'ai peur d'oublier d'aimer
JEAN-MICHEL SANANES
http://chevalfou.over-blog.net/
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Rédigé le 31/08/2023 à 13:24 dans Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
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