.
.
Rédigé le 22/12/2023 à 21:45 dans Palestine, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Humains, mes cousins;
après vous avoir côtoyés quelques temps
je retourne où me mènera le vent;
Je n'ai pas compris vos paroles de paix
vous qui, indéfiniment, réinventez la guerre
je n'ai pas compris vos blasphèmes
alors que vous discourrez de poèmes;
pourquoi fuyez-vous la lumière
et préférez-vous, à la vérité, les secrets ?
Humains, mes cousins;
je vous laisse à votre destin
et je reprends mon chemin
Que votre Dieu vous protège
de vos sacrilèges.
par El Yazid Dib
Jeudi 21 decembre 2023
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5326101
.
.
Rédigé le 21/12/2023 à 05:25 dans Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Voilà exactement 15 ans que le poète Palestinien Mahmoud Darwich nous a quittés, le 9 août 2008. Je vous propose ces modestes vers en guise d'hommage posthume à ce grand poète contemporain qui a révolutionné la poésie arabe moderne, qui a chanté la paix, la liberté et l'indépendance, qui était la voix de la lutte et de la résistance Palestinienne, qui a donné toute sa vie à la cause juste et légitime d'un peuple qui ne réclame que son droit à la vie!
Mahmoud Darwich
Rédigé le 18/12/2023 à 18:02 dans Palestine, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Evènements douloureux
Crimes répétés
Malheurs prolongés
Qui émaillent la vie
Dans cette prison à ciel ouvert
Dans cette enclave oubliée
Dans cette cage laissée à son sort.
Gaza aux bras chaleureux
Aux doigts généreux
Gaza la ville millénaire
Oublie les ultimes larmes de son cœur
Les tréfonds de sa douleur
Pense à la vie pas à la mort.
Gaza la vie résiste toujours
Elle oublie la peur
La violence, les années noires et la guerre
Dépasse ses blessures,
L’injustice poursuivie, les massacres perpétrés ,
Le silence complice, et juste le regard
Devant l’impunité de l’agresseur,
Gaza, la fierté des solidaires
Qui portent avec elle le fardeau de l’espoir
Elle existe par la flamme de l’espoir,
Sa patience extraordinaire,
Et son courage exemplaire
Sa résistance abat tous les murs
Attend des jours meilleurs
Sans cesse elle espère
Avec ses oliviers qui poussent encore.
Ces oliviers à l’odeur de soleil et de lune
Pointent à l’horizon parfumé
Croissent partout à Gaza,
Près des rivières
Près de la mer
Sous les plaines
Au sommet de la colline
Dans les profondeurs mêlées de son âge
Aux reflets d’or et d’ombre.
Nos oliviers caressent sables et pierres
Ils touchent âmes et cœurs
Sont une mélodie pour le chant légendaire
D’un oiseau migrateur
Ils donnent toujours fruits, huile et victoire
Malgré l’atrocité d’un occupant agresseur
Vivant dans les ténèbres
Qui arrache ces oliviers tous les jours,
Même en pleine nuit sombre.
Oui, nos oliviers sont nos espérances,
Notre amour irréductible
Ils symbolisent paix, justice, et avenir
Sont plantés avec la sueur
De nos longues années de combat
Soignés par notre histoire glorieuse,
Arrosés avec nos sangs,
Et récoltés en nos âmes.
Nos oliviers passionnés de justice
Sont nos jours heureux
Où se dessinent tous les rêves
Ou se réalisent toutes les espérances,
Où s’écrivent toutes les promesses.
Nos racines sont aussi profondes que nos oliviers.
Entre l’humanisme de l’opprimé,
Et la brutalité de l’oppresseur
Les oliviers de la terre fertile de Palestine
Résistent dignement
Ils nous aident à dépasser désespoir
Dans cette ville abandonnée
Chargée d’histoire.,
De vie, et de beaux souvenirs.
Avec nos oliviers qui poussent toujours à Gaza
Plantés et récoltés
Génération après génération
Nous attendons quelque chose de vrai
D’authentiques jours meilleurs
Pour notre avenir,
Quelque chose de plus beau !
Gaza ouvre son cœur
Avec une lutte, par un sourire
Une dignité , un grand amour,
Beaucoup d’espoir
Elle persévère en des paroles pures
Gaza tu poursuivras ton bonheur
Avec tes oliviers qui poussent encore !
ZIAD MEDOUKH
http://emmila.canalblog.com/archives/2023/11/01/40093015.html
https://www.youtube.com/watch?v=BFP7duyZyCs
.
.
Rédigé le 17/12/2023 à 16:52 dans Lejournal Depersonne, Palestine, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
à Mahmoud Darwich
Il pleut de la pluie sur la Palestine
De la pluie sans pluie de la pluie de feu
Pour Marie la Vierge il y eut sept épées
Il y en a bien plus dans le coeur de celles
Qui ne dorment plus dans leurs maisons frêles
Et qui ont la rue des pauvres terribles
Pour tordre leurs bras sur le fils perdu
Il pleut de la pluie il pleut de la nuit
Dans le plein soleil de ce jour perdu
Où la vie n’a plus son beau nom de vie
Le coeur n’en peut plus le coeur n’en peut plus
De voir les enfants pleurer de détresse
Le garçon morveux la fille en ses tresses
Ce pays d’olive est pays du Christ
La palme est ici son signe perdu
Nous avons chanté sa naissance claire
Sa fragilité d’enfant condamné
Par l’affreux César par l’affreux Hérode
Dont les mains jamais ne seraient blanchies
Si tous les Jourdain venaient les laver
Cet enfant d’hier renaît aujourd’hui
Dans le giron noir des Palestiniennes
Les maris sont morts les fils sont perdus
Les maisons de tôle et de béton nu
Sont tombés comme à Guernica les tuyaux crient
Face aux tanks et face aux soldats casqués
Muets du silence de ceux-là qui tuent
Moïse, Moïse
N’a pas voulu ça
C’est notre planète, terrestre et si bleue
Celle qu’on fit d’air et d’eau pour qu’ils vivent
Ensemble : celui harnaché de cuir
Et l’adolescent qu’on a laissé cuire
Dans l’incendie créé où la bonbonne
De gaz explosa sous le tir précis
Moïse, Moïse
N’a pas voulu ça
Précise mitraille ajustée au coeur
De l’enfant mort-né dans l’église blanche
Tous dorment et pas seulement les gardes
Mais l’Homme blanc de Rome aussi, si vieux,
Les Démocraties et leur Chef miteux
Celui-là de qui le front si étroit
Sur des yeux étroits confirme Darwin
Pauvre Palestine des pauvres, pourquoi
Oui pourquoi veux-tu que ça les réveille ?
A Jérusalem règne l’Ubu-Roi,
Sabra et Chatila en poche, et l’autre
Le Prix Nobel de la Paix, le faux-nez
Oui, pourquoi veux-tu que ça nous réveille ?
S’ils veulent double portion, pourquoi pas ?
Nos princes se sont assoupis en barils/jour
Le Pen en France arrive avec son oeil de verre
Et la Maison de Verre aussi, à New York
Est redevenue le " machin " qu’on sait
A quoi bon bouger, pauvre Palestine
Puisqu’on te propose enfin d’en finir ?
Pays du Christ te souvient-il du Christ ?
Pays d’Islam pourquoi veux-tu revivre ?
Il y a pour toi les chars étoilés de Sharon
Comme il y a pour la Tchétchénie Poutine
Et Bush est là pour régler la musique …
Pays du Christ pourquoi veux-tu vivre ?
Pâques est passé et c’est "printemps d’épidémie"
Il pleut il pleut il pleut sur toi, ma Palestine,
Pays sans pluie pays à pluie de feu
Et pour Marie, "la non-touchée d’un homme",
Il y a toujours, au coeur du coeur, les épines
SALAH STETIE
.
Rédigé le 17/12/2023 à 14:56 dans Palestine, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
لقد ولدت في فلسطين
.
ليس لدي مكان ،
وليس لدي بلد ،
ولا لدي وطن.
بإصبعي أصنع النار
وأنا أغني لك من قلبي ،
أوتار قلبي تبكي:
لقد ولدت في فلسطين
لقد ولدت في فلسطين
ليس لدي مكان
وليس لدي بلد
ولا لدي وطن
ليس لدي مكان
لا يوجد وقت لي
وليس لدي وطن
أصنع اللهب بيدي
وبلورات قلبي
ألعب لحن جرحى
لقد ولدت في فلسطين
لقد ولدت في فلسطين
ليس لدي مكان
لا يوجد وقت لي
وليس لدي وطن
لقد ولدت في فلسطين
لقد ولدت في فلسطين
لن يتم محو تاريخي أبداً
لا يمكن التخلي عن تاريخي.
.
http://emmila.canalblog.com/archives/2023/10/18/40078547.html
.
Rédigé le 17/12/2023 à 14:41 dans Chansons, Israël, Palestine, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
"L’aviation française a, le samedi 8 février (1958),
bombardé le village tunisien de Sakhiet-Sidi-Youssef,
détruisant, entre autres, des camions de la Croix-Rouge et faisant 72 morts.
Les journaux.
On en avait vu passer toute une bande, naguère venus de l’autre côté, de ces garçons
Qui montaient à leur DCA, maigres et d’une gaîté sombre comme le métal de leurs canons.
Mohamed, quinze ans, les avait dévisagés un à un,
Puis, d’une voix pas trop haute, à Ali son copain :
« Non, dit-il, ça n’est pas juste.
Ceux-là d’Algérie, ils sont nos frères, c’est entendu,
Et puissent-ils bientôt redevenir libres comme nous autres.
Mais ils ne devraient pas comme ici, non ils ne devraient pas
Tirer de chez nous contre les avions en patrouille au-dessus de la terre algérienne. »
Le soleil dur donnait la fièvre au bled d’hiver.
Sakhiet-Sidi-Youssef, ses maisons blanches, son minaret, était là et pas là, formes mangées par la lumière.
« Si ceux du FLN, dit Ali, t’entendaient parler comme cela, je ne donnerais pas cher de ta peau. »
Mohamed se taisait, regardant,
Beaux comme de beaux petits chevreaux,
Aussi rapides que des gazelles,
Des gosses, tout près d’eux, qui se poursuivaient avec des rires.
Des gosses du village, et plusieurs c’étaient leurs frères.
« Ce n’est pas à ma peau que je pense, fit Mohamed, c’est à eux »,
Et de la main il montrait les beaux petits chevreaux à deux jambes,
Les beaux petits chevreaux aux yeux d’hommes.
« Mohamed, la liberté… »
« La liberté, Ali, ça ne s’achète pas avec la peau des gosses.
Tu sais bien que la frontière est tout près,
Qu’un jour ou l’autre, quand ils en auront marre d’être canardés d’ici,
Ils viendront nous tirer dessus, et ils ne demanderont pas
Si c’est la DCA qui en prend pour son grade
Ou bien nous les paysans, toi, moi, les enfants, les vieillards et les femmes.
Tout comme toi, Ali, j’aime mon peuple
Et ce peuple d’à côté, le même,
Et notre langue arabe.
Mais cette abominable guerre… »
« Tu ne vas pas défendre, les Français, quand même ! »
« Ali, ne dis pas de bêtises, ne parle pas comme la radio.
Je ne défends pas les Français, mais je sais qu’il est aussi parmi eux des hommes.
Plus loin, là-bas du côté où le soleil se couche, au, Maroc,
Là-bas, tout là-bas, quand ils en avaient leur claque
Ou du roumi
Ou du sultan
Ou du pacha,
Ils partaient, comme ils disaient — non, même qu’ils disaient : ils entraient en dissidence.
Pourquoi qu’on n’en fait pas autant ?
Pourquoi est-ce que nous refuserions cette vérité : que, parmi tous les gars venus de l’autre côté de la mer,
Il y en a beaucoup qui le voudraient de tout leur cœur, y entrer en dissidence,
Pour ne plus faire aveuglément tout cela qu’on leur commande,
Pour rester des hommes. »
« Ça nous fait une belle jambe », s’exclame Ali, et il ne peut s’empêcher de ricaner.
« Moque-toi, Ali, moque-toi tant que tu veux, mais ce mot-là,
Mais cette chose-là
La dissidence,
L’intérieure, je veux dire,
Celle qui refuse de maudire et l’œil pour l’œil et dent pour dent,
Ah plus les crimes se succèdent et plus, frère Ali, j’en suis sûr,
Elle est pour tous
Pour eux, pour nous.
Le moyen, l’unique, de naître à nous-mêmes.
La fidélité à notre peuple, frère, ah bien sûr,
Et leur appartenance au leur, ah bien sûr aussi.
Mais si l’appartenance,
Si la fidélité
Se change en folie, en massacre aveugle,
Alors, frère, non. Ou plutôt : oui, oui justement :
Dissidence. »
Ali souffrait.
Parce qu’il aimait bien Mohamed.
Mais il n’aimait pas cette pensée-là.
Et il allait le lui crier, mais, le devançant, Mohamed :
« La haine, tu le sais bien, toi aussi, la haine,
Elle ne peut semer que la haine.
Et toi aussi tu le sais bien que c’est seulement,
Oui, frère Ali, que c’est le seul amour… »
Jamais.
Jamais Ali ne devait connaître la fin de la phrase de Mohamed son camarade.
Sur la terre toute sèche et caillouteuse où le sang et des lambeaux de chair ont giclé,
Mohamed désormais n’est plus qu’un pauvre cadavre sans face.
Il y avait eu ce bruit terrible en haut du ciel, auquel ni l’un ni l’autre n’avaient voulu prêter attention,
Puis la chute de la bombe française. Cadeau de la civilisation.
Ali à présent est tout seul.
Il ne pleure pas.
Il regarde.
Tuer, oui tuer, venger son ami,
L’ami ce pauvre fou qui parlait de l’amour.
Est-ce qu’on en a parlé de l’amour — Ali en a souvent entendu raconter l’horreur par un de ses oncles qui y était —
Après Guernica ?
Si seulement il pouvait se battre !
Mais en même temps que cette colère qui fait tout à la fois et du bien et du mal,
Une honte, au plus profond, une honte immense tout à coup l’envahit comme un vertige qui serait une nausée.
Car à cent pas il vient de voir les petits chevreaux aux yeux d’hommes,
Les petits d’hommes aux yeux de chevreaux,
Tous ensemble couchés eux aussi dans l’irréparable de la mort.
Une honte pour les roumis qui ont fait cela,
Et d’être un homme.
Et il a beau s’en défendre, vouloir — ah ! s’il le pouvait — la faire taire en lui-même,
C’est malgré lui comme s’il entendait encore la voix de celui qui vient de mourir :
« Frère Ali, la haine,
Elle ne peut semer que la haine. »
Et dans le silence de son cœur Ali qui pleure enfin :
« Oh quand donc, sanglote-t-il à lèvres closes,
Quand donc, chez les forcenés d’en face comme chez nous —
Et dire que sa pauvre bouche en parlait il n’y a pas encore un quart d’heure —
Quand donc, pour nous arracher, finalement à tous ces cauchemars dont aucun n’est ni le vrai pays ni la vraie liberté ;
Oui, quand sera-t-il possible de clamer à tous ce mot qu’il me disait
Et que je refusais d’entendre,
Ce mot de honte apparente et de seule dignité réelle,
Ce mot que je lui reprends maintenant, son héritage,
Et que je crie à la face des hommes et du ciel :
Dissidence ! »"
11 février 1958
Fontol
https://www.lezardes-et-murmures.com/2020/05/bombardement-de-sakiet-sidi-youssef.html
,
Rédigé le 12/12/2023 à 23:11 dans France, Guerre d'Algérie, Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Et maintenant nous chanterons l'amour
Car il n'y a pas de Révolution sans Amour,
Il n'y a pas de matin sans sourire.
La beauté sur nos lèvres est un fruit continu.
Elle a ce goût précis des oursins que l'on cueille l'aube
Et qu'on déguste alors que l'Oursin d'Or s'arrache aux brumes et sur les vagues module son chant.
Car tout est chant – hormis la mort!
Je t'aime!
Il faut chanter, Révolution, le corps sans fin renouvelé de la Femme,
La main de l'Ami,
Le galbe comme une écriture sur l'espace
De toutes ces passantes et de tous ces passants
Qui donnent à notre marche sa vraie lumière,
A notre cœur son élan.
O vous tous qui constituez la beauté sereine ou violente,
Corps purs dans l'alchimie inlassable de la Révolution,
Regards incorruptibles, baisers, désirs dans les tâtonnements de notre lutte,
Point d'appui, points réels pour ponctuer notre espérance,
O vous, frère et sœurs, citoyens de beauté, entrez dans le Poème !
Voici la mer.
La baie (parce qu'elle est un fruit de la lumière et de notre regard).
Les jeunes corps sont pleins des signes de la mer.
(Oh je répète car la beauté sur notre page est d'une reconnaissance infinie...)
Tout est lumières et chant tandis que la Révolution façonne ses outils.
Voici la mer.
Ton corps, marais salant où je règne assoiffé.
Nous boirons la mer.
Je boirai ton âme.
Ivre de sel.
Ivre de soif.
A petits coups je bois ton âme.
Quel espace dans nos connexion les plus closes!
Quelles mutilations dans cet alambic saccagé !
Tu rayonnes, porteuse de planètes,
Au bord des abîmes de lin.
Sur l'autre versant de nous-mêmes
Nous basculons.
Voici la mer.
Voici les champs.
Les sarments renfrognés.
Mais les bourgeons, l'herbe parée, la terre
Large comme tes hanche !
Et les palmes le long
Des larges routes goudronnées.
Nous chanterons l'amour
Car la Révolution sur cette terre est l'élément de fécondation capitale.
Quelle gloire dans ce simple regard d'un enfant – sous ce voile
Quelle promesse !
Que les matinées ici sont bouleversantes,
Perpétuellement neuves dans leurs modulations
Qui chantera ici deux fois le même chant ?
Et maintenant l'amour à n'en plus pouvoir dire.
Sur nos dents éclatent les grenades nouvelles,
Les grenades de la conscience populaire, les fruits !
Ton corps était presque impalpable – et je le parcourais de mes lèvres ! - mais presque,
Si grande était sur toi la multitude du soleil
Et le sable alentour.
(Les mots, dis-moi ô mon amour, les mots nous allons les remettre à neuf,
Les tirer à quatre épingles – qu'ils n'aient plus honte dans le gangues où le malheur les avait mis -
Qu'ils sortent, qu'ils aillent dans la rue, sur le Môle, dans les champs.
Comme toi, qu'ils aient le sourire apaisé. Dans
La bouche des mots l'épaisseur de la mer, l'épaisseur de tes lèvres !)
La beauté sur tes lèvres est un feu continu,
L'oiseau du soleil qui s'acharne dans sa ponte miraculeuse
Et réussit !
O je n'en finis plus de saluer le jour, de mettre mon délire
Dans l'ordre quotidien, et sur ton corps
De l'ordonner, de donner vie à l'alphabet du rêve !
Je t'aime.
La Révolution monte
Parmi la pur symphonie des jeunes corps face à la mer.
Et nous nous sommes approchés.
Quel émerveillement, terre loyale,
Quelle bonté !
La beauté était là, pour le premier venu, à la portée de la main,
Vulnérable et farouche, un fruit en équilibre
Entre le regard et la faim.
Et moi
Des oiseaux, des oiseaux
Battaient, les mots prenaient
Leurs sandales de marche.
Révolution,
Que la matinée était belle !
J'ai vu le peuple le plus beau de la terre
Sourire au fruit et le fruit se donner.
Car le fruit, si tu le convies aux fêtes de l'homme,
Il accourt.
Il éclate comme une pupille.
Tu crois qu'il est dans le désordre, il nage à brasses ordonnées.
Écoute l'oursin la méduse
Qui se déploient pour se défendre :
Une mélodie de l'espace – et le cosmonaute répond.
Ton cœur n'éclate pas de joie, il s'arrondit, il se compose.
La paix est douce sur notre peau...
Je t'aime.
Tu es forte comme un comité de gestion
Comme une coopérative agricole
Comme une brasserie nationalisée
Comme la rose de midi
Comme l'unité du peuple
Comme une cellule d'alphabétisation
Comme un centre professionnel
Comme une parole de meddah
Comme l'odeur du jasmin dans la rue de Tayeb
Comme ne gouache de Benanteur
Comme le chant des murs et la métamorphose des slogans
Comme le soléa de ma mère
Les bleus les bruns de Zérarti
Comme les baigneurs à la Pointe-Pescade
Comme le Nègre de Timgad
La Vénus de Cherchell
Mon coeur mon graffiti.
Je t'aime.
Tu es ma folie positive.
Comme une pastèque bien rouge
Comme le sourire d'Ahmed
Comme une chemise de Chine
Une djebbah de Yasmina
Comme un beau discours politique
Comme un camion plein de rires
Comme une jeune fille qui retire son voile
Comme une autre qui le remet
Comme un boucher qui affiche des prix bas
Comme un spectacle réussi
Comme la foule qui acclame
Comme Jean qui sur une pierre
Pose une autre et nomme la terre
Comme le jet d'eau dans la cour
Comme à la nuit la bouqala
Comme une pière de Djelal
Une élégie d'Anna Gréki
Comme une formule mathématique
Comme l'histoire de Madjnoun
Et sa Leïla
Comme le défilé du 1er Novembre
Comme le certitude de Bachir
Comme les escaliers d'Odessa
Comme à Tilioua les olives
Comme un danseur de hadaoui
Comme El Anka et sa colombe
Comme Yahia qui épluche le noûn
Et comme Nathalie qui épelle
Une orange.
Tu es ma poésie active.
Je t'aime.
Oui tu es forte tu es belle
Comme les mots qui trouvent sur la feuille
Leur place
Notre douleur cicatrisée
Notre miracle du pardon
Comme les youyous sur les terrasses
Le satellite qui répond
Comme un galet entre ta main
Et la mienne
Pour porter témoignage de l'été.
Ensemble nous avons affronté le ridicule,
Les habitudes acquises, les images courantes,
Les aciéries du capital.
Cet été les moissons furent bonnes.
La mer très bleue.
Presque verte.
Je t'aime.
Et maintenant pour nos enfants je dis la couleur de Tolga,
Ce bleu qui est venu frapper à notre vitre,
Pas le bleu de la mer mais un lit plus profond
Pour les loisirs simples de l'âme.
Et notre cœur, tout comme un drap, à ce bleu nous l'avons passé
(Regarde, il brille !)
Le sourire bleu de Tolga parmi ses ruines et ses palmes !
Et la dignité d'El Hamel !
M'Chounèche qui crépitait d'audace au fond des gorges !
Je n'en finirais plus de ranimer nos forges,
Je n'en finirais plus de nommer sur ton corps
Les infinis prolégomènes...
O Révolution patiente
Et têtue !
O ces dents qui sont la page blanche
Où mon poème se construit !
O nuit très douce
Dans les absinthes de tes bras !
Oui, n'aie pas peur, dis leur
Que tu es belle comme un comité de gestion
Comme une coopérative agricole
Comme une mine nationalisée.
Osons, ô mon amour, parer de fleurs nouvelles
Le corps du poème nouveau !
Et même si l'horreur maintenant nous fait face
(Car rien n'est facile, non, et tout sans fin remis),
A la terrasse des cafés si nos singes bouffis
Grignotent l'avenir avec des cacahuètes
Et parlent de Ben M'Hidi comme d'un objet de consommation anodine
(O frère-dynamite ! O frère-flamme nue !
O frère-vent actif qui déracine la gangrène !),
Même si le découragement et la dérision nous assaillent,
Maintenant nous savons que nous sommes sauvés
Dans le grand geste socialiste
Car la Révolution et l'Amour ont renouvelé notre chair
(Salves ! Salves cent fois de tzaghrit et de graines !)
Je t'aime.
Vers la mer
Les enfants de l'alphabet dresse leur joie comme des roseaux.
A l'ombre nous nous asseyons
Et tu t'émerveilles
Parce qu'une bête à bon Dieu vient se poser sur mon genou.
Oui, ceux qui ont péri ne nous ont pas trompés.
C'est pourquoi maintenant nous chanterons l'amour.
Jean Sénac
Rédigé le 12/12/2023 à 21:55 dans Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
1
J'essaie, depuis l'enfance, de dessiner ces pays
Qu'on appelle-allégoriquement-les pays des Arabes
Pays qui me pardonneraient si je brisais le verre de la lune...
Qui me remercieraient si j'écrivais un poème d'amour
Et qui me permettraient d'exercer l'amour
Aussi librement que les moineaux sur les arbres...
J'essaie de dessiner des pays...
Qui m'apprendraient à toujours vivre au diapason de l'amour
Ainsi, j'étendrai pour toi, l'été, la cape de mon amour
Et je presserai ta robe, l'hiver, quand il se mettra à pleuvoir...
2
J'essaie de dessiner des pays...
Avec un Parlement de jasmin...
Avec un peuple aussi délicat que le jasmin...
Où les colombes sommeillent au dessus de ma tête
Et où les minarets dans mes yeux versent leurs larmes
J'essaie de dessiner des pays intimes avec ma poésie
Et qui ne se placent pas entre moi et mes rêveries
Et où les soldats ne se pavanent pas sur mon front
J'essaie de dessiner des pays...
Qui me récompensent quand j'écris une poésie
Et qui me pardonnent quand déborde le fleuve de ma folie...
3
J'essaie de dessiner une cité d'amour
Libérée de toutes inhibitions...
Et où la féminité n'est pas égorgée... ni nul corps opprimé
4
J'ai parcouru le Sud...
J'ai parcouru le Nord...
Mais en vain...
Car le café de tous les cafés a le même arôme...
Et toutes les femmes-une fois dénudées
Sentent le même parfum...
Et tous les hommes de la tribu ne mastiquent point ce qu'ils mangent
Et dévorent les femmes une à la seconde
5
J'essaie depuis le commencement...
De ne ressembler à personne...
Disant non pour toujours à tout discours en boîte de conserve
Et rejetant l'adoration de toute idole...
6
J'essaie de brûler tous les textes qui m'habillent
Certains poèmes sont pour moi une tombe
Et certaines langues linceul.
Je pris rendez-vous avec la dernière femme
Mais j'arrivai bien après l'heure.
7
J'essaie de renier mon vocabulaire
De renier la malédiction du "Mubtada" et du "Khabar"
De me débarrasser de ma poussière et me laver le visage à l'eau de pluie...
J'essaie de démissionner de l'autorité du sable...
Adieu Koraich... Adieu Kouleib... Adieu Mudar...
8
J'essaie de dessiner ces pays
Qu'on appelle-allégoriquement- les pays des Arabes,
Où mon lit est solidement attaché,
Et où ma tête est bien ancrée,
Pour que je puisse différencier entre les pays et les vaisseaux...
Mais... ils m'ont pris ma boîte de dessin,
M'interdisent de peindre le visage de mon pays...;
9
J'essaie depuis l'enfance
D'ouvrir un espace en jasmin.
J'ai ouvert la première auberge d'amour... dans l'histoire des Arabes...
Pour accueillir les amoureux...
Et j'ai mis fin à toutes les guerres d'antan entre les hommes.et les femmes,
Entre les colombes... et ceux qui égorgent les colombes...
Entre le marbre... et ceux qui écorchent la blancheur du marbre...
Mais... ils ont fermé mon auberge...
Disant que l'amour est indigne de l'Histoire des Arabes
De la pureté des Arabes...
De l'héritage des Arabes...
Quelle aberration!!
10
J'essaie de concevoir la configuration de la patrie ?
De reprendre ma place dans le ventre de ma mère,
Et de nager à contre courant du temps,
Et de voler figues, amandes, et pêches,
Et de courir après les bateaux comme les oiseaux
J'essaie d'imaginer le jardin de l'Eden?
Et les potentialités de séjour entre les rivières d'onyx?
Et les rivières de lait...
Quand me réveillant... je découvris la futilité de mes rêves.
Il n'y avait pas de lune dans le ciel de Jéricho...
Ni de poisson dans les eaux de l'Euphrate...
Ni de café à Aden...
11
J'essaie par la poésie... de saisir l'impossible...
Et de planter des palmiers...
Mais dans mon pays, ils rasent les cheveux des palmiers...
J'essaie de faire entendre plus haut le hennissement des chevaux;
Mais les gens de la cité méprisent le hennissement !!
12
J'essaie, Madame, de vous aimer...
En dehors de tous les rituels...
En dehors de tous textes.
En dehors de tous lois et de tous systèmes.
J'essaie, Madame, de vous aimer...
Dans n'importe quel exil où je vais...
Afin de sentir, quand je vous étreins, que je serre entre mes bras le terreau de mon pays.
13
J'essaie -depuis mon enfance- de lire tout livre traitant des prophètes des Arabes,
Des sages des Arabes... des poètes des Arabes...
Mais je ne vois que des poèmes léchant les bottes du Khalife
pour une poignée de riz... et cinquante dirhams...
Quelle horreur!!
Et je ne vois que des tribus qui ne font pas la différence entre la chair des femmes...
Et les dates mûres...
Quelle horreur!!
Je ne vois que des journaux qui ôtent leurs vêtements intimes...
Devant tout président venant de l'inconnu..
Devant tout colonel marchant sur le cadavre du peuple...
Devant tout usurier entassant entre ses mains des montagnes d'or...
Quelle horreur!!
14
Moi, depuis cinquante ans
J'observe la situation des Arabes.
Ils tonnent sans faire pleuvoir...
Ils entrent dans les guerres sans s'en sortir...
Ils mâchent et rabâchent la peau de l'éloquence
Sans en rien digérer.
15
Moi, depuis cinquante ans
J'essaie de dessiner ces pays
Qu'on appelle-allégoriquement- les pays des Arabes,
Tantôt couleur de sang,
Tantôt couleur de colère.
Mon dessin achevé, je me demandai : Et si un jour on annonce la mort des Arabes...
Dans quel cimetière seront-ils enterrés?
Et qui les pleurera?
Eux qui n'ont pas de filles...
Eux qui n'ont pas de garçons...
Et il n'y a pas là de chagrin
Et il n'y a là personne pour porter le deuil!!
16
J'essaie depuis que j'ai commencé à écrire ma poésie
De mesurer la distance entre mes ancêtres les Arabes et moi-même.
J'ai vu des armées... et point d'armées...
J'ai vu des conquêtes et point de conquêtes...
J'ai suivi toutes les guerres sur la télé...
Avec des morts sur la télé...
Avec des blessés sur la télé...
Et avec des victoires émanant de Dieu... sur la télé...
17
Oh mon pays, ils ont fait de toi un feuilleton d'horreur
Dont nous suivons les épisodes chaque soir
Comment te verrions-nous s'ils nous coupent le courant??
18
Moi, après cinquante ans,
J'essaie d'enregistrer ce que j'ai vu...
J'ai vu des peuples croyant que les agents de renseignements
Sont ordonnés par Dieu... comme la migraine... comme le rhume...
Comme la lèpre... comme la gale...
J'ai vu l'arabisme mis à l'encan des antiquités,
Mais je n'ai point vu d'Arabes !!
Rédigé le 11/12/2023 à 15:03 dans Poésie/Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
La maison où j'ai grandi
Il y a quelque part en Algérie
Une maison ou j'ai grandi
Il y avait père, il y avait mère
Mama Aïcha, Baba sidi
Pour vous ce soir, j'écris ces vers
Vous les garçons, et vous les filles
Ô vous les sœurs, ô vous les frères
De la maison où j'ai grandi
Et tout au fond d'une grande cour
IL y avait une petite cuisine
Et sur nos têtes tous les jours
Vieillissait une glycine
Elle était là, la nuit comme le jour
Faisant de l'ombre sur nos têtes
Elle a couvé avec amour
Toutes nos peines et toutes nos fêtes
Passe le temps,
Passent les jours
Viennent les beaux frères et les belles filles
Que de tendresse,
Que de beaux jours
Dans la maison où j'ai grandi
Passe le temps,
Passent les jours
Viennent les nièces et les neveux
Passe le temps,
Passent les jours
Voilà que blanchissent mes cheveux
Dans cette maison,
Dans ce village
Où tendrement moi j'ai grandi
Dans la féerie du paysage
Entre Tirza et Djillali
Avec mon cœur et plus encore
Au delà du temps, je vous aime fort.
.
Rachid Damous
.
Rédigé le 11/12/2023 à 06:24 dans Poésie/Littérature, Tipaza | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires récents