Ce discours de Nelson Mandela a été donné aux Etats-Unis en 2001, à l’occasion de sa rencontre avec Thomas Friedman, un journaliste américain juif, spécialisé dans le Proche-Orient.
Mandela's Memo to Thomas Friedman About Israel & Palestine
By Nelson Mandela, in Jefferson Corner - America's Speaker's Corner, 28 March 2001
Je sais que vous et moi, nous aspirons à la paix au Moyen-Orient, mais avant que vous continuiez à parler des conditions nécessaires d’un point de vue israélien, vous devez savoir ce qui est dans mon esprit.
Par où commencer? Que diriez-vous de 1964. Laissez-moi citer mes propres paroles lors de mon procès. Elles sont vraies aujourd’hui, autant qu’elles l’étaient alors: «J’ai combattu contre la domination blanche et j’ai combattu contre la domination noire. J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient ensemble en harmonie et avec des chances égales. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre. Mais s’il le faut, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir « .
Aujourd’hui, le monde, noir et blanc, reconnaît que l’Apartheid n’a pas d’avenir. En Afrique du Sud, il s’est terminé par notre propre action de masse, pour bâtir la paix et la sécurité. Cette campagne et d’autres actions ne pouvaient qu’aboutir à l’établissement de la démocratie.
C’est peut-être étrange pour vous d’observer la situation en Palestine ou, plus spécifiquement, la structure des relations politiques et culturelles entre les Palestiniens et les Israéliens, comme un système d’apartheid. C’est parce que vous pensez à tort que le problème de la Palestine a commencé en 1967. Cela a été démontré dans votre récent article « Premier Mémo de Bush » dans le New York Times du 27 Mars 2001.
Vous semblez surpris d’entendre qu’il y a encore des problèmes de 1948 à résoudre, l’élément le plus important est le droit au retour des réfugiés palestiniens. Le conflit israélo-palestinien n’est pas seulement une question d’occupation militaire et Israël n’est pas un pays qui a été créé « normalement » et s’est mis à occuper un autre pays en 1967.
Les Palestiniens ne luttent pas pour un « Etat » mais pour la liberté, la libération et l’égalité, exactement comme nous avons lutté pour la liberté en Afrique du Sud.
Au cours des dernières années, et surtout pendant le règne du Parti travailliste, Israël a montré qu’il n’était pas encore prêt à rendre ce qu’il avait occupé en 1967, que les colonies restent, Jérusalem est sous souveraineté exclusivement israélienne et les Palestiniens n’ont pas d’ Etat indépendant, mais sont sous domination économique israélienne avec un contrôle israélien des frontières, de la terre, de l’air, de l’eau et de la mer.
Israël ne pense pas à un «Etat» mais à une «séparation». La valeur de la séparation se mesure en termes de capacité d’Israël à garder l’Etat Juif, et à ne pas avoir une minorité palestinienne qui pourrait avoir la possibilité de devenir majoritaire à un certain moment dans l’avenir. Si cela se produit, cela forcerait Israël à devenir soit un Etat démocratique ou bi-national laïque, ou à se transformer en un Etat d’apartheid de facto.
Thomas, si vous suivez les sondages en Israël au cours des 30 ou 40 dernières années, vous trouvez clairement un racisme grossier: un tiers de la population se déclare ouvertement être raciste. Ce racisme est de la nature de « Je hais les Arabes » et « je souhaite la mort des arabes. »
Si vous suivez également le système judiciaire en Israël, vous verrez qu’il y a discrimination contre les Palestiniens, et si vous considérez les territoires occupés en 1967, vous trouverez qu’il y a déjà deux systèmes judiciaires opérationnels qui représentent deux approches différentes de la vie humaine: une pour la vie des Palestiniens l’autre pour celle de la vie juive. En outre, il y a deux approches différentes pour la propriété et à la terre. La propriété palestinienne n’est pas reconnue comme propriété privée car elle peut être confisquée.
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