Mon amour,
la tête basse, les yeux grands ouverts,
dans le rougeoiement des villes incendiées,
ils marchent,
bruit de pas à l'infini.
Et les hommes sont massacrés,
plus aisément,
plus facilement,
que les arbres et les bêtes.
Mon amour,
ce bruit de pas, ce massacre,
et pourtant...
J'ai souvent perdu et ma liberté et mon pain,
je t'ai souvent perdu, toi aussi,
mais du plus profond de la faim,
du plus profond des ténèbres,
du plus profond des clameurs,
je n'ai jamais perdu espoir
dans les jours qui viendront,
qui viendront frapper à notre porte
de leurs mains rayonnantes de soleil...
Je suis heureux d'être venu au monde.
J'aime sa terre et sa lumière,
sa lutte et son pain.
Notre univers,
j'en connais le diamètre à un centimètre près,
je sais qu'il n'est qu'un jouet
comparé au soleil,
pourtant, à mes yeux,
il est incroyablement grand.
Je voudrais le parcourir,
voir des étoiles,
des poissons,
des fruits inconnus.
NAZIM HIKMET
Traduit du turc par Munevver Andaç
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